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Les organismes féminines face à  la lutte contre les violences conjugales subies par les femmes à  Dakar

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par Marieme SY NDEYE
Institut mariste d'enseignement supérieur Sénégal - Droit 2011
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

L'IMES (Institut Mariste d'Enseignement Supérieur) a fait une innovation de taille en proposant à ses étudiants la rédaction d'un mémoire dés la première année de licence. L'étudiant a le choix de son projet de recherches. Il choisit le sujet de son mémoire et est accompagné dans son travail par un tuteur, que l'imes met à sa disposition jusqu'à la réalisation du travail demandé.

C'est dans ce contexte que nous avons choisi comme sujet de mémoire, portant «  les violences conjugales subies par les femmes à Dakar ».

En effet c'est un euphémisme de dire que la situation des droits de l'homme reste toujours précaire dans le monde. Plusieurs violations des droits de l'homme, comme les violences subies par les femmes, au sein des ménages sont de facto autant d'atteintes aux droits fondamentaux des femmes.

Dans le passé, et pour la plupart des sociétés le respect des droits des femmes n'a pas toujours été une question prioritaire. Elle à toujours été relégué au second plan, dans la mesure où la femme a toujours été considérée comme naturellement inferieur à l'homme. La femme au sein de son ménage, est parfois sujette à de multiples violences, soit de la part de son conjoint, soi de la part de sa belle famille.

Ces violences subies par les femmes au sein de leur ménage, découlent essentiellement de comportements culturels, religieuses, traditionnelles, renforcées par les pressions sociales et le manque d'information. Les violations des droits de la femme perdurent, et ceci fait que la femme a du mal à s'affirmer, et à atteindre un haut niveau managérial favorable à son développement économique et social.

De nos jours les femmes se sont mobilisées, et ont criées leur détresse et leur révolte à titre individuel ou en groupe. Elles ont une plus ample connaissance de leurs droits et devoirs et ont, pris conscience du fait qu'il n'existe pas de supériorité naturelle réservé aux hommes, et qu'elles doivent être en mesure de pouvoir jouir de leurs droits.

Dans se sens, de nombreux protocoles, chartes, conventions, ont été ratifiés par des pays en vue de diminuer ou d'éradiquer ces violences subies par les femmes. EX : (déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes assemblée générale des nations unies adopté en 1993.)

Ainsi ce sujet sera traité en trois parties. Dans la première partie nous exposerons notre problématique, ainsi que nos différentes hypothèses que nous avons eu à élaborer, nous essaierons aussi de définir ce problème de violence conjugale et d'en donner les différents types. Nous analyserons enfin les causes et conséquences de ces violences à Dakar.

Dans la deuxième partie nous aborderons les positions sociologiques, religieuses, judiciaires, ainsi que la législation sénégalaise concernant ce phénomène. Et enfin dans la troisième partie nous tenterons de voir les campagnes menées par certains comités et ONG qui luttent contre ces violences conjugales à Dakar.

I. PROBLEMATIQUE

Présente dans toutes les sociétés, la violence contre les femmes reste l'une des atteintes aux droits humains les plus graves et les plus répandues de nos jours.

C'est un phénomène qui est universel. La violence envers les femmes existe dans tous les pays, sous toutes les latitudes, dans toutes les communautés, dans toutes les villes et dans tous les villages.

La violence subie par les femmes est rarement un but en soi, mais elle est pratiquée avec l'objectif de démontrer la puissance masculine sur la femme et de replacer celle-ci dans son rôle social traditionnel. Cet objectif est malheureusement souvent atteint. La violence conjugale, en particulier celle causée par le mari et les membres de la belle-famille, peut avoir de multiples conséquences sur les femmes. Elle limite la liberté de mouvement des victimes et les empêche ainsi de jouer un rôle actif dans la société. Beaucoup de femmes éprouvent des difficultés à sortir de ce cercle vicieux fait de violence et de discrimination. Une violence qui reste dans l'inconscient collectif et perpétué par les enfants qui en ont été témoins. Et ses conséquences économiques peuvent être considérables.

Malheureusement, ces violences spécifiques au sexe féminin ont longtemps été niées ou minimisées, que ce soit par les gouvernements ou par les organisations internationales. Partout dans le monde, les fonctions et les rôles sociaux des femmes sont préétablies. Chaque culture possède une façon caractéristique de définir les rôles de chacun des deux sexes.

Les femmes sont presque toujours cantonnées, dans des rôles secondaires par rapport à ceux des hommes. Par ailleurs on trouve dans toutes les cultures un certains degré de violence contre les femmes, mais cette violence est difficilement perceptible car elle est considérée comme normal. Le rôle d'une femme est dans de nombreux pays le reflet de sa famille. Si une femme outre passe le rôle qui est le sien, elle déshonore tous les siens. La violence et les menaces sont un moyen de contrôle et une sanction en cas de « désobéissance ».

L'impunité c'est-à-dire l'absence de sanction pour les actes dont sont victimes les femmes contribue, à créer un climat dans lequel ces actes sont considérés comme normaux et acceptables, plus tôt que criminel. Un climat qui fait que les femmes ne cherchent pas à établir justice, car elles savent qu'elles n'y parviendront pas et ceci prolonge et aggrave les douleurs et les souffrances initialement provoqués par ces actes.

Les conséquences des violences subies par les femmes dépassent de loin les dommages corporels immédiats infligés à la victime. Les atteintes psychologiques et la menace de futures violences détruisent l'image que la femme avait d'elle même et souvent l'empêche d'ester en justice l'auteur de ces sévices. Ces violences freinent leurs ambitions pour leur futur et entrainent un manque de confiance en soi. La discrimination basée sur le sexe a fait que les femmes ne bénéficient pas des droits et principes fondamentaux consacrant l'égalité, la sécurité, l'intégrité, la liberté et la dignité dont elles doivent se faire valoir.

Dans la lutte contre ce phénomène, l'état du Sénégal a ratifié tous les instruments de protection de la femme et nos institutions accordent beaucoup de place pour la promotion du genre. L'article 7 de la constitution sénégalaise en son alinéa 4 déclare « Tous les êtres sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux devant la loi. »

La quinzaine de la femme célébrée chaque année est un moment fort, pour rappeler ce principe, sensibiliser davantage les femmes et pour faire un plaidoyer envers l'Etat pour une meilleure prise en compte des femmes, dans le discours et dans la pratique.

Malgré tous ces efforts, cette couche qui représente 52 pour cent de la population continue, de subir des violations de leurs droits liées à leur statut de femme. La violence au sein du couple en constitue un des plus graves.

Ces différentes situations constatées nous ont amenés, dans le cadre de nos recherches à nous interroger sur la portée réelle des organisations féminines face aux violences conjugales subies par les femmes a Dakar ?

_ Qu'est ce que la violence conjugale et quels sont les types ?

_ Quelles en sont les causes et les conséquences ?

_ Quelles est la conception sociologique, judiciaire et religieuse de ce phénomène ?

_ Quel rôle joue les organismes féminines dans la gestion de ce phénomène ?

_ Comment ces organismes s'organisent pour défendre ces femmes violentées ?

Autant d'interrogations qui nous ont amené à vouloir faire cette étude. Ainsi nous tenterons d'apporter des réponses à ces questions de par des recherches, que l'on aura à faire à travers la lecture de document concernant le sujet, des entretiens avec les acteurs du milieu en l'occurrence les coordonnatrice des réseaux féminines et les associations de femmes, les journalistes et sociologues et les leaders d'opinion.

Ainsi la question qui va guider notre recherche est la suivante :

_ Quelles est l'influence des organismes féminines contre les violences conjugales subies par les femmes à Dakar ?

Le cas du CLVF et du réseau « SIGGIL JIGEEN » 

II. MODELE D'ANALYSE

HYPOTHESE

a) La violence conjugale constitue une violation des droits de la femme

Les violences faites aux femmes en général et celles conjugales en particulier constitue une violation des droits de la femme et doit être perçues comme telles. Ces violences traduisent des rapports de pouvoir qui freinent le développement de la femme sur tous les plans. La conférence mondiale sur les droits de l'Homme a clairement réaffirmé que « les droits fondamentaux des femmes, à toutes les étapes de leur vie, font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie des droits universels de la personne ».

Des textes pour la promotion et la protection de la femme afin de lui rendre sa dignité figurent dans le droit international et sous l'égide des nations unies. La convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l'adhésion par l'assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 34/180 du 18 décembre 1979 Affirme que « La violence à l'égard des femmes constitue une violation des droits de la personne humaine et des libertés fondamentale et empêchent partiellement ou totalement les femmes de jouir des dits droits et libertés ».

Ainsi que l'article 7 de la constitution en son alinéa 4 déclare : « Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux devant la loi ».

b) Les organisations féminines poussent les femmes à oser ester en justice et dénoncer ces violences

L'impunité, généralement l'absence de sanction, consiste à ne pas traduire en justice les auteurs de violations de droits humains. La plupart des actes de violence contre les femmes ne font jamais l'objet d'enquêtes, et leurs auteurs commettent leurs crimes en sachant qu'ils ne seront jamais arrêtés, poursuivis ou châtiés. Les femmes ne cherchent pas à obtenir justice car, elles savent qu'elles n'y parviendront pas, et ceci prolongent et aggravent les douleurs et souffrances initialement provoquées par ces actes.

De plus en plus des associations de femmes et des ONG de droits humains s'organisent et montent au créneau pour demander plus de place et plus de considération pour la femme dans toutes les sphères ; et plus précisément dans les organes de décision pour sa libération et pour l'affirmation de son identité.

Ces ONG et organismes féminins encouragent les femmes à dénoncer les violences dont elles sont victimes à travers des campagnes de sensibilisation. Ils leur signifient que les violences dont elles sont victimes sont punies par la loi et constitue des violations des droits de la personne.

Ainsi ils participent à l'éveil des consciences des femmes, et ils les accompagnent dans leurs procédures pour pouvoir ester en justice.

La pression exercée sur l'Etat et le plaidoyer des associations commencent à porter leurs fruits. L'Etat sénégalais est de plus en plus regardant sur les droits de la femme en adoptant des mesures législatives visant à promouvoir de plus en plus ces droits et à hisser les femmes vers les pouvoirs de décision ( Gouvernement, Assemblée, Senat, Entreprises etc.)

c) Les violences conjugales freinent l'entrepreneuriat féminin

La violence contre les femmes est pour la société un facteur d'appauvrissement économique, politique et culturel. Elle empêche en effet les femmes qui la subissent de jouer un rôle actif dans le développement local. Le cout social de la violence contre les femmes est difficile à évaluer avec précision, mais elle engendre de graves conséquences économiques, qui entrainent une diminution du temps de travail productif, une perte de revenu et une augmentation des dépenses de santé. Dans les pays en voie de développement sur la totalité du temps de travail perdu par les femmes pour maladie et incapacité de travail, on estime à 59% les pertes dues à des violences liées au genre et à des viols*.

L'entrepreneuriat des femmes contribue à réduire la pauvreté, à promouvoir l'égalité hommes femmes et à émanciper les femmes. Mais il a aussi un autre impact- il donne aux femmes les moyens d'améliorer la santé de leur famille et de financer l'éducation de leurs enfants ainsi que développer l'économie national.

En générale, elles s'investissent sans aucune formation à la base, dans des activités économiques dites « non structuré » tel le commerce et les services (couture, coiffure, restauration, commerce etc.).

Elles regroupent généralement leurs infimes moyens matériels dans des groupements d'intérêts économiques (GIE) ou associations féminines ou encore dans la micro finance. La micro finance a toujours été présenté comme un moyen d'émancipation et de promotion de la femme. Elle vise, entre autres, à augmenter leurs revenus, faciliter leur indépendance financière et professionnaliser leurs activités économiques.

Les violences conjugales constitue un frein au développement économique de la femme dans le sens ou sa engendre un manque de confiance en la femme d'abord, ensuite apparaissent des problèmes psychologiques qui ne laissent pas de place à l'épanouissement personnel de la femme. Et si on n'a pas toute sa tête avec soi il est impensable de songer à une activité économique. Raison pour laquelle les femmes se mobilisent pour lutter contre la violence sous toutes ses formes, des mesures publiques sont entrain d'être prises pour s'attaquer tant aux conséquences, qu'aux causes de la violence. Pour ce faire, il faudra favoriser la conquête de l'autonomie et de l'indépendance pour les femmes qui pour la grande majorité, vivent dans l'oppression qui leur interdit toute expression personnel.

.................................................................................................................*L'UNIFEM estime que les salaires des femmes sont inferieures à ceux des hommes dans touts les pays dont les données sont disponibles. Source : Amnesty International « Dignité et droits humains » page 68 

III. DEFINITION ET TYPES DE VIOLENCES CONJUGALES

a) DEFINITION

Les violences conjugales se définissent comme étant les violences entre un homme et une femme, unis par les liens du mariage. Mais c'est aussi touts actes causant ou pouvant causés a l'un des conjoints un préjudice, ou des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques, y compris la menace d'entreprendre de tels actes. La restriction ou la privation arbitraire des libertés fondamentales, que ce soit dans la vie privée ou dans la vie publique. Nous nous intéresseront aux violences conjugales subies par les femmes

Les violences conjugales sont un phénomène qui existe au Sénégal et qui gagne de plus en plus de l'ampleur. La réalité est qu'elle est tolérée par la société sénégalaise, qui accepte l'ascendance de l'homme sur la femme.

Les violences conjugales sont classées dans la rubrique des faits divers par la presse alors que c'est une affaire grave car étant une violation des droits de la femme. Elles freinent le développement du pays car une partie de la population que sont les femmes ne jouissent pas de leurs pleins droits.

Les violences conjugales peuvent prendre plusieurs formes. En effet un conjoint ayant des comportements violents peut abuser de sa victime en gérant ses revenus et ses dépenses afin de lui enlever son autonomie. L'emprise du conjoint peut s'exercer sur le plan psychologique en essayant de s'immiscer même dans les pensées de sa victime, en cherchant à contrôler ses paroles et ses gestes ou en surveillant ses allers et venues en cherchant à contrôler ses paroles et ses gestes.

Cette violence leur est souvent infligée par ceux auxquels elles ont eu à faire confiance, qu'elles ont appris à respecter, qu'elles aiment. Les violences conjugales subies par les femmes ne connaissent aucune barrière sociale, culturelle, politique, économique, ou religieuse. C'est un problème réel dont beaucoup de femmes subissent quotidiennement les conséquences. La population ne semble pas cependant comprendre vraiment les effets à long termes, ni comment l'expérience et la peur de la violence peuvent marquer la vie d'une femme.

b) LES DIFFERENTS TYPES DE VIOLENCES

Ø Les violences physiques

Le code pénal définit les violences physiques comme «  des atteintes à l'intégrité physique d'une personne ». Les violences physiques se manifestent par des coups et blessures volontaires, des mutilations, des tortures, des traitements, des assassinats et meurtres.

Les violences physiques sont les violences les plus connues par les femmes. Ce sont les cas les plus reçues par le CLVF : coups de poing au visage, coups de pied au niveau d'une zone vulnérable pour la femme (ventre, poitrine, reins), coups portés avec un couteau, une paire de ciseaux, une machette. Les coups donnés occasionnent souvent des fractures, des avortements, des mutilations à vie, des dents arrachés ou la perte d'un oeil. La mort peut également survenir suite à des coups violents reçus par une femme.

Voici le cas d'une femme faisant partie de l'échantillon étudié, composé des femmes ayant déjà subies une des formes de violences conjugales citées et qui ont eu à recourir à l'un des organismes féminines (CLVF ; RSJ).

(La jeune Awa sy, âgée de 18 ans est décapité par son mari Abdou Ndiaye, juste après 4mois de mariage. «  C'était l'horreur samedi dernier, au quartier Biram Kann, à Yeumbeul : vers 22heures, Abdou Ndiaye, tailleur de son état, a tue sa femme avant de la trainer toute nue devant leur maison, et demander aux voisins d'appeler les parents de la victime qui portait une grossesse de trois mois. »)

(SOURCE LE QUOTIDIEN FEVRIER 2009)

- Le meurtre est le fait de donner volontairement la mort. Il s'suppose que le coupable, non seulement inflige volontairement des violences mais a pleine conscience de provoquer la mort de la victime.

- L'assassinat est le fait de tuer une personne avec préméditation ou guet apens.

- La préméditation est le fait de bien réfléchir sur le projet de tuer quelqu'un et de le faire effectivement.

- Le guet apens est le fait d'attendre plus ou moins longtemps un individu, en un ou plusieurs endroits, soit pour donner la mort, soit pour exercer sur lui des actes de violences.

Ø Les violences verbales

A travers la parole, les violences verbales se traduisent de plusieurs manières. Ce sont les insultes, les injures, les cris, les éclats de voix, les parole déshonorants, dévalorisant, vexantes, le dénigrement. Ce sont aussi les moqueries et paroles blessantes. A partir de la quarantaine, des femmes ont témoignés subir des violences verbales de la part de leurs maris qui commencent à ne plus les trouver à leur gout. Les violences verbales comprennent aussi l'évitement par la parole. Elles sont nombreuses les femmes à qui on n'adresse plus la parole depuis longtemps sinon pour menacer, intimider, insulter ou donner des ordres. Des femmes ont rapporté que des paroles violentes et offensantes leur sont adressées quand elles se trouvent dans l'impossibilité d'entretenir des relations sexuelles avec leur mari pour cause de maladie en général ou dans l'impossibilité de procréer.

Généralement les violences physiques s'accompagnent de violences verbales.

Les femmes sont péniblement affectées par les violences verbales caractérisées par leur invisibilité. Certaines femmes ont avouées avoir été plus blessées par les violences verbales que par celles physiques. L'auteur de violence verbale l'utilise comme arme pour humilier, intimider, offenser, dévaloriser, et souvent il réussit à atteindre sa cible.

« Je suis une jeune femme qui habite dans la banlieue dakaroise. Je suis régulièrement insulté par mon mari et ceci devant mes enfants. Quand je me plains auprès de mes parents, ils me disent de supporter car il y va de la réussite de mes enfants. »

(Témoignage échantillon) source (CLVF)

Ø La retraite conjugale

Cette forme de violence est de plus en plus vécue par les femmes qui ont dépassées la quarantaine. Et c'est d'ailleurs les femmes qui ont sorties cette expression «  retraite conjugale ». A l'occasion d'un témoignage à Factick, une femme âgée de plus de 45ans l'a émise vite reprise par d'autres. Le CLVF l'a intégré dans les nouvelles formes de violences subies par les femmes.

Entrain de devenir un phénomène courant, des maris qui n'entretiennent plus de relations sexuelles avec leurs femmes jugées vielles des l'atteinte de la quarantaine.

Le CLVF est témoin de cas de femmes dont les maris ont déserté depuis longtemps le lit conjugal et ont épousé des femmes plus jeunes.

Les conséquences sont à prendre avec considération surtout lorsque l'adultère s'y mêle, pour ces femmes maintenue dans les liens du mariage et privées de relations sexuelles légitimes. La prostitution clandestine avec tous les risques est aussi évoquée.

Ø Les violences affectives, morales et psychologiques

C'est « tous actes qui implique des tourments et des souffrances d'ordre mental sur la personne ». Ce sont les formes de violence les plus pernicieuses commises à l'encontre des femmes.

Elles constituent une atteinte à l'honneur et à la dignité de l'individu.

Les cas reçues par le CLVF sont relatifs à l'injure, l'abandon moral, la stigmatisation, la marginalisation, le refus de paternité, le dénigrement, la destruction morale, l'accusation de sorcellerie ou de porte- malheur.

« Mon mari et moi sommes devenus deux étrangers dans la maison. Cela fait trois ans que nous ne nous adressons plus la parole. »

(Témoignage échantillon) SOURCE : CLVF

· Les cas de sorcellerie sont rares mais quand elle se produit, c'est toujours une femme qui est accusée, entrainant du coup la marginalisation de toute la famille.

· Quand un homme n'a pas les moyens de subvenir aux besoins de sa famille ou quand il est renvoyé de son travail, la faute revient aussitôt à la femme qui est accusé de porter la guigne. Des femmes sont accusées de porter mal chance à leurs maris simplement parce que celui-ci ne parvient pas à percer économiquement. Des fois on recommande même au mari de divorcer ou de prendre une autre épouse pour attirer la chance.

· Le CLVF a noté dans certaines localités la fugue d'enfants victimes de violences ou témoins de la violence de leurs parents.

Ø Les violences économiques

Les violences économiques sont parmi les plus fréquentes. L'article 19 de la constitution signifie que « la femme à le droit d'avoir son patrimoine comme son mari elle à le droit de gestion personnel de ses biens ». En effet nombre de femmes ne dénoncent pas les violences dont elles sont victimes, juste pour ne pas perdre les avantages économiques qu'elles tirent du mariage. En général se sont les femmes qui n'ont aucune activité génératrice de revenue ou qui viennent de famille démunie. Elles sont à la charge totale du mari.

Ainsi dépendant économiquement du mari elles sont souvent dans l'incapacité de dénoncer les violences dont elles sont victimes de peur de se retrouver à la rue avec leurs enfants. Les violences économiques sont constituées par «  le fait de délaisser une personne, un bien ou une activité au mépris d'un devoir ». (Lexique des termes juridiques). Les violences économiques font parties des violences les plus fréquentes et les organismes féminines sont particulièrement sollicités pour les cas :

- D'abandon de foyer ; le mari déserte le foyer et laisse les enfants à l'entière charge de leur maman et dans le dénuement total si la femme ne travaille pas.

- Le refus de payer la pension alimentaire en cas de divorce.

- Le cas de refus de contribuer correctement aux charges du ménage alors que l'époux en a les moyens.

« Depuis qu'on a divorcé mon mari refuse de verser la pension alimentaire à ses cinq enfants et a fini par émigrer. »

(Témoignage échantillon) SOURCE : CLVF

- L'abandon de la femme enceinte

- Le fait d'entraver l'activité économique de la femme

« Quand j'ai voulu répliquer, les coups ont plu sur moi. Je suis restée pendant 3 jours avant Je suis vendeuse de cacahuètes. Mon mari dit qu'il a honte de mon activité et pourtant il ne me donne rien pour compenser les maigres revenues que j'en tire. Il s'est remarié. Un jour il m'a dit de choisir entre le ménage et la vente de cacahuètes de me rendre au comité de lutte. »

(Témoignage échantillon) SOURCE : CLVF

Les agressions commises dans un contexte conjugal surviennent à l'intérieur de ce qu'on appelle le « cycle de la violence conjugale ». Ce cycle, qui est mis en place et orchestré par l'agresseur, permet à celui-ci de maintenir sa domination sur sa conjointe. Dans une relation conjugale marquée par la violence, ce cycle se répète plusieurs fois et s'accélère avec le temps.

CYCLE DES VIOLENCES CONJUGALES

PHASE 1 : Climat de tension

L'agresseur a des accès de colère, menace l'autre personne du regard, fait peser de lourds silences.

La victime se sent inquiète, tente d'améliorer le climat, fait attention à ses propres gestes et paroles

PHASE 2 : Crise

L'agresseur violente l'autre personne sur les plans verbal, psychologique, physique, sexuel ou économique.

La victime se sent humiliée, triste, a le sentiment que la situation est injuste.

PHASE 3 : Justification

L'agresseur trouve des excuses pour justifier son comportement.

La victime tente de comprendre ses explications, l'aide à changer, doute de ses propres perceptions, se sent responsable de la situation.

PHASE 4 : Lune de miel

L'agresseur demande pardon, parle de thérapie ou de suicide.

La victime lui donne une chance, lui apporte son aide, constate ses efforts, change ses propres habitudes.

LES AUTEURS DE VIOLENCES SUBIES PAR LES FEMMES

L'auteur des violences est d'abord une personne violente.

Le plus souvent se sont des hommes, mais aussi des femmes.

Ø Des hommes

- Le mari : c'est la plus grande fréquence et pour touts les types de violences conjugales.

- Le beau frère

Ø Des femmes

- La belle mère

- La coépouse

- La belle - soeur

Elles ont citées dans les cas de discrimination conjugal, incitation à l'abandon de l'épouse, exploitation domestique, coups et blessure, violences verbales.

· Profil des auteurs de violences

L'expérience de terrain des deux organismes féminines à travers la médiation sociale , l'accompagnement psychologique des victimes, les témoignages recueillis, la consultation juridique et l'entretien avec certains auteurs de violences, les entretiens aves les juristes, médecins, psychologues, éducateurs sociaux, enseignants, ont permis de dresser un tableau des auteurs de violences envers les femmes. Ces auteurs hommes ou femmes partagent un certain nombre de caractéristiques.

- L'autorité exacerbée : cette caractéristique est constatée chez la plupart des maris auteurs de violences. Très autoritaires, ils n'acceptent pas la contradiction ou le fait qu'une femme puisse élever le ton. Pour peu que la femme donne son avis sans son autorisation les coups pleuvent. La personne autoritaire n'a pas le sens de la communication, elle détient le monopole de la parole et ne donne que des informations au lieu de communiquer.

- Le sentiment d'infériorité : les auteurs de violences marques par le complexe d'infériorité ont l'impression que leurs épouses les sous estiment, les minimisent. Ils pensent qu'ils ont perdus une parcelle de leur pouvoir et compense par la violence.

- L'ignorance de la loi : c'est en général des auteurs qui refusent le changement. Ils considèrent que la femme et les enfants sont la propriété de l'homme, qui peut disposer d'eux comme bon lui semble.

- La toxicomanie : l'usage d'alcool et de drogue par des auteurs est au coeur des violences faites aux femmes.

Le CLVF a constaté lors de ses entretiens avec des auteurs de violences que la plupart, ont eu à regretter leurs gestes une fois commis et souffrent de leurs situation de violences. Beaucoup de personnes violentes ont eu à être témoin des scènes de violences entre leurs parents. C'est comme s'ils avaient hérité de la violence. Les auteurs des violences qui ont eu à s'entretenir avec le CLVF adoptent un comportement d'apparence qui trompe souvent : sobriété, courtoisie, ouverture d'esprit, galanterie dans le geste et la parole. On a des difficultés pour croire que ce sont eux les auteurs des actes dont ils sont accusés.

La violence entre coépouse ont comme soubassement la jalousie et la promiscuité. Certaines tensions sont provoquées par le comportement discriminatoire de l'époux et l'attitude de la belle famille qui marque une préférence pour l'une des épouses.

IV. CAUSE DES VIOLENCES CONJUGALES A DAKAR

a) Mauvais caractères et comportement du mari :

La cause principale à Dakar des violences conjugales réside dans le comportement du mari : de par une éducation qui donne à l'homme un sentiment de supériorité, un caractère dominateur et de par une impunité sociale et même institutionnelle. A cela s'ajoute chez certains une jalousie excessive, qui relève même de la psychopathie et dont les manifestations peuvent être une violence inouïe, ou des exigences insupportables.

Il faut signaler enfin les cas d'ivresse, qui se multiplient de plus en plus.

b) Refus de soumission des femmes à leur mari :

Cause principalement évoquée par les hommes, surtout âgés. La soumission considérée dans le sens le plus strict de la docilité, Pourtant, les femmes disent que c'est précisément quand il y'a soumission excessive, que l'homme se croit tout permis et exerce les formes les plus ignominieuse de violences envers son épouse.

c) Polygamie :

La polygamie est une forme de domination, et même de discrimination, qui est de plus en plus rejeté psychologiquement par les femmes. De plus la polygamie, engendrent souvent toutes les autres formes de violences : économiques, financières, psychologique, physiques.

d) Mariage en dehors des normes :

Cause évoquée pour les jeunes qui se marient sur un coup de tête, malgré l'opposition des parents... Mais il y'a aussi les mariages entre des personnes d'ethnies différentes, de religions différentes.... Il a été souvent fait état des mariages forcés : la plupart des cas d'insoumission de filles mariées trop jeunes, de refus de l'acte sexuel, viol conjugales, et autres formes de violences proviennent de ce genre d'union.

e) Influence de la belle famille

Elle est une forme et cause de violence. Du coté de l'épouse comme celui de l'époux, les ingérences de la belle-famille sont souvent des sources de conflits qui peuvent dégénérer. Pour des raisons économiques, la cohabitation avec la belle-famille est souvent un mal nécessaire chez nous, mais elle ne génère souvent que des incompréhensions et des haines entres les membres de la famille.

Quelles sont les femmes victimes de violences conjugales à Dakar ?

- Celles dont le revenu est source de conflit avec son conjoint.

- Celles qui ne sont pas associés dans l'éducation des enfants.

- Celles qui ne sont pas associés dans la gestion du budget familial.

- Celles qui ne sont pas libres de leurs actes

V. CONSEQUENCES DES VIOLENCES CONJUGALES

a) Peur du mariage

Le spectacle stressant des violences conjugales est traumatisant chez bien des jeunes. Ces derniers, affichent un certain manque de confiance et une certaine méfiance envers le mariage. Ils hésitent jeunes filles et hommes, à se marier car la plus part sont des victimes à postiori, de violences dont ils ont été ou sont encore des victimes. Ces enfants peuvent développer eux aussi des comportements violents et déviants : délinquance, abandon scolaire, usage illicite de drogue, fugue...Les violences dont ils sont témoin au quotidien, même si elles ne leur sont pas directement adresses, ont un impact sur leur équilibre affectif psychologique. Des drames familiaux ont été notés au niveau des enfants témoins des violences de leurs parents.

b) Adultère de la femme

La misère matérielle, le manque d'affection, de tendresse, d'entente, de communication, le spectacle d'enfant afférés faute d'un époux et père qui ne se préoccupe guère de ses responsabilités, amènent bien des femmes à des actes que ni leur nature profonde, ni leur éducation, ne les prédisposaient. La prostitution déguisée est une conséquence pénible de la violence conjugale pour bien des femmes.

c) Dépression et folie

Les victimes de violences physiques, morales et verbales répétées sombrent petit à petit d'abord puis de manière accélérée, vers une dépression permanente et la folie pure. Psychologiquement ces femmes ne sont plus stables ni normales.

d) Destruction des couples

Aucun amour aussi fort soit il, ne peut résister à des assauts répétés de violences à récidive. Souvent la séparation de corps ou le divorce, sont de véritables solutions à une situation désespérés. Beaucoup de femmes préfèrent rompre une union qui chemine vers l'irréparable, pour elles et leurs enfants. D'autres part, la violence est destructive aussi bien pour les victimes que pour l'auteur : C'est un enchainement qui détruit le foyer, le couple, les individus eux même.

a) Perturbation chez les enfants

L'impression générale que donnent les femmes victimes de violences conjugales, est qu'elles sont plus sensibles aux conséquences sur leurs enfants que sur elles.

Les enfants de parents violents sont profondément déséquilibrés : ils sont eux même dans certains cas très violents et ainsi le vice se perpétue ; ou alors ils sont perturbées, renfermés, peu surs d'eux- mêmes... toute leur éducation est fausser par un vécu déstabilisant.

La discorde entre les enfants (surtout dans le foyer polygame à problème, entraine la haine envers le père), la délinquance sont les manifestations notables des perturbations vécues par ces enfants, sans compter l'échec scolaire et le traumatisme subies par ces derniers.

b) Dommages physiques

Ces conséquences sont les plus spectaculaires, trop souvent à la limite du supportable et du tolérable. Trop de femmes, touts les jours sont handicapées à vie, périssent de mort violente, perdent leur grossesses...à cause d'une brutalité bestiale, de leurs époux. L'enchaînement fatal de la violence peut amener certaines femmes à des actes tout aussi criminels : ébouillanter une coépouse haie, tuer un époux dont la brutalité est insupportable.

VI. LA POSITION SOCIOLOGIQUE

Les violences conjugales sont difficilement quantifiables. Elles constituent encore un sujet tabou entouré dans la plupart des cas par la « loi du silence ». Le grand problème est que la femme victime de violence conjugale a honte de cette situation et fait tout pour le cacher afin de se conformer à la perception qu'a la société du mariage.

La société reconnait une certaine prédominance de l'homme sur la femme. La violence subie par les femmes découle essentiellement du statut inferieur octroyé à la femme dans la société et dans la famille. En effet L'inégalité et la discrimination peuvent être considérées comme les causes profondes des violences à l'endroit des femmes. Les relations entre les hommes et les femmes sont rythmés par des normes et des règles sociales. Le problème des violences subies par les femmes est un problème de rapport de force, les femmes ont des rôles prédéfinies par la société, qui les relèguent au second plan et en font des victimes nées. Malgré son omniprésence, la violence liée au genre n'est ni « naturelle » ni «  inévitable ».

La violence contre les femmes reflète des valeurs et des normes ayant une spécificité historique et culturelle. Les institutions sociales et politiques encouragent parfois la soumission des femmes et les violences dont elles sont victimes. Certaines traditions et pratiques culturelle particulièrement celles qui sont liées aux notions de chasteté, sont parfois invoquées pour expliquer ou excuser le traitement infligés aux femmes.

Des pratiques coutumières néfastes et dépassées, un système de socialisation en marge de l'évolution moderne, une mauvaise interprétation de la religion, une société patriarcale fortement influencé par des discours en déphasage avec la reconnaissance des droits humains des femmes, des croyances profondément ancrées dans la mentalité collective et selon lesquelles la femme doit une soumission totale à son mari si elle veut la réussite de ses enfants, sont entre autres des facteurs qui contribuent et même légitime la perpétuation de la violence à l'encontre des femmes.

Le comportement d'une femme est en général le reflet même de sa famille. Si une femme outre passe le rôle qui est le sien, elle déshonore toute sa famille. La violence et les menaces sont un moyen de contrôle et une sanction en cas de « désobéissance ».La conception socio culturelle est que la femme de même que ces enfants sont la propriété du mari, ce qui conduit à une banalisation des violences dont sont victimes les femmes.

Dans la société sénégalaise on recommande parfois à l'homme en âge de se marier de choisir une femme dont la mère est réputée comme étant une bonne ménagère. C'est à dire qui a endurée et surmontée des difficultés dans son foyer. Car on considère qu'elle aura de bons enfants.

En général la société sénégalaise incombe l'éducation des enfants, la réussite de ces derniers et la survie du ménage à la femme. Pour que ces enfants puissent devenir des exemples de réussite, la femme dans son foyer doit être en mesure de supporter les mauvais moments et se plier aux désirs de son mari.

La société a tendance à minimiser les violences conjugales. Parfois certaines formes de violence ne sont pas reconnues comme telle c'est le cas des violences verbales, morales, psychologiques.

Déjà au moment de rejoindre le domicile conjugale après le mariage, on dit à la femme de suivre les prescriptions de son mari à la lettre, de supporter touts les fardeaux que celui-ci lui fera porter (condition sinequanone si elle veut réussir son mariage et avoir des enfants irréprochable). La société limite le rôle de la femme dans son foyer. En effet elle ressemble plus à une subordonner de son mari qu'a une partenaire.

Dans la société sénégalaise ancienne, les femmes peulhs mais aussi d'autres ethnies se faisaient tatouer la lèvre inferieur en teinture noire ceci dans le but de dire à la femme, qu'elle n'avait pas toujours droit à la parole et qu'elle devait se taire le plus souvent à moins que son mari ne lui donne droit à la parole. La femme ne participe pas à la prise de décision même celle la concernant, elle ne participe ni aux activités économiques ni aux activités politiques. Elle ne devait s'occuper et prendre soin que du mari, de la maison et des enfants.

Ainsi il arrive des moments où la femme reste dans le ménage et supporte pas parce qu'elle est toujours amoureuse de son mari mais plutôt pour que ses enfants puissent être des modèles. Car l'on dira que leur mère a souffert dans son ménage.

A cause de cette pesanteur sociale, la femme a du mal à dénoncer les violences dont elle est victime. Elle prend toujours en compte les réalités sociales, mais aussi la réaction de sa famille et des autres membres de la société.

Même si l'ampleur du phénomène est insuffisamment connue, il est constaté que le domicile conjugal est le lieu où se sont déroulées ces trois dernières années les pires formes de violences faites aux femmes : coups et blessures entrainant souvent une incapacité, viol, abandon de famille, violence morales et psychologiques, décès. Le couple peut connaitre des cumuls de violences. La plupart des femmes tuées en 2009 étaient dans leur ménage.

CONCEPTION SOCIALE REALITE

La violence conjugale est un problème d'ordre privé. Personne ne devrait attaquer la « sainteté » de la famille.

Certains actes de violence sont de nature criminelle, qu'ils se passent à l'intérieur ou à l'extérieur du couple. Le fait de croire que la violence conjugale est privée condamne les victimes à rester sous l'emprise de leur agresseur et rend plus difficile l'intervention des autres; ce qui, par conséquent, perpétue la violence. La violence conjugale est un problème d'ordre social important.

Les femmes provoquent. Elles poussent les hommes à la violence.

Personne ne cherche ou ne provoque la violence de l'autre. C'est son comportement et lui seul qui en est responsable. Personne ne mérite de subir la violence.

Les femmes victimes de violence aiment cela, sinon elles ne resteraient pas.

Les femmes restent auprès de leur conjoint pour des raisons variées et complexes. Elles espèrent changer l'homme qu'elles aiment, croient à ses promesses, se sentent coupables de briser le foyer, ont peur des menaces, n'ont pas les ressources sociales ou économiques pour s'en sortir seules.

Aider les femmes violentées ne sert à rien, elles retourneront vers leur conjoint.

Le fait de vivre le cycle de la violence à plusieurs reprises rend souvent les femmes violentées ambivalentes, ne sachant plus si elles doivent partir ou rester. Elles partent pour voir si elles peuvent survivre en dehors de ces relations et reviennent pour voir si ces relations peuvent changer. Ce processus évolutif permet aux victimes de finir par résoudre leur situation et sortir du cycle de violence.

Les hommes exerçant de la violence conjugale sont violents dans toutes leurs relations.

Les hommes qui sont violents envers leur conjointe ne sont pas nécessairement des individus violents dans leurs relations sociales ou au travail. Souvent, les proches ne veulent pas croire qu'ils utilisent de tels comportements; ils peuvent être charmants et agréables lorsqu'on les côtoie.

Si l'homme suit une thérapie et règle son problème de violence, tout va rentrer dans l'ordre et l'harmonie va revenir au sein du couple.

La thérapie porte uniquement sur le problème de violence et ce n'est pas une cure miracle. Les conséquences et les blessures occasionnées par la violence conjugale sur la victime ne s'effacent pas par enchantement. Il est important que la victime se donne des moyens pour panser ses plaies au niveau du corps, du coeur et de l'âme.

L'homme commettant des actes de violence envers sa conjointe a un portrait type. Il est physiquement imposant et parle fort.

L'homme commettant des actes de violence envers sa conjointe, c'est monsieur Tout-le-Monde. Il peut provenir de tous les milieux, être médecin ou chômeur, peu scolarisé ou très instruit. Il n'y a pas de profil type.

La violence conjugale est une maladie.

La violence n'est pas une maladie. C'est un comportement choisi par celui qui l'exerce pour dominer et contrôler l'autre. Il est conscient des gestes qu'il fait, car il poursuit un but : tout contrôler et décider.

L'homme n'est pas le seul responsable de sa violence.

Il est responsable à 100 % de ses comportements violents. Il va cependant chercher à rendre sa conjointe responsable de sa violence pour qu'elle ne le quitte pas et ne le dénonce pas.

Après sa participation à une thérapie, l'homme a réglé son problème de violence.

La thérapie est une amorce de changement. Le conjoint ayant des comportements violents peut changer dans la mesure où il veut réellement changer et où il fournit des efforts soutenus. Pendant de longues années, il devra poursuivre un travail personnel afin de modifier ses comportements violents qu'il exerçait depuis des mois ou des années.

VII. LES POSITIONS RELIGIEUSES ET JUDICIAIRES

Les pratiques coutumières et religieuses reconnaissent la primauté de l'homme sur la femme. Les conséquences liées à ce fait sont néfastes pour la femme. La soumission totale de la femme mariée à son mari étant une règle à ne pas transgresser, on ne saurait parler de viol conjugal, dans la mesure où il n'est pas reconnu à la femme le droit de se refuser à son mari.

a) Le cas de l'islam

Selon le Coran, « vos épouses sont pour vous un champ de labour, allez à votre champ comme et quand vous voulez et oeuvrez pour vous-même à l'avance » Sourate 3 verset 223 ; Un droit de correction de la femme par son mari existe dans le Coran «  Les femmes vertueuses sont obéissantes et protègent ce qui doit être protégé, (l'honneur de l'épouse et les biens de l'époux) pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand. » Sourate 4, verset 34. Cependant, il faut frapper sans blesser, sans faire mal, sans saigner. Les interprétations religieuses sont toujours en faveur des hommes qui souvent les interprètent de la mauvaise manière malheureusement.

b) Le cas du christianisme

Dans la religion chrétienne, la femme est un pilier fondamental de l'église. La femme est responsable et elle est partie prenante à toutes les activités de la communauté chrétienne.

Dans l'ancien testament, la femme faisait partie des biens de son mari. Dans ce système de valeurs, la polygamie était autorisée et la femme adultérine était lapidée, la femme pouvait également être répudiée. La tradition juive considérait la femme comme « tentatrice » pour avoir fait manger à l'homme le fruit défendu. Dans la religion Chrétienne, le Christ a prêché l'émancipation de la femme, proclamé l'égalité entre l'homme et la femme.

c) La position judiciaire

La femme dispose des mêmes droits que l'homme. Les violences conjugales sont punies par les juridictions sénégalaises le code pénal et le code de la famille légifère sur les violences commises à l'endroit des femmes. Les causes liées au déficit d'application effective des lois contre les violences subies par les femmes sont évoquées. Aussi, le manque de suivi de beaucoup de cas ou classés sans suite.

La méconnaissance de la loi par les hommes et les femmes est aussi évoquée. Ainsi dans beaucoup de localités, on ignore par exemple qu'aussi bien l'abandon de domicile conjugal que la répudiation sont des actes illégaux.

S'y ajoute le faible taux de cas référés au tribunal, des auteurs de violences qui se prennent pour des « intouchables », les pressions exercées sur les victimes ou leur famille qui amènent ces dernières à retirer leur plainte ou à reculer devant la justice.

Le Sénégal a adhéré aux résolutions 1325 et 1820 du conseil de sécurité des Nations Unies qui invitent les Etats parties, les gouvernements, les organisations internationales et les organisations à l'égard des femmes victimes de violences, surtout dans les zones de conflits.

La loi 99-05 du 29 janvier 99 a apporter des modifications importantes au code pénal en introduisant de nouvelle formes de violences telles que l'inceste, l'harcèlement sexuelle, la pédophilie, les mutilations génitales féminines et en sanctionnant vigoureusement les violences conjugales.

Il y'a eu la création d'un fond d'assistance judiciaire dont 25% affectés aux femmes victimes de violences. Mais aussi la mise en place d'un comité nationale de réflexion sur les violences faites aux femmes et aux enfants au niveau du Ministère de la justice en partenariat avec le Ministère de la famille et la société civile.

Le Sénégal dispose d'un arsenal juridique et de mesures importantes en ce qui concerne la condamnation et la répression des violences faites aux femmes et aux filles. La loi réprime toutes les atteintes à la vie de la personne et à son intégrité physique ou psychique.

Le code de la famille, dénonce les pratiques dégradantes telles que les mariages forcés, les mariages d'enfants, la répudiation, le déni de liberté de travail et les mauvais traitements. Il énonce aussi dans son article 166 les différents motifs de divorce. Selon l'article le divorce peut-être prononcé:

- Pour absence déclarée de l'un des époux;

- Pour adultère de l'un des époux;

- Pour condamnation de l'un des époux à une peine infamante;

- Pour défaut d'entretien de la femme par le mari;

- Pour refus de l'un des époux d'exécuter les engagements pris en vue de la conclusion du mariage

- Pour abandon de la famille ou du domicile conjugal;

- Pour mauvais traitements, excès, sévices ou injures graves rendant l'existence en commun

Impossible;

- Pour stérilité définitive médicalement établie;

- Pour maladie grave et incurable de l'un des époux découverte pendant le mariage;

- Pour incompatibilité d'humeur rendant intolérable le maintien du lien conjugal.

Le code pénal prévoit 1 à 5 ans d'emprisonnement et des amendements pour les coupables d'actes de violences. Il faut fournir un certificat médical en cas de violences physiques. Si celui-ci atteste d'une incapacité de travail de 21 jours le dossier est du ressort du tribunal départemental. Si le certificat dépasse 21 jours le dossier est du ressort du tribunal régional.

Malgré tout cela constat est fait que sur le terrain il y'a écart entre le discours et sa réalisation, entre le dispositif législatif et sa mise en application effective. En effet ces actions judiciaires manque de suivi.

Les procédures pour pouvoir ester en justice sont trop longue et peuvent aller jusqu'à des années avant d'aboutir, de plus la justice n'est pas à la portée de tout le monde car très couteux. La difficulté de fournir des témoignages concernant les violences verbales surtout dans les zones reculées est assez difficile. Il incombe à la victime de produire la preuve dans la mesure où c'est elle qui porte plainte et le prévenu bénéficie du doute. Il y'a aussi le fait que certaines femmes n'osent pas toujours dénoncer les violences dont elles sont victimes car craignant de trainer leurs maris en justice. Surtout que ces derniers risquent la prison. Ainsi à cause des pressions familiales (Il y'a des faits qui ne doivent pas sortir de la chambre ou de la cour pour aller sur la place publique à plus forte raison au tribunal) la femme a tendance à se rétracter au dernier moment.

VIII. LA LEGISLATION SENEGALAISE EN LA MATIERE

Le Sénégal a ratifié sans réserve en 1985, la convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), le protocole additionnel à la CEDEF par la loi du 10 juin 2000 , le protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme par la loi du 02 décembre 2004 ; la convention relative aux droits de l'enfant ainsi que la charte africaine des droits et du bien être de l'enfant adoptées par l'organisation de l'unité africaine (1990).

La constitution de 2001 affirme dans son préambule, l'adhésion du Sénégal « à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, et aux instruments adoptés par l'organisation de l'Unité Africaine ( l'actuelle Union Africaine), notamment, la déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, la convention sur l'Elimination de toutes les formes de discriminations à l'Egard des femmes du 18 décembre 1978, la convention relative aux droits de l'enfant du 20 novembre 1989 et la charte Africaine des droits de l'homme et des peuples du 27 juin 1981 »

Si on se réfère aux plans institutionnel et légal, le gouvernement du Sénégal s'est efforcé de traduire ses différents engagements par des actes concrets et l'élaboration de politiques et programmes conformément à ces engagements.

Au plan institutionnel l'Etat du Sénégal crée des structures telles que la direction de la famille, la direction de l'équité et égalité de genre, l'observatoire national de la femme, le centre national d'assistance et de formation pour la femme, avec des démembrements au niveau départementale. Le document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) et la stratégie national pour l'égalité et l'équité de genre (SLEEG) prenne en compte la dimension genre dans la formulation et l'Elaboration des politiques et plan de développement intégrant des stratégies de lutte pou l'éradication des violences faites aux femmes et aux filles.

Au plan légale, de nouvelles dispositions ont été adoptés notamment la loi 99-05 du 29 janvier 1999 qui modifie le code pénal en légiférant spécifiquement sur les violences faites aux femmes et aux personnes vulnérable ; la loi du 29 avril 2005 relative à la lutte contre la traite les personnes et pratiques assimilés et à la protection des victimes.

L'Etat a en outre dans sa volonté de renforcer la protection des femmes et des enfants mis sur pied en décembre 2008, un comité de réflexion sur les violences faites aux femmes et aux enfants, composé des acteurs du gouvernement et de la société civile parmi lesquels le CLVF et le réseau « Siguil Jigeen ». Ce comité a mené une réflexion globale sur des stratégies de prévention et de prise en charge des victimes. Les conclusions de cette réflexion ont été remises au Ministère de la justice et devraient inspirer la réforme du code pénal et du code de procédure pénal en vue d'une protection légale plus efficace.

IX. POLITIQUE DE SENSIBILISATION DES ORGANISMES FEMININES

a. ACTION DU CLVF

Présentation du comite de lutte contre les violences faites aux femmes

C'est en juillet 1996, suite au cas d'une femme, répondant au nom de Fatou DIENG, victime de violences conjugales d'une rare atrocité, que le comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF) a été créé.

Indignées par le traitement inhumain dont elle avait été victime, les associations et ONG de défense des droits humains et de promotion de la femme, soutenues par des medias et des avocats se sont constitués en comité de soutien a Mme Fatou Dieng. Plusieurs manifestations ont été organisés dont une marche sur les violences conjugales à DAKAR et un forum à Diourbel ou habitait la victime.

Il a fallu huit mois de mobilisation sans faille et de solidarité autour de Fatou Dieng pour qu'enfin en avril 1997, le tribunal de Diourbel rende son verdict : son époux, un colonel de l'armée, avait été jugé et condamné à huit mois de prison ferme et à payer un million de francs à titre de dommage _ intérêts à sa femme. Estimant que la sanction n'était pas à la hauteur des sévices subis par Fatou Dieng, le Ministère public interjeta appel contre cette décision.

A partir de cet événement déplorable et conscientes de la nécessite de disposer d'une structure qui se chargera de la lutte contre les violences faites aux femmes, les associations ont spontanément décidées de transformer ce comité de soutien à Fatou Dieng en comité national de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF).

L'objectif principal du CLVF est alors de contribuer à l'éradication de toutes les formes de violences faites aux femmes et aux enfants.

Comme objectifs spécifiques, le CLVF se propose de :

- Soutenir par des actions concertées les femmes et enfants victimes de violences.

- Développer des actions stratégiques pour l'amélioration des dispositions législatives

- Mener des actions d'information, de sensibilisation et de plaidoyer pour la mise en application effective des lois protégeant les groupes vulnérables.

Les associations membre du CLVF :

ANAFA, ANHMS, APROFES, ADFES, CAEDHU, COSEF, GREF, GREFELS, GTAF, JOC, PROFEMU, PENCUM44, RADDHO, RADI, SOS-EQUILIBRE, FEMNET/SENEGAL, ASOCMAS, NENUPHAR, WILDAF-FEDDAF/SENEGAL

Vision du comité

« Le CLVF se veut un réseau fort, dynamique et proactif au niveau national, régional et international pour l'avènement d'une société de justice, d'égalité, d'équité, de sécurité et de paix durable »

La mission du CLVF est de « Promouvoir une culture de respect des droits humains par le développement de stratégies novatrices de prévention, de protection et de prise en charge tendant à l'éradication de toutes les formes de violences ) l'égard des femmes ; des enfants et des personnes vulnérable ».

L'action du CLVF se déroule autour des axes stratégiques suivants :

_ Renforcement de capacité des acteurs

_ Développement institutionnel du CLVF

_ Promouvoir et protection des droits des femmes et des enfants

_ Développement de partenariats durables

_ Plaidoyer/Lobbying

Structuration du comité

Le CLVF est structuré comme suit :

- Une assemblée générale qui se réunit une fois tous les trois ans ;

- Un comité directeur composé de 13 membres parmi lesquels sont élus les six membres du bureau à savoir : la présidente, la vice présidente, la secrétaire générale, le secrétaire général adjoint, la secrétaire générale adjointe, la trésorière générale, la trésorière adjointe.

- Les antennes régionales

- Le secrétariat exécutif : une coordinatrice et une secrétaire administrative et financière.

Quelques réalisations du CLVF

De sa création à ce jour, le CLVF à son actif de nombreuses réalisations notamment :

v La mise en place d'un centre d'écoute pour l'accueil, l'assistance et l'orientation des femmes et enfants victimes de violence.

v Des actions de médiation sociale sur demande de la victime

v L'assistance juridique/judiciaire pour déclencher une procédure en justice. Les victimes peuvent également bénéficiers d'une assistance médicale ou psychologique par le biais des personnes ressources du CLVF.

v L'installation de cellules régionales dans 10 régions : Thiès, Kaolack ; Diourbel, Saint louis, Louga, Ziguinchor, Matam, Fatick, Tambacounda, Kolda.

v La formation des membres sur les techniques, de counseling, de plaidoyer, et de lobbying ;

v Participation aux activités de lobbying et de plaidoyer ayant abouti au vote de la loi de 1999 qui modifie le code pénal et légifère spécifiquement sur les violences faites aux groupes vulnérables.

v Participation à la campagne Africaine de lutte contre les violences faites aux femmes.

v Formations de para juristes au niveau des antennes régionales ;

v L'animation par les antennes de causeries au niveau des groupements de femmes, centre sociaux et structures scolaire et éducatives.

v La participation aux émissions radios et télévision sur les thèmes de violences.

v Membre du comite de pilotage de la marche mondiale des femmes à NEW YORK depuis 2000.

v L'organisation de la marche des femmes contre les violences conjugales initiée par L'UNIFEM le 06 septembre 2001.

v Participation à la commission sur le statut de la femme (CSW) à NEW YORK 2006.

v Production d'une bande dessine sur les violences sexuelles faites aux enfants.

v L'organisation d'une campagne national de sensibilisation sur «  les violences sexuelles : viol et pédophilie » Dakar, Thiès, Saint louis, Kaolack, Mbour, Diourbel.

v L'organisation d'un séminaire de formation sur «  les instruments juridique de prévention et de protection des femmes et des enfants contre le trafic et l'exploitation sexuelle » avec la coalition Africaine contre le trafic des Femmes «  CATW- Afrique ».

v La sensibilisation des chefs de station radio et télévision, des autorités religieuses et coutumières pour une meilleure prise en compte de l'image de la femme.

v Renforcement des capacités des journalistes dans le domaine de la lutte cotre les violences faites aux femmes et aux enfants ;

v L'élaboration d'un plan stratégique 2004-2008.

v Organisation d'une journée portes ouvertes : exposition, consultation juridique gratuites ; journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes ;

v Organisation d'une « concertation National sur les violences faites aux femmes »

v L'élaboration d'un plan stratégique 2010-2014.

Le CLVF est membre de plusieurs institutions nationales et de cadres de concertation :

Au niveau institutionnel il est membre du :

v Comité consultatif national de a femme sous l'égide du Ministère de la famille ;

v Comité Sénégalais des droits de l'homme ;

v Observatoire National des droits de la femme

Au niveau des cadres de concertation, le CLVF est membre du

v Comité d'initiative des femmes (GIF) dans le cadre de l'exécution du document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) : responsable du groupe : personnes vulnérable ;

v Comité d'orientation scientifique pour la mise en place d'un projet de plan d'action national de lutte contre la traite des personnes au Sénégal.

v Comité de réflexion sur les violences faites aux femmes et aux enfants mis en place par le ministère de la justice ;

v Comité d'initiative pour le vote de la loi sur la parité.

Les antennes régionales du CLVF sont appuyées par des comités de soutien composés des services régionaux, des structures communautaires, des autorités religieuses, des leaders communautaires, des medias locaux. Les comités de soutien sont sous l'égide du gouverneur.

Le Comité de lutte s'active dans :

L'accueil, la consultation des victimes de violences, la médiation, familial/sociale, l'accompagnement juridique, la formation des membres l'information, la sensibilisation, l'alerte et la dénonciation, l'orientation des victimes, le plaidoyer/lobbying.

b. ACTION DU RESEAU « SIGGIL JIGEEN »

Le réseau « Siggil Jigeen » a été crée en 1993 par des organisations intervenant dans le domaine des droits humains des femmes. Il a été formalisé en octobre 1995 avec l'acquisition du statut ONG.

Les organisations membres du «  réseau Siggil Jigeen » : ADEFAP, ADFES, ANAFA, AFEME, ANSFS, APAC, APROFES, ASBEF,  ASDES, ASP CIJ/RADI, COFDEF, CONAF, FSAPH, COSEPRAT, ORGENS, RADDHO.

Le RSJ et les 17 organisations le composant interviennent sur l'ensemble du territoire national et dans différents domaines.

v Lutte contre la pauvreté

v Droit des femmes

v Economie solidaire

v Alphabétisation

v Communication

v Sante de la reproduction

v Droits en sante

v Leadership des jeunes filles

v Leadership politiques des femmes

v Lutte contre les mutilations génitales

v Droits des femmes handicapées

v Droits humains

v Genre et éducation

Vision du RSJ

La vision du RSJ est d'instaurer dans la société sénégalaise et africaine des rapports de genre égalitaires en vue d'un développement humain durable...

Mission du RSJ

- Le réseau se fixe pour mission de contribuer à l'amélioration et au renforcement du statut de la femme sénégalaise :

- Jeter les bases d'un vaste mouvement alternatif des femmes par le biais de l'esprit de solidarité et de communauté

- Créer une synergie entre les membres d'associations ou ONG partenaires travaillant dans les domaines de la promotion et de la défense des droits de la femme.

- Faciliter l'accès des femmes aux ressources pour un développement durable

- Participer à l'élaboration et au contrôle de l'application des textes nationaux et internationaux favorables à la promotion des femmes.

- OEuvrer de manière démocratique à la promotion et à la défense des droits de la femme ;

- Amener toutes les composantes de la société à comprendre la nécessitée d'assurer la promotion de la femme comme un progrès pour tous.

Cibles du RSJ

Les cibles du RSJ sont :

- Les organisations membres du réseau

- Les leaders d'opinion

- Les populations à la base, particulièrement les femmes

Les axes stratégiques d'intervention du réseau

§ La promotion de la mise en oeuvre de stratégies efficaces de plaidoyer et de lobbying en faveur de la position sociale de la femme sénégalaise ;

§ Le renforcement des capacités organisationnelles et d'intervention du RSJ, de ses membres et des organisations de femmes ;

§ La promotion de la synergie des efforts entre le RSJ, ses membres, les autres organisations de femmes et de la société civile;

§ La création et l'animation d'un espace de communication, de concertation et de documentation.

Les sources de financement

Les ressources du réseau se composent :

§ Des cotisations des membres ;

§ Des subventions et financement de ses membres et d'autres organisations ;

§ Des dons et legs ;

§ Du profit des services.

Les partenaires du RSJ

Les partenaires du RSJ sont :

§ L'agence canadienne de développement international (ACDI)/ Centre Canadien d' Etude et de Coopération Internationale (CECI)

§ Développement et Paix

§ L'USAID

§ Le CRDI

§ La coopération Belge

§ L'ambassade des Pays-Bas

§ UNIFEM

§ Global Fund for Women

§ Le Ministère de la femme, de la famille et du Développement Social

§ Le Ministère de l'intérieur

§ Tous les autres Ministères

§ Les Organisations de droits Humains

Organisation et structure du réseau

L'association comprend trois organes :

- L'Assemble générale

- Le Conseil d'administration

- Le Bureau Exécutif

- La Direction Exécutive

Activité et réalisation

Le Réseau compte aujourd'hui beaucoup de réalisations :

- Lobbying et plaidoyer pour l'obtention de textes de lois favorables aux femmes

- Campagnes de vulgarisation des textes de lois

- Activités d'information d'éducation et de Communication (IEC) sur des thèmes concernant les femmes

- Participation à la marche mondiale des femmes

- Publication trimestrielle de bulletin « Kaddu Jigeen Ni »

- Alertes et déclarations sur les droits des femmes

- Renforcement des capacités des organisations membres en élaboration de projet, en genre, en planification stratégique, en technique de rédaction journalistiques etc.

- Mobilisations sociales

- Centre de ressources et de documentation sur les femmes

X. RECOMMANDATIONS :

A L'ENDOIT DE L'ETAT ET DES INSTITUTIONS PUBLIQUES

_ Promouvoir la présence des femmes dans les instances de décisions politiques, juridiques, économiques...

_ Punir les maris auteurs de violences conjugales sans aucune forme de complaisance mais surtout les sensibiliser

_ Permettre aux associations de lutte contre les violences de se constituer partie civile lors des procès et faciliter l'accès des femmes à la justice.

_ Faire une révision urgente des lois portant sur les violences conjugales pour intégrer les aspects spécifiques du viol au sein du couple. Cette urgence se justifie par le grand nombre de cas déclaré.

_ Harmoniser les lois internes aux conventions internationales

Créer des brigades spécialisés dans la lutte contre les violences conjugales, mais en érigeant des gardes fous pour éviter les dérapages, qui ne concourent qu'à installer une situation conflictuelle entre les hommes et les femmes, qui sont en fait appelés à vivre en parfaite harmonie, comme des compléments.

_ Eduquer les esprits pour modifier les comportements socioculturels négatifs des deux sexes. Cette éducation passera obligatoirement par un accroissement du taux de scolarisation des enfants en général et des filles en particuliers.

A L'ENDROIT DES ASSOCIATIONS ET DES ORGANISMES FEMININES

- Sensibiliser d'avantage les femmes sur ces violences mais surtout sur leurs droits fondamentaux afin qu'elles puissent se déterminer en toute connaissance de cause en cas de violation.

Il faudrait aussi faire de telle sorte que les femmes ne soient pas violentes envers leurs époux puisqu'on ne lutte pas contre le mal par le mal.

- Sensibiliser les principaux auteurs de violences conjugales que sont les hommes sur l'ampleur du phénomène mais aussi sur les conséquences au niveau des femmes et surtout des enfants.

Il faudrait aussi les inciter à impliquer d'avantage leurs épouses dans l'éducation des enfants et la gestion du budget familial.

- Créer des activités génératrice de revenu pour les femmes afin d'éviter leur dépendance complète. Pour un meilleur accomplissement de la femme renforcer ces capacités (Alphabétisation fonctionnelle, formation continue...)

- Créer des centres d'écoutes pour la femme qui permettra une meilleure diffusion des informations sur leurs droits et leurs devoirs, des témoignages de femmes victimes de violences conjugales dans ces centres d'écoute.

- Instaurer des centres d'accueil et d'écoute pour les femmes victimes de violences conjugales ainsi que les enfants subissant des répercussions psychologiques. Ces enfants devraient bénéficier d'un suivi psychologique prolonge pour éviter qu'ils deviennent violents à l'avenir.

- Amener ces associations à ne pas se focaliser uniquement sur les actions judiciaire à mener mais à agir dans le sens de la réconciliation si c'est le souhait ardent de la victime quitte à entreprendre des campagnes de sensibilisation auprès des maris auteurs ; l'action judiciaire n'est pas une fin en soit.

Tenir compte des réalités socioculturelles du pays pour mener leurs actions semble être le gage de la réussite des associations dans leur mission.

A L'ENDROIT DES COUPLES ET DES FEMMES

- Instaurer une communication franche au sein du couple, c'est une priorité pour tout couple qui veut traverser la difficulté de la vie sans dommage.

- Se sentir solidaire de toutes femmes victimes de violences conjugales et accepter de témoigner quand c'est nécessaire.

- Refuser les mariages forcés pour nos filles et éviter les mariages précoces pour elles.

- Faire une autocritique pour une prise de conscience de son état de victime, rien ne pourra se faire sans nous dans cette lutte.

CONDUITE A TENIR EN CAS DE VIOLENCES

Dans leurs activités de sensibilisation, d'information et d'accompagnement les organismes féminines recommandent :

En cas de violences physiques :

Ø De réunir le maximum de preuve

Ø De se rendre au centre médical le plus proche

Ø De se faire établir un certificat médical le plus rapidement possible

En cas de violences morales :

Ø De faire constater par des témoins

Ø De garder les écrits et enregistrement surtout pour les menaces, injures et insultes

En cas de violences économiques

Ø De faire constater par des témoins

Ø L'abandon de famille devra être constaté par un officier de justice de police judiciaire ou un huissier

Pour toutes les formes de violence il est possible de porter plainte à la police ou à la gendarmerie ou au tribunal. Certaines formes de violences particulièrement traumatisante comme les violences physiques et morales nécessites l'assistance d'un psychologue.

CONCLUSION

Au regard des recherches faites nous constatons que les associations féminines tels que le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes (CLVF) et le réseau « SIGGUIL JIGEEN », impacte positivement sur la lutte contre les violences subies par les femmes au Sénégal en général et à Dakar en particulier.

En effet après plusieurs recherches faites à travers une revue des documentations concernant notre sujet, mais aussi des entretiens avec les coordonnatrices des associations féminines, nous avons pu répondre à notre question de départ à savoir «  Quel est l'influence des organisme féminines contre les violences subies par les femmes à Dakar. »

Nous avons pu vérifier nos hypothèses de départ qui se sont révélées conforme à la réalité. Notre première réponse provisoire « les violences conjugales constitue une violence des droits de la femme » a été vérifier car nous avons constaté que les textes de loi international comme national condamne ces violences et atteste que les hommes et les femmes sont égaux en droit et que ces violences constitue une violation des droits de la femme.

De même pour la deuxième hypothèse « les organismes féminines encouragent les femmes à oser ester en justice » a été vérifier car après nos entretiens avec les coordonnatrices des deux organismes féminines citées nous avons vue que leur travail vise à faire que la femme ai plus confiance en elle pour pouvoir dénoncer les sévices dont elle est victime.

La troisième hypothèse « les violences conjugales freinent le développement socio-économique de la femme » c'est aussi révélé conforme à la réalité car après nos recherches nous avons constatés que en effet, ces violences réduisent l'entrepreneuriat féminin et empêche celle-ci de jouer un rôle actif dans l'économie du pays.

Ce travail scientifique a été très enrichissant pour nous. Nous avons pu éclaircir cette problématique des violences conjugales. Il nous a permis d'en connaitre les causes ainsi que les manifestations. La collaboration avec les deux réseaux féminines a été le plus enrichissant car nous avons pu les côtoyer et en savoir plus sur leurs activités, qui tournent autour de la défense et de la promotion des droits de la femme sénégalaise. Ainsi pour réduire où éradiquer ce phénomène de violence conjugale nous pensons qu'il faudrait encore plus accentuer la lutte, en informant plus les femmes sur leurs droits, leurs faire savoir qu'elles ne sont pas seules et qu'elles peuvent compter sur les associations de femmes. Mettre la pression aux autorités Etatiques et à la justice pour qu'ils prennent les mesures nécessaires pour prévenir ces violences. Combattre les perceptions sociales anciennes ainsi que les mauvaises interprétations religieuses.

CEDEF

La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes(CEDEF). Adoptée en 1979 par l'Assemblée Générale des Nations Unies, la CEDEF est aujourd'hui l'instrument de référence au niveau international en matière de droit de la femme.

La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, (CEDEF) est un accord c'est-à-dire un engagement ferme volontairement pris en décembre 1979 par l'ensemble des pays membres de l'organisation des Nations Unies encore appelée Assemblée générale des Nations Unies.

La Convention vise à supprimer toute attitude et pratique ou toute distinction, exclusion ou préférence fondée sur le sexe ayant pour effet de défavoriser les femmes au profit des hommes ; ou de ne réserver aux femmes uniquement, des mauvais traitements.

La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes est un complément essentiel de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

C'est le 3 septembre 1981 que la CEDEF est devenue une loi qui impose à tous les États qui l'ont signé l'obligation de prendre un engagement ferme à agir. Cent quarante (140) pays ont signé cette convention. Le document de la CEDEF comporte deux grandes parties, à savoir le préambule qui explique l'ensemble des raisons profondes qui ont amené les États à prendre

L'engagement de signer une telle convention, et le dispositif qui est le détail des différents droits des femmes protégés par la convention.

I - Le préambule

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, c'est-à-dire l'affirmation de plusieurs pays à travers le monde des droits reconnus aux êtres humains, ne fait pas de distinction entre les hommes et les femmes, parce qu'elle reconnaît que tous les êtres humains sont libres à leur naissance et qu'ils ont les mêmes droits.

Les Pactes Internationaux relatifs aux Droits de l'Homme, c'est-à-dire les engagements pris par les États du monde pour l'application de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, réaffirment l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines.

Mais malgré l'égalité qui est reconnue entre les hommes et les femmes dans ces textes internationaux, il est constaté que dans le quotidien, les femmes continuent d'être victimes de violation des droits reconnus aux êtres humains, pour le seul fait qu'elles sont des personnes de sexe féminin ; alors qu'elles jouent un rôle important au niveau de la cellule familiale et dans le développement économique aussi bien dans leur pays que sur le plan international.

C'est conscient du fait que toute distinction, exclusion ou préférence basée sur le sexe pour défavoriser les femmes, ne contribue ni au progrès social, ni au progrès économique de l'humanité, que des États situés un peu partout dans le monde ont alors convenu de se mettre d'accord sur les engagements contenus dans le texte suivant, dont l'application effective conduirait à mettre totalement fin aux exclusions ou distinctions basées sur le sexe qui créent l'inégalité entre les hommes et les femmes.

Article 1 : Qu'est-ce que la discrimination à l'égard des femmes ?

Dans la Convention, « la discrimination à l'égard des femmes » veut dire toutes actions, toutes pratiques ou tous comportements basés sur le sexe dont le but est d'exclure ou d'empêcher la femme qu'elle soit une jeune fille, une femme célibataire, une femme mariée, une femme divorcée ou veuve, de jouir des mêmes droits que l'homme dans le domaine politique, économique, social, culturel, civil et dans tout autre domaine.

Article 2 : Les États disent non à la discrimination

Les États condamnent la discrimination et décident d'oeuvrer pour la protection des droits des femmes; pour cela ils s'engagent à voter des lois qui non seulement garantissent l'égalité entre les hommes et les femmes mais également punissent des comportements discriminatoires à l'égard des femmes, c'est-à-dire les comportements qui mettent une différence entre les hommes et les femmes. Ils s'engagent également à veiller à ce que toutes ces lois s'appliquent effectivement.

Les États doivent faire en sorte que devant les tribunaux et les services publics, les femmes soient protégées dans les mêmes conditions que les hommes. S'il existe des lois ou des pratiques coutumières qui créent une discrimination à l'égard des femmes, ces lois doivent être abrogées, c'est-à-dire supprimer et les pratiques coutumières abolies.

Article 3 : La femme est l'égale de l'homme dans tous les domaines

Les femmes ont le droit de bénéficier de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales sur un pied d'égalité avec les hommes.

Dans le cadre de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, la femme a le droit de protéger son intégrité physique c'est-à-dire le droit à ce qu'aucune partie de son corps ne soit coupée ou endommagée ; on ne peut donc pas lui faire subir une mutilation génitale.

Les États doivent donc adopter des lois qui garantissent tous ces droits à leurs citoyens que ce soit sur le plan politique, économique ou social.

Article 4 : Les femmes peuvent bénéficier de certaines mesures exceptionnelles

Les mesures exceptionnelles prises par les États en faveur des femmes pour atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes dans un domaine précis ne sont pas considérées comme des actes discriminatoires à l'égard des hommes, mais ces mesures doivent être abrogées, c'est-à-dire supprimées une fois l'égalité retrouvée.

Par exemple si pour permettre à un grand nombre de filles démunies d'aller à l'école afin d'atteindre le même taux de scolarité que les garçons, l'État décide que les filles ne payent que la moitié des frais de scolarité, cette décision ne doit pas être considérée comme un acte

Discriminatoire à l'égard des garçons.

Dans tous les cas, les mesures prises par les États pour protéger les femmes en période de maternité ne sont pas des actes discriminatoires.

Les congés de maternité accordés aux femmes, et les soins gratuits dont elles peuvent bénéficier pendant leur grossesse ou après l'accouchement ne sont pas des actes discriminatoires.

Article 5 : Les États disent non aux idées préconçues

La femme est l'égale de l'homme. Les États doivent prendre des mesures pour éliminer les idées préconçues sur lesquelles la société se fonde pour classifier et décider que certaines tâches sont exclusivement réservées aux hommes, et d'autres réservées uniquement aux femmes, en se basant sur l'idée que la femme est un être inférieur.

Les États doivent faire en sorte qu'au niveau de la famille, l'homme et la femme reconnaissent qu'ils ont ensemble la même responsabilité d'élever et d'éduquer leurs enfants en prenant toujours en compte l'intérêt des enfants.

Article 6 : Les États disent non au trafic et à l'exploitation de la femme

Les États doivent prendre des mesures pour supprimer la vente des femmes et leur utilisation dans le commerce du sexe.

Article 7 : Les droits politiques sont reconnus aux femmes

Les États prennent des mesures pour que les femmes disposent des mêmes droits que les hommes dans la vie politique ou publique de leur pays.

Ils doivent faire en sorte que de façon égalitaire aux hommes, les femmes aient le droit de voter et de se faire élire lorsqu'il s'agit d'élire par exemple un Président de la République, des députés, des conseillers municipaux et préfectoraux ou toute autre autorité. Les femmes ont le droit de participer au même titre que les hommes aux activités politiques de leur pays. Par conséquent elles peuvent occuper dans les mêmes conditions que les hommes toutes les hautes fonctions de l'Etat. Les femmes peuvent être membre d'un parti politique ou d'une association qui s'occupe de la vie publique et politique.

Article 8 : Participation de la femme à la politique internationale

Les États font tout ce qui est possible pour que les femmes dans les mêmes conditions que les hommes puissent avoir la chance d'être désignées à des postes de représentants de leur État auprès d'autres États ou dans des organisations internationales.

Par exemple la femme peut occuper le poste d'ambassadeur ou représenter son pays dans le système des Nations Unies, à l'Union Africaine (ancienne OUA) ou à la CEDEAO.

Article 9 : La femme et l'homme ont les mêmes droits en matière d'État Civil

Les États reconnaissent aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes lorsqu'il s'agit d'acquérir, de changer ou de garder une nationalité. La femme qui épouse un étranger n'est pas obligée de prendre automatiquement la nationalité de cet époux.

De plus, elle n'est pas obligée de changer sa nationalité si, au cours du mariage, son mari venait à changer sa nationalité. Cette situation ne fait pas de la femme une personne sans nationalité. Les femmes peuvent donner leur nationalité à leurs enfants.

Article 10 : Les femmes ont droit à l'éducation

Les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes dans le domaine de l'éducation. Les États doivent faire tout ce qui possible pour supprimer les traitements inégaux dont les femmes sont victimes dans ce domaine. Ils doivent faire en sorte que tout comme les hommes, les femmes, qu'elles soient en ville ou à la campagne, puissent être admises dans les mêmes Conditions que les hommes, dans toutes les écoles, qu'il s'agisse de l'école primaire, secondaire ou dans l'enseignement supérieur. Les femmes doivent être autorisées à faire des études et préparer des diplômes aussi bien dans l'enseignement général que technique. Les femmes doivent bénéficier des mêmes programmes de formation que les hommes ; elles doivent pouvoir bénéficier des bourses d'étude dans les mêmes conditions que les hommes.

Les manuels scolaires et les programmes ne doivent pas comporter des idées, ou illustrations qui réservent certains travaux exclusivement aux filles, et d'autres uniquement aux garçons.

Les femmes adultes ou celles qui ont quitté l'école doivent avoir la possibilité de suivre des cours d'alphabétisation au même titre que les hommes. Les États doivent faire en sorte que de moins en moins les filles abandonnent l'école. Les femmes doivent être informées des problèmes liés à la santé, elles doivent être informées des conditions nécessaires au bien-être de la famille et sur la planification familiale.

Article 11 : Les femmes ont droit au travail

Les femmes ont droit au travail tout comme les hommes. Ce droit lui est reconnu en tant que personne humaine. Les femmes doivent avoir la possibilité d'exercer n'importe quel emploi ; leur recrutement doit se faire dans les mêmes conditions que celui des hommes.

Au cours de leur carrière, elles ont le droit de bénéficier des avancements, de conserver leur emploi, de bénéficier de tous les avantages et des mêmes conditions de travail que les hommes.

Elles ont le droit de recevoir une formation professionnelle ou d'être admise en apprentissage. Les femmes qui font le même travail que les hommes ont droit au même salaire. Les femmes ont droit à tous les avantages liés à la sécurité sociale ; elles ont droit à une pension de retraite, à des indemnités de chômage ou de maladie et au congé payé. Les femmes ont le droit de bénéficier des conditions de travail qui protègent leur santé. Leur employeur doit éviter qu'elles effectuent un travail qui risque de l'empêcher d'avoir un enfant.

Pour éviter que les femmes ne perdent leur emploi à cause du mariage ou de l'accouchement, Les États doivent voter des lois pour interdire et punir toute décision de licenciement prise contre une femme parce qu'elle est enceinte ou qu'elle a accouché ou parce qu'elle s'est mariée.

Les États doivent voter des lois qui accordent aux femmes enceintes des congés de maternité payés sans qu'elles ne perdent leur emploi ou les avantages qu'elles ont déjà acquis. Les États doivent voter des lois qui permettent aux parents d'exercer leur emploi tout en s'occupant de leurs enfants. La procréation doit être protégée. En cas de grossesse, la femme travailleuse a le droit de bénéficier de conditions de travail qui protègent sa santé. Toutes ces lois qui protègent les femmes doivent être révisées périodiquement compte tenu de l'évolution scientifique et technique du domaine et compte tenu des besoins ressentis par les concernées.

Article 12 : Les femmes ont le droit d'être soignées

Les États doivent faire en sorte que les femmes aient la possibilité de se faire soigner dans les mêmes conditions que les hommes, dans n'importe quel hôpital ou centre de santé. Elles ont le droit de se rendre dans les centres de planification familiale. Les États doivent faire en sorte que pendant la grossesse, au moment de l'accouchement et après l'accouchement, les femmes puissent bénéficier des soins médicaux nécessaires. Si cela est possible, ces soins leur seront donnés gratuitement. De la même manière, les États doivent faire en sorte que pendant la grossesse et au moment de l'allaitement, les femmes aient une alimentation convenant à leur état.

Article 13 : Les femmes ont droit aux prestations sociales et au crédit

Les femmes ont les mêmes droits que les hommes dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Les États doivent faire en sorte que les femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, puissent bénéficier des prestations familiales auxquelles elles ont droit, qu'elles aient le droit d'obtenir des crédits auprès des banques ou de toutes autres institutions de crédits, avec la possibilité de garantir leur prêt avec leur bien immobilier, maison ou terrain par exemple et ce, dans les mêmes conditions que les hommes. Les États doivent faciliter la participation des femmes aux activités culturelles.

Article 14 : Les femmes rurales ont les mêmes droits que les femmes des villes

Les États doivent faire en sorte que la Convention s'applique en milieu rural. Ils doivent prendre des mesures qui permettent aux femmes rurales de participer sur le même pied d'égalité que les hommes, aux prises des décisions et à l'exécution des programmes de développement de leur milieu.

Les femmes rurales ont le droit de se faire soigner dans les hôpitaux, dans les mêmes conditions que les hommes ; elles ont droit aux informations et conseils sur la planification familiale, à l'éducation et à la formation professionnelle. Elles ont le droit de former des groupes d'entraide et de coopératives.

Les États doivent faire en sorte que les femmes rurales puissent prendre part aux activités de leur communauté au même titre que les hommes. Ils doivent leur permettre d'avoir au même titre que les hommes accès au crédit et prêt agricoles. Dans les procédures de répartition et d'exploitation des terres, les femmes doivent être traitées à égalité avec les hommes.

Les États doivent permettre aux femmes rurales d'avoir accès à l'approvisionnement en eau potable, à l'électricité, au transport et à la télécommunication.

Article 15 : Les femmes ont le droit de posséder des biens

Les hommes et les femmes sont égaux devant la loi. Les femmes ont le droit d'exercer et de jouir de tous les droits au même titre que les hommes. Les États reconnaissent que, de la même manière que les hommes, les femmes ont le droit d'avoir des biens, de signer des contrats et de gérer des biens, ils conviennent d'exprimer clairement que tout accord ou engagement privé qui aura pour conséquence d'empêcher les femmes à agir en tant que personne possédant des droits, n'est pas valable. Les femmes peuvent librement aller où elles veulent et choisir leur résidence ou domicile.

Article 16 : Les femmes ont les mêmes droits que les hommes dans le domaine du mariage

Les États doivent faire en sorte que dans le domaine du mariage, les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Les femmes doivent avoir le droit de choisir librement leur mari, et d'accepter ou de refuser de se marier.

Les femmes ont les mêmes droits que les hommes pendant le mariage et lors du déroulement du divorce.

Les femmes ont les mêmes droits que les hommes pour tout ce qui est bon pour leurs enfants.

Par exemple le mari ne peut pas décider de retirer l'enfant de l'école pour la marier à un homme ; la femme a le droit de s'opposer à une pareille décision.

Elles ont le droit d'espacer ou de limiter le nombre des naissances. Pour cela, elles ont le droit d'être informée sur les moyens et méthodes à utiliser pour protéger ce droit.

Les femmes ont le droit de gérer les biens de leurs enfants mineurs.

Si le mari mourait alors que ses filles ou fils n'ont pas encore dix huit (18) ans, c'est la femme qui doit gérer l'héritage des enfants. Les oncles et les grands-parents n'ont pas le droit de s'en approprier.

Elles ont le droit d'obtenir la garde des enfants en cas de divorce ; elles peuvent adopter un enfant si la loi le prévoit.

Les femmes aussi bien que les hommes, ont le droit de choisir le nom de famille qu'ils désirent porter. Elles peuvent librement choisir leur profession

Dans la famille, chacun des époux a le droit d'acheter ou de recevoir des biens, de les gérer et d'en jouir pleinement. Les États doivent voter des lois pour fixer l'âge minimum pour le mariage, et interdire le mariage ou les fiançailles des enfants.

Les mariages doivent être enregistrés.

Article 17 : Suivi de la mise en application de la Convention

Pour suivre la mise en application effective de la Convention, il est créé un comité de vingt-trois experts élus parmi les ressortissants des États membres. Une fois élus, ces experts siègent au sein du comité à titre personnel. Ils sont payés sur les ressources de l'Organisation des Nations Unies.

Article 18 : L'obligation de soumission de rapport de mise en oeuvre

Dans l'année qui suit l'entrée en vigueur de la Convention, les États doivent présenter au comité pour examen un rapport portant sur les mesures d'ordre législatif, judiciaire, administratif. Le même rapport doit être adressé au comité tous les quatre ans.

Article 19 : Le bureau du Comité

Le comité élit son bureau pour deux ans ; il adopte son règlement intérieur.

Article 20 : Les réunions périodiques

Chaque année, le comité se réunit pendant deux semaines au siège des Nations Unies pour examiner les rapports envoyés par les États

Article 21 : Rôle du comité dans l'examen du rapport

Une fois le rapport examiné, le comité fait des observations et formule des recommandations et suggestions aux États.

Article 22 : Relations du Comité avec les institutions spécialisées

Au cours de l'examen des rapports, les institutions spécialisées sont invitées. Elles peuvent présenter au comité un rapport sur l'application de la Convention dans leur domaine d'activité.

Article 23 : La valeur des lois antérieures qui assurent l'égalité entre les hommes et les femmes

Les lois qui assurent l'égalité entre l'homme et la femme sont maintenues. C'est-à-dire les lois qui existaient déjà avant cette convention, et qui reconnaissaient l'égalité entre l'homme et la femme ne sont pas supprimées.

Article 24 : L'engagement des États pour la mise en oeuvre de la Convention

Les États doivent tout faire pour permettre aux femmes de jouir de tous les droits reconnus dans la Convention.

Article 25 : L'adhésion à la Convention

Tout État peut adhérer à la Convention.

Article 26 : La révision de la Convention

La Convention peut être révisée à tout moment à la demande d'un État.

Article 27 : La mise en vigueur de la Convention

La convention entre en vigueur après la ratification ou l'adhésion de vingt huit États.

C'est-à-dire la Convention devient une loi pour les États parties après

L'acceptation par le parlement ou le gouvernement d'au moins 28 États.

Article 28 : La formulation des réserves

Les États peuvent formuler des réserves au moment de leur ratification ou de leur adhésion. Les réserves ne doivent pas être contraires aux buts et objectifs de la convention.

Article 29 : L'interprétation et l'application de la Convention

Les litiges liés à l`interprétation ou à l'application de la Convention sont réglés par voie de négociation, d'arbitrage ou devant la Cour Internationale de Justice.

Article 30 : Les langues de la Convention

La Convention est rédigée en anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe.

BIBLIOGRAPHIE

CLVF : la parole aux faits ! violences faites aux femmes l'expérience de terrain du CLVF

Réseau « SIGGIL JIGEEN »

AMNESTY INTERNATIONAL :

- « Mettre fin à la violence faites aux femmes un combat pour aujourd'hui »

- « Pour que les droits deviennent réalités » Document public

- Etude sur les violences conjugales dans les régions de Dakar et de Kaolack

- Femmes et violences en Afrique

Centre de Ressources Multimédia sur l'Environnement et le Développement ENDA TIERS MONDE

Internet : Wikipedia

SIGLES ET ACRONYMES

CEDEF : Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

DUDH : Déclaration universelle des droits de l'homme adopte par l'ONU en 1984 le 10 décembre

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

UNIFEM : Fonds de Développement des Nations Unies pour la femme

ONG : Organisation Non Gouvernementale

CLVF : Comite de Lutte contre les violences faites aux femmes

RSJ : Réseau «  sigguil jigeen »






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon