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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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B. « Waterfront attitude »

Comme nous avons pu le voir les espaces arrières portuaires présentent de belles opportunités pour développer de nouveaux quartiers. Cependant cet urbanisme de reconquête des fronts de mer et des friches industriallo-portuaires n'est pas récent.

Selon Chaline et Marshall, plusieurs générations de waterfronts peuvent être distinguées (voir graphique complémentaire n°2 placé en annexe). Les premières interventions ont dans un premier temps concerné les villes du Nord-Est des États Unis comme Baltimore ou Boston. Visant principalement la reconquête d'une centralité perdue, ces opérations se sont intéressées à la reconversion physique et fonctionnelle des emprises des ports anciens afin de lutter contre la désertification et la dégradation des centres villes. Afin de remplir les objectifs fixés, ces opérations ont été dotées de fonctions urbaines exceptionnelles, notamment des market places qui feront leur apparition au cours des années 1970.

La deuxième génération de waterfront s'apparente à une reconversion de la base économique locale et à une requalification physique concernant un vaste territoire. L'opération des Docklands de Londres initiée dans les années 1980 est représentative de cette deuxième génération.

Aujourd'hui, avec un état d'avancement différent, ce sont les villes du Sud-Ouest de l'Europe et de l'Afrique du Nord qui sont concernées par des opérations de reconversion urbaine sur leur front de mer. Selon une étude de l'IRSIT concernant les villes portuaires en Europe la quasi totalité des villes du Sud-Ouest de l'Europe déclarent être engagées dans une « opération de redéveloppement urbano-portuaire ». Se caractérisant par une taille contenue, ses opérations recherchent une nouvelle articulation entre l'espace portuaire et la ville.

Nous allons donc voir dans quelle mesure Barcelone, Bilbao, Gênes, et Valence font émerger une nouvelle génération de waterfront, et quelles sont les caractéristiques de cette génération.

A. Des programmations et des styles architecturaux similaires

Caractérisée par une forte compression de la ville sur le rivage et par un espace portuaire relativement peu étendu ayant du se réinventer sur lui-même, la dernière génération de waterfront prend place dans des villes où l'interface ville-port n'était plus fonctionnelle.

Dans un premier temps il faut noter que ces opérations urbaines, concernent des périmètres relativement peu étendus, en comparaison aux villes américaines ou par rapport à Londres, qui représentait près de deux milles hectares.

Ensuite contrairement aux villes Nord américaines il apparait que les villes portuaires du Sud de l'Europe pensent la redynamisation des emprises portuaires non pas comme l'agrégation de différents projets, mais plus par la planification d'un projet d'ensemble dans une volonté de repenser l'articulation entre la ville et l'espace portuaire. Dans ce cadre là « le Waterfront est alors promis à fonctionner comme une vitrine où seront mises en scène les « potentialités », « les singularités », les « modernités » de ces villes portuaires

9 R. Rodrigues-Malta, Une vitrine métropolitaine sur les quais, p.3.

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aspirant au titre de vraies métropoles européennes » 9 . La réinvention des relations ville-port prend alors la forme d'une densification de l'interface entre ces deux ensembles et se traduit par une volonté de faire la ville avec le port.

L'exemple de Barcelone est significatif de ce changement de manière de faire des waterfront. Le projet retenu va implanter un panel diversifié d'activités et de fonctions urbaines sur un territoire qui n'en comptait pas. Des activités tertiaires sont bien sûr présentes dans le projet, mais celui-ci compte aussi de nombreux équipements culturels et de loisirs. Qualifié de « pôle culturel », le projet a permis une prise en considération du port par la ville et une réelle implication de l'autorité portuaire dans le projet. Celle-ci a porté et a fait le projet avec la ville, l'interface a donc pu être retravaillée pour mieux mailler le port et la ville.

L'opération d'urbanisme qu'ont connue Gênes et son port s'inscrit aussi dans la même lignée. Marqué par d'importantes coupures urbaines notamment par la sopraelevata, viaduc routier qui coupait la ville du port, le projet s'est attaché à réinventer les relations ville-port.

Le départ d'une partie des activités portuaires, dans les années 1980, a permis de libérer une zone centrale, au coeur du centre historique, et un accès à la mer qui, auparavant, n'était ouvert qu'aux travailleurs du port. Cette libération de l'espace a permis de remettre en avant les liens pouvant exister entre la ville et le port et a fortement poussé à la mise en place d'un projet ambitieux sur cette interface.

Figure 4 : Les espaces d'aménagement portuaire et le projet de tunnel autoroutier de Gênes

Source : IAU IDF

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Le projet urbain de Gênes, dénommé Porto antico, a donc dans le même temps réaménagé les espaces portuaires permettant une rationalisation de cet espace, implanté des activités urbaines, principalement culturelles sur d'anciennes emprises portuaires et mis en valeur le patrimoine historique de la ville.

« Il apparaissait que de plus en plus de villes accompagnent leur processus de reconversion « d'opérations phares », destinées aux loisirs et à la culture, aux activités maritimes et au tourisme, aux commerces, aux activités directionnelles, etc » 1 0.

S'appuyant sur un équipement culturel emblématique, tel que le Musée de la mer, le projet met la culture et les loisirs en avant. Il est aussi à l'origine d'un quartier d'affaires : San Begnino. Le projet urbain, en valorisant la mer, met en relation la ville et son port afin que ceux-ci ne se tournent plus le dos. L'étude de l'IAU sur les grands projets urbains en Europe nous montre que « cette opération fonde ses racines dans une réflexion de longue haleine qui concerne la relation ville-port et la délicate question des infrastructures de transport ».

Si nous nous intéressons à Bilbao, ville Atlantique, nous pouvons voir que celle-ci utilise la même recette que les projets de Barcelone et de Gênes. Ville majeure de l'Espagne industrielle, Bilbao est dans les années 1970 confrontée à une importante crise économique qui va se traduire par une forte augmentation du taux de chômage (+20%). Ayant un impact social et urbain considérable, cette crise va notamment se traduire par une décadence du système industriel, de hauts indices de chômage, une dégradation de l'environnement et du tissu urbain, des processus d'émigration et d'enlisement des populations les plus précaires.

La ville va alors miser sur une stratégie de renouveau économique s'appuyant sur une refonte interne à la métropole du système de transport, sur une réaffectation d'usage de certaines emprises portuaires et sur l'implantation d'un important équipement culturel : le Musée Guggenheim. Ceci « s'accompagne d'investissements dans les ressources humaines, la régénération environnementale et urbaine et la centralité culturelle, dans le but de transformer l'obsolète en opportunité » 1 1.

Les nouvelles relations ville-port se perçoivent à travers le changement d'usage de certains espaces : les zones portuaires deviennent des parcs publics ou des quartiers résidentiels, les quais deviennent promenades et les terrains industriels de nouvelles centralités pour la ville et la métropole. La ville à travers son projet urbain reprend alors son destin en main et ne laisse plus le port et les friches industrielles nuire à son économie et son système urbain.

Car l'exemple de Bilbao est aussi intéressant à étudier pour ce qui concerne le changement de destination de sa base économique. D'une industrie en crise le territoire est devenu, grâce à un équipement culturel rayonnant, un « exemple ». Bilbao a été l'un des projets urbains les plus en vue ces dernières années notamment grâce au musée Guggenheim. L'effet Bilbao a d'ailleurs été étudié par de nombreux chercheurs et plusieurs villes tentent de reproduire ce modèle en implantant un équipement culturel dans

10 IRSIT, Les villes portuaires en Europe Analyse comparative, p.95.

11

A. Masboungi, Bilbao, la culture comme projet de ville, p.45.

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des territoires ayant eu pour activité principale l'industrie. L'exemple de Metz et de la récente ouverture d'une antenne du Louvre illustre bien ceci. Ce changement de base économique et les volontés de la ville ont permis une mixité urbaine et fonctionnelle sur certains espaces, mais s'est aussi accompagné d'un phénomène de gentrification.

Les projets urbains ont par ailleurs, et c'est le cas pour Bilbao, entrainé ou favorisé dans leurs sillages des projets métropolitains. Ils sont la base d'un renouvellement urbain à grande échelle s'intéressant à d'autres espaces que les espaces arrière-portuaires. Une réelle stratégie métropolitaine est mise en oeuvre dans certains cas.

Un constat est donc à faire si l'on s'intéresse à la programmation des projets urbains de waterfront des villes Méditerranéenne de l'Europe de l'Ouest : en vantant la mixité fonctionnelle, les projets urbains modifient considérablement la base économique du territoire sur lequel ils s'implantent. En s'appuyant sur les activités tertiaires et innovantes, ces projets comportent aussi de grands équipements culturels, servant de locomotive aux opérations.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand