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Gestion foncière et mutation urbaine. Le cas de Ziguinchor du Sénégal.

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par Assane DIALLO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 2015
  

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Chapitre II : Une dynamique urbaine incontournable

I Les différentes phases de la mutation urbaine de Ziguinchor : de l'époque coloniale aux années 1980

? De l'époque coloniale à 1960.

Lorsque, la ville de Ziguinchor devient française en 1886, l'escale n'était encore qu'un bourg de quelques 500 habitants, peuplé de Portugais, métis ou assimilés par le baptême. En effet, le développement commercial, économique et culturel insufflé par la colonisation française, dès 1886, est à l'origine d'une très forte immigration, qui loin de se ralentir aujourd'hui, se manifeste avec toujours plus de vigueur. La migration de population est un « phénomène permanent dans l'histoire de l'humanité, c'est à partir d'elle que se sont forgés les différents môles de peuplement de la planète qui servent désormais de base d'appartenance territoriale à plusieurs groupes socio-culturels »33. L'implantation des maisons de commerce, la mise en place d'une administration régulière et la création d'industries, de banques, attirent des commerçants et cadres Sénégalais. En plus, des artisans et de petits commerçants viennent s'ajouter à ce flux. Nous illustrons cette assertion, par les propos de TRINCAZ, « l'essor de la traite en Casamance, en période coloniale, du caoutchouc, puis surtout de l'arachide, provoque un afflux de main-d'oeuvre dans les diverses escales du Sénégal et surtout à Ziguinchor, qui s'affirme rapidement comme le premier port de Casamance »34, c'est donc « la commercialisation avec l'ouverture de moyens de communication qui se trouve à la base de l'exode rural ». Lorsque le colonisateur a imposé l'arachide comme culture commerciale, au détriment des cultures vivrières, suivi, plus tard, par la baisse des cours mondiaux de l'arachide, la situation du paysan commence à se détériorer peu à peu. C'est dans ce contexte que la ruée vers les ciels les plus cléments débute, c'est, ce que confirme toujours TRINCAZ : « à l'époque coloniale, la situation paysanne devient, en effet de plus en plus difficile et précaire »35. L'instauration d'un contrôle administratif permanent et l'obligation de l'impôt,

33 Michel Bruneau : Mobilités, migrations et pauvreté en Asie du sud-est, CNRS-Université de Bordeaux, 48 pages.

34 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamane, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 pages.

35 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 pages.

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l'introduction forcée de la culture de l'arachide et l'instabilité de son cours mondial, la baisse conjointe des productions vivrières et l'incitation aux biens de consommation, font du paysan, un être démuni, opprimé, angoissé et frustré. Alors que, la ville offre, quant à elle de nouvelles possibilités économiques, un cadre culturel attirant, un espoir d'enrichissement et de promotion sociale totalement refusé aux paysan. Ce qui est, à l'origine du peuplement rapide et croissant de la ville de Ziguinchor, par les populations de la basse Casamance, suivi bientôt par les populations de la Guinée Bissau, auxquelles la métropole pauvre est incapable d'offrir des débouchés suffisants. La question des migrants débouche sur elle, de l'insertion économique et résidentielle, des populations dans les villes d'accueil. D'importants efforts ont été menés, pour développer l'économie de la Casamance, et plus particulièrement la ville de Ziguinchor grâce à l'arachide, une nouvelle potentialité s'impose dans les années 50, avec le tourisme.

Carte 3 : le plan de la ville de Ziguinchor en 1952

Source : Service technique de la ville de Ziguinchor.

Pendant, cette période, la ville s'est extrêmement développée sur le plan spatial, en consommant plus d'espace. « Cela résulte par les lotissements successifs, qui compléta Santhiaba celui de 1902, le plan est un dossier régulier d'orientation NW-SE et NE-SW avec

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des lots de 30m/30 »36. Boucotte, qui lui est envahi par les ruraux, son lotissement se fait quelques années plus tard, c'est-à-dire en 1926, avec des axes NS et EW. Depuis lors, les quartiers qui l'entourent débordent pour former d'autres, le plus souvent de manière spontanée. Quasiment, durant ces années, toutes les villes côtières ont connu une croissance exponentielle, les colons se sont installés dans ces zones pour faciliter le transport des marchandises par voie maritime et fluviale. Ceci a suscité même des vagues de touristes vers la Casamance à cause de sa forêt verdoyante.

Graphique 2 : Evolution de la population de 1888 à 1960

35000 30000 25000 20000 15000 10000

5000

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

 

? De 1961 à 1980.

L'aspiration de chacun, à avoir, à sa disposition des surfaces plus conséquentes, plus agréables pour ses diverses activités, rendu possible notamment grâce à l'élévation des

36 Source : ADM, Service technique de la mairie de Ziguinchor.

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niveaux de vie, à la diversification de l'offre et de déplacement, conduit à accélérer le phénomène d'étalement urbain ces dernières décennies. Par conséquent, nous considérons que l'urbain est en constante croissante ; tant dans ses dimensions fonctionnelles, sociales et spatiales. Ce qui fait, que depuis l'indépendance du Sénégal en 1960, nos villes connaissent des mutations urbaines importantes, liées à la croissance économique, démographique et à la crise qui sévissait le monde rural dans les années 70-80. Celle-ci a causé un déplacement massif de populations vers les villes Sénégalaises en quête d'un meilleur cadre de vie.

Carte 4 : Evolution Spatiale de la ville de Ziguinchor

Cette période est considérée comme, période charnière de la plus grande sécheresse connue en Afrique de l'ouest au cours du XXème siècle, puis qu'elle marque la fin de l'épisode humide. Les décennies 1970-1979, sont caractérisées par l'importance et la sévérité des déficits pluviométriques, notamment 70-73, 76-77. Dans ce contexte, Le Borgne précise, « qu'au Sénégal et en Gambie, sur douze stations synoptiques, une seule, Kédougou, a connu depuis

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1969, quatre années dont les précipitations sont égales à la normale »37. Ceci montre, la complexité et la gravité de cette sécheresse, qui a fait souffrir énormément cette population paysanne, qui n'avait d'autres sources de revenus que celles tirées de l'agriculture. Fall et Al, en 2005, confirment également, « cette sécheresse a profondément bouleversé les campagnes Sénégalaises par l'absence ou la faiblesse de récolte, le tarissement précoce des mares, les difficultés d'approvisionnement en eau, la perte du cheptel, la disette dans les foyers et par voie de conséquence, la migration vers des lieux aux conditions plus favorables, particulièrement vers les villes »38. Ces vingt dernières années la région de Casamance traverse une multitude de crise : agricole, socio-économique39. La baisse de la pluviométrie entraine un déficit dans la production rizicole et une diminution des superficies cultivées.

Graphique 3 : Evolution annuelle de la pluviométrie à Ziguinchor (1921-2009)

Source : Sané (Tidiane), et Sy (Oumar), Changement Climatique et Vulnérabilité de la ville de Ziguinchor.

37 Le Borgne

38 Fall et al. 2005 : Changement climatique, mutations urbaines et stratégies citadines à Dakar (Sénégal), in urbain-rural : l'hybridation en marché, Enda tier-monde,p :190-231.

39 Robin Nelly (IRD), Ndione Babacar (Handicap international) : l'accès au foncier en Casamance : l'enjeu d'une paix durable ? Dakar, Avril 2006, 15 pages.

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Conséquences, on note de plus en plus de rizières abandonnées, la migration vers Ziguinchor, la principale ville de la Casamance. Cette période correspond aussi, à la guerre d'indépendance de la Guinée Bissau causant des centaines de réfugiés vers la ville de Ziguinchor, et les persécutions et exactions exercée par le régime de la Guinée Conakry. Toutes ces personnes convergent vers la ville de Ziguinchor en quête d'une sécurité et d'un meilleur cadre de vie. Et une fois arrivés, ces néo-citadins s'installent dans la périphérie, contribuant à une mutation urbaine incontournable. Pendant cette période la ville a accueilli des milliers de personnes déplacées. C'est pourquoi les responsables de la gestion de la ville de Ziguinchor ont procédé à des lotissements pour plus de sécurisation foncière et diminué les habitats spontanés. Cela résulte, aux lotissements des quartiers Lyndiane environ 53 ha 90a 49ca40, Tilène en vue d'améliorer l'accès ; d'y réaliser des infrastructures de base, d'y procéder à l'assainissement et de régulariser la situation foncière des parcelles occupées à plus 1400 lots41, environ 400m2 chacun. En effet, les lotissements de 1972, appliqués en 1979, sont à l'origine de plus de 5000 déguerpis à recaser dans les nouveaux quartiers Kénia, Diabir, c'est dans ces quartiers périphériques qu'il y a plus d'espace car le centre-ville et les anciens quartiers étant saturés, les autorités ayant conscience de ce problème, ont réalisé ces lotissements. Car « la pression de la ville est définitive, l'élément catalyseur des mutations foncières rurales et de son corollaire le morcellement et la vente des champs sous forme de parcelles à usage résidentiel », l'exemple des quartiers comme : Diabir, Lyndiane, Kandialang, Goumel, Kénya, Diéfaye montre un processus de mutation urbaine exponentielle, à cause du nombre important de personnes arrivées pendant cet intervalle, c'est-à-dire de 1961 à 1980. Pendant cette période, plusieurs facteurs favorables à la migration, ont causé le déplacement des milliers de personnes vers la ville de Ziguinchor. Cette période coïncide encore, avec l'expansion de l'industrie touristique, surtout avec la création de la station balnéaire du cap-Skirring et le développement des hôtels dans la commune de Ziguinchor. Viennent s'ajouter à ce flux, dès l'indépendance, l'accroissement démographique très fort. Entre le recensement de 1961 et celui de 1967, la direction de la statistique du Sénégal a constaté un rythme d'accroissement supérieur à celui de Dakar (8,1% par an)42. Donc, en

40 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.

41 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.

42 ANSD.S

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l'espace de quatre années la ville de Ziguinchor a connu un boom démographique spectaculaire, lié à l'arrivée de jeunes garçons et de jeunes filles en âge de procréer43.

Graphique 4 : Evolution de la population de Ziguinchor de 1960 à 1980.

80000

69646

70000

60000

 

50000

50000

 

40000

 
 
 

30000

31660

 
 
 
 

20000

 
 
 

10000

 
 
 

0

 
 
 

1960 1967 1976

II Les différentes phases de la mutation urbaine de la commune de Ziguinchor : de 1980 à nos jours

? De 1981 à 2000

L'étude des dynamiques et la structuration spatiales donne d'abord une vue d'ensemble des formes urbaines. Elle souligne la croissance globale, les principales modalités d'occupation du sol, et aboutit fréquemment à une classification des sites et des paysages. Du mode de composition `précoloniale 'aux étapes contemporaines de consommation de l'espace périphérique, la croissance urbaine relève plus souvent d'un « mode extensif que d'un schéma de densification »44. L'urbanisation galopante des villes ouest-Africaines est due à l'afflux massif des ruraux. Cette période est marquée par une « mutation très nette de la « conflictualité » et des guerres dans un monde désormais unipolaire : les guerres entre Etats

43 Pierre Xavier Trincaz : Colonisation et Régionalisme : Ziguinchor en Casamance, Edition de l'ORSTOM, Collection Travaux et documents n°172, Paris 1984, 259 pages.

44 Said Madani (2012) : Mutations urbaines récentes des villes intermédiaires en Algérie : cas de Sétif ; Thèse de doctorat d'Etat en Architecture, Université Ferhat Abbas de Sétif ; Institut d'architecture et des Sciences de la terre, Département d'architecture 266 pages.

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sont en régression, mais les violences civiles et guerres locales continuent et s'internationalisent »45. Dans ce contexte, les réalités nouvelles de violences des droits de l'homme posent des déplacements humains forcés, internationaux ou internes. En effet, la Casamance n'a pas échappé à ce phénomène qui ne cesse de gangréner surtout au sein des Etats Africains. C'est dans ce contexte que la Casamance est confrontée depuis 1982 à une revendication indépendantiste, qui est source d'un conflit armé qui ne cesse de perdurer. Par conséquent, les exactions et l'insécurité ont fait fuir des milliers personnes des campagnes vers la ville de Ziguinchor en quête de sécurité. Depuis, la plupart des refugiés ou déplacés confrontés à des conditions d'existence lamentables et précaires, ont rejoint la ville de Ziguinchor. Cette nouvelle mobilité forcée a accru encore la pression démographique, causant un accroissement exponentiel de la population. En effet, « au cours de ces 20 ans de conflit, dans toutes ces zones stratégiques, la violence des affrontements a entrainé un exode de 60.000 à 80.000 personnes, et un abandon de plus de 231 villages, et 4000 élèves »46, nouvellement installés dans la commune de Ziguinchor. Dès lors, l'exode de ces populations pose avec acuité le problème foncier. L'ONG, APRAN/SDP notait en 2009 le « déplacement à Ziguinchor de 23 villages avec 995 familles soit 10.522 personnes »47. Ces personnes à revenus modestes voire inexistants, s'installent dans la périphérie où l'accès au foncier est plus facile, et qu'ils puissent pratiquer en même l'agriculture périurbaine, qui est la base de leur alimentation et de leur source de revenus, du fait que la majeure partie, ayant aucune qualification professionnelle, leur permettant à l'accès facile, à un emploi urbain autre que l'agriculture. En une décennie, la ville de Ziguinchor a connu une croissance démographique rapide, résultant une extension irrégulière dépassant ses limites officielles, qui était en 1972 à 3400 ha, pour atteindre aujourd'hui 4450 ha (ADM)48. En effet, ne pouvant pas payer le loyer, ni acheter des terrains dans le centre-ville moins encore dans les quartiers anciens, s'installent dans les zones non loties, résultant de la multiplication de l'habitat spontané et d'une mutation considérable, ainsi qu'une occupation anarchique, compliquant la gestion

45 Ruano Borblan (J-C) : La théorie des relations internationales : Sciences Humaines, n°116, mai 2001, PP 42-43.

46ONG : Association pour la promotion rurale de l'arrondissement de Nyassia/ Solidarité-Développement -Paix (APRAN/SDP).

47 ONG : Association pour la promotion rurale de l'arrondissement de Nyassia/ Solidarité-Développement -Paix (APRAN/SDP).

48 Source : ADM de Ziguinchor.

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foncière. Ce que confirment les travaux de DIEYE, 200949, selon lui quasiment tous les néo-citadins se sont retrouvés dans les quartiers périphériques à l'exception de Boucotte Centre. Car vue, la cartographie des zones d'installation des personnes déplacées, d'emblée nous comprenons que le phénomène est quasi-universel.

Carte 5 : L'installation des réfugiés dans la commune de Ziguinchor

Dans toutes les villes du monde, plus particulièrement celles, Africaines, 99% des nouveaux arrivants, que ce soit, ceux ayant fui le conflit ou ceux qui ont fui les conditions difficiles des campagnes s'installent en périphérie. Ils vivent dans des zones dépourvues d'infrastructures de base, ni d'équipements et dans les conditions de promiscuité, de vulnérabilité et de précarité, sont confrontés à de nombreuses difficultés dans leur zone de résidence. L'afflux

49 Dieye Babacar : Personnes déplacées : les courants migratoires vers la ville de Ziguinchor du début du conflit Casamançais à nos jours : cas des venan de Nyassia et Niaguis, mémoire de maitrise, FLSH, UCAD, Dakar, 2009, 123 pages.

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migratoire n'est pas seulement liée à la guerre indépendantiste, elle résulte encore de la sécheresse qui a sévit pendant cette période, dans toute l'Afrique de l'ouest, et qui n'épargne pas la Casamance. La période 1980-1989, marque comme les années précédentes, une recrudescence de la sécheresse au Sénégal causant des milliers de déplacés vers les villes. Cette crise profonde n'est imputable à la seule sécheresse. Dans le contexte de la « baisse des prix des principaux produits d'exportation tels que l'arachide, le coton, la nouvelle politique agricole de l'Etat qui s'est traduite par la réduction des subventions et la limitation des crédits pour l'achat d'intrants, et l'acquisition de matériel agricole »50, sont autant de facteurs qui ont contribué à aggraver les conditions difficiles et précaires des paysans dans le milieu rural. En effet, les mouvements migratoires à caractère économique comprennent, à la fois le nomadisme, pas-total, le développement des activités de la pêche, du commerce et la recherche d'un emploi bien rémunéré en ville, sont autant de causes du départ des ruraux vers les ciels les plus cléments c'est-à-dire les villes. Pour plus de sécurisation foncière, la mairie procède à des lotissements des quartiers de Castor qui est une cité dénommée la « baguette magique », à cause sa position géographique, entourée par l'aéroport, l'université, par conséquent, elle est convoitée par les grands patrons de la ville. Kandialang n'a pas échappé à ces lotissements, dont l'application est faite en 2004 : nombre de parcelles 146651.

? De 2001 à nos jours.

La croissance urbaine se matérialise d'abord, par une occupation maximale des espaces restés libres à l'intérieur des enceintes et une augmentation des densités. Peu à peu, cette densité pose problème, car la classe aisée est la première à quitter la ville dense (centre-ville) pour s'installer dans les faubourgs aux limites de la ville : phénomène appelé gentrification. L'espace urbain prend une place de plus en plus grande et devient omniprésent (Haeringer, 1998, El-Haggar et al. 2003)52. Le manque sérieux d'espace dans le centre-ville et les anciens quartiers de Ziguinchor et le retour des conditions pluviométriques normales dans les quartiers comme : Escale, Santhiaba Est et Ouest, Goumel, Diéfaye, obligent les populations à partir vers la périphérie. Le retour des conditions pluviométriques normales, oblige les résidents des anciens quartiers à s'orienter vers la périphérie, surtout celle vers le sud, là où il

50 Arfang F Keita : Les mutations des terres agricoles autour de Ziguinchor, mémoire de master 2, UCAD, département de Géographie, 2012-2013, 96 pages.

51 Mairie de Ziguinchor : Service technique

52 Haeringer, 1998, El-Haggar et al, 2003.

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énormes réserves foncières et d'infrastructures par exemple l'université. La partie sud de la ville est le futur pôle urbain de Ziguinchor. En plus, les enjeux fonciers (valorisation du foncier, conjugués au manque d'espaces constructibles dans le pôle urbain et la cherté des reliques de parcelles à vendre dans la ville, les paysages de la couronne périurbaine évoluent.

Carte 6 : Les quartiers inondables de la ville de Ziguinchor

« Et 91% cette population venant de la ville ne s'y est installé que depuis 2000 »53 affirme Sakho P., et Sy O., dans leurs travaux. Ainsi, il apparait que la périphérie est d'installation récente : « 88% de la population s'y installé, il y a moins de 30 ans. Alors qu'avant 1970, la population ne représentait que 4% de la population de la ville »54. Ce qui montre, l'évolution

53 Sy Omar et Sakho Papa : « Dynamiques des paysages périurbains de la ville de Ziguinchor au Sénégal », 24 pages.

54 Sy Omar et Sakho Papa : « Dynamiques des paysages périurbains de la ville de Ziguinchor au Sénégal », 24 pages.

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rapide de la ville de 2000 à nos jours. Le contexte lui étant favorable, la crise politico-armée qui sévit depuis les années 80, puis l'implantation de l'université Assane Seck dans le quartier de Diabir, favorise la mutation. Dans « la dernière décennie, on aborde plus nettement les pratiques actives d'insertion et de différenciation des populations en ville, qu'il s'agit bien de mettre en rapport avec le marché du travail et le changement socio-culturel (mobilité scolaire par exemple), puis plus l'université Assane Seck, et l'université Catholique, les instituts de formation, les écoles privées, participent beaucoup à la mutation urbaine. Nous notons, le désir d'avoir un emploi, avec l'arrivée des taxis clando, des motos taxis et plus récemment les mini bus TATA, arrivés depuis une année dans la commune de Ziguinchor, relient toutes les artères de la ville, des plus lointains quartiers au centre-ville

Graphique 5 : Evolution de la population de 2000 à nos jours

243881

250000

300000

276354

269002

200000

155575

150000

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0

2002 2004 2009 2010

Cette évolution démographique s'accompagne d'une prolifération de l'habitat spontané. Depuis cette dernière décennie, la ville de Ziguinchor est convoitée pour sa capacité à créer de petits emplois, mais encore pour les jeunes étudiants et élèves désireux de poursuivre leur étude. Des lotissements et restructurations ont été menés, par la mairie : le plan d'application n°1, le 23 Novembre 2005 : nombre de parcelles 144855. A cet égard, une politique préventive, basée sur la planification rationnelle de l'espace et l'aménagement de site d'accueil, permettrait de résoudre ce problème de manque d'espace dans la commune de

55 Source : Service technique de la mairie de Ziguinchor.

Ziguinchor. L'urbanisation galopante combinée à une planification insuffisante caractérisant certaines villes, contraste fortement avec le phénomène de périurbanisation et de recomposition urbaine. La ville favorise la monétarisation de l'économie, facilite la mobilité sociale et l'adéquation entre l'offre et la demande de main-d'oeuvre qualifiée, élargit les débouchés de la production industrielle et agricole remarque Paul Bairoch. Cela résulte de l'évolution rapide et exponentielle surtout ces dernières années, qui donnent à la ville de Ziguinchor un fort taux d'urbanisation par rapport à sa région. Le taux d'urbanisation du département qui est de 83,7% tire la moyenne régionale vers le haut, alors que Bignona et Oussouye ont des taux respectifs d'urbanisation de 16,56% et 11,32%56. La ville d'aujourd'hui, dont les frontières sont de plus en plus incertaines, se présente comme « une nappe urbaine qui semble s'étendre à l'infini » (May et al, 1998, P.7)57. Son extension peut prendre différentes formes, selon différents contextes et différentes contraintes (Wiel, 1990a)58. Dans d'un contexte de la crise du monde rural, aggravée par la sécheresse, le conflit armée, sont autant de facteurs favorable à la mutation urbaine de Ziguinchor. En plus, les contraintes du fleuve Casamance, obligeant la ville à évoluer, que vers le Sud, sud-ouest et sud-est.

50

56 Service Régional de la Statistique et de la démographie de Ziguinchor : Situation économique et Sociale de la Région de Ziguinchor, 2010, 170 pages.

57 May et al, 1998, P.7.

58 Wiel, 1990.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo