WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enfants dans les attentats suicides: étude comparative de trois cas: Sri Lanka, Palestine, zone Afghanistan/Pakistan

( Télécharger le fichier original )
par Mélanie JOANNES
Institut catholique de Paris - Master 2 sciences politique, mention géopolitique et sécurité internationale 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2.2.2. La Palestine

Le rôle des enfants palestiniens dans le conflit qui les oppose à Israël est multiforme.

Comme nous l'avons exposé au cours de la première partie de cette étude, la présence israélienne est très forte dans les territoires palestiniens. Ces soldats constituent une réalité tangible pour les enfants arabes vivant sur ces territoires.

Au cours de l'été 1988, des entretiens ont été menés par Sylvie Mansour139(*) sur un échantillonnage d'enfants de huit-douze ans en Cisjordanie140(*). Cette psychologue en tire cette conclusion: « Ce qui frappe d'emblée quand on discute avec ces enfants ..., c'est leur conscience politique et leur implication dans le soulèvement : ils ne sont pas encore adolescents, ni même préadolescents, et ils se situent déjà dans le conflit. Ils en comprennent les racines et la dynamique, ils s'y identifient. Même les questions les plus ouvertes les ramènent à la réalité politique : pour la plupart leurs trois voeux à la fée ne concernent ni des désirs personnels de possession de biens de consommation, ni des espoirs de changements dans leur vie relationnelle avec leurs pairs ou les membres de la famille (comme l'indiquent en général les enfants à qui j'avais l'habitude de poser cette question dans les services de pédopsychiatrie parisiens), mais concernent l'avenir de la Palestine et du peuple palestinien en général »141(*) On constate donc une politisation précoce des enfants palestiniens. Un autre exemple nous en est fourni dans cette même étude de Sylvie Mansour. Il s'agit d'une observation qu'elle a pu faire au cours de l'été 1988 dans un collège de la ville de Ramala.142(*) Cette scène s'est déroulée peu avant la fermeture de l'école, lors du passage des contrôles de fin d'année. Au cours de la récréation, une délégation d'élèves des classes les plus élevées est allée à l'encontre du directeur de l'établissement pour lui faire part de leur volonté d'organiser un sitting silencieux dans la cour de l'école en signe de protestation contre la fermeture des écoles. Ils ont également exprimé le désir de voir leurs professeurs se joindre à eux, ce que ces derniers ont refusé car ils étaient contre ce projet. Finalement, le sitting a bien eu lieu et en présence des adultes. A la fin de l'action, les enfants sont remontés dans les salles de classes en chantant à pleine voix des chants révolutionnaires. Cet épisode est marquant et montre les changements que la société subi. Le système pédagogique palestinien est fondé sur une obéissance aveugle aux professeurs, alors que dans ce cas, les enfants ont agi seuls et sans le consentement des adultes présents.

Ce n'est donc pas avec un grand étonnement que nous constatons une participation active des enfants et des adolescents dans le conflit israélo-palestinien à partir de la première Intifada. En 1990, le professeur William W. O'Brien notait qu'une partie des troupes de l'Intifada était composée d'enfants dont certains avaient moins de 11 ans. Leurs actions consistaient essentiellement en des jets de pierres et de cocktails Molotov. Il est important de souligner que ces enfants n'agissaient pas de manière forcée mais leur engagement était « volontaire ».

Nous avons pu observer le phénomène, avec les mêmes méthodes (jets de pierres et projection de cocktails Molotov), au cours de la seconde Intifada. Cependant, il faut souligner des différences notables dont le fait que la majorité des personnes impliquées dans ces actions étaient des adolescentes.143(*)

Cependant, l'implication des enfants palestiniens dans le conflit n'est pas systématiquement volontaire. En effet, l'armée israélienne s'est servie d'enfants qui avaient été arrêtés pour jet de pierres ou participation à des manifestations dans ses propres forces. Après avoir été torturés et menacés, ces enfants détenus ont été contraints de devenir informateurs.144(*) Selon une étude de l'association de Défense des enfants international/Section Palestine145(*), menée en 2003 auprès d'anciens détenus palestiniens mineurs, environ 60% d'entre eux auraient subis des tortures ou autres formes de coercition dans le but de coopérer avec les services de renseignements israéliens appelés Shabak.

En ce qui concerne les groupes armés palestiniens, tous ont proclamé publiquement être opposés à l'utilisation d'enfants dans les combats. Cependant, outre leur utilisation pour les attentats suicides, des enfants ont été impliqués dans les actions de ces mêmes groupes au cours de l'Intifada al-Aqsa. Selon les témoignages des enfants membres de groupes armés, ils se seraient engagés volontairement. Leur rôle serait allé de la participation aux combats à celui de messagers ou de coursiers.146(*)

Nous pouvons constater qu'il existe en Palestine, au moins depuis le milieu des années 1980, une politisation des enfants. Cette politisation les a conduits à prendre volontairement part au conflit qui les oppose à l'Etat d'Israël. Nous constatons donc qu'il existait un terrain favorable au glissement de l'enfance palestinienne vers des actions violentes telles que des attentats suicides.

* 139 Psychologue qui a travaillé en Palestine avec différentes organisations internationales

* 140Ces entretiens sont disponibles dans S. Mansour, Des enfants et des pierres, Enquête en Palestine occupée, Les Livres de la REP, Paris, 1989

* 141S. Mansour, « La génération de l'Intifada », Revue Culture et Conflits, La violence politique des enfants, mis en ligne le 24 avril 2003 sur http://conflits.revues.org/index455.html, p.4

* 142Ibid, p.5

* 143 J. Reid Weiner, Use of Palestinian Children in the al-Aqsa Intifada: a legal and Political Analysis, Jerusalem center for public affairs, mis en ligne en novembre 2000sur http://www.jcpa.org/jl/vp441.htm

* 144 Global Report 2004, Op. cit., p.22

* 145 Bulletin DEI, vol.ç n°2, p.14-15

* 146 Ibid, p.375

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry