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L'ours des Pyrénées : variabilité des images, place dans le territoire et implications socio-politiques de sa réintroduction.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 2 Anthropologie Sociale et Historique 2010
  

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B : Vers l'avènement d'un statut patrimonial dans un contexte de mondialisation de la thématique environnementale et de patrimonialisation de la nature.

D'un point de vue général, on assiste depuis plusieurs décennies à un renversement de l'image de l'ours comme c'est également le cas pour d'autres animaux sauvages prédateurs tel que le lynx ou le loup12, anciennement classés nuisibles. Certains sont désormais classés comme espèces protégées et l'objet d'une politique de protection spécifique voire d'une opération de réintroduction ou de renforcement de population, ce qui n'est pas sans soulever des oppositions de la part du monde agro-pastoral. Cette évolution est concomitante de la montée de la sensibilité écologiste qui a lieu à partir des années 1970 d'une part, et d'autre part, des grands bouleversements qu'a connu notre société qui, de très rurale et paysanne est devenue plutôt citadine et industrielle. On abouti aujourd'hui à un phénomène de

12 Un numéro complet de la revue Le Monde Alpin et Rhodanien est consacré à l'image du loup : « Le fait du loup, de la peur à la passion. Le renversement d'une image », 1er-3ème trimestre 2002.

mondialisation de la thématique environnementale. Face au constat des effets néfastes de certaines activités humaines, ayant entraîné pollutions et réchauffement climatique, la nature et la protection dont elle doit être l'objet sont désormais omniprésentes.

En France, les dispositifs relatifs à la protection des espaces (et donc des espèces végétales et animales qui s'y trouvent) sont apparus relativement tard. Aux États-Unis le parc de Yellowstone fut institué en 1872 alors que le premier parc national français fut crée en 1960 (Pierre Merlin, 2002 p.234). Il s'agit, selon la définition de l'UICN, d'un « territoire relativement étendu, qui présente un ou plusieurs écosystèmes, généralement pas ou peu transformé par l'exploitation et l'occupation humaines, où les espèces végétale ou animales, offrent un intérêt spécial du point de vue scientifique et récréatif, dans lequel ont été prises des mesures pour y empêcher l'exploitation et l'occupation et pour y faire respecter les entités écologiques, géomorphologiques ou esthétiques ayant justifié sa création, à des fins récréatives, éducatives ou culturelles ».

« L'apparition du terme de patrimoine naturel dans un document officiel date de 1967. Il s'agit du décret instituant les parcs naturels régionaux et spécifiant qu'un territoire peut être classé dans cette catégorie en raison de `'la qualité de son patrimoine naturel et culturel» » (Jean-Claude Lefeuvre, 1990). La nature, et certains de ses éléments plus particulièrement, prennent alors la valeur d'un héritage, d'un capital à transmettre aux générations futures. Dans ce contexte, l'ours des Pyrénées en tant qu'élément incontournable de la faune pyrénéenne se trouve élevé au rang d'élément capital du patrimoine naturel pyrénéen, d'autant plus que sa valeur identitaire est également très forte.

Au vu de la baisse très inquiétante de ses effectifs et de la disparition certaine de sa population qui allait en découler, l'idée d'un projet de réintroduction est initiée dans les années 1980. Déjà l'objet d'une protection, il est décidé sous l'impulsion des associations de défense de l'environnement de procéder au renforcement de sa population par l'introduction d'ours venant de Slovénie. Le noyau résiduel qui se trouvait dans le secteur du parc national des Pyrénées était déjà l'objet d'une attention particulière13 de la part des gestionnaires du parc. Mais c'est dans les Pyrénées centrales que furent finalement réintroduits les ours slovènes, en 1996 pour la première phase et en 2006 pour la seconde.

Le but de cette opération de réintroduction, la restauration d'une population d'ours viable à long terme, constitue dans cette logique un objectif d'intérêt général et, à ce titre, est accueilli favorablement par la majorité de la population française. Mais, pour d'autres et ce

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13 C'est toujours le cas actuellement.

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principalement dans le monde agro-pastoral confronté aux prédations de l'ours, son image est restée assez proche de celle qui prévalait autrefois et qui avait amené à le classer en tant que nuisible. Pour eux « le projet de réintroduction est vécu comme une négation de leur présence en montagne, de leur activité en montagne et de leur avenir, car au-delà des risques de pertes d'animaux c'est l'atteinte à leur identité, à leur fierté et à leur honneur qui révolte les éleveurs » (Corinne Eychenne, 2006).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams