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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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1.3. Le festival, une ressource nécessaire en matière de diffusion musicale

L'engouement pour les festivals ne se limite pas à quelques grandes agglomérations, il se diffuse jusque dans les petites villes et villages, et pas seulement touristiques. Certes, les festivals sont des activités ponctuelles, mais ils peuvent mobiliser des acteurs pendant toute l'année. On peut d'ailleurs citer le célèbre festival de Marciac, le festival les Vieilles Charrues à Carhaix, mais aussi un grand nombre de festivals plus modestes, qui, pour certains, ont vocation à faire connaître et diffuser les cultures du monde en milieu rural. Ils sont de plus en plus perçus comme un véritable levier au développement local, impactant économiquement, socialement et culturellement certains territoires. L'exemple de Jazz in Marciac est révélateur de cette dynamique : alors que le village de Marciac était menacé de désertification, le festival dont le maire en est aussi le directeur artistique, a notamment permis d'accroître son nombre d'habitants, de procéder à des travaux de réaménagement de la commune (financé par la région), d'attirer certains promoteurs et entreprises (Pierre et Vacances y a installé un de ses complexes), et de créer une salle de concert proposant une programmation annuelle.

Bien qu'aucun festival ne prétende aujourd'hui être de l'envergure de Jazz in Marciac, il n'en demeure pas moins qu'ils représentent sur le Gâtinais une source essentielle en matière d'offre musicale. Tous les festivals identifiés sont issus d'une initiative individuelle et collective. Bien que la moyenne d'âge de ces festivals se soit considérablement rajeunie au vu de l'arrivée récente de certains d'entre eux et la disparition de plus anciens (La Betterave Musclée par exemple, et ses 15 éditions), c'est justement cette dynamique de création qui nous interpelle. Elle

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est particulièrement révélatrice d'une envie de plus en plus accrue de participer au développement d'une offre sur le territoire. Aussi, l'on peut se demander si cette envie est motivée par de vrais besoins, comme l'exposent certains organisateurs, ou si c'est justement cette dynamique qui créée de nouveaux besoins. En effet, il apparaît que pour au moins deux festivals (Au Bon Coin festival et LaGrange festival), les organisateurs ont largement fréquenté le festival Notown et se sont appuyés sur l'association Musiqafon, en l'intégrant à leur projet. Que ce soit parce qu'ils considéraient que le festival Notown s'essoufflait, ou qu'au contraire celui-ci était un modèle à suivre, l'influence d'un tel évènement est notable sur ces initiatives. Il est alors possible d'identifier un cercle plus ou moins distinct d'habitués à l'offre musicale locale, désireux de mettre à profit cette expérience de spectateur, et bien souvent de musiciens ayant déjà participé au Notown, au service de leur propre projet. D'ailleurs, il n'est pas curieux de constater que les artistes locaux programmés par Musiqafon, le sont aussi dans les festivals Au Bon Coin et LaGrange, c'est le cas par exemple du collectif Woulaï, spécialisé dans les sound-system (dubstep, reggae/dub, musiques électroniques), que l'on retrouve régulièrement à l'affiche de ses évènements.

La saison des festivals dans le Gâtinais démarre à partir de fin mai, pour se clôturer le premier week-end de septembre. La majorité d'entre eux se concentre entre la fin du mois de juin et le début du mois de juillet, ainsi que sur les deux dernières semaines d'août. Excepté le Rainforest et la Douve Blanche, particulièrement orientés vers un public jeune (15-25 ans) et financièrement aisé (30€ l'entrée par jour), l'ensemble des festivals est ouvert à tous les âges et tend à être accessible au plus grand nombre à travers une politique tarifaire adaptée (en moyenne 5€ l'entrée, maximum de 12€). Le public accueilli est vraisemblablement local selon les organisateurs et est constitué à la fois d'un public jeune et d'un public familial. Difficile de connaître leur véritable profil étant donné le manque de données quantitatives, toutefois il est possible de dégager quelques traits et tendances. Hormis la présence de quelques têtes d'affiche d'envergure nationale ou internationale, qui motiveraient un public d'amateurs, le caractère très local de la programmation nous suggère qu'il pourrait s'agir à la fois : d'un public pour qui le festival représente une animation locale, motivé par son caractère festif et une certaine curiosité ; un public sensibilisé dont l'implantation d'un festival leur fournit l'occasion d'un sortie culturelle et pour qui leurs pratiques culturelles sont relativement développées ; un public d'habitués qui se déplacent volontairement pour un festival qu'ils ont déjà fréquenté, et dont ils souhaitent rester fidèles ; un public de « fans » pour qui la présence d'une ou plusieurs

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formations locales qu'ils connaissent ou soutiennent, souvent par le biais de leur entourage (famille, amis, proches), est une source de motivation. La programmation est relativement homogène entre les festivals, excepté pour le festival Django Reinhardt, où domine l'esthétique jazz. Ainsi, le rock, le métal, la chanson française, le reggae, le rap ou encore le hip-hop sont représentés dans les mêmes proportions dans la quasi-totalité des festivals.

A l'instar des projets itinérants, l'éphémère ou la forme festivalière apparaît comme une caractéristique prégnante en milieu rural, il s'agirait même d'une nouvelle tendance au regard des quatre nouveaux festivals créés depuis à peine deux ans sur le territoire. Si cette évolution peut traduire l'émergence d'une nouvelle dynamique, elle s'appuie à la fois sur un maillage local de plus en plus investi par une nouvelle génération d'acteurs ayant suivi et bénéficié des initiatives des plus anciens, et à la fois sur une tendance que l'on qualifierait de « néo-rurale », chargée d'une vision plus « urbaine » de l'offre, davantage inspirée des codes et des modèles plus « institutionnels » notamment en matière de communication (support répondant à une charte graphique professionnelle, développement d'un site internet, forte déclinaison des supports, plan de communication), d'équipements (scènes et matériels professionnels) et d'organisation (sas de sécurité, carte de paiement prépayée).

Il transparaît qu'à travers cette diversité d'initiatives, individuelles et collectives, marquée par l'itinérance et l'éphémère, qu'une multitude de dynamiques locales se développe. Toutefois celle-ci tend à être largement temporaire et à ne pas bénéficier tout au long de l'année, ni à la population locale, ni aux formations locales. Pourtant, ces initiatives participent non seulement à l'animation du territoire, mais recèlent aussi un véritable intérêt social et local.

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II. L'utilité sociale et territoriale des projets musiques

actuelles en milieu rural

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo