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Relation banque-entreprise et croissance économique au Cameroun.

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par Pascal Alain DZOU OMGBA
Université Yaoundé II-Soa - Master 2 en Gestion Bancaire et des Etablissements Financiers 2014
  

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III.II - LES IMPLICATIONS D'UNE RELATION DE MEFIANCE BANQUE-PME SUR LA CROISSANCE DU CAMEROUN

Le rôle du système bancaire dans l'activité économique peut être diversement appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de l'investissement et partant de la croissance d'un pays a fait l'objet d'une attention particulière dans la littérature économique. Ainsi, SCHUMPETER (1912), soulignait déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du système économique, et leur apport bénéfique à la croissance à travers le financement de l'innovation. BENCIVENGA ET SMITH (1991) montrent qu'une bonne gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet d'augmenter la part de l'épargne allouée aux placements davantage productifs tout en

32 C'est l'article 23 du Décret Présidentiel du 13 juin 1984 qui exige la libération d'un autofinancement de 20 % par les PME

33 Cité par ATTOUH (1988)

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs établissaient par là et de façon théorique une relation positive entre le secteur bancaire et la croissance économique. Pour tout dire, la théorie économique indique que les banques ont la possibilité d'influencer positivement (à travers le financement des entreprises) la croissance. La question qui se pose à ce niveau de l'analyse est celle de savoir si dans un univers où la relation banque-PME est emprunte de méfiance comme c'est le cas actuellement au Cameroun, quelles pourraient en être les implications aussi bien sur l'investissement des entreprises que sur la croissance ? .

III.II.1 - LES IMPLICATIONS SUR L'INVESTISSEMENT DES ENTREPRISES

Au cours de la décennie 90, les banques se sont peu engagées dans le financement de l'économie pour deux raisons : la restructuration du système bancaire n'était pas encore achevée et la nouvelle politique de la BEAC reposant sur la programmation monétaire avait restreint considérablement la marge de manoeuvre des banques dans leur politique de crédit.

Sur le plan sectoriel, une enquête menée par DIAL (1993) et la Direction de la Statistique et la Comptabilité Nationale (DSCN) a montré que pour l'exercice 1990/91, 85 % des industries de 20 employés et plus avaient besoin d'un crédit pour financer leurs investissements. Parmi celles-ci, 70 % avaient eu des difficultés à l'obtenir. Le coût du crédit était évoqué par 28 % des industries et le fait que les banques prêtent difficilement par 42 %.

Sur le plan macroéconomique, les crédits à l'économie ont diminué de 27 % en terme réel de 1993 à 1994, et de 10 % en 1995. Entre 1995 et 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits ont encore diminué de 17 % en terme nominal (JOSEPH, 1998). Sans entrer dans les détails, il s'en est suivi une faible capacité d'investissement (Banque Mondiale, 1995 ; NDJANYOU, 2001 ; KAMGNIA, 2002 ; FMI, 2003).

En réalité, le constat général était celui d'une atonie du crédit, les banques sont devenues frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie (JOSEPH, 1998). La baisse des crédits illustre aussi le fait que suite à la dévaluation, l'Etat a apuré une bonne partie de ses arriérés de paiement auprès des entreprises qui ont moins sollicité les banques. Par ailleurs, la part des crédits accordés à l'Etat a considérablement progressé depuis les premières restructurations de 1989, passant de 10 % à 31 % des crédits totaux accordés par les banques et ce malgré l'exclusion à partir de 1991 des bilans des banques liquidées. Du point

65

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

de vue des banquiers, les mesures accompagnant la dévaluation ont permis d'alléger la dette extérieure, mais n'ont pas concerné la dette de l'Etat et ce sont les banques qui continuent de la financer de manière indirecte.

Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110 % au 31 août 1996 contre 89 % en 1985, avant le déclenchement de la crise. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17 % (en nominal). Depuis cette date, l'évolution s'est beaucoup améliorée (voir annexe 2). En effet, après une diminution de l'ordre de 2 % en 2004, la variation des crédits à l'économie est redevenue positive et a atteint 11,2 % en 2005. De plus, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85 % des crédits accordés, car autant il n'y a presque plus de banques de développement dans le paysage bancaire, autant les banques commerciales hésitent encore à financer les projets inscrits dans le moyen et long terme. A ce niveau de l'analyse, il serait intéressant d'analyser l'incidence des crédits à court terme sur l'investissement

En effet, Il convient de rappeler ici que dès 1972 année d'entrée en application des Accords de Brazzaville, le CNC , après avoir analysé l'évolution des crédits à moyen et long termes au Cameroun, a constaté la régression de la contribution des banques créatrices de monnaie au financement des programmes d'équipement conçus dans le cadre des plans de développement économique et social34, et le CNC de conclure : « on peut regretter que l'intervention du système bancaire au financement dans le domaine du moyen et long termes aient été moins nettes »35. Dans cette perspective, il est possible d'affirmer ici à la suite de ATTOUH (1980) que ces différentes réflexions du CNC sont toujours d'actualité aujourd'hui dans la mesure où l'évolution par terme des crédits n'a pas fondamentalement changé depuis cette date.

Il reste que le crédit à court terme n'est pas une mauvaise chose en soi. Bien plus, on ne peut pas dire à priori que le fait qu'il constitue la majorité des moyens de financement distribués par les banques au Cameroun soit un handicap pour la croissance et le développement économique. Le crédit à court terme permet en effet aux entreprises de financer leur exploitation, sans oublier que lorsque le crédit à court terme permet aux entreprises de commercialiser leurs productions, il joue alors un rôle stabilisateur dans la mesure où il permet aux entreprises de dégager leur autofinancement. Toutefois, pour que

34 Cameroun : Rapport d'Activité du CNC 1972, cité par ATTOUH (1980)

35 Idem

66

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

l'impact du crédit à court terme soit positif, il faut que les activités qu'il finance se traduisent par une augmentation de la production ; dès lors, la distinction entre crédit à court terme et crédit à moyen et long terme devient l'élément important pour juger des effets sur l'économie d'une structure donnée du crédit. On va alors constater une prépondérance des crédits à court terme finançant en priorité le secteur tertiaire. Comme le souligne ATTOUH (1980), la concentration des crédits à court terme dans les activités de commerce est une survivance de l'économie de traite de la période coloniale ; l'indépendance n'a rien modifié dans la structure des crédits à l'économie distribués par les banques et dans une telle structure des crédits, l'investissement productif tient une place moins importance. Le CNC du Cameroun avait il est vrai et ce dès 1972, s'inquiétait déjà des conséquences sur l'économie du pays de la quasi-inexistence des crédits à moyen et long termes. Le CNC n'a pas manqué de déplorer cette situation en affirmant « il est à craindre que la baisse du rythme de croissance de notre économie d'une part, l'effet de stagnation du financement à moyen et long termes d'autre part, ne deviennent un handicap sérieux pour le développement »36

Il est vrai, lorsqu'on regarde l'évolution des crédits à l'économie, on constate bien qu'ils progressent régulièrement, ce qui signifie que les banques participent effectivement au financement de l'économie. Cette affirmation doit cependant être nuancé si on se réfère au taux d'endettement qui est déterminé en posant :

Crédit au secteur privé

Taux d'endettement =

PIB

Les calculs ont été effectués en éclatant les crédits au secteur privé en crédits à court terme et en crédits à moyen et long termes. Les résultats obtenus sont repris dans le Tableau 4 à partir duquel il est possible de faire les observations suivantes :

? Les résultats obtenus confirment la faible proportion des crédits à moyen terme et la quasi-inexistence des crédits à long terme indispensables au financement de l'investissement. Cette situation aurait pour cause la faiblesse du processus de transformation des maturités des dépôts courts en crédits longs comme cela a été souligné plus haut. Ce

36Idem

67

Relation Banque-Entreprise et croissance économique au Cameroun

processus il faut le noter, a toujours été la caractéristique première de l'intermédiation financière

? Les résultats obtenus indiquent une évolution à la baisse du taux d'endettement aussi bien losrqu'on considère le total des crédits au secteur privé que les crédits à moyen et long termes également au secteur privé.

Tableau 4 : Crédits par terme sur crédits au secteur privé (en %)

ANNEES

CT

MT

LT

TOTAL

% CT

% MT

% LT

TOTAL
en %

PIB en
Millions de
CFA

TOTAL
/PIB
en %

MT+LT
/PIB
en %

2000

527931

137487

35097

700515

75,3

19,7

5,0

100,0

4643683,784

15,1

3,7

2001

582362

147528

30198

760088

76,6

19,5

3,9

100,0

4816554,628

18,8

3,6

2002

620701

183163

30577

834441

74,4

21,9

3,7

100,0

5439889,164

15,3

3,9

2003

649493

225241

33034

907768

71,5

24,8

3,6

100,0

6816922,506

13,3

3,8

2004

627180

247297

30412

904889

69,3

27,4

3,3

100,0

7887678,368

11,4

3,5

2005

643303

298218

35316

976837

65,8

30,6

3,6

100,0

8293928,755

11,7

4,0

2006

654283

306548

38628

999459

65,4

30,6

3,8

100,0

8976533,196

11,1

3,8

2007

697649

340361

45050

1083060

64,4

31,5

4,1

100,0

10215890,56

10,6

3,7

2008

810992

414344

57396

1282732

63,2

32,4

4,4

100,0

11661128,21

11,0

4,0

2009

825814

495723

57334

1378871

59,9

35,9

4,2

100,0

11690571,3

11,8

4,7

Source: Calcul de l'auteur à partir des données des Rapports d'activité de la BEAC

Au-delà des implications de la relation de méfiance entre banques et entreprises sur l'investissement, il est également intéressant de cerner ces implications dans un cadre plus général à savoir, celui de croissance économique.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo