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L'idée rauwlsienne de justice comme fondement d'un état démocratique.


par Honoré Yannick KITSIAKUDI
Université de Kinshasa, faculté de lettres - Licence 2016
  

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1.6. LA JUSTICE ET LA MORALE

La morale, on le sait, détermine les règles d'action et les valeurs fondamentales servant de normes dans la société. Instance fondamentalement sociale, la morale ne concerne que des êtres rationnels, raisonnables, c'est-à-dire des personnes vivant dans la société et ayant conscience de leur existence en tant que tels. Elle détermine la valeur des actions des individus, elle vise la vertu.

Définissant la morale et parlant de l'éthique, René Simon dit : « science pratique de mode spéculatif, dont l'objet formel est constitué par la moralité des actes humains, c'est-à-dire par leur conformité ou non-conformité aux valeurs morales, l'éthique peut se définir de la manière suivante : la science des actes humains pris dans leur orientation par rapport à la fin dernière (...). Ou encore, la science normative de la conduite humaine à la lumière de la raison »56(*). La morale est l'ensemble de principes de jugements, de règles de conduite relatives au bien et au mal, de devoirs, de valeurs, parfois érigés en doctrine, qu'une société se donne et qui s'imposent autant à la conscience individuelle qu'à la conscience collective. Ces principes varient selon la culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société.

Comme on le voit, la morale est l'ensemble des règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d'une certaine conception de la vie. Elle est aussi la science du bien et du mal, la théorie des comportements humains, en tant qu'ils sont régis par des principes éthiques57(*). Ces règles morales peuvent être diffusées comme de simples habitudes ou énoncées explicitement comme des normes absolues et invariables dans le temps. Elles peuvent, en outre, être d'inspiration religieuse, philosophique ou éthique. Elles peuvent être dites relatives ou universelles selon qu'elles varient en fonction des lieux et des époques ou qu'elles sont invariables, indépendantes du lieu et de l'époque.

En ce sens, parler de la notion de morale en justice nous renvoie à l'idée de la relation entre ces deux concepts. En effet, bien que la justice et la morale apparaissent comme deux sphères distinctes, parce que la première vise à la distribution des biens et des honneurs dans la cité, alors que la morale vise au perfectionnement de l'individu, il convient de dire que la justice est envahie par la morale. David Hume, par exemple, étudiant le jugement et les actions morales, considère que la justice se définit par rapport à des règles générales, vis-à-vis d'une norme édictée. Il fait ainsi de la justice une vertu artificielle, utile à l'agent de l'action. Relisant Hume à ce sujet, Rawls considère que « Hume entend montrer que notre conception et notre pratique de la moralité sont une expression de notre nature, de notre place dans l'univers et de notre dépendance à l'égard de la société »58(*).

La justice est ainsi une affaire de la morale sociale, une affaire de la société, car elle obéit à des règles qui font évaluer des actes par rapport à une norme préexistante. Tout comportement qui s'écarte de la norme, par exemple, voit son auteur sanctionné sur la base d'un règlement qui matérialise, par des textes, l'échelle des sanctions à appliquer ``proportionnellement'' à l'écart constaté avec la norme. Pour ce faire, « que la société se charge maintenant de servir elle-même, de réprimer les actes de violence quels qu'ils soient, on dira que c'est elle qui exerce la justice, si l'on appelait déjà de ce nom la règle à laquelle se référaient, pour mettre fin à leurs différends, les individus ou les familles »59(*). Henri Bergson ajoute et précise tout de même que la règle mesure la peine à la gravité de l'offense, puisque, sans cela, on n'aurait aucun intérêt à s'arrêter quand on commence à mal faire, sans risquer d'aller jusqu'au bout.

Eu égard à ce qui précède, le juste est ce qui doit être établi dans les relations entre les hommes. Le juste établit l'égalité et l'équité entre les membres de la Cité. Vertu de l'homme, la justice permet de faire régner l'harmonie dans la cité, car une cité juste n'existe que s'il y a des hommes justes. La justice est une nécessité qui participe à l'ordre de l'univers, un principe de concorde et une vertu partagée, une vertu finale qui résume en elle toute la vertu et implique un comportement vertueux envers autrui. Dans Ethique à Nicomaque, Aristote écrit ce qui suit : « De plus, elle est une vertu finale, principalement parce qu'elle est mise en oeuvre de la vertu finale, mais si celle-ci est effectivement finale, c'est parce que celui qui la détient peut même se comporter vertueusement envers autrui et pas seulement par lui-même »60(*). La justice est un bien qui regarde autrui et sert les intérêts d'un autre quand elle nous fait agir. Il convient de préciser ici que la justice pour autrui est une justice relative, individuelle, une vertu relevant de la morale, et ne peut être confondue à une justice globale et communautaire, qui concerne les lois et la constitution.

En somme, la morale joue un rôle non négligeable en matière de justice. Elle permet de définir et de peser la valeur des règles et des principes de la justice qui régissent la société. Elle détermine les actes acceptables et ceux qui sont répréhensibles afin d'harmoniser la vie et les rapports des membres de la cité. Puisqu'elle vise le perfectionnement de l'individu, la morale fait de la justice une vertu sans laquelle la vie en société serait insupportable et les rapports des personnes disproportionnellement établis.

* 56 R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine, 11ème éd., Paris, Beauchesne, 1961, p.24.

* 57 Cf. http://www.larouse.fr//dictionnaire/francais/morale, consulté le 17 Avril 2016 à 15h56.

* 58 J. RAWLS, Leçons sur l'histoire de la philosophie morale, Paris, La Découverte, 2008, p.59.

* 59 H. BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion, 140ème éd., Paris, PUF, 1965, p.69-70.

* 60 ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, Livre V, 1129b - 30, p.230-231.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon