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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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4.3.- L'investissement en capital humain

L'investissement en capital humain est fondamental pour la réduction de la pauvreté. Des investissements en éducation, en santé, dans l'alimentation de la population, entre autres, contribuent à une force de travail productive, à l'amélioration des conditions de vie et favorisent des revenus per capita plus élevés.

Durant ces dernières années, le flux d'investissement en capital s'est révélé insuffisant pour satisfaire les besoins du pays en professionnels qualifiés et en bonne santé. Haïti comptait à la fin de 2003, selon les données officielles fournies par le MSPP85 , 2,37 médecins pour 10 000 habitants, 1,52 infirmières pour 10 000 habitants et 3,05 auxiliaires pour 10 000 habitants.

Dans le domaine de l'éducation, le coût représente des charges énormes pour les ménages. Le coût de l'école privée dont les frais d'inscription et d'écolage représentent près de 40 % du budget des familles pauvres86. L'éducation étant considéré de plus en plus comme un facteur qui accroit les chances de réussite par une certaine mobilité sociale, les parents sont

84 Idem

85 Idem

86 UNICEF/MENJS, Étude des coûts de l'éducation en Haïti, Juin 2006, p.6

91

parfois obligés de sacrifier leurs ressources pour permettre à leurs enfants d'aller à l'école. Cependant, dans le pire des cas, les ressources disponibles sont plutôt allouées à garantir la survie de la famille. L'accès à l'éducation de base a diminué de 7 % de 1998 à 200287. Cela est dû fondamentalement à la faiblesse de l'offre publique d'éducation et au renchérissement du coût de l'éducation.. Pour contourner le problème de manque de ressources financières, les familles se dirigent certaines fois vers des écoles « borlettes » où la qualité de la formation dispensée hypothèque l'avenir des enfants. Sur l'ensemble des écoles privées, seulement 8 % sont reconnues officiellement et sont habilitées à faire participer leurs élèves aux examens officiels88, selon les dernières données disponibles.

L'effort financier des parents en éducation est estimé à 124 dollars américains par an89. L'EBCM 1999-2000 estimait à 2415,1 gourdes par an le montant de la consommation des biens et services relatifs à l'éducation90.

Pour mieux cerner l'importance accordée à l'investissement en capital humain par l'État haïtien durant la période qui concerne cette étude, nous avons été amenés à explorer les budgets de la République sur cette période. Notre constat est que les budgets de fonctionnement des Ministères de l'Éducation Nationale et de la Santé Publique sont dans beaucoup de cas supérieurs au budget d'investissement. En général, les ressources publiques sont plutôt consacrées à faire fonctionner le système qui existait déjà avec peu de souci de satisfaire les nouvelles demandes.

En 1996, en particulier, 9,32 % du budget de la République (13,4 milliards de gourdes) a été consacrée à l'éducation, contre 10,52 % pour le secteur de la santé. Ce même budget a été reconduit sur 5 ans, c'est-à-dire jusqu'en 2001. Non seulement, les ressources n'ont pas été suffisantes, compte tenu de l'importance de ces secteurs, mais aussi la reconduction du budget a immobilisé la capacité de l'État en matière de santé et d'éducation, dans le contexte d'accroissement de la population.

87 Ibidem

88 Ibidem

89 Ibidem

90 Ibidem

92

Tableau # : Évolution des crédits alloués à l'éducation et à la santé par rapport au budget total de l'État (en millions de gourdes)

Année

MENJS

MSPP

Budget total

Fonct.

Inv.

Total

Fonct.

Inv.

Total

1980-1981

81,51

...

...

61,87

...

...

...

1981-1982

88,74

...

...

91,51

...

...

...

1982-1983

87,16

...

...

80,4

...

...

...

1983-1984

94,79

8

...

88

30

...

...

1984-1985

...

9,84

96,3

...

32,3

89,5

1240

1985-1986

...

...

98

...

...

89,5

1110

1986-1987

...

...

161,6

...

...

144

...

1987-1988

...

...

...

...

...

...

...

1988-1989

...

...

...

...

...

...

...

1989-1990

184

...

...

145

...

...

...

1990-1991

180

...

...

149

...

...

...

1991-1992

...

...

197

...

...

176

...

1992-1993

...

...

241

...

...

...

1830

1993-1994

...

...

241

...

...

...

1830

1994-1995

...

...

...

...

...

...

...

1995-1996

...

591

...

...

665

...

...

1996-1997

784

470

1250

440

975

1410

13400

1997-1998

784

470

1250

440

975

1410

13400

93

1998-1999

784

470

1250

440

975

1410

13400

1999-2000

784

470

1250

440

975

1410

13400

2000-2001

784

470

1250

440

975

1410

13400

2001-2002

1310

720

2030

685

492

1170

13270

2002-2003

1370

367,93

1,74

587,69

121,65

709

15330

2003-2004

1370

367,93

1740

587,69

121,65

709

15330

2004-2005

...

...

3030

...

871

 

21490

2005-2006

3030

773,85

3810

955,99

327,11

1280

37810

2006-2007

3800

1880

5690

1150

4280

5430

64560

Source : Ministère de l'Économie et des Finances

4.4.- Gestion du capital humain

Haïti vit depuis quelques années une accélération du phénomène de la fuite des cerveaux. Beaucoup de professionnels formés en Haïti sont partis s'établir définitivement en terre étrangère. Une bonne proportion d'entre eux se dirige vers le Canada. L'expatriation des ressources humaines qualifiées du pays, pour des raisons diverses, soumet Haïti à une véritable décapitalisation humaine. Alors que l'investissement en capital humain n'est même pas suffisant, le pays n'est pas non plus en mesure d'endiguer le flot de cette masse de gens qui laisse Haïti.

Un autre aspect de la question est la faiblesse de la capacité d'absorption des individus bien formés dont dispose le pays. Le chômage chronique n'épargne même les gens qui ont pu boucler un cycle d'études supérieures. Fort souvent, le départ pour l'étranger se présente comme une planche de salut pour de nombreux jeunes inquiets par rapport à leur avenir.

Un pays où les jeunes ne voient pas l'avenir avec optimisme met en péril automatiquement son futur. L'insertion des jeunes sur le marché du travail haïtien demeure un défi majeur pour cette société. Quand les jeunes n'ont pas l'impression que le système qui les a façonnés place confiance en eux, ce sera difficile pour eux d'exprimer une marque élevée de confiance envers cette société.

Un aspect courant dans les offres d'emploi publiées retient notre attention : l'expérience. Le nombre d'années d'expérience est généralement un paramètre déterminant

94

pour l'attribution d'un poste sur le marché du travail. Personne ne veut des inexpérimentés. Tout le monde veut avoir des gens déjà bien pétris dans la maîtrise de l'art. Le système éducatif haïtien, tel que nous le connaissons, aura évidemment du mal à alimenter ce marché. Dans les écoles et universités haïtiennes, les études de cas pratiques arrivent très loin dans l'ordre des priorités. De là naît une sorte d'inadéquation entre l'offre et la demande de travail.

Selon l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI), Haïti dispose de moins de 2 % d'individus ayant un niveau d'études supérieures. Comment comprendre que l'économie haïtienne ne soit pas en mesure d'absorber ces ressources humaines ? Une première considération que nous pouvons faire par rapport à la nature des besoins en travail. Comme dans toute économie, l'économie haïtienne a des secteurs en pleine expansion, alors que dans beaucoup d'autres, il y a très peu de dynamisme. Dans ce contexte, même des individus bien formés ne sont pas épargnés par le chômage, pour la seule raison de s'offrir à un marché qui n'a pas la structure nécessaire pour les accueillir. Mais là encore, il convient de formuler des réserves. Un spécialiste haïtien des sciences de l'environnement, par exemple, n'a pas tout à fait la garantie de pouvoir servir efficacement son pays, en dépit du niveau accéléré de la dégradation de notre milieu ambiant.

Une expérience récente réalisée dans le domaine de la formation technique en Haïti met en lumière l'incapacité du marché haïtien à utiliser rationnellement les ressources humaines dont il dispose. Il s'agit bien de la Haïti Tec, une école créée au début pour alimenter l'industrie locale en professionnels qualifiés. Les disciplines enseignées à cette école technique étaient choisies en fonction des besoins du marché haïtien, avait-on dit. Contrairement aux espérances, beaucoup de diplômés issus de cette école « modèle » n'arrivent pas à intégrer le marché du travail.

Sans des ressources humaines en qualité et quantité suffisantes, il est difficile pour un pays de briser le cercle vicieux de la pauvreté. Haïti n'en fait pas exception. Mais, tout dépend de l'utilisation qui va être faite de ces ressources.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand