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Contribution de la culture maraà®chère (échalotes et pommes de terre) aux revenus des exploitations agricoles dans la zone office du Niger : Cas de la zone agricole de Niono


par Awa Drabo
Université Paris-Sorbonne - Master 2 2017
  

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III.2. 2 Accès limité aux semences

III.2.2.a. Le défi de l'accès aux semences de pommes de terre

L'accès aux semences est difficile. Cela est particulièrement vrai pour la pomme de terre. C'est d'ailleurs l'une des raisons de la faiblesse de sa production en zone ON. Le pouvoir d'achat pour les semences conditionne souvent le type de spéculation produite. Il s'agit d'un paramètre important, à prendre en compte pour la production. Or, les semences de pommes de terre cultivées en zone ON sont majoritairement achetées auprès de commerçants venant de Sikasso. Lors des sondages réalisés auprès des exploitants dans la zone de Niono, dans les trois villages concernés, 19 des 53 personnes sondées produisaient de la pomme de terre. Par ailleurs, 100 % des producteurs de pomme de terre déclaraient avoir acheté les semences de pommes de terre auprès de commerçants de Sikasso. C'est le cas par exemple de la coopérative de femmes de Djicorobougou. Ces dernières, par le biais de prêts auprès de la BNDA, achètent des semences provenant de Sikasso, remboursées ensuite à la coopérative puis à la banque une fois les productions écoulées. Mais la véritable contrainte reste le prix des semences, à raison de 1 250 FCA (1,9 €) le kilogramme. À titre indicatif, pour cultiver un hectare de pommes de terre, il est préconisé de semer 50 caisses37 de semences en zone ON, contre 40 caisses à Sikasso (Bengaly, Ducrot, 1998). Ainsi, pour l'achat de semences de pommes de terre, un exploitant devrait débourser 1 562 500 FCFA (2 382€). Une somme non négligeable, pour des ruraux aux revenus modestes. Cette somme s'explique par le monopole de commerçants semenciers dans cette zone. La politique d'indépendance semencière ne fonctionne pas véritablement.

III.2.2.b. Les tentatives d'indépendance semencière en zone ON

Des tentatives ont été faites, comme le WAAPP, qui résulte d'un partenariat entre l'ON et l'IPR/IFRA de Katibougou. Une coopérative de producteurs de semences de pommes de terre a été mise en place ; son président est Amadou Mariko. Le but était de permettre à cette « nouvelle » zone productrice de pommes de terre de s'affranchir de la dépendance en semences vis-à-vis de Sikasso.

37 1 caisse = 25 kilogrammes

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Ainsi, à partir de 2007, la Banque mondiale, par le biais du WAAPP, finance la sélection de gènes et l'amélioration d'une variété locale dans les laboratoires de l'Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou (Koulikoro), qui sont ensuite plantées sous des serres afin d'aboutir à des plants de petites tailles (G0= Génération 0).

Ensuite, ces générations 0 sont données à des exploitants semenciers, regroupés en quatre coopératives dans la zone ON (deux dans la zone de Niono, deux dans la zone de Molodo). Ainsi, cette culture de la G0 donne la G1 (Génération 1), qui est ensuite rachetée par le WAAPP, à 55 FCFA (0,08€) le tubercule. À raison de 16 tubercules en moyenne par plant, et pour une planche de 10 mètres, on sème 100 plants pour les G1, ce qui représente 88 000 FCFA (134 €) de gain pour une seule planche.

Ces G1, obtenues par le semis de la G0, sont ensuite stockées dans des chambres froides pendant huit mois. Puis, le WAAPP cède ces G1 aux exploitants producteurs de G2 à la campagne suivante. Grâce à la culture de la G1, ils obtiennent la G2. Les coopératives productrices de semences de la G2 sont au nombre de neuf, regroupées à Djabali (Zone de Kouroumari).

Le cycle est le même pour la production de la G3, réalisée par 80 coopératives38 dispatchées entre Sokolo, Niono, M'béwani, N'témou et Hérémakono.

Enfin cette G3 est vendue au WAAPP à 600 FCFA (0,9 €) le kilo ; après l'avoir stocké huit mois en chambre froide, il les vend aux producteurs de pommes de terre à 750 FCFA (1,14€) pour la production de pommes de terre commerciales.

Les variétés concernées par ce programme sont deux variétés améliorées : Spunta et Sahel.

Théoriquement, le projet était conçu pour fonctionner de cette manière. Mais force est de constater que la réalité est différente. Au départ, l'objectif était de produire 750 tonnes de semences G3 par an. Un objectif qui n'a bien évidemment pas été atteint. Cela résulte en partie du manque d'infrastructures pour la conservation durant les huit mois prévus entre les productions de génération 0 à la semence commerciale.

Il était prévu que le WAAPP construise des chambres froides pour la conservation des semences (G1, G2 et G3) avant leur production l'année suivante. Une promesse non tenue. Ainsi, la première année, les infrastructures pour la conservation faisant

38 Onze au départ, à Sokolo, dans la zone de Kouroumari. Ce qui ne suffisait pas.

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défaut, les semences (G1) ont été stockées à Katibougou (Koulikoro), où la capacité des chambres froides n'était pas suffisante.

Conteneurs du WAAPP à Niono

Source : Drabo, A (Mars 2018)
Commentaire : Les deux conteneurs frigorifiques du WAAPP, prévus pour la
conservation des semences (G1 et G2), avant leur mise en production. Ces
chambres sont situées dans la ville même de Niono; l'entretien est à la charge du
WAAPP.

Puis, l'année suivante, pour la conservation, des conteneurs, d'une capacité de 40 tonnes, par chambres ont été données par le WAPP. À leur tour, ils n'ont pas suffi à stocker l'ensemble des G1, G2 et G3. Celles-ci ont alors été envoyées à Bamako chez un privé, propriétaires de chambres froides pour les tomates. Ceci aboutit au pourrissement de l'ensemble de la production.

L'année dernière, une autre méthode a été essayée. Un mois après les récoltes, les trois chambres froides du PCDA à Niono (deux seulement étaient en état de marche) leur ont été cédées. Cela n'a pas constitué une véritable solution, car les chambres froides leur ont été cédées bien trop tard. Des tubercules avaient entamé leur

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processus de pourrissement, processus qui se propage et infecte les tubercules sains. Néanmoins toute la production n'a pas été perdue.

Outre ce manque d'infrastructures mettant en péril l'aboutissement de ce projet à la production de semences, la durabilité du projet dans le temps est à mettre en avant. Comme pour bon nombre de projets d'aide au développement, la présence des partenaires au développement permet de maintenir à flot le projet ; mais qu'advient-il à leur départ ? Même si ces infrastructures sont mises en place par le WAAPP, les semenciers seraient-ils encore capable de prendre en charge l'entretien et le payement des factures ? La dépendance ne serait-elle pas un revers ? Encore un exemple parmi tant d'autres, de projet viable uniquement par « perfusion » de partenaire au développement.

À ce jour, le défi de la production de semence demeure. Les pommes de terre produites en zone ON sont issues des semences achetées aux commerçants

L'office a par ailleurs d'autres alternatives, pour favoriser l'accès à des semences en quantité et de qualité, ceci à moindre coût. Il reflète certainement l'incapacité pour le moment des acteurs endogènes à mener un tel projet. En ce sens, dans la dynamique de ce que certains appellent « l'accaparement des terres agricoles », ou « land grabbing », l'ON étudie le projet d'une entreprise immobilière et agricole indienne, SNEGINDIA-SA. Déjà présente dans la commune rurale de Mbane au nord ouest du Sénégal, elle dispose d'un complexe agro-industriel de 1 500 hectares pour la production de pommes de terre mais également de semences. Les techniques et les infrastructures agricoles y sont modernes et permettent à l'entreprise de produire 5 000 tonnes de semences de pommes de terre et 50 000 tonnes de pommes de terre pour la consommation, soit presque le double de ce qui est produit dans toute la zone ON. Au vu des potentiels du périmètre irrigué qu'est l'ON, la société prévoit de venir s'y installer, et semble sur la bonne voie. Mais à quel prix ? Certainement, aux prix d'une perte de souveraineté alimentaire et à l'image des autres grands projets passés, comme le projet Malibya ou celui de Tomota, des déplacements seront nécessaires. Les exploitations familiales, bien peu performantes, devront laisser place à cette entreprise moderne, disposant de plus de moyens pour mener une agriculture intensive. Les producteurs devront se contenter de compensations si tant est qu'elles leur soient distribuées, et du travail salarial que l'entreprise leur apportera.

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3. La conservation et la transformation : de véritables défis à

relever.

Outre ce défi de la production pour ces deux spéculations, la conservation et la transformation empêchent les exploitants de jouir de prix suffisamment rémunérateurs pour leur production. Aujourd'hui, les moyens relativement modestes ne permettent pas aux producteurs de minimiser les taux de perte lors de la conservation de l'échalote et de la pomme de terre. Ainsi, ils vendent souvent la récolte à des prix très bas

III.3.2. La conservation : les méthodes de conservation et leur situation dans la

zone ON

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry