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L'ours des Pyrénées : variabilité des images, place dans le territoire et implications socio-politiques de sa réintroduction.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 2 Anthropologie Sociale et Historique 2010
  

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II : Types d'acteurs et usages de la nature en zone de montagne.

Les personnes qui vivent en montagne ou qui la fréquentent ne constituent pas un groupe homogène, on y distingue plusieurs catégories d'acteurs qui ont des usages différents de la nature. L'usage que les gens font de la nature détermine largement la représentation qu'ils ont des espaces naturels et de la faune et de la flore qui la compose, mais l'inverse a aussi sa part de vérité car dans une certaine mesure selon les représentations les usages diffèrent. L'expérience que chacun a de ce qui l'entoure constitue son environnement propre. Ainsi, lorsqu'il est en montagne, l'environnement du paysan n'est pas celui du randonneur ni celui de l'agent chargé du suivi des espèces animales ou de la gestion de la forêt. Car ce qui constitue l'environnement d'un individu dépend en grande partie du type d'activité qu'il y pratique ; quotidiennement pour certains, dans le cadre de leur activité professionnelle. Leurs visions ne sont pas les mêmes puisque chacun aborde la nature avec un but et des pratiques spécifiques.

Adel Selmi (2007) dans le cadre des recherches qu'il a menées sur le Parc National de la Vanoise a établi des liens entre trois groupes sociaux et trois façons de catégoriser le paysage. Le paysage « ouvert » est valorisé par les associations à caractère touristique et il permet une contemplation de la nature. Le paysage « fermé » est valorisé par certains naturalistes pour lesquels la nature doit être protégée de la manière la plus stricte qui soit. Quant au paysage entretenu, nettoyé, « propre » c'est celui que valorisent les éleveurs et il précède l'idée même que la nature puisse et doive faire l'objet de protection. Si le paysage « propre » et le paysage « ouvert » recouvrent une même réalité physique, un même état de la végétation, le paysage « fermé » quant à lui correspond à un état du couvert végétal associé à la déprise agricole et il caractérise un espace naturel où l'homme n'a plus d'influence, si ce n'est celle de laisser délibérément cet espace revenir à une certaine « primitivité » comme cela peut être le cas dans la zone centrale d'un Parc National. Adel Selmi explique comment la loi sur les parcs nationaux a trouvé un compromis entre ces trois types de regards en mettant en

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place un aménagement en trois zones, chaque zone correspondant à un certain degré de protection.

Dans son enquête sur l'évolution des populations d'animaux sauvages, menée principalement en Vanoise, Isabelle Mauz décrit deux grands types de monde, régis par des couples d'opposition différents. Le premier est structuré par une opposition entre sauvage et domestique et d'une manière générale il regroupe les chasseurs, les éleveurs et les agents du Parc National les plus anciens. Dans le second, l'opposition se fait entre nature et artifice, il regroupe principalement les nouveaux gardes du parc et les naturalistes. Or le sauvage, dévalorisé dans le premier monde, correspond au naturel qui est valorisé dans le second. Ceci apporte une explication aux conflits de représentations que l'on constate notamment dans le cadre de la mise en oeuvre de politique de protection de la nature.

Concernant la figure du montagnard, tout comme la notion de montagne, elle échappe à la possibilité d'une définition simple. Néanmoins, la perception des montagnards par ceux de l'extérieur oscille souvent entre deux pôles : les montagnards peuvent être vus, soit comme des « sauvages », un « groupe autarcique à civiliser » ou bien au contraire ils sont de « bons sauvages » ayant « l'intelligence profonde des choses » et « le sens de la vraie hospitalité » (Jean-Paul Bozonnet, 1992). Quant à l'auto-désignation par les populations elles-mêmes, elle semble avoir été plus tardive dans l'histoire et elle apparaît généralement dans des contextes de revendications ou d'affirmation. On met alors en avant les caractères positifs associés à la figure du montagnard. ( Bernard Debarbieux, 2008)

Lors de mon enquête de terrain j'ai pu rencontrer des personnes correspondant aux principales catégories d'acteurs évoquées. À Mérens j'ai pu rencontrer des éleveurs, un chasseur, également propriétaire du seul café du village, un accompagnateur en montagne, également agent territorial, des personnes âgées, nées au village et retraitées de différentes activités, etc. Lorsque j'ai rencontré ces personnes, la discussion sur l'ours a toujours fini par s'orienter vers la question de la réintroduction des ours venus de Slovénie, à propos du pastoralisme et de la vie des gens en montagne.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore