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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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Chapitre III : Les dimensions de la pauvreté haïtienne

Le niveau élevé de la pauvreté en Haïti n'est point un sujet de controverse. Indépendamment de l'approche considérée, les indicateurs conduisent à un constat similaire : la majorité de la population vit en situation de pauvreté.

Suivant l'approche monétaire, nous avons vu que jusqu'à 76 % de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars par jour, alors que 56 % évolue dans des conditions d'extrême pauvreté, avec moins d'un dollar par jour. Malheureusement, cette approche reflète seulement une situation globale et ne fournit pas des détails pour mieux appréhender les manifestations de la pauvreté. Est-ce pourquoi avons-nous choisi de prioriser pour notre travail l'approche en termes de pauvreté humaine et sociale qui renvoie, elle-même, à la satisfaction des besoins de base. Donc, nous nous intéressons à l'approche non monétaire de la pauvreté, tout en admettant que celle-ci est dans une large mesure une conséquence de la pauvreté monétaire. De plus, ce choix se justifie par l'objet de notre étude, car il sera mieux facile de saisir les interpénétrations entre croissance démographique et pauvreté.

Nous supposons que la pauvreté haïtienne revêt une dimension multiple. Cette dernière se traduit à travers un certain nombre de manques et de besoins non-satisfaits. Ces manques et besoins touchent à des domaines divers dont les fondamentaux sont : la santé, l'éducation, l'alimentation, le logement et l'accès à l'eau potable.

3.1.- Accès aux soins de santé

Les problèmes de santé sont criants en Haïti. Le niveau de l'offre en services de santé, que ça soit en termes de qualité ou de quantité, demeure une grande préoccupation. Les infrastructures sanitaires sont inadéquates et insuffisantes. La quantité de personnels formés en matière de santé est très limitée.

Pour mieux dégager l'impact de l'accroissement démographique sur l'accès aux services de santé, nous allons analyser le comportement de certains indicateurs pour la période qui concerne cette étude, c'est-à-dire de 1980 à 2003.

45

3.1.1.- Accès aux services de santé de la reproduction

46

Afin de mieux déterminer le niveau d'accès aux services de santé, nous utiliserons plusieurs indicateurs. Parmi les indicateurs de santé, particulièrement fondamentaux pour notre travail, nous allons considérer dans un premier temps :

- le taux de prévalence de la contraception ;

- le pourcentage d'accouchements réalisés par un personnel de santé entraîné.

Pour apprécier le degré d'utilisation de la contraception, on utilise généralement le taux de prévalence de la contraception (moderne ou traditionnelle). L'Enquête Haïtienne sur la Prévalence de la Contraception (EHPC) réalisée en 1983 révèle un taux de prévalence de la contraception moderne de 3,9 %. L'EMMUS I, réalisé en 1987 a mentionné un taux de prévalence de la contraception de 5 %, contre un taux de 13,2 % révélé par l'EMMUS II pour l'année 1993. Pour l'année 2000, 22,3 % des femmes haïtiennes en âge de procréer avaient recours aux méthodes de contraception modernes, alors 5,8 % utilisaient des méthodes de contraception traditionnelles. D'après le MSPP44, 32 % des femmes en age de procréer ont utilisé, en 2003, la contraception.

Le constat est qu'il y a eu une amélioration en terme d'utilisation des contraceptifs à travers la période prise en compte dans cette étude. Mais les résultats obtenus restent nettement en deçà des objectifs fixés. (par qui, quand et de combien ?)

À propos du pourcentage d'accouchements réalisés par un personnel de santé entraîné, le taux a été de 20 % en 1983, selon l'OMS (Cf). En 1994, le pourcentage d'accouchements réalisés par un personnel de santé qualifié a été de 46,3 % (EMMUS II). Les résultats de l'EMMUS III (2000) font état d'un pourcentage de 24 %. Donc, une baisse significative a été enregistrée par rapport à 1994. Particulièrement en 2000, l'écart entre le milieu urbain et le milieu rural est considérable. En effet, 52 % des femmes vivant en milieu urbain bénéficient du service d'un personnel qualifié au moment de leur accouchement, contre seulement 11 % dans le monde rural. Dans l'arrière-pays, il est généralement de coutume de recourir au savoir-faire des sages-femmes au moment des accouchements. Leur méthode n'était pas considérée comme intégrant une pratique médicale à part entière. Ce n'est que vers les années 2000 qu'une école formelle destinée aux sages-femmes a vu le jour à Port-au-Prince.

44 MSPP, Plan d'action ministériel 2006-2007, 2006, 11 pages

47

3.1.2.- Accès aux services de santé de base

L'accès aux services de santé n'a pas été un indicateur collecté fréquemment par les enquêtes auprès des ménages45 . Il a été généralisé surtout par les enquêtes Démographiques et Sanitaires, en l'occurrence les EMMUS. La définition de « l'accès aux services de santé de base » a connu aussi des évolutions à travers les EMMUS. En 1987, l'indicateur était défini par la présence d'un centre de santé dans le centre ou la zone d'habitation ; en 1994-95 et en 2000 par la proportion de ménages (en fait la proportion de femmes en union) situés à une distance nécessitant un temps inférieur à 60 minutes pour se rendre au centre de santé le plus proche46. Jacques Charmes (2002) a signalé que le rapport mondial 2001 sur le développement humain, déjà, n'avait pas tenu compte de cet indice pour calculer l'IPH -1 en raison du manque de données récentes et fiables. De plus, dans le cas de l'accès aux services de santé de base, il s'agit d'un indicateur d'accès, non d'utilisation, ni de qualité. Dès lors, il peut être extrêmement trompeur47.

Les données concernant l'accès aux services de santé de base en Haïti varient donc suivant les sources, tout en gardant, certaines fois une tendance proche. Selon l'OPS/OMS, 60 % de la population avait accès aux services de santé de base en 1991. De son coté, le PNUD fait état d'un pourcentage moyen de 50 % de la population ayant accès aux services de santé de base, pour la période allant de 1985 à 1993.

Les données avancées par le Ministère de la Santé Publique et de la Population ne permettent pas de parler amélioration en termes d'accès aux services de santé de base, comparés aux données fournies par l'OPS/OMS et le PNUD. Selon le MSPP48, 60 % de la population seulement disposait d'un accès aux services de base à la fin de 2003. Par contre, les données fournies par les EMMUS montrent clairement une tendance à l'amélioration. De 24,4 % en 1987 (EMMUS I), l'accès aux services de santé de base est passé à 60,4 % en 1994 (EMMUS II), pour atteindre le niveau de 84,7 % en 2000 (EMMUS III).

Pour les besoins de ce travail, nous nous en tenons aux données fournies par les EMMUS, en raison surtout de l'unicité de source.

Tableau # ... : Proportion de ménages ayant accès aux services d'eau potable et de santé en Haïti, de 1986-87 à 2000.

45 Jacques Charmes, Les indicateurs de développement humain en Haiti, Juin 2002

46 Idem

47 Idem

48 MSPP, Plan d'action ministériel 2006-2007, 2006, 11 pages

48

 

EBCM I

1986-87

EMMUS I

1987

EMMUS II

1994-95

EBCM II

1999-2000

EMMUS III

2000

Eau potable

28,6

45,3

46,2

43,8

65,5

Electricité

21,9

29,6

31,3

32,5

33,7

Assainissement

45,8

47,9

48,3

44,5

44,1

Services de santé

 

24,4

60,4

 

84,7

Source : Jacques Charmes, Les indicateurs de développement humain en Haiti, Juin 2002

3.1.3.- L'indice de masse corporelle

Le poids à la naissance est le déterminant le plus important des chances de survie, de croissance, de développement et du statut nutritionnel d'un enfant. L'insuffisance pondérale à la naissance touche une proportion considérable de petits enfants haïtiens. Mais, de 1994 à 2000, on a constaté une baisse du pourcentage des enfants affectés, passant de 27,5 % à 17,3 %. Cet indicateur est très important pour nous dans la mesure où il donne également une idée de l'état nutritionnel de la mère.

Tableau # ... : Proportion d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition.

 

NSSS 1978

HNS 1990

EMMUS II

1994-95

EMMUS III

2000

Insuffisance pondérale
(poids pour âge)

37,4

26,8

27,5

17,3

Retard de croissance
(taille pour âge)

39,6

33,9

31,9

22,7

Emaciation (poids pour taille)

8,9

4,7

7,8

4,5

Sources : National Nutrition Status Survey, 1978 ; Haiti's Nutrition Situation in 1990, EMMUS II, EMMUS III.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld