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Le graffiti à  Beyrouth : trajectoires et enjeux dà¢â‚¬â„¢un art urbain émergent

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par Joséphine Parenthou
Sciences Po Aix-en-Provence - Diplôme de Sciences Politiques 2015
  

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2. Un capital économique variable, de la « classe moyenne » aux catégories sociales supérieures

Retranscriptions d'entretien et usage de l'anglais

Suite à certaines hésitations, nous avons choisi de retranscrire les propos des graffeurs dans la langue d'origine (à l'exception du libanais, peu usité lors des entretiens), soit l'anglais. Il ne s'agit pas d'un choix arbitraire : la traduction de l'anglais en français venant modifier leurs propos et leur sens, la conservation de l'anglais apparaissait comme un moyen de conserver au mieux les propos tenus.

Cette appartenance à la classe moyenne recoupe une dimension économique. La détermination de ce que serait une « classe moyenne haute » reste délicate, au vu de l'insuffisance des données récoltées à propos du niveau de richesse (revenus ou rentes) des parents. Les données de la Banque mondiale, ainsi que les pratiques impliquant un coût économique pour ces acteurs, pallient quelque peu cette lacune. Il est d'abord important de rappeler que le Liban, en dehors de cet imaginaire de « Suisse du Moyen-Orient », reste un pays économiquement très inégalitaire, entre les différentes couches sociales de nationaux et entre Libanais et travailleurs étrangers31. Ces derniers ne rentrent que peu dans les données officielles, conséquence d'un important travail illégal. Cela relativise les données de la Banque mondiale, qui devraient certainement être revues à la baisse. Le revenu national brut par habitant (méthode Atlas) en 2014 au Liban était de 10030$, soit un peu moins de 836$/mois par habitant (en comparaison, le RNB par habitant français en 2014 était de 42960$, soit 3580$/mois par habitant). Le taux de pauvreté s'élevait quant à lui à 28,6% de la population en 2004 ce qui, depuis 2011 et l'afflux de près de deux millions réfugiés syriens32, a encore dû augmenter.

Le positionnement du milieu familial des graffeurs dans ce bref panorama semble confirmer l'impossibilité d'un capital économique restreint et d'une origine populaire, voire défavorisée. Le fait est que tous ont eu la possibilité de suivre des études supérieures dans la capitale, où les prix de l'immobilier avoisinent ceux de villes comme Paris ou Lille33. Cette possibilité fait dès lors office de sélection : les agents ayant les moyens financiers d'habiter Beyrouth et d'y étudier auront un accès facilité à une pratique artistique réduite à cette même capitale. Tous les graffeurs habitent actuellement à Beyrouth, dans les quartiers que nous avions déjà cités (Achrafieh, Furn es-Chebbak, Hamra). À l'exception de Spaz, actuellement en période de transition entre sa fin d'études et la recherche d'un travail à la rémunération suffisante : « Actually I left Beirut few months ago since I can't afford the rent anymore », arguant avec humour qu'il préférait rester

31 Ces travailleurs proviennent principalement d'Asie du sud-est, du Soudan et désormais de Syrie.

32 Fin décembre 2015, 1835840 réfugiés ont été recensés par le HCR pour l'ensemble du Liban.

33 Une chambre de 10m2 dans un appartement « relativement » salubre à Achrafieh ou Furn es-Chebbak coûte en moyenne 400 - 500$/mois, un studio dans un quartier annexe entre 800 et 1000$/mois.

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chez ses parents pendant un moment pour profiter de la nourriture... « I choose food, you should do the same unless you don't want to be as fat as me (rires), that's why I'm staying at my parents now » (janvier 2016). Certains graffeurs proviennent enfin de milieux d'affaires, ce qui tend à les faire entrer dans une catégorie au capital économique plus conséquent. Il s'agit en effet d'individus dont les parents occupent des fonctions plus commerciales, le père de famille étant « homme d'affaires », investisseur, ou dirigeant d'entreprise. Ainsi, le père et l'oncle de Chad The Mad sont respectivement chef d'entreprise et autoentrepreneur, le père et le frère aîné des jumeaux Ashekman dans les milieux d'affaires internationaux, notamment entre le Liban et les États-Unis où une partie de la famille y est installée. Si ces derniers appartiennent à un milieu plutôt forgé par des professions et des relations d'ordre économique, certaines pratiques culturelles ont été transmises par leur mère, peintre amateur.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry