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L'idée rauwlsienne de justice comme fondement d'un état démocratique.


par Honoré Yannick KITSIAKUDI
Université de Kinshasa, faculté de lettres - Licence 2016
  

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1.2. LA JUSTICE DISTRIBUTIVE

La justice, avons-nous dit, a pour mission de fonder et d'organiser une société stable et équilibrée. Une société est équilibrée si toutes les institutions du système sociétal partagent les mêmes idéologies et poursuivent le même but : la recherche et la construction de la vie bonne des citoyens. Cet équilibre se veut moral, religieux, social, économique et politique, fondé sur la satisfaction des intérêts et des besoins de chaque individu, tout en se référant au principe de différence et d'égalité des chances qui fondent la position de la question « comment procéder à des partages inégaux qui soient justes ? »14(*)

Parler de la justice distributive rappelle la notion de l'égalité et celle de la répartition des avantages sociaux des citoyens. A en croire John Rawls, « l'objet premier de la justice, c'est la structure de base de la société ou, plus exactement, la façon dont les institutions sociales les plus importantes répartissent les droits et les devoirs fondamentaux et déterminent la répartition des avantages tirés de la coopération sociale »15(*), les institutions les plus importantes entendues comme la constitution politique et les principales structures socio-économiques.

Dans l'Antiquité grecque déjà, Aristote concevait la justice distributive comme la première espèce de la justice particulière qui s'exerce dans la distribution des honneurs ou des richesses ou des autres avantages qui peuvent être répartis entre les membres d'une communauté politique. « Donc, ce qui est juste, écrit-il, c'est quelque chose de proportionnel (le proportionnel, en effet, constitue une propriété, non seulement du nombre, formé d'unités, mais globalement de la quantité dénombrée) dès lors que la proportion est une égalité de rapports et qu'elle implique quatre termes au moins »16(*). C'est une justice qui établit une égalité géométrique, c'est-à-dire elle distribue les avantages sociaux selon le mérite, faisant cas des inégalités entre les personnes. La justice distributive ne consiste nullement à récompenser les bons et punir les méchants. Elle rappelle plutôt l'idée d'une égalité ou d'une proportionnalité dans la distribution des biens, des récompenses ou des honneurs, tenant compte de la valeur de chacun. Elle cherche à combattre les inégalités en instaurant une égalité de résultats, et elle tient compte du caractère subjectif de la valeur. En ce sens, elle apparait comme le respect de la loi et la poursuite de l'égalité, reposant sur une égalité non absolue, mais proportionnelle et consistant, de ce fait, à traiter inégalement des individus inégaux17(*). Cette vision utilitariste considère que la répartition des biens produit le plus grand bien pour le plus grand nombre, même au prix du sacrifice des individualités, les bénéficiaires ne faisant pas partie de la coopération sociale.

Comme on le voit, Rawls pense que cette conception utilitariste de la justice souffre d'une déficience majeure du fait qu'elle vise la satisfaction d'un plus grand nombre en sacrifiant l'individu considéré non comme une personne séparée, ayant dans sa singularité une inviolabilité des droits, mais comme une personne dont la liberté et les droits peuvent être aliénés pour le bien du plus grand nombre. Car, comme l'indique l'impératif d'Emanuel Kant : agis « de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »18(*). Cela, parce que « chaque individu possède une inviolabilité fondée sur la justice qui, même au nom du bien-être de l'ensemble de la société, ne peut être transgressée. Pour cette raison, la justice interdit que la perte de liberté de certains puisse être justifiée par l'obtention, par d'autres, d'un plus grand bien. Elle n'admet pas que les sacrifices imposés à un petit nombre puissent être compensés par l'augmentation des avantages dont jouit le plus grand nombre »19(*).

Par ailleurs, Rawls souligne la place non négligeable de la coopération sociale quant à la question de la justice distributive. Les individus doivent tirer des avantages réciproques de leur coopération. Ici apparait la notion de justice procédurale pure fait. Cette notion indique que les répartitions des biens ou des avantages ne sont pas évaluées en confrontant le stock d'avantages disponibles avec des désirs et des besoins donnés des individus précis. Elles se font plutôt selon le système public de règles qui détermine ce qui est produit, la quantité, les moyens, ainsi que les exigences légitimes dont la satisfaction conduit à la répartition correspondante. Et « dans ce type de justice procédurale, la justesse de la répartition est fondée sur la justice des rapports de coopération dont elle est issue et sur la satisfaction des revendications des participants »20(*), écrit Rawls. Il renchérit qu'une répartition ne peut être jugée en faisant abstraction du système dont elle est le résultat ni des comportements individuels inspirés en toute bonne foi par des attentes justifiées.

Pour faire court, la justice distributive consiste à donner à chacun des individus, membres d'une coopération sociale, la part des avantages et des biens qui lui revient, en fonction des différences qui existent entre eux. Traiter de manière égale les gens qui se trouvent dans des situations inégales serait une injustice. La justice est relative à des personnes et une distribution doit se faire en gardant la même proportion au sujet des choses et pour les personnes. La justice distributive demande que l'on donne à chacun ce qui lui est dû. Justicia est voluntassuumquiquetribuere. A chacun son rang, ses mérites, ses besoins et ses actions. Aux personnes inégales, des parts inégales...

* 14L. KAUMBA, Cours de Philosophie de Droit II. Destiné aux étudiants de 2ème Licence en Philosophie, Kinshasa, UNIKIN-FLSH, 2015-2016, Inédit.

* 15 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.33.

* 16 ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, (1131a, 25-30), Paris, Flammarion, 2004, p.238 (traduction et présentation de Richard BODEÜS).

* 17 Cf. Jean GAUDEMET, « Justice distributive », In EncyclopædiaUniversalis [en ligne], http://www.universalis.fr/encyclopedie/justice-distributive/, consulté le 01 Décembre 2015 à 16h50.

* 18 E. KANT, Fondements de la métaphysique des moeurs, Tome 1, Paris, Gallimard, 1985, p.295.

* 19 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.29-30.

* 20Ibid., p.119.

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