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Accès à  la terre et conflit au tchad: cas du <> (XXe au XXIe siècle).


par Dieudonné Kingué Kampété
Université de Maroua - Master II en Histoire Politique et des Relations Internationales  2016
  

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3- Les textes en vigueur

Au plan de la théorie étatique, la terre, mieux le territoire, est un des trois éléments constitutifs de l'État. Sans territoire, l'on ne peut parler d'État. En plus de la population, il faut un support géographique ou physique sur lequel le pouvoir doit s'exercer. Par ailleurs, les richesses et les investissements proviennent et portent essentiellement sur la terre. D'où l'importance accordée au territoire. La terre apparaît donc comme un support du pouvoir politique et économique. L'avoir (pouvoir économique) est le support allié du pouvoir politique. Sans ce support qu'est la terre, sans cette assiette, aucun de ces deux pouvoirs ou aucun des pouvoirs ne peut se tenir «debout ». Les différentes conceptions de la terre, son statut et sa nature juridique ont fait que dans certains systèmes juridiques, la terre n'est pas susceptible d'appropriation. En traduction de l'expression selon laquelle la terre est un bien héritée des ancêtres, elle appartient à l'État.

L'une des constantes en droit moderne est que la propriété foncière est essentiellement individuelle. Elle s'acquière par la procédure de l'immatriculation. Deux régimes fonciers continuent de nos jours à coexister en pays massa : le régime coutumier et le régime moderne. Leurs actions qui revêtent deux formes sont soient directes, soient indirectes. Le but poursuivi était d'organiser « une meilleure répartition et une plus judicieuse utilisation de la terre » (Kabo, 1990:2018). L'enjeu

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de ces politiques est d'arriver par le contrôle de l'accès à la terre à mettre à la disposition de ceux qui peuvent effectivement la mettre en valeur et à leur accorder toutes les garanties qu'il faut sur cette terre pour les inciter à s'y installer et à y investir.

III- AMENUISEMENT DES RESSOURCES FONCIÈRES ET COMPÉTITION POUR L'ACCÈS À LA TERRE

La question foncière apparait plus complexe dans un monde où le nombre de la population ne fait que grandir. En pays massa, plusieurs facteurs expliquent la recrudescence des litiges fonciers. Ces facteurs sont d'ordres historique, politique, climatique et social.

1- Les causes historiques issues de la colonisation

Historiquement, avant la colonisation, les Massa vivaient dans les plaines inondables qui, dès les premières pluies se transformaient en marécage, avec une principale activité la pêche et quelquefois la chasse.

Cela dit, les litiges fonciers en pays massa n'éludent pas la colonisation qui, dès son implantation eut un impact considérable sur la société massa. D'entrée de jeu, il convient de rappeler que les Massa bien qu'agriculteurs, n'aimaient pas labourer, parce que selon eux, « Dieu » a tout mis à leur disposition33. Vers 1914-1918 il y'avait la présence des Blancs sur le territoire massa. Dès son arrivée, l'administration coloniale chercha des auxiliaires qui devaient transmettre facilement les ordres émanant de la haute hiérarchie. Ces auxiliaires furent trouvés auprès des chefs traditionnels dont l'audience auprès de leurs administrés était un atout à exploiter au profit du colonisateur (Armi, 2005:43). Cette démarche conduisit à bien de dérapages dans la mesure où l'on assista à l'émergence de nouvelles « chefferies traditionnelles » dont l'existence et les attributions n'avaient rien en commun avec les chefferies traditionnelles authentiques. Elle fut nécessaire à la perception de l'impôt et à la création des cultures utiles à l'économie française. Pour quadriller la population

33Entretien avec Fanga Augustin le vendredi 23 juin 2017 à biliam-oursi I.

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massa, l'administration coloniale instaura une chefferie de type fulbé et conformément à sa logique territoriale propre, divisa le pays en cantons, villages et quartiers.

C'est ainsi que l'on assiste à la naissance ou à l'intronisation du premier Chef, auxiliaire des colons, dans le canton Koumi, puis dans les autres localités. L'institution d'une chefferie a créé un type d'accaparement des richesses tout à fait étranges à la prospérité qu'un Massa traditionnel pouvait espérer (Dumas-Champion, 1984:33). Les chefs ont usé de leur pouvoir pour s'enrichir notamment en occupant des grands espaces après l'indépendance. Comme conséquence à cette situation, des actes d'insubordination et de contestation de la part des populations éclatent parce qu'ils jugeaient égoïste l'attitude des chefs auxiliaires qui considéraient la terre comme la leur. Dans la foulée, le rapport de l'homme à la terre connait un changement radical.

Ajouté à cela, le départ de la société française (SEMAB) après les indépendances, eut des conséquences considérables sur la configuration spatiale. La presque totalité des terres appartenant à ladite société se trouve dorénavant entre les mains des populations. Elles ont fait l'objet de partage non équitable suscitant la réaction des populations qui, entre-temps ont pris goût pour la culture de la nouvelle filière (riz et coton).

Après deux, trois générations, le pays massa connait une pression démographique et les espaces se rétrécirent. Les fils ne connaissant pas l'emplacement exact de leur champ procèdent par la revendication des champs d'autres familles34. Ainsi, apparait les premiers conflits latents entre familles dans le canton koumi avec comme base le partage des parcelles de terre.

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