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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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4.5.- Le marché du travail

Le marché du travail met en relation l'offre et la demande de travail. Cette confrontation aboutit à la formation d'un salaire et à la fixation d'un niveau d'emploi.

Tout comme la disponibilité de ressources humaines, l'accès à l'emploi est fondamental pour lutter contre la pauvreté. Il permet aux individus d'avoir un niveau de

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revenus pour se procurer un minimum de services de base, en complémentarité aux services fournis à la communauté sur une base collective. En Haïti, c'est plutôt le chômage qui prédomine.

La création d'emplois dans l'économie haïtienne suit une faible progression à travers le temps et progresse moins vite que la population en âge de travailler. En effet, une proportion croissante de la population active est soit au chômage soit obligé de se contenter d'emplois de faible productivité ou occasionnels dans l'économie informelle. De nombreuses études dont le rapport MIA (1997) cité par Fred Doura (2002), indique que sur les quelques 200 000 chefs de familles qui seront des demandeurs d'emplois au pays au début du XXIème siècle, 80 % devront être absorbés par le secteur agricole et par l'économie « citoyenne-informelle ». Ce rapport indique de plus que 60 à 80 % de la population sont en situation de chômage et de sous-emploi et 61 % vivent avec un revenu par personne inférieur à 100 $ américain l'an.

De 1986-1987 à 1999-2000, la structure de l'emploi dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince s'est modifiée. Les activités commerciales se sont répandues, représentant 41 % de l'emploi en 1999-2000 contre 31 % en 1986-1987. Parallèlement, la branche des industries manufacturières a connu un recul non négligeable, passant de 22,9 % à 16,2 % de l'ensemble des emplois91. De même, la branche des services à la collectivité et des services domestiques a connu une régression importante, passant de plus d'un tiers des actifs occupéss en 1986-1987 à moins d'un quart en 1999-200092.

Le taux brut d'activité (rapport entre les actifs occupés et chômeurs d'une part et la population totale d'autre part) dans l'ensemble du pays vaut 39 % en 1999-2000. Les différents milieux de résidence enregistrent des taux similaires à l'exception des villes de provinces où le taux brut s'élève à 32 %93. En prenant en compte l'age minimum de travail, dans la population, on détermine le taux net d'activité, qui est le rapport entre actifs occupés et chômeurs et la population en âge de travailler. On peut remarquer que le taux net d'activité de l'ensemble du pays a reculé de 1986-1987 à 1999-2000 en passant de 57,2 % à 54,2 %94.

91 EBCM 1999-2000, 126

92 Ibidem

93 Ibidem page 96

94 Ibidem page 98

Tableau # : Taux net d'activité suivant le milieu de résidence en %

Année

Aire

Autre aire

Rural

Ensemble du

 

Métropolitaine

urbain

 

pays

1986-1987

53.4

48.8

59.4

57.2

1999-2000

49.0

43.5

59.3

54.5

Source # : IHSI/EBCM 1999-2000

Graphe a mettre en annexe

Taux Net d'activite suivant le milieu de residence en

%

40

60

50

30

20

70

10

0

Aire

Métropolitaine

Autre aire urbain Rural Ensemble du

pays

1986-1987

1999-2000

96

Ces nombreux faits, additionnés à la crise économique occasionnée par le départ de Jean Claude Duvalier en 1986 et l'embargo économique en 1994 ne sont pas sans incidences sur la dynamique de régression dans laquelle l'économie perdure. Le marché du travail, surtout du côté de la demande est très disproportionné facilitant une accélération importante du poids du secteur informel. En effet, ce dernier est passé de 63 % en 1986 à environ 80 % en 1995 et à 85 % en 200195.

En Haïti, le marché du travail officiel demeure un privilège pour une minorité à cause de l'excédent relatif de l'offre de travail par rapport à la demande. En effet, le pays connaît des taux de chômage et de sous emploi très élevé de l'ordre respectivement de 70 %

95 Fred Doura 2002, pages 51, 52

97

et 80 %96. Moins de 10 % de la population active travaille dans l'économie officielle sur une population en âge de travailler de 65,3 %97.

L'offre de travail en milieu urbain dépend du taux moyen annuel de croissance démographique urbaine relativement élevé de 4,7 %98 et aussi d'importants mouvements migratoires du milieu rural et/ou des villes secondaires vers les grandes agglomérations urbaines, particulièrement vers Port-au-Prince. Ainsi, plus de 85 % de la population haïtienne dépend de l'économie informelle99.

En Haïti, la majorité de ceux qui travaillent, oeuvrent dans des activités surtout commerciales et le reste dans la production de biens et de services, autant dans les zones urbaines que rurales. Ils dépendent particulièrement du revenu quotidien afin de faire face à leurs dépenses de tous les jours. Le coût du travail est très bas et la main d'oeuvre est non qualifiée.

Le secteur officiel privé et l'administration publique de l'économie d'Haïti emploient environ 500 000 personnes100. Le nombre d'entreprises couvertes par l'Ofatma ( Office nationale d'assurance, Accidents du travail, maladie et Maternité) représentant toutes les branches d'activités de l'économie haïtienne est de 1687 pour un total de 50 935 emplois, dont 22 % dans les activités de fabrication101. La sous-traitance internationale emploie environ 19 418 personnes en 1998 et 18 753 en 1999, mais selon les données de la direction de la SONAPI (octobre 2000), il n'y a que 12 000 travailleurs dans le secteur102. Ceci traduit un recul de l'emploi dans la sous-traitance internationale de près de 36 % en une année.

L'économie informelle se caractérise par le fait que plus de 3 millions de citoyens actifs y sont engagés. Le ratio économie informelle/ économie formelle représente 6,2 à 1103. C'est dire que pour chaque actif du secteur officiel de l'économie haïtienne, il y en aurait 6,2 citoyens qui travaillent dans l'économie informelle.

Dans l'économie informelle, coexistent plusieurs types de travailleurs. On distingue en effet les patrons qui sont généralement le propriétaire d'une petite entreprise ; les membres de la famille ou aides familiaux ; les apprentis qui sont censés recevoir une

96 Ibidem

97 Ibidem

98CCI Haiti Groupe Thématique « Bidonvilles et Déchets Urbains » Rapport Final révision 22 juin 2004

99 Ibidem page 53

100 PNUD, 1995 cité par Fred Doura, 2002

101 BRH 1999

102 Fred Doura 2002 page 54

103 John Currelly, BM, 1998, cité par Fred Doura 2002, p. 54

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formation du patron, mais leur rémunération, quand elle existe, est souvent très faible. Finalement, il y a les salariés qui reçoivent habituellement un salaire très faible et qui sont payés généralement à la tâche ou à la journée.

L'économie informelle assure également des emplois aux travailleurs migrants qui ont quitté les zones rurales et qui n'ont pas pu trouver un emploi dans l'économie officielle. Les femmes sont nombreuses dans cette économie, principalement dans le commerce, mais aussi dans le marché du travail des employés domestiques.

Il convient également de distinguer le salaire minimum du salaire réel. Bien que le salaire nominal minimum a connu une faible augmentation, le salaire réel en Haïti a diminué de 67 % entre octobre 1984 et mai 1985104. Le salaire minimum est fixé à 36 gourdes en juin 1995 (2,2 $ EU) par jour. Il s'est détérioré en terme réel d'environ 12 % en 1998 par rapport à 1997 n'ayant représenté que 63,4 % de son pouvoir d'achat en 1995, mais en 1999 il a encore perdu 8,1% de son pouvoir d'achat.105 Au début des années 2000, le salaire minimum a été fixé à 70 gourdes par le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide.

Le salaire minimum en Haïti fait partie des plus faibles de la région Amériques et Caraïbes. Son pouvoir d'achat est réduit de 51,7 % en 2000 pour ne représenter que 41, 4% de sa valeur de 1995. D'un autre côté, l'afflux des travailleurs des campagnes vers les villes surtout vers la capitale tend à faire chuter la rémunération déjà très basse et enfoncer davantage la population dans la pauvreté.

Donc, le chômage touche toutes les tranches d'age en Haïti. Mais, il est encore plus exacerbé chez les jeunes Haïtiens. Le poids des inactifs sur les actifs est considérable. Les statistiques font état d'un taux de dépendance des inactifs par rapport aux actifs de 1815 %o (référence). L'accès à un emploi salarié est fondamental pour permettre aux ménages d'avoir accès à un certain revenu. En raison de la faiblesse ou de l'absence de revenus, les ménages consacrent leurs maigres ressources à des dépenses en alimentation. Par conséquent, il leur devient difficile de trouver des ressources suffisantes pour envoyer leurs enfants à l'école et pour avoir accès aux soins de santé. Donc, le chômage enfonce davantage les ménages dans la pauvreté.

Puisque les ressources dont disposent les ménages sont faibles, et en raison de l'absence d'un système de protection sociale, la charge à supporter devient plus lourde pour

104 Fred Doura 2002, p. 56

105 Ibidem

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les familles plus nombreuses, par rapport à d'autres moins nombreuses et ayant le même niveau de revenu que les premières.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus