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La restructuration de l'habitat précaire: de l'ostracisme a l'inclusion des habitants le cas d'Arafat et Grand Medine a Dakar


par Mouhamadou DIENE
Université Paris Est Marne La Valllée - Master 2015
  

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Conclusion

Les spécialistes s'attachent aujourd'hui à déconstruire les idées reçues sur les quartiers précaire (souvent perçus comme dangereux, insalubres, squattés) et à lutter contre les injonctions visant leur éradication, solution non durable si aucune alternative n'est proposée19 L'inclusion des habitants dans la restructuration de leur quartier a montré des résultats significatifs en termes d'efficacité fonctionnelle. Elle permet d'éviter la déstructuration des liens sociaux, de renforcer leur implication dans la gestion des équipements publics et de les responsabiliser sur l'entretien et le bon usage des équipements collectifs. Par conséquent on est sûr de réaliser des habitats fonctionnels et répondant à leurs exigences et confort (cour familiale, enclos d'animaux domestiques, aire de jardinage...)

Aujourd'hui le changement d'approche dans la perception des bidonvilles est le fruit d'efforts de conscientisation de la part des institutions internationales depuis Habitat I, mais aussi depuis 1991 avec l'érection de l'accès à un logement décent comme un droit humain fondamental par les Nations Unies.

La tendance de forte urbanisation actuelle qui a lieu dans les villes en développement nécessite une approche différente et une évolution sur le plan institutionnel (décentralisation et autonomisation des collectivités locales), sur le plan environnemental (une approche durable dans l'action publique) et sur le plan social (le droit à l'information et la capacitation des populations locales). Les politiques d'ajustement structurel promus par les institutions de Breton Woods ont eu un fort impact dans l'intervention de l'Etat dans le secteur du logement considéré jadis comme un des secteurs sociaux pour lesquels celui ci doit se désengager pour l'assainissement des finances publiques et l'équilibre budgétaire. Cela a entrainé un abandon progressif du secteur et l'invention de solutions alternatives avec les coopératives d'habitat et la promotion immobilière privée. Celle-ci va davantage entrainer le développement de quartiers précaires.

Arrêtons-nous un peu sur le terme de « bidonville », « quartier précaire » ou « habitat spontané ». La perception et les représentations que les habitants des quartiers bénéficiaires du PPAB à Dakar ont de leur quartier peuvent être souvent décalées par rapport aux définitions d'institutions internationales. En tant que dakarois, il m'était difficile de considérer les quartiers d'Arafat et de Grand Médine comme des bidonvilles car l'image du bidonville renvoyait pour moi aux ghettos sud-africains, à des slums indiens ou encore aux

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favelas « dangereux » du Brésil. Au fond si l'on s'arrête à l'exemple de ces trois pays l'on se rend compte que finalement les bidonvilles ne sont pas qu'une question de planification et de politique de l'habitat. L'existence de bidonville évoque des questions plus fondamentales d'intégration sociale. Cela se justifie d'autant plus que l'Afrique du Sud avait un régime d'apartheid profondément discriminatoire et l'Inde est marquée par une stratification sociale réifiée et très rigide.

Aujourd'hui, la volonté clairement affichée de l'Etat du Sénégal est de passer d'un urbanisme réglementaire à un urbanisme de projet. Le PDU 2035 en cours d'élaboration traduit cette vision qui consiste à promouvoir l'urbanisation dans des zones qui jusque là étaient occupées par des zones naturelles. Au-delà de la volonté de créer un équilibre territorial face à une hyperpolarisation des activités économiques et politiques à Dakar, le développement du pôle urbain de Diamniadio en cours permettra premièrement de faire baisser la tension immobilière et foncière qui existe à Dakar du fait de la rareté des terrains disponibles. Dans un second temps de grandes infrastructures comme l'aéroport de Diass et l'autoroute à péage permettront une valorisation foncière dans les zones rurales où elles seront réalisées. Un urbanisme plus volontariste qui nécessite davantage d'investissements et le partenariat public-privé est un élément nécessaire à mettre en place. L'urbanisme réglementaire se limitait davantage à des prescriptions souvent improductives et une volonté de sanctuariser le foncier à travers les règlements. Aujourd'hui le réglementaire est toujours pris en considération mais les nouveaux projets urbains cristallisent davantage les attentions et les ressources. Aujourd'hui, les villes secondaires sont mises au devant de la scène car elles feront l'objet des grands points qui seront discutés durant Habitat III. La croissance urbaine en Afrique subsaharienne se fera pour l'essentiel dans les villes secondaires qui ne cesseront de se multiplier et de s'étendre. Par conséquent il est nécessaire que les décideurs donnent à ces villes les moyens de se développer en évitant une explosion urbaine comme c'est le cas dans les métropoles actuellement. Il faudrait également une planification qui assure l'équilibre territorial sur le plan économique. Ces pôles urbains destinés à être des villes secondaires, sont aujourd'hui une réponse face aux problèmes que connaissent les métropoles des villes du Sud qui ont longtemps monopolisé l'attention et les moyens de ceux qui interviennent sur les questions urbaines.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo