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L'erreur dans les réalisations écrites d'élèves marocains. état des lieux de leurs performances écrites, interrogations sur son statut et sur les modalités de sa gestion dans les documents officiels et dans les pratiques d'enseignement.


par Sarah TAMIMI
Université du Maine - Master 2 Didactique des Langues et l’enseignement du FLE  2019
  

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Chapitre 2 : L'erreur et son mode de traitement dans les pratiques enseignantes

On se propose dans ce chapitre de décrire et d'analyser le statut de l'erreur et les modalités de sa gestion dans quelques pratiques d'enseignement du français langue étrangère (FLE) en contexte scolaire marocain, dans des écoles publiques, et à partir d'un questionnaire adressé à des enseignants du primaire et du collège.

Pendant la période de confinement due à la pandémie du Coronavirus, nous n'avions pas la possibilité d'accéder à des observations directes de séances de cours en classe. Le Maroc a en effet fermé ses frontières et a procédé à la suspension des cours dès le début du mois de mars dernier. Aussi, avions-nous été amenée à :

ü Chercher sur le net des séances de cours réalisées par des enseignants dans des écoles publiques. Nous en avons trouvé quelques-unes mises en ligne dans des chaînes Youtube. Au total, quatre séances ont été décrites et analysées.

ü Faire la passation du questionnaire via le net.

2.1. Description et analyse de quelques séances de cours de FLE dans des écoles publiques marocaines

Au lieu d'utiliser une grille d'observation, comme c'est l'habitude pour une telle tâche, nous préférons le faire à partir d'un ensemble de questions précises, en relation avec la problématique de notre recherche. L'ensemble de ces questions se répartissent en quatre catégories :

a. Les conditions de travail et contenus d'apprentissage : l'effectif de la classe, les outils didactiques utilisés, les contenus d'apprentissage.

b. La démarche pédagogique adoptée par l'enseignant : Nous avons vu dans le cadre théorique que le modèle pédagogique adopté est généralement un bon indicateur du statut didactique accordée à l'erreur. Les questions se rapportant à cette catégorie sont les suivantes :

- Quelle est la nature des interactions verbales entre l'enseignant et le(s) élève(s) et/ou élève/élève ?

- Quelle part d'autonomie est accordée à l'élève dans ses interventions ? est-il trop encadré et guidé ou lui accorde-t-on un champ de liberté dans ses interventions ?

- Participation des élèves : l'enseignant sollicite-t-il la participation de tous les élèves de la classe ou seulement quelques-uns ?

- Comment les contenus d'apprentissage sont-ils présentés aux élèves ? Sont-ils présentés de manière prescriptive (c'est à dire que la règle ou la norme prime sur la description des faits de langue afin d'en construire le sens chez l'élève) ou suscitent-ils plutôt la curiosité et la réflexion des élèves (démarche descriptive où les contenus de savoir sont présentés de manière problématiques afin d'induire chez l'élève la construction du sens) ?

c. Attitude de l'enseignant vis-à-vis de l'erreur et modalités de sa gestion :

- Quelle attitude l'enseignant développe-t-il vis-à-vis des erreurs de ses élèves ?

- Si le professeur marque des pauses et s'arrête sur les erreurs de ses élèves, comment il y remédie ?

- Nature des erreurs : erreurs interlinguales (interférences ou transferts) ou erreurs intralinguales ? La langue mère est-elle tolérée ou bannie par l'enseignant ?

- Performances des apprenants ?

d. Place accordée à l'écrit pendant la séance : Dans le cas éventuel où des activités de lecture/écriture sont proposées, quelle est leur nature ? Et comment sont-elles gérées avec les élèves ?

Au total, quatre séances de coursont été sélectionnées. Ces quatre séances se sont déroulées dans des écoles publiques situées dans différentes régions du Maroc. L'objectif principal visé à travers la description et l'analyse de ces pratiques est de faire ressortir le statut de l'erreur et les modalités de sa gestion dans les pratiques enseignantes.

La transcription des quatre séances de cours réalisées dans ces écoles publiques, et dénommées respectivement Séance A,..., Séance D, sont mises en annexe (l'annexe 1). On trouvera également dans cette annexe des informations complémentaires sur le lieu et la date de leur déroulement. Dans la suite,nous procédons à leur analyse en fonction des questions formulées préalablement ci-haut.

A) Description et analyse de la séance de la séance A : Les conditions de travail sont globalement assez bonnes : l'effectif de la classe est de 36 élèves et le minimum d'outils didactiques nécessaire est disponible (tableau noir, craie, punaises, stylo feutre, des affiches avec des noms ou des images).

La séance comprend trois épisodes dont le premier vise la conscience phonologique et la discrimination auditive (dénombrement de syllabes, identification d'une syllabe, recherche d'un mot contenant une syllabe donnée, ...). Le deuxième épisode a pour objectif l'identification du son [?] dans une liste de mots écrits et la reconnaissance visuelle des différents graphèmes qui lui sont associés (un, in, ein, ain, ...). Enfin, le troisième épisode la vise l'entrainement des élèves à la lecture/écriture des mots se terminant par le son [?] dans des situations variées.

Démarche pédagogique adoptée : Le modèle pédagogique adoptée s'inscrit dans le cadre de la P.P.O. Bien que Le professeur sollicite la participation de tous les élèves via des séries de questions-réponses, la nature des interactions se fait de manière verticale, du professeur vers l'élève.

Statut de l'erreur et modalités de son traitement : Le professeur réagit négativement vis-à-vis des erreurs de ses élèves. Les élèves qui commettent des erreurs sont souvent pénalisés par un « Non » et le professeur cherche la réponse auprès d'un autre élève. Parfois, il réexplique pour induire chez l'élève la réponse correcte. L'élève qui répond correctement est valorisé : le professeur demande aux élèves de l'applaudir.

Place accordée à l'écrit pendant la séance : le professeur construit les assises de la lecture/écriture via des activités variées. Les activités proposées sont bien conçues et programmées pour atteindre les objectifs visés par la séance.

B) Description et analyse de la séance de la séance B : Les conditions de travail sont globalement assez bonnes : l'effectif de la classe est de 29 élèves et le minimum d'outils didactiques nécessaire est disponible (tableau noir, la craie et les manuels scolaires). La séance est composéede deux épisodes, dont le premier est consacré à la conjugaison (rappel sur les trois groupes de verbes, le présent du verbe « aller » et le futur proche). Le second épisode est dédié à la lecture/compréhension d'un texte du manuel scolaire et à la réflexion sur la langue (grammaire surtout).

Démarche pédagogique adoptée : les interactions verbales dans cette séance se font uniquement entre le professeur et les élèves, le plus souvent par questions isolées et de manière verticale : du Professeurvers l'élève (ou le groupe classe). Il y a donc absence totale des interactions entre élèves. Quand l'un des élèves est invité à répondre à une question posée par le professeur, et pendant qu'il y répond, un certain nombre d'élèves veulent également participer en levant le doigt et en criant « maîtresse » (plusieurs fois). Ainsi, le professeur n'apprend pas aux élèves de s'écouter les uns aux autres. Ils sont le plus souvent mis en situation de concurrence et non en situation de coopération. Le modèle pédagogique adopté est donc essentiellement transmissif. Le professeur ne sollicite par la participation de l'ensemble de la classe. En effet, une bonne dizaine d'élèves assis derrière n'ont pas participé.

La présentation des contenus d'apprentissage: La démarche préconisée par l'enseignante au niveau de la présentation des savoirs est essentiellement prescriptive. Par exemple, pour présenter le futur proche, elle demande dans un premier temps aux élèves de conjuguer le verbe « aller » au présent. Ensuite, elle leur demande de choisir un verbe quelconque à l'infinitif et de conjuguer le verbe « aller » au présent plus un verbe à l'infinitif. C'est donc la structure « verbe aller au présent+verbe à l'infinitif »qui prime au détriment du sens du futur proche. D'ailleurs, l'élève qui a donné les exemples : « Je vais à l'école pour apprendre à lire et écrire. » et « Je vais à la poste pour acheter des timbres. » a été approuvé par le professeur. Ainsi, le sens du futur proche, en tant qu'action dans un avenir immédiat, n'est pas mis en avant. Elle aurait pu simuler un exemple devant les élèves pour qu'ils en appréhendent le sens. Par exemple, « demander à un élève de sortir de la classe », et avant qu'il sorte, interroger un élève ce que va faire son camarade.

L'Attitude vis-à-vis des erreurs de ses élèves: L'erreur n'est pas tolérée par l'enseignante, son attitude vis-à-vis des erreurs de ses élèves est très frappante. À chaque fois qu'un élève répond incorrectement, il y a un « Non » lâché, parfois de manière un peu brutale, sans que l'élève comprenne le pourquoi de son erreur. En effet, à un certain moment, elle dit aux élèves que les verbes du 2ème groupe se terminent par "ir" sans pour autant préciser qu'il y a des verbes du 3ème groupe qui se terminent par "ir". Ainsi, certains élèves vont déduire que « tout verbe qui se termine par "ir" est un verbe du 2ème groupe. » Et c'est ce qui s'est produit lorsque certains élèves ont proposé les verbes : partir, courir, venir et se sont vu recevoir un « Non » rude à leurs réponses. Elle ne donne pas aux élèves les moyens qui leur permettent de distinguer parmi les verbes qui se terminent par « ir » ceux qui sont du 2ème groupe et ceux du 3ème groupe. Et les moyens ne manquent pas : par exemple, demander aux élèves de conjuguer le verbe à la 1ère personne du pluriel, ou former le participe présent, ou encore former le gérondif.

Place accordée à l'écrit pendant la séance : le professeur consacre toute la seconde partie à la lecture/compréhension d'un texte et à des questions réflexives sur la langue (grammaire surtout). Elle invite plusieurs élèves à lire, tour à tour, des extraits d'un texte du manuel scolaire. Elle corrige les mal prononciations des élèves

C) Description et analyse de la séance de la séance C : Les conditions de travail sont globalement satisfaisantes : l'effectif de la classe est de 28 élèves.Le minimum d'outils didactiques nécessaire est disponible : tableau noir, craie, manuels scolaires et un PC.Le professeur a annoncé au début l'objet de la séance : il s'agit d'une séance de grammaire sur le groupe nominal sujet (GNS). Le cours est déjà écrit à l'avance au tableau et caché par le professeur.

Démarche pédagogique adoptée : les interactions verbales dans cette séance se font à sens unique, du professeur vers l'élève ou les élèves : le professeur interroge et l'élève (ou les élèves) répond (répondent). Il y a donc absence totale des interactions entre élèves. Le taux de participation des élèves au cours de la séance est raisonnable.

La présentation des contenus d'apprentissage: La démarche préconisée par l'enseignant au niveau de la présentation des savoirs est prescriptive. Les exemples donnés sont tous sous la forme : GNS + Verbe + Complément. Cela risque, comme on l'a vu dans le cadre théorique, d'engendrer des obstacles didactiques. Par ailleurs, pour l'exemple « Je ramasse les livres », le professeur n'a interrogé l'élève qu'après avoir ramassé tous les livres. Sa réponse (correcte) aurait dû être « Je viens de ramasser les livres. » ou « J'ai ramassé les livres. » Le professeur aurait dû, en principe, interroger l'élève au cours du ramassage des livres, c'est-à-dire dans l'action.

Le statut de l'erreur et le mode de son traitement : L'attitude de l'enseignant vis-à-vis des erreurs de ses élèves est également négative. Par exemple, dans la 2ème question de l'exercice : « Karim et son frère regardent la télé. » où il est demandé aux élèves d'écrire sur leurs ardoises la nature du GNS (déjà souligné) en choisissant l'une des trois réponses : N pour Nom, P pour Pronom et G.M pour Groupe de Mots, un élève a répondu dans son ardoise « N » Le professeur a répliqué « Ce n'est pas un nom ! » et il réexplique : « Regardez, il y a Karim, il y a son et il y a frère» et il donne la réponse « C'est un groupe de mots ! » En principe, le professeur devait sonder l'élève via une entrevue pour dévoiler la cause de son erreur. On peut avancer l'hypothèse suivante : « la présence d'un nom propre, en l'occurrence Karim pourrait être la cause de l'erreur de l'élève. » Signalons également une imprécision au sujet des pronoms personnels « je, tu, ..., ils, elles » sont qualifiés par le professeur juste de pronoms. Il fallait préciser qu'il s'agit de pronoms personnels, puisqu'il y a plusieurs types de pronoms (pronoms compléments, ...).

Place accordée à l'écrit pendant la séance : Le professeur a proposé pendant cette séance de grammaire des activités de lecture/écriture de différentes manières : il invite plusieurs élèves à lire les phrases écrites au tableau, à corriger au tableau et à faire par écrit sur leurs ardoises, les exercices proposés. Le niveau de performance des élèves est satisfaisant.

D) Description et analyse de la séance de la séance D : Les conditions de travail sont assezsatisfaisantes : l'effectif de la classe est de 38 élèves.Le minimum d'outils didactiques nécessaire est disponible : tableau noir, craie, des affiches où il y a des images. C'est une séance de réception/production de l'oral.

Le modèle pédagogique adopté : Modèle essentiellement transmissif, fondée sur une pédagogie de la mémorisation et de la récitation. Les interactions entre le professeur et les élèves se fait à sens unique. Aucune autonomie n'est accordée à l'apprenant : le professeur interroge et l'élève répond.

Le statut de l'erreur et le mode de son traitement : L'attitude de l'enseignant vis-à-vis des erreurs de ses élèves est négative. Par exemple, l'élève qui a répondu : « C'est un stylo bleu. »pour un stylo de couleur rouge, est pénalisé par un « Non » et le professeur est allé chercher la bonne réponse chez un autre élève. Le niveau de performance des élèves est satisfaisant. Le professeur a bien entrainé les élèves à bien prononcer. Il sollicite également la participation de l'ensemble de la classe.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984