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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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C. Volonté d'État et de la ville de redynamisation de l'espace arrière-portuaire : naissance d'un projet

L'idée d'un renouveau à Marseille est apparu dans les années 1970 où la ville consciente de son retard économique a souhaité engager un vaste projet de centre directionnel dans le centre ville de Marseille. Inspiré de la Défense et des Central Business District (CBD) qui se multiplient en Europe et aux Etats-Unis, le projet ne verra au final aboutir que la construction du Centre-Bourse. Cependant la dynamique est lancée.

Dans les années 1980 si de nombreux projets n'ont pas été réalisés, un certains nombre d'architectes se penchent sur Marseille et plus particulièrement sur le quartier de la Joliette pour réouvrir la ville sur la mer. C'est notamment le cas de André Stern et de Guy Daher qui proposent de revitaliser le front de mer par l'implantation d'activités urbaines.

« Si aucun des projets n'a été réalisé, ils ont permis la naissance d'un autre regard sur l'interface ville-port en levant le tabou d'un territoire portuaire sanctuarisé » 23.

En 1987, les premières études sur une intervention capable de redynamiser l'agglomération sont émises par la CCIMP 24 . Cette dernière va alors proposer la création d'un quartier d'affaires dans le secteur de la Joliette, un secteur très prisé par les architectes qui multiplient les exercices de style en faveur de l'aménagement d'un front de mer. Dans le même temps l'État, par l'intermédiaire de la DATAR, va prendre conscience des potentialités de la ville notamment dans le cadre d'échanges et de liens avec le reste de la Méditerranée.

Les gouvernements successifs sont séduits par une opération de redynamisation économique et vont pousser celle-ci. L'acquisition des Docks par la Sari en 1990, et sa reconversion en un bâtiment tertiaire va dans ce sens. A l'instar de Londres ou Liverpool, l'ancien bâtiment de stockage est sublimé et sa rénovation encourage les prises de décisions en faveur d'une action tertiaire de grande envergure sur ce site.

Cependant au début des années 1990, bien que les réflexions, études et projets soient posés, aucun ne voit le jour : le problème principal est l'absence de chef d'orchestre. De plus, le maire de l'époque Robert Vigouroux ne semble pas prendre assez rapidement les initiatives qui s'imposent. Par ailleurs les mésententes politiques et les finances catastrophiques de la ville limitent tout projet. Conscient du problème, décideurs locaux et

23 B. Bertoncello, J.Dubois, Marseille Euroméditerranée accélérateur de Métropole, p.60.

24 CCI, Marseille Provence International, une nouvelle ambition pour l'économie de Marseille de la Provence dans la perspective de 1992.

Source : Le moniteur

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nationaux conviennent du fait que Marseille a besoin d'une « thérapie de choc », permettant de mobiliser les énergies pour enclencher une dynamique sur l'ensemble de la ville.

C'est en 1992 que le devenir de la Joliette s'accélère et que les perspectives d'un projet sur ce quartier changent d'échelle. L'arrivée du TGV à Marseille doit être accompagnée de la recomposition du quartier en lien avec le secteur à vocation tertiaire de la Joliette. L'État, par l'intermédiaire du directeur de la DAU, et la ville vont alors réfléchir ensemble sur le devenir du quartier.

Au cours de la même année un projet de dimension « métropolitaine » va peu à peu s'imposer pour tous les acteurs publics ; celui-ci doit permettre de redynamiser l'économie de la ville et de l'ensemble de l'aire urbaine, mais doit aussi s'attacher à répondre aux problèmes sociaux et urbains que connait le secteur St-Charles / Joliette. Les différentes collectivités, la Communauté Urbaine, la CCI et la SNCF scelleront un accord dans un protocole visant à faire appel à l'État.

La mission interministérielle d'aménagement du territoire confiera donc à Alain Masson la charge d'une étude de faisabilité d'une opération urbanistique. Cette mission définira le périmètre, le statut et les objectifs d'Euroméditerranée. Les résultats sont mitigés et ne sont pas accueillis favorablement par tous ; pourtant le projet d'une grande opération économique et urbaine se précise. Les apports de la mission de préfiguration d'un établissement public d'aménagement, pilotée par J-P Weiss, aboutiront aux bases sur lesquelles l'État et les acteurs locaux s'entendront pour créer en 1994 l'Établissement Public d'Aménagement d'Euro-Méditerranée (l'EPAEM) en charge de l'opération Euroméditerranée.

Figure 10 : Périmètre d'Euroméditerranée

Décrétés Opération d'Intérêt National en 1995, 310 hectares sont ainsi sortis du périmètre communal au niveau juridique ; le projet Euroméditerranée est né à la conjoncture des volontés locales et nationales. Cependant comme le reconnait Guy Faure, vice-président de l'EPAEM en 2000 : « Euroméditerranée était avant tout un grand projet politique plus qu'un programme de développement urbain » 25 .

Avantageux pour tous les acteurs publics, la création de l'EPAEM résulte, de ce que Alain Masson qualifiait « d'union sacrée » : il permet une adhésion des collectivités et une forte implication de l'État. A travers la réunion des acteurs publics, Euroméditerranée peut être qualifié de métropolitain dans la mesure où il réunit les différents acteurs publics autour d'une volonté d'agir pour un projet. Cependant le projet ne propose pas de contenu lors de son lancement en 1995. La mise en place des compétences de l'EPAEM et le partage de celles-ci avec les collectivités a fortement ralenti l'opération ; pourtant ce sont elles les vraies garantes de l'opération. Nous traiterons plus en détail de ce point en dernière partie. Cela explique les débuts difficiles de l'opération Euroméditerranée et qu'en 1997, peu d'actions aient été entreprises par l'EPAEM.

Pour résumer et ne retenir que les éléments les plus importants nous pouvons dire qu'Euroméditerranée prend place dans un secteur urbain stratégique, mais aussi dans une ville en crise. Fortement marquée par la délocalisation du port à Fos et par la décolonisation, Marseille est depuis les années 1970 dans une situation critique tant au niveau social, urbain et économique. Pensée pour répondre à l'urgence, l'opération doit permettre de régénérer la ville sur elle-même, afin que celle-ci sorte de la spirale descendante dans laquelle elle se trouve.

Nous allons désormais nous intéresser au projet plus en détail et voir quelles sont ses répercussions sur le territoire arrièro-portuaire, sur la ville de Marseille et sur l'ensemble de l'aire métropolitaine.

25 J. Dubois, M. Olive, Euroméditerranée, négociation à tous les étages, p.4.

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