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Impact de la croissance démographique sur la croissance économique dans les pays en voie de développement de 1980 à  2008. Une analyse sur les données de panel

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par Rachelle et Ralph Hervé RENAUD et WATA
Université Quisquéya ( UNIQ) à  HaàŻti - Licence en économie 2010
  

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B.- Revue de littérature

Les différentes questions soulevées sur le point de savoir quel impact la croissance démographique peut avoir sur la croissance économique ont porté plusieurs économistes et démographes à analyser le phénomène. Ils ont réalisé de nombreuses études à ce sujet. Nous relevons ci-après le point de vue de quelques-uns d'entre-eux pour mieux voir ce qu'il en est exactement.

En 1958, la liaison dynamique entre croissance démographique et accumulation de capital est décrite par les analyses pionnières de Coale et Hoover. Ils identifient sur une double base théorique et empirique, une série d'effets démographiques négatifs sur les conditions de l'accumulation. L'effet de diversion détourne l'investissement d'emplois directement productifs vers des emplois non directement productifs; l'effet de dilution du capital résulte arithmétiquement de la dynamique d'un rapport macroéconomique dont le dénominateur est la taille croissante de la population et l'effet de dépendance relie négativement la capacité d'épargne d'un ménage ou de l'économie avec la part des inactifs par rapport à la population active. Simultanément et sous l'influence des modèles de développement dualistes, certaines analyses insistaient alternativement sur les capacités d'absorption d'une force de travail qui suit le rythme de l'accroissement démographique et sur les risques de paupérisation de masse liés au développement du cercle vicieux élargi entre la croissance rapide de la population, la pression sur l'accumulation, le chômage et le sous-emploi. Enfin, les ratios de dépendance importants impliqués par la forte croissance démographique, conduisaient à l'augmentation du besoin en investissements démographiques non directement productifs et limitaient corrélativement le capital disponible pour les investissements directement productifs. Certains modèles (Liebenstein, 1954 ; Nelson, 1956) décrivirent sur ces bases une trappe d'équilibre de bas niveau dans laquelle la croissance démographique engluait la croissance du revenu par tête.

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Toutefois, à cette époque (autour de 1960), la base des connaissances empiriques était trop limitée. La discussion des conséquences macroéconomiques était fondée sur des modèles consacrés à d'autres usages, essentiellement des modèles de croissance économique.

L'important support politique en faveur des mesures de réduction des naissances était donc paradoxalement fondé sur des preuves scientifiques finalement évanescentes. Ces interventions de politique démographique étaient toutefois justifiées par les prétendus bénéfices aux niveaux individuels et collectifs qu'elles permettraient.

Il est possible d'identifier, avec Kelley (1996), une suite de références théoriques dont la succession a pu participer à la constitution du corpus des théories orthodoxes en un ensemble homogène.

Dès 1953, un rapport des Nations-Unies14 assez nuancé et aux champs d'investigation très étendus, bien que peu quantitatifs, remarquait que la croissance et la taille de la population pouvaient exercer des impacts positifs (à travers des effets d'échelle et d'organisation), des impacts négatifs (à travers les rendements décroissants) et des effets plus incertains (à travers la technologie et le progrès social). Le jugement général, bien que balancé, tendait toutefois vers le pessimisme. Ce rapport15 fut révisé en 1973 et le jugement global devint encore un peu plus pessimiste, sous l'effet notamment de l'emphase portée sur les impacts de court terme de la croissance démographique.

L'intervention de Kuznets dans ce rapport venait pourtant nuancer la tonalité orthodoxe dominante, puisque ce dernier remarquait, de façon très pertinente, qu'aucune corrélation statistique entre les taux de croissance du produit par tête et ceux de la population n'apparaissait sur des échantillons transversaux ou sur des séries temporelles. Ces résultats devaient ensuite être confirmés pour ce qui concerne les périodes antérieures à 1980. Une synthèse des résultats et des apports de cette perspective orthodoxe fut effectuée dans un rapport sur la population et le

14 United Nations [1953]

15 United Nations [1973]

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développement commandité en 1971 par la U.S. National Academy of Sciences. Insistant surtout sur les effets de court terme de la croissance démographique, la majorité des études parvenaient partiellement à justifier les tonalités largement pessimistes des conclusions du rapport, arrivant à la conclusion que la croissance démographique rapide imposait une barrière sérieuse, voire insurmontable, au développement socioéconomique.

Les auteurs de cette conclusion résumèrent ainsi leurs résultats de façon très efficace : la croissance démographique rapide ralentit la croissance des revenus par tête dans les pays en développement et tend à perpétuer les inégalités dans la répartition des revenus. Elle tire vers le bas, les niveaux de la consommation, l'épargne et de l'investissement capitalistique dans les facteurs de production et limite par conséquent le taux de croissance du PIB. L'offre alimentaire et la production agricole doivent être fortement accrues pour satisfaire aux besoins des populations en croissance rapide, ce qui exerce une contrainte sur l'allocation des ressources à d'autres secteurs économiques et sociaux. Le nombre des intrants dans la force de travail augmente très rapidement. Du fait de l'excès des individus à la recherche d'un emploi sur le nombre d'emplois disponibles, le chômage et le sous-emploi sont des problèmes de plus en plus sérieux. Un nombre toujours plus grand de travailleurs ne peut être absorbé dans le secteur moderne (industrialisé). Ils se rabattent alors sur des occupations de service non productives ou vers le secteur traditionnel (agricole) avec sa productivité faible et ses salaires de subsistance... Une pauvreté à grande échelle, la productivité faible du travail, la demande alimentaire croissante et la faible industrialisation distordent et dégradent les conditions de l'échange international pour les pays les moins développés.

Il semble toutefois que ces conclusions alarmistes, que l'on peut supposer influencées par l'Agency for International Development, sponsor de ce rapport dont les positions anti populationnistes ont souvent été dénoncées, aient quelque peu exagéré les aspects négatifs des résultats obtenus dans les analyses solides qu'il rassemble. Ces différentes études formaient un ensemble méthodologiquement proche des analyses thématiques partielles du révisionnisme mais conduisaient tout de même à des résultats modérément pessimistes. Une autre étude assez large et exhaustive des effets économiques de la forte croissance démographique, placée sous la

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direction de Tabah et éditée en 1975, venait confirmer la pertinence de cette orientation vers une méthodologie thématique de type hétérodoxe, tout en produisant des résultats assez orthodoxes.

Un rapport de l'ONU replace les conclusions relativistes dans une perspective orthodoxe renouvelée mais encore axée sur la théorie néo-classique de la croissance et le court moyen terme (5 à 15 ans). Le développement d'un système de représentation ne fait pas systématiquement disparaître le système précédent, de la même façon que le système qui va se développer est contenu en germe ou est en cours de constitution pendant la période d'épanouissement du premier. Ainsi, le Survey de Cassen parvint, dès 1975, à s'élever au-delà des restrictions des analyses orthodoxes pour n'en retenir que les résultats les plus intéressants et en rejeter les hypothèses les plus critiquables et les plus fragiles. Robert Cassen remarqua dans la conclusion de son analyse que les effets de la croissance de la population dans les pays en développement ont pu être exagérés par les analyses orthodoxes, spécialement pour les effets sur le capital et l'épargne. Il concède toutefois qu'il ne semble y avoir que peu d'arguments convaincants pouvant venir contredire la conclusion selon laquelle la croissance démographique rapide ralentit l'amélioration des niveaux de vie ou mieux pour rejeter des conclusions orthodoxes qu'il semble alors n'accepter que par défaut.

Il souligne ainsi un peu plus loin que l'importance relative de la population parmi les autres facteurs semble avoir été simultanément surévaluée et sous-évaluée. Il est, selon lui, difficile d'accepter la vue selon laquelle la pauvreté des pays en développement puisse être majoritairement causée par la croissance démographique. Il lui apparaît toutefois que dans la plupart de ces pays, même économiquement prometteurs, l'accroissement démographique rapide n'aurait permis que des gains relativement faibles au niveau de l'individu moyen et à fortiori pour les plus pauvres. Ceci étant partiellement dû à la tendance de la répartition des revenus et en l'absence de mesures contradictoires tend à se détériorer sous les régimes de forte fécondité. Les jugements orthodoxes sont donc, dès les années soixante-dix, fermement nuancés par une minorité d'auteurs. Ces derniers préfigurent, avec Easterlin (1965), Kuznets (1965, 1967) et Kocher (1973), ce que sera la réaction contre le «révisionnisme» pendant la décennie suivante.

Le rapport de la National Academy of Sciences de 1986 est devenu la plus révisionniste des grandes études commanditées des années 1970-1980. Même si à l'aune des études

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thématiques partielles présentées, les conséquences économiques de la croissance de la population semblaient plutôt négatives que positives, les économistes responsables de ces analyses choisirent, de façon significative, de nuancer la conclusion collective du rapport en replaçant l'importance relative des ces impacts dans de plus justes proportions. Selon Kelley, cette volonté collective de relativisation mérite de l'attention puisqu'elle représente vraisemblablement l'évaluation des effets économiques de la croissance de la population qui prédomine depuis 1945. La perspective orthodoxe semble donc n'être, pour Kelley, qu'une péripétie théorique ou idéologique ayant fait diverger la recherche démo-économique de sa tendance dominante.

Le rapport de 1986 constitua donc, une étape fondamentale dans le processus d'affirmation de la perspective révisionniste autour de l'impact de la population sur le développement, qui se fonde sur une formulation réaliste d'un processus de développement dans lequel les rétroactions sont prises en compte. Elle insiste notamment sur les réponses individuelles et institutionnelles aux impacts initiaux directs de l'accroissement démographique, comme la conservation en réponse à la rareté des ressources naturelles, la substitution pertinente des facteurs de production abondants aux facteurs rares, l'innovation et l'adoption de technologies adaptées à l'exploitation d'opportunités profitables, autant de réponses considérées comme importantes.

Compte tenu de l'exemplarité accordée à ces résultats par un commentateur aussi avisé que Kelley, il est intéressant d'en faire une présentation synthétique. La tonalité et les conclusions générales du rapport sont révisionnistes, bien que les analyses développées insistent sur certains aspects du développement économique qui sembleraient pouvoir bénéficier d'un ralentissement de la croissance démographique.

Dans l'industrie, les économies d'échelle sont épuisées pour des tailles urbaines modérées, le ralentissement de la croissance démographique n'a donc vraisemblablement pas d'impact négatif sur la productivité dans le secteur manufacturier urbain. Dans l'agriculture, la relation positive qui existe entre la densité et la productivité (choix des techniques, économies d'échelle, infrastructures) semble se transformer en relation négative (rendements décroissants) pour des densités trop importantes (supérieures à 100 habitants au km2). Dans l'éducation, le

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ralentissement de la croissance démographique est associé avec des dépenses par élève supérieures, de même que pour les dépenses par tête de santé ou de nutrition au sein du ménage. Toutefois, la forte croissance démographique ne saurait constituer un obstacle majeur au succès des politiques sanitaires.

Dans le court terme, une moindre croissance démographique diminuerait l'inégalité de la répartition des revenus, dans le cas toutefois où les politiques de population seraient orientées vers les groupes à revenu plus faible. Dans le long terme, l'avantage potentiel résulterait de l'accroissement du prix du facteur travail relativement aux autres facteurs de production. Bien que la plupart des problèmes liés au développement urbain (pression sur les services et ralentissement du développement du secteur moderne) aient été amplifiés par la forte croissance démographique, le ralentissement de cette croissance ne les réglera vraisemblablement pas. Le biais urbain des politiques publiques constitue une cause beaucoup plus importante que la croissance démographique.

Certaines externalités, comme la congestion, la dégradation rapide des ressources naturelles, les coûts intergénérationnels sont le résultat plus ou moins direct de la croissance démographique. Les politiques de population doivent être couplées avec des mesures plus économiques visant à modifier les structures d'incitation qui interviennent dans l'apparition d'externalités nettes négatives liées à la forte fécondité. L'argumentation révisionniste s'articule donc autour de deux idées fortes. La première est que la croissance démographique n'est qu'un facteur secondaire du développement économique et donc, un élément parmi d'autres dans l'explication des retards de croissance ou de développement potentiels. La seconde est que les effets délétères de la forte croissance démographique seront largement (bien que pas nécessairement intégralement) compensés par des réactions de marché, si et seulement si, les mécanismes de marché peuvent fonctionner librement. Cette seconde caractéristique est importante car elle est au fondement de la perspective révisionniste sur les problèmes liant la population aux évolutions économiques.

Dans ce domaine, les études s'appuyant sur des panels de pays ont abouti à des conclusions opposées selon la période au cours de laquelle les tests ont été menés. En résumé,

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selon Kelley et Schmidt (1996), les résultats aboutissent aux conclusions suivantes concernant l'impact de la croissance démographique sur la croissance du revenu par tête :

· dans les décennies 1960 et 1970, aucune corrélation statistique significative n'a été mise en évidence,

· dans les années 1980, la corrélation est significative et importante. Elle varie avec le niveau de développement : elle est négative dans les pays en voie de développement et positive dans la plupart des pays développés,

· quelle que soit la période, la densité de la population exerce un impact positif. Au cours de certaines périodes, la taille de la population a pu également avoir un impact positif. Dans ce dernier cas, ce sont des effets d'échelle qui seraient mis en évidence via la variable taille de la population mais cette voie a été peu étudiée.

Par ailleurs, Rougier (1998)16 tente de vérifier sur la période de l'étude la validité de l'hypothèse forte de Malthus selon laquelle la population est un obstacle à la croissance de la richesse et du produit. Il intègre à son analyse les variables de fécondité et de mortalité. Partant de l'équation de Blanchet (fonction de production à rendement d'échelle décroissant avec un seul facteur, le travail) qui s'écrit de la manière suivante :

epyt/yt=b--acP pt/pt --

avec yt = production agrégée ou par tète au temps t b = facteur de progrès technique exogène

a = élasticité du produit total par rapport au travail pt = population

Il démontre, à partir de plusieurs modèles économétriques (mêlant des données transversales pour 81 pays en développement à des séries temporelles de taux croissance ordonné en 9 sous-périodes quinquennales allant de 1950-1955 à 1990-1994) dans un premier temps, que la relation statistique entre la croissance du P113 et celle de la population semble

16 Dans son article intitulé: « croissance économique, croissance démographique et hétérogénéité des niveaux développement : éléments d'analyse »

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passer selon les blocs continentaux, d'une relation positive ou presque nulle et non significative à une relation négative non significative. Dans un deuxième temps, il a remarqué que les coefficients de régression sont positifs pour les pays à faible revenu moyen et négatifs pour ceux à niveau de revenu par tête supérieur. Ce qui traduirait que l'hypothèse de Malthus, dans ce cas, est rejetée. Toutefois, en intégrant les indicateurs de transition démographique, la relation entre PIB par tête et population devient négative. De ce fait, il conclut que cette relation dépend du niveau de développement des pays. Autrement dit, la liaison dynamique entre population et croissance au cours du processus de transition démographique est caractérisée d'abord par un signe négatif pour les pays lorsque le taux de mortalité est élevé. Ensuite, par une relation positive lorsque la baisse du taux de fécondité s'accompagne d'une baisse de mortalité.

Au total, dans les années récentes, l'impact "net" de la démographie sur la croissance du revenu par tête serait négatif. Remarquons toutefois que, la majeure partie des contributions à la perspective révisionniste développent essentiellement des arguments qualitatifs et ne sont susceptibles de fournir aucune évaluation de l'importance des effets nets agrégés de la croissance démographique sur les évolutions économiques.

Pour William Easterly, auteur de l'ouvrage «The Elusive Quest For Growth », traduit sous le titre de «Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester », les prévisions alarmistes concernant le déséquilibre entre la croissance de la population et la croissance économique ne sont jamais réalisées. En témoigne les exemples suivants :

Paul Ehrlich, dans son ouvrage cri de coeur, paru en 1968 prédisait une famine sans précédent dans plusieurs pays d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie qui finirait par décimer un cinquième de la population. Les prévisions d'Ehrlich ne sont pas réalisées car de 1960 à 1998, la population mondiale a plus que doublé alors qu'en même temps la production alimentaire avait plus que triplé. Ainsi, il y a suffisamment de ressources disponibles pour faire face à ce fléau.

Lester Brown, du World Watch Institute, également un alarmiste, a déclaré dans un communiqué de presse qu'il a publié en 1999 lors de la sortie de son livre titré : «Au-delà de Malthus » que le monde récolte les conséquences d'une croissance de la population non contrôlée et que les offres en eau sont insuffisantes pour combler les demandes de cette

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croissance effrénée de la population depuis plus d'un siècle et ceci dans plusieurs pays. Le World Watch Institute a de son côté, alerté dans sa publication intitulée : «Etat de la planète de 2000 » que la croissance démographique pourrait altérer le progrès économique plus brutalement qu'aucune tendance, attisant tous les autres problèmes sociaux et environnementaux.

Dans un autre ordre d'idée, il cite l'article suivant : «La croissance économique depuis l'an un million avant J.-C. » de Michael Kremer, qui parle d'une relation positive entre population initiale et la croissance économique à l'instar de ces prédécesseurs Kuznets et Boserup. Plus la population est élevée, plus on a un meilleur potentiel créatif et plus de personnes pour soutenir le coût du développement et en tirer parti. Ce qui devrait permettre à la société d'entretenir plus de bouches. En conclusion, la population devrait donc s'accroître.

De son côté, Cédric Doliger, dans son article intitulé : «Démographie et croissance économique en France après la seconde guerre mondiale » analyse la relation entre les deux variables à travers une approche cliométrique 17. Son étude est déclinée en trois approches : - L'analyse de la relation entre la croissance et la population ;

- L'analyse de la relation entre la croissance et les indicateurs démographiques ;

L'analyse de la relation entre la croissance, la population et les facteurs influant sur l'évolution démographique.

Les résultats majeurs de son étude ont confirmé l'existence de relations entre la croissance et la démographie : une relation directe de la croissance avec la population et une relation indirecte de la population avec la croissance et ceci par l'intermédiaire de variables économiques. Puis, que c'est la classe la plus jeune qui dynamise l'économie française et de ce fait, l'attention doit être porté essentiellement sur la natalité et les facteurs influant sur les décisions d'avoir des enfants. Ensuite, selon lui, cette relation entre les sphères économique et démographique s'exerce via le marché du travail, notamment à travers les salaires (qui se traduit par un effet revenu18 et un effet

17 Approche cliométrique : désigne une approche faite à partir des recherches internationales d'histoire quantitative structurées par la théorie économique et informées par les méthodes statistiques et économétriques.

18 Un effet revenu : c'est-à-dire qu'une augmentation du revenu se traduit par la possibilité d'élever un nombre plus important d'enfants. Ce qui entraîne un effet positif sur la fécondité.

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prix19) et le chômage (car l'inactivité génère également la procréation). Ce qui a pour conséquence une réorganisation des politiques salariales qui ne sont plus maintenant centrées sur une augmentation des salaires mais plutôt dirigées vers des politiques familiales visant à atténuer les pertes occasionnées sur le marché du travail par des naissances. Ainsi, toute politique visant à accroître la croissance économique pourra être soit économique, soit démographique, selon les objectifs à atteindre, les contraintes posées et les évolutions autorisées.

William Easterly, toutefois, s'abstient de conclure sur la relation entre les deux variables. Selon lui, subventionner le contrôle des naissances demeure une problématique car les avantages et coûts nets des naissances sont très incertains et par ailleurs, il existe bien de pays, qui en dépit d'une croissance démesurée de la taille de leur population arrive à garder un niveau de vie standard. De ce fait, il conviendrait mieux de laisser chaque pays décider si une population plus nombreuse crée une pression intolérable sur ses ressources naturelles ou s'il s'agit d'un terreau propice au développement de nouvelles idées et une nouvelle source de recettes fiscales.

19 Un effet prix : c'est-à-dire qu'une augmentation du revenu se traduit par une augmentation du coût d'opportunité c'est-à-dire de la valeur du temps. Les enfants engendrent alors une perte vis-à-vis du temps qui leur est consacré, ce qui entraîne un effet négatif sur la fécondité.

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Natalité et mortalité d'Haiti de 1980-2008

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault