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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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B. Liens avec les autres acteurs publics et privés

Penchons-nous à présent sur les relations et les rapports entre l'EPAEM et les autres acteurs, privés ou publics, d'Euroméditerranée.

Un des acteurs influents est bien sur le GPMM. Ancien maître des lieux, le port a vu, depuis les années 1995, l'espace qui le jouxtait fortement se modifier. Établissement public d'État, le GPMM est un acteur influent car il doit organiser et gérer l'ensemble du port de Marseille.

Néanmoins avec le recul de ses activités dans les bassins Est, combinée à la crise sociale et urbaine qu'a connue l'espace arrière-portuaire, l'opération Euroméditerranée s'imposait, mais celle-ci se juxtaposait avec le périmètre du port. Dès le début des réflexions de 1992/95, le port consacre une mission pour s'intégrer au projet de rénovation urbaine. Bien que de nombreux débats houleux aient tourné autour de la frontière entre les périmètres et les emprises du port 46, une convention va organiser le statu quo en 1999. Celle-ci va aboutir à l'accord du retrait du port sur une bande de 45 mètres et au déclassement du môle du J4. « La crainte de l'époque était de perdre toutes les emprises foncières du port et d'entraver l'activité du port » confie Régine Vinson, actuelle responsable de la mission Ville-Port pour le GPMM.

Un travail en collaboration sur les études de définition, notamment celle de la Cité de la Méditerranée, a alors été réalisé. Concrètement les rapports entre l'EPAEM ou la ville et le port sont réinventés par le recul du port, le changement de destination des môles qui s'inscrit dans une logique gagnant-gagnant : le port continue ses activités alors que d'autres se développent au-dessus. Mais aussi par des occupations urbaines dans des bâtiments et espaces qui étaient à la base dévolus au port, le Silo et les Terrasses du port illustrent ce changement.

Ceci témoigne d'une volonté de coopération des différents acteurs et prouve la bonne volonté du port, car souvent ceux-ci n'ont pas les mêmes intérêts. Intérêt économique pour les acteurs portuaires contre intérêt citoyen pour les collectivités, Euroméditerranée semble montrer qu'il est possible de faire coïncider les deux.

« Bien qu'il soit facile de taper sur le port, nous voulons la même chose. (É) Une grande différence existe entre les annonces médiatiques des politiques et les relations entre les services techniques de la ville et ceux du port. Les politiques sont parfois trop dans leur rôle et tapent facilement sur le port » 47.

Aujourd'hui les débats entre le port et la ville de Marseille se portent sur le J1 et son avenir. Utilisé en 2013 comme lieu d'exposition, la ville de Marseille et l'EPAEM souhaiteraient le déclasser pour en faire un lieu symbolique d'Euroméditerranée. Sa position centrale, sur le front de mer entre le J4 et les tours d'Arenc le rend important. Mais le port ne semble pas prêt à céder encore son foncier ; celui-ci revendique la maîtrise du choix des projets réalisés sur le domaine public maritime que ce soit par l'exercice de la maîtrise d'ouvrage ou d'une délégation conventionnelle de maîtrise d'ouvrage avec la constitution éventuelle de droits réels.

46 entretien avec R.Vinson, le 28 novembre 2014.

47 entretien avec R.Vinson, le 28 novembre 2014.

Alors que certains acteurs, comme la ville de Marseille, souhaite aller encore plus loin dans le déclassement des emprises portuaires, d'autres comme l'EPAEM estiment que les relations avec le port sont bonnes et que les négociations foncières sont en bonne voie. Il ne faut pas oublier qu'il est un acteur économique très important de l'aire urbaine ; « il ne doit pas disparaitre, mais il doit s'adapter pour qu'une meilleure relation urbaine, portuaire, économique s'installe » 48.

Intéressons nous désormais aux relations qu'entretient l'EPAEM avec le monde privé. Acteurs incontournables de l'aménagement d'Euroméditerranée, les acteurs privés, promoteurs ou grands groupes mondiaux, sont les bâtisseurs du nouveau quartier.

Il a toutefois fallu les rassurer pour que ceux-ci investissent dans Euroméditerranée. Le rôle de l'EPAEM a été primordial sur ce point, car ce dernier a donné les garanties de l'investissement public. En s'engageant fortement pour des aménagements urbains, l'EPAEM a permis d'impulser les investissements privés. Car ce sont eux qui réalisent les immeubles de bureaux, les logements et les grands projets d'investissements comme les Terrasses du port ou l'Euromed Center.

Entre 2004-1995, les pouvoirs publics ont investi 244 millions d'euros ; ceci a été suivi d'environ 600 millions d'euros d'investissements pour le privé principalement pour les immeubles de bureaux de la Joliette. Les principaux investisseurs privés sont Axa Reim, Difa, Oppenheim, Vassale, BNP Paribas, Starwood, ING, la Caisse d'épargne et le Crédit Agricole 49 . Salué par la presse spécialisé, ce montant d'investissement public ne prend néanmoins pas en considération les projets entrepris par les collectivités. Le prolongement du tramway 2, traversant Euroméditerranée, le futur hôpital Paré-Desbief dans le périmètre et d'autres investissements publics comme les équipements de proximité ne sont pas comptabilisés dans les 244 millions d'euros. Il convient donc de relativiser le ratio avancé par l'EPAEM d'un euro public investi entrainant 3 euros d'investissements privés. Cependant l'investissement privé est très important sur ce périmètre réduit. La classification en OIN a joué un rôle important pour rassurer les investisseurs privés.

Par ailleurs il faut relever qu'aucune ZAC d'Euroméditerranée ne s'équilibre financièrement en raison des montants de travaux d'infrastructures publiques à construire. L'intervention publique de l'EPAEM s'est donc attachée à équilibrer les différentes opérations avec des subventions publiques. Cela a été réalisé afin de pouvoir vendre des droits à bâtir à un coût raisonnable ; sans cela aucun privé n'aurait investi dans le projet.

L'investissement privé dans le projet montre un intérêt, ou un regain d'intérêt, pour la cité phocéenne et lui confère une place de métropole où il faut investir. Là encore le changement d'image est important, et celui-ci a été permis par l'EPAEM et par la fiabilité que la structure présente.

48 entretien avec A.Sorrentino, le 27 novembre 2014.

49 B. Bertoncello, J.Dubois, Marseille Euroméditerranée accélérateur de Métropole, p.182.

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Nous l'avons vu Euroméditerranée est un énorme projet de redynamisation économique et urbain d'un territoire arriéro-portuaire en forte crise. Impulsé par l'État dans les années 1995, les premières retombées sont aujourd'hui visibles et une vie commence à s'installer dans ce nouveau quartier.

En réaménagement différents espaces, autrefois sous l'emprise du port, le projet urbain a réinventé les relations ville-port et les usages du territoire. Le récent prix d'urbanisme, décerné par l'École d'Urbanisme de Londres pour les aménagements réalisés sur le front de mer, montre qu'aujourd'hui le projet est reconnu et approuvé par une majorité d'acteurs de l'urbanisme.

S'appuyant sur un marketing urbain soigneusement étudié, Euroméditerranée met en valeur le littoral et s'inscrit dans une stratégie de reconquête du front de mer au Nord. Cette stratégie s'appuie tout principalement sur l'attractivité et le rayonnement du nouveau quartier. Composé d'objet architecturaux remarquables, Euroméditerranée réinvente la maritimité en vendant une image très flatteuse de Marseille, mais qui correspond plus au modèle de la ville nord-européenne qu'à la ville méditerranéenne. Le projet s'inscrit par ailleurs pleinement dans les opérations de waterfront que connait l'Europe méditerranéenne ces dernières années.

Se vendant comme un accélérateur de métropole, le projet urbain est aujourd'hui au coeur du système métropolitain de l'aire urbaine de Marseille. Situé sur une seule commune, Euroméditerranée est néanmoins un projet d'envergure métropolitaine. En réunissant les différentes collectivités autour de la table, en répondant à des problèmes de transport au coeur de métropole et en installant un quartier d'affaires permettant de diriger l'ensemble d'un territoire métropolitain, le projet montre qu'il peut être qualifié de métropolitain. La deuxième ville de France avait besoin d'un projet de cette envergure pour changer et sortir de son statut de ville portuaire. Pourtant de nombreuses questions, comme la place des habitants, où la mixité sociale et fonctionnelle n'est pas encore résolue.

Bien que non parfait, Euroméditerranée a cependant une belle réussite à afficher : la réunion des acteurs publics. En effet dans une ville qui était dans les années 1980/90 en proie à une profonde crise sociale, économique et urbaine et tétanisée par un immobilisme des politiques locales, le projet les a réunis et a permis de montrer que Marseille était une ville dynamique. Avec un territoire marqué par la présence de l'État et par une OIN, l'EPAEM a réussi à mettre autour de la table les différentes collectivités pour que celles-ci se saisissent du projet, instaurant ainsi un nouveau modèle à Marseille, un modèle basé sur le partenariat et qui pourrait servir pour la gouvernance de la future institution métropolitaine.

Néanmoins si le projet permet une modification structurelle du territoire, il convient de ne pas le glorifier au vu des nombreuses problématiques qu'il soulèvent et auxquelles il n'a pas répondu. La comparaison avec les autres villes étudiées nous montre cependant que ce genre de projet peut faire émerger une métropole, comme ce fut le cas pour Bilbao, ou faire plonger un territoire, comme pour Valence.

Les prochaines années nous diront si Euroméditerranée est réellement de dimension métropolitaine, et si celui-ci a encouragé la métropole. La réussite d'Euroméditerranée se jugera aussi sur l'élargissement du périmètre et de la prise en compte des habitants. Si le quartier devient vivant et pratiqué par les habitants du territoire métropolitain, celui-ci aura alors réussi son pari, tout comme si le dynamisme issu du projet dépasse les limites du périmètre.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius