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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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C. Le J4 un objet culturel qui manquait à la métropole.

L'élément phare de la Cité de la Méditerranée, et de l'ensemble du renouveau marseillais est sans doute le môle du J4. Déclassé du domaine portuaire en faveur de l'EPAEM lors des accords de 1999 et découlant directement d'un arbitrage de Matignon, le môle du J4 à permis à Marseille de se doter d'un objet culturel qui lui faisait défaut.

Très vite identifié, selon Philippe Challende chargé de mission à MPM, comme un espace pouvant accueillir un équipement culturel majeur à proximité du vieux-port, le J4 est alors destiné à être un symbole de Marseille et d'Euroméditerranée. Bien que le port soit propriétaire du terrain, le financement des aménagements a été assuré par l'EPAEM, la maîtrise d'ouvrage par le port et le directeur du jury du concours d'architecture fut le directeur de l'EPAEM. Très vite les propositions de Yves Lion ont permis de résoudre trois problèmes : le dialogue avec le port ; le fort St Jean (transfert des pierre plates) et la restauration du caractère maritime du fort ; et le lien entre J4 et Major. C'est donc lui et son équipe qui sont retenus pour assurer la conception du J4.

La question se pose alors du devenir de cet espace public. Dans le contexte de réussite qu'a connue Bilbao, l'implantation d'un objet musée monde s'introduit : « Mais le site même du J4 est le geste architectural, le geste architectural doit donc respecter le site » 39 . L'idée de base qui revient est que cet espace doit être conçu comme public et pour tous les marseillais.

39 entretien avec P.Challende, le 21 novembre 2014.

L'EPAEM, dans ce contexte, va donc reprendre une ancienne idée de l'État : délocaliser le musée national des rapatriés/immigrés en changeant toutefois le contenu du projet pour en faire le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Le MuCEM est le premier musée national d'envergure à ouvrir hors de Paris ; il est donc novateur de fait.

Bien que non pensée au début, la concentration d'équipements culturels sur cet espace s'est faite progressivement sous l'influence du MuCEM. Selon Alexandre Sorrentino le MuCEM a happé et attiré les différents équipements. Ceci montre deux choses : d'une part une volonté de tous les acteurs et collectivités territoriales d'investir culturellement ce lieu, mais aussi de reconquérir un espace hautement symbolique, anciennement portuaire et désormais urbain. L'implantation de la Villa Méditerranée, lieu culturel et d'échanges méditerranéens de la région PACA, et du musée Regards de Provence montre bien la volonté des différents acteurs publics d'être présents sur cet espace.

De plus pour la plupart des acteurs rencontrés la concentration des équipements culturels majeurs ne semble pas poser de problème, mais est plutôt perçue comme une chance pour la ville. Ceci permettant au contraire d'attirer plus facilement des touristes, tout en rayonnant sur l'ensemble de la ville. De plus la concentration des équipements dans un périmètre restreint rend sa sécurisation plus facile, ce qui à Marseille n'est pas une question négligeable. Comme dans beaucoup de villes, touristiques ou non, l'enjeu sécuritaire est désormais non pas une priorité mais un élément important à intégrer et à prendre en compte.

Néanmoins bien que la culture soit présente sous sa forme la plus honorable, elle l'est aussi sous sa forme la plus marchande ; et bien des questions commencent à se poser quant à la viabilité de certains bâtiments culturels, notamment la Villa Méditerranée. La concentration des équipements en est peut-être à l'origine, à moins que cela soit dû au concept et à la fonction du bâtiment.

Le J4 peut cependant se féliciter d'être un espace public pour tous les marseillais. Bien que pris d'assaut par les touristes, le J4 reste cependant fréquenté, selon Anna Kurta, par les habitants du Panier généralement issus de classes modestes. Toutefois la culture et le MuCEM ne sont pas le motif de leur présence, car ceux-ci viennent profiter de l'accès à la mer qu'offre le nouvel espace public et les enfants pour se baigner.

Figure 19 : La darse du J4 : le MuCEM et le Fort St-Jean

Source : architecture-urbanisme.fr

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Réussite sans conteste, le J4 a permis de donner aux marseillais un objet culturel d'envergure métropolitaine ; la tenue de la Biennale du Cirque dans cet espace montre bien l'importance de ce site dans la stratégie culturelle de la ville.

La vitrine urbaine de Marseille qui est déjà bien avancée, a permis à la ville de se doter d'équipements culturels de grande importance, mais aussi de rayonner sur un vaste territoire. Rentrant directement dans une logique et une stratégie d'attractivité, la Cité de la Méditerranée cherche à vendre une image flatteuse de la ville. En modifiant complètement le territoire sur lequel elle s'implante, la Cité de la Méditerranée a favorisé l'implantation de fonction urbaine dans un quartier qui n'en comprenait pas.

Néanmoins si l'on peut se réjouir des nouvelles pratiques qu'a entrainées cette diversification fonctionnelle, il faut s'attarder sur la faible diversité de celles-ci et l'omniprésence du caractère marchand dans les activités de loisirs proposées. Le public visé et la notion d'intérêt général peuvent alors être remis en question.

Par ailleurs il faut relever que la Cité de la Méditerranée est une formidable vitrine urbaine. Donnant sur le port cette opération est aussi un magnifique outil pour promouvoir la ville et marquer les touristes et croisiéristes ne connaissant pas Marseille. La skyline rentre dans cette stratégie touristique que prône la ville de Marseille ; néanmoins cette stratégie ne doit pas remplacer une politique de développement pour tous.

Nous allons voir dans la dernière partie comment est organisé l'EPAEM, comment s'établit la gouvernance et quels sont les liens entre acteurs publics et privés.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille