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L'idée rauwlsienne de justice comme fondement d'un état démocratique.


par Honoré Yannick KITSIAKUDI
Université de Kinshasa, faculté de lettres - Licence 2016
  

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1.3. LA GENESE DE LA THEORIE DE JUSTICE COMME EQUITE

« La théorie de la justice comme équité commence avec l'idée selon laquelle là où des principes communs sont nécessaires et avantageux pour tous, ils doivent être élaborés à partir du point de vue d'une situation initiale bien définie d'égalité dans laquelle chaque personne est équitablement (fairly) représentée »21(*). L'idée de la justice comme équité consiste à se représenter les principes premiers de la justice comme faisant eux-mêmes l'objet d'un accord originel ou d'un contrat social. C'est-à-dire, les personnes libres et rationnelles, soucieuses de favoriser leurs propres intérêts et placées dans une position d'égalité, sont appelées à accepter ces principes qui définiraient les termes fondamentaux de leur association.

John Rawls parle de la position originelle pour illustrer la position d'égalité des individus, membres d'une association et liés par le contrat social. Ces individus, faut-il le noter, sont à l'origine frappés du voile d'ignorance, qui est le fait que personne ne connait sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que personne ne connait le sort qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons naturels. Les partenaires ignorent leurs propres conceptions du bien ou leurs tendances psychologiques particulières. Le voile d'ignorance « garantit que personne n'est avantagé ou désavantagé dans le choix des principes par le hasard naturel ou par la contingence des circonstances sociales »22(*). Dans ces conditions, les principes de la justice sont le résultat d'un accord ou d'une négociation équitable.

La position originelle - semblable à l'état de nature chez les contractualistes - n'est pas censée décrire un état de fait, fut-il hypothétique, mais doit permettre de poser la question de la justice des institutions dans des termes qui soient équitables pour tous les citoyens. Elle « permet de mettre à l'épreuve nos arguments concernant la justification de nos institutions : le sort que ces dernières réservent à chacun des citoyens est-il juste ? »23(*). C'est-à-dire, la position originelle suppose que les institutions soient justes au départ et traitent tous les membres de la société d'une façon acceptable, en garantissant à chaque citoyen des conditions de vie équitables. Les institutions doivent aussi, dans leur ensemble, respecter les principes qui garantissent des droits fondamentaux et la distribution équitable des ressources. Les principes choisis doivent donc être tels que, quels que soient leur classe sociale, leur sexe, leur groupe ethnique, etc., les plus démunis puissent vivre correctement le restant de leurs jours.

Par ailleurs, le voile d'ignorance permet d'éliminer tous les facteurs ``moralement arbitraires'', ces hasards de la naissance ou de la vie qui font que nous sommes bien ou mal lotis. « En ce sens, la position originelle est l'instrument de pensée qui nous permet de déterminer de façon non biaisée les principes de notre société ; elle ne donne pas lieu à un contrat au sens que les juristes donnent à ce terme, mais définit les conditions équitables dans lesquelles une délibération sur les principes de la justice peut avoir lieu »24(*), la nature de l'accord visé par cette délibération étant non pas contraignante mais hypothétique.

A tout prendre, la position originelle permet de raisonner à partir des éléments considérés comme raisonnables par l'ensemble des individus. Etant le statu quo initial adéquat qui permet que les accords fondamentaux auxquels l'on parvient dans cette situation initiale soient équitables, la position originelle explique la justesse de l'expression ``justice comme équité'', du fait qu' « elle transmet l'idée que les principes de la justice sont issus d'un accord conclu dans une situation initiale elle-même équitable »25(*). Pour Rawls, cette expression ne signifie pas que les concepts de justice et d'équité soient identiques. Pour lui, « une société qui satisfait les principes de la justice comme équité se rapproche autant que possible d'un système de coopération basé sur la volonté, car elle satisfait les principes mêmes auxquels des personnes libres et égales donneraient leur accord dans des circonstances elles-mêmes équitables »26(*).

* 21 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.258.

* 22 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.38.

* 23 J. RAWLS, justice et critique, Paris, EHESS, 2014, p.29.

* 24 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.32.

* 25 J. RAWLS, Théorie de la justice, p.39.

* 26Ibid., p.39.

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