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Contribution de la culture maraà®chère (échalotes et pommes de terre) aux revenus des exploitations agricoles dans la zone office du Niger : Cas de la zone agricole de Niono


par Awa Drabo
Université Paris-Sorbonne - Master 2 2017
  

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IV.1.1.a. La recherche et la formation, une voie vers le maraichage moderne.

Or, pour relever les défis auxquels la filière est confrontée, le soutien étatique est nécessaire, afin de rendre cette activité plus moderne et compétitive, pour les exploitations familiales. Car malgré les efforts fournis par l'État, les colons de l'ON

54 Lors de ce sommet à Maputo en juillet 2003, les pays africains ont réitéré leur volonté de faire de l'agriculture une priorité, en lui consacrant au moins 10% du budget national afin d'aboutir à une croissance annuelle de 6%

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doivent toujours faire face à une fluctuation des prix de l'échalote, notamment à la fin de sa période de production dans l'ON (mars-avril). Cette condition est peu favorable à des rémunérations suffisantes pour les paysans.

Ainsi, une solution pourrait être constituée par la recherche, réalisée au Mali par l'IER55. Elle doit être soutenue par l'État, afin de permettre une innovation des techniques agricoles, dans le cadre de la production, de la transformation mais aussi de la commercialisation. Cette recherche est souvent marginalisée par l'État malien, qui ne cesse de réduire le budget qui lui est consacré. L'accent doit être mis sur le développement de variétés plus tardives d'échalote, afin d'échelonner la production toute l'année, et d'éviter les phénomènes de surproduction, mais aussi, de réaliser des recherches sur le plan génotype pour permettre de meilleures performances. Il en est de même pour la pomme de terre. Même si la superficie cultivée pour cette spéculation croit, elle reste encore peu produite, du fait des difficultés liées à l'accès aux semences. La zone ON n'étant pas indépendante pour les semences de pommes de terre, elle doit faire face à des prix élevés, ainsi qu'à des semences de pommes de terre peu productives, du fait de leur provenance. En ce sens, comme l'indiquait Monsieur Kassoum Dénon ex-ministre de l'agriculture du Mali (2014-2016) et ancien PDG de l'ON, « les variétés doivent être adaptées aux conditions édaphiques de la zone ON ».

De plus, s'il existe un inventaire des variétés d'échalotes56 au Mali et de leur répartition sur le territoire, il n'en existe pas pour la pomme de terre. Il est donc essentiel de réaliser un inventaire des semences de pommes de terre, de les caractériser et de les cataloguer (origine, potentiel, itinéraire agricole maitrisé) afin d'apporter des améliorations en les adaptant notamment aux conditions édaphiques selon les bassins de production. Des fiches techniques selon les variétés seraient ainsi disponibles, mettant en exergue le gain de productivité et le gain économique, pour déterminer des seuils maximaux et des seuils minimaux. Cela permettrait une vulgarisation de la nouvelle variété, à travers la multiplication des semences améliorées par des producteurs de semences. L'exemple de la coopération entre l'IPR de Katibougou, le WAAPP et les coopératives de producteurs de semences de pommes de terre doit être multiplié et accompagné des moyens financiers et matériels nécessaires pour leur bon fonctionnement. Cela permettrait d'avoir des

55 Institut d'économie Rurale

56 Centre Régional de Recherche Agronomique à Niono.

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semences de qualité, performantes et adaptées aux conditions agro-climatiques de la zone ON, gage de meilleure productivité, et d'indépendance semencière.

La recherche doit aussi se concentrer sur le développement de techniques optimales pour la production, notamment la fertilisation des parcelles et le traitement des nuisibles, véritables menaces pour la production. Elle doit développer des méthodes favorables à l'utilisation réduite des engrais chimiques et des produits phytosanitaires, mais plus efficaces et garantissant un accroissement de la production.

Concernant la fertilisation, des techniques doivent impérativement être trouvées pour réduire la quantité des engrais chimiques utilisés et les substituer à des engrais organiques.

Lors de nos enquêtes de terrain, il est apparu effectivement que, même si la fumure organique constituait la base de la fertilisation des parcelles, les engrais chimiques (NPK57, URÉE, DAP58) étaient fortement répandus également. La quantité d'engrais utilisée par les maraichers dépassait largement celle préconisée59. Dans un contexte où le marché international est visé, et que celui-ci devient exigeant en matière de qualité de la production, il est important de surveiller les quantités d'engrais et de traitements phytosanitaires utilisées par les exploitants.

En d'autres termes, des campagnes de sensibilisation et de formation doivent être développées, afin d'informer les exploitants des risques de l'utilisation excessive d'engrais chimiques et de traitements phytosanitaires (fongicides, insecticides). Il s'agit de les informer sur les options moins dangereuses pour la santé humaine et moins nocives pour les parcelles.

En ce sens, le personnel encadrant de l'ON doit être formé afin de pouvoir à leur tour vulgariser des techniques plus performantes, et guider les exploitants vers des tests pour obtenir de meilleures résultats. Et aussi, la formation directe du colon doit également être basée sur les bonnes pratiques agricoles et les précautions à prendre lors des traitements chimiques des cultures, dangereux pour la santé des exploitants eux mêmes. En France par exemple, l'épandage de ces produits est très contrôlé et nécessite l'obtention d'un certificat pour sa manipulation (Brunel, 2017).

57 Un engrais composée d'un mélange d'élément chimique : Azote (N), phosphore (P) et potassium (K)

58 Phosphate d'ammonium

59 Cinq sacs d'engrais préconisés par la recherche par hectare contre huit à douze sacs utilisés par les exploitants.

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Une telle mesure pourrait être un moyen de mieux organiser ce processus de traitement et de fertilisation.

IV.1.1.b. Les subventions, aide incommensurable pour l'accès à des intrants de qualité et un besoin de politique pour la diversité de cultures maraichères

Au-delà de cette maitrise des pratiques et des quantités d'épandage des produits de fertilisation et de traitement agricoles l'État, doit mieux organiser sa commercialisation. Il n'est pas rare qu'un exploitant confronté à des ravageurs dans sa parcelle maraichère utilise des pesticides à destination du traitement de ravageurs pour le coton. Or, la culture de coton au Mali est exclusivement contrôlée. Les intrants (les semences, les engrais et les produits phytosanitaires) utilisés sont issus de la CMDT60. En ce sens, lors de la campagne (hivernage) cotonnière, si l'ensemble des produits phytosanitaires reçus ne sont pas utilisés par le système du coton, ils sont revendus sur les marchés informels. Ainsi, pour le traitement d'insectes dans une parcelle maraichère par exemple, faute de connaissances, l'exploitant les traitera avec les insecticides prévus pour la culture de coton. Cela reflète notamment le manque de moyens des exploitants pour se procurer des produits de traitement contre les ravageurs maraichers et la non maitrise de la qualité des intrants sur les marchés. Ainsi, même si l'État investit dans la recherche pour l'amélioration de fertilisants et de produits de traitement, il est important qu'il aide financièrement les exploitants à se les procurer.

En effet, il est connu que les produits de meilleure qualité, améliorés par la recherche, représentent un coût parfois élevé pour les exploitants. En ce sens, tout comme pour le riz ou encore le coton, l'État doit subventionner l'accès à ces deux composantes essentielles de la production, garantes de meilleures performances. En zone ON, les engrais sont subventionnées par l'État à hauteur de 50 % pour la riziculture. Ainsi, si cela est réalisé pour la riziculture dominante en période d'hivernage, il doit en être de même pour le maraichage. Pour ce faire, une meilleure gestion des subventions 61 destinées aux cultures comme le coton ou le riz permettrait de réaliser des économies et de diriger la subvention vers les cultures

60 Compagnie Malienne de Développement du Textile

61 Les subvenions pour l'engrais sont très mal gérées et font face à d'important fraudes de la part des fournisseurs locaux. Ils feraient perdre à l'Etat sept à huit milliards de FCFA par an selon Boubou Cissé Ministre de l'Economie et des Finances.

maraichères, qui composent elles aussi l'essentiel de l'alimentation malienne, tout en contrôlant leur qualité auprès des fournisseurs agréés.

De plus, si depuis la restructuration de l'ON, on pointait du doigt la trop grande spécialisation de la zone ON dans la riziculture, aujourd'hui le maraichage révèle les mêmes similarités. À travers ce mémoire, l'on se rend compte de l'importance d'une spéculation dominante. Ainsi, l'échalote représente plus de 90 % de la production maraichère de la zone et ceci sur des petites superficies (moins de 0,5 hectare en moyenne) (Dembélé, 2018). Ceci engendre un risque de baisse des revenus maraichers en cas de problèmes liés à la production (développement de nouvelles maladies, d'insectes...), ou à la baisse de la demande en échalotes, qui pourrait entrainer une chute des prix. La politique de diversification des activités agricoles dans la zone ON, qui a engendré l'explosion de la production des cultures maraichères, devrait concerner les types de spéculations produites. Miser sur l'échalote peut être une limite dans la quête de l'amélioration des revenus des maraichers. En ce sens, l'on doit inciter à la diversification maraichère, afin d'éviter une surproduction lors des récoltes à la mi mars. Ainsi, l'insertion de la pomme de terre reflète cette volonté des colons, mais aussi des politiques agricoles de miser sur d'autres spéculations de diversification. Par ailleurs, si encore près de vingt années après l'insertion de cette spéculation, la situation est relativement la même, c'est que sa production n'est pas évidente. Les techniques agricoles ne sont pas maitrisées, engendrant des productions à faible rendement. Lors des enquêtes, notamment à Djicorobougou, 37,5 % des femmes prétendaient avoir perdu l'ensemble de leur production lors de la campagne 2016-2017. Cette perte est liée au manque d'eau, mais aussi à celui d'engrais, qu'elles n'ont pas pu acheter en quantité suffisante, faute de moyens.

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`

113

Cumul pluviométrique de 2015 et 2016 dans la zone de Niono

Zones

Décades par
mois

Cumul

Rappel 2015

H

N

H

N

Niono

du 1 au 10

269,4

12

290,3

12

du 11 au 20

108,6

8

237,4

12

du 21 au 31

214,9

8

157,8

12

Total

592,9

28

685,5

36

Source : Bilan de Campagne de l'ON de 2016-2017

Dans la zone de Niono, le cumul pluviométrique sur l'année reflète une baisse de la hauteur des pluies en 2016 par rapport à 2015. En effet, on enregistre 592,9 mm de pluies tombées entre janvier et décembre 2016, contre 685,5 mm pour l'année 2015, soit une différence de 92,6 mm. Cela résulte de la baisse du nombre de pluies, qui était de 36 en 2015 et est passé à 28 en 2016. Il y a donc moins de pluies en 2016 par rapport à l'année précédente.

Ces femmes ayant investi dans la culture de pommes de terre (achat de semences, temps de travail) n'ont donc pas pu tirer profit de la culture de cette spéculation. Un manque à gagner pour le revenu donc, au vu des prix des semences de pommes de terre. Ainsi, l'État se doit là encore d'intervenir dans l'accès aux semences, pour faciliter la diversification de la culture maraichère et l'émergence des spéculations comme la pomme de terre à l'ON. Des subventions peuvent être octroyées ; les emprunts auprès de banques agricoles devraient également être plus accessibles aux exploitants afin de leur permettre un accès plus facile aux intrants.

Sans cela, le développement de la filière est compromis.

IV.1.2. Un État protecteur de la production et de sa valorisation

Le défi de l'après production est sans conteste le manque d'infrastructures pour la conservation, mais aussi pour faciliter la commercialisation de ces spéculations maraichères. Ainsi, depuis 2006 avec la LOA et la PDA, le gouvernement malien essaye d'y remédier.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius