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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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2.2.3.2.- Migration externe

Le mouvement migratoire haïtien vers l'extérieur n'est pas récent. Dès la période coloniale, on a assisté à une première vague d'émigration des travailleurs haïtiens en République dominicaine. Alors qu'il s'était établi à l'Ouest, dans la partie française de l'île, une colonie d'exploitation qui tirait ses profits de la culture de la canne à sucre, les Espagnols à l'Est avaient constitué un régime moins bien sévère axé sur l'élevage. Certains marrons qui fuyaient la rigueur du système esclavagiste dans la partie occidentale allaient se réfugier à l'Est. À la suite de l'accession d'Haïti à l'indépendance, les luttes fratricides entre anciens et nouveaux libres ont contribué encore au départ de beaucoup d'Haïtiens en République

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dominicaine29. Durant le 19e siècle, l'émigration haïtienne a été limitée. C'est surtout au début du 20e siècle, plus particulièrement à partir de l'occupation américaine, que l'émigration haïtienne a pris une forme massive. À partir de cette époque, les Américains qui ont commencé à investir massivement dans l'industrie sucrière ont attiré dans leurs usines de Cuba et de la République Dominicaine des milliers de travailleurs haïtiens30 .

Durant les années 50, l'exode de la population haïtienne a débordé les frontières cubaines et dominicaines. Il s'est orienté d'abord vers l'Amérique du Nord, spécialement les États-Unis, le Canada. Vers 1965, le nombre d'Haïtiens qui quittaient le pays en direction des États-Unis connut une augmentation de l'ordre de 70 %31. Durant les années 60, le Canada et l'Afrique ont accueilli leurs premières vagues d'Haïtiens, composée en grande partie de professionnels qualifiés. Vers les années 50, la migration en direction des Bahamas avait déjà débuté. Déjà, vers 1963, 2899 immigrants haïtiens qui vivaient illégalement aux Bahamas ont été rapatriés32. La migration haïtienne vers les Antilles Françaises (Guadeloupe, Martinique, Guyane...) est un peu plus récente et remonte à la fin des années 60. La migration vers l'Europe, dans les pays tels que la France, la Belgique, la Suisse, est encore plus récente et date de la fin des années 1970.

Selon la International Catholic Migration Commission (ICMC), l'exode des Haïtiens vers les pays étrangers continue de manière intense. Pour l'année 2005 et le début de l'année 2006, plus de 10 500 personnes ont laissé Haïti à la recherche de meilleures conditions en Europe (4000 personnes) et en Amérique du Nord33.

Sur une population de 8 400 000 habitants, 25 % vivent actuellement en dehors d'Haïti34. Selon un rapport de « World Migration » cité par l'ICMC, plus d'1 million d'Haïtiens vivent aux États-Unis, 100 000 au Canada et 600 000 environ en République Dominicaine.

Parmi les causes de la migration des Haïtiens à l'étranger, on retient surtout des besoins matériels dont les principaux sont les suivants:

29 OIM, Propositions pour une politique de gestion de la migration de main-d'oeuvre en Haïti, Port-au-Prince, Septembre 2006, p. 36

30 Idem, p.37

31 Idem, p.43

32 Idem, p.30

33 International Catholic Migration Commission (ICMC), 54th Council Meeting July 2006-RomeRegional Report: Caribbean Document no: CM/06/06, l'état de la Migration en Haïti, aujourd'hui.6 pages.

34 Ibidem

1) 37

besoin monétaire

La recherche d'un emploi pouvant garantir l'accès à un revenu adéquat pour vivre est l'un des principaux facteurs susceptibles d'expliquer l'émigration massive des Haïtiens à l'extérieur. La diaspora contribue à hauteur d'environ 1 milliard de dollars à l'économie nationale, sous forme transferts privés. La plupart des Haïtiens restés en Haïti sont naturellement incités par l'idée de s'établir à l'étranger aussi pour avoir droit à un meilleur revenu. Parfois, et cela se répète souvent, ce sont les parents eux-mêmes qui enclenchent le processus permettant à leurs enfant de résider dans ces pays étrangers. L'ECVH-2001 de l'IHSI révèle que 30,5 % des ménages du pays ont au moins un parent émigré établi à l'étranger. Cependant, ce document dénote des contrastes importants selon les milieux de résidence : 44 % des ménages de l'Aire métropolitaine ont un parent à l'étranger contre 25,2 % des ménages ruraux.

Selon l'IHSI, le travail est la principale cause de l'émigration haïtienne. Ce qui confirme l'hypothèse de Gérald Chéry, selon laquelle, l'émigration constitue une sorte de mobilisation de la force de travail haïtienne.

Par ailleurs, un tiers des ménages dont le chef est une femme ont de la famille vivant à l'étranger. L'ECVH-2001 révèle aussi que la proportion de ménages pour lesquels il existe un parent à l'étranger croit avec le niveau de revenu du ménage.

2) Le besoin de promotion humaine

Un besoin, combien légitime, est celui de la promotion humaine : besoin de fonder une famille, de s'instruire, de préparer l'avenir de ses enfants. On observe chez les immigrants de cette catégorie un refus de faire face à la situation de misère mais en même temps un désir irrésistible de changement, voire de promotion humaine dans sa triple dimension matérielle, culturelle et spirituelle.

3) Le besoin de sécurité et de paix

Un troisième besoin qui explique la migration est celui de la paix et de la sécurité. Face au climat de violence, de peur et d'insécurité qui caractérise la vie en Haïti, les gens ont besoin de sérénité et de paix pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ils ont besoin de tranquillité et de sécurité pour leur commerce, leur travail, l'éducation de leurs enfants et l'épanouissement de leur vie personnelle, familiale et sociale.

38

Lorsque la paix et la sérénité n'existent pas, les gens se déplacent pour aller les chercher ailleurs. Ils quittent leur lieu d'origine pour trouver une terre d'asile, un lieu de refuge où ils peuvent vivre avec moins de souci pour leur vie.

Sur un autre plan, la migration externe haïtienne revêt deux formes : la migration clandestine et la migration légale. La migration clandestine est caractérisée surtout par le phénomène de boat people. Bon nombre d'Haïtiens n'ont pas hésité, au péril de leur vie, à s'embarquer sur de simples petits voiliers pour échapper à des conditions d'existence frôlant parfois les limites de la survie. Ce phénomène a connu un regain d'intensité durant la période du coup d'État militaire (1991-1994). Des statistiques fournies par l'Ambassade Américaine et le bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, en ce qui concerne l'émigration officielle, sont très révélatrices. Elles montrent que le nombre d'Haïtiens qui ont été admis temporairement aux États-Unis d'Amérique entre novembre 1991 et janvier 1993, à titre de réfugiés, s'élève à 11200 depuis Guantanamo et 720 directement de Port-au-Prince35.

Sur un autre plan, il y a lieu de considérer la migration légale, par laquelle beaucoup de cadres qualifiés laissent régulièrement le pays pour s'établir à l'étranger. Plusieurs raisons sont à l'origine de leur départ et certaines d'entre elles ont été évoquées plus haut.

Tableau # ...

Distribution en pourcentage (%) des parents émigrés selon la principale raison de résidence à l'étranger

Principale raison de résidence à l'étranger

Pourcentage

Travail

72,6

Recherche d'emploi

15,8

Études

3,4

Regroupement familial

4,1

Autres

4,1

Total

100,0

Source : IHSI/Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH) - 2001

2.2.4.- Natalité et fécondité

Les données qui seront présentées dans cette section traitent des naissances vivantes survenues dans la population au cours des douze (12) derniers mois précédent le

35 MSPP/OPS/OMS : Analyse de la Situation Sanitaire, Port-au-Prince, Juin 1996, 164 pages

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recensement de 2003. Ces naissances se mesurent à travers deux indicateurs : la natalité et la fécondité. La natalité est la venue au monde des enfants dans la population en général, tandis que la fécondité est, par contre, la venue au monde de ces mêmes enfants dans la population féminine en âge de procréer.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote