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L'idée rauwlsienne de justice comme fondement d'un état démocratique.


par Honoré Yannick KITSIAKUDI
Université de Kinshasa, faculté de lettres - Licence 2016
  

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Chapitre troisième :

POUR UNE SOCIETE CONGOLAISE DEMOCRATIQUE ET JUSTE

3.0. INTRODUCTION

Après l'analyse et la présentation de grandes artères de la justice dans un Etat de droit, après avoir démontré que la justice et le droit sont la base d'un Etat libre, comme nous l'avions annoncé, il nous revient de mener une analyse critique de la justice politique et sociale congolaise, tout en y apportant certaines lumières et certains éléments pouvant contribuer à l'édification ou à la redynamisation d'une société congolaise vraiment démocratique et juste, mieux à la construction d'une vraie démocratie en République Démocratique du Congo, une démocratie et effective.

Dans cette optique, nous chercherons autant que possible à comprendre, mieux à cibler les motifs de la crise congolaise. Nous analyserons tour à tour les notions de démocratie, de bonne gouvernance, de développement, de justice, et aussi celle d'élection en RDC, afin d'y apporter de la lumière et les pistes de solution pour la construction d'une démocratie solide en RDC.

3.1. LA CRISE SOCIALE EN RDC

La crise sociale en RDC s'étale sur tous les plans et touche tous les niveaux de la vie. Elle va du niveau politique et économique, en passant par le niveau judiciaire et juridique, le niveau de l'autorité, jusqu'au niveau culturel et éducationnel. La crise en RDC ne laisse intact aucun secteur de la vie et est le motif du sous-développement de ce pays.

3.1.1. La crise politique

La politique est à la base de tout. C'est elle qui organise et gère toute la république. En République Démocratique du Congo, la crise politique se caractérise par la manière de gouverner de l'Etat. C'est le pouvoir d'une même catégorie de personnes qui se partagent des postes comme on le ferait d'un gâteau. Dans la gestion du pouvoir public, il est fréquent de rencontrer des gens d'un même coin, d'un même parti, sans tenir compte des mérites de chacun. Le tribalisme gagne du terrain. Or, la société congolaise ne saurait se développer que dans la diversité solidaire. Car, il faut « promouvoir la solidarité fonctionnelle et organique basée sur la conscience de l'interdépendance existentielle en lieu et place d'une solidarité basée sur les affinités tribales ou ethniques, et la formation par les médias et groupes organisés de la conscience nationale »134(*).

En effet, la RDC n'est pas une Nation totalement politique. Certes des efforts sont en train d'être fournis pour y parvenir, mais beaucoup reste encore à faire. Les dirigeants et tous ceux qui détiennent le pouvoir politique doivent, à cet effet, s'interdire de toutes les actions et de tous les propos susceptibles d'inciter la population à la haine, et aussi d'aggraver les tensions ou de mettre en danger les intérêts vitaux de la nation. Ils ont le devoir de sensibiliser la population et de lui fournir une formation civique et morale solide, afin d'éviter le dérapage et le chamboulement inutiles. « A quelqu'un qui vit dans une société bien ordonnée, il y a bien des choses à dire. On peut lui indiquer les caractéristiques essentielles du développement du sens de la justice en lui montrant comment finalement la morale fondée sur des principes doit être comprise »135(*). Pour John Rawls, l'éducation morale de la personne elle-même a été commandée par les principes du juste et de la justice auxquels elle aurait à consentir dans une situation initiale où tous les hommes auraient une représentation égale en tant que personnes morales. Ils sont aussi appelés à assurer la promotion de la diversité des idées pour garantir l'expression d'une démocratie pluraliste et à s'engager à devenir artisans de la paix.

Par ailleurs, les leaders des partis politiques et ceux qui gouvernent la République Démocratique du Congo - ainsi que ceux qui la gouverneront dans l'avenir - doivent tenir à coeur que les congolais ont besoin de voir leur pays avancer et prospérer dans une démocratie parfaite, dans la concorde, dans un esprit de tolérance et dans la recherche de la paix, de la réconciliation et du dialogue. L. Kaumba se demande « pour quand peut-on espérer l'avènement de la paix ? On peut le dire autrement, devrait-on attendre à voir venir la paix quand on connait d'une part la nature polémique de l'existence et d'autre part la nature eschatologique de la paix ? »136(*).

En outre, la crise politique de la RDC se lit dans l'absence d'une opposition véritable et responsable. Comment peut-on parler d'un régime politique réellement démocratique si l'opposition politique n'existe pas, si elle est toujours menacée de s'éteindre et si elle-même en son sein manque de vitalité et une organisation sérieuse ? Que de conflits, des situations d'intolérance politique et des menaces naissent pour faire taire, intimider ou supprimer ce mouvement. Que des guerres de position au sein de l'opposition. A en croire MabialaMantuba-Ngoma, « l'opposition démocratique n'est ni clandestine ni violente. Elle n'est possible que dans un système démocratique. C'est-à-dire une forme de gouvernement fondée sur la persuasion et la délibération. Cette opposition est légale »137(*). Les idéologies et le projet de l'opposition diffèrent de ceux du gouvernement constitué par la majorité. A en croire John Rawls, « on reconnait le principe de l'opposition loyale : l'affrontement des convictions politiques ainsi que des intérêts et des attitudes qui risquent de les influencer est accepté comme une condition normale de la vie humaine. Le manque d'unanimité fait partie du contexte de la justice, puisque le désaccord existe nécessairement, même entre des hommes honnêtes désirant suivre des principes politiques à peu près semblables »138(*).

Signalons qu'il existe deux types d'opposition : il y a d'un côté l'opposition parlementaire, s'exerçant au sein du parlement constitué des députés du parti ou de la coalition des partis qui occupent plus de sièges et de la minorité ne partageant pas forcément leur point de vue. La majorité est celle qui conduit le gouvernement. On y retrouve aussi une minorité faisant réellement le contrepoids afin d'éviter des décisions hâtives et préjudiciables acceptées par la majorité. De l'autre côté, il y a l'opposition extraparlementaire qui s'exerce en dehors du parlement et qui est constituée des groupes de pression formant la société civile. Ces deux types d'oppositions ont les mêmes fonctions, mais qui diffèrent dans la forme et les moyens d'actions.

L'opposition parlementaire a pour mission de contrôler le Gouvernement, de le critiquer, de lui proposer une alternative politique et de coopérer avec lui, tandis que l'opposition extraparlementaire est informelle. Elle dénonce les abus, indique les possibilités de réforme politique et constitue un appui à des actions positives du Gouvernement. Bref, elle canalise la volonté populaire et indique la direction des réformes politiques à prendre, tout en coopérant avec le Gouvernement et en restant indépendante d'esprit, chaque fois qu'elle entreprend des actions positives en faveur du peuple. Bien que ne disposant pas de moyens de sanctions immédiates du gouvernement, elle peut tout simplement préparer les citoyens à sanctionner négativement les dirigeants au moyen de leur vote lors des élections139(*).

En un mot, disons que la situation politique congolaise reste stationnaire et même va s'empirant et se dégradant davantage. Ses acteurs semblent immatures et la politique est prise comme un jeu d'enfants. Chacun défend ses intérêts personnels et oublie les autres. Des décrets et accords sont signés, mais ne sont pas respectés. Les tueries, les assassinats, les viols et les vols prennent de l'ascenseur. Rien de bon ne nait, rien de bon ne marche. Quelle politique pour la RDC ? Qui peut et comment sortir ce pays de la crise ? Seuls les citoyens compétents et formés, vrais nationalistes, soucieux du bien-être collectif. La crise politique engendre la crise économique lorsqu'elle atteint son niveau le plus élevé.

* 134 S. TSHIKOJI MBUMBA, Au coeur de la crise congolaise. Choix et responsabilités politiques, Kinshasa, Cerdaf, 2005, p.120.

* 135 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.558-559.

* 136 L. KAUMBA, « Guerre et paix au coeur de l'Afrique », In Philosophie et politique en Afrique. Actes des journées philosophiques, Kinshasa, Canisius, 1996, p.30.

* 137 MABIALA MANTUBA-NGOMA, « Opposition et jeu politique en République Démocratique du Congo », In MABIALA MANTUBA-NGOMA (dir.), Partis politiques, démocratie et paix en République Démocratique du Congo, Kinshasa, Publications de l'IDLP, 2001, p.123.

* 138 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.259.

* 139Cf. MABIALA MANTUBA-NGOMA, Op. Cit., p.124-125.

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