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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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3.2.3.4.- Alphabétisation

L'analphabétisme est considéré comme un fléau à l'échelle mondiale. En Haïti, en particulier, il est un vrai problème de société. Tout au long de la décennie 1990-2000, le taux d'analphabétisme tournait autour de 44 % en Haïti61. Restant encore assez élevé, ce taux tend toutefois à diminuer annuellement. Par ailleurs, il importe de signaler que cette diminution concerne davantage les hommes que les femmes et que le taux d'analphabétisme est beaucoup plus important en milieu rural (48 %) qu'en milieu urbain (24 %).

En ce qui a trait au sexe, les hommes sont beaucoup plus touchés que les femmes par l'analphabétisme. Au cours de l'année 2000, 46,09 % des hommes âgés de 15 ans et plus étaient recensés analphabètes, tandis que 40,37 % de femmes, de la même tranche d'age, étaient touchés par l'analphabétisme (EBCM, 2000).

Selon les donnés fournies par l'IHSI (voir tableau suivant), la société haïtienne a été marquée par une modification de la structure de la population touchée par l'analphabétisme, selon le sexe. Alors qu'en 1982, on comptait plus de femmes analphabètes dans le pays (64,43 %) que d'hommes (61,68 %), il y a eu un renversement de tendance au fil des années. En 1995, 45,64 % d'hommes étaient considérés comme analphabètes dans le pays, alors que le pourcentage de femmes a été de 37,86 %.

Tableau #... : Taux d'Alphabétisme en % (15 ans et plus) Selon le sexe

Année

total

Masculin

Féminin

1970

78

74

82

1982

63

61.68

64.43

1992

45

51

39

60 Idem, p 24

61 MENJS, Le Développement de l'Education, Rapport National d'Haïti, p. 25

1995

41.95

45.64

37.86

62

Source : IHSI, Bulletin de statistiques sociales

Au niveau de l'Alphabétisation, on peut constater plusieurs intervenants dans ce domaine en particulier l'Etat, les ONG (Mission alpha, World Vision etc) et les organismes associatifs. Cependant, l'absence de données statistiques ne permet pas de mesurer l'envergure de leur intervention. Toutefois, selon le Ministère de l'Education National, près de 100 000 personnes62, à majorité féminine, sont touchées par des programmes d'éducation élaborés par la Secrétairerie d'État a l'Alphabétisation à travers les 9743 centres d'alphabétisation de base disséminés dans les 9 départements géographiques du pays.

3.2.4.- Le système éducatif haïtien et ses problèmes

L'analyse de l'évolution de l'accès à l'enseignement primaire, secondaire et supérieur donne une idée de l'ampleur des problèmes auxquels est confronté le système éducatif haïtien. À défaut de pouvoir les énumérer de façon exhaustive, on peut mentionner, entre autres : l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande, la dégradation de la qualité de la formation, le poids plus important du secteur privé que du secteur public dans le système, la centralisation de l'enseignement supérieur ect.

La disparité entre l'enseignement en milieu urbain et l'enseignement en milieu rural est très forte. En effet, le milieu rural, avec 70 % de la population en 1986, ne comptait que 46 % des élèves du primaire, 41 % des instructeurs, et 44 % des élèves dans le public, 39 % des instruments (Banque mondiale, 1987 : citée dans Fred Doura, Dépendance, crise et développement, Tome 1 : p 182). Du total des dépenses publiques réalisées par le gouvernement pour l'éducation, seulement 20 % étaient destinées aux zones rurales en 1996/97. Les coûts directs annuels par étudiant, en milieu rural, en 1993 ont représenté 68 gourdes (5 dollars) contre 256 gourdes (16 dollars) en milieu urbain.

Les services de l'enseignement secondaire sont surtout groupés dans les villes dont 65 % se trouvent dans la capitale et sont contrôlés par le secteur privé. De 1987/88 à 1999/2000, plus de 89 % des écoles appartenaient au secteur privé. 76 % des élèves du primaire et 82% des élèves du secondaire étaient inscrits dans des écoles privées (FMI, 2001 cité par Fred Doura, Dépendance, crise et développement, Tome 1, p 182). Selon Doura,

62 Ministère de l'éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, Le Développement de l'Education, Rapport National d'Haïti, Août 2004, 41 pages.

63

c'est la proportion d'élèves inscrits dans les écoles privées la plus élevée au niveau mondial. Le nombre total moyens des écoles primaires était de 5435 pour les années 1988 à 1992, dont 82% sont des écoles privées ; de même de 1987/88 à 1994/95, le nombre total moyen des écoles secondaires est de 609, dont 61 (10%) sont des écoles publiques et 548, soit 90 % étaient des écoles privées (PNEF 2004 ; 114 & BM, 1997 : 26). En outre, 80 % de toutes les écoles primaires et secondaires sont soit gérées par des ONG, dont des organisations confessionnelles, soit par des institutions privées en quête de profit (BM, 1998).

La prolifération d'écoles privées n'est pas le résultat délibéré d'une politique de privatisation des écoles mais indique fondamentalement une incapacité de l'État haïtien à penser et à mettre en place des politiques d'éducation qui seraient au service de toute la population. Ces écoles ne répondent généralement à aucune norme pédagogique : 85 % de ces écoles fonctionnent dans des locaux inadéquats et plus de 75 % sont dépourvues de toilette, d'eau courante, de cours de récréation et de bibliothèque.

En somme, de 1980 à 2003, des efforts ont été réalisés dans le domaine de l'éducation. Cependant, ces efforts restent très en deçà de la réponse nécessaire aux besoins. Les avancées constatées sur le plan quantitatif ont amené avec elles des faiblesses d'ordre qualitatif. En effet, la qualité de l'enseignement a baissé, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Et l'école privée, en Haïti, devient une source assurée de revenus. On observe une prolifération des « écoles borlettes », ou directeurs et professeurs incompétents n'exigent rien d'autre des élèves que le paiement régulier des mensualités. Selon une évaluation du Ministère de l'Education Nationale, seulement 2/3 des besoins en éducation fondamentale pour les enfants d'age scolaire sont satisfaits63. Le déficit serait aggravé par un fort taux d'abandon tout au cours des différents cycles et seulement 16 % des jeunes parviennent au niveau secondaire64. Par ailleurs, le manque de ressources et l'incapacité des structures de l'État à encadrer le mouvement d'expansion du système éducatif ont entraîné des contrecoups négatifs sur la qualité des services offerts.

Le système éducatif, tel qu'il a fonctionné ces vingt dernières années, n'a pas donné lieu à l'accumulation du capital humain nécessaire pour réduire le niveau de pauvreté en Haïti.

63 Secrétairerie d'Etat à la Population, politiques Nationales de population, juillet 2000, 50 pages.

64 Idem, p. 8

64

3.3.- Accès à l'eau courante

Avec l'augmentation continue de la pression démographique à Port-au-Prince et dans les autres zones urbaines du pays, l'accès à l'eau courante devient de plus en plus problématique. Sous l'effet de la dégradation de l'environnement, nos sources sont constamment exposées à une diminution de débit, alors que les besoins à satisfaire s'accroissent.

Contrairement à d'autres pays, Haïti n'a pas recours au recyclage de l'eau comme méthode pour satisfaire la demande. En fait, il faut admettre aussi que ce procédé requiert un niveau de technologie dont Haïti ne dispose pas et nécessite également des investissements appropriés. Le choix d'Haïti a évidemment ses avantages et ses inconvénients. Mais il faut aller plus loin pour mieux comprendre ce choix.

L'accès à l'eau courante est l'un des indicateurs utilisés pour mesurer la pauvreté, à coté de l'accès à l'éducation, à la santé, à l'assainissement... suivant la méthode des besoins insatisfaits. La version 2004 de la carte de pauvreté d'Haïti, qui traite la pauvreté suivant cette approche, fait état de la faible disponibilité en eau potable du pays, mais également de la déficience des politiques visant à l'amélioration de la salubrité de l'eau. En effet, ce document fait remarquer qu'Haïti dispose d'une grande potentialité en matière de ressources en eau avec « une quantité importante de rivières, sources, étangs et lagons. » Cependant, il n'existe que 88 services de distribution d'eau potable à travers tout le territoire.

D'après la version 2004 de la carte de la pauvreté, les eaux de surface totalisent environ 9,5 milliards de m3. Les ressources en eaux souterraines du pays sont encore plus importantes : elles sont estimées à 56 milliards de m3. Les nappes souterraines continues localisées dans les plaines littorales et alluviales représentent 47 milliards de m3, tandis que les aquifères discontinus situés en montagne sont de 8 milliards de m3. Toutefois, moins de 10 % du potentiel hydrique est réellement exploité, d'après les rédacteurs de la carte de pauvreté.

En raison des problèmes environnementaux, seulement 10 % des 40 milliards de m3 d'eau que reçoit le territoire national chaque année, s'infiltrent dans le sol. Le reste s'évapore ou se perd dans la mer.

65

D'une façon générale, la population haïtienne bénéficie d'une dotation faible, en terme d'accès à l'eau courante. Seulement 26 communes du pays ont une accessibilité plus ou moins satisfaisante en eau courante65.

3.3.1.- Disparités régionales

Dans l'ensemble, les disparités régionales en termes d'accès à l'eau courante sont très significatives. Trois départements géographiques sont dans une situation critique en terme d'accès à l'eau courante : l'Artibonite, le Centre et la Grand Anse. La totalité des communes de ces départements sont classés dans le groupe de communes ayant les plus fortes déficiences (extrêmement faible, très faible et faible) ( Référence).

En effet, sur ses 12 communes, le Centre enregistre 3 communes dans la catégorie faible, 6 dans le quintile très faible et 3 dans le quintile extrêmement faible. De son coté, la Grand Anse a recensé 8 communes dans le quintile extrêmement faible, 6 dans la catégorie très faible et 4 dans la classe faible. Le département de l'Artibonite, pour sa part, dispose de 6 communes sur 15 dans le quintile extrêmement faible. Les 9 autres sont dans la catégorie faible.

Après ce premier groupe, viennent les départements du Sud'Est, du Nord et du Nord'Ouest. Ces départements, selon la Carte de la pauvreté, ont une situation moins précaire.

Les départements du Sud, de l'Ouest et du Nord'Est sont les mieux classés en ce qui concerne l'accès à l'eau courante.

Le département du Sud dispose de 5 communes sur 18 dans le quintile très faible, 3 dans le quintile moyennement faible et les 10 dernières dans la classe moins faible. Le département de l'Ouest ne dispose pas de communes en situation de forte carence. Seulement 2 communes y sont dans le quintile très faible et une dans le quintile faible. Le Nord'Est dispose, pour sa part, de 2 communes sur 13 dans la classe extrêmement faible. Les 11 autres communes, soit environ 85 %, se situent dans le quintile modérément faible.

Au niveau de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, seulement 33,4 % de la population, ont accès à un fournisseur d'eau courante, selon l'IHSI. Le reste des habitants de la capitale s'approvisionne en eau à partir d'autres moyens : camions-citernes, marchands ambulants, réservoirs publics ect. En milieu rural et dans les autres zones urbaines, la

65 MPCE, Carte de la pauvreté, Version 2004, quelle page ?

66

situation n'est pas plus réjouissante, selon les données fournies par l'IHSI. L'Institut révèle que seulement 16 % de la population rurale ont accès à un fournisseur d'eau courante, contre 24,7 % pour les autres zones urbaines. Pour l'ensemble du pays, le niveau d'accès est de 21,5 %.

3.3.2.- Accès à l'eau potable

L'accès à l'eau potable est défini par l'OPS/OMS comme étant de 25 litres par jour par personne d'eau de bonne qualité et par une distance de la source à la maison inférieure à 60 mètres pour un chemin ascendant ou 100 mètres pour un chemin horizontal.

Il est difficile d'accéder à des informations fiables sur le secteur d'eau potable en Haïti. La plupart du temps, les informations existantes ne sont pas à jour. La CAMEP, principale institution au niveau des services de distribution d'eau potable, est sérieusement affectée par ce problème de manque de données. Pour cela, nous avons dû nous référer aux données publiées par l'OPS/OMS qui les a collectées auprès de tout un ensemble d'institutions, ONG ou organismes oeuvrant dans le secteur dont : FAES, CAMEP, SNEP, POCHEP, SMCRS, MTPTC, ASSODLO, GITH (Groupe Technologie intermédiaire d'Haïti), CARE, PEJEFE (Programme d'encadrement des jeunes femmes et des enfants), PCH (Productive Coopérative Haïti), FEDERATION LUTHERIENNE MONDIALE, CRS, HELVETAS, PAROLE ET ACTION, ACTION CONTRE LA FAIM, SOE, CLEAN WATER FOR HAITI, HAS, CECI (Centre canadien d'études et de coopération internationale). De plus, nous nous sommes référés aux informations fournies par l'IHSI ainsi que le RNPD sur le secteur.

Concernant le mode d'approvisionnement en eau de boisson des ménages haïtiens, seulement 10 % des ménages de l'Aire Métropolitaine achète de l'eau traitée. Le mode d'approvisionnement d'une bonne partie du reste se fait comme suit : rivière et source (36,9 %), achat par boquite (19,5 %), robinet (15,6 %), fontaine publique (12 %). L'achat de seaux d'eau est particulièrement courant dans l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince où 60 % de la population l'utilise comme mode d'approvisionnement.66. Les données sur l'accès à l'eau traitée correspondent à l'an 2001. En effet, durant les années qui ont suivi, il y a eu une

66 IHSI, Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti -ECVH, 2001

67

augmentation importante des points de vente d'eau traitée au détail et de l'offre de bouteilles de 5 gallons dans beaucoup d'endroits.

D'après Lilian Saade (2005), Haïti est le pays avec le taux de couverture en eau potable le plus faible de la région d'Amérique Latine et les Caraïbes (avec 52%). En d'autres termes, plus de 4 millions d'Haïtiens n'ont pas d'accès aux services d'eau.

Les besoins en eau potable en milieu urbain s'élèvent à 261 700 m3/jour, alors que seulement 145 700 m3/jour sont distribués à partir de 47 sources et 48 forages. Le déficit est de 115 100 m3/jour en milieu urbain67.

Tableau # ... Volume d'eau potable fourni aux populations urbaines en 2003

Villes

Situation en 2003

 

Population
(Millions
d'habitants)

Besoins (m3/j)

Infrastructures

Volume
distribué

Déficit

Sources

Forages

Nombre

Débit
(m3/j)

Nombre

Débit
(m3/j)

(m3/j)

(m3/j)

Aire

métropolitaine

1249,9

124,9

17

84,5

35

53,77

96,8

28,1

Villes

secondaires

1955,2

136,8

30

23,4

13

25,46

48,9

87

Total

3204,1

261,7

47

107,9

48

79,23

145,7

115,1

Source : OPS/OMS

Évolution de la couverture des besoins (1993-2003), (Graphique à insérer)

La Figure ... montre l'évolution du taux de couverture des besoins en eau potable en milieu urbain de 1993 à 2003.

67 Lilian Saade, Agir ensemble pour une gestion plus efficace des services de l'eau potable et l'assainissement en Haïti, CEPALC, Septembre 2005, Mexique, p.

68

La figure... montre l'évolution du taux de couverture des besoins en eau potable en milieu rural. (p. 8)

Tableau #... : Synthèse de la couverture des besoins au 31 décembre 2003

Sous-
Secteurs

Taux de couverture en %

 

Zone

Métropolitaine

Villes
Secondaires

Milieu
urbain

Milieu rural

Tout le pays

Alimentation
en eau
potable

58,3

50,1

53,3

51,6

52,3

Source : OPS/OMS

Évolution de la Couverture en eau potable de 1980 à 2003 (Graphique à insérer)

L'analyse de la couverture en eau potable en Haïti, de 1980 à 2003, révèle une amélioration globale de la couverture pour le pays qui est passé de moins de 20 % en 1980 à 52,3 % en 2003. Cette amélioration au niveau global est due d'abord à l'amélioration enregistrée dans le milieu rural où le taux de couverture est passé de moins de 10 % en 1980 à 51,6 % en 2003. Au niveau des villes secondaires, il n'y a pas eu de grand changement, le niveau de couverture ayant passé de 48 % environ à 50,1 %. Dans la zone métropolitaine, le taux de couverture est passé d'environ 48 % en 1980 à 58,3 % en 2003.

Il convient de noter que ces chiffres renvoient à l'accès aux services: ils ne reflètent pas nécessairement la qualité et la fiabilité de ces derniers, deux facteurs essentiels en matière de santé publique.

En effet, le diagnostic de la situation, en terme d'accès à l'eau courante en Haïti, démontre qu'il n'y a pas de pénurie d'eau douce dans le pays, mais plutôt une répartition inégale et une mauvaise gestion de ces ressources. D'après les projections du PNUD (Lilian Saade, 2005), si les tendances observées ces dernières années se poursuivent, il sera probable pour Haïti «toutes choses égales par ailleurs » d'atteindre l'objectif de réduire de moitié le pourcentage de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable en 2015. Néanmoins, même si les projets envisagés se réalisent, environ un tiers de la population serait encore privé de ce service en 2015. Ce qui montre l'ampleur des besoins à satisfaire.

69

En résumé, un logement sur cinq a accès à un fournisseur d'eau courante, mais il y a des différenciations importantes selon le milieu de résidence, le type de logement et le niveau de revenu. Un tiers des logements de la zone métropolitaine de Port-au-Prince a accès à un fournisseur d'eau courante (IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti -ECVH, 2001).

Seulement 2 % de la population dispose de robinet dans le logement, ce qui est exceptionnellement faible par rapport à d'autres pays de la région (Lilian Saade, 2005). Une pratique très commune en Haïti est la revente de l'eau dans le voisinage. Il s'agit de ménages qui, disposant d'un raccordement à un réseau quelconque de distribution d'eau ou d'approvisionnement auprès de camions-citernes, revendent une partie de l'eau reçue aux voisins, à l'aide de tuyaux. Cette revente de voisinage compte pour environ 10 % de la dépense en eau des ménages de l'Aire Métropolitaine (IHSI, 2001).

En Haïti, il y a encore des endroits où les gens ne consomment même pas les 20 litres que l'OMS considère comme minimum. D'autre part, dans plusieurs cas encore, les individus sont obligés de se déplacer sur de longues distances pour obtenir de l'eau.

Malgré un certain effort pour donner accès à une plus grande partie de la population à des services de distribution, en raison de la croissance démographique, le nombre total d'habitants non desservis n'améliore pas beaucoup.

Les ménages non desservis par les réseaux doivent recourir à des moyens parallèles pour obtenir ces services qui, bien des fois, n'assurent pas un degré suffisant d'hygiène. En ce qui concerne l'approvisionnement en eau, plusieurs possibilités se présentent: prélèvements directs dans les eaux de surface, approvisionnement auprès de vendeurs (souvent dans le voisinage), eau mise en bouteille et raccordements illégaux. En effet, un phénomène qui s'est produit dans les dernières années est la multiplication de compagnies qui produisent de l'eau en bouteille. Certaines maisons possèdent un château d'eau, en particulier à Port-au-Prince. Ces réservoirs sont en général d'une capacité assez limitée. Souvent, les ménages concernés doivent aussi faire appel aux vendeurs d'eau pour satisfaire leurs besoins. Certains ménages des zones résidentielles de Port-au-Prince (une minorité) récupèrent aussi de l'eau de pluie.

La plus grande partie de la population en zone métropolitaine reçoit de l'eau d'une manière discontinue. Dans certaines zones, les habitants reçoivent de l'eau quotidiennement, mais dans la plupart des cas ils en reçoivent seulement deux fois par semaine et pendant quelques heures par jour. Selon Lilian Saade (2005), le manque de service est attribué

70

principalement: 1) aux pertes physiques (estimées à 60 %) associées à l'âge du système de distribution et au piquage d'eau, 2) aux interruptions de l'énergie, surtout dans le cas des puits et des pompes et 3) la pollution des sources d'eau (Saade, citant la US Army Corps of Engineers, 1999). En plus des lacunes de la desserte, le système est confronté à d'autres déficiences, souvent dues au manque d'entretien des infrastructures. Ainsi, la dégradation des réseaux provoque des pertes physiques importantes.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld