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Contribution de la culture maraà®chère (échalotes et pommes de terre) aux revenus des exploitations agricoles dans la zone office du Niger : Cas de la zone agricole de Niono


par Awa Drabo
Université Paris-Sorbonne - Master 2 2017
  

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IV.2.2.a. Un secteur agro-industriel souvent opposé à l'agriculture familiale.

Dans un contexte d'émergence d'une conscience écologique, les exploitations familiales semblent pouvoir aller de pair avec le changement de paradigme prôné. L'agriculture conventionnelle des entreprises agricoles voit sa méthode de production remise en cause67. Les techniques intensives sont accusées de créer des problèmes environnementaux (terres de moins en moins fertiles, pollution de l'air, des nappes phréatiques...) par les ONG environnementales (WWF, GREENPEACE).

Il est vrai que l'agriculture mondiale actuelle n'a pas permis à l'ensemble des pays en voie de développement, notamment ceux africains, d'atteindre l'objectif du millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Bien au contraire, le continent est encore confronté à des phénomènes de famines (Nigéria, Soudan du Sud, Somalie) en 2018, résultat de conflits mais aussi de sècheresses68 répétées. Ils sont également confrontés à des problèmes de malnutrition. Or, l'agriculture familiale qui compose 95 % des exploitations des pays, faute de moyens et de formations, tire peu profit de l'ensemble des avantages que leur procure leur environnement et ne parvient pas à assurer les besoins alimentaires quotidiens des populations, ce qui les conduit à importer.

Ainsi, depuis les émeutes de la faim en 2008, de nombreux pays africains notamment le Mali ont dû faire face à une augmentation de leur facture alimentaire (Adamczewski, 2014). Celle de l'Afrique, à elle seule, a augmenté de 74 % entre 2007 et 2008 (FAO, 2008). Ceci montre l'enjeu stratégique qu'est la nourriture et la vulnérabilité des pays importateurs de denrées alimentaires. Le Mali, face à cela, a

67 M.M Robin « Les moissons du futur ? » 2012. 1h30. Arte Ed.

68 Des sècheresses qui incomberai au changement climatique, provoquée par l'activité anthropique.

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mis à disposition des investisseurs étrangers et nationaux d'immenses terres arables « inexploitées et vides d'hommes ».

Le but de ce nouveau processus est de mettre en valeur des terres peu voire pas exploitées par les populations qui l'occupent. Les investisseurs étrangers comme nationaux en quête d'opportunités, capables de procéder à des aménagements, coûteux69 et de mener une agriculture moderne et productive, sont favorisés et attirés. Des terres arables de l'ON sont donc aménagées.

Ce processus est par ailleurs sujet à de nombreux débats70. En effet, l'implantation de ces projets sur des étendues de terre (variant de 50 hectares à 100 000 hectares pour les projets les plus grands) en théorie vides d'hommes et inexploitées sont en réalité occupées par des populations qui pratiquent une culture pluviale en zone sèche. L'arrivée des investisseurs engendre leur déplacement.

C'est le cas par exemple avec l'implantation du Complexe Agropastoral et Industriel (CAI) de Modibo Keita sur 20 000 hectares accordés par l'ON, à soixante kilomètres de Ségou, à cheval entre la commune de Sibila et celle de Pogo. L'implantation de ce complexe, appartenant à un milliardaire (en FCFA) malien a engendré de nombreux litiges et critiques. Certains jugent la procédure non conforme, basée sur des combines entre l'État et l'investisseur, et contestent cette implantation. Si l'ON est en théorie le gestionnaire de ces projets « faramineux », Modibo Keïta aurait usé de ses liens étroits avec l'ex-président Amadou Toumani Touré (ATT) pour avoir ces terres. Cela serait fréquent pour ce type de convention (Adamczewski, et al 2013). Ainsi, l'investisseur est accusé de ne pas avoir conduit d'étude sociale et environnementale et d'occuper des terres illégalement, terres que les villages de Sanamadougou et Sahou revendiquent. Le litige a été porté en 2010 devant les instances judiciaires, censées trancher la question. À ce jour, le complexe de Modibo Keïta occupe 20 000 hectares contre 7 500 au départ. Cette expansion découle de la chute de Kadhafi et des 100 000 hectares du projet Malibya.

69 Soit 4 500 euros /hectares

70 - Amandine, Adamczewski. Qui prendra ma terre ? L'Office du Niger, des investissements inter- nationaux aux arrangements fonciers locaux. Géographie. Université Montpellier Paul Valéry - Montpellier III, 2014.

-Florence Brondeau, Confrontation de systèmes agricoles inconciliables dans le delta intérieur du Niger au Mali ? , Études rurales, 191 | 2013, 19-35.

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S'il est vrai que ce type d'aménagement est controversé, il ne faut pas pour autant le bannir entièrement, mais l'améliorer. Les terres accordées sont bien souvent pharaoniques et ne sont pas toutes mises en valeur, à l'image de ce CAI. Sur les 20 000 hectares que Modibo Keïta possède en 2018, seulement 5,7 % ont été mises en valeur, soit 1 138 hectares. La taille des terres octroyées devrait être mieux étudiée et adaptée à la capacité réelle de l'investisseur à aménager des terres. Si cela nécessite un déplacement, les populations ne doivent pas être lésées par le processus. Le partenariat doit être gagnant-gagnant.

Ce type de complexe permet une relance économique du secteur agricole et l'accroissement de la production nationale, mais aussi des créations d'emploi pour les populations.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand