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Analyse criminologique des interactions entre les agents de sécurité et les creuses dits clandestins dans le site minier MMG/Kinsevere


par Nestor NEDI PALANGA
Université de Lubumbashi - Licence en criminologie 2019
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

    ECOLE DE CRIMINOLOGIE

    LUBUMBASHI

    Par NEDI PALANGA Nestor

    Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en Criminologie

    Option :Criminologie Economique et

    Environnementale

    Directeur : Prof. Honoré NGOIE MWENZE

    ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019

    ANALYSE CRIMINOLOGIQUE DES INTERACTIONS ENTRE LES AGENTS DE SECURITE ET LES CREUSEURS DITS CLANDESTINS DANS LE SITE MINIER MMG/KINSEVERE

    IN MEMORIAM

    A mon très cher ami d'enfance Louis NKASHAMA TSHIYA qui m'a quitté, je garde ton immortalité à travers ce travail.

    Que ton âme repose en paix.

    DEDICACE

    A mes chers parents PALANGAAlbert et KENDEBeatrice pour leur sacrifice et l'amourqu'ils ont manifestés durant mon parcours universitaire ;

    A toi MAHINDABernadette, MALUPaulette,PALANGANadine, John PALANGA, PALANGAAlbert fils, Anselme PALANGA et toute la famille PALANGA qui n'ont en aucun cas cessé de me soutenir et m'encourager tant sur le plan spirituel que financier ;

    A toi ma fille Benedict Monique NEDI;

    Je dédie ce travail.

    NEDI PALANGA Nestor

    REMERCIEMENTS

    La réalisation et la rédaction de ce mémoire n'auraient pas été possibles sans l'aide précieuse de plusieurs personnes.Dans un premier temps,nous tenons à remercier l'Eternel Dieu Tout Puissant pour sa protection et sa miséricorde à notre faveur.

    Nous remercions le professeur NGOIE MWENZEHonoré, le Directeur de ce mémoire, pour son encadrement, ses encouragements,ses remarques et ses conseils malgré sesmultiples préoccupations.

    Nos gratitudes s'adressent aux autorités académiques de l'Ecole de Criminologie pour leur accompagnementdurant notre cursus universitaire. Entre autre le Professeur TSHINYAMA KADIMA Ildephonse, Professeur BADY KABUYA Gabin, Professeur LUPITSHI WA NUMBI Norbert, Professeur KANTENGA MWAMBA Dieudonné.

    Notre gratitude la plus sincères'adresse également à l'entreprise MMG/Kinsevere, plus particulièrement au personneldu département de sécurité et des ressources humaines qui nous a accordé ce privilège de passer un séjour sur le site minier avec une possibilité d'yeffectuer notre stage de recherche. Nous citons Monsieur KABAMBAJohnny(Superintendant du département de Sécurité),NGOYGuy, NUMBIJullien, NGENDASymphorien, YINDULAJean-Claude, KYUNGUAlain, WANUKU Delly et LOHATAAlain.

    A tous mes frères, soeurs et famillesFATUMAMacqdis, MUKENDIRénedy, MAKAMBUMike, MIKOBIEdouard, MANENGAAugustin, NKASA NKOMBE Ruth, MBO ATOWAMarie-Paule,BANYI Clarisse, ISHOM Elysée, DETSTHIU Joseph, KABUNGUBernard, MIKOBIcorneille,MBOK-KAMBoscla, BUPEGeorges, MUTSHANGAWa NGOYA pour votreappui et votre encouragement.

    Nous disons merci merci à tous nos condisciples :KEY KABILAGuelith,IDI KINGOMBE César-Zéphyr, KAJOCHODelphin,UMBA Nathan, NDUWAPaguiel,MWEMA Fils, LWAMBAArmine,KYABUTA John,MUTWALE John ainsi que tous ceux qui ne sont pas cités dans le présent travail mais qui, de loin ou de près, nous ont manifesté leur marque de sympathie.

    Je tiens à remercier les personnes ayant accepté de participer à cette étude, de m'avoir reçu et donné de leur temps pour répondre au questionnaire.

    TABLE DES MATIERES

    IN MEMORIAM 1

    DEDICACE 2

    INTRODUCTION GENERALE 4

    CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 6

    1.1. La construction de l'objet de recherche 6

    1.1.1. L'objet de recherche 6

    1.1.2. Le constat à base de la recherche 7

    1.1.3. La Question de recherche 8

    1.2. LA REVUE DE LA LITTERATURE 9

    1.3. L'INSCRIPTION DE L'OBJET D'ETUDE EN CRIMINOLOGIE 11

    1.4. LA PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE 11

    1.4.1. La grille de l'acteur et le système (Michel Crozier & Erhard Friedberg) 12

    1.4.2. La théorie de l'interactionnisme symbolique selon David Le Breton 13

    CHAPITRE II : DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 15

    SECTION 1 : L'APPROCHE QUALITATIVE ET LA DEMARCHE INDUCTIVE 15

    SECTION 2 : LA PRESENTATION DU CHAMP D'INVESTIGATION 16

    Ø Délimitation spatiale 16

    Ø Délimitation temporelle 17

    2.1. Aperçu historique de MMG/Kinsevere 17

    2.2. Les valeurs de MMG/Kinsevere 17

    2.3. MMG/Kinsevere et les Droits de l'Homme 18

    2.4. Le département de la sécurité MMG/kinsevere 18

    Section 3 : LA CONSTITUTION DE L'ECHANTILLON 19

    SECTION 4 : LES TECHNIQUES DE RECEUIL ET D'ANALYSE DES DONNEES 20

    4.1. La récolte des données 20

    4.1.1. Les outils de collecte des données 20

    4.1.2. Les techniques de recueil des données 23

    4.2. L'analyse des données empiriques 25

    SECTION 5 : LA DIMENSION ETHIQUE DE LA RECHERCHE 27

    SECTION 6 : LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES STRATEGIES DE CONTOURNEMENT 28

    CHAPITRE III : RESULTAT DE LA RECHERCHE 29

    SECTION 1. LA NATURE DES INTERACTIONS 29

    SECTION 2 : ACTEURS IMPLIQUES DANS LES INTERACTIONS 32

    2.1. Les agents de sécurité 32

    2.3. Les acteurs à contrôler : les creuseurs clandestins 33

    2.4. Les acteurs à double visage 34

    SECTION 3. PRATIQUES PROBLEMATIQUE SUR LE SITE MINIER MMG/KINSEVERE 36

    3.1. SITUATIONS-PROBLEMES CRIMINALISEES SUR LE SITE MINER DE MMG 36

    3.2. DESCRIPTION DES PRATIQUES 37

    3.3. IMPACT DES PRATIQUES 42

    3.3.1. Impact environnemental 42

    3.3.2. Impact économique 46

    3.3.3. Impact socioprofessionnel 47

    3.3.4. Atteinte à la dignité humaine 48

    3.4. STRATEGIES DES ACTEURS 48

    3.4.1. Les stratégies des creuseurs clandestins 49

    3.4.2. Stratégies des agents de sécurité 51

    3.5. ENJEUX DES PRATIQUES OBSERVEES 53

    3.5.1. Les enjeux économiques 54

    3.5.2. Les enjeux règlementaires 56

    SECTION 4. REPRESENTATIONS SOCIALES DES ACTEURS 57

    4.1. Les représentations sociales des agents de sécurité à l'égard des creuseurs clandestins. 57

    4.2. Les représentations des creuseurs clandestins sur le dispositif sécuritaire 59

    CONCLUSION GENERALE 61

    BIBLIOGRAPHIE 63

    ANNEXES 66

    INTRODUCTIONGENERALE

    Cette étude est consacrée à une analyse criminologique des interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs,dits clandestins dans le site minier MMG/Kinsevere. La construction de cet objet d'étude est partie du constat qui nous a amené à en faire une préoccupation en criminologie afin d'analyser, de comprendre et d'élucider les situations-problèmes observées.

    Ainsi, l'entreprise MMG/Kinsevere est uneminede cuivre de haute teneur située dans la province du Haut-Katanga à Kinsevere, à environ 30Km de la ville de Lubumbashi. Cette entreprise est confrontée àdes divers cas d'intrusions des acteurs venant des différentes périphéries de l'ex-province du Haut-Katanga qu'on appelle communément « creuseurs ».

    Pour faire face à ce fléau, MMG a mis en place un arsenal sécuritaire dans le but de sécuriser sa concession minière. Il comprend les services de sécurité publique et privée (la société G4S, la police des mines et des hydrocarbures, et la légion nationale d'intervention), des caméras de surveillance, des drones, une barrière électronique, une tranchée (de long de 17 km2 avec une profondeur de 2 à 3 mètres qui sépare le site minier et les villages environnants afin que les intrus ne puissent pas pénétrer dans la mine),etc.

    Malgré la mise en place de cet arsenal sécuritaire, les exploitants miniers artisanaux communément appelés « creuseurs » pénètrent clandestinement dans la concessionminière privée de MMG/Kinsevere où ils exploitent les minerais sans l'autorisation du concessionnaire. Or, sur le plan légal, le site minier de MMG n'a pas le statut d'une zone d'exploitation minière publique. Au-delà de l'exploitation illicite des ressources minières, lorsque ces creuseurs clandestins pénètrent sur la mine, ils emportent tout ce qu'ils trouvent important à leurs yeux : des câbles électriques, des batteries des camions, des tapis... Ils s'adonnent à des agressions et des actes de vandalisme.

    A cet effet, nous noussommes inscrits dans une analyse compréhensive sur les interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins au site minier MMG/Kinsevere. L'idée derrière cette formulation est de comprendre d'une manière globale la façon dont les agents de sécurité entretiennent leurs relations avec les creuseurs clandestins lorsque ces derniers veulent accéder ou sortir de la mine. Cette étude fournitégalement une vue d'ensemble sur les pratiques qui se développent sur le site minier, leurs impacts, enjeux, stratégies ainsi que les représentations sociales des acteurs.

    Hormis l'introduction générale et la conclusiongénérale, ce travail est subdivisé en trois chapitres :

    Le premier chapitre est consacré au cadre théorique de la recherche ; il s'agit de démontrer le processus et le paramètre que nous avons opté, pour construire l'objet de recherche jusqu'au questionnement, l'appartenance de l'objet d'étude en criminologie, la revue de la littérature et enfin la problématique de la recherche.

    Le deuxième chapitre est consacré aux dispositifs méthodologiques de la recherche ; il s'agit bien de démontrer la démarche et l'approche que nous avons inscritedans notre objet de recherche, les outils et les techniques de récolte des données, la constitution de l'échantillon, la présentation du champ d'investigation, la dimension éthique de la recherche etenfinles difficultés rencontrées et leurs modes de contournement.

    Le troisième chapitre est consacré au résultat de la recherche ; il traite de la nature des interactions, identifie les acteurs impliqués ; relève les pratiques problématiques et commente les représentations sociales des acteurs ; c'est-à-dire le regard des agents de sécurité envers les creuseurs clandestins et vice-versa.

    CHAPITRE I :CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

    Ce présent chapitre est constitué des points suivants : La construction de l`objet de recherche et la question de recherche, la revue de la littérature, l'inscription de l'objet de recherche en criminologie et la problématique.

    1.1. Construction de l'objet de recherche

    1.1.1. Objet de recherche

    Selon Albarello (2012 : 38), «  c'est au chercheur qu'incombe la charge de choisir un thème dans lequel il se sent bien, qui l'intéresse, qui le motive et le passionne selon sa propre psychologie, sa propre histoire personnelle et professionnelle, son propre état d'avancement intellectuel et selon sa sensibilité aux interpellations en provenance de son environnement social comme il en est de notre thème de recherche ». 

    Les rapports entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins au site minier MMG/Kinsevere ont attiré notre attention. Ces rapports constituent notre objet de recherche. Comme les disent Quivy et Van Campenhoudt (2006 : 17), «  si nous choisissons de traiter un sujet donné, c'est forcément parce qu'il nous intéresse. Nous en avons presque toujours une connaissance préalable et souvent une expérience plus ou moins concrète. Peut-être mêmenous sommes désireux de réaliser notre recherche pour mettre au jour un problème social ».

    Cette étude se fonde sur les données empiriques et consiste à faire une analyse compréhensive sur les relations que les agents de sécurité entretiennent avec les creuseurs clandestins sur le site minier. Notre intérêt est d'éclairer les pratiques, les impacts, les enjeux et les représentations qui découlent des interactions entre les différents acteurs.

    Voyons dans la partie qui suit le constat qui a incité de faire de cette thématique une étude criminologique.

    1.1.2. Constat à base de la recherche

    La construction de notre objet de recherche est parti d'un constat qui nous a incité à en faire une recherche criminologique afin d'élucider les situations observées.

    D'abord, nous avons constaté que l'entreprise minière MMG/Kinsevere est confrontée par des divers cas d'intrusions et toute forme des pratiques déviantes sur sa concession minière. Pour faire face à ce problème, MMG a mis en place un arsenal sécuritaire dans l'objectif de sécuriser ses biens et les personnes. Parmi les dispositifs sécuritaires nous pouvons citer:

    ü Des agents de sécurité publique (ceux de la police des mines et des hydrocarbures, ceux de lapolice de circulation routière et ceux de la légion nationale d'intervention) ;

    ü Des agents de sécurité privée (Group 4 Securicor, G4S en sigle),

    ü Une tranchée, longue de 17 km2 avec une profondeur de 2 à 3 mètres à certains endroits,qui sépare le site minier et le village environnant afind'empêcher lesintrus d'accéder dans la concession minière.

    ü Des caméras de surveillance et des drones, les fils barbelés, la barrière électronique, etc.

    Ensuite, nous avons observé que partant des dispositifs sécuritaires cités ci-dessus, aucune personne ne peut accéder ou sortir sur le site minier sans être fouillée et autorisée par les agents de sécurité tant d'une manière formelle qu'informelle. Tout le mouvement d'accès et de sortie sur le site minier est contrôlé et surveillé à partir des caméras de surveillance et des drones, etc.

    En fin, le constat fait sur terrain montre que malgré la mise en place de cet arsenal sécuritaire, l'exploitation minière artisanale ne se fait pas dans les zones d'exploitation publiques ; les exploitants miniers artisanaux appelés communément « creuseurs » pénètrent clandestinement dans la concession minière privée de MMG/Kinsevere où ils exploitent les minerais sans l'autorisation du concessionnaire. Or, MMG n'a pas le statut d'une zone d'exploitation minière publique mais privée. Au-delà del'exploitation illicite des ressources minières, nous avons constaté également que lorsque ces creuseurs clandestins pénètrent sur la mine, ils emportent tout ce qu'ils trouvent important à leurs yeux ; proférant des menaces et s'adonnent à des actes de vandalisme, etc.

    1.1.3. Question de recherche

    Pour Quivyet Van Campenoudt (2006 : 24-26), « labonne manière de s'y prendre dans la recherche scientifique consiste à s'efforcer d'énoncer son projet de recherche sous forme d'une question de départ par laquelle le chercheur tente d'exprimer le plus exactement possible ce qu'il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. Et une bonne question de départ doit posséder trois qualités : la clarté, la faisabilité et la pertinence ».

    Par rapport à la pertinence, Depelteau (2000 : 115) précise que la question de départ mène à une recherche pertinente. À cet égard, elle n'est pas moralisatrice, elle est une vraie question et elle porte sur quelque chose qui existe ou qui peut exister ». On peut dire qu'une question est moralisatrice lorsque la réponse qu'on y apporte n'a de sens que par rapport au système de valeurs de celui qui la formule (Quivy &Van Campenoudt 2011 : 31).

    Tenant compte du contexte actuel, nous faisons évoluer notre thème de recherche, nous nous sommes posé plusieurs questions parmi lesquelles nous retenons une seule que nous considérons comme notre fil conducteur. Elle est formulée de la manière suivante : Comment comprendre les interactions entre les creuseurs clandestins et les agents de sécurité au site minier de MMG/kinsevere ?

    Cette question a l'avantage de comprendre la façon dont les agents de sécurité entretiennent leurs relations avec les creuseurs clandestins sur le site minier étant donné que ces derniers les menacent et les agressent lorsqu'ils sont empêchés d'accéder ou de sortir dans la mine.

    Outre la question principale, nous avons formulé quelques sous-questions qui doivent nous permettre d'approfondir notre recherche :

    Ø Quelles sont les pratiques observables sur le site minier de MMG/Kinsevere ?

    Il s'agit de comprendre les activités que les creuseurs clandestins effectuent sur la mine d'une part, et les pratiques qu'ils développent en interaction avec les agents de sécurité d'autre part.Car c'est au cours des interactions que naissent les pratiques.

    Ø Quels sont les impacts de ces pratiques ?

    Il est question d'analyser et comprendre les conséquences des pratiques que les contentieux développent sur la mine.

    Ø Quelles sont les représentations sociales des acteurs ?

    Il s'agit de comprendre le regard que les creuseurs clandestins porte à l'égard du dispositif sécuritaire et sur les investisseurs étrangers de MMG, et le regard des agents de sécurité vis-à-vis des creuseurs clandestins.

    Les lignes qui suivent passent en revue les études antérieures en rapport avec notre objet d'étude.

    1.2. REVUE DE LA LITTERATURE

    Selon Lupitshi Wa Numbi (2019 : 8), « la proposition d'un thème de recherche n'est pas un fruit du hasard. Il est tributaire des plusieurs éléments dont la source d'inspiration que certains auteurs qualifient de « constats ». Parmi les sources d'inspiration, nous pouvons citer : le vécu quotidien ; les notes de cours ; les discussions scientifiques ; les lectures personnelles ; les résultats des recherches scientifiques antérieures (pour leur nuance, déconstruction, complément et/ou approfondissement) ».

    Musevu Vould Kawele (2014 : 12) souligne dans le meme ordre d'idées que « Les travaux antérieurs déjà effectués sur l'objet de recherche permettent au chercheur de se fixer sur ce qui a été déjà dit sur l'objet en question, s'y inspirer et faire une démarcation ». Dans ce même cadre d'idées, Paillé & Mucchielli (2005 : 38) poursuit que « l'homme ne naît pas seul et ne connait pas seul. Il lui est impossible de faire l'expérience de quoi que ce soit en l'absence d'un univers de référence, lequel forme le creuset de son expérience ».

    Dans cette perspective, notre objet de recherche s'inscrit dans un continuum, et sa source d'inspiration relève d'un constat et des résultats scientifiques antérieurs pour son approfondissement et son redressement scientifique. Parmi travaux scientifiques nous avons lu :

    Le mémoire de Ngongo Kabamba (2017)  portant sur «  l'étude ethnographique de la présence des ninjas sur le site minier Mineral and Metal group(MMG) à Kinsevere » meten exergue les pratiques et les stratégies que développent les ninjas sur le site minier MMG/Kinsevere.

    Une autre étude menée par Tumba Ngandu (2009) sur « l'exploitation artisanale du diamant de Tshikapa et son impact sur la population et sur l'environnement montre que l'exploitation artisanale illicite des substances minérales par les creuseurs est un travail plein de risque réalisé avec des outils généralement rudimentaireset surtout impropres à une exploitation minière à l'ère de la mondialisation (non artisanal). Et cette dernière a des effets graves sur la population et sur l'environnement naturel.

    Dans sa thèse sur la co-production de la sécurité à l'épreuve de l'observation. Polices publiques et privées dans les Usines Gécamines de Shituru à Likasi,Ngoie Mwenze (2009 : 14)précise que la coproduction de la sécurité ne s'effectue guère sans écueil. Dans cette rencontre relativement problématique entre les acteurs publics cohabitent tacitement des réseaux d'agents opérant de diverses manières dont ces deux modalités : soit, les réseaux se surveillent mutuellement ou se contrôlent (avec une conséquence positive de protéger les biens, les produits miniers), soit, certains d'entre eux participent dans les vols organisés en connivence avec d'autres réseaux internes ou ouverts, ces réseaux ne visant plus à sécuriser les biens de l'entreprise.

    Les travaux antérieures évoqués ci-dessus ont traité sur l'exploitation des ressources minières par les creuseurs dits clandestins, et met en évidence leurs caractère clandestin de leurs opérations sur les sites miniers. Quant à ce qui nous concerne, notre objet d'étude se distingue des autres dans le contexte où nous ne tenons pas seulement des activités qu'ils effectuent sur la mine d'une manière clandestine, mais également les formes d'interactions qui se construisent entre les acteurs en vue d'accomplir leurs besoins financiers ou matériels.

    1.3. INSCRIPTION DE L'OBJET D'ETUDE EN CRIMINOLOGIE

    Pour Lupitshi Wa Numbi (2019 : 8), « l'objet d'étude envisagé doit trouver une bonne place dans la discipline d'appartenance, pour notre cas d'espèce la criminologie. Sinon on peut évoluer hors discipline. Donc le thème à traiter doit avoir un lien avec la discipline scientifique dans laquelle on évolue ».

    D'une manière générale, la compréhension et l'élucidation des situations-problèmes s'inscrivent dans deux paradigmes criminologiques : celui du passage à l'acte et celui de la réaction sociale.

    Dans le premier cas, le crime existe en soi et le point focal c'est « l'individu ». On l'appelle aussi « l'étiologie du crime parce qu'il étudie les facteurs ou les causes de la délinquance du passage à l'acte. Et dans le deuxième cas, le crime n'existe pas en soi, il est le produit de la construction juridique.

    Notre objet de recherche a une place en criminologie dans le sens où les pratiques que les acteurs effectuent sur la mine sont criminalisées par la législation congolaise et par les règlements internes de l'entreprise MMG. Parmi les pratiques problématiques nous pouvons citer le vol et recel des substances minérales, l'achat et la vente illicite des substances minérales, le transport illicite des substances minérales, la détention des substances minérales et le vol des autres biens de l'entreprise, des menaces et des agressions, etc.

    En outre la législation minière congolaise autorise les opérations minières et/ou de carrières qu'aux seules personnes détentrice d'une carte d'exploitant artisanal dans une zone minière agrée. (Code minier de 2018, art.5 et art 300-304).

    1.4. PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

    Selon Quivy et VanCampenoudt (1995 : 21-35), nous avons deux approches d'une problématique : La première consiste àfaire le point des diverses approches du problème et élucider leurs caractéristiques essentielles de base.Et la seconde conçoit la problématique comme le principe d'orientation théorique de la recherche, elle est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ.En d'autres termes, la problématique estl'angle théorique adoptée pour approcher un objet d'étude, elle constitue le socle théorique de la recherche.

    Pour rendre intelligible les interactions que les acteurs impliqués entretiennent sur le site minier, nous avons mobilisé deux approches théoriques que nous avons trouvé pertinentes à savoir : la grille de l'acteur et le système de MICHEL Crozier & Erhard Friedberg etla théorie de l'interactionnisme symbolique selon David Le Breton.

    1.4.1. Grille de l'acteur et le système (Michel Crozier & Erhard Friedberg)

    Est acteur tout individu ou groupe d'individu qui participe à une action.Il est donc engagé dans un système d'action concret et doit découvrir, avec la marge de liberté dont il dispose, sa véritable responsabilité (p. 388).

    Dans le cadre de notre objet d'étude, l'entreprise minière MMG est constituée d'une diversité de personnes (des employés et les contractants), elle est affrontée a des diverses formes d'intégration des comportements des acteurs tant internes qu'externes dont chacun a ses objectifs a atteindre. Pour certains acteurs, particulièrement les creuseurs clandestins, meme s'il faut changer la manière de faire, le recours à la miniapplication ou à la négociation(le contrat) avec les agents de sécurité est un atout fondamental(Crozier et Friedberg, 1977 : 24).

    Par cette grille, nous essayons de comprendre que les relations entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins sont interdépendante et réciproque ; chaque personne a une influence sur l'autre étant donné que, d'une part, les agents de sécurité détiennent le pouvoir d'accès et de sortie sur la mine et les ressources (biens) qui y sont, et les creuseurs clandestins ont le pouvoir d'achat et monétaire d'autre part.Et pour y arriver, ils engagent une coopération et négociation en vue d'atteindre leurs objectifs. Crozier et Friedberg (P. 204) soutiennent que « les problèmes de coopération (et donc d'intégration) des acteurs sociaux poursuivant des objectifs multiples, et d'incertitude liée au caractère indéterminé des ressources (technologiques, économiques) seraient redéfinis et résolus en vue de l'amélioration des résultats. Car il n'y a pas d'actions sans relation ou sans pouvoir.

    De ce fait, cette relation n'est possible quesi l'un de membre d'un groupe dispose des ressources disponibles (possibilités d'accéder ou de sortir sur la mine que les gardes doivent assurer aux creuseurs, et la motivation financière que les creuseurs clandestins possèdent) que chacun dispose pour accomplir ses besoins sans intermédiaire d'une autre personne mais face à face.C'est dans cette logique que Crozier et friedberg : (1977 : 65) soutiennent qu'au cours des interactions entre les acteurs, le pouvoir est une possibilité pour certains individus ou groupes d'individus d'agir sur d'autres. C'est une relation d'échange et de négociation entre les acteurs sur un but qui n'est pas transitive (elle est directe, pas d'intermédiaire), et qui est réciproque.

    En outre, les interactions entre les acteurs internes du site minier (agents de sécurité et d'autres employés et contractants de MMG) et les acteurs externes(les habitants des villages environnants le site minier, en l'occurrence les creuseurs) sont fonction de quatre sources Crozier et Friedberg (p. 66) énumèrent comme fondamentales que les acteurs possèdent pour accomplir leurs besoins matériels ou financiers. Parmi ces sources des interactions nous avons : 1).La possession d'une compétence ou d'une spécialité pour les acteurs, 2). Les relations entre l'organisation et son environnement, 3). Le contrôle de la communication interne et 4). L'utilisation des règles organisationnelles (les règles sont en quelques sorte un couloir pour les acteurs d'accomplir leurs besoins que nous aurons à démontrer dans le résultat de la recherche).

    1.4.2. Théorie de l'interactionnisme symbolique selon David Le Breton

    Selon le Breton (2004 : 46), « la société est un réseau ouvert de diverses acteurs collaborant autour d'une activité spécifique et unis par étroit tissu de relation, il établit une liaison entre les aspects micro et macrosociologique du fait social. En d'autres termes l'interactionnisme est un champ mutuel d'influence. Le social n'est pas une donnée préexistante aux acteurs, mais une mise en forme commune et un ordre négocié.L'individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux, il construit son univers de sens à travers une activité délibérée de donation de sens ».

    La pertinence de cette approche théorique survient dans le contexte où elle nous permet de comprendre la manière dont les acteurs mobilisent des ressources disponibles pour réaliser leurs objectifs sur le site minier.

    Pour les agents de sécurité, la sécurité des biens des biens du client(MMG) et leur protection contre toutes les menaces est une préoccupation primordiale, et pour y arriver ils sont obligés dans certaines circonstances à recourir à la négociation et la coopération avec les creuseurs clandestins.

    Quant aux creuseurs clandestins, lorsqu'ils sont empêchés d'accéder ou de sortir de la mine, ils font usage de la manipulation, l'intimidation, la force, la violence, voire la négociation et la coopération pour atteindre leurs objectifs. C'est dans cette logique que David Le Breton (2004, 53) pense que « la négociation formelle ou informelle est une modalité de l'interactionnisme dans la vie sociale, même si pour changer les manières de faire de l'autre la séduction, la contrainte, la manipulation, la force sont toujours disponibles ».

    Dans l'autre facette, c'est à travers cette perspective théorique nous avons compris que dans les des interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins que nous nous sommes donné la tache de comprendre, il n'existe d'autres acteurs a doubles visages qui sont impliqués dans les pratiques problématiques sur le site minier.Voilà pourquoi l'auteur (P. 52) estime que les interactions n'englobent pas seulement les acteurs en coprésence, mais ils englobent une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au monde.

    Le chapitre qui suit est consacré au cadre méthodologique de la recherche.

    CHAPITRE II :DISPOSITIF METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

    Ce chapitre retrace le processus méthodologiqueauxquelsnous étions soumis pour récolteret analyser les données sans élucider. Il comprendcinq sections à savoir :

    1. L'approche qualitative et la démarche inductive ;

    2. La présentation du champ d'investigation ;

    3. La constitution de l'échantillon ;

    4. Les techniques de recueil et d'analyse des données ;

    5. La dimension éthique de la recherche ;

    6. Les difficultés rencontrées et les stratégies de contournement

    SECTION 1 : APPROCHE QUALITATIVE ET LA DEMARCHE INDUCTIVE

    Cette étude s'inscrit dans une démarche inductive et l'approche qualitative.La démarche inductive consiste à partir du travail de terrain (l'empirisme) pour remonter jusqu'à la formulation des stéréotypes d'ancrages qui puissent rendre intelligible les faits qu'un chercheur se propose d'étudier.Becker (2002 : 303) note que la démarche inductive semble être une démarche adaptée pour le traitement des questions de recherche qui ont trait aux processus des faits, en l'occurrence lesinteractions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins dans le site minier de MMG/Kinsevere que nous proposons d'analyser dans la présente étude.

    En ce qui concerne l'approche qualitative, Ngoie Mwenze (2009 : 6) estime que cette dernière s'inscrit dans une démarche inductive, « c'est-à-dire qu'elle cherche à explorer le réel, sans hypothèses de départ fortes, avec seulement un thème d'enquête, mais sans présupposés sur les résultats ». C'est dans le même contexte que Livian (2015 : 41) pense que l'approche qualitative a pour but d'observer ou de faire parler de plus près les individus, les discours, les témoignages, une expérience ou un phénomène social qu'il s'agit de reformuler et d'expliquer.

    De tout ce qui précède, notre démarche méthodologique a consisté à ne pas partir des hypothèses sur les interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins dans le site minierde MMG/Kinsevere. La réalisation de cette démarche s'est effectuée en trois étapes :Nous avons commencé premièrement par l'exploration du site de recherche qui nous a permis de nous informer le mieux possible auprès des «personnes-ressources » sur la question à étudier.

    Ensuite,nous avons cherché à approcher les perspectives des acteurs au moyen des techniques de recueil des donnéesprécis ( L'entretien semi-directif et l'observation directe) et les outils de recueil des données ( La grille d'entretien et la grille d'observation) qui nous ont facilitéd'observer ou de parler et d'approcher de plus près les personnes-ressources en vue d'avoir accès aux données en rapport avec notre thématique.

    Et enfin nous avons progressivement construit des stéréotypes d'ancrageà partir des données empiriques susceptibles de rendre intelligibles le rapport ou les interactions entre les creuseursclandestins et les agents de sécurité dans le site minier de MMG/Kinsevere.

    SECTION 2 : PRESENTATION DU CHAMP D'INVESTIGATION

    Le champ d'étude renvoie au terrain, le thème d'étude en criminologie doit nécessairement renvoyer à un terrain. Le terrain peut être entendu comme un lieu, un cadre, un milieu ou un espace, une institution d'observation pour le recueil des données sur un objet d'étude (Lupitshi Wa Numbi, 2018-2019 : 39).

    En effet, tout travail qui se veut scientifique doit avoir un cadre géographique dans lequel se bornent ses activités, c'est ainsi que pour bien préciser le cadre d'étude de notre travail, nous nous sommes fixés des limites tant spatiales que temporelles.

    Ø Délimitation spatiale

    Notre objet d'étude étant l'analyse et la compréhension des interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins au site minier deMMG/Kinsevere, le site de notre recherche est l'entreprise d'exploitation minière de MMG/Kinsevere, une société minière privée traitant des métaux de base, située à 30 Km de la ville de Lubumbashi à Kinsevere.

    Ø Délimitation temporelle

    Du point de vue temporel, il s'agit de limiter le sujet dans le temps. Donc notre étude s'étend sur une période allant du 27 Juin au 27 aout 2019, la période à laquelle nous avons eu à récolter les données sur le terrain.

    2.1. Aperçu historique de MMG/Kinsevere

    MMG/Kinsevere est uneminede cuivre de haute teneur située dans la province du Haut-Katanga à Kinsevere, à environ 30 Km de la Ville de Lubumbashi.

    Sur le plan historique, le périmètre minier de KINSEVERE comprend trois gisements nommés comme suit : (du nord au sud) : MASHI, TSHIFUFIA et LUNSEBELE. Ces trois localisations donneront les noms de Mashi-Pit, Central Pit et Kinsevere Hill.

    Les projets de KINSEVERE onta été un investissement plus important d'Anvil Mining Copper Kinsevere (AMCK) en RDC, actuellement dans les mains de Minerals and Metals Group (MMG) depuis 2012. Son siège se trouve en Australie (Melbourne).

    La première phase du projet incluait une opération de mine à ciel ouvert et une usine de séparation en milieu dense (H.M.S). La seconde phase étant d'actualité, est une usine d'extraction par solvant et d'électrolyse (SX-EW) d'une capacité de 60.000 tonnes de cuivre par an. Le premier cuivre cathodique était produit le 04 mai 2011.

    2.2. Les valeurs de MMG/Kinsevere

    MMG/Kinsevere prône ces valeurs :

    · La sécurité : la sécurité d'abord, elle est l'épicentre de toutes les valeurs.

    · Le respect : respect des droits de l'homme

    · Le travail en équipe ; MMG travaille en collaboration avec tout le monde sans discrimination raciale et ethnique.

    · L'intégrité : il fait ce qu'il dit.

    · Faire toujours mieux(le progrès).

    2.3.MMG/Kinsevere et les Droits de l'Homme

    Etant membre des « principes volontaires de la sécurité et des Droits de l'Homme (en anglais : VolontaryPrinciple of the Security and Humans Right, UPSHR en sigle), MMG/Kinsevere s'engage à respecter et soutenir les droits de l'homme. L'entreprise veut à ce que ses pratiques commerciales respectent les droits humains et soutiennent l'éducation, la formation et le plaidoyer pour que les autres en soient capables aussi. Ces principes des droits de l'homme sont une ligne de conduite que les entreprises multinationales prennent en compte pour leurs fonctionnements en vue d'être sécurisées dans les investissements.

    Les moyens pratiques auxquels MMG s'engage à respecter les droits humains comprennent :

    · L'assurance des conditions de travail sûres et équitables;

    · Le respect de la liberté individuelle et la sécurité;

    · L'investissement dans de bourses et des mises à niveau pour les écoles dans les villages environnants Kinsevere pour permettre aux enfants de fréquenter l'école.

    · Non à la maltraitance, la torture en cas d'arrestation d'un employé, contractant ou d'une autre personne étrangère.

    2.4. Département de la sécurité MMG/kinsevere

    Pour faire face à des divers cas d'intrusion des inciviques et à toutes formes de déviance, MMG/Kinsevere travaille en synergie avec d'autres institutions sécuritaires publiques et privées telles que : la société de gardiennage Group 4 Securicors (G4S), et la police des mines dans l'objectif de sécuriser la concession minière.

    Section 3 : CONSTITUTION DE L'ECHANTILLON

    Lupitshi Wa Numbi (2009 : 131) fait remarquer que quel que soit le type de recherche que l'on effectue, la question de l'échantillonnage constitue toujours un problème fondamental dans toute recherche où l'enquêteur ne sait pas atteindre l'ensemble de la population soumise à l'étude. Les enquêtés sélectionnés et interrogés constituent un échantillon quelle que soit la manière dont ce groupe peut être désigné. Les questions fondamentales mais, qu'on jugerait, peut-être, banales, méritent d'être posées : Qui va-t-on interroger et pourquoi ? Qui va-t-on exclure et pourquoi ? Où va-ton trouver les sujets de l'enquête ?

    Comme le notent Alami et al,cité par Ngoie Mwenze (2009 : 80), « les critères de sélection des personnes à rencontrer n'ont donc pas pour objectif la représentativité de la population mais la recherche de leur significativité sociale, les variables d'appartenance ayant peu de sens à l'échelle micro-sociale où l'effet de situation est dominant ».

    Dans le cadre de ce travail, notre échantillon est du type qualitatif car nous ne mettons pas l'accent sur la quantité des acteurs mais sur leur qualité, c'est pourquoi sa construction s'inscrit dans la logique de la saturation. Dans ce type d'échantillon, on distingue les échantillons par cas unique qui peuvent se traduire par un site particulier ou une personne et des échantillons par cas multiples. En se focalisant sur la catégorisation des échantillons établie par Pires (1997 : 20), nous optons pour l'échantillon par cas multiple qui, selon Depelteau, cité par Ayule (2018 : 33), « permet de repérer et de sélectionner les acteurs pertinents impliqués dans le phénomène sous-étude ».

    Concernant la diversification, Charlier et Van Campenhoudt (2014 : 94-97) soulignent ceci : « afin que les résultats de la recherche soient plus significatifs, pertinents et efficaces du point de vue de la compréhension sociologique, le chercheur doit construire un échantillon des personnes les plus diversifiées possibles ».

    Le principe de diversification nous a facilité de faire une différence sur les profils des personnes-ressources (acteurs) en tenant compte de leur l'âge, de leur sexe, de leur fonction et de la durée.

    Quant à la saturation : l'on distingue la saturation théorique et la saturation empirique ; la première s'applique plus aux données elles-mêmes, ou aux aspects du monde empirique pertinents pour l'analyste, qu'aux propriétés des concepts en tant que telles. Tandis que la seconde, elle apparaît lorsque le chercheur constate que les dernières informations recueillies n'apportent plus des valeurs significatives par rapport à celles recueilles précédemment. Tout entretien supplémentaire n'apporte plus guère de nouvelle connaissance. Dès lors, le chercheur peut décider de mettre fin aux entretiens.

    Ce principe s'est appliqué à cette recherche dans le contexte où la récolte des données s'est clôturée avec la saturation empirique, c'est-à-dire les nouvelles données recueillies n'apportaient plus de nouvelles informations sur notre recherche.

    Partant de notre recherche, nous avons réalisé le choix de l'échantillon après avoir ciblés une trilogie d'acteurs pertinents sur le terrain. Entre autre les agents de sécurité (G4S), les creuseurs clandestins et les employés et les contractants de MMG/Kinsevere.

    SECTION 4 :TECHNIQUES DE RECEUIL ET D'ANALYSE DES DONNEES

    4.1. Récolte des données

    Cette partie du chapitre comporte les outils de collecte des données et les techniques de recueil des données.

    4.1.1. Les outils de collecte des données

    Nous avons recouru à deux outils de collecte des données qui nous ont permis de recueillir des données : le guide d'entretien et le guide d'observation.

    4.1.1.1. Le guide d'observation

    Selon Alami et al, cités par Ngoie Mwenze (2009 : 81), « la guide d'observation est définicomme un outil pour saisir les pratiques. Elle permet de recenser les éléments factuels importants pour le sujet traité : lieu de la pratique, personnes présentes, interactions, gestes effectués, etc.».

    Dans cet optique, la première des choses que nous avons pu faire lorsque que nous étionsadmis au sein de l'entreprise MMG/Kinsevere pour effectuer notre stage de recherche ; nous avons commencé par une visite du site minier au cours duquel notre guide contenait des éléments suivants : les postes d'observation, les angles d'observation, les biens observés, les heures d'observation, la durée d'observation, et les notations d'observation.

    a. Les postes d'observation

    Nous avons effectué des descentes dans les différents postes sur le site minier en vue d'observer les endroits par où les creuseurs clandestins passent pour accomplir leurs opérations. Entre autreau secteur mine (puits central), des remblais, des bassins d'acides, le secteur trench (tranchée), etc.

    En outre, il sied de noter que les postes observés sur le site minier MMG/Kinsevere sont codifiés par l'alphabet international. Nouspouvons citer Charly whisky (car Wash), Radar one et two, tango one...tango six (Tsf : bassin de rejet d'acides), Fox ecko alpha (fuel : agreko), Siéra delta (social et développement), Victor golf (village guet, oscar Charly one...6 (le camp des opérations), etc.

    b. Les angles d'observation 

    Comme nous venons de le souligner précédemment, nous avons effectué des descentes dans les différents postes sur la concession minière Kinsevere en vue de voir de plus près les endroits où les creuseurs clandestins effectuent leurs opérations. Et y arriver, comme il existe certains endroits sur le site minier où il n'y a pas la possibilité d'arriver à la zone d'action, particulièrement dans le secteur des mines ; d'où nous faisons recours à l'utilisation des « drones » et le logiciel « Google Eath Pro » en vue d'identifier la zone où les câbles ou d'autres biens ont été emporté et les couloirs où les creuseurs clandestins passent pour accéder dans la mine. L'utilisation de drone peut exiger une descente sur le terrain une descente sur le terrain, c'est-à-dire dans le secteur d'actions.

    c. Le temps d'observation

    En termes de timing, généralement les observations des différents postes et biens sur le site minier se sontréalisées nos observations pendant la journée.

    d. Les biens observés

    Nous avons vu différents biens de MMG que les creuseurs clandestins emportent et vandalisent lors de leur passage dans la mine; entre autre les sacs des minerais, des câbles électriques, des tapis de cuivre, des batteries de camion, des véhicules vandalisés, etc.

    e. La durée d'observation

    La durée d'observation allait de 5 à 10 minutes dans chaque endroit ciblé pour observer. Et cela dépendaitde la disponibilité des inspecteurs qui seront dans les opérations sécurités (ronde et patrouille).

    f. Les notations d'observation

    Lors des opérations sécuritaire et les investigations en cas d'une intrusion ou d'un incident sécuritaire sur le site minier, nous étions munis d'un carnet des notes dans lequel nous mentionnons les besoins et incident dans chaque, les biens emportés par les creuseurs clandestins, etc.

    4.1.1.2. Le guide d'entretien

    En effet, pour avoir accès aux données empiriques en rapport avec notre objet de recherche, nous avons procédé de prime à bord à l'élaboration d'un guide d'entretien constitué de la consigne de la recherche et les relances avant de rencontrer les enquêtés. Blanchet et Gotman (2007 : 78-80) estiment que chaque entretien est constitué de deux grandes parties la consigne et les relances.

    - La consigne est une intervention visant à définir le thème du discours des interviewés, c'est-à-dire la reformulation du thème principal de la recherche d'une façon simple et compréhensive sous forme d'une question indirecte afin de permettre à l'interviewé de fournir des informations fiables sur l'objet d'étude. Notre consigne était formulée comme suit : « Jevoudrais que vous meparliez sur les relations entreles agents de sécurité et les creuseurs clandestins sur le site minier de MMG/Kinsevere».

    A partir de cette consigne, nous l'avons reformulé de la manière suivante :

    · « Voudriez-vous meraconter sur le fonctionnement de la sécurité dans le site minier de MMG/Kinsevere »,

    · « J'aimerais que l'on parle de la manière dont les produits miniers de MMG/kinsevere sortent del'usine (par exemple : comment les creuseurs clandestins mobilisent les stratégies pour accéder et sortir dans le site minier ?...) ».

    - Les relances sont les sous-thèmes de la recherche. Ngoie Mwenze (2009 : 82) note que les relances viennent à la rescousse pour maintenir l'élan de l'entretien, préciser les faits racontés ou poursuivre le discours (en abordant d'autres sous-thèmes).

    A partir de la consigne principale,nous avons formulé quelques sous-thèmes qui nous ont permis de relancer lors des entretiens avec l'enquêté. Entre autrela nature des interactions, les autres acteurs impliqués, les pratiques observables, les stratégies ou les méthodes des acteurs, les enjeux des pratiques, l'impact des pratiques, les représentations sociales acteurs, etc.

    4.1.2. Techniques de recueil des données

    Selon Loubet del Bayle (2000 : 52), « Les techniques retenues sont en fonction de leur efficacité, en choisissant celles qui permettront au chercheur de collecter les informations les plus pertinentes pour atteindre l'objectif fixé, en tenant compte de la quantité et de la qualité des informations qui pourront être recueillies et de leur adéquation au terrain et au but de la recherche ».

    Sur ce, nous avons recouru aux deux techniquesde recueil des données à savoirl'observation directeet l'entretien semi-directif.

    4.1.2.1. L'observation directe ou in situ

    Pour Loubet del Bayle (2000 : 40) : « l'observateur doit être le photographe des phénomènes, son observation doit représenter exactement la nature. Il faut observer sans idée préconçue ; l'esprit de l'observateur doit être passif, c'est-à-dire se taire ; il écoute la nature et écrit sous sa dictée ».

    Selon Ngoie Mwenze (2009 :85), l'observation directe ou in situou en situation « consiste à être le témoin des comportements sociaux d'individus ou des groupes dans les lieux mêmes de leurs activités ou de leurs résidences sans en modifier le déroulement ordinaire ».

    Le contexte dans lequel nous évoluons, le contact direct sans intermédiaire nous a paru une meilleure voie pour acquérir une connaissance des faits et comportements des acteurs entendus comme des sujets ayant certaines prétentions.

    4.1.2.2. L'entretien semi-directif

    Pour Blanchet et Gotman(2001 : 27), « l'enquête par entretien est ainsi particulièrement pertinente lorsqu'on veut analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux évènement dont ils ont pu être témoins actifs, lorsqu'on veut mettre en évidence le système des valeurs et les repères normatifs à partir desquels ils s'orientent et se déterminent  ».

    Au cours de cette étape Dargent (2011 : 122) conseille au chercheur de faire preuve d'empathie, c'est-à-dire s'efforcer de comprendre le point de vue de la personne avec qui il s'entretient, de façon à l'encourager à l'exprimer. Il doit créer un climat de confiance. Mais il ne doit évidemment pas aller jusqu'à approuver pour autant les opinions qu'il recueille, ni à l'inverse faire transparaître un jugement négatif : il ne doit jamais laisser apparaître ses opinions personnelles.

    Dans ce contexte, c'est au moyen de notre grille d'entretien que nous avons eu l'intérêt d'interagir et d'échanger avec les enquêtés facilement. La pertinence de cette démarche survient dans le sens où nous n'avons pas procédé à élaborer un modèle de questionnaire ou à poser les questions directes aux interviewés, mais plutôt à partir de notre consigne principale ; qui nous a aidé d'entrer en conversation avec nos enquêtés tout en les accordant une marge de liberté possible pour y répondre. A partir du discours, les paroles et les gestes que les enquêtésmanifestaient nous avons pu relancer d'autres formulations des questions.

    Ainsi, pour réaliser nos entretiens nous nous fixé les points suivants : le lieu d'entretien, la durée d'entretien, la langue d'entretien et le ombre d'entretien.

    a. Lieu d'entretien

    Pour entretenir avec les creuseurs clandestins, nous allions au niveau des villages(poteau 93, Kilongo, Kiswishi, etc.). Outre au niveau des villages, après chaque prestation, nous nous rendions aux alentours de la tranchée où nous nous croisions avec les creuseurs clandestins en cours de route.

    En ce qui concerne les agents de sécurité, la majorité d'entretiens se sont réalisé dans le site minier, et d'autres nous prenions de rendez-vous à la cité.

    b. Temps d'entretien

    Les entretiens avec les personnes-ressources se sont réalisés pendant la journée et cela dépendait du programme de nos encadreurs.

    c. La durée d'entretien

    Nos entretiens avec les personnes-ressources prenaient au moins20 à 30 minutes.

    d. Langue d'entretien

    En termes de la langue nous avons réalisé nos entretiens avec la plupart d'entre eux en français et d'autres en swahili. D'où nous étions obligé d'utiliser le Swahili et le français dans nos entretiens sur le terrain afin de mener bien notre recherche étant donné que c'est sont eux qui pourront nous permettre de récolter des données fiables relatives à notre objet de recherche.

    e. Nombre d'entretien

    En général nous avons realisé vingt-quatre (24) entretiens dont douze(10)avec les agents de sécurité, huit(8) entretiens avec les creuseurs clandestins, deux (2) entretiens avec les membres du département de l'environnement, l'hygiène et la sécurité (HSE) et quatre (4) entretiens avec quelques membres du département de sécurité.

    4.2. Analyse des données empiriques

    Dans ce travail, pour analyser les données récoltées, nous avons choisi la technique d'analyse thématique. Selon Paillé et Mucchielli (2012 : 232), l'analyse thématique a deux fonctions principales : la première concerne le travail de saisie de l'ensemble des thèmes d'un corpus. La tâche est de soulever tous les thèmes pertinents, en lien avec les objectifs de la recherche à l'intérieur du matériau d'étude. Et la seconde concerne la capacité de tracer des parallèles ou de documenter des oppositions entre les thèmes. Il s'agit en somme de construire un panorama au sein duquel les grandes tendances du phénomène vont se matérialiser dans un schéma.

    Dans ce cadre, pour réaliser cette analyse thématique, nous avons scindé en morceaux les discours des enquêtés en morceaux qui cadrent avec des thèmes, voire des sous thèmes. Lorsque les thèmes ont été établis nous les avons regroupés et ont donné un sens.

    Voici les thèmes et les sous-thèmes qui ont été identifiés :

    LES THEMES

    LES SOUS-THEMES

    1. Les natures des interactions

    La posture positive (interaction conflictuelle ou problématique),

    La posture négative (interaction de fraternité ou de solidarité) 

    2. Les acteurs impliqués dans les interactions

    Les acteurs à doubles visage

    3. Les pratiques problématiques sur le site miner MMG/Kinsevere

    Les situations-problèmes criminalisées sur le site minier,

    La description des pratiques,

    3. Impact des pratiques

    Environnemental, Economique, Socioprofessionnel et atteinte à la dignité humaine.

    4. Stratégies des acteurs

    Les stratégies des creuseurs clandestins et les stratégies des agents de sécurité

    5. Les enjeux des pratiques

    Enjeux règlementaires et les enjeux économiques

    6. Les représentations sociales des acteurs

    les représentations sociales des agents de sécurité à l'égard des creuseurs clandestins et vice-versa),

    SECTION 5 : LA DIMENSION ETHIQUE DE LA RECHERCHE

    La recherche exige au criminologue le respect de la personne humaine, considérée comme finalité et jamais seulement comme moyen. Pour Akoun et Ansart (1999) cités par (2018-2019 : 14), cette exigence éthique doit être observée en faisant attention au fait que le chercheur doit s'assurer après avoir obtenu le consentement éclairé des enquêtés...et de la confidentialité des données recueillies.

    Nous avons fait face aux exigences éthiques et déontologiqueslors de la récolte des données sur le terrain parmi lesquelles nous avons fait recours aurespect de la personne humaine envers les enquêtés.

    L'exigence éthique du respectde la dignité de la personne humaine, se précise comme une exigence de la promotion mutuelle des personnes. Il ne s'agit pas de la tendance à utiliser autrui pour s'approprier seul les richesses du monde matériel, mais il s'agit de s'investir pour la promotion et la valorisation mutuelle des personnes.

    Lors de la collecte des données sur le terrain, nous avons rencontré diverses personnes, nous n'avons pas tenu compte de leur différence mais, au nom de la dignité de la personne humaine nous respections tout le monde sans distinction de la couleur de peau, de la tribu, de l'ethnie ou encore du niveau social auquel appartient l'enquêté. Nos enquêtés ont accepté de nous fournir des informations pertinentes en rapport avec notre objet, et à notre tour nous leur avons donné la promesse de respecter l'anonymat et toute consigne liée à la dignité de leur personnalité sans pour autant modifier les données.

    SECTION 6 :LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES STRATEGIES DE CONTOURNEMENT

    La première difficulté que nous avons rencontrée est d'ordre technique; avec la casquette de criminologue,il ne nous a pas été faciled'interagir avec nos enquêtés, en l'occurrence les creuseurs clandestins et les agents de sécurité qui nous considéraient comme des espions ou des agents de renseignement pour leslivrer aux mains des autorités de MMG afin qu'ils soient arrêtés ou sanctionnés. D'où, nous étions obligé de partir au niveau du village en tenue de la cité pour interagir avec les creuseurs clandestins (des fois nous étions soumis à des conditions telles que : payer la boisson alcoolique, la cigarette, etc.). Sans ces conditions aucun creuseur clandestin ne pouvait accepter de répondre aux questions.Ou encoredans certains cas prendre rendez-vous à partir de téléphone avec les agents de sécurité afin de s'entretenir avec eux en dehors du site minier, parce qu'ils avaient peur d'être sanctionné par leurs chefs au cas où ilsdonnaientdes informations.

    La deuxième difficulté est relative à la distance; le site d'exploitation minière MMG/Kinsevere étant éloigné presqu'à 30 Km de la ville de Lubumbashi, nous étions obligé de parcourir de longues distances à bord des véhicules, à bord des motos dans le cas nous manquons le bus.Voire des longues distances à piedspour atteindre les enquêtés.

    Malgré les difficultés auxquelles nous étions butés, nous ne nous sommes pas découragé; nous les avons surmonté en persuadant nos enquêtés que nous n'étions pas des détectives.

    CHAPITRE III : RESULTATS DE LA RECHERCHE

    Ce chapitre est consacré au résultat de notre recherche empirique. Il est structuré en quatre sections :

    1o. La nature des interactions ;

    2o. Les acteurs impliqués, c'est-à-dire les acteurs apparents et non apparents ;

    3o. les pratiques observables ; c'est-à-dire la description des pratiques, leurs impacts et les stratégies adoptées tout autours ;

    4o. Les représentations des acteurs.

    SECTION 1. NATURE DES INTERACTIONS

    Les observations faites sur le terrain font état d'énormesdifficultés que rencontrent les gardiens pour sécuriser les biens de l'entreprise ; soit de respecter les règles et les consignes de sécurité soit emprunter d'autres voies illégitimes pour protéger les biens et les personnes de ladite entreprise étant donné que les creuseurs clandestins accèdent sur la mine avec des menaces.

    Ainsi, répondant à la question de savoir comment les agents de sécurité entretiennent leur rapport avec les creuseurs clandestins surle site minier, les points de vue des gardes sont diversifiés ; les uns font recoursau respect des normes et les consignes sécuritaireset les autres font appel au d'autres voies non institutionnalisées.

    Sur ce, nous avons épinglé deux postures par lesquelles les gardes font recours lorsqu'ils sont en confrontation avec les creuseurs clandestins sur le site miner. Il s'agit de la posture positive qui donne naissance à des interactions problématiques ou conflictuelles, et la posture négative qui donne naissance à des interactions de solidarité ou de fraternité.

    Commençons par la posture négative que la plupart des gardes trouvent comme la plus pertinente.

    1.1. La posture négative

    Cette posture consiste pour les gardiens à recourir à d'autres normes non institutionnelles et officielles pour remédier à des situations-problèmes auxquelles ils font face malgré la rigueur des règlements officiels. C'est dans cette perspective que Agnew,cité par Gariepy (1947 : 81) souligne ce qui suit : « lorsque les voies légitimes du succès et de la réussite paraissent bloquées, il en résulte chez l'individu un état de tension qui peut dégénérer en comportements illicites. Certains individus choisissent alors de se joindre à des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de rejeter la société qui, à leurs yeux, ne les accepte pas ». Donc, elle fait appel à la fraternité ou la solidarité comme mode de régulation des problèmes.

    · L'interaction de fraternité ou de solidarité

    C'est donc le soubassement des interactions de solidarité ou de fraternité. Elle fait allusion à la déviation des normes et des consignes générales. Cette forme d'interactions est l'une des modalités que les agents mobilisent comme un mécanisme de la gestion des risques lorsqu'ils font face aux creuseurs clandestins.

    Cette analyse repose sur les propos d'un agent de sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :

    « Certains officiers qui n'ont pas de bonnes manières de communiquer avec les creuseurs ont risqué de perdre leur vie, l'autre a été tabassé à demi-mort : quand les creuseurs l'avaient surpris dans son poste, il avait pris la radio pour communiquer à Québec, les creuseurs l'avaient vu alors ils l'ont tabassé jusqu'à perdre connaissance. Je préfère communiquer très bien avec les creuseurs malgré les exigences de la sécurité mais cela avec trop des souplesses et des tactiques sinon vous risquez d'aller à Kipushi ».

    Donc, partant de cet extrait d'entretien, nous comprenons que lorsque les agents de sécurité sont conformistes aux règles sécuritaires, cela crée des conflits avec les creuseurs clandestins. D'où, au cas où ils font face à ces derniers, ils manifestent un bon sens et meilleure façon de communiquer de peur qu'ils ne soient pas tabassés.

    1.2. la posture positive

    La posture positive fait référence au respect des normes et des consignes générales par l'officier de sécurité. Elle engendre les interactions conflictuelles et problématiques avec les creuseurs clandestins. Celle-ci donne naissance à des interactions problématiques ou conflictuelles.

    Cette analyse repose sur les propos de l'agent de sécurité KILO qui s'est exprimé en ces termes :

    « Vous pouvez être sur votre poste seul, brusquement vous voyez un groupe des creuseurs qui viennent vers vous avec des barre des mines, des bèches, etc en vous disant : « officier, tunata kutoka na bintu bietu, kuya tu coopérer, kama unakatalatutakupika »(officier, viens qu'on coopère, nous voulons sortir avec nos biens, si tu refuses on va te frapper), si vous hasardez d'appeler le contrôle room et qu'ils découvrent, ah !!!! Paleamutapana nabo(il y aura mésententes avec eux) ».

    Lorsqu'un agent de sécurité est catégoriquement conformiste ou lorsqu'il manifeste un refus à la demande des creuseurs clandestins, cela crée des conflits entre les acteurs. D'où, les creuseurs clandestins font recours à la force, à la violence, aux agressions et aux menaces sur les gardes.

    Quant à KEKEle creuseur, il nous a éclaircis en ces termes :

    « Unona umu mu usine pa kutoka na matiere peko kaji baba, unayuwa vile ka sac ka minerais kanapezaka ?, Waza ata weye, urieke tout pa fuashi yangu, unatoka na sac ya minerais depuis ku usine pakufika karibu na ku nyumba ba garde bana ku bloquer, rho inaumakamubaya sana, njo pale n'tafania kilekiote minapenda kumufania : ni kuba pika ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Tu vois pour sortir avec le sac des minerais de la mine ce n'est pas moindre, tu sais comment un petit sac des minerais pèse ? Mets-toi seulement à ma place ; imagine toi tu quittes avec ton sac depuis l'usine, arrivée tout près de la maison le garde te bloque, ça fait très mal au coeur. A ce moment-là la solution je vais lui faire tout ce que je peux : le frapper ».

    Pour les creuseurs clandestins rencontrés sur le terrain, le recours à la force, à la violence, aux agressions et aux menaces sur les gardes qui les empêchent d'accéder sur la mine constitue un remède pour accomplir leurs besoins sur le site minier.

    SECTION 2 :ACTEURS IMPLIQUES DANS LES INTERACTIONS

    Parmi les acteurs impliqués dans les interactions sur le site minier nous avons les agents de sécurité, les creuseurs clandestins et les policiers de la police des mines et de la légion nationale d'intervention. Au-delà de ce qui précède, nous avons avons également les acteurs à doubles visage ; c'est-à-dire ceux qui sont indirectement impliqués dans les interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins. Entre autre les employés et les contractants de MMG, les journaliers dits« casuals ». Commençons par les agents de sécurité.

    2.1. Les agents de sécurité

    La société de gardiennage Group 4 Securicors est la seule qui est mandaté par l'entreprise MMG pour sécuriser la concession minière. Ils ont pour but comme Maurice Cusson (2011 : 187) l'indique : «  la sécurité a pour but de retarder d'interdire l'accès à toutes les activités internes et externes non autorisées, de détecter et évaluer les intrusions et de neutraliser les malfaiteurs ainsi que pour limiter l'entrée de la plupart des personnes non autorisées ».

    Selonles règles déontologiques de MMG et de G4S qui régissent la sécurité ; les agents de sécurité ne peuvent pas interagir ou se familiariser avec les creuseurs clandestins, quiconque sera surpris en relation ou en complicité avec ces derniers est sanctionné selon le code administratif, si c'est le cas de vol simple ou en complicité avec les creuseurs clandestins par exemple, il sera transféré au parquet de Kipushi.

    2.2. Les policiers de la police des mines et de la légion nationale d'intervention

    Conformément l'ordonnance loi N°72/031 DU 13 juillet 1972 qu'attribue la mission et l'ordonnance, Loi N°72/041 DU 30 Aout 1972 qui attribue la mission de l'ancienne police a la gendarmerie, spécialement dans ses articles 2 et 14, police nationale congolaise joue à la fois préventif et répressif. Elles s'exercent dans le cadre de la surveillance du territoire et de la sécurisation de la population. Elle a pour mission de prévenir les troubles à l'ordre public et les infractions, de constater celles-ci, d'en rassembler les preuves, d'en rechercher et d'en identifier les auteurs et de les déférer devant l'autorité judiciaire compétente, déférer avec promptitude à toute réquisition légale de ces autorités, etc.

    En effet, dans la perspective de la criminalité en concert entre acteurs internes et externes, se classent aussi les policiers de la police des mines et de la légion nationale d'intervention qui sont aussi impliqués également dans les pratiques déviantes en connivence avec les creuseurs clandestins et les agents de sécurité. Avec l'émergence du concept « crise », Certains policiers lorsqu'ils sont déployés dans un poste, ils font appel aux creuseurs clandestins à partir de téléphone quand ils ont besoin d'argent. Au-delà des appels, ils font l'abandon de poste pour aller chercher les creuseurs clandestins au niveau du village afin que ces derniers viennent accéder dans la mine.

    2.3. Les acteurs à contrôler : les creuseurs clandestins

    Dans le cadre de l'exploitation artisanale, « l'article 5 du règlement minier congolais de 2018 autorise toute personne morale à se livrer à larecherche ou à l'exploitation non artisanale des substances minérales sur toute l'étendue du territoire national, à condition qu'elle soit titulaire d'un droit minier et/ou de carrières en cours de validité accordé par l'autorité compétente... ».

    Ainsi, à travers nos enquêtes sur terrain, nous avons réalisé que les acteurs ne sont pas des creuseurs proprement dits ; dans le sens où ils ne possèdent pas des cartes d'exploitants miniers et ils effectuent leurs opérations d'exploitation artisanale dans une concession minière privée. Ils peuvent être appréhendés comme un phénomène classique des bandes ou d'associations des malfaiteurs qui se font et défont au gré des opportunités (Kanteng,2017 :10).

    Selon Ngoie Mwenze (2009 : 170-171), les clandestins sont des gens qui pénètrent, sans aucun droit, dans un site minier. A leur passage, ils emportent tout ce qui peut leur être utile. Ils ont, pour ressource vitale, les biens de cette entreprise.

    De toutes les idées qui précèdent, les individus qui accèdent sur la concession minière de MMG sont des « creuseurs clandestins » parce qu'ils pénètrent en cachette dans une zone minière privée et ne possèdent pas d'autorisation d'exploitation des ressources minières. Pire est de constater que lorsqu'ils pénètrent sur la mine, ils ne se limitent pas à l'exploitation des ressources minières, ils se donnent à des pratiques telles que le vol des câbles électriques en cuivre, le tapis HDPE, les batteries des camions, les panneaux électriques, les menaces et les agressions, les actes de vandalisme, etc.

    Parmi les creuseurs clandestins figurent les autochtones de villages environnants la mine, les opportunistes qui viennent d'ailleurs (des autres sites ou d'autres villages ou encore de quartiers urbains) et les enfants mineurs.

    2.4. Les acteurs à double visage

    Comme Le Breton (2004 : 52) l'estime : « l'interaction n'englobe pas seulement les acteurs en coprésence, mais une multitude d'autres, invisibles, qui imprègnent leur rapport au monde ».Sur ce, outre les creuseurs clandestins et les agents de sécurité, Il existe aussi des acteurs invisibles qui participent indirectement aux pratiques informelles sur le site minier à travers d'autres acteurs. Car le crime n'est pas l'oeuvre d'une seule personne, mais plutôt d'une chaîne d'individus qui se font et défont au gré des opportunités. Il s'agit des employés et des contractants de MMG, des journaliers dits « casuals ».

    ü Les employés et les contractants de MMG

    Les travailleurs et les employés de l'entreprise MMG qui, souvent lorsqu'ils ont besoins de tel bien de l'entreprise, font recours aux creuseurs clandestins en leurdonnant de l'argent afin de s'accaparer de biens dont ils ont besoin. Dans ce contexte, les creuseurs clandestins sont instrumentalisés par certains groupes d'individus afin de réaliser leurs ambitions matérielles ou financières. Ces opérations se font par l'intimidation et la corruption des agents de sécurité pour qu'ils ne puissent pas empêcher les creuseurs d'accéder ou de sortir. Il ya une synergie de coopération entre certains agents et/ certains contractants de MMG avec les creuseurs clandestins ; car pour certains acteurs interviewés estiment qu'il n'y a que ceux qui sont dedans qui peuvent donner des informations possibles du site à ceux du dehors.

    Par rapport à la complicité des agents de MMG avec les creuseurs clandestins, Chako et Kakapartagent les mêmes idées en ces termes :

    «  Na bobeniewe bantu ba umu tuna cooperaka nabo, kama beko na besoin na kintu fulani mu usine banatutafutaka ju ya kubatosheya, Zaidi ni ba travailleurs ba MMG ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Même les gens de MMG coopèrentavec nous, ils nous appellent à tout moment s'ils ont besoin de telleou telle autrechose de l'usine, surtout les travailleurs de MMG ».

    Les propos d'un agent de sécurité MOMO:

    « Ici, il y a beaucoup de choses qui se passent, il ya des certaines cop qui sont organisées à partir de nos chefs. On peut mettre les câbles électriques à 10h, et avant qu'il soit 17h on lesvolent. Ce sont toujours les gens qui sont dedans qui coopèrent avec les creuseurs et leurdonnent des informations ».

    ü Les journaliers dits «  casuals »

    Un casual c'est un mot anglais qui signifie en français « journalier ». C'est toute personne engagée pour un travail rémunéré journalièrement au sein d'une entreprise. Certains enquêtés les appellent « Kazuala ». Dans le contexte qui nous concerne, cette catégorie de personnes a une connaissance du site minier dans presque toutes ses facettes du fait qu'ils font l'assainissement du site minier. Ces journaliers se transforment en clandestins la nuit pour s'engager à des pratiques informelles sur le site minier MMG.

    Un agent G4s a explicité en ces termes :

    « Ce sont souvent les casuals qui travaillent journalièrementici qui se transforment en clandestins pour venir voler la nuit, ces journaliers connaissent presque tous les coins du site ; ils peuvent cacher un bienquelque part pour venir le prendre pendant la nuit. Ils sont en commutation avec leurs frères aux villages».

    SECTION 3. PRATIQUES PROBLEMATIQUE SUR LE SITE MINIER MMG/KINSEVERE

    Sous un regard criminologique, les pratiques problématiques soulevées dans ce travail s'inscrivent dans la notion des situations-problèmes criminalisées c'est-à-dire celles qui sont d'une part liées aux règlements internes (règles sécuritaires qui régissent le fonctionnement et l'organisation de la sécurité et les règles de safety, qui est une ligne de conduite à laquelle tous les employés et les contractants de MMG doivent respecter.) et les règles officielles ou étatiques. Et d'autre part les situations problèmes non criminalisées ; qui posent problèmes à l'entreprise mais ne figurent pas dans la législation interne ou étatique. Ceci s'explique dans les lignes qui suivent.

    3.1. SITUATIONS-PROBLEMES CRIMINALISEES SUR LE SITE MINER DE MMG

    Les pratiques que développent les acteurs sur le site minier ont également tiré notre attention.Cette section est consacrée à démontrerles faits qui sont criminalisés par l'entreprise MMG et ceux qui sont criminalisés légalement par l'Etat parmi lesquels nous pouvons citer :

    · Le vandalisme :c'est le fait de poser les actes de sabotage.Au cas où les creuseurs clandestins n'ont pas atteint leurs objectifs, ils saccageant etdétruisent les biens de l'entreprise tels que les véhicules d'intervention, les camions BEN abandonné dans la mine.

    · Les menaces : le code pénal congolais interdit toute forme des menaces dans ses articles 82et 160:« quiconque a commis un vol à l'aide de violences ou de menaces est puni d'une servitude pénale,... ». Dans le cadre de notre étude, lorsque les creuseurs clandestins sont contraints par les gardes d'accomplir leurs besoins, ces derniers sont menacés et agressés du fait qu'ils les empêchent de passer à leurs actions.

    · Le vol et recel des substances minérales, la détention, l'achat, la vente, letransport illicite des ressources minières(art 3OO-304 du code miner 2018).

    · Le vol des câbles électriques, des tapis, des panneaux solaires, des batteries, de carburant, etc. tout ce que les creuseurs clandestins trouvent important au moment où ils sont sur le site minier ils emportent cela.

    · La complicité et la corréité entre les agents de sécurité et creuseur : C'est le fait d'apporter une aide utile et essentielle mais non indispensable à la commission d'une infraction par l'instruction ou par la provocation (code pénal, article 22).

    · La violation des consignes : c'est la transgression de toutes les mesures prohibitives ou d'interdictions, instructions formelles données aux gardes ou à un tiers.

    · L'abandon de postes : le fait de quitter un endroit où un corps de garde est déployé à un moment donné pour l'accomplissement d'une tâche.

    · Le Sleeping on duty : le fait de dormir au poste de travail.

    · L'insubordination : c'est tout comportement indigne qui tend à ignore la hiérarchie ou à contester une tâche.

    · Le piratage radio : c'est toute activité récurrente et non justifiée qui cause la congestion, la perturbation des réseaux et les systèmes de la société, l'usage du langage diffamatoire et discourtois dans le réseau, etc.

    Ainsi, la criminologie nous oblige de se méfier de l'utilisation d'un langage à connotation juridique car il est souvent utilisé par les juristes pour traiter des situations qu'ils observent (Pires, 1995 : 59). D'où la nécessité de recourir au langage criminologique ou descriptif qui n'a pas tendance à juger mais plutôt d'avoir une portée plus large dans la compréhension d'un phénomène criminel.Pires(2008 : 63)estime qu'il s'agit d'un mouvement qui tire son fondement et ses justifications dans la nécessité de l'usage du code descriptif à privilégier dans les analyses criminologiques du phénomène de transgression et de contrôle social.

    3.2. DESCRIPTION DES PRATIQUES

    Dans cette section, nous voulons essayer d'entrer en profondeur des pratiques que nous venons d'énumérer dans la partie précédente sous l'angle descriptif, c'est-à-dire en adoptant le langage des enquêtés. Ce code descriptif nous permet selon Noreau (1998 : 590) d'approcher notre objet en dehors des fictions juridiques et de déceler derrière l'action supposée des acteurs qui s'agitent ou qui se sont agités.

    L'émergence de ces pratiques problématiques peut être expliquée comme un moyen par lequel ces acteurs se débrouillent pour répondre à leurs besoins. Parlant du concept « débrouille » comme économie de survie, Villers et Gauthier (2002 : 33) définissent l'activité économique informelle comme des activités échappant au cadre institutionnel et règlementaire officiel de l'économie qui sont dès lors non contrôlées et non enregistrées et à des degrés divers. En dépit du fait qu'elles sont les plus souvent pratiqués au grand jour, non légal ou illégal.

    C'est ainsi qu'à partir des entretiens sur le site de recherche avec les personnes-ressources nous avons épinglé les pratiques problématiques suivantes :

    a. La pratique « Frappe » ou « le cop »

    Dans le contexte de notre étude, le concept « frappe » est un langage ou un jargon utilisé par les enquêtés spécialement les agents de sécurité pour designer « le vol » ou « les avantages du site ». Notamment dit, c'est l'ensemble des pratiques qui permettent aux acteurs d'avoir un bien matériel ou financier dans un lieu donné.

    Un garde MOMO s'est exprimé en ces termes :

    « Nous avons parfois certains termes que nous utilisons comme code lorsque nous sommes entre nous, par exemple la frappe (...) » partout dans chaque entreprise il y a toujours des frappes, donc minezi kusema ni buivi (je peux dire que c'est le vol). Les autres utilisent même le cop ».

    b. La pratique « Swapping »

    Du point de vue sécuritaire, le concept « swapping » fait référence à la mutation d'un officier de sécurité dans un poste de travail vers un autre. Dans le site minier Kinsevere, le déploiement change à chaque prestation ; un officier de sécurité ne peut être déployé dans un poste de travail deux fois successives, s'il est déployé dans un poste donné dans une prestation, le jour ou la nuit qui suit il sera swappé (muter) dans un autre endroit.

    L'officier MIMI explique en ces termes :

    « Chez MMG, on travail deux day (jours), deux night(nuit) et deux of (repos) ; si tu prestes dans un poste pendant ton premier day, le deuxième day tu dois être swapé vers un autre poste ».

    Sous un regard criminologique, les gardes utilisent ce concept dans leur langage pour désignerle fait de déplacer ou de prendre un bien du client pour les intérêts privés. Et pour sortir avec cela sur le site, l'agent de sécurité doit signaler à l'un des officiers à la barrière afin qu'il ne soit pas fouillé systématiquement.

    Le garde Wisckyajoute en ces termes :

    « Pendant la ronde sécuritaire, un officier peut remarquer qu'on a oublié par exemple un ordinaire ou tout autre bien dans le véhicule, alors il va le déplacer pour le cacher quelque part afin qu'il puisse sortir avec cela après la prestation ».

    c. La pratique « kubuwa » ou « Milembe »

    Le concept « Milembe » ou « kubuwa » signifie en swahili simple comme « kulala », qui veut dire en français« dormir ». Donc c'est un concept utilisé par les enquêtés, spécialement les agents de sécurité pour designer « dormir au poste ». Dans le règlement sécuritaire, le sommeil est punissable car il a des conséquences graves lorsqu'ils sont appelés à sécuriser les biens du client. Mais pour les gardes, peu importe les exigences de l'entreprise et les conséquences qui accompagnent le sommeil, ils dorment toujours.

    L'officier Kilo enrichit en ces termes :

    « Si vous êtes surpris en sommeil pendant la prestation ; c'est un licenciement sans prévu, mais vous savez que le sommeil c'est un devoir naturel bien que les règles du travail nous l'interdisent, même si on preste.Mais nous ferme quand même l'oeil ».

    d. La pratique « Kumueneya » ou « ku bobola »

    Ce concept est utilisé par les creuseurs clandestins pour designer toute forme d'actes des mauvais traitements, des menaces et agressions, etc. envers toute personne(les gardes ou d'autres personnes) qui les empêche d'accéder dans la mine ou de sortir de la mine avec les sacs des minerais ou d'autres biens volés dans le site. Souvent cette pratique se fait toujours en groupe.

    Le creuseur clandestin Chako explique :

    «Kama garde anatubamba soit anatukatariyatutoke na bintu bietu kuko deux possibilité : soit mita « mueneya » soit « tunaishana » naye ; kumueneya ndjo kusema kama mambo inakua nguvu, vile tuko ba mingi tunezi kumupika soit kumu fania fudio,...pale atakimbiya njo tuna toka bila mambo ».

    Traduction française :

    « Si les gardes nous arrêtent ou soit s'ils nous empêchent, nous pouvons lesfrapper oules faire des terreurs,...à ce moment ils vont fuir et nous sortirons sans problème ».

    e. La pratique « Kuishana »

    Selon notre analyse, le concept « kuishana » veut dire régler le compte. Il est utilisé par les creuseurs clandestins pour designer toutes les pratiques qui font usage de la coopération et la négociation entre les acteurs ; c'est-à-dire les actes de corruption entre les deux protagonistes sur ses transactions des biens et services.

    Le creuseur clandestin Kilos'exprime :

    « (...) kuishana naye ndjo kusema kama tuko ba mingi tuta sumburiya nabo tuna bapatshiya ata makuta ju ya kutuacha ».

    Traduction française :

    « (...) comme nous sommes nombreux, nous allons négocier avec eux pour leur donner l'argent afin que nouspuissions sortir ».

    f. La pratique « kulokota »

    Le mot « kulokota » signifie « ramasser ».Alors « bakalokota » signifie « les ramasseurs ». Il s'agit de toute catégorie de creuseurs (enfant ou adulte) qui ramasse les minerais pendant la journée tout comme la nuit dans les remblais et concassent au cas où ce sont des grosses pierres. Tous sont munis des sacs dans lesquels ils mettent des minerais ramassés. S'ils ramassent des grosses pierres, le concassage est appliqué sur les minerais formés en blocs; les creuseurs écrasent les minerais en blocs à l'aide de marteaux et autres matériels en métal afin de réduire leurs volumes. Le concassage permet de récupérer les minerais et jeter les mauvaises pierres.

    Kako s'exprime :

    « Tunendaka njo kulokota minerais ile bana muangaka ku remblais,... ».

    Traduction française :

    « Nous ramassons des minerais qu'on jettent dans les remblais,... ».

    g. La pratique de « forage »

    Le forage consiste à miner dans le sol avec des bèches et de barres des mines qu'ils appellent en leur langage « Mungala » ou « Djobi ». Pendant cette opération, une équipe peut faire 1 ou 2 jours soit plus pour arriver à la couche minéralogique appelée « Filon » ou le « Kalolo »; qui est la présence des minerais dans la cheminée (le puits).

    Dans la cheminée il y a ce qu'ils appellent « salon » : qui est un lieu où les creuseurs clandestins viennent déposer les minerais et se reposer. En descendant dans la cheminée, ils ont créé des « bâtais » qu'ils appellent escaliers qui leur permettent de descendre ou de sortir du puits.Pendant le forage, les creuseurs clandestins sont bien structurés et organisés. Un groupe un constitué de (d'un) :

    · Un chef d'équipe : qui coordonne les opérations, il est aussi chargé de négocier avec les agents de sécurité en cas de flagrance.

    · Un visionneur ; il est chargé de contrôler le mouvement du site et des agents de sécurité.

    · Les remonteurs (Ba kapandisha): c'est une catégorie de creuseurs clandestins qui remontent les colis de minerais mis dans des sacs qui pèsent plus ou moins 10 à 25 Kg du puits à la surface. Ils sont parfois appelés « saliseurs » ou les « aide-creuseurs ».

    · Les transporteurs (ba kapapa) : le mot kapapa veut dire transporter quelque chose par le dos. Dans le langage des creuseurs clandestins, « ba kapapa » qui veut dire les transporteurs des sacs des minerais de la mine jusqu'à la destination. En dehors du site minier, ils font recours aux motards pour transporter les sacs de minerais.

    De tout ce qui précède, Dibwe Dia M. (2OO2 : 33) estime que « les villes congolaises connaissent depuis plus de trois décennies une prolifération d'activités économiques diversifiées qui échappent au contrôle du pouvoir politique ».

    3.3. IMPACT DES PRATIQUES

    Les différentes pratiques auxquelles s'adonnent les acteurs (creuseurs clandestins et les agents de sécurité) ont des impacts négatifs sur l'environnement et l'économie de l'entreprise. Elles portent atteinte aux agents de sécurité.

    3.3.1. Impact environnemental

    Kamto (1996 : 16), définit l'environnement comme « le milieu, l'ensemble de la nature et des ressources, y compris le patrimoine culturel et les ressources humaines indispensables pour les activités socio-économiques et pour le meilleur cadre de vie ». Par cette définition, elle comprendle milieu, la nature et les ressources. Le milieu c'est le milieu physique. La nature est constituée par les espèces végétales et animales dont l'Homme et les équilibres biologiques naturels. Et les ressources naturelles constituent l'eau, l'air, le sol, les minerais, etc.

    Le travail des creuseurs clandestins sur la mine Kinsevere est pénible et présente des dangers énormes. Outre le glissement des puits, comme accidents professionnels, ils sont exposés à des risques de mort tel que l'écroulement de puits et des risques de tomber dans le bassin d'acide. Toutes les activités que les creuseurs effectuent sur la mine ont des conséquences sur : le sol, l'eau, l'atmosphère, la biodiversité animale et végétale et les communautés locales.

    ü L'eau

    L'eau constitue un élément vital dans la ration alimentaire de l'Homme etdes nombreuses activités dictées par la vie. Au cours de notre entretien avec quelques membres du département de l'hygiène, la sécurité et l'environnement (HSE), ils nous ont expliqué en ces termes :

    «  Lorsque les creuseurs prennent les minerais, ils vont les laver dans n'importe quelle eau au niveau du village ; ce qui peut avoir des conséquences sur l'eau que la communauté consomme. Or nous ici les minerais sont lavés avec une eau appropriée ».

    ü Le sol :

    La protection du sol contre toute contamination est une préoccupation majeure pour MMG. Car en se focalisant dans l'approche anthropocentrique, c'est l'Homme avec ses activités qui estau centre de tous les problèmes environnementaux. C'est pourquoi François Burrel et Baudry (2012 : 25) estiment que l'action de l'homme influence l'ensemble des paysages et écosystèmes de la planète de façon directe par une exploitation des ressources, une occupation de l'espace par l'agriculture, ou de façon indirecte par les changements climatiques globaux ou les pollutions induites par le développement de l'industrie.

    Pour pallier à toutes les contaminations du sol, l'entreprise MMG/Kinsevere a mis en place des bassins appropriés pour le rejet des déchets d'acides au lieu de les jeter dans la nature. Dans ce bassin, il ya des tapis sous forme debâche (HDPE, hightdensitypolyéthylene) fabriqué à partir de ce produit à forte densité et à base de caoutchouc pour protéger le sol contre les contaminations (Cfr Figure N° 02 & 03). Donc, ce tapis empêche les eaux usées de pénétrer dans le sol. Mais fort malheureusement quand les creuseurs clandestins entrent dans la mine, ils coupent ce tapis pour aller vendre soit l'utiliser pour construire des bicoques sans tenir compte des risques.

    Les responsables du département de l'environnement se sont confiés à nous en ces termes :

    « (...) ces creuseurs vont couper le tapis que nous avons mis au bassin de rejet d'acides sans tenir compte de danger ; eux pensent que c'est une bâche qui va leur permettre de construire leurs cabanes, les autres l'utilisent. Et ces tapis coutent aussi trop cher, son service demande toujours le recours aux experts. Donc le fait de couper c'est un grand problème environnemental parce que cela affecte toute la communauté ».

    ü La santé

    En termes des conséquences sur la santé, il est impérieux de souligner que les creuseurs effectuent leurs opérations sur la mine sans tenir compte des dangers, et ces répercutions n'affectent non seulement leur santé mais également de toutes les communauté dans le sens où ils lavent les minerais avec l'eau que la population consomme, ils accèdent dans les zones à haut risques (le bassin de rejet d'acides, dans la mine central, dans le puits qu'eux même ont creusé, etc.) sans les équipement de protection individuelle, avec une technologie rudimentaire, l'effort musculaire est la ressource essentielle ce qui peut avoir comme conséquences de tomber malades.Ils sont exposéségalement à des risques d'être mordus par les serpents ou les chiens, ils mettent la santé des employés et les contractants de MMGen danger par des menaces et des agressions, etc.

    Voici les propos de l'environnementaliste de HSE :

    « Il faut savoir que les creuseurs accèdent dans la mine sans aucune équipement de protection, ils sont exposés à beaucoup deconséquences parce qu'ils ne respectent pas les normes de safety (sécurité du travail), ils accèdent dans les zones à haut risques sans casque, lunette, des cache-nez et autres équipement de protection individuelle. Donc ils ne tiennent pas compte de danger. Eux se disent toujours nous sommes venus voler. Ils peuvent tomber gravement malade parce qu'ils utilisent la force physique en faisant le transport des matières et câbles électriques de l'usine jusqu`au village sur les épaules, certains sont même mordus par les serpents et les chiens, etc. ».

    Skinider cité par Kantenga(2019 : 4) a proposé une typologie des victimes des crimes environnementaux en partant des facteurs tels que 1) l'acte injustifié, 2) la nature du préjudice, 3) l'ampleur du dommage subi, 4) la portée ou l'envergure du préjudice, 5) les auteurs du préjudice. Partant de la nature des préjudices, l'auteur affirme que la victimisation environnementale peut avoir des impacts sur : la santé humaine (a), l'économiques (b), la sécurité des victimes (c), l'impact social et culturel (d). Du point de vue sanitaire, les activités des creuseurs sur la mine sont perçues comme une forme de criminalité qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé de la population voire des prestataires.

    Il ya lieu de signaler que les clandestins sont exposés à la consommation de divers produits alcooliques tels que le « lutuku (l'alcool indigène) », du chanvre, la cigarette « shikata », whisky, valium 10 mg (à une forte dose). Ceux-ci nous semblent destinés à diminuer la sensibilité dans un univers aussi déprimant.

    L'explication d'un agent de sécurité :

    « Quand les creuseurs ont déjà pris du chanvre et surtout lorsqu'ils sont ivres, ils ne viennent pas encore pour accéder dans la mine pour voler, ils ne viennent que pour nous insulter, nous lancer des pierres, même si on appelait l'équipe d'intervention ils n'ont pas peur, et même les enfants sont là ».

    Généralement, nous pouvons dire que les prestataires manquent de connaissances et de sensibilité à l'égard des maladies liées au travail et à l'environnement, d'autres sont conscients des répercussions de ces pratiques sur la santé mais pour des raisons pécuniaires ils les effectuent.

    ü La biodiversité

    Comme nous l'avons souligné dans le premier chapitre, la conservation et protection de la biodiversité est l'une des préoccupations que MMG prend en compte pour protéger et préserver les espèces animales et végétales, l'entreprise a mis en place un service qualifié auquel il existe des règles pour protéger les espèces, entre autre : ne pas tuer les animaux sauvages, voire les serpents, l'abattage des arbres et le creusage sans autorisation, ne pas déverser des produits chimiques sur le sol ou sur la végétation, etc. mais les creuseurs quant à eux sont ignorant des notions environnementales ; ils jettent des déchets partout dans la autre, dans le champ, dans les rivières, etc.

    Les explications de Monsieur WATO du département d'hygiène, sécurité et l'environnement(HSE) sont nécessaires :

    « (...) Quand les creuseurs arrivent au point où ils déposent les minerais n'importe où, cela peut généralement impacter l'agriculture, certaines plantes peuvent disparaître parce que le sol sera contaminé. Ces activités perturbent l'équilibre des écosystèmes et favorisent la perte de la biodiversité ».

    3.3.2. Impact économique

    Pour warr cité par Lascoumes et Nagels (2014: 143) : « la gravitéd'une transgression est la combinaison de deux facteurs : morale et économique. Dans le premier cas, c'est lorsqu'il y a atteinte aux personnes, et dans le second c'est lorsqu'il y a des conséquences abstraite qui se voit toujours attribuer comme une faible gravité à des transgressions aux faibles impacts économiques».Selon certains responsables, ces pratiques constituent un pillage et créent un retard de la production.

    · Le retard de production

    Sur le plan économique, les activités que les creuseurs clandestins effectuent sur la mine ont des conséquences sur l'entreprise ; car elles créent de retard de production et perturbent son fonctionnement.Pire est de constater qu'ils volent des biens qui coûtent trop chermais ils vont les vendre à moins cher.

    Voici les propos de WENGI, cadre de MMG :

    « Le fait de couper le câble électrique ou le tapis de cuivre crée un retard de production parce que pour le remplacer cela demande du temps, l'entreprise est obligée de faire appel aux experts pour remplacer d'autre, et ce service coûte très cher. Par exemple le département des finances fait l'achat des câbles électriques en Afrique du sud, et pour que ces derniers arrivent ici à Lubumbashi il faut au moins six semaines, imaginez maintenant quand on les vole par les creuseurs !!! Cela crée vraiment un grand retard pour l'entreprise de produire. En plus, ils ont volé les boites électriques qu'on avait installéesau puits central, ces boites coûtent 128.000 dollars américains, mais eux vont les vendre même à 500 dollars».

    · Le pillage des substances minières

    Un cadre de MMG a indiqué en estimant que le vol des minerais constitue un pillage des ressources minières qui a causé un grand manque à gagner pour l'entreprise.

    Le cadre de MMG du nom de WATTARA s'exprime en ces termes :

    « Si vous avez 100 creuseurs et chacun prend 50 kilos de minerais, ça fait déjà 5 tonnes ; s'ils font dix fois, peut-être 50 tonnes et plus peuvent partir».

    L'idée que nous pouvons retenir dans cette perspective est la manière dont les acteurs minimisent les pratiques qu'ils effectuent sur le site minier comme posant pasde problèmes à l'entreprise ; celle-ci ne perd rien du tout. Ces pratiques peuvent être appréhendées comme le dit Acosta (1988) cité par E. Sutherland, c'est une « criminalité sans victime ». L'auteur estime dans le même ordre d'idées qu'au regard de la perception, si une situation n'est perçue par l'acteur (la personne) comme posant problème, il ne peut pas y avoir de réaction sociale formelle.

    3.3.3. Impact socioprofessionnel

    Comme nous l'avons souligné précédemment, certains gardiens reconnaissent les risques et les conséquences lorsqu'ils coopèrent avec les creuseurs clandestins. Selon eux, cette façon de faire constitue en quelque sorte une des stratégies pour sécuriser les biens de l'entreprise et s'auto-sécuriser. Ce qui cause des conséquences pour certains lorsqu'ils sont licenciésdans le cas de complicité.

    Pour le garde BRAVO :

    « Tu peux te retrouver à Kipushi au moment où tu es surpris dans ton poste entrain de causer avecles creuseurs. Si les chefs te voient à distance, ils vont te considérer comme si tu étais en train de coopérer avec eux. Soit s'ils ont par exemple volé les câbles et que lors des investigations on trouve les traces des creuseurs dans ton poste ils vont te considérer comme complice ».

    Quant aux creuseurs clandestins arrêtés sur la mine, ils seront mis à la disposition du parquet de Kipushi. Ce qui va engendrer des répercussions sur sa famille.

    Le creuseur clandestin KILO explique :

    « Kile tunongopaka sana ni prison ; kama bankubamba umu batakupelaka ku prison ya kipushi ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Ce que nous avons c'est surtout la prison, si on t'arrête ici on va te transférer à la prison de kipushi, c'est ce que nous craignons».

    3.3.4. Atteinte à la dignité humaine

    Les gardes sont victimes d'agressions et des menaces lorsqu'ils font face aux creuseurs clandestins. Certains on les creuse l'oeil, les autres sont fracturés par le fait de les lancer des pierres. Un agent de sécurité BRAVO s'est confié à nous en ces termes :

    « Dans la plupart de cas, nous sommes exposés à des risques tels que lorsque ces inciviques veulent accéder ou sortir du site et que nous les empêchons, ils laissent leurs sacs des minerais et nous attaquent avec des menaces et nous lancent des pierres ».

    3.4. STRATEGIES DES ACTEURS

    Dans cette partie, nous démontrons d'une part les méthodes des contournements que les creuseurs clandestins mobilisent pour pénétrer ou sortir dans la mine, et les stratégies que les agents de sécurité mobilisent pour empêcher les intrusions et également les mécanismes pour entretenir leurs relations avec les creuseurs clandestins lorsque ces derniers les menacent ou les agressent sur le site minier d'autre part. À l'issu des entretiens,nous avons ressortiles stratégies utilisées par les creuseurs et les agents de sécurité de l'entreprise en question.

    Robert Agnew, cité par Gariepy (1947 : 81) soutient dans le même cadre d'idées que, « Lorsque les voies légitimes du succès et de la réussite paraissent bloquées, il en résulte chez l'individu un état de tension qui peut dégénérer en comportements illicites. Certains individus choisissent alors de se joindre à des pairs délinquants qui partagent leurs valeurs et de rejeter la société qui, à leurs yeux, ne les accepte pas.

    3.4.1. Les stratégies des creuseurs clandestins

    L'entreprise MMG a érigéune tranchée pour empêcher que les creuseurs clandestins accèdent facilement dans le site minier. Autour de cette tranchée, il ya des fils barbelés. Mais il se faitque ces derniers mobilisent aussi leurs stratégies et mécanismes pour la contourner. Voyons dans les lignes qui suivent quelques stratégies que les creuseurs clandestins mobilisent pour accéder ou sortir dans la mine.

    1. Le contournement via le trench (la tranchée)

    · La création des escaliers

    Dans la tranchée, les creuseurs clandestins ont créé des escaliers dans la tranchée dans certains endroits du site, en l'occurrence au secteur de la mine pour leur permettre de sortir facilement avec les biens qu'ils ont volés. Hormis la création des escaliers, ils ont également coupé les fils barbelés qui sont autour du trench (Cfr figure N° 06 & 08). Le grand problème avec cette tranchée est qu'elle a été creusée sous forme verticale avec la vision selon laquelle si une personne tombe dedans, qu'elle ait la possibilité de s'en sortir facilement. Cependant, ladite vision est devenue un canal par lequel les creuseurs clandestins arrivent à atteindre leurs objectifs (Cfr figure N° 06).

    Le creuseur TANGO explique en ces mots : 

    « tunesha ku chimbula ma escalier mu trench, ata kama tuko na charge ya dje tunapitaka paka, ma fuashi ingine tunapangaka maibue munene ndjo tuna toka bien ».

    La traduction française

    « Nous avons déjà creusé des escaliers dans la tranchée,même si nous avons n'importe quelle charge, on passe toujours, dans certains lieux noussuperposent les grosses pierres ». 

    · La création d'un pont

    Cette technique s'applique pendant la période pluvieuselorsque la tranchée est remplie des eaux de pluie.Elleconsistepour les creuseurs clandestins àmettre des planches sur la trachée sous forme d'un pont qui va leur permettre de traverser. Il est à noter que pendant la période pluvieuse, les creuseurs clandestins portent très souvent des bottines de joueurs pour se protéger contre les glissements.

    Le creuseur KK enrichit

    « Wakati ya mvula mayi inayalaka sana mu tranchée, pale tunapangaka ma mbaho sa kilalo ndjo tunatambuka na bintu bietu ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Pendant la période pluvieuse, la tranchée est remplie de l'eau, nous mettons des planches sur la tranchée sous forme d'un pont pour traverser ».

    · La chasse au garde ou la surveillance du surveillant

    Comme la tranchée est un couloir principal par lequel les creuseurs clandestins pénètrent et sortent dans la mine, ils ont tendance à surveiller la position ou le mouvement des gardes en se cachant dans les herbes; une fois qu'un des gardes est distrait, ils en profitent pour entrer ou sortir de la mine.

    · L'application de la force majeure 

    Le creuseur clandestin KK explique en ces termes :

    « Umu mu usine muko ma ndjiya ya mingi, kama tunona motoka ya intervention tunafuchamaka mu pori ju bo abengiyakemo, hao kamaba garde bekonatufuata, ...soit tutanzatubatupa mayibue ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Il y a beaucoup d'itinéraires dans la mine, si nous voyons le véhicule d'intervention, nous nous cachons dans la forêt parce qu'eux n'accèdent pas là-bas soit s'ils nous poursuivent, ...soit on va les lancer des pierres ».

    La force majeure consiste pour les creuseurs clandestins de se débrouiller d'une autre manière au moment où ils sont poursuivis par une équipe d'intervention sur le site minier.Devant cette situation, ils vont s'enfuir et se disperser dans la forêt. L'application de cette stratégie demande une connaissance géographique du site. En outre, la force majeure consiste pour les contentieux à agresser et à lancer les projectiles aux gardes et l'équipe d'interventions des projectiles.

    · La négociation et la renégociation

    La négociation est l'une des stratégies que les creuseurs clandestins mobilisent pour sortir ou accéder dans la mine, en s'arrangeant avec les gardes en place. Elle permet aussi aux creuseurs clandestins de négocier avec les gardes lorsqu'ils sont arrêtés par ces derniersou parune équipe d'intervention afin qu'ils ne soient pas mis à la disposition du parquet de Kipushi.

    Un creuseur clandestin s'explique :

    « ...kama tuko ba mingi, tuna tumaka chef d'equipe njo atasumburiya nabo, kishakupatana nabo tunabatshiya kiloko ile tuko nayo njo tunatoka ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Si nous sommes nombreux, le chef d'équipe doit causer avec les gardes, s'ils terminent on va leur donner quelque chose ».

    La renégociation s'applique lorsqu'à leur sortie ils trouvent un autre agent de sécurité dans le couloir où ils étaient entrés ou lorsqu'ils changent les itinéraires. C'est-à-dire en entrant, un groupe des creuseurs clandestins peut s'arranger avec un garde en lui donnant l'argent afin qu'ils accèdent dans la mine, mais à la sortie ils se rendent compte que le garde avec quiils se sont arrangés a été muté dans un autre poste, ils vont engager une renégociation avec le nouveau agent afin qu'ils puissent sortir.

    3.4.2. Stratégies des agents de sécurité

    Les entretiens réalisés lors de la récolte des données montrent que pour certains gardes, le fait d'entretenir des bonnes relations avec les creuseurs n'est pas nécessairement synonyme de coopération ou de négociation et complicité sur les transactions avec ces derniers. Mais c'est une méthode et une stratégie qu'ils mobilisent pour protéger et sécuriser à la fois les biens de MMG et leur personnalité. Car lorsque ces intrus pénètrent dans la mine, les premières personnes qu'ils cherchent à neutraliser ce sont les gardes.

    · Négociation comme mécanisme de protection des biens de MMG

    Le recours à la négociation permet aux gardes d'emprunter les stratégies pour contrer les creuseurs clandestins lorsqu'ils veulent accéder dans la mine ou y accéder. Si un officier de sécurité est surpris par un groupe de creuseurs clandestins, ce dernier doit avoir une bonne attitude envers eux ; en leur demandant ce qu'ils cherchent dans le but qu'ils ne puissent pas entrer ou sortir avec les biens de l'entreprise. Cette stratégie marche de pair avec celle de l'auto-sécurisation. Nous allons démontrer dans les lignes qui suiventla façon dont les agents arrivent à réaliser cette stratégie.

    · Négociation comme une auto-protection

    Pour se protéger contre toutes les agressions et les menaces des creuseurs clandestins, les agents de sécurité recourent à la négociation avec eux ; car quand ils entrent dans la mine, ils visent d'abord à neutraliser les agents de sécurité afin qu'ils puissent opérer aisement.

    L'agent TANGO explique comment il procède à négocier avec les creuseurs clandestins lorsqu'il est surpris par ces derniers :

    «  Si je suis surpris par un groupe de creuseurs dans mon poste, parcequ'euxn'entrent qu'en groupe de 5, 10 jusque même à65 creuseurs. C'est rare de voir le creuseur seul. A ce moment-là je suis obligé de ne plus utiliser la force mais plutôt l'intelligence et les tactiques. Voilà pourquoi lorsque G4S recrute, il ne tient pas compte de la taille ou de la masse d'une personne, mais il tient compte de la capacité intellectuelle. Dans cette situation, je ne dois plus premièrement paniquer, je dois causer avec eux en leur demandant leur souci de sorte qu'ils ne me ravissent pas la radio en le disant : mes frères, comment vous allez, nous tous nous sommes venus chercher l'argent, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

    - Creuseur : utupatshiye radio sinon tutakupika(donne nous la radio sinon on va te frapper),

    - Garde : wangu, munona kama munabeba radio batanitosha kaji, sasa batotuangu batakuria je, tusumburieni tu, tuko bote bandugu, she bote tuko besoin na makuta (mes frères, si vous prenez la radio, on va me chasser du boulot, alors mes enfants mangeront comment ? nous sommes tous des frères, et nous avons tous besoin d'argent)... ».

    · Le résultat de deux stratégies

    Apres que l'agent de sécuritéaitmobilisé ses stratégiespour empêcher que les creuseurs clandestins ne passent pas à l'acte, ces derniers finissent à un certain moment à se maîtriser.Crozier & Friedberg(1977 : 196) : "un instrument que des acteurs sociaux se sont forgés pour régler leurs interactions de façon à obtenir le minimum de coopération nécessaire à la poursuite d'objectifs collectifs,tout en maintenant leur autonomie d'agents relativement libres.

    Voici la suite de la discussion de l'agent de sécurité ROMEO avec les creuseurs :

    « (...) À ce moment même s'ils venaient avec des mauvaises intentions pour vous agresser ils ne vont plus les faire. Et pendant que je suis en train de les moraliser, je dois diminuer le volume de la radio en appuyant sur le bouton bidirectionnel pour que le contrôle room puisse entendre ce que nous sommes en train de causer avec les creuseurs afin qu'on envoie l'ecko india (l'équipe d'intervention) pour les arrêter ». Mais s'ils serendent compte que tu as appuyé le bouton de la radio !!! Ah !!! Là, ils vontte chercher partout pour terégler ton compte ».

    En outre, les acteurs(les gardes) estiment que les creuseurs clandestins ont des objectifs à atteindre, lorsque l'entreprise mobilise des mécanismes pour les empêcher, eux également mobilisent les leurs pourles contourner.

    L'explication d'un agent G4s ROMEO ajoute en ces termes :

    « À MMG il ya un dispositif qu'on a installé dans la mine lorsqu'il y a la foudre ou l'orage, la sirène retentit pendant 30minutes.A ce moment il n'y a pas la circulation, tout le monde doit être àl'abri ou dans le bureau pour reprendre les activités après 30 minutes. Mais les creuseurs savent que lorsqu'il y a la foudre, il n'y a pas de circulation ; tous les travailleurs, les gardes et les policiers sont tous dans les bureaux, ils en profitent pendant cette période sans tenir compte de la foudre pour voler les minerais ».

    3.5. ENJEUX DES PRATIQUES OBSERVEES

    Selon notre analyse, les pratiques que les acteurs impliqués développent sur la mine sont orientées à deux types d'enjeux que nous avons trouvés comme pertinents à savoir : les enjeux économiques et les enjeux règlementaires.

    3.5.1. Les enjeux économiques

    Selon Mbale (20019 : 20),l'économie est une science de l'équilibre et de l'échange ; elle étudie le comportement humain, et les humains ont constamment besoin d'échanger. Les avis des certains gardes et creuseurs clandestins sont partagés par rapport à l'exécution des activités rémunératrices dans le site minier. Ces creuseurs justifient leur présence sur le site minier et considèrent l'exécution des activités minières comme la solution permettant de résoudre les difficultés qu'ils font face.

    Pourles creuseurs clandestins, ils avouent de ne plus avoir une autre occupation à part celle de la vente des ressources minières. Les uns reconnaissent que ces activités sont favorables pour leur épanouissement et l'amélioration du cadre de vie. Peu importe les conséquences néfastes qu'ils courent derrière ces pratiques, mais pour desraisons pécuniaires, ils recourent à ces dernières afin de répondre aux besoins quotidiens. Ils conseillent à leurs coéquipiers qui dilapident leurs revenus dans les frivolités après des dures conditions dans lesquelles ils travaillent pour avoir l'argent et de se méfier à toute autre pratique telle que le vol des câbles, le vandalisme et l'agression des employés et contractants de l'entreprise.

    Par rapport à cette vision, les creuseurs KEBA et MAMBO partagent la même idée :

    « Atuna na kaji ingine a part iyi ya kulokota mayibue ku remblai ju ya kujisha, i kaji tunaifuaniaka ju ya rho ya nguvu bule, tuko na bibi nabatoto ; kama MMG leo anafungaihi usine ao kama bana nifunga ku prison famille yangu itaishi je ? Mina conseiller bandugu yetu bale banalabishaka bintu bia societe, kupikana na kuiba bintu bingine sa ma câbles électriques na tapis batshe, ainamuzuru, »

    Ce qui veut dire en français :

    « Nous n'avons pas un autre boulot à part celui de ramasser des déchets miniers dans le remblai pour vendre afin que nous ayons l'argent pour nourrir nos famille. Si aujourd'hui MMG se décide de fermer l'usine ou si on m'arrête qu'elle sera l'avenir de ma famille ? Je conseille à tous mes frère qui vandalisent les biens de la société, qui agressent les gens et volent les câbles électriques et les tapis de cesser car ce n'est pas bien ».

    Quant aux agents de sécurité, certains sont également conscients que la négociation ou la coopération avec les creuseurs peut engendrer un licenciement sans préavis sur leur travail. Mais compte tenu des conditions de travail, des influences et de toute forme de marginalisation du point de vue statut professionnel et le niveau salarial très bas, ils se trouvent dans des pratiques illicites pour avoir de l'argent. Ils condamnent leur société (G4S) qui manque la volonté d'améliorer leurs niveaux salariaux étant donné que l'entreprise MMG paye beaucoup d'argent aux comptes des agents de sécurité, mais ces derniers en bénéficient que des miettes.

    Selon notre analyse, la manière de faire pour les agents de sécurité lorsqu'ils sont face aux creuseurs clandestins peut être expliqué par le repère familial, le capital social et les influences.Voici le propos du garde KEBA :

    « Mon frère, ce qui nous pousse parfois à coopérer avec les creuseurs c'est le manque d'argent, nous avons des familles et des enfants pour répondre à leurs besoins ; MMG paye dans le compte des gardes beaucoup d'argent à notre société, mais le salaire que nous touchons ne permet pas de répondre suffisamment à nos besoins.»

    Pourle garde MAMBO:

    « Ce que je peux avoir comme avantage c'est ma sécurité. Car pour sécuriser les biens de l'entreprise il faut d'abord se sécuriser soi-même ; la manière dont nous traitons bien avec les creuseurs lorsqu'ils viennent avec des menaces constitue un avantage pour moi d'être en sécurité ».

    Dans cette perspective d'idées, l'emploi obtenu par les agents de sécurité ne leur permet pas un encadrement adéquat ni de faire des apprentissages, ce qui accroît les risques d'instabilités sur le plan professionnel (Gariepy José 1947 : 57). C'est dans cette même logique que Sutherland cité par Lascoumes et Nagels( 2014 : 144) pense que l'organisation d'une structure sociale et le poids des inégalités économiques seraient criminogènes. Les mécanismes économiques formels ne permettent pas à tous d'accéder légalement à la richesse, il s'ensuit donc des phénomènes de déviance afin de s'adapter et améliorer les conditions de vie.

    3.5.2. Les enjeux règlementaires

    La prolifération des normes sans que l'on pense à l'amélioration des conditions de travail (les infrastructures sécuritaires, le respect des droits de l'homme, le salaire, etc.) est un facteur explicatif pour les gardes à la production des pratiques déviantes en connivence avec les creuseurs clandestins pour avoir les ressources financières. Quant aux creuseurs clandestins, les règles sont devenues un couloir pour passer à leurs actes. Car plus les clandestins ont connaissance des règles internes qui régissent la sécurité plus ils sont motivés aux pratiques déviantes.

    Comme Croallcité parLascoumes et Nagels (2014 : 141) le souligne : « les normes créent la déviance, la prolifération règlementaire est un facteur qui pousse les individus à la déviance ».

    Voici le témoignage de l'agent de sécurité LIMA :

    « Ici il y a trop de conditions qui naissent du jour au jour ; par exemple si tu vois un creuseur avec un sac des matières tu ne peux pas l'arrêter mais il faut juste signaler au contrôle room.Tu ne peux pas utiliser la force peu importe ceque les creuseurs peuvent te faire ou peu importe ce qu'ils ont emporté. Lorsqu'ils ont déjà jeté le sac dans la tranchée, on n'a pas droit d'entrer dedans, etc. Les creuseurs savent presque toutes ces conditions de sécurité. Ce qui est difficile pour nous de bien sécuriser les biens du client lorsque l'on se trouve face à ces creuseurs ».

    Le garde X-G enrichit en estimant quant à lui que les règles et les principes sécuritaires de MMG fragilisent les intrusions des creuseurs. Ce qui est difficile pour eux de respecter certaines consignes quand ils sont face aux creuseurs clandestins. A titre indicatif lorsque les creuseursclandestins sont dans la mine centrale, les règles ne leurpermettent pas d'y accéder sans autorisation :

    « Par exemple, tu ne peux pas poursuivre un intrus en courant, si on te voit tu seras sanctionné, lorsque l'intrus est sur la mine il faut juste signaler le contrôle room et non l'arrêter,...peu importe ce qu'ils ont volé, notre travail c'est de signaler. Si on vous remarque, vous serez sanctionné. Peu importe les menaces, les pierres que les creuseurs vous lancent, il faut juste signaler. Ce qui nous est difficile de supporter. Les règles donnent la force aux creuseurs de faire du n'importe quoi parce qu'ils savent tous ces principes de MMG. Et lorsqu'il ya intrusion, c'est difficile pour nous d'atteindre la zone où les creuseurs effectuent leurs activités. Les règles de safety ne nous permettent pas d'aller dans les zones à haut risque lorsque les creuseurs sont entrain d'opérer ».

    SECTION 4. REPRESENTATIONS SOCIALES DES ACTEURS

    Selon les informations récoltées sur le terrain, les enquêtés rencontrés ont une autre interprétation vis-à-vis des uns et des autres. C'est dans cette logique qu'Abric cité par E. Durkheim estime que « la représentation sociale est le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un individu où un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ».

    Dans le cadre de notre étude, nous avons relevé les présentations sociales des agents de sécurité vis-à-vis des creuseurs clandestins, et celles des creuseurs clandestins à l'égard des agents de sécurité et aux investisseurs étrangers de MMG.

    4.1. Les représentations sociales des agents de sécurité à l'égard des creuseurs clandestins.

    Comme le titre l'indique, il s'agit de comprendre la perception qu'ont les agents de sécurité vis-à-vis des creuseurs clandestins. C'est ainsi que, pourLiwerant (2015 : 81), les constructions symboliques donnent sens aux actes et aux discours. Se pencher sur les perceptions des acteurs, pour le chercheur, a donc pour but d'appréhender la perception des acteurs face à l'objet d'étude, un phénomène qu'ils vivent et pour lequel ils ont aussi une forme de connaissance.

    a. Les creuseurs comme des sorciers

    Les creuseurs clandestins sont étiquetés selon les gardes comme des sorciers du fait que les actes qu'ils posent sont inhumains ; ils font de transport des sacs de minerais sur les épaules a une longue distance, c'est-à-dire de la mine jusqu'au village alors que ce sac pèse plus de 50 kilogramme.

    Parlant des creuseurs clandestins comme des sorciers, le garde KILO explique en ces mots :

    « Ah !mon cher, les creuseurs ne sont pas seulement des voleurs mais aussi des sorciers, si tu vois ceux qu'ils font dans la mine c'est vraiment regrettable ; et la manière dont ils transportent les sacs de minerais de plus de 50 kg sur les épaules ce n'est pas vraiment normal. Si tu vois l'endroit où ils trouvent ces minerais tu ne peux pas accepter. Ils sont des sorciers et des voleurs. Certains ont des fétiches pour ce travail des minerais».

    b. Les creuseurs comme des criminels et des voleurs

    Ils sont considéréscomme des voleurs ou des criminels parce qu'ils creusent les substances minérales dans la concession minière de MMG/Kinsevere qui estune zone d'exploitation minière privée. Au-delà du creusage, ils volent tout ce qu'ils trouvent important lorsqu'ils pénètrent dans la mine avec des menaces, des agressions et des actes de vandalisme.

    Le propos de KAMAL, un garde de G4S :

    « Les creuseurs sont vraiment des voleurs, lorsqu'ils accèdent dans la mine, ils ne volent pas seulement des matières mais aussi tout ce qu'ils trouvent nécessaire à leurs yeux(le tapis de cuivre, les batteries de voiture et des camions, des câbles électriques, des groupes électrogènes, etc.)moi un jour j'ai été auditionné par nos o.p.j.Parce que là où j'ai été déployé les creuseurs avaient coupé le tapis de cuivre ».

    c. Les creuseurs comme des frères

    Comme nous l'avons souligné ci-dessus,la fraternité est l'un des éléments qui permet aux acteurs d'interagir sur le site minier. Il consiste à recourir à des normes non institutionnelles(la morale, l'éthique, la religion, etc.) pour améliorer leurs situations économiques et régler des conflits. Car le droit n'est pas seulement les textes, mais tous les mécanismes que la société mobilise pour la cohésion sociale. D'où les agents de sécurité manifestent le sentiment de solidarité envers le creuseurs, en les considérant non pas comme des étrangers ou des ennemis, mais comme des frères congolais du fait quetous les creuseurs clandestins ne sont pas le meme, il ya ceux qui ont un bon comportement et ceux qui ont un mauvais comportement. C'est inutile de les arrêter afin qu'ils soient transférés à la prison de Kipushi alors qu'ils ont des familles.

    Le garde KAMAL ajoute en ces termes :

    « Tout le monde a besoin d'argent, si nous sommes ici c'est pour l'argent, certains creuseurs sont des responsables ; ils ont des familles ànourrir, alors pourquoi les arrêter ? Lorsqu'ils viennent juste prendre un sac des matières qu'est-ce que l'entreprise va perdre, tu sais combien ces blancs gagnent par jour ? Lorsqu'ils viennent pour entrer, je considère certains comme mes frères congolais, les blancs iront et nous resterons ici, pourquoi alors se compliquer ? ».

    d. Les creuseurs comme une menace et une source d'insécurité

    Les représentations que certains interviewés ont sur les creuseurs clandestins est critique, sur le plan sécuritaire, certains considèrent les creuseurs clandestins comme une menace que le gouvernement doit gérer. De fois, pendant la prestation nocturne, ils sesentent en insécurité parce qu'ils courent beaucoup de risques si les creuseurs clandestins entrent sur la mine.

    Cette analyse repose sur l'explication du garde KAMBO :

    « Les creuseurs sont une menace qu'il faut gérer parce qu'ils volent les biens de l'entreprise; non seulement voler mais ils menacent et agressent aussi les personnes qui travaillent dans la mine. Parfois nous nous sentons en insécurité pendant la prestation nocturne ».

    4.2. Les représentations des creuseurs clandestins sur le dispositif sécuritaire

    Les creuseurs clandestins estiment que les investisseurs économiques de MMG n'ont pas droit de les interdire d'exploiter les ressources minières car ils sont propriétaires de cette mine de Kinsevere qui est un héritage laissé par leurs ancêtres.Selon eux, vu que MMG ne veut pas céder un espace de la concession minière où ils peuvent effectuer leurs opérations minières(le ramassage des minerais dans les remblais), ils continuerontà accéder dans la la mine peu importe les conséquences afin qu'ils améliorent leurs conditions socio-économiques.

    Le creuseur KAMBO ajoute en ces mots :

    «  Bazungu ni ba muizi, banakua ku tuiba mari yetu ju bendekuyengakuabo mais bekonatukatariya she tupate na she makuta, minerais ni ya congolais yote, tuko na droit,... ».

    Ce qui veut dire en français :

    « Les blancs sont des voleurs, ils sont venus pour voler notre richesse pour aller construire dans leurs pays d'origine mais ils ne veulent pas que nous puissions aussi trouver de l'argent. Les minerais sont pour tout congolais, nous avons notre droit,... ».

    Pour d'autres creuseursclandestins, ils considèrent les gardes comme leurs frères, mais ce qui les pousse dans certaines circonstances d'être en conflit avec eux c'est dans le contexte où les agents de sécurité se mêlent dans l'idéologie des investisseurs étrangers en oubliant que ces derniers rentreront chez eux et laisseront notre richesse.

    Le creuseur clandestin KAMBO explique en ces mots :

    « Ba gardebanasabuasema tuko bote ba congolais, bazungu batendakakuabo na she tutabakiyaka mu congo yetu na mari yetu, batuache tutuanza kubeba mari yetu... Kukobengine beko na rho ya bien na bengine rho mubaya ; donc kuko bengine ata unamulombadje,ata unamupatshiya makuta ashita kurumiya, mais bengine bana shikiyaka ».

    Traduction française :

    « Les gardes ont oublié que nous sommes tous des congolais, les blancs iront chez eux et nous resterons ensemble dans notre pays, qu'ils laissent prendre les minerais parce que ce sont les biens de nos ancêtres...il ya certains gardes qui ont une mauvaises foi, meme si vous leur demandaient ils n'acceptent pas, mais d'autres sont compréhensifs ».

    De toutes les idées qui précèdent, Monièreet Guay, cité par Mbale (2017 : 265), soulignent que « nous ne pouvons pas nous passer de représentations ou de cadres de référence pour vivre. Les représentations nous servent à penser le monde, à lui donner un sens et à orienter nos actions ».

    En parcourant les discours des agents de sécurité et les creuseurs clandestins relatif aux représentations qu'ils sont vis-à-vis des uns et des autres, leurs critiques sont principalement fondés sur base des intérêts qu'ils en tirent lorsqu'ils sont en confrontation sur le site minier. C'est-à-dire la manière dont ils collaborent et interagissent sur les transactions sur les ressources. Sutherland cité par Lascoumes et Nagels (2014, 131) soutient que les individus, en fonction des interactions qu'ils sont des formes d'adaptation et de réaction différentes, meme s'ils ont connu les mêmes conditions de vie, le comportement déviant et la manière de légitimer s'apprennent comme n'importe quelle autre activité.

    CONCLUSION GENERALE

    Au cours de ce travail, nous nous sommes forcéde passer un séjour au sein de l'entreprise minière MMG/Kinsevere auprès des personnes-ressources pour analyser les interactions entre les agents de sécurité et les creuseurs clandestins.

    Pour parvenir à la récolte des données sur cette étude, nous nous sommes d'abord servi de la démarche inductive qui prône la descente sur le terrain. Ensuite l'entretien semi-directif et l'observation directenous ont facilité la tâche pour entrer en contact direct avec les personnes-ressources en vue d'avoir les informations fiables. Et enfin l'analyse thématique nous a permis d'analyser les données récoltées.

    Comme tout phénomène social, sa compréhension suscite un recours à des grilles de lecture. Le choix de l'interactionnisme symbolique ainsi que l'acteur et le système se sont avérées pertinentes dans la compréhension de l'objet d'étude.

    Nos résultats fournissent une vue d'ensemble, , sur la façon dont les agents de sécurité font face aux creuseurs clandestins lorsque ces derniers pénètrent dans la mine avec des menaces et des agressions en vue d'accomplir leurs besoins,les pratiques problématiques que les acteurs impliqués développent sur le site minier, les enjeux qui sous-tendent ces pratiques problématiques, les impacts des pratiques des acteurs sur l'économie, l'environnement, la dignité humaine et enfin leur impact socioprofessionnel, les stratégies que les acteurs mobilisent pour réaliser leurs objectifs matériels ou financiers et les représentations sociales des acteurs.

    Autour des interactions entre les acteurs, nous avons relevé, d'une part, la posture positive qui engendre les interactions conflictuelles ou problématiques lorsque les agents de sécurité sont appelés à respecter les règles et les consignes sécuritaires et, d'autre part, la posture négative qui est le soubassement des interactions de fraternité et de solidarité. Cette posture consiste pour les agents de sécurité à recourir à d'autres normes non intentionnelles pour entretenir leurs relations avec les creuseurs clandestins lorsqu'ils viennent avec des menaces et des agressions sur le site minier.

    Au sujet des acteurs impliqués, hormis les policiers de la police des mines et de la légion nationale d'intervention,les agents de sécurité, et les creuseurs clandestins parmi lesquels nous retrouvons les enfants mineurs, nous avons découvert d'autres acteurs à double visage qui participent dans les pratiques non réglementaires sur le site minier. Il s'agit des cadres de MMG etles journaliers dits « les casuals ».

    Au cours des entretiens avec les acteurs et les observations faites sur le terrain, les pratiques des acteurs en occurrence les creuseurs clandestins ont un impact négatif sur l'économie de l'entreprise car elles perturbent et retardent la production minière ; l'environnement dans le sens où les creuseurs clandestins coupent des tapis au bassin de rejet d'acide qui protège le sol contre la pollution et déversent des déchets miniers dans la nature sans tenir compte des conséquences qu'il peut y avoir sur la santé, l'impact sur socioprofessionnel dans le contexte où les pratiques problématiques mettent en déséquilibre l'emploi et l'amélioration des conditions de vie des communautés environnantes du site minier ; et l'atteinte à la dignité humaine, car lorsque les creuseurs clandestins n'arrivent pas à atteindre leurs objectifs, ils menacent et agressent les agents de sécurité et d'autres travailleurs.

    Face aux creuseurs clandestins, les gardes sont confrontés à des menaces et des agressions. C'est ainsi qu'ils font appel à la coopération et à la négociation.Cette stratégie ne fait pas nécessairement allusion à des actes de complicité, mais c'est une modalité qu'ils empruntent pour sécuriserles biens du client (MMG) et s'auto-sécuriser contre toutes les attaques, les menaces et les agressions des clandestins.

    Quant aux creuseurs clandestins, lorsqu'ils sont empêchés par les gardes, ils font recours à la négociation ; au cas contraire ils font usage des intimidationset des menaces pour arriver à leurs fins. Hormis cela, ils ont des stratégies personnalisées en créant des escaliers dans la tranchée, l'utilisation des planches comme des ponts pour traverser la tranchée pendant la période pluvieuse.

    Des représentations sociales des acteurs, l'on retient queles agents de sécurité ont un regard critique envers les creuseurs clandestins. Ceux-ci sont considérés commedes sorciers, des voleurs, des frères et comme étant une menace qu'il faut gérer. Et les creuseurs clandestins considèrent les agents de sécurité comme non seulement leurs ennemis dans le contexte où ils les empêchent d'atteindre leurs objectifs mais également come leurs frères.

    Sur ce, cette étude nous a permis de comprendre comment les agents sont confrontés à des diverses difficultés lorsqu'ils sont appelés à sécuriser et protéger les biens de l'entreprise ; tantôt respecter les normes et les consignes établies tantôt dévier de ces normes pour sécuriser les biens du client et se sécuriser soi-même.

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    ANNEXES

    Figure N° 01 : La cartographie du site minier MMG/Kinsevere

    La mine centrale

    Le trench/Tranchée

    Le bassin d'acide

    L'usine

    Figure N° 02 Le bassin de rejet d'acide où les creuseurs clandestins viennent couper le tapis HDPE

    Les eaux usées d'acides

    Le tapis

    L'acide

    Figure n° 03 : la cabane construite en tapis HDPE

    Le tapis

    Figure N° 04 : le radar Figure N° 05 : le câble électrique

    Figure N° 06 : la tranchée (trench)

    Figure N° 07 : La guérite construite par le garde

    Figure N° 08 : Les escaliers créespar les creuseurs clandestins

    Figure N° 09 : la mine centrale

    Figure N° 10 : Le sac des minerais

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