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Accès à  la terre et conflit au tchad: cas du <> (XXe au XXIe siècle).


par Dieudonné Kingué Kampété
Université de Maroua - Master II en Histoire Politique et des Relations Internationales  2016
  

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V.2- Cadre théorique

Le 21 siècle est marqué par les débats autour de l'environnement, mettant l'accent sur les dynamiques conflictuelles liées à la terre. Axé sur le monde rural, la question foncière est en passe de cesser d'être uniquement la préoccupation d'une catégorie de spécialistes pour devenir la préoccupation de tous les chercheurs. C'est ainsi que nous assistons à l'émergence de plusieurs théories qui essayent chacune, de donner des explications aux nombreux conflits qui jalonnent le monde. La théorie réaliste, stipule que le conflit est un défi dans la nature de l'Homme, qui est égoïste et

9 https://dictionnaire.com, consulté le 20/06/2017.

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qui, selon elle fait que la société fonctionne de manière antagoniste, du fait que chaque participant et ces groupes d'individus luttent pour maximiser leurs avantages. Ceci pour dire que l'homme a un besoin naturel de poursuivre son intérêt qui est le Pouvoir. Celui-ci est la compétence ou la capacité de faire quelque chose ou encore de contrôler et influencer ce que les autres font.

Pour certains auteurs, les conflits multiformes observés dans le monde, sont les conséquences de la raréfaction des ressources naturelles qui ne répondent pas aux besoins des populations. Pour d'autres, ce n'est pas tant le problème de la disponibilité des ressources qui se pose mais plutôt celui de leur répartition équitable entre population. Il est question dans les deux thèses sus-évoquées du problème de la disponibilité des ressources d'une part et celui de leur gestion d'autre part.

C'est ainsi que Homer Dixon pense que les guerres futures et les violences civiles proviendront de la diminution des ressources. Pour lui, autant le changement climatique contribue à la réduction des ressources, autant il contribue à causer les guerres dans le monde (Dixon, 1999).

Des exemples tels que le conflit sierra léonais, où les ressources sont accaparées par la classe dirigeante au détriment du bas peuple fut à l'origine d'une lutte armée. Appartenir à la même aire n'est pas synonyme de cohésion ni d'absence de conflits entre les partenaires en présence (Domo, 2014:15). Au contraire, c'est à ce niveau que les rivalités se font parfois plus denses, plus acerbes, empêchant du coup une meilleure compréhension entre les individus qui ne demande qu'à conjuguer tous les efforts en vue de taire les rivalités factices qui continuent à meubler les journées et les soirées de certains, surtout dans les commérages dévastateurs (ibid). Toutefois, le cas le plus patent est la guerre du Darfour qui est selon Tubian(2006), un conflit lié à la terre. L'enjeu foncier n'a jusqu'à présent pas été suffisamment pris en compte dans l'analyse de la crise du Darfour. Il éclaire pourtant bien des aspects du conflit. Les janjawid recrutent ainsi principalement au sein de groupes d'Arabes nomades privés de droits fonciers « traditionnels », qui espèrent en tirer profit pour s'assurer la possession de terres dont ils ressentent de plus en plus le besoin.

Pour Kaplan Robert(1994), tous les conflits qu'on observe en Afrique résultent de la compétition d'accès aux ressources naturelles. Dès lors, la concurrence pour

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l'accès aux ressources oriente les relations internationales. Cette situation conflictuelle due à l'accès aux ressources naturelles dans un contexte global peut être observée au Tchad. Comme dans beaucoup de sociétés, le pays massa est confronté à ces difficultés foncières. Car le foncier engendre des conflits entre les différents groupes. La compétition pour l'accès au sol est déterminante, créant chaque année des conflits entre les différents usagers. La croissance démographique animale et humaine sur le territoire massa à des conséquences sur l'espace. Les hommes sont dans un contexte de compétition où tous les moyens d'acquisition de l'espace sont bons. Ainsi des conflits éclatent quasiment chaque année et l'on enregistre des conséquences plus ou moins dramatiques.

C'est dans ce sens que Frédéric Lassere, lors de ses enquêtes en Afrique, a recensé des dizaines de conflits liés à la gestion des ressources (l'eau, terres), (Bouquet, 2014). Pour le cas du pays Massa, c'est d'ailleurs l'exemple pertinent qui s'observe à la lumière de la pression démographique dans cette région située au sud-ouest du Tchad. L'accroissement de la population crée donc une demande considérable en termes de ressources. Or il se trouve que les terres, choses sacrées de la nature, semblent posées un sérieux problème quant à leur gestion. Les estimations livrées par les historiens font état d'une population mondiale estimée entre 600 et 700 millions d'individus en 1750. Un siècle plus tard la planète comptait 1,2 milliards d'individus. En 1950, la population mondiale était estimée à 2,5 milliards d'habitants. Fin 2011, le cap des 7 milliards a été dépassé et la plupart des projections prévoient une population de l'ordre de 9 milliards d'habitants en 2050 (Cambrézy, Sangli, 2011:75-93). Cette situation est elle-même la conséquence de la rupture de l'équilibre entre population et ressources disponibles. Il s'agit là de la position des tenants de la thèse malthusienne de la proportionnalité entre dynamique démographique et ressources disponibles.

En termes globaux, l'accroissement de la population mondiale a eu pour fin une augmentation considérable des superficies anthropisées. Que les terres soient affectées à l'habitat ou à l'agriculture, ce processus d'expansion territoriale s'est essentiellement fait par la « mise en valeur » d'espaces auparavant inoccupés. Selon le rapport de l'OXFAM (2011), « la part de la superficie mondiale consacrée à l'agriculture a

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augmenté régulièrement depuis les années 1960, avant de culminer à 38 % au début du 21ème siècle »10. Au total, la croissance rapide de la population au cours du siècle passé a eu pour effet une augmentation générale des espaces ruraux. Cette consommation continue d'espace est au coeur de très nombreux débats contemporains. Elle relance le spectre du surpeuplement et de l'épuisement des ressources.

Longtemps l'abondance des terres dans le pays Massa a donné l'impression aux populations quelles sont des ressources sacrées et donc l'appropriation ou l'utilisation fut l'héritage, avec la bénédiction du boum nagada11. Si la réalité de la pression démographique observée durant les dernières décennies cause une difficile répartition en termes de ressources, dès lors la concurrence pour l'accès aux ressources oriente les relations internationales (Sambo, 2012:9). Le problème qui se pose ici, est la mauvaise distribution des terres mais surtout la pauvreté, l'égoïsme et le besoin inassouvi des uns considérés comme caractéristiques conflictogènes. Au vu d'un tel contraste, la question de la disponibilité foncière au regard de la démographie actuelle est d'autant plus cruciale que, dans la perception collective comme dans la parole de nombreux experts, l'avenir de la planète et en particulier celui des pays du sud se jouerait en grande partie dans la relation établie entre développement et régulation de la croissance de la population (Houdeingar, 2008 :10).

La mesure d'une éventuelle pression sur le sol dépend en effet de ce qu'un agriculteur est en capacité de cultiver eu égard au contexte écologique, aux conditions techniques qui sont les siennes et à la durabilité du système de production. Dans des économies encore tournées vers l'agriculture, comme c'est le cas en zone Massa, la relation entre pression démographique et disponibilité des terres conduit à de nécessaires adaptations. En effet, au niveau collectif de l'ethnie, du lignage, du village, comme de la famille, l'accroissement de la population aboutit à une réduction des superficies cultivables. Dans cette configuration, et si rien ne change, la réduction des superficies moyennes des exploitations a priori devient inévitable. Génération après

10OXFAM, Terres et pouvoirs. Le scandale grandissant qui entoure la nouvelle vague d'investissements fonciers, 2011, 42 p. http://www.oxfamfrance.org/IMG/pdf/Oxfam_Terres_et_Pouvoirs_22092011.pdf - consulté le 20/06/2017.

11Boum nagada, nom du dieu de la terre ou maître de la terre.

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génération, se pose alors de manière toujours plus aigüe la question de la transmission de l'exploitation aux descendants.

Les théories néo-institutionnelles pensent que les conflits fonciers comme c'est le cas ici, sont vus comme les mécanismes de médiation à travers lesquels s'exprime une « demande sociale » de changement institutionnel (Oumar Goumaïna, 2015:1011). Dans cette approche, le changement économique c'est-à-dire l'augmentation progressive de la rareté et de la valeur des terres, conduit à des conflits causés par la propriété foncière. Ces conflits sont alors considérés comme le reflet de « l'inadaptation des systèmes préexistants d'identification et d'administration des droits sur la terre » (Chamini et al., 2000 :82).

Plus récemment, une nouvelle formulation en a été faite, d'inspiration institutionnaliste, pour mieux rendre compte des réalités empiriques, en s'appuyant sur les théories récentes « l'innovation institutionnelle induite »12 Dans cette optique, la compétition croissante entraîne des revendications contradictoires sur un même espace et des incertitudes sur les droits fonciers (qui sont en phase de transition : ils ne sont ni l'application des principes coutumiers, ni l'expression du droit moderne) (Adholla cité par Delville, 1998 : 153).

Cette situation aboutit à une multiplication des conflits et une surexploitation des ressources, ce qui provoque une demande d'innovation institutionnelle. Les producteurs demandent (explicitement ou non) à l'État d'intervenir, et de mettre en place un régime de propriété privée, par des procédures d'enregistrement ou de délivrance de titre. Une telle intervention permet de rétablir la paix sociale, en clarifiant des exploitants dynamiques. Elle permet également l'accès au crédit, le tout encourageant l'investissement dans la terre et les gains de productivité.

Selon le Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, l'insécurité foncière et l'accès aux ressources naturelles, en particulier l'eau, dans les terres de culture et de pâturage, sont des facteurs pouvant entraver les dynamiques de transformation de

12file:///C:/Users/user/Desktop/13/impact%20poli.html, consulté le 20-07-2017.

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l'agriculture et l'amélioration des moyens d'existences des populations. Des droits inéquitables, incertains ou ambigus traitant la question d'accès à la terre et une politique foncière non transparente peuvent contribuer à l'exacerbation des conflits (Tasbé Djimadoumadji, 2012:5). Cela a été le cas notamment dans les pays du fleuve Mano (Liberia, Sierra Leone), en Côte d'Ivoire et dans les pays de grands lacs (République du Congo). L'auteur pense que les tensions entre différents groupes socioéconomiques ou groupes des producteurs (agriculteurs et éleveurs...) peuvent causer des épisodes de conflits violents susceptibles de dégénérer au niveau national et transfrontalier comme c'est le cas au Liberia et en Sierra Leone (Ibid). En pays Massa l'on constate également les conflits opposant les différents villages de la région. C'est le cas des conflits qui opposent la communauté biliam 1 à celle de biliam 2. Elles disputent la propriété d'un terrain de plus de 50 hectares.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite