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Relation banque-entreprise et croissance économique au Cameroun.

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par Pascal Alain DZOU OMGBA
Université Yaoundé II-Soa - Master 2 en Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2014
  

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CHAPITRE III : LE FINANCEMENT BANCAIRE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN

Les PME tiennent une place essentielle dans les économies des PVD. Elles créent des emplois à la mesure des compétences locales et permettent la satisfaction à moindre coût des besoins élémentaires. Le secteur des PME fait preuve de plus de dynamisme que le secteur public dont la plupart des entreprises restent à la recherche d'un véritable équilibre. Il présente aussi un avantage d'autonomie par rapport à certaines grosses entreprises privées trop dépendantes de l'extérieur pour leurs approvisionnements ou pour leurs ventes. Une enquête menée par le CRETES (Centre de Recherche et d'Etudes en Economie et Sondage) montre que seulement 31% du financement des PME camerounaises est d'origine bancaire, le reste étant fourni par les tontines, l'épargne personnelle et accessoirement par la famille, les fournisseurs et les autres sources étrangères. Ce résultat de l'enquête de CRETES est la preuve que la relation banque-entreprise est emprunte d'une certaine méfiance ; les deux parties se rejettent mutuellement les causes de cette méfiance et s'accusent également de manquer de professionnalisme.

Le présent chapitre a pour objet de présenter la perception que chaque partie a de l'autre. Les deux parties on vient de le souligner, entretiennent la méfiance dans leur rapport réciproque et celle-ci peut être dévastatrice pour la croissance. Dans cette optique, il s'agira dans un premier temps d'exposer les contours de cette méfiance (I) avant d'analyser par la suite, ses implications sur la croissance (II).

III.I - LA RELATION BANQUE-PME AU CAMEROUN : UNE RELATION EMPRUNTE D'UNE MEFIANCE MUTUELLE

Quelles sont les raisons qui poussent les banques à afficher une attitude réservée lorsqu'il s'agit de financer les PME ? Quels sont les reproches que les PME adressent aux banques en rapport avec leurs besoins de financement ? C'est à ces deux questions qu'on tentera de donner une réponse dans les lignes qui vont suivre.

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Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

III.I.1 - LES RAISONS D'UN ENGAGEMENT RESERVE DES BANQUES CAMEROUNAISES DANS LE FINANCEMENT DES PME

L'enquête menée par DIAL et DSCN (1993)25 a montré que pour l'exercice 1990/91, 85 % des industries de 20 employés et plus ont eu besoin d'un crédit pour financer leurs investissements. Parmi celle-ci, 70 % ont eu des difficultés à l'obtenir. Le coût du crédit est évoqué par 28 % des PME et le fait que les banques prêtent difficilement par 42 %. Bien que l'échantillon d'entreprises interrogées soit trop faible pour être représentatif (18 cas), des entretiens effectués en mars 1996 avec les directeurs financiers de certaines industries confirment cette tendance (l'annexe n° 4 présente la liste de ces entreprises) : les petites et moyennes entreprises (étrangères ou camerounaises) n'arrivent pas à se procurer du crédit, que ce soit pour le financement de l'exploitation ou des investissements. L'enquête a également révélée deux autres réalités : premièrement, si les grandes entreprises camerounaises n'ont pas de problèmes pour financer leur exploitation, par contre, le financement des investissements est moins évident ; deuxièmement les grandes entreprises étrangères n'ont pas à proprement parler, de problème de financement justement parce qu'elles disposent de sources de financement variées.

L'enquête de DIAL et de la DSCN a mis en évidence une vérité : au Cameroun, les entreprises, qu'elles soient petite, moyennes ou grandes, éprouvent beaucoup de difficultés pour accéder au financement bancaire. Les raisons qui poussent les banques installées au Cameroun à la méfiance dans le financement des entreprises sont nombreuses et multiples. Mais dans le cadre de ce travail, on se limitera à quelques raisons non moins évocatrices à savoir : le caractère apparent de la surliquidité bancaire, la contrainte des normes prudentielles, les risques encourus par la banque dans le financement des PME, l'importance des créances douteuses,

III.I.1.1 - LA SURLIQUIDITE APPARENTE DES BANQUES

Pour accorder un crédit26, de manière générale, les banques ont les possibilités suivantes :

? octroyer une partie de l'épargne qu'elles viennent de collecter,

25 Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale du Cameroun

26 Cette approche correspond à celles des banquiers (les dépôts font les crédits), elle s'oppose à l'approche macroéconomique (les crédits font les dépôts).

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

? réorienter l'épargne préalablement allouée qui leur est remboursée,

? récupérer des liquidités auprès de la Banque Centrale en refinançant certains crédits non encore arrivés à échéance,

? emprunter aux autres banques (via le marché interbancaire), à la Banque Centrale, ou à l'étranger (notamment auprès des maisons-mères)

La mobilisation des ressources par ces différents canaux constitue la capacité d'offre de crédit. Au Cameroun, cette capacité a été renforcée après la restructuration des banques dans les années 90. En effet, à la suite des réformes bancaires et monétaires de 1990, le vrai défi était de favoriser la mobilisation par les banques de l'épargne nationale, préalable indispensable à l'investissement. Les dépôts à vue ont progressé de 30 % entre 1988 et 1990 et les dépôts à terme de 17 % entre 1988 et 1991 (JOSEPH, 1998). On peut légitimement attribuer ce regain de confiance vis-à-vis du secteur bancaire à l'aboutissement des réformes, et particulièrement à la mise en place du marché monétaire au sein de la zone BEAC à partir de juillet 1994. Toutefois, au cours de 1992 et 1993, l'anticipation de la dévaluation a incité beaucoup de déposants à placer leurs avoirs à l'étranger et notamment en France : entre le 31 décembre 1991 et le 31 décembre 1993, les dépôts à vue ont chuté de 42 % et les dépôts à terme de 18 %. Afin de stopper la fuite des liquidités, la fin de la convertibilité extérieure du FCFA a été déclarée en août 1993. Cette mesure fut complétée en septembre 1993 par la fin de la convertibilité des billets entre les deux zones UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) et CEMAC. Certes, la fuite des dépôts a été ralentie27 mais elle n'a pas été stoppée car, de manière détournée, de nombreux agents ont pu continuer à sortir des billets. Par exemple, En 1995, les dépôts à vue ont chuté de 16 % (en réel) et les dépôts à terme de 12 % car les agents manquaient de confiance dans le système bancaire. En effet, depuis le second semestre 1995, il était déjà question de nouvelles restructurations qui ne pouvaient pas rassurer les épargnants. Ainsi, pour éviter que leurs dépôts soient bloqués, les agents ont retiré leurs liquidités du système bancaire engendrant une situation proche de paniques bancaires (AGLIETTA et MOUTOT, 1995). Entre décembre 1995 et avril 1997, les dépôts à vue ont progressé de 3 % et les dépôts à terme ont chuté de 21 % (en nominal). En revanche, au cours de l'année 1997, la liquidité bancaire s'est nettement améliorée dans son ensemble. Comme il apparaît au graphique d'annexe 1, cette amélioration s'est poursuivie de manière satisfaisante, car les variations ont été par exemple de +53 % de 1997 à 2000, de +27 % de 2000 à 2003, et enfin plus de 100 % de 2003 à 2006.

27 La chute des dépôts bancaires est beaucoup moins importante en 1993 qu'en 1992

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

Une autre réalité de cette évolution est que la capacité d'offre de crédit n'est qu'apparente, dans la mesure où les dépôts collectés sont essentiellement à court terme qui ne peuvent être utiles qu'à la distribution des crédits à court terme. Or, ces crédits financent généralement les opérations de court terme à rentabilité immédiate comme le commerce général de distribution et l'import-export; ils ne peuvent donc pas financer les investissements à moyen et long terme, parce que les banques camerounaises à cause de la faible transformation des dépôts à court terme en emplois en moyen et long terme. En fait, la capacité de transformation par les banques de leurs dépôts à cour terme en emplois longs étant très limitée, les banques ne peuvent jouer qu'un rôle marginal0 dans le financement des investissements des entreprises. Or dans la structure passée et actuelle des ressources des banques, les dépôts à court terme sont les plus importantes.

Il vient donc que constituée pour l'essentiel des dépôts à court terme, la liquidité bancaire au Cameroun n'est qu'apparente. D'ailleurs, certains dirigeants des banques ne se privent pas des déclarations du genre « les banques camerounaises se trouvent dans une situation de surliquidité en trompe oeil »

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