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Commercialisation de l'anacarde et lutte contre la pauvreté en Cote d'Ivoire. Cas de la commune de Koun Fao.

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par Issouf kouakou
Université Felix Houphouet Boigny - Master 2014
  

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2

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY

UFR : SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE
INSTITUT D'ETHNOSOCIOLOGIE

ANNEE ACADEMIQUE

2013-2014

MEMOIRE DE MASTER

COMMERCIALISATION DE

L'ANACARDE ET LUTTE CONTRE

LA PAUVRETE EN CÔTE D'IVOIRE :

CAS DE LA COMMUNE DE KOUN FAO

OPTION : SOCIOLOGIE DE L'ECONOMIE ET DE L'EMPLOI

Présenté par : Sous la Direction de :

KOUAKOU Issouf BAHA BI Youzan Daniel

Maître ès-Science Sociale Professeur Titulaire

Kouakou Issouf

MEMOIRE DE Master

3

COMMERCIALISATION DE

L'ANACARDE ET LUTTE CONTRE LA

PAUVRETE EN CÔTE D'IVOIRE :

CAS DE LA COMMUNE DE KOUN FAO

Sous la Direction de :

BAHA BI Youzan Daniel

Professeur Titulaire

4

SOMMAIRE

AVANT PROPOS ...ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES UTILISES iv

LISTE DES FIGURES, SCHEMA ET TABLEAUX ..vi

INTRODUCTION ...1

PREMIERE PARTIE : CONSIDERATION D'ORDRE

THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : Cadre théorique 4

CHAPITRE II : Cadre méthodologique 24

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, PRODUCTION ET

EVOLUTION DE LA FILIERE ANACARDE

CHAPITRE I : Présentation de la filière anacarde . 34

CHAPITRE II : Organisation et évolution de la filière anacarde

en Côte d'Ivoire ...41

CHAPITREIII : Caractéristiques générale de la région d'étude 52

TROISIEME PARTIE COMMERCIALISTION DE LA NOIX

DE CAJOU FACTEURS

EXPLICATIFS DE LA VOLATILITÉ DES PRIX

CHAPITRE I : Contribution de la commercialisation de la noix de cajou

à la lutte contre la Pauvreté .62

CHAPITREII : Facteurs explicatifs de la volatilité des prix 67

CHAPITRE III : Analyse des contraintes et perspectives liées à

la commercialisation de la noix de cajou 78

CONCLUSION 107

BIBLIOGRAPHIE 109

ANNEXES viii

TABLE DES MATIERES xvi

5

REMERCIEMENTS

Un travail de recherche n'est jamais une oeuvre solitaire. Ainsi, cet élan de réflexion a-t-il été rendu possible grâce à la collaboration et au soutien de certaines personnes que nous voudrions remercier.

Nos remerciements s'adressent particulièrement à notre Maître et Directeur de mémoire, Monsieur BAHA BI Youzan Daniel, Professeur titulaire, pour avoir accepté malgré sa lourde tâche de Doyen de l'UFR Science de l'Homme et de la Société de suivre ce présent travail. Nous le remercions vivement et lui exprimons notre gratitude pour sa rigueur intellectuelle, son souci du travail bien fait et sa volonté d'assurer le bien-être des étudiants sous sa tutelle.

Nous remercions également, les Docteurs KOUADIO Amani Augustin et ZAMBLE BI Zou, pour leurs conseils et suggestions ainsi que tous leurs collègues du Laboratoire d'Etude et de Recherche Interdisciplinaire en Science Sociale (LERISS). Que cette étude qu'ils ont dirigée, puisse être un témoignage de la formation que nous recevons d'eux et du département d'Institut d'Ethnosociologie de l'Université Félix Houphouët Boigny.

Nous exprimons notre profonde gratitude au Directeur du Conseil du Coton et de l'Anacarde, sans oublier Monsieur MOUSSOU agent ANADER à Koun Fao, le Maire de la commune de Koun Fao, Monsieur OULAYES Yao François ainsi qu'au personnel pour leur soutien et collaboration.

Nous ne saurions terminer sans exprimer notre reconnaissance et remerciement à l'endroit des camarades étudiants ; KEITA Amara, KAMBOU Sié, OUATTARA Abdoulaziz et SAMAN Kouassi Alphonse pour leur encouragement ainsi qu'aux producteurs des villages de la

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commune de Koun Fao qui nous ont si bien accueillis. Que ce travail soit l'expression de notre reconnaissance et respect pour eux, qui sont les acteurs de la principale activité économique sur laquelle se fonde l'économie de notre pays : l'Agriculture.

Que tous ceux qui ont contribué à l'accomplissement de ce travail trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

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SIGLES UTILISES

AICI : Anacar-Industrie de Côte d'Ivoire.

ANADER ; Agence Nationale d'Appui pour le Développement Rural ARECA: Autorité de Régulation du Coton et de l'Anacarde.

CDFA : Comité pour le Développement de la Filière Anacarde.

COSYNAPA CI : Collectif des syndicats et associations des producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire.

CNRA : Centre National de Recherche Agronomique DSRP : Document Stratégie de Réduction de la Pauvreté. CSCA : Conseil Supérieur du Coton et de l'Anacarde FMI : Fond Monétaire International

GIE : Groupement d'Intérêt Economique.

INADES : Institut Africain pour le Développement Economique et Social. IRFA : Institut de Recherche sur les Fruits et Agrumes.

LERISS : Laboratoire d'Etude et de Recherche en Science Sociale

MINAGRI : Ministère de l'Agriculture.

OIT : Organisation International du Travail

OPA : Organisation Professionnelle Agricole.

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

8

RONGEAD : Réseau d'ONG Européenne sur l'Agro-alimentaire, le commerce, l'Environnement et le Développement.

SATMACI : Société d'Assistance Technique pour la Modernisation Agricole en Côte d'Ivoire.

SODEFOR : Société pour le Développement des Plantations Forestières. SODIRO : Société pour le Développement Industriel d'Odienné. SOVANORD : Société de Valorisation de l'Anacarde du Nord.

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LISTE DES FIGURES ET SCHEMA

Figure 1 : Les zones favorables à la culture de l'anacardier

25

Figure 2 : Fruit de l'anacardier (noix et pomme)

35

Figure 3:Amandes grillées et salées

36

Figure 4 : Carte du Gontougo

54

Figure 5 : Carte de Koun Fao

55

Schéma 1: Circuit de commercialisation de l'anacarde

96

LISTE DES TABLEAUX

 

Tableau I : Quantités de production des noix de cajou de 2000 à 2014

37

Tableau II : Evolution des exportations de la noix de cajou de 2001à 2014

45

Tableau III : Sociétés et coopératives de transformation en 2008.

47

Tableau IV : Evolution du nombre d'usines et d'unités de décorticage

48

Tableau V : Evolution des exportations des amandes de cajou de 2000 à 2014

50

Tableau VI : Répartition des enquêtés selon le sexe et l'âge

62

Tableau VII : Répartition des enquêtés en fonction du niveau d'instruction

63

Tableau VIII : Répartition des enquêtés en fonction de leur situation matrimoniale

65

Tableau IX : Répartition des enquêtés en fonction de la diversification des revenus

69

Tableau X : Répartition des enquêtés en fonction de l'utilisation des revenus

70

Tableau XI : Répartition des enquêtés en fonction des dépenses scolaires

72

Tableau XII : Répartition des enquêtés en fonction de l'entretien du verger

73

Tableau XIII : Répartition des enquêtés en fonction de la durée des revenus

74

Tableau XIV : Répartition des enquêtés en fonction de leur lieu d'épargne

75

Tableau XV : Répartition des enquêtés en fonction de leurs dépenses sanitaires et alimentaires

76

Tableau XVI : Evolution du prix d'achat bord champ de 2000 à 2014

79

Tableau XVII : Variation du prix d'achat bord champ

80

Tableau XVIII : Répartition des enquêtés en fonction des quantités et des prix

82

Tableau XIX : Barème de fixation du prix d'achat bord champ

86

Tableau XX : Répartition des enquêtés en fonction des personnes auprès desquelles ils contractent des prêts

90

Tableau XXI : Appréciation des pisteurs par les enquêtés

92

Tableau XXII : Structures auxquelles les enquêtés vendent leurs produits

94

10

INTRODUCTION

L'économie de la Côte d'Ivoire repose sur l'agriculture avec des cultures de rente telles que le café, le cacao l'hévéa et le palmier à huile dans les zones forestières, le coton et récemment l'anacarde dans les zones de savane. La diversification des produits agricoles en milieu rural fait partie des principales stratégies de développement adoptées par les dirigeants ivoiriens pour faire face aux contraintes agro-économiques en vue de réduire la paupérisation des populations.

En général ces cultures de rente sont des plantes non traditionnelles introduites par les colons. En ce qui concerne la culture de l'anacarde, elle est une (sinon la seule) culture pérenne sur laquelle les structures de développement ont le moins investi en Côte d'Ivoire. Sa diffusion et son introduction dans les systèmes de production ont été l'oeuvre des producteurs eux-mêmes, dès lors qu'elle résolvait un de leurs problèmes majeurs à savoir l'amélioration de la condition économique. Aujourd'hui, l'anacarde est appelé « café des savanes » (N'guessan, 1998) du nord. C'est donc l'espoir des populations du Nord de la Côte d'Ivoire.

Pour cela, l'Etat a mis en place des mesures et des structures de commercialisation. Les mesures prises visent à consolider la libéralisation de la filière et à poursuivre la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel rencontrant l'adhésion des acteurs de la filière. En 2002, le gouvernement a progressé de manière significative en matière de réforme du secteur agricole, en particulier dans la filière anacarde-coton. Cette dernière a fait l'objet d'une attention particulière de la part du gouvernement. Une nouvelle institution responsable de la gestion du secteur dans un environnement libéralisé a été créée. La structure mise en place pour accompagner la libéralisation et améliorer le revenu payé aux planteurs en tenant compte des

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fluctuations du marché est l'Autorité de Régulation du Coton et de l'anacarde (ARECA) qui est responsable des activités de la filière anacarde-coton. Cet organisme fixe un prix minimum bord-champ indicateur en fonction des conditions du marché pour les planteurs. Depuis 2013, elle a été remplacée par le Conseil du Coton et de l'Anacarde qui assure le respect de la législation et des normes de régulation, y compris l'application du prix minimum bord-champ garanti décidé par l'Etat. Cette réorganisation fonctionnelle vise à améliorer les revenus des populations agricoles.

Cependant la politique de commercialisation de l'anacarde n'est pas efficace malgré la croissance de la production et les reformes entreprises par différentes autorités gouvernementales qui se sont succédées. La pauvreté prend du terrain au lieu de reculer. Dès lors, L'importance que revêt l'agriculture en général, la culture de l'anacardier en Côte d'Ivoire en particulier et les enjeux économiques liés à celle-ci nous préoccupe.

La présentation de cette étude s'articule autour de trois grands axes. Le premier est consacré à la présentation du cadre théorique et méthodologique qui représente la phase de construction de l'objet d'étude. Le second axe présente la filière anacarde dans sa structure, son organisation et ses performances enfin le dernier à la présentation et à l'analyse des données de l'étude.

CADRE THEORIQUE

ET

METHODOLOGIQUE

PREMIERE PARTIE :

12

13

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

1-Justification

Plusieurs raisons ont été à la base du choix de ce sujet. Elles sont d'ordre pratique et scientifique.

1-1 la raison pratique

On a constaté un intérêt des populations locales du Nord-est de la Côte d'Ivoire, pour la culture de l'anacarde. En effet, cette aire géographique faisait autrefois partie des régions productrices du binôme café-cacao. Avec la déforestation, elle est aujourd'hui confrontée à un problème de culture de rente pouvant faire appel à des devises depuis le début des années 90. Ainsi, la noix de cajou s'est présentée aux populations comme la culture de rente susceptible de les remplacer. Du coup, cette culture est devenue la nouvelle richesse des paysans de cette zone. Pour cela, chaque habitant désire réaliser sa propre parcelle d'anacarde. Toutefois, la pauvreté est présente et perdure malgré la présence et l'augmentation de la production de l'anacarde. Il est donc question pour nous d'analyser le choix de la culture de la noix de cajou sur la vie des populations.

1-2 la raison scientifique

On a constaté la rareté sinon l'insuffisance des études approfondies sur la filière anacarde comme culture de rente et surtout sur son système de commercialisation. En effet, la plupart des réflexions dans ce domaine ont été réalisées lors d'ateliers, de séminaires et symposiums. C'est pourquoi cette étude apparaît comme une contribution. Elle revêt nombre d'intérêts à

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la fois économique et social.

Au plan social, une rémunération et commercialisation rentable de la noix de cajou va, contribuer à améliorer les conditions de vie des populations notamment, en matière de cadre de vie, de besoins médicaux et de scolarisation.

Au plan économique, une organisation rigoureuse de la filière va augmenter non seulement les revenus des producteurs, mais également injecter des devises dans les caisses de l'État grâce à sa commercialisation et ses exportations.

2-Problématique

Depuis l'indépendance, la commercialisation des produits d'exportation a toujours été au centre des politiques de développement économique et social de tous les gouvernants. Cela s'est traduit par la mise en place des structures telles que la CAISTAB pour le café et le cacao aujourd'hui devenue le Conseil des Sages du café et du cacao et l'ARECA pour la noix de cajou devenue le Conseil Supérieur du Coton et de l'Anacarde.

Les mesures prises dans ces filières agricoles visent à consolider la libéralisation de celles-ci et à poursuivre la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel rencontrant l'adhésion des acteurs de ces filières. De nouvelles institutions responsables de la gestion des secteurs dans un environnement libéralisé ont été créées. Ces structures sont mises en place pour accompagner la libéralisation et améliorer le revenu payé aux planteurs en tenant compte des fluctuations du marché.

Cependant, les efforts entrepris ont été contrariés par les différentes

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crises économiques qui se sont succédées. Ces crises ont conduit à la détérioration des conditions de vie des populations, malgré l'adoption et la mise en oeuvre des différents programmes économiques et financiers sur la période.

En Côte d'Ivoire, le monde rural ne demeure pas en marge de cette réalité. L'industrialisation étant quasi-absente dans la sphère économique et dans le monde rural, seuls les produits agricoles offrent des revenus aux populations rurales pour sortir de la pauvreté. C'est désormais ce nouvel état de pauvreté que non seulement les gouvernants, mais également les populations du nord s'attèlent à combattre.

Le Nord de la Côte d'Ivoire est caractérisé par un taux élevé de pauvreté. En effet selon le FMI, quatre personnes sur cinq (4 /5) sont pauvres. Pour inverser la donne, les populations se tournent vers la culture et la commercialisation de la noix de cajou pour suppléer la traditionnelle culture industrielle (le coton).

L'État, dans sa politique de diversification des produits agricoles en milieu rural en vue d'améliorer de façon durable les revenus des populations, a décidé de s'y intéresser résolument à partir de l'année 2002. Un comité technique, est alors crée pour réfléchir, avec les acteurs de la filière, à la définition d'une stratégie de développement de la filière et à trouver des solutions aux problèmes qui revêtent un caractère urgent (MINAGRI, 2012). C'est ainsi qu'en 2013, l'on est passé de la création de l'ARECA au Conseil Supérieur du Coton et de l'Anacarde (CSCA) avec en point de mire la régulation de la commercialisation intérieure et la fixation du prix d'achat bord champ.

Cela a suscité « Une lueur d'espoir » pour les populations, et a conduit très rapidement les paysans à se consacrer à cette culture. Aujourd'hui la

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production ivoirienne de noix de cajou excède cinq cent mille (500.000) tonnes et fait vivre environ deux millions cinq cent mille (2.500.000) de personnes (Gbangbo, 2014).

Malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics dans
l'amélioration de la commercialisation de la noix de cajou, force est d'affirmer que le constat sur le terrain est loin de satisfaire les producteurs. En effet, le système de commercialisation mis en place laisse à désirer. Les recettes tirées de la culture de l'anacarde restent en deçà des bénéfices escomptés. La filière anacarde est soumise à une instabilité des prix, à la fois annuelle et interannuelle. Cela provoque parfois la suspension voire l'arrêt de son achat. Les producteurs, qui constituent le maillon principal de cette culture, sont les premiers à le ressentir sur leur condition de vie. C'est d'ailleurs ce qui sort des propos de cet auteur, « dans toute filière agricole, le risque de prix, représente un coût considérable pour les acteurs primaires de la chaine de production » (Konan, 2010, P 34).

Les producteurs qui espéraient une amélioration de leurs conditions de vie, assistent presque impuissants à un effritement de leur revenu. Dans le but de restaurer à l'anacarde sa valeur marchande, l'on a constaté la création de coopératives dans certaines localités productrices. Elles ont pour priorité la conquête de l'autonomie paysanne dans la gestion des affaires agricoles afin d'améliorer et de stabiliser les revenus issus de la commercialisation de la noix de cajou avec pour enjeu la réduction de la pauvreté (Dihyé, 2007).

La Banque mondiale ne dit pas le contraire, la noix de cajou est d'une importance encore plus cruciale lorsqu'elle est considérée dans un contexte régional de réduction de la pauvreté (Banque mondiale, 2011). A ce niveau, des exemples ne manquent pas, puisqu'en matière d'augmentation de devises, elle a permis à l'État de procurer 120 milliards de FCFA en 2010

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faisant d'elle le troisième plus important produit d'exportation après le cacao et le caoutchouc (Lebailly, 2012).

Dans la région de Bondoukou, la noix de cajou constitue la plus

importante source de revenu monétaire des populations. Elle a sensiblement fait augmenter le revenu par tête, car ce revenu est passé de 209 679 FCFA en 2002 à 238 341fCFA en 2007 (FMI, 2009).

Toutefois, bien que les devises au niveau national aient augmenté suivi d'une amélioration des revenus au plan régional, le taux de pauvreté n'a pas diminué. Au contraire, l'on constate une croissance du taux de pauvreté tant au niveau national que régional. Le taux de pauvreté est respectivement passé de 38,4% en 2002 à 48,9% en 2008 au plan national et de 57,4% à 66,7% dans le courant de la même période à Bondoukou et 62,5% dans le monde rural (PND, 2012-2015).

La commune de Koun Fao dont la plupart des populations dépendent de l'activité agricole n'échappe pas à cette réalité. Actuellement, selon les autorités municipales, sur les trois quarts de la population qui pratiquent l'agriculture, près de la moitié ne s'intéressent qu'à la culture de l'anacarde. Chaque année, dit-on de nombreux paysans réalisent des bénéfices grâce à la commercialisation de l'anacarde. L'anacarde jouerait alors un rôle catalyseur à la lutte contre la pauvreté.

Cependant, malgré la croissance de la production et la contribution de la noix de cajou à l'économie locale, la population semble ne pas sortir de la pauvreté. Selon l'agence locale de l'ANADER, le taux de pauvreté de la commune est passé de 50% en 2002 à 60% aujourd'hui. Dès lors, l'importance accordée à la culture de la noix de cajou et l'état manifeste de pauvreté dans lequel vit la population nous a intrigué et suscité des interrogations.

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Quels sont les facteurs explicatifs de la persistance de la pauvreté en

dépit de la production de la noix de cajou dans la commune de Koun Fao ? Quelle est la contribution de l'anacarde à la lutte contre la pauvreté? Quel est le rapport entre l'instabilité du prix d'achat et les conditions

de vie des populations ?

Quel est l'apport des retombées financières de la commercialisation de l'anacarde sur la population ?

3-Objectifs de l'étude

3-1Objectif général

L'étude vise à analyser les facteurs explicatifs de la persistance de la pauvreté en dépit de la production de l'anacarde à Koun Fao.

3-2Objectifs spécifiques

Pour atteindre l'objectif général ci-dessus défini, nous nous sommes fixés pour objectifs spécifiques suivants :

-Montrer la contribution de l'anacarde à la lutte contre la pauvreté -Déterminer le rapport entre l'instabilité du prix d'achat et les conditions de vie des populations.

-Identifier l'apport des retombées financières de la commercialisation de l'anacarde sur la population

4-Hypothèse de recherche

L'hypothèse de l'étude se présente comme suite : la persistance de la pauvreté dépend du mode de gestion des revenus par les populations.

5-Opérationnalisation des concepts

Cette partie consiste à rendre opératoire les concepts essentiels de

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l'hypothèse, de passer des concepts abstraits aux phénomènes empiriques observables. Dans la présente étude, l'hypothèse montre que la persistance de la pauvreté dépend du mode de gestion des revenus par les populations.

Cette hypothèse comporte deux variables qui sont :

La persistance de la pauvreté, la variable dépendante et le mode de gestion des revenus, la variable indépendante. Ainsi, la variable dépendante qui est la persistance de la pauvreté comporte pour nous deux dimensions : La dimension monétaire ; comme indicateur le revenu.

La dimension sociale relative aux conditions d'existence des populations notamment à l'éducation; à la santé, à la source d'approvisionnement en eau potable, au mode d'éclairage au moyen de déplacement, au moyen de communication et à l'habitat. Les indicateurs de cette dimension sont : niveau d'instruction, nombre d'enfants scolarisés, le type de médecine utilisé (traditionnelle ou moderne), la nature de l'eau et l'énergie utilisée

Pour la variable explicative qui est le mode de gestion des revenus. Nous avons aussi deux dimensions : dimension sociologique comme indicateur le rapport population/institution bancaire et la dimension organisationnelle ; comme indicateur : utilisation et répartition des revenus, Dépenses (scolaire, de santé, Entretien du verger, alimentation, Remboursements des dettes, communication, transport)

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Tableau récapitulatif des variables de l'hypothèses

Concepts ou variables de

l'hypothèse

VARIABLE DEPENDANTE La persistance de la pauvreté

VARIABLE INDEPENDANTE le mode de gestion des revenus par les populations

DIMENSION

Monétaire

sociale

sociologique

organisationnelle

 
 

niveau d'instruction des parents, nombre d'enfants scolarisés, niveau des enfants)

rapport

population/institution

Utilisation des revenus

 
 

Santé (médecine traditionnelle, médecine moderne)

bancaire

Répartition des revenus

 
 

Source

 

Dépenses

INDICATEURS

revenus

d'approvisionnement en eau (marigot, pompe, puits, eau courante)

Mode d'éclairage (lampe, pile, groupe électrogène, courant) Moyen de déplacement

 

(scolaire, de santé,

Entretien du verger, alimentation remboursements des dettes, communication, transport)

 
 

(à pied, vélo, moto, voiture)

 
 
 
 

Moyen de

communication

 
 
 
 

(radio, télé, téléphone, ordinateur, internet)

 
 
 
 

Habitat (en dur, terre,

 
 

21

6-Définition des concepts

Dans le cadre de cette étude, trois (3) concepts méritent d'être clarifiés. Il s'agit des concepts de : pauvreté, commercialisation et de gestion

6-1 Pauvreté

D'étymologie gréco-latine, (du Latin Pauper et du Grec Penes), le terme de pauvreté renvoie à deux notions: la pénurie et un état d'esprit. La pauvreté est un concept multidimensionnel et complexe, généralement représenté sous trois dimensions : la dimension monétaire, la dimension sociologique et la dimension psychologique.

La dimension monétaire est celle des économistes en général. Ceux-ci la retiennent traditionnellement comme critère, le niveau de revenu de l'individu. Elle renferme le manque ou la non satisfaction des besoins vitaux et désigne la consommation par tête ou niveau de revenu personnel dont une personne dispose. Le PNUD la définit comme le manque de revenu adéquate le plus faible ou de la capacité d'engager les dépenses correspondantes. A cet effet le PNUD distingue deux grands types de pauvreté monétaire à savoir la pauvreté relative et la pauvreté absolue.

La pauvreté relative désigne une situation dans laquelle le mode de vie et le revenu de certaines personnes se situent en-deçà du niveau général de vie dans le pays ou la région où ces personnes vivent. La gravité du problème varie d'un pays à un autre en fonction du niveau de vie de la majorité des citoyens. Une personne est reconnue comme vivant dans cette tranche de pauvreté si son revenu et ses ressources sont insuffisants au point de l'empêcher d'avoir un niveau de vie considéré comme acceptable pour la

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société dans laquelle il vit (PNUD, 1998). En Côte d'Ivoire est pauvre; celui qui a une dépense de consommation inférieur à 241145 FCFA par an, soit 661 FCFA par jour (DSRP, 2009).

La pauvreté absolue est définie par rapport à ce que l'on appelle le «minimum vital». En d'autres termes, on considère qu'il y a des exigences minimales pour une vie «décente», en deçà desquelles l'individu tombe dans la catégorie des «pauvres». Dans ce domaine, l'un des instruments les plus couramment utilisés est le niveau de revenus: si les revenus d'un individu ou d'une famille se situent en dessous d'un certain niveau considéré comme le niveau minimum pour un mode de vie convenable, cette personne ou ce foyer est considéré comme «pauvre». Elle est définie par une norme fixe, Par exemple, le seuil international de pauvreté d'un Dollar (US) par jour.

La pauvreté sociologique est vécue du point de vue collectif et s'exprime en termes de conditions d'existence, de capital humain, d'exclusion sociale et perception générale. Elle désigne un manque tel que le partage des formes de vie communes et la coopération dans les activités habituelles de la société dans laquelle l'on vit (Fragnière et Girod, 2002). La non satisfaction des besoins jugés vitaux, les difficultés financières, l'environnement épidémiologique, la disponibilité de services sanitaires, la nature de la couverture sociale et l'accès à l'éducation font partie des facteurs déterminants à la qualité de vie (Sylla, 2004).

La pauvreté constitue un groupe homogène qui partage à la fois des caractéristiques et un destin commun. Les conséquences de cette dynamique de la pauvreté sont diverses. D'abord elles signalent l'importance de considérer la pauvreté sur la longue durée plutôt que de centrer l'attention exclusivement sur un moment en particulier (Schecter et Paquet, 2000). La pauvreté est la privation de possibilités de choix et d'occasions qui

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permettraient aux individus de mener une vie décente (MESS, 2002). Pour Adam Smith, une personne pauvre est celle « qui n'a pas le moyen de participer à la vie sociale » (Smith, 1776). Selon Henry, le pauvre est soit un individu qui de par lui-même est incapable de subvenir à ses besoins essentiels, soit une personne qui se satisfait de peu, en ce sens, la pauvreté est une vertu (Henry, 1990).

Pour Simmel, la pauvreté est l'assistance qu'une personne reçoit de la collectivité qui détermine son statut de pauvre (Simmel, 1907). Il donne une définition de la pauvreté, permet une compréhension des modes de constitution de la catégorie des pauvres et le lien qui la rattache à la société.

La pauvreté psychologique est vécue au plan individuel. Elle n'est pas seulement l'insuffisance du revenu, mais elle comporte aussi les « dimensions d'avoir, de savoir et de pouvoir, qui limitent la possibilité de se développer et qui entravent le bien-être individuel (MESS, 2002). Selon Robichaud, vivre dans la pauvreté, c'est aussi : « [...] vivre les préoccupations qui se rattachent aux privations, c'est se percevoir à travers ce que les autres nous communiquent, c'est vivre avec l'image que l'on a de soi. C'est aussi avoir une image très nette de la société qui nous entoure, de ses structures et du rôle qu'on y joue... ou qu'on n'y joue pas. C'est chercher au-delà des misères quotidiennes ce qui permet de tenir le coup et de contrer ou de réduire les effets multiples de manques tout aussi multiples... C'est également espérer qu'un jour cette situation change » (Robichaud et al, 1994, P.18),

Dans cet ordre d'idées, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a fait valoir qu'il faudrait considérer le concept de la pauvreté non pas comme la privation des besoins absolument essentiels (nourriture, habillement, logement), mais comme l'exclusion du

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mode de vie auquel les autres ont largement accès dans la même société. (OCDE (2001), dans CCDS, 2007). L'Organisation Internationale du Travail (OIT) quant à elle, mesure la pauvreté d'après le nombre d'heures de travail rémunérées requis pour acheter certains biens. En passant par de nombreux auteurs, on note que pour examiner la pauvreté on doit tenir compte du contexte social, des valeurs et des pratiques culturelles de la société et de l'environnement. Le paradoxe que relèvent ces approches de la notion de pauvreté serait à la base des diverses acceptions.

Dans le cas précis de notre recherche, le terme de pauvreté désigne une personne ou un groupe de personnes disposant des revenus adéquats pouvant faire face à ses besoins dont le mode d'utilisation de ces revenus met la personne dans une situation où elle se trouve dans l'incapacité de subvenir à ses besoins essentiels tels que l'alimentation, la santé, le logement, l'éducation.

6-2- Commercialisation

Selon la FAO, la commercialisation est «la série de services nécessaires pour faire parvenir un produit brut ou transformé du lieu de production au lieu de consommation» (FAO, 2010).

En matière de commercialisation, le client n'acceptera de payer que si on lui offre une marchandise conforme à ses désirs ou à ses besoins. Ensuite, elle est une activité à but lucratif qui n'est viable que si elle rapporte des bénéfices à tous les intervenants.

Au sens large, La commercialisation peut être vue comme la série d'activités nécessaires pour fournir les services et les informations propres à

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ajuster la production aux besoins du marché et assurer le transport du produit brut ou transformé du lieu de production au lieu de consommation (FAO).

Elle englobe donc les services informations et conseils qui permettent de : rassembler, évaluer et diffuser des informations sur le marché; aider à planifier et programmer la production; aider les producteurs à s'assurer des débouchés ; conseiller les meilleures méthodes après-récolte.

Sur le plan agricole, la commercialisation des produits comporte une série d'opérations successives: récolte, classement et tri, conditionnement, transport, entreposage, transformation, distribution et vente.

Dans cette étude, elle est une activité sociale, un échange marchand de la noix de cajou qui met en relation deux ou plusieurs échangistes (producteurs et acheteurs), rapportant des bénéfices à ceux-ci, maximisant le revenu des acteurs en interaction.

6-3-Gestion

Selon l'encycopediae universalis, gestion vient du mot latin gestio : action de gérer, exécution, issu du verbe gerere : exécuter, accomplir ; au départ pour le compte d'autrui, d'où le gérant d'affaires qui est un mandataire. Cette référence à la notion d'exécution et l'expression « compte de gestion » montre que la gestion s'applique à priori à l'activité courante et à un horizon décisionnel relativement court. Cependant, le mot a pris un sens plus ambitieux en devenant le synonyme des termes d'administration, de management, de gouvernement et de direction (Bialès 2013).

En économie, la notion de gestion fait appel aux termes de production, de répartition, de consommation, d'échange et de régulation.

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Dans le domaine des organisations, elle constitue l'ensemble des savoirs et des savoir-faire qui s'applique au fonctionnement et au gouvernement des organisations. Ici, la gestion est liée à un groupe professionnel (les cadres, les consultants) dont il faut analyser la genèse (livian, 1994).

Pour Livian (1994), la gestion un "fait social total", elle est un bloc : il n'y a pas de bonne ou de mauvaise gestion, il n'y a pas de gestion liée à la finance ou liée aux parties prenantes, il n'y a pas de gestion recherchant la performance durable.

Une approche sociohistorique des sciences de gestion est indispensable pour relativiser ses apports et s'interroger sur son articulation, souvent excessive, aux détenteurs du pouvoir... De même, souligner que la gestion est aussi un "logos" devenu parfois hégémonique (Idem, 1994) est utile et peut permettre de remettre à sa place certaines prétentions totalisantes.

En ce qui nous concerne, elle peut être vue comme la manière dont les revenus des producteurs sont utilisés et repartis selon les différents besoins auxquels ils doivent faire face en ne tenant pas en compte des ressources disponibles.

7-Revue Critique de la littérature

La revue de la littérature est un élément qui confère une pertinence scientifique au travail de recherche. Elle est un texte ordonné, écrit à partir des lectures des travaux antérieurs. Il est donc nécessaire qu'un chercheur prenne connaissance de ces travaux (travaux antérieurs) qui portent sur des objets d'études comparables. C'est dans ce sens que disait Bernard de

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Chartres (2006) : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air de toute leur hauteur gigantesque... » Chartres (2006 P.10). Pour ce qui est de notre étude, nous pouvons regrouper les écrits autour de deux thèmes :

7-1-Contribution de l'anacarde à la lutte contre la pauvreté

La culture de l'anacarde constitue une activité économique majeure pour les populations du nord et du centre. Elle est un indicateur pertinent dans le processus de réduction de la pauvreté dans cette zone. Pour cela, il nous paraît judicieux et objectif de présenter certaines idées d'auteurs traitant du caractère économique de la filière.

En effet, dans le rapport de Koné (1995), la commercialisation de la noix de cajou, permet aux producteurs de tirer un meilleur profit de leurs efforts. Pour elle, la tournure économique qu'a prise la filière anacarde, a poussé une multitude d'acteurs à s'intéresser à cette culture, et chaque acteur y trouve son compte. Alors qu'elle était seulement au départ l'affaire des planteurs et des petits acheteurs. Elle a aussi mis en exergue la part des pouvoirs publics dans la filière qui jouent parfois un rôle d'arbitre.

Renchérissant Koné, N'guessan (1998) lui, présente la dimension économique et financière de l'anacarde. Pour lui l'anacarde procure aux paysans des revenus substantiels. Il affirme que la culture de l'anacarde est en pleine expansion et permet aux paysans d'avoir un peu d'argent pendant les périodes creuses. A titre d'exemple, en 1998, l'anacarde a procuré aux populations des savanes huit milliards de franc CFA. C'est pourquoi il le compare au café.

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Ces auteurs, s'ils ont le mérite d'élucider les retombées économiques liées à cette culture, ils n'ont pourtant pas établi de rapport entre celle-ci et les réalités inhérentes à la gestion des revenus et celles de la pauvreté.

Aussi, nous avons eu recours au rapport de SARR sur l'Analyse du secteur de l'anacarde, situation actuelle et perspective de développement (SARR, juillet 2002). Le but général de SARR était de montrer que la filière anacarde Sénégalaise, regorge de grandes potentialités. C'est dans ce sens qu'il a dit que «la filière anacarde même si elle connait des problèmes très divers, constitue un volet très sensible de l'économie mondiale en générale et celle du Sénégal en particulier» (SARR, juillet 2002 P.10).

Selon l'auteur, la culture de l'anacarde répond parfaitement dans les régions productives aux conditions de rentabilité économique et a permis aux populations et à l'économie sénégalaise de créer une richesse. L'auteur a permis de comprendre la place de la filière anacarde dans l'économie sénégalaise ainsi que son rapport sur les conditions de vie des populations. Toutefois, le rapport entre les revenus des producteurs et la manière dont ceux-ci les utilisent n'a pas été établi. Donc ne permet pas de saisir la relation entre la pauvreté et le mode de gestion des revenus de l'anacarde.

Dans cette même lancée, Tuo G, (2007) met en relief la contribution de la culture de l'anacarde dans les stratégies de luttes contre la pauvreté dans les zones de production. Pour lui, cette culture est vite devenue la principale activité économique des paysans des zones centre et nord à cause des avantages sociaux-économiques liés à l'activité. Dans toutes les zones favorables à celle-ci en terme de rendements en graine, les paysans ont adopté sa culture, dès l'instant qu'elle offrait plusieurs opportunités; celles

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notamment liées à l'amélioration de la condition de vie économique et l'offre d'un patrimoine durable.

En outre, l'auteur poursuit que « l'or brun » est un élément qui contribue à la stabilité des migrations et à la certification du bien être des producteurs.

Au delà de son apport financier, l'auteur a permis de comprendre comment cette culture peut contribuer à réduire le phénomène de l'exode rural. Par contre, il nous informe moins de l'utilisation et de la répartition des revenus sur le plan local.

A la lumière de la revue de ces documents, nous sommes à même d'affirmer que la question de la commercialisation de l'anacarde a été à divers niveaux étudiée par les chercheurs. Cependant, quel que soit l'angle sous lequel la filière a été abordée, ces auteurs ont fait ressortir la contribution de celle-ci à la lutte contre la pauvreté.

7-2-Condition de commercialisation : rapport prix et pauvreté

Hine et Ellis (1998) mettent en exergue l'impact des coûts de transport sur le développement agricole. Ils montrent que le prix de vente final auquel les producteurs vendent leurs produits agricoles dépend de l'efficacité des systèmes de transport. Les marges sur le prix de vente ainsi que les coûts de transports sont retranchés du prix du marché. C'est en ce sens qu'ils établissent une comparaison entre les producteurs africains et les producteurs asiatiques. Les producteurs africains ne reçoivent que 30 à 50% du prix du marché alors que ceux de L'Asie reçoivent 70 à 85%. Pour eux, cette différence réside surtout dans les coûts de transport.

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Même si ces auteurs n'abordent pas la filière anacarde proprement dite, ils apportent cependant un éclairage sur les mécanismes et les logiques qui favorisent l'instabilité des prix de vente des produits agricoles et sa corrélation sur les conditions de vie des paysans.

Dans la même lancée, Quenum (2002) dans son rapport, met l'accent sur les fluctuations brusques et les caractéristiques auxquelles la production mondiale de l'anacarde est soumise. En effet, les variations observées en Afrique, sont dues le plus souvent aux récoltes abondantes ou faibles enregistrées dans certains pays. En outre, la monopolisation de la destination américaine n'est pas à négliger. C'est en ce sens qu'il affirme :

« Le marché des Etats-Unis joue un rôle fondamental dans le commerce de l'anacarde et de l'amande de cajou. Ce marché représente 50 % du total des importations mondiales » Quenum (2002 P.5).De ce fait, il dicte les prix mondiaux.

L'auteur a permis de comprendre à certains égards les facteurs explicatifs de l'instabilité du marché de la noix de cajou à l'échelle mondiale. Par contre, il ne permis pas d'apercevoir ou d'appréhender la relation commerciale de l'anacarde et la pauvreté, à un degré moindre rapport mode de gestion de revenus et lutte contre la pauvreté.

Pour leur part, Lothoré et Delmas (2004), après avoir mis en exergue l'irrégularité des productions agricoles à laquelle le continent africain fait face, parlent du non ajustement spontané entre l'offre et la demande des produits agricoles. En outre, l'asymétrie d'accès et de niveau d'information, les taxes formelles et informelles génèrent des coûts élevés et l'instabilité des prix. Ces facteurs traduisent l'incertitude et la faiblesse des prix pour les producteurs et incitent peu ceux-ci à risquer des investissements dans la production sur le moyen et long terme. Ils poursuivent que cela a un impact

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sur le pouvoir d'achat des populations.

De ce qui précède, nous pouvons dire que le rapport de ces auteurs a permis de repérer la part des taxes sur le prix. Ensuite, ils ont le mérite de montrer que ces facteurs amenuisent les revenus des populations à cause de la réticence d'investissements dans la production. Enfin, il convient de retenir de ce rapport qu'il faut chercher des mesures coercitives afin que les populations bénéficient de leurs récoltes. Mais, ces auteurs n'abordent pas la contribution de la gestion des revenus sur la lutte contre la pauvreté.

A la suite de ces auteurs, (Bukobero, 2013) relate les difficultés d'écoulement des produits agricoles liées faiblesse, à l'irrégularité et aux prix non rémunérateurs. Pourtant, c'est avec les revenus issus de la vente des produits que les producteurs arrivent à satisfaire leurs besoins immédiats. Face à cet état de fait, Le paysan est souvent obligé de recourir à la commercialisation de sa récolte quel qu'en soit le prix. Et dans cette transaction, le producteur sort rarement gagnant face à la concurrence des produits, le non ajustement de l'offre, de la demande, et le faible accès au crédit.

En plus, la dispersion des producteurs les oblige à avoir un accès limité à l'information sur les marchés se retrouvant ainsi très souvent en situation non compétitives face à des commerçants « aguerris » en position dominante.

Ce travail de l'auteur contribue à la compréhension du rapport entre le prix des produits agricoles et les conditions de vie des producteurs burundais et au-delà, son rapport avec la pauvreté. Toutefois, le cas échéant de la commercialisation de la noix de cajou n'a pas été évoqué.

A la lumière de tout ce qui précède, nous attestons que ces auteurs, à leurs différents niveaux, nous édifient clairement sur le rapport entre

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l'instabilité des prix et les conditions de vie des producteurs et reconnaissent que ceux-ci ne sont pas rémunérés à la hauteur de leurs efforts fournis.

Les auteurs, s'ils ont le mérite de nous amener à s'imprégner de la dimension économique de la filière, leurs analyses n'établissent aucun rapport entre la gestion des revenus et la pauvreté.

Conséquemment, leurs études ne nous permettent pas de saisir à un degré moindre, les raisons explicatives de la pauvreté, son rapport avec le mode de gestion des revenus dans la commercialisation de la filière anacarde.

Cette phase de lecture nous a permis de mieux cerner les contours du problème, de savoir à quel point le thème de la recherche s'inscrit dans le champ des connaissances scientifiques.

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CHAPITRE II: CADRE METHODOLOGIQUE

1- Délimitation du champ d'étude

1-1- Champs géographiques

Notre étude se porte sur la commune de Koun Fao au sud du district du Zanzan, bien que la production de la noix de cajou s'étende sur tout le nord de la côte d'ivoire. Elle se trouve dans une zone de transition entre la forêt et la savane. Réfléchir sur la commercialisation de l'anacarde et lutte contre la pauvreté dans ladite commune suppose la saisie du phénomène dans chacune des localités constitutives du district. La commune de Koun Fao a une superficie de 50 Km2. Elle est la porte d'entrée de la région du Gontougo à l'est de la Côte d'Ivoire. Elle est limitée au nord par le village de Kotogouanda (Sous-préfecture de koun-Fao), au sud par la sous-préfecture de Tankessé, à l'ouest par les villages de Yobouakro et d'Abokro, et à l'est par le village de Krakro (Sous-Préfecture de Transua). Elle compte cinq (05) quartiers, neuf (09) villages et trois (03) campements dont koun Fao le chef lieu de la commune. Pour les besoins de notre travail nous avons parcouru sept villages dont ; Koun fao, Méme , Kouakoukrakro, Dodassué, Attakouassikro, Yobouakro, Tienkouassikro et Assindi. Toutes ces localités se situent dans un rayon de douze (12) Km de koun Fao (zones de production voir figure I, page suivante).

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Figure 1 : Les zones favorables à la culture de l'anacardier.

Source: ARECA

1-2-Champ social

Les personnes auxquelles cette étude s'intéresse sont les acteurs impliqués dans la commercialisation de la filière anacarde, c'est à dire les individus qui interviennent d'une manière directe ou indirecte à l'activité commerciale de la noix de cajou. La population cible reste les producteurs de l'anacarde. Mais en dehors de cette catégorie, quelques entretiens vont être faits auprès des personnes ressources. Il s'agit notamment des structures comme le mairie, le conseil du coton et de l'anacarde et l'agence locale

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d'ANADER du fait que la première constitue la première autorité de la commune et la seconde apporte son concours à la gestion de la production d'anacarde. Notre attention portera aussi sur les pisteurs qui sillonnent les villages à chaque campagne d'anacarde pour y acheter et collecter les noix de cajou destinées aux exportateurs et aux grands commerçants. Ils sont également des intermédiaires entre les producteurs et les exportateurs locaux.

2-Techniques de collecte des données

La collecte des informations s'est effectuée au moyen de l'observation directe, du questionnaire et du guide d'entretien.

2-1 L'observation

Parmi les différentes méthodes d'enquêtes mises à la disposition de la sociologie pour connaître les pratiques sociales, l'observation directe par le chercheur présent dans la situation étudiée est celle qui, à priori permet de saisir le mieux la réalité et ses pratiques. Cette technique nous permet sans aucun doute de recueillir des comportements au moment où ils se produisent. Cette méthode est basée sur un regard intentionnel porté sur un champ précis de recherche ou une visualisation des manières d'agir ou de pensées d'un groupe ou d'une collectivité. Par cette technique nous avons observé les faits autour de l'utilisation des revenus. Pour mieux cerner ce phénomène nous avons complété nos informations livresques avec les éléments provenant de la réalité sociale. Il a donc fallu établir un guide d'entretien.

2-2 Les entretiens

Instrument de recherche en sciences sociales, les entretiens sont des

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procédés d'investigation scientifiques qui permettent de recueillir de façon orale des informations en relation avec le but visé. Pour notre étude, nous avons opté pour l'entretien semi-directif. Nous avons porté notre choix sur ce type d'entretien parce qu'il s'agit pour nous de vérifier certaines informations recueillies ailleurs et d'approfondir nos connaissances par rapport à des domaines précis. Il permet à l'enquêté de répondre librement aux questions selon son inspiration en laissant toutefois à l'enquêteur la possibilité au cours de l'entretien, de recentrer le débat et de poser des questions de clarification lorsqu'il le juge nécessaire. Nous avons donc élaboré un guide adressé respectivement au conseil du coton et de l'anacarde à l'ANADER et aux autorités municipales.

2-3 Questionnaire

Le questionnaire est l'instrument de base qui nous a permis de collecter les données nécessaires pour la vérification de notre hypothèse. En tenant compte de la composition de notre échantillon, nous avons élaboré un questionnaire que nous avons administré à la population cible, à savoir les producteurs. Cette série de questions administrées individuellement aux producteurs d'anacarde était relative:

-à la contribution de la noix de cajou à la lutte contre la pauvreté,

-au rapport entre le prix d'achats et les conditions de vie des populations.

-à la comparaison entre l'anacarde, les cultures passées,

-à la commercialisation de la noix de cajou,

-à la répartition de leurs revenus.

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3-Etapes de la recherche

3-1 Enquête exploratoire

Afin de nous imprégner de la situation de la filière anacarde et de la pauvreté, nous nous sommes rendus au siège de certains organes de gestion de la filière tels que le MINAGRI, le Ministère de l'Economie et des Finances et dans la région de Gontougo (Bondoukou), plus particulièrement dans la commune de Koun Fao. Ces différentes visites avaient pour but de rechercher les problèmes qui existent et le niveau d'information de chacune des parties. Cette technique de collecte d'informations nous a permis d'avoir une idée générale sur la situation de la gestion de la filière, des conditions de vie des populations et aussi d'élaborer définitivement notre échantillon.

3-2 L'enquête

L'enquête s'est réalisée du 11 au 31 Août 2014 dans la région de Gontougo, plus précisément dans la commune de Koun Fao. Elle s'est étendue à sept villages de ladite commune. Celle-ci compte treize (13) villages selon la municipalité de la localité. Nous avons choisi de parcourir 50% des villages pour la collecte des informations. L'enquête menée dans ces différents villages nous a permis de recenser les données communes à tous les producteurs.

3-3 La documentation

Consistant en la lecture de rapports, de mémoires, de thèses, de revues, et de livres, elle a permis de faire un tour d'horizon théorique du sujet. Tout travail scientifique s'inscrivant dans la continuité, La documentation constitue la matière première de la recherche, elle représente l'ensemble des données qui permettent objectivement d'apprécier la capacité

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de la recherche et la valeur de l'argumentation à travers la description et l'analyse. Cette recherche nous a permis de savoir que du point de vue socioéconomique, la vente des noix de cajou procure des revenus substantiels aux paysans producteurs d'anacarde. Au plan écologique, la faible exigence climatique et pédologique de l'anacarde, contribue à la régénération des sols, luttant ainsi contre l'érosion et la déforestation.

Dans le souci de renforcer nos connaissances méthodologiques, nous avons eu recours à certains ouvrages de méthodologie. Le recours à ces ouvrages nous a permis de consolider et de renforcer nos acquis méthodologiques. Pour mieux appréhender notre étude, il a fallu établir un modèle réduit de la population cible en utilisant une technique particulière : l'échantillonnage.

3-4 L'échantillonnage

Notre échantillon est subdivisé en deux rubriques à savoir le critère de choix et la taille de l'échantillon.

3-4-1 Critère de choix de l'échantillon

La population mère de notre étude est composée essentiellement des producteurs de l'anacarde et des organismes de gestion de la filière. Les organismes de gestion de la filière ont été choisis comme population sur laquelle doit porter la collecte des informations du fait que, ce sont eux les gestionnaires de la filière. Le conseil du coton et l'anacarde est la seule structure de l'Etat chargée de gérer la filière anacarde.

L'objectif principal de l'étude étant d'analyser les raisons de la pauvreté afin de déterminer le rapport de la commercialisation de l'anacarde sur les conditions de vie des populations. Il est important que les producteurs constituent la population mère, car ce sont eux les premiers

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responsables de filières, ils sont donc une véritable source d'information. Cependant, tous les producteurs d'anacarde n'ont pas pu faire partie de l'échantillon.

3-4-2 Taille de l'échantillon

Nous avons constitué un échantillon représentatif et caractéristique de la population mère de cinquante deux (52) personnes sur la base du fait que nous n'avons pas assez de moyens pour interroger plus d'individus. Ce sont des personnes ressources dans les villages lors de notre passage. L'échantillon a été constitué à partir des techniques d'échantillonnage par quotas qui consiste à reproduire dans l'échantillon les caractéristiques de la population- mère et par choix raisonné simple qui repose sur le jugement du chercheur.

Ainsi, eu égard à la problématique de la présente étude, les critères de sélection des éléments constitutifs de notre échantillon ont été :

- Etre un producteur d'anacarde,

-vivre dans la sphère géographique de la commune de Koun Fao, soit dans un rayon de 12 Km tout sexe confondu. Nous avons sept (7) personnes par village dont seize (10) à Koun Fao chef lieu de la commune.

4-Méthode d'analyse

Toute étude qui se veut scientifique doit être conduite en fonction de méthodes scientifiques données. La méthode permet au chercheur d'atteindre un aspect de la vérité qu'il poursuit. Il s'agit d'opérations intellectuelles mises en oeuvre pour vérifier les hypothèses et atteindre les objectifs de la recherche. Ainsi, pour les besoins de l'étude la méthode systémique, et la méthode comparative ont été utilisées.

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4-1 La méthode systémique

Considérant le milieu de l'anacarde comme un système dans lequel plusieurs structures interagissent, il convient dans ce cas d'adopter la méthode systémique. Celle-ci consiste à entrevoir les acteurs qui participent directement ou non au processus de vente de la filière comme des parties d'un tout dont la coopération est nécessaire au maintien et au fonctionnement de l'ensemble. Ces parties s'influencent mutuellement et mettent ainsi en lumière la trame de la vie sociale des différents acteurs engagés ou impliqués dans la filière. Qu'en est-il de la méthode comparative ?

4-2 La méthode comparative

Cette méthode conduit à un rapprochement de faits ou d'événements et à analyser leurs ressemblances et /ou dissemblances de manière à pouvoir dégager des éléments de constats généraux. Cette méthode va nous permettre de comprendre les différentes étapes de la production et de la commercialisation des produits issus de l'anacardier d'une période à une autre, de nous référer à des exemples pratiques des cultures passées et de certains pays producteurs de l'anacarde.

4-3 Dépouillement des données

Le dépouillement des questionnaires consiste en la codification des données collectées et en leur saisie dans un logiciel (Word, Excel, SPSS, SPHINX, CSPRO...). Dans le cadre de cette étude, la saisie et le traitement des données quantitatives ont été faits à l'aide des logiciels SPHINX et CSPRO. Les données qualitatives quant à elles ont fait l'objet d'un traitement manuel : traitement qui s'est fait en une lecture de l'ensemble des

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retranscriptions des entretiens, par le repérage des mots-clés retenus puis la classification des discours en fonction des niveaux explicatifs de la problématique. Le document final a été saisi à l'aide du logiciel Word.

4-4 Difficultés rencontrées

Toute recherche, toute investigation contient des difficultés. Ainsi, arrêter la recherche pour cause de difficultés, c'est faire preuve de non-esprit scientifique, car c'est face aux difficultés que la science découvre et fait des bonds en avant. A cet effet, nos difficultés se situent à deux niveaux : au niveau de la documentation et des moyens financiers. La documentation écrite était difficile d'accès. Après avoir parcouru plusieurs bibliothèques à savoir : l'Institut Africain pour le Développement Economique et Social (INADES), le Centre de documentation du ministère de l'agriculture et les bibliothèques de l'Université qui sont toutes fermées pour réhabilitation (pour ne citer que ceux-là). Nous avons constaté un manque crucial d'ouvrages traitant de l'anacarde en général et de façon particulière, aucun document ne se rapportait au sujet.

Le manque de moyens financiers ne nous a pas permis d'accomplir ce travail dans les délais requis. En plus, compte tenu de l'état de dégradation des pistes villageoises, nous avions dû relier certains villages à bicyclette et maintes fois nous étions battus par la pluie ralentissant ainsi notre enquête. Nous étions obligés de repasser à une date ultérieure dans le but de pouvoir les joindre. L'enquête a été faite après la période de commercialisation donc il a été difficile pour nous de constater simultanément certains faits liés à la commercialisation.

PRESENTATION, PRODUCTION,

EVOLUTION DE LA FILIERE

ANACARDE ET PRESENTATION

DE LA ZONE D'ETUDE

DEUXIEME PARTIE :

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CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA FILIERE ANACARDE

1-Historique

En Côte d'Ivoire, l'introduction de l'anacardier date de l'indépendance. Elle s'est opérée en deux phases essentielles: une phase de reboisement (1959- 1960) et une phase de production fruitière (de 1960 à nos jours). La première phase s'inscrivait dans la politique gouvernementale de lutte contre la dégradation des sols et la déforestation. La SODEFOR et la SATMACI avaient aménagé respectivement 1401 et 820 hectares de forêts classées. Pendant cette période de reforestation, la part commercialisée de noix de cajou a été marginalisée: elle n'était que de 300 tonnes de 1959 à 1970. (MINAGRI, 1999).

2-Présentation de l'anacarde

L'anacardier (Anacardium occidentale, Anacardiacées) est un arbre originaire des régions tropicales, résistant aux fortes chaleurs mais très sensible aux basses températures. C'est un arbre d'une dizaine de mètres de hauteur originaire du Brésil. L'anacardier est une espèce spontanée, utilisée pour le reboisement et de plus en plus cultivée pour son fruit. Ce fruit est composé d'une noix de cajou, et d'une pomme de cajou (voir figure 2).

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Figure 2: Fruits d'anacardier de différentes variétés

Source ; CNRA

- La noix de cajou est un fruit akène (fruit sec qui ne s'ouvre pas, mais se détache entièrement de la plante mère) qui atteint son plein développement en un mois environ. D'une dimension de trois à cinq centimètres, de couleur grise et brunâtre, elle est constituée d'un péricarpe dont la partie intérieure est très dure et la partie extérieure, spongieuse. Entre ces deux structures, on découvre une partie plus molle en nid d'abeilles contenant un liquide visqueux brun foncé qui rend assez difficile l'extraction ultérieure de la noix du fait de sa toxicité et de sa haute causticité. Cette substance est notamment utilisée dans des applications d'ordre industriel telles que la fabrication d'éléments de frictions de freins, d'embrayages, comme matériaux isolant et imperméable dans l'aviation ou comme intrant dans des peintures, des vernis, voire dans l'industrie du plastique.

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En Asie, elle est utilisée pour la fabrication d'encre indélébile. La noix de cajou est une graine oléagineuse. Elle renferme environ une huile qui après traitement est assez proche de celle de l'amande douce. Cette seconde huile est, en effet, principalement destinée à la pharmacologie et à l'industrie des cosmétiques du fait de son prix de revient assez élevé (Lacroix, 2003).

A l'intérieur de la noix, adhérant fortement à la coque, se trouve le vrai fruit. C'est une amande réniforme dont la dimension varie entre deux et trois centimètres selon les catégories, elle est blanchâtre et offre une saveur agréable. Elle peut être utilisée nature, grillée et salée, en cuisine ou en confiserie dans l'industrie chocolatière par exemple. (voir figure 3)

Figure 3 : amandes grillées

Source : CNRA

- La pomme de cajou (ou faux fruit de l'anacardier) - lorsque la noix atteint sa taille définitive, le pédoncule qui jusque là ne s'était pas développé, grossit rapidement pour prendre la forme d'une poire de cinq à dix centimètres de longueur et d'une couleur pouvant s'étaler du jaune vif au rouge écarlate selon la variété. «Ce fruit est également comestible, sa chair

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est acidulée et sa saveur aigre-douce. Il possède de grandes qualités antiscorbutiques en raison de sa teneur en vitamine C qui est environ cinq à neuf fois plus élevée que celle d'une orange. On peut aussi le transformer pour obtenir des confitures, des gelées ou des compotes, le presser pour donner un jus sucré, parfumé, dont la macération ou la distillation permettra de tirer du vinaigre, du vin ou de l'alcool) » (Lacroix, 2003, Id).

3-Technique culturale

Les variétés d'anacarde cultivées en Côte d'Ivoire ne sont pas clairement identifiées. Il s'agit dans la quasi-totalité des cas de variétés non-améliorées. La sélection des semences d'anacarde est très majoritairement faite par les agriculteurs eux même à partir de noix qu'ils ont produites. Ils choisissent leurs noix principalement en fonction de la taille et de l'aspect visuel. Les producteurs ont une tendance générale à planter de grandes densités d'anacardiers de façon à limiter l'enherbement du sous-bois. En serrant les arbres, ils créent un épais feuillage qui ne laisse passer que peu de lumière et limite la croissance d'adventices et en conséquence le travail d'entretien du verger. Cette pratique a le désavantage de limiter fortement les rendements à l'hectare car elle réduit la surface foliaire productive et la croissance des racines de chaque arbre.

Cependant, de plus en plus de producteurs procèdent à l'éclaircissement de leurs vergers au fur et à mesure de la croissance des arbres en abattant les moins productifs. On peut estimer que cette bonne pratique est en train de se diffuser rapidement, notamment parmi les jeunes planteurs, bien qu'elle reste encore trop modérée au niveau du nombre d'arbre abattus. De façon comparable la grande majorité des producteurs semble être consciente de l'importance de ramasser les noix tombées au sol

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de façon régulière. Mais la qualité n'ayant pas d'impact direct sur le prix d'achat bord-champ, dans la pratique très peu de producteurs assurent un passage tous les deux jours. Cela serait nécessaire pour une meilleure préservation de la qualité.

Les feux de brousse sont l'une des principales menaces qui pèsent sur les parcelles d'anacarde. On peut estimer que chaque année ce sont plusieurs milliers d'hectares de vergers qui partent en fumée. La construction de pare-feux autour des parcelles reste très limitée, là encore en raison de la charges de travail qu'elle représente. Très peu d'intrants sont utilisés pour cultiver l'anacarde. Seule une petite partie des producteurs utilise des insecticides. L'utilité et la rentabilité économique de l'usage de produits phytosanitaires sont d'ailleurs jugées très faibles par la majorité des spécialistes de la filière.

4-La culture de la noix de cajou

L'anacardier, rappelons-le a été introduit en Côte d'Ivoire pour le reboisement et pour lutter contre l'érosion. Aujourd'hui, les plantations couvrent toutes les régions centre et nord du pays. Par vagues successives, ces populations adoptent la culture de l'anacardier.

Les populations ont adopté cette culture pérenne pour un intérêt particulier, celui lié aux revenus, dans la mesure où les revenus tirés de celle-ci leur permettent de faire face à certains besoins essentiels.

L'adoption de cette culture est aussi liée au fait qu'elle nécessite très peu de moyens financiers que physiques par rapport à d'autres cultures comme celles du café, cacao et de l'hévéa.

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5-Techniques de récolte

L'anacardier commence à produire des fruits à partir de la troisième ou la quatrième année. La production devient abondante à partir de la sixième ou septième année. La noix se développe avant la pomme et atteint pratiquement sa taille maximale, puis le pédoncule du fruit grossit et devient la pomme. Le fruit tombe de l'arbre lorsque la pomme a atteint sa pleine maturité et prend la couleur caractéristique rouge, violet, orange ou jaune, selon la variété. Il est conseillé de ramasser les noix sous l'arbre chaque jour pour les préserver des parasites du sol, des insectes ou de l'ingestion par le bétail. Ce qui n'est pas très souvent le cas, car parfois elles vont quelques jours avant d'être ramassées.

Lorsque la pomme doit aussi être valorisée, il faut éviter de la

ramasser au sol. Dans ce cas, attendre qu'elle soit bien mûre sur l'arbre. Détacher le fruit de l'arbre par une petite secousse et séparer la pomme de la noix par une simple torsion.

6-Stockage et qualité des noix

La plupart des producteurs semblent conscients de l'importance de la qualité mais ne sont pas capables de l'estimer et n'ont pas les moyens de la préserver correctement. Ils observent juste une différence entre un "premier choix" en début de campagne et un "deuxième choix" en fin de campagne due à l'arrivée des pluies qui dégradent les noix. Le temps de séchage de trois jours recommandé pour les noix fraichement ramassées n'est que rarement respecté et les conditions de conservation restent très précaires. Les sacs en jute nécessaires à un bon stockage ont un coût trop élevé pour les producteurs qui stockent l'anacarde dans des paniers ou des sacs en plastique. Au mieux certains producteurs, conscients de la nécessité de ne

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pas laisser pourrir les noix lorsqu'ils les stockent plusieurs jours, perforent leurs sacs en plastique.

Dans la majorité des cas les producteurs n'ont qu'une faible capacité de stockage, à l'intérieur de leurs habitations, et n'ont pas tendance à stocker plus de quelques semaines. Ils se focalisent sur le risque qu'à partir d'avril la baisse de la qualité se répercute sur les prix. Cependant, lorsque les prix proposés sont estimés trop bas pour couvrir les coûts de production, comme cela est régulièrement le cas, beaucoup de producteurs qui ont eu recours à une main d'oeuvre salariée stockent une partie de leur production en espérant une montée des prix en fin de campagne et dans le cas où elle n'interviendrait pas stockent jusqu'à la campagne suivante. Une grande partie des producteurs vend sa production en remplissant directement des sacs amenés par les pisteurs.

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CHAPITRE II : ORGANISATION ET EVOLUTION DE LA FILIÈRE ANACARDE EN COTE D'IVOIRE

1- Organisation de la filière

C'est en 1960 que la culture de l'anacarde fait son entrée en Côte d'Ivoire; avec la réalisation des premières plantations administratives. Environ 8.000 hectares d'anacardiers sont alors encadrés par la SATMACI (Société d'assistance et de modernisation de l'agriculture). Puis, à partir de 1972 par la SODEFOR (Société de développement des forêts) qui est allée au-delà des objectifs de protection et de reboisement qui lui a été assignés. La même année est créée la SOVANORD (Société de valorisation de l'anacarde du nord) pour en assurer la commercialisation. Puis, suit la création de l'AICI (Anacarde Industrie Côte d'Ivoire) pour le décorticage. Ces structures n'ont malheureusement pu sortir l'anacarde de l'ombre. Elles disparaîtront donc à partir des années 80. Alors même que la culture de l'anacarde, avait déjà gagné le coeur des paysans.

C'est à partir des années 90, que la culture de l'anacardier commence à prendre véritablement racine dans les régions des savanes du nord. Ces dernières années, elle a atteint les régions des savanes du centre de la Côte d'Ivoire; où elle est en passe de devenir une culture de sédentarisation des populations jadis promptes à migrer vers les régions de forêts pour la culture du cacao et du café. Sur plan organisationnel, la culture de l'anacarde est une filière jeune. Ce n'est qu'à partir de 2000 que les pouvoirs publics ont véritablement commencé à s'intéresser à son organisation. En ce qui concerne l'après 2000, nous le verrons dans la partie qui suit.

51

2- Production et évolution de l'anacarde

Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire occupe une place stratégique dans la production mondiale de la noix de cajou. Classé à « la 3ème place en 2007, elle est passée au 2eme rang mondial en 2012, avec près de 500.000 tonnes produites » (Gbangbo, 2014).

2-1 Evolution de la production nationale de 2000 à 2014

L'enquête de terrain, la recherche documentaire et la revue des statistiques à jour ont montré une insuffisance sur les données de la production des noix de cajou dans toutes les régions où il existe des potentialités. Il n'y a aucune institution qui récence des informations exactes sur ce sujet. Toutefois, deux méthodes d'estimations peuvent être appliquées afin d'aboutir au volume de la production nationale. Soit à travers les données statistiques des exportations, auxquelles s'ajoute un certain pourcentage représentant la consommation locale et les contrebandes ou exportations illégales. Selon une mission d'information de l'ex- ARECA qui a eu lieu dans les zones de productions, en 2012 près de 100.000 tonnes ont été escortées vers le Ghana. Cela s'est produit parce que les producteurs ont trouvé un meilleur prix d'achat bord-champ au Ghana. Ainsi pour les statistiques de la production, nous avons retenu les données suivantes (tableau I).

52

Tableau I: Quantités de production des noix de cajou de 2001 à 2014.

Années

Production (tonne)

2001

87573

2002

104984

2003

84830

2004

167000

2005

185000

2006

235000

2007

280000

2008

330000

2009

350000

2010

380000

2011

400000

2012

450000

2013

Non déclaré

2014

500000

Source : ARECA.

53

De 1990 à 2008, la production nationale a augmentée de 323.599 tonnes, soit un peu plus de 51,55%. Le tableau montre que la production nationale a connue une évolution importante de 2001 (87.573 tonnes) à 2002 (104.984 tonnes) avec une baisse considérable en 2003 soit 84830 tonnes. Cela est en majeure partie dû à la crise militaro-politique de 2002. Malgré la crise que traverse le pays, on constate que de 2004 à 2008, la production a augmenté considérable et continue d'augmenter sans cesse. De 167.000 tonnes en 2004 à 450.000 tonnes pour l'année 2012. Cela montre également que les populations adoptent progressivement la culture de l'anacarde positionnant ainsi, la Côte d'Ivoire au 2ème rang mondial de producteur d'anacarde depuis 2012 avec près de 450.000 tonnes. Aujourd'hui, la production a atteint 500000 tonnes.

2-2 Analyse des exportations des noix de cajou

Comme pour la production, l'évolution des exportations a été très forte ces dernières années. De 1990 à 2014, le taux d'exportation nationale de noix brutes s'est multiplié par 54,31% en 22 années, avec 6,401 tonnes en 1990 et 500.000 tonnes en 2014. L'évolution des exportations des 14 dernières années sont dans le (tableau II).

54

Tableau II: Evolution des exportations de la noix de cajou de 2000 à 2014.

Années

Exportation de noix (tonne)

Evolution (en %)

2000

61696

-15%

2001

85111

-38%

2002

103980

20%

2003

84740

-19%

2004

140643

66%

2005

167000

17%

2006

210240

20%

2007

250000

19%

2008

312000

24%

2009

340000

27%

2010

350000

28%

2011

176195

-15%

2012

430000

37%

2013

Non déclaré

 

2014

Non déclaré

 

Source: ARECA

55

L'observation du tableau montre que depuis 2004, les exportations de noix n'ont cessé d'augmenter. De 2004 à 2010 les exportations ont évolué de plus de 200%. Cette augmentation dépend de la superficie accordée à sa culture et à la capacité de production de l'anacarde. En 2011, la réduction des exportations s'explique par la crise postélectorale. Depuis 2012, la Côte d'Ivoire est le 1er exportateur mondial de noix brute de cajou. Ainsi la filière anacarde joue un rôle de plus en plus important dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Ces résultats peuvent être considérés aujourd'hui comme remarquables contrairement à ceux obtenus il y a quelques années. Mais compte tenu des difficultés que connaît l'exportation exclusive de la noix brute, il est impératif d'amorcer la phase de la transformation.

2-3 Les entreprises nationales de transformation

Utilisée au début à des fins de reboisement, cette plante va se démarquer de son rôle écologique pour épouser le statut de culture de rente au plan socio-économique. Ainsi, il s'est avéré nécessaire la mise en place d'instituts, de recherches comme l'institut de recherches des fruits et agrumes (IRFA), les structures de développement de façon générale. «La société de valorisation de l'anacardier du Nord (SOVANORD) créée en Mars 1972 et l'Anacarde Industrie de Côte d'Ivoire (AICI) en Novembre 1976 avait pour tâche de transformer la noix de cajou en amande, afin de l'exporter directement sur les marchés Européens » (Tuo, 2009).

Avec des objectifs de développement, quelques unités industrielles se sont installées en Côte d'Ivoire afin de procéder à la transformation de la noix entre autre SODIRO, CAJOU-CI, AFRECO, toutes ces initiatives se sont soldées par des échecs. Malgré la situation de crise qu'a traversé la Côte

56

d'Ivoire, force est de constater que le processus de transformation connaît tant bien que mal un progrès, mais reste toujours négligeable face à l'évolution de la production. Pour l'année 2008, nous avons enregistré 3 grandes sociétés de transformation et deux coopératives transformatrices (Tableaux III)

Tableau III: Sociétés et coopératives de transformation en 2008.

Sociétés et

coopératives de

transformation

Capacité potentielle

(tonne)

Quantité transformée

de noix brute en
(tonne)

Olam Ivoire

5000

3909

SITA

2500

1473,347

Cajou de Fassou

1500

55

COOPABO

285

90

COOGES

4000

100

Source: ARECA

Les tableaux III montre qu'aucune société ni coopérative n'a pu transformer la capacité potentielle dont elle est capable. Cela est dû à un certain nombre de problèmes parmi lesquels on peut citer le manque de moyen financier pour employer le personnel nécessaire auquel on peut ajouter le manque de matériel de pointe. Au titre de l'année 2014, le processus de transformation a connu une évolution considérable avec le nombre d'unités de décorticage qui s'est vu accroître (tableau IV).

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Tableau IV : Evolution du nombre d'usines et d'unités de décorticage

nom

Capacité (tonnes)

Localisation

Olam Ivoire

5000

Abidjan

COOGES

4000

Sépingo

PAMO

2500

Bondoukou

SITA

2000

Odienné

Cajou de Fassou

1500

Yamoussoukro

COOPRAG

300

Katiola

RAMOF Cajou

300

Bouaké

SARAYA

300

Bouaké

COOPABO

100

Bondoukou

VTRAD

Essai

Tieningboué

Chiongagnigui

,, ,,

Karakoro

COSEME

,, ,,

Odienné

Klognomo

,, ,,

`' Ferké

Anacarde Doré

,, ,,

Kouassi

Kouassikro

Source : ARECA

58

Le nombre d'usines de transformation et d'unités de décorticage s'est accru grâce à certaines coopératives qui ont vu le jour et aussi avec l'appui de certains organismes non gouvernementaux qui ont apporté aide et assistance à des coopératives de producteurs.

2-4 Analyse des exportations des amandes

Après les premières tentatives de transformations qui se sont soldées par des échecs, c'est véritablement en 1997 que la Côte d'Ivoire a repris le processus de transformation. Aussi faible qu'elle soit, elle mérite un encouragement au vu de son évolution ces dernières années. Le tableau V montre l'évolution des exportations d'amandes de cajou.

59

Tableau V: Evolution des exportations des amandes de cajou de 2000 à 2014.

Années

Amandes exportée

(tonne)

Evolution (en %)

2000

353,35

-52%

2001

517,05

46%

2002

210,77

-59%

2003

18,94

-1012%

2004

7,16

-62%

2005

133

1757%

2006

457

231%

2007

1139,67

150%

2008

Non déclarée

-

2009

Non déclaré

-

2010

1406,12

185%

2011

2291

301%

2012 à 2014

Non déclaré

-

Source : ARECA

60

En 2003, la production d'amande a baissé considérablement, soit de - 1012%. Cette baisse est la conséquence directe de la crise militaro-politique de 2002 avec pour corollaire la délocalisation voire la fermeture de certaines entreprises. C'est seulement à partir de 2005 que la production d'amande va connaître une autre évolution avec un dénouement de la crise qui s'annonçait.

CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES GENERALE DE LA REGION D'ETUDE

I-Présentation de la région d'étude

La région du Gontougo, cadre où se déroule notre étude est située au nord-est de la Côte d'Ivoire. Ses limites géographiques correspondent aux limites administratives suivantes (voir figure 4)

- Au nord par la région du Boukani (avec le département de Bouna),

- Au sud par la région de l'Idenié -Djuablin (avec le département d'Agnibilekro),

- A l'ouest par la région d'Iffou (avec le département de Prikro) et la région du Hambol (avec le département de Dabakala)

- A l'est par le Ghana.

Actuellement, elle comprend cinq (5) départements et dix huit (18) sous préfectures dont :

-Département de Bondoukou (S/P de Bondoukou, Appimadoum, Pinda-Boroko, Bondo Laoudi Ba, Sapli-Sepingo,Taoudi,yezimala, Goumeré et Tabagne, Sorobango et Tagadi)

-Département de Koun Fao (S/P koun Fao, Boahia, kouassi-Datékro, Kokomian, Tankessé et Tienkoikro)

-Département de Sandegué (S/P Bandakagni-Tomora, Diamandougou, Sandegué, et Yorobodi),

61

- Département de Tanda (S/P Amanvi, Diamba, Tanda, et Tchedio)

62

-Département de Transua (S/P Assuefry, Kouassia-Niaguini et Transua)

Cependant pour les besoins de notre étude, nous sommes limités au département de Koun Fao qui se situe dans la partie sud de la Région du Gontougo (voir Figure 5)

63

Figure 4 : Carte du GONTOUGO

Source : Mairie de Koun-Fao

Figure 5 : Carte de Koun-Fao

64

Source : Mairie de Koun-Fao

65

I-1 Hydrographie

Le principal cours d'eau de la région est le fleuve Comoé à l'est. La Comoé prend sa source au Burkina Faso au nord de la Côte d'Ivoire, dans la région de Banfora. C'est le plus long fleuve de Côte d'Ivoire (1160 km). Il n'a pas d'affluents importants, ses crues très modestes à cause de son bassin allongé et relativement peu arrosé.

A ce cours d'eau, il faut ajouter un réseau de petits cours d'eau généralement saisonniers

I-2 Climat

Il existe quatre (4) saisons : une grande saison des pluies de mars en juin suivie d'une petite saison sèche de juillet en août ; puis la petite saison pluvieuse de septembre en octobre suivie d'une grande saison sèche de novembre en février.

En outre, signalons que les dates de début et de fin des saisons varient d'une année à une autre en fonction des localités, rendant les généralisations assez risquées. Par ailleurs, la température est assez élevée et relativement constante durant l'année.

I-3 Végétation

La région se caractérise essentiellement par une zone de savane dans sa partie nord et une zone pré-forestière dans sa partie sud.

La zone de savane couvre la grande partie de la région. Elle se caractérise par des savanes arborées et arbustives avec une dominance de rôniers à Bondoukou. Du fait des feux de brousse et de la sécheresse de plus en plus marquée, on assiste à une avancée de la savane.

La zone pré-forestière est largement perturbée par les exploitations

66

forestières et les activités agricoles. Il en résulte une végétation dominée par des jachères et des forêts secondaires (sorte de forêts où il y a peu de liane, de feuillage, où les arbres ne dépassent guère de 15 à 20 mètres de haut).

I-4 Peuplement

La commune de Koun Fao est majoritairement peuplée d'autochtones Agni et Abron venus vers la fin du 18ème siècle du Ghana et d'allochtones Koulango. Ces peuples ont conservé, malgré les influences extérieures, les traits fondamentaux de leur civilisation : système matrilinéaire, importance de l'or etc. A ces trois ethnies, il faut ajouter une forte colonie d'immigrants venus des autres pays de la CEDEAO dont des burkinabés et des maliens.

Ces immigrants ont été attirés dans la région par les cultures pérennes (café et cacao) à l'époque où la commune était praticable à ces deux cultures. En raison de la raréfaction des terres propices au café et au cacao et de la dégradation des conditions agro-climatiques, cette immigration s'est ralentie. Par ailleurs, ces facteurs provoquent également le départ massif des populations vers les zones forestières du sud et de l'ouest de la Côte d'Ivoire.

I-5 Cultures pratiquées

Cultures vivrières : Dans toute la commune, l'alimentation repose fondamentalement sur l'igname (pour les Koulango et les Abron) et sur le plantain (pour les Agni), le taro et le manioc constituent les principaux aliments de soudure traditionnels. Toutefois à cause des aléas agro-climatiques, certaines de ces cultures ont connu un recul. Parallèlement, le maïs occupe une place de plus en plus importante dans l'alimentation des populations.

67

Cultures légumineuses : Jadis produites en petites quantités, soit en association avec d'autres cultures, soit sur une petite parcelle contigüe au champ principal, les légumineuses sont demeurées sous la responsabilité exclusive des femmes jusqu'à une époque récente. Actuellement, force est de reconnaître que les hommes s'y intéressent de plus en plus. Aussi observe t-on des champs purs de gombo, de piment, d'aubergine, de tomate, de gingembre et d'arachide. Malgré des prix non garantis aux producteurs, les cultures légumières deviennent globalement une source de revenus assez sure pour les populations.

Culture industrielles : Jadis, la prospérité de cette commune reposait essentiellement sur la production et la commercialisation du café et du cacao. Toutefois, la production de ces cultures de base est en baisse dans la commune à cause de la dégradation des forêts. Aujourd'hui la commercialisation de la noix de cajou domine toute les autres cultures.

Fruitiers : Bien que la commune paraisse propice aux cultures fruitières, celles-ci font l'objet de plantations pures que de façon exceptionnelle. On rencontre dans la plupart des plantations des pieds d'orangers, de

mandariniers, de pamplemoussiers, de colatiers, d'avocatiers et de
manguiers.

II-Caractéristiques socio-économiques

Du fait de la détérioration des sources traditionnelles de revenu que sont le café et le cacao, la commune présente un certain nombre de caractéristiques socio-économiques dont certains traits font l'objet de notre attention.

68

II-1 Situation foncière

Comme dans toute la région, les populations de la commune exercent un droit coutumier sur les terres de leurs villages. Ainsi, à l'exception des terres faisant partie du domaine de l'Etat, toutes les terres sont la propriété de groupes sociaux locaux. Elles peuvent être accordées à toute personne étrangère qui en fait la demande. Même si elle est dite gratuite, cette cession engendre de plus en plus d'importants frais indirects (cadeaux, récoltes....). Dans cette partie du territoire national, il y a peu de «problème de terre» même si on en rencontre ça et là, marqué par des conflits entre propriétaires terriens. La vente de terre prend de plus en plus de l'ampleur.

II-2 Migration et exode rural

Face à la détérioration des conditions agro-écologiques défavorables au café et au cacao, les paysans ont à choisir entre deux positions fondamentales:

-rester sur place et s'adapter à d'autres cultures,

-aller vers d'autres horizons où il est encore possible de produire du café et du cacao.

Devant un choix si délicat, les jeunes beaucoup plus aptes à l'aventure, choisissent souvent la deuxième solution soit de façon saisonnière, soit de façon définitive abandonnant sur place les vielles personnes dont la capacité d'adaptation à d'autres cultures laisse à désirer.

. Conclusion partielle.

Comme on peut le remarquer, la culture de l'anacardier est une pratique agricole qui a été massivement adoptée par les paysans sans un réel appui technique parce qu'elle permet, non seulement d'améliorer la condition

69

socioéconomique, mais aussi de se constituer un patrimoine familial durable.

Aujourd'hui, la filière regorge un certain nombre de performance lesquelles on devrait tirer un meilleur profit en la réorganisant. Cette réorganisation qui doit prendre en compte, l'enseignement des techniques culturales et d'entretien gratuit aux producteurs, la bonne gestion de la filière et une meilleure collaboration de la classe dirigeante. Aujourd'hui, on parle de plus en plus développement participatif, ceci dit, les paysans doivent eux-mêmes prendre conscience de la situation.

Après avoir traité de la deuxième partie de cette étude, notamment la présentation de la filière anacarde, l'évolution et l'organisation de la filière anacarde ainsi que la présentation de la zone d'étude, il s'avère primordial d'aborder la troisième et dernière grande partie de ce travail, qui est l'analyse des données d'enquêtes. A cet effet, nous commencerons par la présentation des caractéristiques sociodémographiques des enquêtés, ensuite la contribution de la noix de cajou à la lutte contre la pauvreté, enfin, les facteurs justifiant l'instabilité du prix d'achat ainsi que les perspectives

CONTRIBUTION DE LA NOIX DE

CAJOU A LA LUTTE CONTRE LA

TROISIEME PARTIE :

70

71

CHAPITRE I: CARACTERISTIQUES SOCIOLOGIQUUES DES

ENQUETES

1-Sexe et âge

Tableau VI : Répartition des enquêtés selon le sexe et l'âge

Masculin

 
 
 

100 (42)

Feminin

 

26,2 (11)

73,8 (31)

100 (10)

TOTAL

 

20,0 ( 2)

80,0 ( 8)

100 (52)

 
 

25,0 (13)

75,0 (39)

 

Sexe

TOTAL

Source : données d'enquête

Sur les 52 enquêtes, nous avons 42 hommes et 12 femmes. En ce qui concerne la tranche d'âge où l'on observe l'effectif le plus élevé, c'est celle de plus de 30 ans avec 31 hommes et 8 femmes soit un total de 39 (soit 75%)

Nos enquêtés dans leur majeure partie sont adultes, car trois (3) personnes sur quatre (4) ont plus de 30 ans. Ce qui signifie que les personnes adultes ne sont pas réfractaires à la culture de la noix de cajou. Toutefois cet état de fait observé au sein de cette population pourrait se justifier par le déplacement des plus jeunes vers les villes ; soit pour des raisons de scolarité, soit pour recherche d'un bien être qu'ils ne pensent pas trouver sur place ; soit se sont déplacés vers des zones plus favorables à la culture du café et du cacao.

Dans cette société, les cultures industrielles étaient le propre des hommes ; et les cultures vivrières le propre des femmes. Cependant, nous avons observé au sein de notre population une présence féminine avec un taux de 10%, soit une personne sur 10 (1/10) de la population productrice de la noix de cajou est féminine. Ainsi pouvons-nous souligner une évolution dans la division sociale du travail. A cet effet, le faible taux des femmes

72

observé pourrait se justifier par le fait que la noix de cajou se conçoit comme une culture d'exportation et donc masculine. Aussi, ce taux serait lié au mode d'accès des femmes à la terre.

2-Niveau d'instruction nombre d'enfants en charge

Tableau VII : Répartition des enquêtes en fonction de leur niveau d'instruction et du nombre de personnes en charge

Niveau d'instruction

Nombre de personnes en charge

Analphabèt

Primaire

Secondaire

Supérieur

 

Autre

 

TOTAL

 

Moins de 5

51,9

(14)

18,5

( 5)

14,8 (

4)

0,0 (

0)

14,8 (

4)

100

(27)

De 5 à 10

47,1

( 8)

23,5

( 4)

17,7 (

3)

5,9 (

1)

5,9 (

1)

100

(17)

Plus de 10

62,5

( 5)

25,0

( 2)

12,5 (

1)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

100

( 8)

TOTAL

51,9

(27)

21,2

(11)

15,4 (

8)

1,9 (

1)

9,6 (

5)

100

(52)

 

Source : données d'enquête

La lecture du tableau nous donne les données suivantes :

- 51,9% (27) des enquêtés disent avoir moins de 5 personnes en charge, soit, qui se repartissent comme suit : 51,9% d'analphabètes (14), 18,5% (5) de niveau primaire, 14,8% (4) de niveau secondaire et 14,8% (4) personnes ayant fait l'école confessionnelle islamique et l'alphabétisation ;

- sur 32,7% (17) enquêtés ayant 5 à 10 personnes en charge, nous avons 47,1% (8) d'analphabètes, 23,5% (4) qui ont fait le primaire, 17,7% (3) ont le secondaire et une personne pour le supérieur ;

-Sur les 8 personnes affirmant avoir plus de 10 personnes en charge, soit 15,4% nous avons 62,5% ( 5) analphabètes, 25% (2) du primaire et 12,5 (1) du secondaire.

73

Autrement dit, près d'une personne sur deux de nos enquêtés sont analphabètes, tandis qu'au fur et mesure que le niveau augmente, les proportions diminuent.

Au regard de ces chiffres, nous pouvons dire que le niveau d'instruction influence dans une certaine mesure le nombre de personnes et le nombre d'enfants en charge. Autrement dit, les analphabètes font plus d'enfants, sans doute du fait des travaux champêtres qui nécessitent une main d'oeuvre abondante. Notons également que dans ces sociétés, les enfants sont signe de richesse et de prestige. Aussi, le faible taux d'enfants observés au niveau de ceux ayant fait le primaire et le secondaire se justifie par la connaissance de certaines méthodes contraceptives.

Les étrangers servaient de main d'oeuvre dans la région, cependant du fait de la situation qui prévalait qui n'était pas, plus propice aux cultures de rente (café et cacao), alors ceux-ci (les étrangers) ont migré pour la plupart. Toutefois, ceux restés sur place travaillent pour eux-mêmes, sur des terres qui leur avaient été léguées par leur tuteur en vue de produire ce dont ils avaient besoin afin de leur éviter une trop grande dépendance. Vu cet état de fait, l'on assiste à une perte de la main d'oeuvre étrangère. Ce qui constitue un facteur justifiant le fait que les populations analphabètes aient beaucoup d'enfants à charge afin de disposer de main d'oeuvre.

74

3-Situation matrimoniale

Tableau VIII : Répartition des enquêtés en fonction de leur situation

matrimoniale

 
 
 
 
 

83,3 (10)

16,7 ( 2)

 
 

88,6 (31)

11,4 ( 4)

 
 

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

 
 

20,0 ( 1)

80,0 ( 4)

 

Sexe

Masculin

0,0 ( 0)

Feminin

0,0 ( 0)

 
 

80,8 (42)

19,2 (10)

 

Situation matrimonial

TOTAL

Célibataire

100 (12)

Marié(e)

100 (35)

Divorcé(e)

0,0 ( 0)

Veuf(ve)

100 ( 5)

Autre

0,0 ( 0)

TOTAL

100 (52)

Source : données d'enquête

Le tableau révèle que sur les 52 enquêtés, les 42 de sexe masculin se

repartissent comme suit : 31mariés soit (67,30%) ; 10 célibataires soit

23,07%, et un veuf soit 2%. En ce qui concerne les femmes, au nombre de

10, elles se repartissent comme suit : 4 mariées, 2 célibataires et 4 veuves.

IL ressort de ce fait, que la plupart de nos enquêtés de sexe masculin

sont mariés soit près de 70%. Ce qui souligne qu'en milieu rural les hommes

sont portés à vivre en couples, pour non seulement se procréer, mais aussi

disposer de force productive ou de force de travail ( main d'oeuvres) pour

leurs activités agricoles.

Notons toutefois, que les femmes qui s'adonnent à cette activité (la noix

de cajou) sont de statuts différents. Ce qui souligne le fait que les femmes

dans leur ensemble ne sont pas réfractaires aux cultures industrielles ; et

peuvent de ce fait entreprendre les mêmes activités que les hommes. Ainsi,

nous observons une évolution au niveau du rôle de la femme. Elles se

révèlent être un groupe cible, sur lequel l'on peut compter pour entreprendre

des actions de développement en milieu rural. La faible présence des

75

célibataires atteste du fait que la région n'étant plus propice aux activités ou cultures pérennes que sont le café et le cacao donc la plupart des jeunes auraient migré.

76

CHAPITRE II : CONTRIBUTION DE LA COMMERCIALISATION
DE LA NOIX DE CAJOU A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

1- La pertinence de la filière pour le développement agricole de la Côte d'Ivoire et la lutte contre la pauvreté

Il convient en guise de préambule de rappeler l'importance de la noix de cajou pour la Côte d'Ivoire et du rôle moteur qu'elle joue dans le développement rural des différentes régions où les vergers d'anacardiers sont présents : l'arbre génère des revenus pour les populations rurales et représente un facteur de lutte contre la pauvreté. L'anacardier est cultivé dans les régions du Nord, du Nord Ouest et du Nord Est de la Côte d'Ivoire où il constitue la principale culture de rente.

La production est passée de 6 300 tonnes en 1990 à 400 000 tonnes en 2010 et à 500 000 tonnes aujourd'hui. La Côte d'Ivoire est le premier exportateur mondial de noix brute de cajou (Gbangbo, 2014).

La valeur des exportations de noix de cajou (ou anacarde) est estimée en 2010 à environ 120 milliards de FCFA, ce qui en fait le troisième plus important produit de base d'exportation après le cacao et le caoutchouc, et avant l'huile de palme, le café et le coton.

La noix de cajou est d'une importance encore plus cruciale lorsqu'elle est considérée dans un contexte régional et de réduction de la pauvreté. Il est devenu la plus importante source de revenu monétaire en milieu rural dans les zones productrices. Selon une étude récente de la Banque mondiale publiée en 2011, les recettes brutes des planteurs sont estimées à environ 34 milliards de FCFA, soit un montant supérieur à celui du coton, la culture de rente traditionnelle du Nord.

77

Les productions restent toutefois très complémentaires comme le souligne très bien l'étude réalisée par l'AFD qui paraphrase comme suit les propos tenus par les paysans : « l'anacarde nous apporte le cash et le coton nous donne l'engrais. » (AFD, 2010, P.71)

En outre, il existe des différences zonales dans les systèmes de production de l'anacarde qui résultent de la présence antérieure d'autres cultures de rentes et de la disponibilité de la terre.

Le verger d'anacardiers concerne environ 250 000 planteurs (subvenant aux besoins de plus de 2,5 millions de personnes), qui sont en grande majorité de petits exploitants dont les systèmes d'exploitation et les caractéristiques du verger gagneraient à être mieux connus (Op.cit, 2014) La production de noix de cajou a connu un développement soutenu au cours des dix dernières années (plus de 20% par an) et les perspectives de croissance à l'avenir sont très positives.

2-L'apport économique

L'analyse du développement de la Côte d'Ivoire, surtout au niveau agricole montre que le choix de stratégie d'ensemble du développement s'est longtemps inscrit dans une stratégie de mise en valeur coloniale. En ayant opté pour un système capitaliste en milieu rural l'on observe une préférence pour les cultures de rente ou pérennes qu'aux cultures vivrières intensives. Cette attitude se justifie par le fait que `'le capital étranger» n'est pas intéressé par un développement autocentré.

Ainsi, l'adoption de ce système a permis au monde paysan de disposer de ressources ou de capitaux importants. Ce qui a pour effet ou pour conséquence de faire face à certains besoins familiaux et bouleversant ainsi le concept de richesse.

78

En milieu rural traditionnel, deux conceptions de la richesse se heurtent. L'une est rattachée au statut et se compte en Hommes (nombre d'individus) et l'autre est associée à l'utilité et se compte en biens (billets de banque).

Aujourd'hui, cette seconde conception de la richesse a pris des proportions importantes au point de sur planter la première. A ce niveau, l'acquisition de billets de banque se révèle capital. Ainsi, la seule motivation du paysan est d'optimiser ses gains économiques. A ce propos, les cultures à forte potentialité commerciale ou pérennes (qui se caractérise par la pérennité de l'occupation du sol ou par la supériorité de leur rapport monétaire) se révèlent adapter aux nouvelles préoccupations ou nouveaux besoins du monde rural.

Ainsi, vu l'enjeu économique que pourrait représenter la culture de la noix de cajou, les paysans n'ont pas eu du mal à s'adonner à celle-ci. Elle leur permet de satisfaire certains besoins primordiaux tout en diversifiant leurs sources de revenus. (Voir tableau IX)

Tableau IX : Répartition des enquêtés en fonction de la

diversification des activités.

Menez vous autre activité à part l'agric

Nb.cit.

Fréq.

Oui

24

46,2%

Non

28

53,9%

TOTAL OBS.

52

100%

Source : données d'enquête

A la question menez- vous une autre activité à part l'agriculture ?

24 ont répondu par l'affirmative tandis que 28 ont répondu par la négative. Près de la moitié des enquêtés exercent une autre activité à part la culture de

79

la noix de cajou soit 46,2%. Cette diversification est liée au fait que ceux-ci ne voient pas toujours leurs efforts couronnés de succès. Autrement dit, les efforts fournis ne sont pas toujours proportionnels au revenu escompté.

D'autres, au nombre de 28 soit 53,9%, par contre préfèrent se consacrer à la seule culture de la noix de cajou dans l'optique d'obtenir un lendemain prometteur.

Ainsi, dans ce processus de diversification de leur activité économique, certains adoptent des activités comme le commerce, la menuiserie, la maçonnerie etc.

En ce qui concerne de la répartition des revenus voir le tableau suivant. (Tableau X)

Tableau X : Répartition des enquêtés en fonction de l'utilisation des revenus.

 
 
 
 
 

58,3 ( 7)

41,7 ( 5)

 

Menez vous autre activité à part l'agric

Oui

30,0 ( 6)

Non

70,0 (14)

TOTAL

Utilisation des revenus

57,9 (11)

42,1 ( 8)

 

Entretien du verger

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

100 (12)

Nourrir la famille

0,0 ( 0)

100 ( 1)

100 (20)

Scolarisation

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

100 (19)

Soins de santé

46,2 (24)

53,9 (28)

0,0 ( 0)

remboursement des dettes

Autre

TOTAL

Source : données d'enquête

100 (52)

Nous retenons de ce tableau, que pour la finalité accordée à l'utilisation de leur revenu, 20 soit 38,5% des enquêtés affirment que leurs revenus sont dédiés pour nourrir la famille ; 19 soit 36,5% affirment dédier leurs revenus

80

pour la scolarisation et 12 soit 23,1% affirment dédier leurs revenus à l'entretien du verger.

Près d'une personne sur trois (1/3) de la population enquêtée, dédie ses revenus à nourrir la famille et à la scolarisation des enfants. Par contre peu de personnes consacrent leurs revenus à l'entretien du verger car les travaux effectués occasionnent une main d'oeuvre moins importante, sans toutefois oublier que cette main d'oeuvre n'est pas gratuite.

3-L'apport social

Comme nous l'avons souligné plus haut, il existe deux conceptions de la richesse : le statut d'un individu se compte en hommes ; c'est-à-dire en nombre de descendants tandis que l'autre conception associé à l'utilité, se compte en biens. Autrement dit, l'homme avait une grande valeur et ne pouvait en aucun cas être comparable aux biens.

Or, nous observons un bouleversement de ces échelles de valeurs, car aujourd'hui l'homme est placé sur les mêmes pieds d'égalité que la richesse voire relégué en arrière plan. En d'autres termes, aujourd'hui le statut d'un individu ne se compte plus en hommes, mais en biens, car le statut d'une personne est défini par son pouvoir économique. Ce pouvoir économique permet non seulement de définir le statut d'une personne, mais également la satisfaction de besoins fondamentaux tels que la construction de maison en dur (l'amélioration de l'habitat), le paiement de factures d'eau et d'électricité pour ceux qui en disposent, l'alimentation, la scolarisation des enfants, le remboursement des dettes pour ceux qui en contractent, l'entretien du verger ainsi les dépenses sanitaires. En sommes, l'utilisation ou les utilisations possibles des revenus se repartissent comme suit :

81

3-1 Les frais de scolarisation

Les frais de scolarisation occupent une place importante dans le budget des planteurs dont les enfants sont à la fois dans le primaire, le secondaire et le supérieur, (Fournitures scolaires, et habillement des élèves pour ceux dont les enfants sont aux publics) et au delà les frais de scolarités à ceux dont les enfants ont été renvoyés des établissements publics.

Tableau XI : Répartition des enquêtés en fonction des dépenses scolaires.

Depenses scolaires en FCFA

Nombre de personnes en charge

Moinsde50000

 

De50000à100000De100000à200000De200000à50000Plusde500000

 
 

TOTAL

 

Moins de 5

51,9

(14)

33,3

( 9)

14,8

( 4)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

100

(27)

De 5 à 10

17,7

( 3)

41,2

( 7)

23,5

( 4)

17,7 (

3)

0,0 (

0)

100

(17)

Plus de 10

25,0

( 2)

12,5

( 1)

50,0

( 4)

12,5 (

1)

0,0 (

0)

100

( 8)

TOTAL

36,5

(19)

32,7

(17)

23,1

(12)

7,7 (

4)

0,0 (

0)

100

(52)

 

Source : données d'enquête

Le tableau souligne que sur les 52 enquêtés, 19 soit 36,5% dépensent moins de 50 000 ; 17 soit 32,7% dépensent entre 50 000 et 100 000 ; 12 soit 23,1% dépensent entre 100 000 et 200 000 ; et 4 soit 7,7% dépensent entre 200 000 et 500 000.

Une personne sur trois (1/3) dépensent moins de 50 000 FCFA. Ils ont pour l'essentiel leurs enfants dans le primaire. En ce qui concerne ceux qui dépensent entre 50 000 et 200 000 FCFA disposent des enfants au secondaire pour certains et au supérieur pour d'autres.

3-2 Dépenses de l'exploitation

La logique économique voudrait que les revenus tirés des plantations servent d'abord à l'amélioration des rendements, à l'équipement de l'exploitation agricole, à l'augmentation de leur rentabilité.

82

Tableau XII: Répartition des enquêtés en fonction de l'entretien du verger

 
 
 
 
 
 
 

Depenses liées à l'entretien du verger e

De50000

81,5 (22)

14,8 (

4)

e100000à200000De200000à50000

3,7 (

1)

Plus500000

0,0 (

0)

TOTAL

100

 

Nombre de personnes en charge

47,1 ( 8)

47,1 (

8)

5,9 (

1)

0,0 (

0)

100

 

Moins de 5

12,5 ( 1)

50,0 (

4)

25,0 (

2)

12,5 (

1)

100

(27)

 

De 5 à 10

59,6 (31)

30,8 (16)

7,7 (

4)

1,9 (

1)

100

(17)

Plus de 10

TOTAL

Source : données d'enquête

A la lecture de ce tableau, il convient de noter que les dépenses liées à l'entretien du verger sont moins faibles par rapport aux dépenses scolaires. Dans plus de 59.6% des cas, les producteurs dédient peu de revenus aux entretiens. Par contre, 30,8% dépensent en deçà de 100 000 FCFA contre 7,7% entre 100 000 et 200 000 FCFA. Les dépenses effectuées concernent généralement les frais de la main d'oeuvre. Seuls les planteurs aisés peuvent réaliser de gros investissement destinés à améliorer les conditions d'exploitation. Il en est de même de l'épargne.

4-L'épargne

Les planteurs dépensent souvent sans compter à cause des sommes importantes qu'ils perçoivent en une seule récolte. Ils se croient riches et distribuent de nombreux cadeaux (obsèques, dépenses somptuaires), même s'il s'agit de planteurs modestes.

A cette allure, les revenus sont vite épuisés et le planteur est souvent obligé de faire appel, soit aux planteurs aisés et plus économes qui leur consentent des prêts à des taux usuraires très élevés (50 ou 100%), soit aux commerçants ou acheteurs auprès desquels ils hypothèquent la future

83

récolte.

Tableau XIII: Répartition des enquêtés en fonction de la durée des revenus

et des personnes qui contractent des prêts

Quelle est la durée de vos revenus?

Moinsde3mois

De3à6mois

De6à9moins

De9mois.

Oui

 
 
 
 

100 (26)

Non

7,7 ( 2)

30,8 ( 8)

30,8 ( 8)

30,8 ( 8)

100 (26)

TOTAL

23,1 ( 6)

42,3 (11)

30,8 ( 8)

3,9 ( 1)

100 (52)

 

15,4 ( 8)

36,5 (19)

30,8 (16)

17,3 ( 9)

 

Contractez-vous des prèts?

Source : données d'enquête

-Sur les 52 enquêtés, 26 soit 50% contractent des prêts tandis que les 26 autres ne contractent pas de prêts,-36,5% soit 19 ont une durée de leurs revenus comprise entre 3 et 6 mois ; -30,8% soit 16 ont une durée de leurs revenus comprise entre 6 et 9 mois ;-15,4 soit 8 et 17,3 soit 9 ont respectivement la durée de leurs revenus comprise en deçà de 3mois et au delà de 9 mois. Autrement dit près d'une personne sur 3 (1/3) a une comprise entre 3 et 9 mois.

La vente se faisant sur une courte durée, généralement de Janvier ou Février à Avril, le planteur a ainsi l'illusion d'être riche lorsqu'il perçoit en une seule fois le montant total de ses ventes et ne programme pas ses dépenses.

Dans cette configuration, Ils attendent parfois le concours de certains pisteurs pour faire face aux frais de scolarité. Ce sont les fameux « prêts de soudure ». Seuls les planteurs aisés épargnent une part de leurs revenus annuels. La plus part des planteurs conservent leurs avoirs dans des coffres personnels bien camouflés dans leurs chambres. Ils ne font confiance qu'à eux-mêmes.

84

Tableau XIV: Répartition des enquêtés en fonction de leurs lieux d'épargne

Si non,où gardez-vous votre revenus?

Nonréponse

Mobilemoney

Alamaison

Autre

Oui

 
 
 
 

100 ( 6)

Non

83,3 ( 5)

16,7 ( 1)

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

100 (46)

TOTAL

13,0 ( 6)

4,4 ( 2)

82,6 (38)

0,0 ( 0)

100 (52)

 

21,2 (11)

5,8 ( 3)

73,1 (38)

0,0 ( 0)

 

Avez-vous un compte bancaire?

Source : données d'enquête

Selon ce tableau, A la question avez- vous un compte bancaire, 88,5% ont répondu par la négative tandis que 11,5% ont répondu par l'affirmative. 73,1% gardent leurs avoirs à la maison contre 5,8% dans les services mobiles money.

Les avoirs gardés à la maison, restent très souvent improductifs au lieu d'être injectés dans les circuits économiques. Il en résulte de ce qui précède que la pression sociale est peu favorable à l'épargne. Le problème des dépenses varie selon la catégorie de planteur (riche ou modeste). Il existe cependant des points communs aux différentes catégories de planteurs : les dépenses familiales.

5-Les dépenses familiales

Elles sont constituées de dépenses obligatoires et de dépenses occasionnelles.

5-1 Les dépenses obligatoires

Ce sont les dépenses régulières à savoir se soigner, se nourrir, et se vêtir. Ils dépensent moins en nourriture car disposant des champs vivriers. Il

85

en est de même pour la santé où les dépenses sont moindres car les planteurs ont recours souvent à la médecine traditionnelle.

Tableau XV: Répartition des enquêtés en fonction de leurs dépenses sanitaires et alimentaires

Depense alimentaire en FCFA

 
 

De50000à100000De100000à200000De200000à50000

 

Plus500000

TOTAL

 

Moins de 50000

55,6 (15)

37,0 (10)

7,4 (

2)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

100

(27)

De 50 000 à 100 000

27,3 (

6)

36,4 (

8)

27,3 (

6)

9,1 (

2)

0,0 (

0)

100

(22)

Depenses sanitaires en FCFA

De 100 000 à 200

000

Moinsde50000

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

100 (

3)

0,0 (

0)

100

( 3)

 

De 200 000 à 500

000

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0

( 0)

Plus de 500 000

 

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0 (

0)

0,0

( 0)

TOTAL

 

40,4 (21)

34,6 (18)

15,4 (

8)

9,6 (

5)

0,0 (

0)

100

(52)

Source : données d'enquête

Le tableau ci-après montre clairement que les populations dépensent moins à la fois dans la nourriture et dans les frais de santé. L'observation du tableau montre que 21 personnes, soit 40,4% de la population dépensent en deçà de 50 000FCFA pour les soins sanitaires. 27/52, soit 51,92% ont reconnu avoir dépensé moins de 50 000FCFA. Autrement dit une personne sur deux (1/2) utilisent en dessous de 50 000FCFA pour leurs besoins alimentaires et sanitaires.

Ces moindres dépenses sont dues à la disposition des champs vivriers pour ce qui concerne la nourriture et le recours très souvent à la médecine traditionnelle pour ce qui est des frais de santé.

5-2 les dépenses occasionnelles

La production de la noix de cajou coïncide généralement avec la fête de pâques donc c'est une occasion exceptionnelle pour les producteurs d'étaler leur richesse, de montrer aux autres que la récolte a été bonne et

86

d'effectuer des dépenses inattendues. Les dépenses rituelles (obsèques, cérémonies funéraires) ne sont pas à négliger car dans les sociétés africaines les cérémonies funéraires occupent une place importante.

Notons que même si l'utilisation des revenus constitue pour beaucoup un des facteurs non négligeables à la réduction de la pauvreté, cependant le prix d'achat ou de vente relève d'une certaine influence capitale.

87

CHAPITRE III : FACTEURS EXPLICATIFS DE L'INSTABILITÉ DES PRIX

1-Le Prix de vente bord-champ

Le prix planché bord-champ fixé par les autorités en charge de la filière est jusqu'à présent mal compris aussi bien par les acheteurs que par les producteurs. Il est parfois appliqué par les acheteurs pendant les jours qui suivent sa publication mais est rapidement réduit en fonction des conditions du marché local, national et international.

En outre, ce prix minimum est fixé lors du lancement de la campagne officielle qui varie selon les années. Malgré l'interdiction légale pour les exportateurs de collecter des noix avant cette date de nombreux intermédiaires sillonnent les campagnes et achètent de l'anacarde dès le mois de janvier. Les producteurs rencontrés nous ont indiqué qu'à la date où le prix est promulgué ils ont déjà commercialisé au minimum le quart de leur récolte. Le prix de vente bord-champ varient de façon importante selon les villages et les périodes de la campagne d'un acheteur à un autre. (Voir tableau XVI)

88

Tableau XVI : Evolution du prix d'achat bord-champs de 2000 à 2014.

Années

Prix de la noix brute en ( f CFA/kg)

2001

100 à 175

2002

110 à 200

2003

85 à 500

2004

75 à 175

2005

150* à 200

2006

150* à 300

2007

25 à 170*

2008

200*/50 à 250

2009

200*

2010

170* à 250

2011

300* à 450

2012

310*

2013

200*

2014

225

Source: ARECA

89

L'observation du tableau montre clairement que le prix d'achat de la noix brute varie d'une année à une autre et d'une période à une autre pendant toute une saison. Pour le cas typique de 2008, le prix des noix est descendu jusqu'à 50 FCFA. Contrairement à l'année 2008, le prix moyen de la noix brute à partir de 2009 tourne autour de 200 FCFA. Au même moment dans des pays comme le Ghana, la Guinée Bissau et le Sénégal, les prix variaient entre 300 et 400 FCFA le kg de noix brute. Pour l'année 2014, le prix a subi plusieurs variations (voir tableau XVII).

Tableau XVII: variation du prix d'achat bord-champs auquel le produit a
été acheté pour l'année 2014.

 

Nb.cit.

Fréq.

A combien avez-vous vendu le kilogramme

10

 

Moins de 225

39

19,2%

225

3

75,0%

Plus de 225

52

5,8%

TOTAL OBS.

Source : Données d'enquêtes

Pour rappel, le prix officiel garanti fixé par le Conseil de l'Anacarde et du Coton pour La campagne 2013-2014 est de 225 FCFA/kg. Ce sont 75% des producteurs qui ont pu bénéficier de ce prix. Cela est dû au nouveau dispositif mis en place par les nouvelles autorités de la filière. 19,2% ont vendu leurs produits en deçà de 225 FCFA/kg. N'ayant pas pu collecter leurs produits à temps et espérant un prix plus rémunérateur en fin de campagne, c'est ainsi que les prix se sont stagnés autour de 200 FCFA. « Ne pouvant pas manger nos noix, nous étions obligés de les vendre à ce prix », disent-ils. Par contre 5.80% ont bénéficié d'un prix plus rémunérateur dans la mesure où ceux-ci n'ont pas attendu longtemps avant de vendre leurs

90

produits les mois qui suivent la fixation officielle du prix.

2-Facteurs locaux et nationaux des variations

Les facteurs les plus souvent mis en avant par les producteurs et les acheteurs pour expliquer les différences et les variations de prix entre localités, entre dates d'achat et entre campagnes sont la qualité et l'accessibilité. Or, si ces éléments peuvent en effet peser sur le prix proposé au producteur, dans les faits ils n'en sont pas les principaux facteurs explicatifs.

En effet, seuls les exportateurs étrangers et quelques coopératives maitrisent et pratiquent le calcul de la qualité. Celle-ci n'est donc généralement évaluée que lors de la livraison au port d'Abidjan. Du coup, les différences de qualité ne sont répercutées sur les prix proposés qu'au niveau des régions entières en fonction du montant des préfinancements que vont accorder les exportateurs à partir des qualités moyennes de chaque zone de collecte. D'autre part, nous avons pu constater que les producteurs de certains villages moins accessibles que d'autres avaient obtenus de meilleurs prix.

Il faut donc prendre en compte mais relativiser les éléments qualité et distance. Le nombre de barrages routiers entre le village et le chef-lieu de la commune est aussi souvent évoqué. Pourtant, comme expliqué plus haut, les taxes appliquées à ces barrages concernent principalement les gros volumes et ne pèsent donc pas énormément sur les prix proposés aux producteurs individuels.

De façon plus générale, le prix du transport peut fortement varier au cours d'une campagne ou d'une année sur l'autre mais la part qu'il occupe dans la chaine de valeur réduit cet impact à une variation maximum de

91

l'ordre de plus ou moins 20 CFA/kg. On peut considérer que l'organisation villageoise : notamment la présence d'une section de coopérative fonctionnelle ou d'un regroupement de producteur informel a un impact beaucoup plus notable sur les différences de prix pratiqués entre les villages.

Dans les villages les mieux organisés, le regroupement ne serait-ce qu'une partie de la production dont la vente est négociée à un bon prix va automatiquement tirer les prix de l'ensemble du village vers le haut. Sur le même principe, si le volume vendu par un producteur ne semble pas avoir d'effets conséquents sur le prix qui lui est proposé, le volume total de production d'un village est un élément à retenir (quantité produite, voir tableau suivant XVIII).

Tableau XVIII: Répartition des enquêtés en fonction des quantités produites

et des prix

 
 
 
 
 

A combien avez-vous vendu le kilogramme

Moinsde225

12,5 ( 2)

225

75,0 (12)

Plusde225

12,5 ( 2)

TOTAL

Quantité produite

26,9 ( 7)

69,2 (18)

3,9 ( 1)

 

Moins de 500 kg

11,1 ( 1)

88,9 ( 8)

0,0 ( 0)

100 (16)

De 500 à 1 tonne

0,0 ( 0)

100 ( 1)

0,0 ( 0)

100 (26)

De 1 à 5 tonnes

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

0,0 ( 0)

100 ( 9)

De 5 à 10 tonnes

19,2 (10)

75,0 (39)

5,8 ( 3)

100 ( 1)

Plus de 1O tonnes

TOTAL

Source : Données d'enquêtes

A la lecture de ce tableau, nous avons constaté que 69,2% des producteurs qui ont une quantité comprise entre 500 Kg et une tonne ont bénéficié du prix garanti. 88,9% des producteurs qui ont une quantité comprise entre une tonne et 5 tonnes ont également bénéficie du prix

92

garanti. Et 100% de ceux qui ont plus de 5 tonnes ont profité du prix garanti.

Comme nous l'avons signifié plus haut, plus la quantité du producteur est importante, plus sa chance d'avoir un prix rémunérateur est encore grande. Autrement dit, la quantité est un facteur important de négociation.

Les prix de vente bord-champs varient donc localement surtout en fonction de la capacité de négociation des producteurs. Celle-ci dépend de leur information, de leur niveau d'endettement vis-à-vis des acheteurs, de leur urgence à vendre, de la concurrence entre les acheteurs et de l'organisation paysanne locale. Toutefois, une fois la campagne officielle commencée, l'impact de ces facteurs se limite à de variations ne dépassant pas une amplitude de 50 CFA/kg. Les variations liées au taux de change du Franc CFA et aux évolutions du marché international vont jouer un rôle beaucoup plus important sur la composition des prix bord-champ, entrainant des variations d'une amplitude de plus de 300 CFA/kg (Konan ; 2010).

3- Facteurs de variation internationaux.

Les variations que connaissent les cours internationaux de la noix de cajou brute sont donc considérables. Quand bien même, les productions n'interviennent pas au même moment dans les différentes régions du monde, ces prix ont connu une évolution différente. Entre 2000 et 2014, pour une qualité moyenne et toutes origines confondues, les prix internationaux de la noix brute au niveau des ports indiens ont varié entre :

- Un maximum d'environ 1 100 USD/Tonne atteint pendant la campagne 1999 et la campagne 2014.

- Et un minimum d'environ 500 USD/Tonne atteint pendant les campagnes 2001 et 2006.

93

Sur la même période les Taux de conversion moyens mensuels du Franc CFA en Dollar ont varié entre 1 USD = 758,62 CFA en Juin 2001 et 1 USD = 410, 66 CFA en juillet 2008, Soit une variation de 185%

L'impact sur les revenus des producteurs d'anacarde ivoiriens du taux de change entre le Dollar américain et le Franc CFA a donc été considérable mais également de l'Euro. Etant donné que le Franc CFA est indexé à parité fixe avec l'Euro, on peut même remarquer que les revenus des producteurs d'anacarde sont très fortement reliés à l'économie et à la politique monétaire européenne. En estimant que les coûts et marges de commercialisation soient restés sensiblement inchangés depuis cette période, le renforcement artificiel du Franc CFA entre 2000 et 2014 serait responsable d'une chute de 96,8 % des prix bord-champ théoriques avec le passage du prix bord-champ moyen de 406 CFA/kg à 206 CFA/kg pour des prix internationaux identiques (Konan ;2010 Id).

La filière anacarde en Côte d'Ivoire est donc soumise à une très grande volatilité des prix, à la fois annuelle et interannuelle. Cette situation favorise l'endettement et la dépendance des producteurs au profit des intermédiaires, en rendant les stratégies d'épargne et de spéculation extrêmement difficiles pour les producteurs.

4- Barème de fixation du prix

La fixation du prix du kilogramme de la noix de cajou continue de faire l'objet de confusion chez les acteurs de la filière. Les prix ont été fixés,

pour l'année 2012, par un comité scientifique comprenant cinq
représentants des producteurs, deux des acheteurs, trois des exportateurs, deux des transformateurs, quatre issus de structures techniques (ACE, RONGEAD, ARECA), mis en place pour la détermination du prix bord

94

champs des noix de cajou au titre de cette campagne. Les travaux de ce comité ont abouti à l'élaboration du barème obligatoire indiqué dans le tableau suivant en tenant compte des différents facteurs sus mentionnés : (TABLEAU XIX : Barème de fixation du prix de l'anacarde brute du bord champ jusqu'à l'exportation pour l'année 2012)

95

Structure des coûts au : 1 US$ = 485 FCFA

Structure de prix de noix brute de cajou

Unité (kg)

US$/Tonne

FCFA/Tonne

FCF/Kg

FOB Abidjan

1155.22

520 657.40

520.66

 

Total charge mise à FOB

kg

256.49

115 600

115.60

Magasinage+ mise à FOB

kg

77.88

35 100

35.10

Sacherie + contrôle qualité

Kg

25.52

11 500

11.50

INTERCAJOU

Kg

4.44

2 000

2

Redevanc ARECA+FIRCA

Kg

6.66

3 000

4

Frais financiers

Kg

24.41

11 000

11

Frais de gestion + DUS

Kg

79.88

36 000

36

Marge exportateur

kg

22.19

10 000

10

Risque de qualité internatio

kg

6.66

3 000

3

Risque de change ($/CFA)

kg

6.66

3 000

3

MAGASIN PORTUAIRE E= C-D

898.73

405 057.40

405.6

 

Total charge magasin F

kg

97.63

44 000

44

transport

kg

88.75

40 000

40

stockage

kg

0.55

250

0.25

Contrôle qualité

kg

00

00

00

Pesage /manutention

kg

8.32

3 750

3.75

 

MAGASIN INTERIEUR G= E-F

801.10

361 057.40

361.06

 

Total charge bord champ H

Kg

110.94

50 000

50

Coopérative /acheteur

Kg

66.56

30 000

30

Frais de collecte

kg

44.38

20 000

20

BORD CHAMP I= G-H

690.17

311 057.40

311.06

Source: ARECA

96

Ce barème est valable pour toutes les années, pourvue qu'on modifie le prix indicateur ou garanti selon les variations du marché. Les différentes rubriques peuvent faire l'objet de modification selon le prix des amandes sur le marché international. Les prix fixés sont garantis depuis la campagne 2013-2014, mais malgré cela, les prix continuent de ne pas être appliqués. On constate plus les producteurs s'organisent, plus le prix devient rémunérateur.

5- Impact socio-économique du prix sur la vie des producteurs

Pour les populations des zones favorables, l'un des grands intérêts de la culture de l'anacardier réside dans sa rentabilité économique. Selon les paysans, la vente de la noix de cajou constitue une importante source de revenus. Ces revenus leurs permettent de subvenir à leurs besoins essentiels et de faire face à certains problèmes. Toutefois, les réalités liées au non respect du prix et l'arrêt des achats font qu'il devient de plus en plus difficile de faire des prévisions en y incluant les revenus de l'anacarde. Cela rend très difficile la satisfaction de certains besoins primordiaux. Et d'autres regrettent d'avoir dédié à l'anacarde une grande surface de leur parcelle d'où l'arrêt parfois du désherbage et de l'entretien des vergers. Espérant un lendemain meilleur, ils continuent d'agrandir leurs plantations. Outre ces facteurs, d'autres contraintes sont liés au développement de la filière.

6-Rôle et impact des acteurs sur la commercialisation de l'anacarde

Les acteurs engagés dans le processus commercialisation limités aux planteurs et aux petits acheteurs au départ, se sont rapidement multipliés

97

avec le développement de cette culture devenue la culture de rente des régions du nord et du centre. De nouveaux acteurs sont venus ainsi renforcer le secteur avec des intérêts qui sont parfois divergents. Loin de faire une

typologie exhaustive des acteurs, ils influencent directement ou
indirectement la commercialisation de la noix de cajou. Au nombre de ceux-ci figurent les principaux acteurs suivant : les pouvoirs publics, les pisteurs, les grossistes et les exportateurs.

6-1 L'Etat

Jusqu'en 1970, les pommes consommées sous forme de fruits frais par les populations étaient beaucoup plus importantes que les noix. Elles subissaient une très faible transformation primaire avec une productivité très faible eu égard aux méconnaissances des technologies de transformations adaptées en la matière. Par conséquent, le système de production et de commercialisation de la noix de cajou était très peu organisé, sinon même pas organisé au moment où des pays comme le Mozambique et la Tanzanie avaient déjà commencé à pénétrer le marché international.

C'est seulement vers la fin des années 70 qu'on a assisté à l'émergence d'une production nationale un peu structurée et encadrée par les sociétés SODEFOR et SATMACI. En 1997, l'Etat tente d'organiser la filière en créant le « (Comite pour le Développement de la Filière Anacarde) CDFA par l'arrêté ministériel no 101 du 23 mai 1997 qui ne sera malheureusement jamais mise en oeuvre » (Tuo, 2009).

C'est seulement en 2002 que la filière anacarde va commencer à s'organiser avec la création de l'ARECA par le « Décret no 2002-449 du 16 septembre 2002 portant création de la société d'Etat dénommée ?Autorité de

98

Régulation du Coton et de l'Anacarde? (ARECA)», puis celle de l'INTERCAJOU « créé le 12 décembre 2007 en application de l'article 20 de l'ordonnance 2002-448 du 16 septembre 2002 portant cadre organisationnel des filières coton et anacarde » (MINAGRI, 2012) et aujourd'hui le Conseil du Coton et l'anacarde. Bien que la mise en place de ces différents organes ait produit des effets positifs, la filière continue de souffrir de plusieurs maux que nous relèverons au fur et à mesure dans notre développement.

6-2 Les pisteurs

L'élément central qui fonde cette qualification est le fait d'aller « sur le terrain » c'est-à-dire de procéder à la collecte directement auprès des producteurs. Le terme de pisteur reflète dans les faits une grande diversité d'acteurs. De façon synthétique nous avons pu distinguer trois catégories de pisteurs : les « pisteurs mobiles », les « pisteurs résidents » et les « Grand Pisteurs ». Ici, nous allons nous attarder sur les services des premiers.

6-2-1 Les pisteurs mobiles

Situés dans les villes ou les villages, ils travaillent en général pour un grossiste particulier qui les préfinance. Leur objectif premier est de repérer dans une zone des quantités de plusieurs tonnes d'anacarde de manière à ce qu'un groupe d'une dizaine de pisteurs puisse rapidement remplir un camion de 40 Tonnes. Pour cette tâche, ils circulent à moto de village en village et rentrent dans les zones de culture pour rencontrer les producteurs dans les champs. Dès qu'ils ont repéré des quantités suffisantes dans plusieurs villages ils vont récupérer le préfinancement du grossiste puis passent collecter les volumes repérés avec des camionnettes de 3 à 5 Tonnes communément appelées « Kia ». Pendant cette courte période ils

99

rassemblent dans un village ou une ville centrale le fruit de leur collecte, stocké en général dans des magasins de particuliers voire dans des maisons. Ils font ensuite venir un camion de 40 Tonnes qui, une fois chargé partira directement pour Abidjan.

6-2-2 Rôle des pisteurs dans la filière

Les pisteurs sont donc les intermédiaires qui assurent le regroupement de la noix produite sur de vastes superficies. Certains grossistes qui travaillent directement sur le terrain au contact des producteurs se considèrent même comme pisteurs bien qu'ils soient préfinancés par des exportateurs. Les marges que réalisent les pisteurs semblent variables selon les périodes de l'année et la concurrence. Comme ils jouent souvent un rôle de créancier au sein des communautés villageoises et accordent des prêts de soudure ou d'urgence aux producteurs les plus nécessiteux, ils commencent leur collecte tout en se faisant rembourser les prêts accordés.

Tableau XX: Répartition des enquêtés en fonction des personnes auprès desquelles ils contractent des prêts

Si oui auprès de qui?

Nonréponse

Pisteurs

banque

Amis

Parents

Autre

Oui

Non

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

100 (26)

100 (26)

TOTAL

0,0 ( 0)

61,5 (16)

3,9 (

1)

23,1

( 6)

3,9 (

1)

7,7

( 2)

100 (52)

 

96,2 (25)

0,0 ( 0)

0,0 (

0)

3,9

( 1)

0,0 (

0)

0,0

( 0)

 
 

48,1 (25)

30,8 (16)

1,9 (

1)

13,5

( 7)

1,9 (

1)

3,9

( 2)

 
 

Contractez-vous des prèts?

Source : Données d'enquête

Ce tableau montre que 61,5% des enquêtés qui contractent des prêts le font auprès des pisteurs. Cela est dû à un certain nombre de problèmes parmi lesquels on peut citer la moindre organisation des producteurs et la difficulté d'accès aux structures formelles d'épargne.

100

Ce phénomène de recouvrement de créance, associé à l'empressement de nombreux producteurs d'accéder à de la liquidité permet aux pisteurs d'acheter pour leur compte ou celui des grossistes des volumes importants d'anacarde à des prix très bas à l'ouverture de la campagne. Ce n'est que lorsque les exportateurs d'anacarde commencent à se manifester et à générer une forte concurrence entre les acheteurs en apportant des liquidités dans la filière et en indiquant les prix auxquels ils sont prêts à acheter la marchandise à Abidjan que les prix amorce une réelle augmentation jusqu'à s'aligner sur ceux du marché international.

Dans la majorité des cas des marges plus raisonnables vont se situer entre 5 et 20 CFA/kg. Les pisteurs peuvent accroître leur marge lorsque les prix sont en hausse principalement en jouant sur les retards d'information entre les zones de regroupement de la collecte et les villages. Lorsque les prix baissent, ils sont protégés par le préfinancement du grossiste et ont leur marge minimum en général de 10 CFA garantie

Les pisteurs n'ont pas une grande notion de la qualité, leur rôle étant principalement la collecte des plus gros volumes possibles dans un laps de temps limité. Ils ne valorisent donc pas la qualité auprès des paysans et ne font majoritairement qu'acheter en fonction du prix qui leur a été fixé par le grossiste qui les a préfinancés. Aujourd'hui, les pisteurs sont devenus pour la plus part des petits commerçants. Nous avons interrogé nos enquêtés sur l'appréciation qu'ils ont sur le rôle des pisteurs (Tableau XXI).

101

Tableau XXI: Appréciations des pisteurs par les enquêtés.

Appréciation

Effectif (n)

Fréquence (%)

Aide importante

3

5.80

Escroc

49

94.20

Total

52

100

Source : Données d'enquête

Le tableau ci-après montre clairement que les pisteurs se sont détournés complètement de leurs objectifs. Du rôle social qui leur est assigné, ils jouent aujourd'hui un rôle d'escrocs (ils sont traités d'escrocs parce qu'ils ne respectent pas les prix fixés par l'Etat). L'observation du tableau montre que 49/52 personnes, soit 94,20% de la population n'apprécie pas leur travail sur le terrain. Seulement 3/52, soit 5,80% a reconnu le rôle important que devrait jouer ces personnes.

6-3 Les Groupements paysans

Les Groupements paysans sont des modes d'organisation qui tendent à se développer dans les zones productrices d'anacarde. Ils sont d'une certaine façon le point de départ d'un réel mouvement coopératif qui émerge directement de la volonté des communautés rurales. Conscients du manque à gagner qui résulte de leur non-organisation, certains groupes de producteurs et certains chefs traditionnels organisent la vente de la production de l'ensemble du village, en effectuant un contrôle sur les acheteurs qui interviennent dans le village et sur les prix qu'ils proposent aux producteurs.

102

Ces organisations sont souvent encore précaires et n'ont parfois pas un effet considérable sur les prix, mais elles ont le mérite d'émerger de la base et d'avoir une forte légitimité auprès des producteurs. Certains groupements finissent par se transformer en coopérative mais le processus est long.

7- Producteurs et coopératives

Les producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire ont été jusqu'à présent très peu organisés même si l'on constate quelques coopératives à travers les zones de production dans certaines localités du pays. Les coopératives se positionnement comme des intermédiaires assurant une collecte primaire de la production pour le compte d'exportateurs au même titre que les collecteurs traditionnels. D'après les données de l'ARECA, les coopératives ne contrôlent que 9.5% des exportations.

le manque de regroupement est D'une part, dû à certaines mauvaises expériences passées avec les coopératives de la filière coton pour ce qui est du nord et du café et du cacao pour ce qui est des ex-zones productrices de ces deux cultures. Ces faits ont fortement réduit l'esprit coopératif dans les zones de production. D'autre part, les producteurs hésitent et peinent à se regrouper dans une filière où l'abondance d'acheteurs garantit une commercialisation sans effort et où les faibles besoins en intrants ne rendent pas nécessaire les commandes et achats groupés. Pourtant l'absence de compétence des organisations paysannes est l'un des principaux facteurs qui expliquent les prix auxquels les producteurs vendent leur production. Tout d'abord, parce que l'isolement des producteurs les rend moins apte à être informé et à négocier la vente de leur production avec les pisteurs. Ensuite, parce qu'une énorme énergie doit être dépensée par les pisteurs et les

103

grossistes pour organiser la collecte du produit à travers les zones de culture et que ses coûts se répercutent sur les prix bord-champ. Nous verrons cela plus loin.

Cependant, force est de reconnaître que les coopératives existantes n'ont dans la quasi-totalité des cas pas un réellement fonctionnement coopératif. Elles opèrent principalement comme des intermédiaires, elles ne procèdent pas au regroupement mais à l'achat de la production grâce à des préfinancements semblables à ceux que reçoivent les autres acheteurs. La raison de ce fonctionnement est simple. La plupart des coopératives de la filière anacarde sont le fruit d'initiatives extérieures aux communautés de producteurs. Elles sont le plus souvent fondées par des citadins originaires du village ou par quelques gros producteurs et d'avantage intéressés par les conditions de la commercialisation. Nous avons interrogé nos enquêtés sur les structures auxquelles ils vendent leurs produits (voir tableau XXII)

Tableau XXII : structures auxquelles les enquêtés vendent leurs produits

 
 
 

A qui vendez-vous vos produits?

Nb.cit.

32

Fréq.

 

16

 

Pisteurs

3

61,5%

Coopérative

1

30,8%

Commerçants

52

5,8%

Autre

1,9%

TOTAL OBS.

100%

Source : Données d'enquête

A la lecture de ce tableau, il convient de noter que la vente se fait de

façon individuelle, dans plus de 61.5% des cas les producteurs se tournent

vers les pisteurs car ces derniers disposent de la liquidité. Par contre,

seulement 30,8% écoulent leurs produits par le canal des coopératives. Cela

104

est dû au manque de financement des coopératives et à certaines expériences vécues du passé. En effet dans le cadre du binôme café -cacao certaines coopératives ou GVC se sont soldées par des détournements de fond.

8-Les Exportateurs

Deux types de structures sont habilités à exporter l'anacarde en Côte d'Ivoire. D'un côté, des sociétés commerciales, qui sont jusqu'à présent des sociétés ivoiriennes ou les filiales ivoiriennes de sociétés indiennes. De l'autre, des coopératives de producteurs suffisamment grandes et organisées, théoriquement capables de négocier la vente de la production de leurs membres directement avec des acheteurs internationaux. Pour pouvoir exporter, ces structures doivent préalablement demander un agrément d'exportation auprès des autorités publiques.

En 2008, selon l'ARECA, 22 agréments ont été octroyés à des sociétés commerciales et 10 à des coopératives. En 2010, une quarantaine de structures ont été agrées pour l'exportation. Les sociétés commerciales exportent les plus gros volumes. En 2008, trois d'entre-elles ont exporté sur la campagne des volumes supérieurs à 20 000 Tonnes, neuf autres des volumes supérieurs à 10 000 Tonnes. Les coopératives ont réunie de leur côté près de 20% des exportations et trois d'entre-elles ont exporté des volumes excédant les 10 000 Tonnes (Konan, 2010). Leur part de marché a eu tendance à s'accroitre sur les dernières années. Même si une forte concurrence peut se développer entre les exportateurs en fonction de la conjoncture internationale, leur concentration et la domination d'un petit nombre d'entre eux sur le marché ivoirien en font les acteurs dominants de la filière. En général, le processus de commercialisation de se résume

comme suit (schéma I):

Circuit de commercialisation de la filière anacarde

Commerçant

Acheteur

Pisteurs

-sociétés commerciales -industries de transformation

e : Auteur ( Coopératives

Planteurs Producteu rs (Hommes , femmes et jeunes)

Exportation

105

Source : l'auteur (nous même)

A la lecture de ce schéma, nous pouvons affirmer que le circuit de commercialisation de la filière anacarde est long et complexe. Il se fait en l'absence de l'autorité de l'état chargé de l'arbitrage entre producteurs et exportateurs, et de régulation des relations. Les producteurs, qui occupent le maillon essentiel de la filière subissent toujours la loi des intermédiaires spéculateurs et des exportateurs malgré la reforme de la filière.

106

CHAPITRE IV : ANALYSE DES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES LIEES AU DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE

ANACARDE

I: contraintes liées au développement de la filière anacarde

Plusieurs contraintes entravent le développement de la production et de la commercialisation de la noix de cajou. L'éradication de ces contraintes devrait permettre aux producteurs de produire plus et renforcer leur pouvoir économique. Ces contraintes sont nombreuses. On peut citer entre autres, le faible et le non respect du prix d'achat des noix, le manque d'itinéraire agronomique et d'encadrement des producteurs, le faible taux de transformation, l'absence de Politique nationale de production et de commercialisation, l'entretien des vergers.

1-1 Faiblesse du prix des noix

Le facteur de contrainte le plus important est le faible prix d'achat bord champ pour les producteurs de noix de cajou. La chute du prix a un impact négatif sur la production. Lorsque le prix baisse, certains producteurs qui avaient l'intension d'agrandir leur plantation attendent l'évolution positive de la situation. D'autres préoccupés par le futur incertain du prix de la noix, montrent des signes de regret pour avoir dédié une grande surface pour la culture de l'anacardier.

1-2 Itinéraire agronomique

Aucun itinéraire agronomique de production n'est recommandé aux producteurs en particulier en termes de densité des plantations, d'entretien

107

des arbres (taille) et du verger. Il y a une absence de programme de lutte contre les maladies. Les plantations d'anacarde sont menacées par les maladies, par les insectes et les feux de brousse (brûlis).

1-3 Encadrement des producteurs

L'intérêt économique de l'anacardier a pris une ascension particulière ces dernières années. Au vu de cette nécessité, les producteurs d'anacarde devraient être l'objet d'une attention particulière allant dans le sens d'une assistance et d'un encadrement subséquent, surtout lorsqu'il s'agit de paysans très peu formés aux techniques culturales.

L'ANADER, est la seule structure de l'Etat chargée de l'encadrement des paysans. Par le passé, les prestations de cette structure étaient quasiment gratuites. Aujourd'hui, les choses ont changé. Toutes les prestations de l'ANADER allant dans le sens de l'encadrement d'un paysan nécessitent des coûts parfois trop élevés pour celui-ci. Cette situation n'est pas favorable aux paysans qui sont déjà très affaiblies financièrement. Il est donc difficile pour eux de pouvoir se payer des prestations d'encadrement.

1-4 Contraintes de la transformation

Plusieurs contraintes entravent le processus de transformation :

-le manque d'équipements adaptés à la transformation. Les coûts élevés des équipements destinés à la transformation et surtout l'absence de mesures incitatives, le matériel de transformation de noix de cajou n'est pas fabriqué ou disponible sur le marché local ;

-difficultés d'approvisionnement des industriels ivoiriens (cette difficulté est liée aux pratiques de commercialisation interne de la noix de cajou), la

108

limitation de la demande locale (limitation due à la méconnaissance au plan national des produits issus de l'anacarde). L'amande de cajou est un produit cher, et le pouvoir d'achat des consommateurs locaux est bien limité. En conséquence, les transformateurs sont confrontés à l'impossibilité d'écouler leurs productions sur le marché local ;

-Les transformateurs ivoiriens sont confrontés à un problème d'accès au marché d'exportation.

L'Inde, le Brésil et le Vietnam sont les pays les mieux connus pour le marché de l'anacarde, l'origine Côte d'Ivoire n'est pas toujours affichée, les quantités produites sont relativement petites pour satisfaire les quantités minimum à l'exportation exigées par les exportateurs. Le manque d'un cadre financier adapté à l'exportation. Les entrepreneurs qui veulent embrasser le métier de transformateurs de la noix de cajou sont confrontés à un manque de ressources financières afin d'être à mesure d'acheter des équipements performants en la matière.

1-5 Contraintes de l'exportation

Le système financier est inadéquat. Un système de financement capable de garantir un bon fonctionnement des opérateurs commerciaux et d'exportation n'est pas mis en place. Ceci constitue un des problèmes majeurs pour les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) ivoiriennes. Le système portuaire n'est pas favorable pour les exportateurs. Ceux-ci dénoncent la cherté des frais de transport au port autonome d'Abidjan. Les taxes douanières qui restent encore élevés ne facilitent pas le système d'exportation.

109

1-6 Au niveau des organisations de producteurs

Les organisations paysannes existantes sont coupées de la base et n'ont aucune représentativité. Elles n'ont pas les moyens techniques et financiers d'accompagner le processus de renforcement des capacités organisationnelles des groupements de base des producteurs et des coopératives. Elles ne peuvent donc exercer aucune pression pour la défense des producteurs au niveau des cadres nationaux de gestion de la filière et collecte une faible quantité de produits.

Face à la déconnexion des organisations paysannes de la réalité des groupements de base, la dispersion actuelle des coopératives ne favorise pas les intérêts des producteurs. On assiste plutôt à un éclatement des coopératives : de nombreux leaders créent leur propre coopérative qui « travaille pour eux ».

1-7 Autres contraintes

D'autres contraintes entravent le processus de développement de la filière entre autres :

-Les difficultés que rencontre le monde rural, ne laissent aucun choix aux producteurs qui sont dans les zones non organisés ; les prix dérisoires proposés sont acceptés par ceux-ci ;

-L'état de dégradation très avancé du réseau routier en Côte d'Ivoire et surtout dans le monde rural, n'est pas déterminant dans la performance de la filière.

110

2- perspectives

Face aux problèmes sus mentionnés et aux défis à relever, nous avons proposé quelques pistes de réflexion et des résolutions dans le but général d'augmenter le revenu des producteurs, les devises de l'Etat et de renforcer l'organisation de la filière à partir des structures de commercialisation existantes, plus précisément sur les points suivants :

2-1 Lutte contre la faible capacité de négociation des producteurs

La diffusion d'information sur les prix de marché, précédée par des formations sur la filière doit permettre aux agriculteurs de faire baisser les marges excessives des acheteurs en refusant des prix déconnectés de ceux du marché.

2-2 Renforcement de l'organisation de la filière

Le partage d'information doit restaurer la confiance entre les acteurs et fluidifier la chaine logistique. La compréhension de la filière et des écarts entre prix au port, prix grossistes et prix bord-champ pourra servir la réalisation de ventes groupées, premiers pas vers des regroupements coopératifs effectifs et efficaces. L'accompagnement des responsables de groupements et de coopératives dans leurs stratégies de commercialisation visera aussi à les renforcer en augmentant les surplus de revenus qu'elles apportent aux producteurs par rapport à des ventes isolées.

2-3 Protection des producteurs, commerçants et transformateurs ivoiriens contre le risque de prix

L'information sur les prix et l'analyse de marché doivent garantir aux acteurs une prise de risque limitée lorsqu'ils mettent en place des stratégies

111

de stockages ou lorsque les acheteurs et les transformateurs fixent leurs prix d'achat. Des ventes contractualisées entre certaines coopératives et des exportateurs ou des importateurs étrangers permettront aussi de réduire les risques de variation pour les deux parties et d'assurer le préfinancement des coopératives.

-réduire le circuit de commercialisation qui est long et qui réduit considérablement le prix d'achat bord-champ. En se proposant d'éliminer la voix des pisteurs, les producteurs doivent se réunir en coopératives afin de pouvoir mieux vendre leur production;

-mettre en place et renforcé le comité de surveillance des prix fixés par l'Etat;

-mettre en place un système d'informations sur les marchés dans toutes les zones de productions;

2-4 Production et collecte des noix

Il existe plusieurs zones de production (voir carte) propices se présentant à cette culture. Il est nécessaire que les producteurs s'organisent entre eux pour défendre leurs intérêts. La réussite de cette activité de regroupement conduira nécessairement à une production plus grande.

Pour la récolte des noix, il faut instaurer des services de qualités en amont et non en aval. Il faut mettre en place un système pour sensibiliser les producteurs sur certaines règles de récolte à savoir, ramasser les noix une fois qu'elles tombent à terre, éviter la collecte précoce des noix, ne jamais les cueillir sur les arbres ou faire tomber les noix en secouant les arbres.

112

2-5 Transformation des noix

Aujourd'hui, la problématique de la transformation s'impose comme une priorité pour une meilleure valorisation de l'anacarde afin d'éviter une trop grande dépendance de l'extérieur. Pour répondre donc au besoin imminent de la transformation, il faut réglementer les conditions d'installation des unités de transformation aux fins du développement de cette branche d'activité de la filière anacarde ; il faut et de façon spéciale qu'une volonté politique s'exprime à ce niveau pour encourager surtout les nationaux à embrasser le processus d'industrialisation de la filière. Ces dernières années, le nombre d'unités de transformation a augmenté. Il s'agit là d'un apport très important pour la lutte contre la pauvreté. Mais l'effectif du nombre d'unités qui s'est vu augmenter, reste très négligeable face à l'augmentation de la production. Jusqu'à ce jour, le taux de produits transformés reste très faible. Il est donc important qu'un effort soit fait à ce niveau surtout quant on sait que le marché de la noix brute n'est pas connu sur le marché international.

Avec une organisation de producteurs forte, accompagnée d'une véritable politique nationale d'allègement des taxes pour la transformation, toutes les zones de production pourraient alors avoir un tissu industriel se développer progressivement autour de la filière anacarde. Certains exportateurs pourraient se spécialiser pour l'exploitation de l'amande blanche. Ainsi, la Côte d'Ivoire pourrait pleinement développer sa filière de cajou et contribuer à la reconstruction et à la relance post-crise en s'engageant résolument dans l'exploitation de son potentiel de transformation à l'instar des pays comme l'inde, le Brésil et le Vietnam. Les autorités politiques ont accordé une importance dans ce domaine, car elles prévoient

113

organiser un salon en la matière du 26 au 28 novembre 2014 dénommé SIETTA 2014 Salon International des Equipements et des Technologies de Transformation de l'Anacarde.

2-6 Commercialisation et promotion des exportations

La filière anacarde est marquée par une désorganisation des acteurs et une exploitation des producteurs par les acheteurs. Les organisations existantes fonctionnent timidement. C'est pourquoi nous préconisons l'organisation des producteurs au niveau des différentes localités de production. Les producteurs doivent ainsi s'organiser en Groupement d'Intérêt Economique (GIE) ou union au niveau des villages, des départements et des régions pour défendre leurs intérêts économiques. Ces unions devront être fédérées en association nationale forte qui devra porter les revendications de toute la corporation.

La commercialisation et la promotion des exportations de la noix de cajou et surtout de l'amande doit être soutenue dans le contexte actuel. La filière anacarde peut constituer un rempart et une juste réponse à l'équation de la pauvreté et à l'exigence de création des projets générateurs de revenus et de l'emploi en milieu rural. C'est pourquoi, il faut qu'une initiative soit prise pour la promotion du décorticage nationale et ainsi le développement du marché local. Pour une meilleure promotion, il faut élaborer un plan et une stratégie marketing adaptés au développement commercial des produits issus de l'anacarde par les dirigeants de la filière à savoir le Conseil du coton et de l'Anacarde, Afin d'accroître la consommation nationale de l'amande de cajou, il faut définir une politique de promotion pour informer le public sur

114

les vertus de ces produits qui sont très énormes.

2-7 Stratégies et politiques nationales favorisant le développement de la filière

Aujourd'hui, il faut saluer l'avènement de la reforme et bien plus la gestion du Conseil du Coton et de l'Anacarde qui manque encore d'une certaine autorité. Mais il faut aller au-delà en élaborant et appliquant d'autres modèles qui puissent assurer le développement capacitaire de tous les aspects de la filière et par la même occasion, éliminer tous les dysfonctionnements.

En attendant que le processus de transformation rentre dans une phase de croisière, il faut bien gérer dans l'immédiat et à court terme la filière de production et d'exportation exclusive des noix brutes et optimiser les revenus des opérateurs impliqués à ce niveau. Il s'agit surtout ici des producteurs et par la suite des autres intervenants. L'Etat doit créer un environnement propice (favorable), c'est-à-dire :

-créer un cadre réglementaire efficient de la filière anacarde ;

-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer leur production (en créant des voies d'accès) ;

-stimuler les recherches dans la filière anacarde ;

-améliorer la compétitivité de la filière dans le cadre d'une bonne gestion des ressources humaines. Pour tout cela, il est souhaitable que l'Etat cède une partie de ses droits intervenants dans la fixation du prix pour la constitution d'un fond devant servir aux activités de production, de commercialisation et de transformation de l'anacarde afin de lever les obstacles éventuels liés aux

115

structures portuaires.

2-8 Amélioration et garantie de la qualité des exportations

La promotion et l'assurance de la qualité de la noix et des produits dérivés permettent aux producteurs et aux transformateurs de tirer le meilleur profit et avantage possible de la filière. Il faut donc recommander l'adoption d'une norme de qualité ivoirienne de la noix susceptible d'aider à la promotion du label ivoirien; ce qui devrait conduire à l'ouverture d'un service de contrôle en amont.

La qualité des produits issus de l'anacarde doit être certifiée et en conformité avec les normes de références. En dehors du district du Zanzan où la qualité des noix est très bonne (l'outturn varie de 47 à 50 avec un taux de grainage oscillant entre 180 et 185), dans les autres régions cette qualité est moyenne; l'outturn y varie de 40 à 48). Il est par conséquent nécessaire de poursuivre la sensibilisation sur la qualité pour que cette pratique fasse partie des priorités des producteurs dans la conduite de l'itinéraire technique.

Conclusion partielle

Le développement de la filière à travers le processus de

commercialisation et de transformation est une opportunité importante de création d'emploi à court et à long terme à saisir. Elle permettra de réduire le taux de chômage des jeunes en général et en particulier celui des femmes avec pour finalité la réduction du taux de pauvreté dans toutes les zones de culture. Pour y parvenir, il faut arriver à contourner un certain nombre de contraintes qui entravent les efforts déjà consentis.

116

CONCLUSION

Bien que la filière anacarde connaisse des problèmes très divers, elle constitue un volet très sensible pour l'économie ivoirienne. Elle fait vivre plus de deux millions cinq cent mille personnes et occupe la troisième place en terme des produits d'exportation, elle nécessite plus d'attention de la part des pouvoirs politiques.

En effet, « l'or brun » est un élément qui contribue à la stabilité des migrations, à la lutte contre la pauvreté et à la certification du bien être des producteurs. Même si l'exploitation se localise seulement dans les zones centre et nord du pays, on note que les potentialités sont énormes. L'étude montre qu'elle nécessite une véritable organisation malgré les reformes effectuées si l'on veut prétendre à un meilleur développement dans les zones de production.

La formation des producteurs est une nécessité capitale pour un développement harmonieux et durable de la filière. L'opportunité qu'offre le processus de transformation (lutte contre la pauvreté) doit être saisie aussi bien par les producteurs que par l'Etat. Aujourd'hui, la redéfinition du rôle de chaque acteur impliqué dans la commercialisation de la filière est plus que jamais nécessaire. Car, il y va de l'intérêt de tous, mais plus de l'économie ivoirienne. Ce sont là des contraintes qui apparaissent le plus souvent au sein de la filière marquée par la désorganisation, le manque de coordination et de contrôle.

La filière anacarde est cependant confrontée à de nombreuses questions qui ont été explicitées et face à cette situation, des changements profonds et durables s'imposent pour consolider la filière et en faire un moteur pour le développement rural du Nord de la Côte d'Ivoire. La

117

nécessité de définir une stratégie sectorielle à moyen et long terme pour l'anacarde est cruciale.

Notons toutefois que l'efficacité d'un système économique, quelle que soit la qualité, se mesure à travers sa capacité à lever les contraintes qui pèsent sur le développement des filières agricoles et à transférer aux moindres coûts les innovations technologiques capables d'assurer aux paysans un revenu satisfaisant. Malgré ces contraintes, les populations continuent de croire aux réelles potentialités d'une filière qui cherche toujours ses repères.

Dans un souci de cohérence et de pertinence, l'objectif global de cette étude se situe dans le cadre de la réduction de la pauvreté des zones productrices de la Côte d'Ivoire et bien sûr, de manière plus large, de l'ensemble de la Côte d'Ivoire. Cela a conduit à formuler l'hypothèse de l'étude suit après : la persistance de la pauvreté dépend du mode d'utilisation des revenus par les paysans. Cela devra permettre d'augmenter et sécuriser de façon durable les revenus des producteurs d'anacarde. Ainsi, la méthode comparative et la méthode systémique ont été mobilisées. Nous avons constaté que les résultats observés et les résultats attendus sont en phase. Notre Hypothèse est vérifiée donc confirmée.

La filière anacarde nécessite une mobilisation de tous les acteurs autour d'une stratégie de développement, soutenue par les pouvoirs publics, les organismes non gouvernementaux et internationaux afin de faire bénéficier aux producteurs les retombées de la reforme. Cela permettra de donner à la filière l'éclat tant attendu de tous avec la création de milliers d'emplois, ayant pour conséquence l'amélioration du pouvoir d'achat des producteurs.

118

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

122

123

GUIDES D'ENTRETIEN

Guide d'entretien à l'adresse du conseil de l'anacarde

1- Quelles sont les composantes qui interviennent dans la fixation du prix bord champ ?

2- Quel rôle joue le Conseil dans la gestion de la filière anacarde ?

3- Quelles sont les différentes structures d'encadrement des paysans producteurs d'anacarde ?

4- Quelles sont les différentes unités et usines de transformation de la noix de cajou en Côte d'Ivoire ?

5- Quels sont les rôles joués par les pisteurs dans la commercialisation de la noix de cajou ?

6- Quels sont les différents prix d'achat bord champ de 2013 et 20014 ?

7- Quelles sont les différentes quantités de noix brute et d'amande blanche exportées de 2010-2014 ?

8- Y a-t-il un laboratoire national de contrôle et de certification de la quantité à l'exportation ?

9- Quelles stratégies doit-on mettre en place pour lutter contre le manque d'organisation des paysans producteurs d'anacarde ?

10-quels sont les organes qui composent votre structure ?

124

11- Existe-t-il des structures de contrôle des prix ?

12-Combien de coopératives sont- elles membre de votre institution ? 13-quels les obstacles auxquels vous êtes confrontés sur le terrain ? 14 Comment suivez-vous l'évolution du prix sur le terrain ?

15-les pisteurs disposent-ils d'un permis d'achat ?

125

Guide d'entretien à l'adresse de l'agent ANADER de Koun Fao

1-Quelle est la part de l'anacarde dans l'économie dans la commune ? 2-Quel est le taux de pauvreté dans de la commune ? 3-Combien de coopératives comprend la commune ?

4-Quelles sont les mesures mises en place pour venir en aide aux producteurs ?

5-Quelles sont les structures d'épargné de la commune ?

6-Quels sont les moyens de contrôle que vous disposez pour le prix ? 7- Quels objectifs visez-vous dans l'encadrement des producteurs ? 8-Avez-vous constaté une amélioration dans vos actions d'encadrement ?

9-comment pouvez-vous expliquer le fait que malgré la croissance de la production agricole, l'on puisse parler pauvreté ?

10-Qu'est-ce qui détermine selon vous le choix de cette culture par les paysans ?

126

QUESTIONNAIRE A L'ADRESSE DES PRODUCTEURS

3. Origine ethnique - Origine ethnique 1.Autochtone

2.Allochtone

3.Allogène

4. Situation matrimonial - Situation matrimonial

1.Célibataire 2.Marié(e) 3.Divorcé(e) 4.Veuf(ve) 5.Autre

 

5. Niveau d'instruction - Niveau d'instruction

1.Analphabèt 2.Primaire 3.Secondaire 4.Supérieur 5.Autre

6. Nombre de personnes en

charge - Nombre de personnes

en charge

1.Moins

de 5

2.De 5

à 10

3.Plus

de 10

7. Utilisation des revenus - Utilisation des

revenus

1.Entretien du

verger

2.Nourrir la

famille

3.Scolarisation

4.Soins de santé

5.remboursement

des dettes

6.Autre

12. Quels types de medicine utisez-vous?

1.Traditionnel

2.Medicaments

par terre

3.Medicaments

chinois

4.Medicaments

d'hôptaux

5.Autre

 

Si oui, lequel? - Si oui, lequel?

1.Vélo 2.Moto 3.Voiture 4.Autre

 

10. Source d'energie utilisée - Source d'energie utilisée

1.Lampe

tempête

2.pile/batterie

3.courant

électrique

4.Groupe

électrique

5.Energie

6.Autre

 

11. Source

d'approvisionnement

en Eau

1.Marigot

2.puits

3.Pompe

4.L'eau

de

robinet

5.Autre

127

 

1.Moins

de 3

 
 
 
 

14. Menez vous autre activité à part l'agriculture?

1.Oui

 

4.Autre

16.

Principal

1.Brique

en dur

2.Brique

en terre

3.terre

battue

 
 
 

19. A combien avez-vous vendu le kilogramme en FCFA?

1.Moins

de 225

2.225

3.Plus

de 225

 
 
 
 

17.

Quantité

produite

1.Moins

de 500

kg

2.De

500 à 1

tonne

3.De 1

à 5

tonnes

4.De 5

à 10

tonnes

5.Plus

de 1O

tonnes

20. Par quelle voie informez-vous sur le prix?

18. A qui vendez-vous vos produits?

1.Pisteurs 2.Radio 3.Télévision 4.Autre

1.Pisteurs 2.Coopérative 3.Commerçants 4.Autre

21.

Avez-vous

un compte

bancaire?

1.Oui

2.Non

22. Si non, gardez-vous votre revenus?

1.Mobile

money

2.A la

maison

3.Autre

128

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

129

1.Moins

de

50000

2.De 50 000 à 100 000

3.De 100 000 à 200 000

4.De 200 000 à 500 000

5.Plus

de 500

000

24. Depense alimentaire en FCFA

1.Moins

de 5

2.De 5

à 10

3.Plus

de 10

26. Nombre d'enfants solarisés

1.Moins

de 50

000

2.De 50 000 à 100 000

3.De 100 000 à 200 000

4.De 200 000 à 500 000

5.Plus

de 500

000

27. Depenses scolaires en FCFA

1.Moins

de 50

000

2.De 50 000 à 100 000

3.De 100 000 à 200 000

4.De 200 000 à 500 000

5.Plus

500

000

28. Depenses sanitaires en FCFA

1.Moins

50 000

2.100 à

200

000

3.De 200 000 à 500 000

4.Plus

500

000

30. Depenses liées au remboursement des dettes en FCFA

23.

Contractez-vous

des prèts?

1.Oui

2.Non

29. Depenses liées à l'entretien du verger en FCFA

3.De 200 000 à 500 000

4.Plus

500

000

1.De

50

000

2.De 100 000 à 200 000

25. Si oui auprès de qui?

1.Pisteurs 2.banque 3.Amis 4.Parents 5.Autre

130

TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES UTILISES iv

LISTE DES FIGURES, SCHEMA ET TABLEAUX vi

INTRODUCTION .1

PREMIERE PARTIE : CONSIDERATION D'ORDRE

THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : Cadre théorique 1-Justification

1-1 la raison pratique

1-2 la raison scientifique

2-Problématique
3-Objectif général

4

.4

4

4

5

9

4-Hypothèse de recherche

9

5-Opérationnalisation des concepts

...9

6-Définition des concepts

12

6-1 Pauvreté

12

6-2- Commercialisation

15

6-3-Gestion

16

7-Revue Critique de la littérature

..17

7-1-Contribution de l'anacarde à la lutte contre la pauvreté.... ...18

7-2-Rapport prix et pauvreté ...20

CHAPITRE II : Cadre méthodologique .24

1- Délimitation du champ d'étude 24

1-1- champs géographiques

.24

1-2-champs sociologiques

25

2-Techniques de collecte des données

....26

2-1 L'observation

...26

2-2 Le guide d'entretien

27

2-3 Questionnaire

.27

3-Etapes de la recherche

28

3-1 Enquête exploratoire

28

3-2 L'enquête

3-3 La documentation

3-4 L'échantillonnage

.28

28

29

3-4-1 Critère de choix de l'échantillon

.29

3-4-2 tailles de l'échantillon

.30

4-Méthode d'analyse

30

4-1 La méthode systémique

.31

4-2 La méthode comparative

31

4-3 Dépouillement des données

31

4-4 Difficultés rencontrées

.32

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, PRODUCTION ET EVOLUTION DE LA FILIERE ANACARDE

CHAPITRE I : Présentation de la filière anacarde .

34

1-Historique

34

2-Présentation de l'anacarde

.34

131

3-Technique culturale 37

132

4-La culture de la noix de cajou ..38

5-Techniques de récolte ..39

6-Stockage et qualité des noix

CHAPITRE II : Organisation et évolution de la filière anacarde

..39

en cote d'ivoire

41

1-Organisation de la filière

41

2- Production et évolution de l'anacarde

.42

2-1 Evolution de la production nationale de 2000 à 2014

42

2-2 Analyse des exportations des noix de cajou

44

2-3 Les entreprises nationales de transformation

46

2-4 Analyse des exportations des amandes

.49

CHAPITREIII : Caractéristiques générale de la région d'étude

52

I-Présentation de la région d'étude

..52

I-1 Hydrographie

..56

I-2 Climat

.56

I-3 Végétation

56

I-4 Peuplement

.57

I-5 Cultures pratiquées .57

II-Caractéristiques socio-économiques 58

II-1 Situation foncière ...59

II-2 Migration et exode rural ..59

Conclusion partielle 59

133

TROISIEME PARTIE : COMMERCIALISTION DE LA NOIX DE CAJOU FACTEURS

EXPLICATIFS DE LA VOLATILITÉ DES PRIX

CHAPITRE I: Caractéristiques sociologiques des enquêtes

.62

1-Sexe et âge

62

2-Niveau d'instruction nombre d'enfants en charge

..63

3-Situation matrimoniale

.65

CHAPITRE II : Contribution de la commercialisation de la noix

de cajou à la lutte contre la Pauvreté

67

1-La pertinence de la filière pour le développement agricole de la

Côte d'Ivoire et la lutte contre la pauvreté

 

67

2-L'apport économique

68

 

3-L'apport social

 

.71

3-1 Les frais de scolarisation

 

72

3-2 Dépenses de l'exploitation

 

.72

4-L'épargne

 

73

5-Les dépenses familiales

 

..75

5-1 Les dépenses obligatoires

 

75

5-2 les dépenses occasionnelles

 

76

CHAPITRE III: Facteurs explicatifs de l'instabilité des prix.78

1-Le Prix de vente bord-champ

78

2-Facteurs locaux et nationaux des variations

.81

3- Facteurs de variation internationaux

. 83

4- Barème de fixation du prix

84

 

134

5- Impact socio-économique du prix sur la vie des producteurs .87

6-Rôle et impact des acteurs sur la commercialisation de l'anacarde..88

6-1 L'Etat 88

6-2 Les pisteurs 89

6-2-1 Les pisteurs mobiles .89

6-2-2 Rôle des pisteurs dans la filière 90

6-3 Les Groupements paysans ..92

7- Producteurs et coopératives .93

8-Les Exportateurs .95
CHAPITRE IV: Analyse des contraintes et perspectives liées à

la commercialisation de la noix de cajou 97

I: contraintes liées au développement de la filière anacarde 97

1-1 Faiblesse du prix des noix 97

1-2 Itinéraire agronomique 97

1-3 Encadrement des producteurs .98

1-4 Contraintes de la transformation 98

1-5 Contraintes de l'exportation ..99

1-6 Au niveau des organisations de producteurs 100

1-7 Autres contraintes 100

2- perspectives 101

2-1 Lutte contre la faible capacité de négociation des producteurs...101

2-2 Renforcement de l'organisation de la filière 101

135

2-3 Protection des producteurs, commerçants et transformateurs

ivoiriens contre le risque de prix 101

2-4 Production et collecte des noix 102

2-5 Transformation des noix 103

2-6 Commercialisation et promotion des exportations 104

2-7 Stratégies et politiques nationales favorisant le développement de

la filière 105

2-8 Amélioration et garantie de la qualité des exportations 106

Conclusion partielle .106

CONCLUSION 107

BIBLIOGRAPHIE .109

ANNEXES ..viii

TABLE DES MATIERES ..xvi






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo