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Musiques actuelles en milieu rural - le cas du gà¢tinais sud seine-et-marnais


par Bilitis DELALANDRE
Université Paris-Est Marne-la-vallée - Département histoire - Master 2 Professionnel « Développement Culturel Territorial » 2016
  

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Conclusion

Au terme de cette étude, il convient de souligner la place encore marginale et fragile occupée par les musiques actuelles dans le Gâtinais ainsi que la difficulté de développer un véritable projet musiques actuelles qui répondrait globalement aux attentes des populations et des formations musicales, amateurs ou professionnelles. Dans un territoire qui totalise des centaines de groupes et d'artistes, la situation est encore insatisfaisante pour prétendre à une équité territoriale et surtout à des conditions d'accès aux équipements adaptés et similaires sur l'ensemble du département. Toutefois les éléments abordés nous permettent sans ambigüité de conclure à l'existence d'interactions importantes, d'un maillage d'acteurs en perpétuel évolution entrant souvent en résistance face à cette situation inégalitaire. L'investissement de nouveaux arrivants, majoritairement néo-ruraux et de jeunes locaux aux côtés d'acteurs plus historiques témoigne de cette envie de faire et d'agir au sein d'un espace « des possibles », porteur d'initiatives aux modes d'intervention innovants cherchant à s'adapter à ses différentes configurations spatiales, au plus près des populations. Les initiatives analysées dans cette étude tendent à inverser le rapport de « l'offre » des collectivités territoriales pour se placer sur la notion de « réponse » qui doit intégrer la logique de l'autre. La diversification des activités, des propositions artistiques et l'élargissement à d'autres disciplines et secteurs apparaissent comme une évolution indispensable. En effet, de façon progressive, au fil de leur ancrage, les projets évoluent vers un développement de leurs fonctions, sans que ce processus soit forcément formalisé à l'origine des initiatives.

Pour les acteurs les plus anciens du territoire, leur développement a été synonyme de prise en compte graduelle des attentes non satisfaites et des besoins émergents, à mesures des évolutions démographiques et des mutations territoriales. Face au manque et à l'isolement, les structures deviennent ressources pour leur territoire et participent à une multitude de mécanismes de développement territoriaux en lien fort avec leur environnement local. On peut en outre conclure à l'existence de points communs importants entre les motivations des structures, notamment en termes d'engagement et de volonté de faire exister une offre qui ne soit pas seulement entrevue comme un bien de consommation. Si les structures sont dans l'ensemble ouvertes à tous, et apparaissent comme des espaces d'expérimentation de chacun par chacun, qui s'inscrivent nettement dans une démarche d'éducation populaire dans leurs discours et actions dans le domaine de l'accompagnement des pratiques musicales et artistiques, il importe de dépasser le discours et l'évidence supposée, et de développer une réelle réflexion

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quant à leur rôle politique, en mettant en exergue les notions de citoyenneté et de démocratie participative.

Il convient par ailleurs de souligner les effets des logiques et intérêts individuels rencontrées entre acteurs, qui malgré un tissage relativement dynamique, montrent des tendances à l'autonomisation. Le manque de véritable synergie entre acteurs du même territoire, volontaire ou involontaire, complexifie l'appréhension d'un éventuel schéma global de développement en faveur des musiques actuelles. L'on peut souligner les difficultés d'implication des réseaux et fédérations, hormis dans le cadre de demandes de soutien spécifique, pour favoriser et valoriser cette partie de la scène locale seine-et-marnaise, qui ne peut profiter des mêmes conditions de développement que sur la frange ouest du département. Il en est de même pour les institutions publiques, qui appréhendent les musiques actuelles sous l'angle de l'animation ou celui de la démocratisation de la culture mais qui n'ont, semble-t-il, pas pris conscience du potentiel de ces structures en termes d'utilité sociale. Cette approche peut être objectée par certains acteurs, comme par exemple Jean-Michel Lucas, pour qui « une association de musiques amplifiées n'a pas â se donner comme mission de régler les problèmes des quartiers en difficultés, ou de faire évoluer le système éducatif, ou de rendre les habitants plus citoyens... »141. Or, sans négliger l'importance de l'artistique et du développement des pratiques, comme cela est souvent fait par les pouvoirs publics qui instrumentalisent les musiques actuelles comme étant un moyen et non une fin par mécompréhension ou simplement par manque de volonté, il s'agit de participer à une réflexion des lieux sur leur projet, étant donné que tous ou presque se place dans cette perspective, notamment dans le cadre de leurs demandes de subventions142.

À ce titre, il est apparu que la majorité des projets musiques actuelles étudiés se caractérisent d'abord par une entrée historiquement artistique, au sens d'une activité exclusivement dédiée à la diffusion musicale ou à une esthétique particulière ; puis ont évolué vers une entrée culturelle, dans la perspective d'un équilibrage des besoins des populations en termes de diffusion et d'accompagnement des pratiques ; pour récemment investir une entrée « territoriale », à travers l'accompagnement local des projets associatifs ou individuels du

141 Dans Les Rencontres du Grand Zebrock. Une nouvelle ambition pour les musiques amplifiées/actuelles en Île-de-France, actes des Rencontres des 6 et 7 novembre 1998, Chroma, 1999, p. 26

142 A ce sujet, Franck Lepage évoque « le catéchisme des demandes de subventions : partenariat, développement local, lien social, citoyenneté, etc. » (in Le Travail de la culture dans la transformation sociale : une offre publique de réflexion du ministère de la jeunesse et des sports sur l'avenir de l'éducation populaire, La Documentation Française, 2001, p. 103)

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territoire avec des outils adaptés. Cette dernière entrée au sein des projets en milieu rural revêt une dimension forte d'utilité sociale, comme c'est le cas pour certains lieux en quartiers périphériques, en banlieues fermées, dont les problématiques se rapprochent.

Dans cette perspective, il s'agit de trouver des voies de coopération entre les structures et les collectivités locales, dans un équilibre entre une formalisation excessive, risquant l'uniformisation, et une nébuleuse autour des projets et des valeurs. Si l'on considère plus largement ce domaine artistique, les musiques actuelles, souvent qualifiées d'urbaines, dépassent de très loin le cadre urbain. Elles épousent les évolutions de la société et c'est pour cette raison qu'elles doivent faire l'objet d'une prise en compte attentive par les politiques publiques.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon