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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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B. Starchitecture, rayonnement de la ville et attrait de touristes

Les stratégies mises en oeuvre dans les villes méditerranéennes que nous étudions poursuivent deux objectifs principaux : le rayonnement et l'attractivité du territoire. L'accueil de grands événements est une manière de rayonner et de mettre en lumière les différents projets urbains. Cependant il existe d'autres moyens de mettre en oeuvre ce genre de stratégie.

Bilbao a par exemple opté pour la starchitecture. Faisant appel à Franck Gehry pour concevoir l'équipement culturel présent au sein de son projet urbain, Ria 2000 a ainsi réussi à attirer l'attention sur la ville du pays Basque. Dans une volonté de se faire connaitre à l'international, il a très vite été décidé de rompre avec la culture locale, l'appel à un architecte étranger s'est donc vite imposé.

L'ouverture du Guggenheim dans cette ancienne cité industrielle peut être considérée comme un événement en soi, car les touristes sont autant attirés par les collections du musée que par le musée en lui même. Véritable emblème de la ville, le musée Guggenheim a eu un impact énorme sur la ville, en attirant près de 1,3 millions de visiteurs la première année ; la « cité noire » est devenue en 1998 la destination à la mode.

Avec le Guggenheim, l'aura de la ville est devenue planétaire répondant ainsi à la stratégie de rayonnement que s'est fixée la ville.

Figure 6 : Le Musée Guggenheim à Bilbao de Frank Gehry

Source : Site ofÞciel du Musée Guggenheim Bilbao

Pour Bilbao, le bénéfice a été spectaculaire. Cet investissement a transformé l'économie et ouvert une nouvelle époque pour Bilbao, affirme Andoni Aldekoa, le directeur général de la mairie 14 . Néanmoins « ce musée témoigne aussi de l'énorme pouvoir d'un objet architectural, qui peut changer la société et les mentalités », observe l'architecte Juan Coll-Barreu. Il a par ailleurs fortement marqué le monde de l'urbanisme et de l'architecture. Le bâtiment met immédiatement le monde de l'architecture en effervescence, comme l'avait fait avant lui le Centre Pompidou, à Paris. De même que le Centre Pompidou, le Guggenheim de Bilbao a cassé les codes de l'architecture. Non seulement par ses formes organiques, complètement inattendues pour un bâtiment de cette ampleur, mais par la nouveauté des outils de conception et par l'influence qu'il a eue.

L'effet Bilbao s'est aussi fait ressentir dans le monde de l'urbanisme et sur les projets urbains. En apparaissant comme un modèle à suivre, le projet urbain de Bilbao a imposé la mise en avant de la culture au coeur des projets urbains, mais il a aussi consacré le recours à des architectes de renommée internationale. En effet, en 2004, 26 villes portuaires du pourtour méditerranéen déclaraient avoir eu recours à des architectes de renommée internationale pour leurs projets urbains. Bien que pouvant être justifié par la qualité des projets architecturaux, l'appel à des architectes de renommée internationale est aussi une manière de faire du marketing territorial.

« En ce début de XXI° siècle, les décideurs locaux identifient l'association entre « marque de musée » et marque d'architecte » comme une stratégie urbaine leur permettant à la fois de se développer économiquement et d'émerger sur la carte du monde : une stratégie par conséquent intrinsèquement liée à des enjeux d'image de marque, d'identité de marketing territorial ainsi qu'à un développement touristique » 1 5.

Cependant il faut remarquer que l'image que véhiculent ces bâtiments iconiques n'est pas celle de la ville vécue, mais est une image de réalité photographiée et largement véhiculée par les médias. Elle encourage la dissociation entre la réalité perçue par les habitants et l'image que reçoivent les touristes.

Néanmoins beaucoup de villes ont opté pour la starchitecture ou font appel à de grands architectes. Permettant entre autre de communiquer et d'attirer l'attention sur les mutations de son espace portuaire, Gênes a elle aussi eu recours à un grand nom de l'architecture, Renzo Piano. Bien que le schéma ne soit pas le même car Renzo Piano est d'origine Génoise, la volonté est la même : faire parler de la ville et attirer des touristes ou des investisseurs. La stratégie mise en place et l'appel à un architecte de ce rang permettent à la ville de communiquer et de faire parler d'elle sur la scène internationale. Outil incontournable du marketing territorial, les architectures iconiques s'inscrivent pleinement dans une stratégie touristique urbaine.

Cependant si l'on s'intéresse aux effets que peut avoir une stratégie uniquement tournée sur le tourisme, ceux-ci sont variés et peuvent avoir des répercussions négatives.

14 R. Rérolle, La déflagration Guggenheim, Le Monde 28 aout 2013.

15 M. Gravari-Barbas, Aménager la ville par la culture et le tourisme, p.54.

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Bien entendu l'attractivité et l'attrait de touristes encouragent l'économie d'une ville, créent des emplois dans divers domaines (principalement des services, comme la restauration et l'hôtellerie), et peuvent relancer une ville en crise. Néanmoins quelques points négatifs peuvent être ajoutés au tableau pour nuancer les bienfaits des stratégies touristiques mises en place par les villes méditerranéennes de l'Europe occidentale.

Bien que les stratégies urbaines mises en place par les villes soient faites pour les citoyens, et pour que ceux-ci profitent des emplois induits par l'arrivée de touristes, de plus en plus de villes négligent les investissements d'infrastructures tels que les hôpitaux, les écoles, les centres de recherches ou encore les incubateurs d'entreprises. Moins vendeurs que les grands équipements iconiques, ceux-ci sont pourtant nécessaires pour le bon développement d'une ville. Valence s'est inscrite dans ce schéma.

En investissant massivement dans la Cité des arts et des sciences, prolongement de l'opération « Balcon sur la mer » et en misant sur les grands événements tels que la coupe de l'America, ou l'accueil d'un circuit de F1, la ville a orienté sa stratégie de développement dans le tourisme. Or quinze ans après le lancement de la stratégie de Valence, bien que la ville soit plus attractive qu'en 1998, il faut observer que le territoire est aujourd'hui en grave crise financière. La communauté valencienne est aujourd'hui la région espagnole la plus endettée, avec une dette s'élevant à 32,9% de son PIB en 2014. Selon l'Institut Valencien de Recherche Économique, les grands évènements représentent 20% de la dette, ce qui amène à se poser des questions sur la viabilité d'une stratégiee basée uniquement sur l'accueil de grands événements. Cet institut nous montre par ailleurs que le revenu moyen des valenciens est aujourd'hui de 12% en dessous de la moyenne nationale, alors qu'il se situait dans la moyenne il y a 15 ans. Les retombées économiques des grands événements ne sont donc pas pour la population, mais pour quelques uns, qui ne font malheureusement pas toujours tourner l'économie d'un territoire.

Ceci peut s'expliquer par le fait que les objectifs escomptés en matière de richesses créées pour la ville n'aient jamais été atteints. Bien que le nombre de touristes ait considérablement augmenté ces dernières années à Valence, les recettes attendues par les dépenses de ceux-ci n'ont jamais été à la hauteur des attentes.

De plus, contrairement aux prévisions, le tourisme et ses retombées ne bénéficiaient pas à l'ensemble du territoire. Concentrés dans certains lieux, les touristes ne permettent pas de développer un territoire dans sa totalité. Par ailleurs les investissements consentis par les pouvoirs publics sont de plus en plus remis en question par les habitants :

« S'ils se réjouissent globalement que les efforts de la municipalité aient permis de rendre Valence plus attractive, ils regrettent une situation de ségrégation entre la ville des touristes et la leur. Ils voient que leurs impôts ont servi à financer des infrastructures qu'ils ne peuvent pas utiliser (pour des raisons de coûts d'accès et/ou de barrières plus symboliques comme l'utilisation de l'anglais ou le choix de sports comme les régates ou de F1 qui ne sont pas précisément les plus populaires) alors que les politiques d'austérité ont réduit les dépenses publiques partout ailleurs » 1 6.

Les discours se structurent donc aujourd'hui autour d'une opposition entre les touristes et les habitants, et ceux-ci se sentent lésés par rapport aux premiers.

16 F. Pecot, Ce que nous apprend l'exemple de Valence sur le développement de Marseille, Slate 12 décembre 2014.

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Un fort sentiment anti-touristes peut alors émaner chez les habitants comme à Barcelone ou dans d'autres villes touristiques. Le cas barcelonais peut amener à se poser des questions notamment lorsque l'on s'intéresse au parc Guell : celui-ci en raison d'une afßuence trop importante et de problèmes d'entretien en découlant, est devenu payant, pour tous, à partir d'octobre 2013. N'est-il pas étrange, et inconcevable, pour un citoyen de payer pour se rendre dans un espace public, qui plus est fait partie du patrimoine de sa ville.

Aujourd'hui les limites du tout-tourisme commencent à se percevoir, notamment pour le bien commun. Le tourisme est certes bénéfique à un territoire, mais lorsque l'afßux massif de touristes nuit aux populations locales, des questions sont à poser et les stratégies à revoir.

Les limites du marketing territorial sont perceptibles aussi : celui-ci a trop longtemps dicté la politique d'un territoire aux dépens des politiques de développement. Il faut rappeler que le marketing territorial est bien sur nécessaire pour valoriser un territoire, mais ne constitue jamais une fin en soi, ce n'est qu'un outil qui doit être utilisé en fonction de la vision et de la stratégie mise en place.

Aujourd'hui les différents projets urbains que nous étudions répondent à une politique de rayonnement et d'attractivité ; néanmoins les outils et politiques mis en place ne doivent pas se substituer à une politique de développement qui serait profitable aux territoires.

D. Des modes de faire spécifiques et un urbanisme de projet

Après avoir vu les ressemblances des différents projets urbains des villes étudiées, les stratégies auxquelles ils doivent répondre, intéressons nous aux modes de gouvernance mis en place, et voyons comment ceux-ci ont consacré l'urbanisme de projet.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault