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La CEDEAO dans la crise ivoirienne: 2002- 2007

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par Didier Parfait BAPIDI- MBON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 en science politique 2010
  

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2-Les causes économiques

Présentée comme la première économie en Afrique francophone, la Côte d`Ivoire a charrié, depuis environ 50 ans, croissance, prospérité, décroissance et pauvreté. Un climat caractérisé par une gestion sans transparence, liée à l`absence de tout contrôle budgétaire de l`Assemblée nationale34. Le modèle initial conçu par le premier président Félix Houphouët Boigny lui a survécu mais sa reproduction à l`identique a échoué dû notamment au manque de projets politiques réels et fédérateurs, à la conjoncture économique et au déclenchement de la rébellion en 2002 . « Près de 3 000 personnes ont été tuées au cours de la guerre civile en Côte d`Ivoire, et 700 000 ont été déplacées. La Côte d`Ivoire est classée 163e sur 182 pays sur l`indice du développement humain (2009) du Progamme des Nations Unies pour le développement (Pnud). La pauvreté a augmenté, passant de 38,2 % juste avant la crise en 2002, à 48,9% en 200835 ». Avant 2002 donc, les risques de conflit étaient certains si on s`en tient à l`analyse de la Banque Mondiale : « La guerre engendre la pauvreté mais la raison

33. Côte d`Ivoire : Rapport de la Commission d`enquête internationale pour la Côte d`Ivoire Février-mai 2001. La Commission d`enquête internationale pour la Côte d`Ivoire a été établie par le Secrétaire général de l`Organisation des Nations Unies suite à des consultations avec les autorités ivoiriennes pour faire la lumière sur les allégations de violations des droits de l`homme ayant suivi les élections présidentielles d`octobre 2000.

34. En effet, un décret présidentiel de 1967 (décret n° 67-575 du 15 décembre 1967) avait donné une interprétation particulière de la loi organique n° 59-249 du 31 décembre 1959 (article 12 nouveau) qui

faisait du ministre de l`Économie et des Finances le seul ordonnateur des dépenses de fonctionnement de l`État. Le décret de 1967 prenait la liberté non seulement de modifier partiellement la nomenclature des comptes publics, mais aussi d`autoriser le transfert des déficits au solde du Budget général de fonctionnement (BGF) de l`État. Le ministre pouvait également décider seul d`imputer au BGF, sous la rubrique «imprévus», des dépenses effectuées hors budget par le gouvernement dirigé par le président Houphouët-Boigny. Le ministre de l`Économie et des Finances de l`époque, entré en fonction en 1966 avant la parution du décret, était alors Henri Konan Bédié, qui allait succéder à Houphouët-Boigny fin 1993. In Politique africaine n° 78 - juin 2000, Réinvention du politique en Côte d`Ivoire et responsabilité des bailleurs de fonds multilatéraux

35. Fiche-pays/Côte d`Ivoire, Banque Mondiale, janvier 2010

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essentielle de sa concentration dans les pays pauvres est que la pauvreté accroit le risque de guerre civile36 ».

a) Les débuts de l'économie ivoirienne

Au commencement du modèle économique ivoirien, l`idée du « développement au détriment de l`indépendance » du futur président Félix Houphouët Boigny affirment J.-F. Médard et Y.-A. Fauré. «Au début des années 1950, la décision de Houphouët-Boigny de mettre fin à l'apparentement du Rassemblement démocratique africain (RDA) au Parti communiste français (PCF) amorce une transformation fondamentale des rapports de la Côte-d'Ivoire avec son environnement international, rapports qui ne sont pas remis en cause lorsque le pays accède à l'indépendance dix années plus tard. Pour reprendre la formule de J.-C. Gautron, la France figure désormais au coeur d'une stratégie institutionnelle de développement par la dépendance, que les dirigeants se montrent prêts à assumer dans toutes ses implications37 ». Fort à propos, Houphouët-Boigny estime que « La Côte-d'Ivoire ne pourrait pas par elle-même, se procurer les capitaux nécessaires à une expansion à la fois rapide et soutenue. Pendant de nombreuses années - dix, vingt, cinquante - elle aura besoin d'une aide en capital suffisamment importante pour permettre à ses habitants de franchir les obstacles sérieux que la nature impose aux pays tropicaux. Nous souhaitons rester dans l'Union française car elle nous fournit une telle assistance et (...) nous paraît (...) le plus susceptible de contribuer au progrès social et technique de notre peuple38 ».

Partie sur cette lancée, de 1960 à 1980, l`économie ivoirienne sera une référence en Afrique et un pari réussi pour Houphouët-Boigny. Selon Francis Akindes39, au cours de ces deux

36. Banque Mondiale, Briser la spirale des conflits, Guerre civile et politique de développement, Nouveaux Horizons, 2005, p. 74

37. MEDARD J.-F. et FAURE Y.-A. (dir.), « Etat et Bourgeoisie en Côte d'Ivoire », Cahiers d'études africaines, Année 1983, Volume 23, Numéro 89 p. 217.

38. Ibid.

39. AKINDES Francis, Op.cit., p. 13

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premières décennies après les indépendances, Félix Houphouët-Boigny mit en place un savant mécanisme de patronage politique doublé d`un patrimonialisme. L`objectif était de créer une bourgeoisie nationale capable de se transformer en classes d`investisseurs et d`entrepreneurs locaux. A cet effet, la multiplication des organismes para-étatiques a été un puissant instrument dans le jeu de la régulation de la clientèle politique. Toujours selon Francis Akindes, le secteur public fut le siège du patrimonialisme ivoirien dont F. Houphouët-Boigny définit les fondements à travers une parabole devenue célèbre: « on ne regarde pas dans la bouche de celui qui grille des arachides ». Griller l`arachide suppose qu`à un moment donné de la cuisson, le grilleur en apprécie la teneur en sel. Symboliquement, la relation entre l`acte de griller et la bouche qui goutte tient dans le privilège du grilleur d`appartenir au cercle restreint de la clientèle politique, bénéficiaire de la répartition inégale mais socialement légitime, du fait de son positionnement explique Akindes. Cette analyse est partagée par Bernard Conte40 qui parle de clientélisme « éclairé » et précise que le système « houphouétiste » était un régime fondé sur « le prélèvement et la redistribution de la rente agricole principalement issue des filières cacao-café. Au coeur du système de prélèvement se trouvait la Caisse de stabilisation (Caistab41), monopsone étatique, qui assurait la commercialisation des produits de l`agriculture de rente. Le différentiel entre le prix officiel d`achat aux planteurs et les cours mondiaux générait un volume important de rente dont la distribution répondait à des règles officieuses respectant des équilibres politiques, géographiques et ethniques. Le contrôle du système était assuré par le Parti démocratique de

40. CONTE Bernard : « Côte d`Ivoire : clientélisme, ajustement et conflit », Université Montesquieu Bordeaux IV/Centre d`économie du développement, 2004, p. 7

41. La Caisse de stabilisation et de soutien des prix des productions agricoles (CSSPPA), plus connue sous le diminutif Caistab était l'organisme étatique ivoirien chargé de gérer les filières du coton, du cacao et du café à l'échelle nationale depuis sa création dès 1960 par Félix Houphouët-Boigny jusqu`à son démantèlement en août 1999. Son rôle était de constituer un intermédiaire de poids entre les producteurs et les négociants en vue de stabiliser les cours. ( Wikipedia.fr)

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Côte d'Ivoire (PDCI), parti unique fortement structuré jusque dans les plus petits villages de la brousse ». Ce mode de fonctionnement sera en roue libre jusqu`au début des années 80 quand les premières fissures commencent à apparaitre dues notamment à « de nombreux chocs extérieurs (chute des prix des matières premières agricoles, renchérissement du cours du dollar et du pétrole, hausse des taux d`intérêts internationaux), une dégradation considérable du taux d`épargne intérieure et du taux d`investissement passant de 25% du PIB en 1980 à 4% du PIB en 1990 et 8% en 1993, des déséquilibres des finances publiques, un endettement public excessif dans un environnement de surliquidité internationale, d`où l`explosion de la dette publique qui atteint 196% du PNB en 1990 et 243% en 199342 ». Le sentiment de dépit du premier président ivoirien en dit long : « L'Occident commet des maladresses graves envers l'Afrique et surtout envers les pays amis et prospères comme la Côte d'Ivoire qui exporte beaucoup vers lui. La plus grave maladresse c'est de ne pas payer comme il convient les matières premières des amis qui sont attachés à l'Occident par la culture, la langue, l'économie libérale... Ce qui risque d'arriver avec cette politique égoïste de l'Europe, c'est l'appauvrissement et la déstabilisation de son meilleur ami, la Côte d'Ivoire43 ». Face à des difficultés toujours croissantes, et au désengagement de la France à soutenir seule la Côte d`Ivoire, l`intervention des institutions de Bretton Woods s`imposa.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus