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Accord cadre d'Addis-Abeba : analyse de l'incidence sur la RDC six ans après.


par Modeste Keta Ibutshi
Université Nationale Pédagogique - Licence en relations internationales  2018
  

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III.2.2. Le renouvellement de six engagements, relatifs à des réformes institutionnellesRDC

De ce fait, le texte, semble, en filigrane, épingler la RDC comme une des causes, sinon comme la principale cause, de son insécurité et de sa déstabilisation, ainsi que de celles de toute la région. Par voie de conséquence, la RDC se voit unilatéralement imposer par l'accord, des réformes institutionnelles relevant de sa souveraineté et correspondant au cahier des charges du M23 et des parrains rwandais et ougandais de celui-ci.

Ceci pose problème du double point de vue du droit international et de la justice.

Du point de vue du droit, il s'agit ici d'une violation flagrante de la souveraineté nationale de la RDC, souveraineté garantie par la Charte de l'ONU, qui, en son article 2, §§ 2 et 7, stipule notamment :

Art. 2. §1. « L'Organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres.

§ 7. Aucune disposition de la présente charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État ni n'oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement aux termes de la présente Charte ; toutefois ce principe ne porte en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au chapitre VII ».

En vertu de cet article, l'ONU n'a pas à se mêler des matières qui relèvent des fonctions et des missions régaliennes de l'État congolais, notamment : la réforme des forces de sécurité, de l'armée et de la police, les réformes politiques, la décentralisation, les réformes économiques, les infrastructures et des services sociaux, la réconciliation nationale , la tolérance et la démocratisation. Bien plus, invitée à s'abstenir de toute ingérence dans les affaires intérieures des État, elle ne devrait pas pousser et engager d'autres États à en faire autant, tout en affirmant le contraire. L'accompagnement et la supervision de la mise en oeuvre des engagements de la RDC par 11+4 pays renforcent le sentiment de la mise sous tutelle du pays et de son infantilisation. Même si cela procède de bons sentiments d'ingérence humanitaire, il contribue à renforcer la démission des dirigeants face à la responsabilité première qui leur incombe dans la sécurisation, la stabilisation et la pacification du pays.

Du point de vue de la justice, l'Accord de paix n'a pu échapper à l'application sélective des principes généraux qu'il affirme et au recours à deux poids deux mesures. Alors que c'est la RDC est la seule à connaître des cycles de violences et une insécurité récurrentes causées par les groupes armés nationaux et étrangers, l'Accord lui demande de s'engager à empêcher les groupes armés de déstabiliser ses voisins. En outre, alors que le Rwanda et l'Uganda ploient sous une dictature féroce et pratiquent l'intolérance, l'exclusion et l'ethnisme, c'est à la RDC, seule, qu'il est demandé de promouvoir la tolérance, la réconciliation nationale et la démocratisation.

Il y a lieu de souligner ici que tant que Rwanda et l'Uganda n'auront pas organisé chez eux la réconciliation nationale et la démocratisation, leurs conflits interethniques cycliques et récurrents continueront à pousser leurs citoyens à chercher refuge en RDC, à y importer leurs antagonismes interethniques et à y entretenir un climat d'insécurité.

Enfin, on évoque les groupes armés nationaux et étrangers sans les identifier alors que leur identité n'est un mystère pour personne. Or, cette précision constitue un élément essentiel dans la détermination des causes de l'insécurité ainsi que des stratégies pour les éradiquer. Cette carence conduit, en particulier, à traiter de la situation d'insécurité persistante à l'est de la RDC comme d'un problème purement congolais auquel il suffirait d'apporter une solution congolaise. L'Accord cadre peut ensuite faire la part belle au Rwanda et à l'Uganda et transformer leur statut d'agresseur et de pyromane en celui d'arbitre et de pompier !

L'identification des groupes armés permet de mieux concevoir et déterminer les solutions au problème de l'insécurité) l'est de la RDC. Ainsi pour résoudre le problème des groupes armés étrangers ougandais (les LRA et les ADF/NALU actifs dans le Nord Kivu et l'Ituni), et rwandais (FDLR, Interahamwe, présents principalement dans le Nord Kivu et le Sud Kivu), il faut absolument qu'intervienne dans leurs pays d'origine un processus de réconciliation nationale et la démocratisation qui favoriserait leur rapatriement. Et pour les priver de la possibilité de participer à toute déstabilisation de leurs pays d'origine, il faudrait les installer loin de la frontière ou leur chercher un autre pays d'asile. Quant aux éleveurs nomades Mbororo qui occupent une partie du Bas Uélé et du Haut Uélé, leur retour dans leurs pays d'origine (le Tchad, la Centrafrique et le Niger) devrait être négocié : il requiert l'implication de ces derniers dans la mise en place des conditions d'accueil et d'insertion de leurs ressortissants. Ces solutions pourraient inclure l'examen de la possibilité de trouver un pays d'asile à ceux d'entre eux qui ne souhaitent pas regagner leur patrie.

Comme on peut le voir, la solution du problème des groupes armés étrangers qui déstabilisent l'est de la RDC relève d'une action à caractère sous régional ou régional qui dépasse la responsabilité et la compétence de la seule RDC. Même si en tant que victime la RDC a le devoir de prendre l'initiative de la recherche des solutions, elle ne peut porter seule cette responsabilité. Elle ne peut accepter d'être, à la fois, la victime et le bourreau, ni de se laisser imputer la responsabilité exclusive de l'insécurité et de l'instabilité dans la région.

Quant aux groupes armés nationaux qui souvent naissent de l'absence d'un État capable de sécuriser, d'organiser et d'encadrer les populations, ils devraient faire l'objet d'une attention et d'un traitement politiques spécifiques. Il s'agit de leur proposer des solutions de désarmement, de démobilisation et de réinsertion sociale. Ceci suppose l'existence d'un État organisé et structuré, fonctionnant conformément à la loi et aux règles de la gouvernance.

La question de la persistance et de la récurrence de l'insécurité et de l'instabilité à l'est de la RDC ne peut être traitée et résolue de l'extérieur, par un processus exogène dicté au peuple et aux dirigeants congolais. Les intellectuels et les dirigeants congolais qui justifient une telle démarche travaillent à l'affaiblissement de l'État congolais et participent au processus de l'infantilisation et de la mise sous tutelle de la RDC. Ils entretiennent une des raisons fondamentales de l'instabilité, de la stagnation et de l'insécurité en RDC, à savoir une crise de leadership et la démission de l'État congolais.

En effet, depuis l'accession de la RDC à l'indépendance, le pays n'est pas arrivé à assumer et à s'approprier sa souveraineté. Les dirigeants congolais ont pris l'habitude de s'inféoder à l'étranger, sacrifiant ainsi le droit du peuple à l'autodétermination et à l'autogestion et livrant le pays à l'exploitation et à la domination étrangères au prix de l'hypothèque de son développement et des intérêts vitaux des populations. La préoccupation de se maintenir au pouvoir et de jouir des privilèges y afférents, devrait céder la pas au souci prioritaire et primordial de l'intérêt général, de la pérennité et de la survie du pays et du peuple. En effet, on ne peut ni pacifier durablement, ni libérer effectivement, ni développer authentiquement un peuple, sans lui et malgré lui.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus