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Les incidences de la croissance démographique sur le niveau de pauvreté en Haà¯ti (période 1980-2003)


par Joseph Junior Guerrier
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplome d'Etudes Supérieures en Economie 2004
  

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4.6.- Les pressions environnementales

Le taux de fertilité élevé crée des conditions favorables à l'expansion de la pauvreté en Haïti. Il met à mal la promotion de l'investissement dans les ressources humaines, surtout dans un État où les ressources publiques sont limitées. Pour garantir leur survie, les individus dans ce contexte adoptent des comportements qui mettent à mal l'équilibre de l'écosystème.

En effet, les pressions démographiques poussent à la culture intense des terres et accélèrent la déforestation et l'érosion du sol, ce qui conduit finalement au déclin de la production agricole. Durant l'année 2005, Haïti a connu des inondations majeures qui ont montré du même coup l'ampleur de la dégradation de l'environnement. En 2003, le bois et le charbon représentaient les principales sources d'énergie utilisée pour la cuisson. En milieu urbain, c'est le charbon de bois qui est prédominant (68,5 % des ménages) tandis qu'en milieu rural, c'est le bois/paille qui est le plus utilisé (90,9 % des ménages) (Référence). Le recours systématique au bois et au charbon pour la cuisson met à rude épreuve les efforts visant à protéger les quelques arbres qu'il reste encore dans le pays. Selon les dernières estimations, la couverture végétale d'Haïti est estimée à environ 1 %.

Les problèmes écologiques en Haïti concernent tous les Haïtiens car chaque activité réalisée par un individu peut laisser directement ou indirectement des résidus ou des déchets. La situation environnementale est très préoccupante en Haïti, d'autant que la dégradation atteint toutes les régions du pays et qu'elle ne fait que s'accélérer. Le bilan écologique du pays fait ressortir un certain niveau de surexploitation des ressources naturelles sans souci de l'aménagement de l'espace et du renouvellement de ces ressources. Résultant de la non réglementation des cultures, l'archaïsme des méthodes de production et l'utilisation impropre de certaines terres montagneuses à des fins agricoles, facilitent l'érosion et la perte quotidienne de volume considérable de terres arables. Les ressources forestières et minières sont mal exploitées et continuellement sur-utilisees.. Plus de 2/3 des bassins hydrographiques du territoire sont sans protection végétale et les réserves d'eau sont de plus en plus mises à contribution pour répondre aux besoins de la population106.

106 Secrétairerie d'État à la population, Politique nationale de population, Juillet 2000, p. 9

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Si la dégradation de l'environnement semble si criante en Haïti, c'est non seulement en raison de son étendue mais aussi parce qu'elle menace directement la vie et la santé de l'ensemble de la population.

En Haïti, du point de vue couverture forestière, la situation est catastrophique car le pays avait un taux annuel de déforestation de 1980 à 1990 de 4,3 % et de 1990 à 1995 de 3,5 %107. Cette dégradation atteignait déjà un point alarmant en 1982 avec une couverture forestière de 3,6 % pour arriver au chiffre crucial de 1,5 % en 2000108. Cette situation s'explique par le fait que le taux de croissance démographique de 2,5 % annuellement exerce des impacts négatifs sévères sur le milieu naturel. En effet, en l'absence de sources d'énergie alternative, les cultivateurs recourent à l'abattage systématique et au brulis pour défricher le sol à des fins agricoles. Ils coupent les arbres pour fabriquer du charbon, engendrant ainsi l'augmentation de l'intensité du travail sur la terre, ce qui induit l'érosion du sol à grande échelle.

D'un autre coté, l'accès à l'eau potable et l'évacuation des déchets sont considérées partout au niveau mondial comme des besoins essentiels de toute société. Beaucoup de problèmes environnementaux et de santé que connaît Haïti sont dû à l'insuffisance de l'approvisionnement de la population en eau potable et à l'évacuation de déchets.

Un problème environnemental que le pays doit également affronter à très court terme, et qui s'aggrave de jour en jour à cause de l'accroissement naturel relativement élevé, est celui de l'évacuation des excréments humains. Ce problème se pose avec acuité par la quasi-totalité de la population haïtienne, à cause de son implication économique par son influence sur la santé. En effet, près de 72 % de la population haïtienne n'ont pas accès à des équipements sanitaires approprié et utilisent notamment la nature, les champs en friches ou les latrines non équipées de fosses septiques109. Dans l'agglomération de Port-au-Prince, on estime que plus de 70 % de la population défèquent dans la nature à ciel ouvert110.

La situation d'insalubrité généralisée compte parmi les principales causes de morbidité et de mortalité en Haïti. Il est à noter que l'augmentation continue de la population aggrave encore plus le problème d'élimination des déchets tels que les ordures ménagères, les affluents des égouts et les déchets industriels.

107 PNUD, 1999, cité par Fred Doura, 2002, p. 145 108BM, 2000, citée par Fred Doura, 2002, p. 161.

109 PNUD, 2001 cité par Fred Doura, 2002 p. 151.

110 BM, 1998, citée par Fred Doura, 2002, p. 151.

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Dans la région métropolitaine de Port-au-Prince qui connaît un problème aigu d'insalubrité, chaque citoyen produisait au début des années 2000 183 kilos de déchets domestiques par an. Ce qui représente pour une population estimée à 2,5 million d'habitants un total de 457 000 tonnes de déchets par an, soit 1250 tonnes de déchets qui doivent être ramassées quotidiennement111. On estime que 80 % de ces déchets proviennent des ménages, 10 % des marchés et 10% des entreprises industrielles et commerciales112. Faute d'une politique systématique de ramassage quotidien, il s'accumule des montagnes de déchets dans la région de Port-au-Prince. Les déchets qui ne sont pas ramassés - même aussi un bon pourcentage des déchets ramassés - sont jetés dans l'environnement, soit dans les rues ou les ravins, soit dans la mer, ou ils sont brûlés, ou ils sont utilisés comme remblai.

Beaucoup de quartiers ne bénéficient d'aucun ramassage des déchets solides. Selon un rapport de CHF (Cooperative Housing Foundation), le ramassage des déchets solides dans certaines villes de province est marqué par des insuffisances semblables à celles de la région métropolitaine de Port-au-Prince. La situation en 1996 au Cap-Haïtien113 sert à décrire la situation actuelle dans d'autres villes provinciales dans le pays: « seule une maigre portion des déchets était effectivement ramassée et menée jusqu'à une zone centrale d'élimination. Le reste des déchets était jeté à la mer, dans les rivières ou les canaux de drainage, ou donné en nourriture aux animaux, ou encore brûlés, ou utilisés comme remblai dans les zones basses".

Sur le plan micro, le mode de tenure des terres et les pratiques agricoles archaïques, peuvent également être considérés comme causes de la dégradation de l'environnement.. En effet, les cultivateurs pratiquent habituellement la culture sur brûlis, et cette pratique a détruit ou a gravement endommagé près de 80 % de la forêt primaire, et à conduit à un appauvrissement de la biodiversité, à l'érosion des sols et à la détérioration des bassins hydrographiques114. La croissance démographique d'Haïti a exacerbé la pression de la population sur le milieu ambiant qui lui donne vie et constitue une cause majeure de la dégradation environnementale.

111 Fred Doura, 2002, page 151

112 Holly 1999, 29, cite par Fred Doura, 2002

113 CHF, Développement et Opération de Décharge Publique au Cap-Haïtien, CHF, décembre 1996

114 Fred Doura 2002, p. 64

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En l'absence de politiques cohérentes pour assurer la protection de l'environnement, le rythme de croissance de la population conduira à une accélération de la dégradation de l'écosystème haïtien.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci