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Approche des droits sociaux en Haiti au regard de la constitution haitienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1987 à  nos jours.


par Carnes BELLE-VIL
Université d'état d'Haiti /Ecole de droit de Jacmel - Licence de droit 2019
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI

UEH

ECOLE DE DROIT DE JACMEL(EDJ?

Mémoire de fin d'études pour l'obtention du grade de licencié en Droit

SUJET : Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

PREPARÉ ET SOUTENU PAR : Carnes BELLE-VIL

SOUS LA DIRECTION DU PROFESSEUR : Hervé P. ALCINDOR

Promotion : EQUITAS PROMO (2013-2017)

AVRIL 2019

DEDICACES

Ce mémoire de fin d'étude est dédié :

- Au Créateur de l'Univers, qui a accompli en Christ-Jésus, son plan parfait dans ma vie, de sorte que, même devant les ennemis et combats redoutables, Il me permet de cheminer vers la réalisation de mon rêve ;

- A la mémoire de mon père Felique BELLE-VIL et à ma mère Fernande GABRIEL qui ont guidé les premiers pas de ma vie.

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

-A mes frères et soeurs.

-A mes camarades de promotion (equitas promo) à l'école de droit de Jacmel. -Aux responsables de l'école de droits de Jacmel et au corps professoral

-Aux personnes vulnérables du pays qui essaient de survivre malgré leurs situations alarmantes.

REMERCIEMENTS

Dans le cadre de ce travail de recherche, les remerciements constituent pour nous un acte, voire un devoir de reconnaissance envers ceux et celles qui ont contribué à sa réalisation, soit par un encouragement ou à une incitation à produire, soit par un apport à la documentation ou à la compilation des données.

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 12

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Loin de constituer une dynamique d'ingratitude, nous sommes obligés d'avouer que tout le monde ne pourra pas être nommément cité et remercié. Cependant, qu'il nous soit permis d'adresser de singuliers et solennels remerciements au Professeur Hervé Placide ALCINDOR, notre Directeur de mémoire, qui a accepté de nous encadrer dans ce périple Scientifique. Il nous a gratifiés de son précieux temps. Il a lu, relu, corrigé et recorrigé le travail avec nous.

Nous le remercions vivement de cet accompagnement au combien utile, sans lequel nous ne pourrions pas réaliser ce travail intellectuel sur les approches des droits sociaux en Haïti sous les regards bienveillants de la constitution en vigueur dans le pays.

SOMMAIRE

INTRODUCTION PREMIER PARTIE

Regard sur la situation des droits sociaux en Haïti

CHAPITRE I

Les droits de l'homme : un instrument de modernisation des sociétés fondé sur la liberté et la dignité humaine.

Section I

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 13

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Evolution historique des droits de l'homme dans le monde.

Section II

Des différentes doctrines et conceptions modernes des droits de l'homme

CHAPITRE II

Généralités et caractéristiques des droits sociaux en Haïti.

Section I

Exigences des sociétés démocratiques en matière de Droits de l'Homme particulièrement

des Droits sociaux.

Section II

Etats des lieux sur la situation des droits sociaux en Haïti.

DEUXIEME PARTIE

Les mécanismes nationaux et internationaux de protection des droits sociaux et des limitations des abus de pouvoirs dans divers domaines.

CHAPITRE III

Consécrations normatives et institutionnelles en matière de protection des droits sociaux au niveau national et international.

Section I

Cadre légal de protection des droits sociaux.

Section II

Des institutions protectrices et garantes des droits sociaux en Haïti.

CHAPITRE IV

Entraves socio-juridiques à l'exercice légal des droits sociaux en Haïti.

Section I

Causes et conséquences des violations continues des droits sociaux en Haïti.

Section II

Conditions nécessaires pour la réalisation et le respect effectif des droits sociaux dans le pays.

CONCLUSION

SIGLES ET ABREVIATIONS

PIDSC : Pacte International relatif aux Droits Sociaux et Economiques PIDCP : Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement HCDH : Haut-commissariat aux Droits de l'Homme

EPU : Examen Périodique Universel

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

CDH : Conseil des Droits de l'Homme

OPC : Office de la protection du citoyen

MSPP : Ministère de la santé public et de la population

PUF : Presses Universitaires de France

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

ONU : Organisation des Nations Unies

OIT : Organisation Internationale du Travail

DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

DESC : Droits Economiques, Sociaux et Culturels

EPU : Examen Périodique Universel

ONG : Organisations Non Gouvernementales

OEA : Organisation des Etats Américains

Ed. : Edition

Op. Cit : opere citato (Ouvrage déjà cité)

Id. : idem (de même)

AG : Assemblée Générale

Art. Cit : Article déjà cité

GLOSSAIRE

Dans un souci de clarification, il nous convient de définir certains termes utilisés dans le cadre de ce travail de recherche académique pour les fins de notre analyse.

1. Droits humains

Les droits humains constituent un cadre commun de valeurs et de normes universellement reconnues et établissent l'obligation qui revient aux États d'agir d'une certaine manière ou de renoncer à certains actes. Il s'agit d'un instrument important pour amener les États, et de plus en plus les

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acteurs non étatiques, à répondre des violations des droits ainsi que pour mobiliser les efforts collectifs visant le développement de communautés et de structures mondiales favorables à la justice économique, au bien-être sociale, à la participation et à l'égalité. Les droits humains sont universels, inaliénables, interdépendants et indivis

2. Droit au développement

La Déclaration sur le droit au développement a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1986. Son article 1, alinéa 1, énonce ceci : « Le droit au développement est un droit inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel et politique [...] et de bénéficier de ce développement. » Lors de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme tenue à Vienne en 1993, le droit au développement a été adopté à l'unanimité. Il l'a toutefois été dans le cadre d'une déclaration, ce qui ne crée pas d'obligation juridique.

3. Droit à l'eau

L'eau est une ressource vitale et l'accès à l'eau potable et à des installations sanitaires de base est indispensable à la vie, à la santé et à la dignité humaine. Bien que le droit à l'eau ne soit pas expressément reconnu comme un droit de l'homme, l'accès à l'eau potable et à des installations sanitaires de base constitue la condition pour exercer d'autres droits. Diverses conventions internationales confèrent dès lors des obligations correspondantes aux Etats. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes contraint ainsi les Etats parties à assurer aux femmes « le droit de bénéficier de conditions de vie convenables, notamment en ce qui concerne le logement, l'assainissement, l'approvisionnement en électricité et en eau [...] ».

4. Droit au minimum vital

Ce droit a pour objectif de couvrir les besoins matériels essentiels de tout être humain, comme le droit à l'alimentation, à l'habillement, au logement et aux soins médicaux de base. Il s'agit d'une condition indispensable sans laquelle un être humain ne pourrait pas exercer ses autres droits, notamment le droit à la vie. L'art. 25 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et l'art. 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant

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5. Droit à la vie

Le droit à la vie est le droit de l'homme suprême et le plus fondamental. Il est la condition préalable à l'exercice de tous les autres droits de l'homme. Le droit à la vie est protégé en droit international par un ensemble de garanties variées. Ainsi, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipule que le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Il impose aux Etats de protéger ce droit dans la loi. Bien que le droit à la vie doive être respecté même dans les situations d'urgence (dérogation, limitation des droits de l'homme), le droit international connaît des exceptions à l'interdiction de tuer. L'exécution d'une peine capitale suite à un procès équitable ne contrevient dès lors pas au droit à la vie. La Suisse milite pour l'abolition de la peine de mort dans le monde entier.

6. Droit au logement

Tout le monde a le droit au logement. Un logement suffisant, en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant, est essentiel à l'exercice de tous les droits économiques, sociaux et culturels. Il ne devrait pas être interprété comme se limitant à un simple abri. Les États devraient plutôt promouvoir la mise en place de cadres nationaux appropriés pour la réalisation de ce droit, notamment en parant aux menaces immédiates pesant sur le logement, en adoptant des politiques et des pratiques visant à répondre aux besoins à long terme de populations qui changent en matière de logement et en règlementant l'offre de logements du secteur privé

7. Droit à l'éducation

Tout le monde a le droit à l'éducation. L'éducation vise, entre autres, à assurer le plein épanouissement et la dignité de chaque personne, à permettre une participation utile à la société et à renforcer le respect des droits humains. L'éducation est importante en soi et est aussi souvent appelée un droit "multiplicateur", compte tenu que le degré d'accès à l'éducation a une incidence sur le niveau d'exercice d'autres droits humains.

Le droit à l'éducation comporte des exigences précises à différents niveaux d'enseignement. L'enseignement primaire doit être obligatoire et gratuit pour tous, ce qui suppose de prendre en compte les coûts directs et indirects liés à l'éducation. La nature obligatoire de l'enseignement

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primaire empêche les parents ou les gouvernements de porter atteinte à ce droit, élimine la discrimination économique et fait disparaître les incitations au décrochage. Les États devraient élaborer un cadre national permettant de développer et d'améliorer progressivement le système éducatif et d'instaurer successivement la gratuité scolaire à tous les autres niveaux d'enseignement, notamment secondaire, supérieur et de base.

8. Droit à la santé

Tout le monde a le droit à la santé. Ce droit concerne à la fois le droit qu'ont les personnes de bénéficier d'un certain niveau de santé et de soins de santé et l'obligation qui incombe à l'État d'assurer un certain niveau de santé publique à la communauté en général.

L'Organisation mondiale de la santé définit le droit à la santé comme étant « un état de complet de bien-être physique, mental et social, et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Les États doivent garantir tant les libertés que les droits. Parmi les libertés se trouvent le droit de contrôler sa santé et son corps, ce qui comprend la liberté sexuelle et génésique, et le droit à l'intégrité, par exemple, le droit de ne pas être soumis à la torture et de ne pas être soumis sans son consentement à un traitement ou une expérience médicale. Les droits comprennent le droit d'accès à des établissements et à des soins de santé adéquats, ainsi que l'adoption par l'État de mesures appropriées concernant les déterminants socio-économiques de la santé, tels que l'alimentation, l'eau et l'assainissement, la sécurité et l'hygiène au travail, le logement et la pauvreté.

Le droit à la santé est étroitement lié à de nombreux autres droits humains, dont le droit à l'alimentation, à l'eau, au logement, au travail, à l'éducation, à la vie, à la non discrimination, au respect de la vie privée, l'accès à l'information, l'interdiction de la torture, entre autres.

9. Droit à l'alimentation

Tout le monde a le droit à l'alimentation. Le droit à l'alimentation est essentiel à une vie digne et fondamentale pour la réalisation de plusieurs autres droits, dont le droit à la santé et à l'éducation. L'alimentation est importante non seulement pour la survie, mais aussi pour le plein développement des capacités physiques et mentales de chacun.

Les États sont tenus d'adopter, individuellement et au moyen de la coopération internationale, différentes mesures de production, de conservation et de distribution des aliments de façon à ce que

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tout le monde ait accès à une nourriture suffisante pour être à l'abri de la faim et de la malnutrition. Pour la réalisation du droit à l'alimentation, il faut aussi prêter attention à des concepts comme la sécurité alimentaire (la durabilité de l'accès à l'alimentation pour les générations présentes et futures) et la souveraineté alimentaire (le droit des peuples à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles). Le droit à l'alimentation ne se limite pas simplement à avoir un certain nombre de calories et les nutriments nécessaires dans son alimentation ; il suppose que toute personne ait physiquement et économiquement accès, à tout moment, à une nourriture suffisante ou aux moyens de se la procurer.

10. Droit à la sécurité sociale

Tout le monde a le droit à la sécurité sociale. En assurant des services de protection ou d'aide sociale, les États doivent garantir la protection de toute la population, en particulier des membres les plus vulnérables de la société, en cas de chômage, de maternité, de maladie, de handicap, de vieillesse ou autres circonstances du même genre. Les États doivent assurer progressivement la réalisation du droit à la sécurité sociale en offrant une protection, en espèces ou en nature, qui permette aux personnes et aux familles de bénéficier au moins de soins de santé essentiels, d'un hébergement et d'un logement de base, de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, de denrées alimentaires et des formes les plus élémentaires d'enseignement.

En raison de son effet ré-distributif, le droit à la sécurité sociale est un facteur important de l'insertion et de la cohésion sociale et de la réduction de la pauvreté. La sécurité sociale doit être offerte sans discrimination, quoique les moyens de financer et d'assurer la sécurité sociale varient d'un État à l'autre.

11. Droit au travail

Tout le monde a le droit au travail. Le droit au travail est à la base de la réalisation d'autres droits humains et d'une vie digne. Il comprend la possibilité de gagner sa vie par un travail librement choisi ou accepté. Pour assurer la réalisation progressive de ce droit, les États sont tenus d'assurer l'accès à l'orientation et à la formation technique et professionnelle et prendre les mesures nécessaires pour instaurer un environnement propice à la création d'emplois productifs. Les États doivent garantir la non-discrimination dans tous les aspects du travail. Le travail forcé est interdit en vertu du droit international.

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12. Déclaration universelle des droits de l'homme

La Déclaration universelle des droits de l'homme a été adoptée le 10 décembre 1948 par l'Assemblée générale des Nations Unies. Premier document international traitant de ce sujet, elle énonce en quelque sorte le « programme général en matière de droits de l'homme ». Elle pose les bases des droits civils et politiques (Pacte international relatif aux droits civils et politiques) ainsi que des droits économiques, sociaux et culturels (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels).

13. Droits civils et politiques

Les droits civils et politiques sont définis dans le pacte du même nom, qui a été conclu en 1966 et est entré en vigueur pour Haïti le 7 janvier 1991. Ces droits jouissent en principe d'une application directe, c'est-à-dire que l'Etat n'a pas besoin de prendre des mesures pour les mettre en oeuvre. Du point de vue historique, les droits civils et politiques sont les premiers droits introduits dans la Constitution des Etats occidentaux. Voilà pourquoi on les appelle aussi droits de la première génération. Ils comprennent notamment le droit à la vie et à la sécurité, le droit à ne pas être soumis à la torture, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, le droit à la liberté d'expression ainsi que le droit d'association.

14. Droits économiques, sociaux et culturels

Les droits économiques, sociaux et culturels sont inscrits dans le Pacte international du même nom datant de 1966, qui est entré en vigueur pour Haïti le 27 juillet 2012. On accorde souvent à ces droits une valeur moins contraignante parce que, contrairement aux droits civils et politiques, ils ne sont pas suffisamment concrets pour être justiciables, c'est-à-dire qu'il est difficile de les invoquer en justice. Les Etats sont néanmoins tenus de garantir ces droits à tous et de conduire une politique active en faveur de leur mise en oeuvre (dimension programmatrice). Les droits économiques, sociaux et culturels sont les droits de l'homme qui offrent actuellement le potentiel de développement le plus important.

15. Gouvernance

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Les droits de l'homme sont étroitement liés aux conditions juridiques et politiques qui règnent dans un Etat. C'est ce que l'on appelle la « gouvernance », qui comporte notamment les éléments suivants

:

Les décisions politiques sont prises au cours de processus transparents et participatifs et dans un souci d'utilisation efficace des ressources publiques.

Les responsabilités sont partagées de manière claire (obligation de rendre des comptes) et les tâches de l'Etat sont assumées de manière intègre.

Les services publics sont efficaces et tiennent compte des besoins des catégories de la population marginalisées.

Le système juridique est accessible, professionnel, indépendant et conforme aux principes de l'Etat de droit ; il permet le développement d'une économie de marché et définit les responsabilités des acteurs privés et des acteurs publics.

Une opinion publique critique exerce un contrôle politique.

Tous ces domaines de la gouvernance ont un lien avec les droits de l'homme.

Les droits civils et politiques constituent par exemple le fondement de l'Etat de droit, car ils sont indispensables pour que les processus de décision soient transparents et participatifs et pour qu'une opinion publique pluraliste puisse contrôler la conduite de l'Etat. Aujourd'hui, les droits de l'homme sont à la fois le but et l'instrument d'une coopération au développement efficace. Les conventions relatives aux droits de l'homme sont légitimées en ceci qu'elles constituent le fondement contraignant et librement accepté de l'action des pays donateurs et des pays bénéficiaires pour améliorer les conditions politiques et juridiques et pour lutter contre la pauvreté.

16. Pauvreté

Les deux tiers de la population mondiale vivent dans la pauvreté. Ils sont privés de droits de l'homme fondamentaux tels que le droit à l'alimentation, à l'eau, à la santé et à l'éducation, mais aussi du droit de participer à la vie politique et de l'égalité des droits. Plus d'un milliard de personnes doivent survivre avec moins d'un dollar par jour. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un enfant sur cinq dans le monde ne termine même pas l'école primaire. Près de 800 millions de personnes, soit 15 % de la population mondiale, souffrent de famine chronique.

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 21

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La pauvreté n'est pas uniquement due à un manque de revenus. C'est aussi la conséquence des discriminations subies par les personnes concernées, qui sont largement exclues de la vie économique, sociale et politique.

Les instruments de protection des droits de l'homme servent aussi à lutter contre la pauvreté. L'interdiction de la discrimination ainsi que les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels (pacte international) constituent un cadre de référence international bien établi. Les Etats sont tenus de protéger leurs citoyennes et leurs citoyens des abus de pouvoir et de permettre aux catégories défavorisées de la population d'accéder au marché, aux services, aux ressources publiques et au pouvoir politique.

17. Le Conseil des droits de l'homme

Le Conseil des droits de l'homme est un organe intergouvernemental du système des Nations Unies, composé de 47 états qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme autour du globe. Le Conseil a été créé par l'Assemblée générale de l'ONU, le 15 mars 2006, avec le but principal d'aborder des situations de violations de droits de l'homme et d'émettre des recommandations à leur encontre.

18. Examen périodique universel

L'examen périodique universel (EPU) est un nouveau mécanisme créé par la résolution 60/251 de l'Assemblée générale [mars 2006], qui a mis en place le Conseil des droits de l'Homme.

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 22

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Introduction

01-Justification

De partout en Haïti, un seul cri : « le peuple a trop souffert ». Dans ces conditions, à qui s'adresser ? Comment poser le problème ? Qu'est ce qui doit être résolu à la base ? Notre qualité d'étudiant nous conduit à nous jeter dans la mêlée.

Ainsi les difficultés confrontées par les droits humains dans le cadre des réalités politiques et sociales haïtiennes nous retiennent l'attention. Le système politico-social haïtien est à refaire indiquent les réalités en touchant profondément à l'application parfaite des droits humains en Haïti. Et c'est l'intérêt de notre thème de recherche : « Approche des Droits Sociaux en Haïti au regard de la constitution Haïtienne de 1987 et des conventions Internationales et leurs applications effectives de 1988 a nos jours »

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 23

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Les droits de l'homme sont le fondement de la liberté, de la justice, de la paix et de la sécurité dont le respect absolu permet à l'homme de se développer. Dans tout Etat démocratique*l'Etat en est le principal garant. Son devoir est de garantir les droits de tous ses citoyens et leur permet de vivre dans la dignité. C'est ainsi que les droits de l'homme demeure le pivot de toutes les constitutions du monde. Aussi la constitution haïtienne de 1987 ne s'en est-elle pas servie pour sa ligne directrice ? Quoiqu'il en soit, ces droits réputés fondamentaux, inaliénables, imprescriptibles sont tour à tour violés pour une raison ou pour une autre, dans un sens ou dans un autre par nos dirigeants haïtiens. Dans ces conditions, qu'est-ce qui doit être fait? Qu'elles doivent-être nos réflexions, nos pensées, nos suggestions pour une amélioration certaine de la situation ?

D'une manière générale, Les droits de l'homme apparaissent comme « un ensemble de droits objectifs et subjectifs fondamentaux qui appartiennent à tous les individus en tant qu'êtres humains et qui s'imposent aux autorités publiques dans la mesure où celles-ci sont tenues, non seulement de les respecter mais aussi d'en d'assurer leur jouissant effective par des dispositions adéquates1 ». Ils sont reconnus par le droit interne et par le droit international. Ils sont considérés comme une raison d'imposer à autrui et à l'Etat, l'obligation de les respecter et de les faire respecter. Ils se distinguent non seulement d'autres modes de protection des intérêts de la personne humaine, mais aussi d'autres catégories de droit.

Le concept droit de l'homme reconnait que « tout être humain peut se prévaloir de ses droits fondamentaux, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou autres, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation »2.

Les droits de l'homme sont la reconnaissance universelle de la dignité inaliénable de la personne humaine, sans discrimination, sans inégalité, sans distinction aucune, comme l'indique l'article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (DUDH) : « tous les êtres humains naissent libre et égaux en dignité et en droits... ». Il faut préciser que l'association des termes liberté et égalité confère un caractère imprescriptible et sacré à l'ensemble des dispositions de la DUDH, qu'il s'agisse de celle de la première ou de la deuxième génération en ce sens que les droits de l'homme constituent un tout indissociable dans leur application. Dans la foulée on est arrivé

1 PHILIPPE, G., L'esprit des droits de l'homme, Ed., DALLOZ, Paris, 2007, p.140.

2 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948-DUDH art.2.

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 24

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

plus tard soit 18 ans après, à la création de deux pactes, le pacte international de 1966 relatif aux droits civils et politiques, et le pacte international de 1966 relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. A cette dernière catégorie qui rassemble l'ensemble des droits de la deuxième génération des droits de l'homme, nous devons noter que l'Etat haïtien s'est engagé à respecter les obligations édictées à travers ce dit pacte (PIDESC)* depuis qu'il l'a inscrit dans sa législation suite à sa ratification le 31 janvier 2012 par le Parlement haïtien (art 276-2 constitution Haïtienne)3.

En effet, la constitution haïtienne du 29 mars 1987 « amendée » est un relais à la déclaration des droits de l'homme et des instruments de droits internationaux auxquels Haïti est partie. Elle postule l'établissement d'une société de droit qui prend en compte les droits du citoyen haïtien à tous les points de vue, les garanties sociales et économiques en vue de son bien être, son bonheur.

Ainsi, la dite constitution est l'avant-garde d'un projet de société garant des droits clairement définis à travers son préambule. Le peuple haïtien proclame cette constitution.... « Pour garantir ses droits inaliénables et imprescriptibles à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur ; conformément à son acte d'indépendance de 1804 et à la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 » [...] « Pour constituer une nation haïtienne socialement juste, économiquement libre et politiquement indépendante », etc. Aussi la constitution haïtienne (art 276-2) consacre dans ses lignes les obligations générales (obligations de comportements et obligations de résultats) du dit pacte dont l'article 2 est le noeud central. Selon ce dit article, l'Etat haïtien s'est engagé à garantir que les droits considérés seront exercés sans inégalités, sans discrimination.

Comme de fait l'état haïtien s'engage à prendre et à adopter tous les moyens et toutes les mesures généralement quelconques ayant un caractère concret pour la réalisation des obligations reconnues dans le pacte. Cependant, l'évidence des faits de nos jours en Haïti nous invite à réfléchir sur les difficultés d'application et/ou le non-respect des valeurs prônées a travers la DUDH dont la constitution a fait son leitmotiv et notamment les obligations insérées dans le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a cote d'une réalité sociale et économique dégradante.

La ratification du pacte international de 1966 n'a permis malheureusement jusque-là de faire la différence autour des conditions sociales et économiques lamentables dans lesquelles se trouve une

3 Consttuton haïtenne de 1987 ; Art 276-2 : les traités, ou accords internatonaux, une fois sanctonnés et ratiés dans les formes prévues par la consttuton, font parte de la législaton du pays et abrogent toutes les lois qui leur sont contraires.

Rédigé et soutenu par Carnes Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 25

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Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

bonne partie de la population haïtienne ; entre ce qui est dit et ce qui se fait il y a bien tout un fossé. Or l'article 19 de notre constitution parle du droit à la vie, qui s'étend du respect de la dignité du citoyen haïtien à celui d'un mode de vie décent. Ceci ne peut être effectif que par la garantie des droits de l'homme concourant à l'amélioration de ses conditions de vie dans la pratique. Ceci dit, la banalisation des droits économiques et sociaux dans ce pays constitue l'une des marques de la violation systématique des droits de l'homme en Haïti et également l'un des obstacles au développement du pays.

Les droits de l'homme sont au coeur des préoccupations politiques contemporaines, qu'ils soient l'objet d'une revendication, notamment contre les régimes qui les bafouent, ou d'une relative satisfaction quant à leur extension, dans le monde et dans chacune des sociétés où les individus de plus en plus nombreux s'en réclament notamment en Haïti.

Il faut souligner aussi que La lutte pour la dignité humaine se fonde aujourd'hui de plus en plus sur les droits humains et donne une importance nouvelle aux droits économiques sociaux et culturels. Ces droits ont été longtemps ignorés, alors même qu'ils recouvrent un ensemble d'aspirations humaines essentielles : alimentation, éducation, logement, santé, accès à l'eau potable et aux services de base, condition de travail digne, loisirs, protection en cas d'accidents ou de maladies, etc.

Avec la mondialisation économique on récolte de considérables violations des droits humains. Les formes de pressions exercées sont devenues principalement économiques plus que dans la répression exercée par un appareil militaire, la domination réside en effet désormais dans la pression exercée sur les conditions de vie et de travail par les gouvernements, les entreprises multinationales et les Institutions Financières et Commerciales Internationales(IFCI).

La mondialisation4 économique se traduit également par des atteintes spécifiques à la réalisation de certains droits Economiques, Sociaux et Culturels (DESC). Les activités des multinationales et les grands projets d'infrastructures soutenus par les IFCI aboutissent souvent à des destructions environnementales, à des expulsions, à la pollution de l'eau et de l'alimentation à une perte des activités économique et des sources de revenus des populations avoisinantes.

4 Le terme de mondialisaton (l'anglicisme globalisaton est parfois aussi employé) correspond à la libre circulaton des marchandises, des capitaux, des services, des personnes, des techniques et de l'informaton. Il désigne le processus d'intégraton des marchés et de rapprochement des humains qui résulte notamment de la libéralisaton des échanges, du développement des moyens de transport de personnes et de marchandises, et des retombées des technologies de l'informaton et de la communicaton à l'échelle planétaire

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Les politiques néolibérales ont également abouti à une régression des droits sociaux : flexibilisation de l'emploi, suppression du revenu minimum, décentralisation des négociations collectives contribuant à circonscrire le pouvoir de négociation des syndicats, atteintes à l'exercice des droits syndicaux, etc. Elles ont aussi tendu à réduire l'accès de la population, et notamment des plus pauvres, aux services collectifs de base : santé, éducation, protection sociale, distribution d'eau et d'électricité, etc. Cette détérioration résulte de la réduction de budgets sociaux de l'état, de la privation des services publics et de l'imposition de politique de recouvrement des frais.

Globalement, la mondialisation économique s'est donc traduite par une dégradation des conditions de vie, l'explosion des inégalités et des discriminations et une régression en matière de droits. Cet aspect du problème nous conduit à mettre en évidence un rapport traduisant les objectifs du millénaire pour le développement adopté à new York en par 193 états membres de l'ONU qui étaient convenus de les atteindre en 2015.

En 2012, suivant un rapport sur (l'objectif du millénaire pour le développement)5 ; -1.4 milliard de personnes vivent dans l'extrême pauvreté ;

-1.5 % de la population mondiale souffre de la faim ;

-61 millions d'enfants de moins de 5 ans sont décédés dans le monde en 2010... 02-Problématique

En Haïti, depuis quelques années la population haïtienne se trouve confrontée à une situation socio-économique difficile surtout avec l'émeute de la faim de 2008 et le séisme du 12 janvier 2010. La majorité de la population vit dans des conditions très chaotiques surtout avec un taux de chômage très élevé, soit 59% de la population suivants les données de la banque mondiale6, les autorités du pays ne manifestent pas d'intérêt par rapport au problème de la classe défavorisée, Il n'y a pas de politique publique concernant la sécurité sociale. Une situation qui provoque la montée de l'insécurité et des déviances sociales7 dans le pays et du même coup occasionner une grande vague migratoire de nos concitoyens vers la République Dominicaine, et certains pays de l'Amérique

5 Les objectfs du millénaire pour le développement, sont huit objectfs adoptés en 2000 à new York (Etats-Unis) avec la déclaraton du millénaire de l'organisaton des natons unies par 193 états membres de l'ONU et au moins 23 organisatons internatonales, qui étaient convenus de les ateindre pour 2015.

6 http://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview.

7 La déviance est une noton de sociologie désignant des comportements non conformes aux normes sociales.

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latine, tels que le Brésil et le Chili ( en effet, 67 000 migrants haïtiens ont mis les pieds sur le sol Brésilien et 18 000 celui du Chili entre 2014 - 2016, selon L'organisation Internationale pour la Migration (OIM), entité des Nations-Unies qui s'occupe des questions migratoires à l'échelle mondiale, publie dans un dernier rapport dans lequel elle fait état du nombre d'Haïtiens qui ont migré vers Chili, Brésil ainsi que l'Argentine entre 2014 et 2016)8, Ou ceux de l'Amérique du nord tels le Canada ou les Etats Unis à la recherche d'un mieux être. C'est aussi l'une des causes de l'instabilité sociale et politique que connait le pays ces dernières années. Par conséquent, On assiste ainsi à une fuite de jeunes valeurs haïtiennes vers l'extérieur. L'école haïtienne en paie lourdement les frais : de partout on en parle, l'école haïtienne ne vaut absolument rien de nos jours. C'est un manque à gagner pour les droits humains et l'épanouissement de la démocratie9 en Haïti.

La situation socio-économique du pays est alarmante. Elle est caractérisée par un niveau de pauvreté élevé et par la violation constante des droits à la santé, à l'éducation et au travail du peuple haïtien. Plusieurs mouvements de protestation spontanés ont été enregistrés partout dans le pays, pour dénoncer notamment la cherté de la vie et réclamer la réalisation des droits sociaux: accès à l'eau potable, accès à l'électricité, construction de route, construction d'hôpitaux et de centres de santé, etc.

Ajouter à cela, les problèmes du système éducatif, il ne passe une année où les élèves ne gagnent pas les rues à travers le pays pour réclamer la présence des professeurs en classe. Cela découle du fait que l'état haïtien n'accorde pas une place prépondérante à l'éducation dans le budget national, l'enveloppe alloué a l'éducation ne représentait que 15% du budget en 2015 alors que les prévisions du fonds national pour une éducation de qualité l'estime a environ 35% de l'enveloppe budgétaire nationale.

On assistait récemment, à un dysfonctionnement des services de santé dans le pays sur une période de six mois, ce qui a frappé crucialement la partie la plus vulnérable de la population haïtienne et qui a occasionné la mort de plusieurs dizaines de personnes à travers tout le pays.

Les différentes difficultés confrontées par la classe majoritaire risquent de conduire à son anéantissement, sans aucune possibilité de se reprendre puisque les droits incontournables et inaliénables leur sont refusés sans la moindre explication. On observe au sein de la population haïtienne un malaise continu toujours à l'état latent, des revendications dorment dans des tiroirs, sous

8 Rapport L'organisation Internationale pour la Migration (OIM)

9 Gouvernement ou la souveraineté est exercée par le peuple. Déiniton du dictonnaire usuel illustré, 1981.

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les tables, sous les lits attendant le premier moment favorable pour se réveiller. Ainsi, en Haïti, on vit une instabilité au quotidien. Le déséquilibre social est tangible, l'inégalité frappe partout les esprits et a toutes les portes.

A partir de ces constats, on peut se poser ces questions à savoir :

-Qu'est ce qui empêche à l'Etat haïtien, garant du bon fonctionnement des institutions républicaines, de garantir le respect des droits sociaux défini par la constitution et à travers les conventions internationales d'une part, d'autre part que devrait-on faire pour remédier à cette situation qui constitue un facteur de trouble pour la sécurité et le progrès du pays?

-La violation flagrante de la constitution et des conventions internationales sur les droits humains ne constitue-t-elle pas une entrave aux respects des droits sociaux en Haïti ?

-La faiblesse de l'autorité de l'Etat n'est-ce pas un manque à gagner pour la réalisation des droits sociaux dans le pays ?

03-Objectifs

Les différentes privations de la classe majoritaire ont retenu notre attention. Elles nous poussent à interroger leurs origines à nombre de points de vue et proposer des pistes de solutions pouvant améliorer le sort de cette importante classe sociale dont on refuse certains droits réputés inaliénables pourtant.

Objectif principal du travail :

Montrez que les droits les plus élémentaires de la plus grande partie de la population Haïtienne sont violés. Un petit groupe s'enrichit outrancièrement au détriment de la grande majorité qui croupit dans la misère la plus abjecte. Il faut que les choses changent pour que règne la paix dans le pays, la condition sine qua non, pour aboutir éventuellement au développement.

Objectifs spécifiques :

y" Poser le problème des droits sociaux en Haïti

1' Attirer l'attention des autorités Etatiques sur la gravite de la situation et la nécessité de consentir des efforts afin de faire face aux problèmes.

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V' Proposer un document qui servira dans d'éventuelles démarches pour aboutir a un élément de solution favorisant le respect des droits sociaux en Haïti.

v Insister sur les grands intérêts de l'Etat à s'engager pour de vrai dans la lutte pour la promotion et la protection des droits de l'homme.

04-Hypothèses

Tenant compte de la problématique évoquée et des objectifs poursuivis, nous avons énoncé les hypothèses qui suivent :

> Tout converge vers la politique. Il faut tenir le pouvoir, il faut terminer son mandat, c'est l'objectif principal de la classe politique supportée par ses partisans qui veulent a tout prix au détriment de la bonne marche du pays et du respect des doits des citoyens.

> Les conditions pour une éducation soigneuse ne sont pas réalisées par l'Etat haïtien. Le budget alloué à l'éducation n'est pas suffisant. La politique exerce une influence trop considérable sur le fonctionnement de l'école en Haïti.

> En ce qui à trait à la santé, les dirigeants haïtiens ne s'en occupent guère. Les sections communales sont totalement négligées. Les corollaires de la santé sont ignorés, le sport, le logement décent, l'alimentation, l'eau potable ne constituent pas le souci des dirigeants haïtiens qui ne s'y penchent pas. La grande majorité de la population souffre de toutes ces privations et en meurent.

05-Approche méthodologique

Il nous revient d'exposer la démarche méthodologique qui a été retenue pour la réalisation du travail. Pour réaliser notre travail de mémoire de recherche nous avons priorisé les méthodes suivante :

05.1-La recherche documentaire

Pour rédiger ce travail de recherche qui est à la fois d'un caractère descriptif et analytique, une importante documentation nous a servi d'appui et l'on peut retenir entre autres quelques travaux traitants des droits humains en Haïti, tel que : les différents rapports de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans le pays, ceux de la RNDDH10, de la MUNISTAH11, du POHDH12 etc.

10 RNDDH : réseau natonal de défense des droits humains

11 MUNISTAH : mission des natons unis pour la stabilisaton d'Haït

12 POHDH : plateforme des organisatons haïtennes des droits de l'homme

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Comme instrument de collecte de l'information, nous adoptons l'observation documentaire en utilisant les documents suivants :

1) Ouvrages spécialisés

2) Périodiques spécialisés

3) Documents officiels

4) Sources Internet 05.2-La méthode historique.

Cette méthode nous permettra d'aborder et d'interpréter les problèmes sociaux que connait le pays ces dernières années, à partir de documents et d'archives disponibles sur la question.

05.3-L'observation en situation

Elle permet au chercheur de suivre la réalité et les activités entreprises par les autorités à l'échelle nationale et internationale.

06- cadre conceptuel

Toute activité de recherche exige à tout chercheur un effort de conceptualisation certaine. Car chaque domaine des sciences réclame des concepts propres et particuliers. Dans le cadre d'un travail de recherche juridique comme le notre, il est un « tu dois »13 de mobiliser un cadre conceptuel d'une part et de le revêtir de sens d'autre part, afin de nous permettre de bien mener et à fond notre recherche. Car, l'approche conceptuelle est liée au processus même de la formation philosophique du développement de la connaissance scientifique du Droit. Tout ce que nous savons nous le savons à travers des concepts pris dans le sens comme théorie qui est en général la généralisation ou l'extrapolation d'un nombre d'expérience concrète. De plus, les concepts sont de nature à compliquer le travail du chercheur, par le fait qu'ils peuvent être métamorphosés à tout moment. Ainsi, il convient, selon la méthode de Jacqueline Russ, de définir de façon casuistique c'est-à-dire une par une les notions clefs du sujet. Alors comment délimiter les concepts suivants.

Approche : le mot « approche » peut être pris dans les sens suivants : l'action d'approcher ; proximité ; les abords d'un endroit. Mais dans le cadre de ce travail de recherche « approche » signifie : manière d'envisager quelque chose.

13 C'est une obligaton d'agir ainsi.

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Droit : Le droit est l'ensemble des règles et de normes générales qui régissent les rapports entre les individus et définissent leurs droits et prérogatives ainsi que ce qui est obligatoire, autorisé ou interdit. Le droit est susceptible de voir son exécution appliquée de manière contraignante par l'intervention de la puissance publique, c'est-à-dire de l'état.

Droits sociaux : l'expression « droits sociaux » pointe des concepts différents selon que l'on fait référence au droit des sociétés, au droit du travail. Pour nous, cette expression est utilisée en référence aux droits économiques, sociaux et culturels. Droits de l'homme de la deuxième génération, tel que : le droit a l'éducation, le droit a la santé, le droit a l'alimentation, le droit a la sécurité sociale, etc.

Droits fondamentaux : Les droits fondamentaux sont l'ensemble des droits subjectifs primordiaux de l'individu assurés dans un Etat de droit et une démocratie. Les droits fondamentaux sont constitués : des Droits de l'Homme, des libertés publiques et/ou de nouveaux droits comme les garanties procédurales ou relatifs à l'environnement.

Droits inaliénables : On appelle droit inaliénable, un droit directement rattaché à une personne, en raison de ce qu'elle est, pour une qualité donnée ou par sa position exercée dans la société, et qui ne peut être transmis ou vendu à une autre personne. Il s'éteint au décès de celui qui le détient. Ainsi, les droits fondamentaux de l'Homme sont attachés à tout individu en raison de sa qualité d'être humains. Les droits politiques sont liés à la fonction de citoyen. Ils sont inaliénables.

Droit imprescriptible : Un droit imprescriptible est un droit dont la légitimité ou la validité ne peut être limitée dans le temps.

Constitution : « Ensemble des règles suprêmes fondant l'autorité étatique, organisant ses institutions, lui donnant ses pouvoirs, précisant les droits et les devoirs, les rapports entre les gouvernants et les gouvernés. A cause de son rôle, une constitution jouit d'une autorité qui la place au sommet de la hiérarchie des normes.

Convention internationale : accord passé entre des personnes des groupes, des sujets de droit

International (état, organisations), destiné à produire des effets juridiques et qui revêt en principe un caractère obligatoire pour ce qui y adhèrent.

Vivre : dans le cadre de notre travail le mot « vivre » ne signifie pas, être doué de vie, être en vie ou se développer, respirer, grandir, pour un organisme biologique ; Ni être soumis au gouvernement politiques, aux lois, aux usages du pays dans lequel on demeure, mais « se nourrir, s'alimenter, être fournir des moyens de subsister, de se soutenir ».

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Personne : Le terme « personne » désigne juridiquement tout individu auquel le Droit reconnait la personnalité juridique, c'est-à-dire, la qualité attribuée par le Droit (objectif) / par l'Etat / par les pouvoirs publics, à un individu ou à une entité en vue de le ou la reconnaître sur le plan juridique. C'est donc une qualité attribuée pour prouver l'existence juridique d'une entité ou d'un individu et lui permettre d'être un sujet de Droit.

Privilège : faculté accordée à un particulier ou à une communauté de faire quelque chose ou de jouir de certains avantages qui n'est pas de droit commun.

07-cadre théorique

Pour étayer notre sujet de recherche, nous nous sommes référés à la constitution de 1987 très spécialement sur sa promulgation par le peuple telle qu'elle est déclarée dans le préambule de la constitution : « le peuple haïtien proclame la présente constitution : pour garantir ses Droits inaliénables et imprescriptibles a la vie, a la liberté et a la poursuite du bonheur. Conforment à son acte d'indépendance de 1804 et la déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948..... »

Puis sur les différentes conventions internationales relatives aux droits humains inaliénables ratifiées par l'état haïtien : la déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, le pacte internationale relatif aux économiques, sociaux et culturels de 1966, etc.

08-Présentation des différentes parties du travail

Le travail sera divisé en deux grandes parties :

La première partie est ainsi titrée :

Regard sur la situation des droits sociaux en Haïti.

La deuxième partie sera formulée en ces termes :

Les mécanismes nationaux et internationaux de protection des droits sociaux et les limitations des

abus de pouvoirs dans divers domaines.

A Chaque partie découleront deux chapitres bien distincts qui contiendront les points suivants :

Chapitre I : Les droits de l'homme : un instrument de modernisation des sociétés fondé sur la liberté

et la dignité humaine.

Chapitre II : Généralités et caractéristiques des droits sociaux en Haïti.

Chapitre III : Consécrations normatives et institutionnelles en matière de protection des droits

sociaux au niveau national et international.

Chapitre IV : entraves socio-juridiques à l'exercice légal des droits sociaux en Haïti.

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Et à leur tour, chacun des quatre chapitres sera divisé en deux sections pour une exposition ventilée du sujet.

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PREMIER PARTIE : REGARD SUR LA SITUATION DES DROITS SOCIAUX EN

HAÏTI

«Il n'y aura pas de Paix sur cette planète tant que les Droits de l'Homme seront violés en quelque partie du monde ».

René Cassin

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Effectivement, nombre de citoyens haïtiens ne peuvent jouir des différents Droits Sociaux qui leur sont reconnus pourtant par la Constitution Haïtienne de 1987. C'est un constat réel et tangible qui rend légitimes les soulèvements vécus a travers les rues tant a la capitale que dans nos principales villes de province.

CHAPITRE I : LES DROITS DE L'HOMME : UN INSTRUMENT DE MODERNISATION DES SOCIETES FONDE SUR LA LIBERTE ET LA DIGNITE HUMAINE.

Pour montrer gravité de la situation des Droits Sociaux en Haïti, il faut obligatoirement passer par la base fondamentale des Droits de l'Homme, et cela nous aidera aussi à comprendre les raisons du désintéressement des dirigeants du pays par rapport a la réalisation de ces dits Droits combien importants.

A travers ce chapitre, nous faisons une présentation théorico-historique de l'évolution des Droits de l'Homme à travers le temps.

SECTION I : EVOLUTION HISTORIQUE DES DROITS DE L'HOMME DANS LE MONDE

A- Définition, missions, caractéristiques et classification des Droits de l'Homme.

1-Définition

Appelés jadis « droits naturels » les Droits de l'Homme sont un concept selon lequel tout être humain possède des droits universels, inaliénables quel que soit le droit positif en vigueur ou les autres facteurs locaux tels que l'ethnie, la nationalité ou la religion.

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En outre, les droits de l'Homme sont des types de prérogatives dont sont titulaire les individus. D'abord comme un espace minimum de liberté qu'on doit reconnaitre à chacun. Cet aspect permet à tout individu de s'épanouir dans la société. Ensuite, comme des avantages que toute société souhaitable devait apporter à ses citoyens

De plus, les Droits de l'Homme représentent un système de protection destiné à nous préserver de la violence arbitraire et à éviter que nos droits fondamentaux ne soient négligés, lésés ou violés.

Retenons la définition de ROCHE (Jean) et POUILLE (André) des Droits de l'homme, pour eux c'est « l'ensemble des droits qui conditionnent à la fois la liberté de l'Homme, sa dignité et l'épanouissement de sa personnalité »14. C'est-a-dire l'ensemble des droits qui permettent de préserver la dignité de l'Homme et lui permettent de se réaliser et de

vivre sa personne, de s'accomplir. Leur objet est par conséquent directement et intimement lié à la liberté des personnes et au respect de leur dignité humaine sans nulle autre raison ou fondement. Trois remarques doivent être formulées concernant cette définition :

Premièrement, malgré la clarté de cette définition, le contenu des droits de l'Homme ne fait pas l'unanimité car la notion de dignité humaine varie suivant les époques, les cultures et les conceptions. Les droits de l'Homme seront envisagés dans ce cours d'un point de vue déterminé, celui de la conception onusienne.

Deuxièmement, du point de vue de leur nature, les droits de l'Homme se subdivisent en deux grandes catégories : des « droits à » et des « droits de ». Les « Droits de » sont les droits de faire quelque chose, des droits actifs en quelque sorte (droit de grève, droit de circuler, droit de s'exprimer, droit de s'associer, droit de manifester...). Alors que les « droits à » sont des droits à l'obtention de quelque chose, des droits passifs d'un certain point de vue (droit à la santé, droit à l'éducation, droit à l'intégrité physique, droit à la sûreté...).

Troisièmement, une distinction importante doit être faite entre droits de l'Homme et libertés publiques. Les libertés publiques peuvent en effet être définies comme « des pouvoirs d'autodétermination, reconnus et organisés par l'Etat, par lesquels l'Homme, ...choisit lui-même son comportement »15 (leur caractère public faisant référence à leur inscription et à leur garantie par le Droit positif et non pas à leur utilisation par plusieurs personnes ; ces libertés peuvent en effet être

14 - ROCHE (Jean) et POUILLE (André), Libertés publiques et droits de l'Homme, 13ème édition, 1999, p.6.

15 - RIVERO (Jean), Libertés publiques, Manuel, éditions PUF, 1973.

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individuelles c'est-à-dire exercées par chaque personne individuellement, ou collectives c'est-à-dire exercées par des groupes de personnes déterminées).

Tel que définis précédemment, les droits de l'Homme ne se ramènent pas seulement à la revendication ou à l'exercice d'une liberté ; d'autres droits dont l'être humain jouit lui permettent d'exiger de la société la satisfaction de ses besoins vitaux tels que le droit au travail, à la sécurité sociale, à la santé, à la culture ou à l'instruction...etc. Dans ces derniers cas par exemple, il s'agit bien de droits faisant partie des droits de l'Homme sans qu'il ne s'agisse de libertés ; « leur reconnaissance par le droit positif donne à l'Homme un pouvoir d'exiger une créance, mais ne fonde pas une liberté publique »16.

La notion de droits de l'Homme englobe ainsi celle des libertés publiques qui n'en sont qu'un aspect parmi d'autres. D'autres droits tels que le droit à la paix, au développement durable, à l'égalité, à la non discrimination, à un environnement sain et équilibré, font partie intégrante des droits de l'Homme mais ne sont pas des libertés.

2-La mission des Droits de l'Homme

Selon le haut commissariat aux droits de l'homme des nations unies, la mission des Droits de l'Homme c'est d'oeuvrer à la protection de tous les droits de l'homme pour toutes les personnes ; de contribuer à donner aux personnes la possibilité d'exercer leur droits et respecter ces droits à veiller à leur application qu'il s'agisse des droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels ainsi que du droit au développement.

3-les Caractéristiques des Droits de l'Homme

La valeur humaine tout en étant universellement protégée, certaines caractéristiques sont reconnues aux Droits de l'Homme pour leur protection au niveau international. Les Droits de l'Homme sont : universels, des droits garantis, protégés, égaux et interdépendants, centrés sur la dignité humaine, etc.

a) L'universalité : les Droits de l'Homme bénéficient d'une présomption d'universalité dans la mesure où ils sont inhérents a la personne humaine et que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit et en dignité »17.

16 - RIVERO (Jean), op. cit., p.17.

17 Déclaraton universelle des droits de l'homme de 1948 art.1

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Cette considération universelle se reflète dans de nombreux instruments juridiques tant régionaux qu'internationaux.

b) Les droits garantis : les Droits de l'Homme sont des droits garantis sur le plan international et

régional par les divers instruments juridiques internationaux. On peut citer parmi d'autres :

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ;

Le pacte international relatif aux droits civils et politiques ;

Le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;

La convention américaine relative aux droits de l'homme ;

La convention internationale des droits de l'enfant ;

La convention européenne des droits de l'homme ;

Etc.

c) Des droits protégés : ils sont protégés par les lois et les règlements nationaux et internationaux des différentes constitutions des pays référents.

d) Des droits égaux et interdépendants : l'égalité et l'interdépendance des droits de l'homme découlent des rapports existant entre eux notamment de la considération des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme qui refusent de privilégier telle catégorie des droits de l'homme sur les autres. C'est-a-dire il n'y a pas les plus valeureux par rapport à d'autres, ils sont tous sur les mêmes pieds d'égalité et dépendent étroitement les uns des autres.

e) Des droits centrés sur la dignité humaine : à ce niveau, la seule référence n'est autre que la personnalité humaine, le sujet des droits et des obligations. En d'autre termes, les droits de l'homme sont ceux inhérents et inaliénables pour l'homme ceux-ci doivent-être protégé du fait que la vie est sacrée.

4- la Classification des Droits de l'homme

Les droits de l'homme étaient longtemps regroupés sous les couvercles de trois générations : les droits civils et politiques constituent la première, les droits sociaux, économiques et culturels la seconde et les droits a la solidarité de la troisième génération. Puis vient s'ajouter, une quatrième génération des droits de l'homme, les droits des personnes vivant avec un handicape physique ou mental.

La première génération des Droits de l'Homme

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La première génération des Droits de l'Homme se retrouve inscrite dans la déclaration française de 1789 ou celle du Bill of Right américain. Cette première catégorie se retrouve confinée dans les droits civils et politiques : le principe d'égalité, la liberté individuelle (l'absence des mesures arbitraires de la part de l'Etat, la liberté d'aller et venir, les garanties dans la répression pénale), la protection du domicile, de la correspondance, de la vie privée, la liberté de l'information, la liberté d'opinion, la liberté d'association, la liberté de réunion, etc. Pour assurer le respect des libertés, on met le plus en évidence une abstention de l'Etat.

La deuxième génération des Droits de l'Homme

La deuxième génération des Droits de l'Homme concerne les droits économiques, sociaux, et culturels qui, eux, contrairement à la première génération, réclament l'intervention de l'Etat de manière à assurer leur garantie. Ils comprennent la liberté syndicale, le droit au travail, le droit à la sécurité sociale, le droit à la formation professionnelle, le droit à un niveau de vie convenable, le droit à la santé, le droit à l'éducation.

La troisième génération des Droits de l'Homme

La troisième génération des Droits de l'Homme, on l'appelle aussi droit de solidarité, est issue d'une prise de conscience concernant un certain nombre de problèmes dont la résolution requiert la mobilisation de la solidarité de tout le monde. De fait, cette génération traduit une nouvelle façon de voir la vie en communauté dont la réalisation réclame la conjugaison des efforts de tous les participants de la vie en société : individus, Etats, autres entités publiques ou privées. Cette génération englobe un ensemble de droits qui sont : droit à un environnement décent, droit à l'eau potable, droit à la paix, droit au développement, etc. Autrement dit, la troisième génération des Droits de l'Homme permet d'assurer ce que l'on appelle aujourd'hui la qualité de vie.

B- les différentes étapes de l'évolution historique des droits de l'Homme

L'idée des Droits de l'Homme est née avec l'évolution de l'Homme à travers différentes étapes et différents lieux jusqu'à ce qu'on arrive à un cumul de connaissances scientifiques, législatives ayant donné lieu aux droits de l'Homme et leur promulgation dans des instruments internationaux.

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La religion chrétienne a insisté sur le principe de la dignité humaine étant donné qu'il s'agit d'un don divin. Ensuite est née l'idée du droit naturel qui insiste sur les droits des individus tout en résistant à l'injustice. Les individus ont des droits naturels propres à leur nature même : le droit à la vie, à la liberté et à la propriété. L'individu en appartenant à un groupe vise à se confirmer et à garantir ses droits et non pas à les céder, l'Etat doit donc lui préserver ses droits et non pas le contraire, c'est-à-dire les lui ravir.

L'idée a évolué vers la conception de la théorie du Pacte social, selon laquelle les individus abandonneraient une partie de leur liberté absolue en faveur d'une autorité qui les organiserait et les protègerait. Les autres libertés préservées restent hors portée de l'Etat, le cas échéant, elle perdrait la raison de son existence et donc manquerait à la base consensuelle de son autorité. Avec l'apparition de l'islam, d'importants changements historiques se sont produits à tous les niveaux. Le message véhiculé par le Coran18, la Sunna19 et les récits du prophète et de ses compagnons insiste sur la dignité humaine et la prohibition de l'esclavage. L'islam a mis en place des principes et des normes garantissant la dignité humaine, l'égalité, la non discrimination, la coopération entre les peuples, la liberté de culte, le droit à la vie et à la liberté, le principe de la solidarité sociale.

A la lumière de toutes les idées et les connaissances précitées, les premiers pactes sur les droits de l'Homme ont vu le jour dans certains pays : en Grande Bretagne la Magna carta20 a été promulguée en 1215, et une liste des droits en 1688 ; aux Etats-Unis la Déclaration de l'Indépendance en 1776 ; en France la Déclaration française des droits de l'Homme et du Citoyen en 1789. Suite à l'ère de l'industrialisation en l'Europe et les problèmes ouvriers engendrés par la suite, une démocratisation économique et sociale s'est produite causant ainsi un impact sur les droits de l'Homme notamment avec la constitution française de 1848 et autres constitutions européennes. Dorénavant, l'Etat devra s'engager à protéger, instruire et aider le citoyen. Durant l'entre deux guerres, les constitutions de

18 Le coran est le texte sacre de l'Islam. Pour les musulmans, il reprend verbatm la parole de Dieu l'unique. Pour les musulmans, le coran regroupe les paroles de Dieu, révélatons faites au dernier prophète et messager de Dieu Mahomet par l'archange Gabriel.

19 Le terme « sunna » signiie : « traditon », « cheminement » ou « loi ». Dans le coran ce terme est employé pour designer la « loi immuable » de Dieu sous l'expression « sunna Allah » qui veut dire « règles de Dieu ». Wilkipedia

20 Magna carta, latn pour grande charte, désigne plusieurs versions d'une charte arrachée une première fois par le baronnage anglais au roi Jean Sans Terre le 15 juin 1215 après une courte guerre civile qui culmine le 17mai par la prise de Londres. Les barons, excédés par les échecs répétés en France, en partculier a Bouvines et a la roche-aux- moines, y imposent, dans un esprit de retour a l'ordres ancien leurs exigences, dont la libératon d'otages retenus par le roi, le respect de certains règles de droit propres a la noblesse, la reconnaissance des franchises ecclésiastques et bourgeoises, le contrôle de la politque iscale par un grand conseil.

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certains pays européens ont stipulé le droit au travail, à la sécurité sociale, à formation syndicale et à certains droits relatifs à la famille.

Après la seconde guerre mondiale, plusieurs pays de l'Europe orientale ont promulgué des constitutions suivant le modèle socialiste. Durant cette même période, plusieurs pays du tiers monde ont obtenu leur indépendance et suite à cela des constitutions modernes ont vu le jour. Des articles sur les droits de l'Homme reflétant les courants les plus modernes dans ce domaine ont été introduits. Les nouvelles constitutions des pays de l'Europe occidentale ont elles aussi développé et garanti la protection des droits de l'Homme. Les droits de l'Homme ne sont plus des droits individuels mais plutôt des droits collectifs ne pouvant être obtenus que collectivement tels que les droits relatifs à la famille, aux minorités linguistiques et aux collectivités régionales dont la mission est de rendre service à l'Homme. Une progressivité vers la pratique de droits en collectivité a été remarquée comme la pratique du culte de manière collective, le droit de former des syndicats, le droit de grève et la liberté de créer des partis politiques

Pour certains spécialistes, la notion encore très floue de droits de la personne serait apparue des le début du XIIIe siècle. Pour d'autres, la conception des droits de l'homme en tant que tel serait contemporaine du bill of right de 168921, qui parachevé la révolution anglaise de 1688 en mettant fin a l'absolutisme royal. Il s'agit du premier véritable contrat liant le monarque au peuple, lui-même déclaré « souverain ». Ce contrat met un terme au concept de royauté et de pouvoir divin. La déclaration rappelle les violations commises par jacques II22 et il énumère les droits reconnus au peuple depuis 1215(par exemple : l'autorité royale n'a pas force de loi, la loi est au dessus du roi...)

Mais la quasi-totalité des historiens s'accorde sur le fait que la notion actuelle des Droits de l'homme est née au XIIIe siècle. La déclaration de l'indépendance américaine qui elle-même reprend une partie du bill of right de l'état de virginie promulguée en 1776, est la première déclaration des droits de l'homme. Ils constituent les textes symboliques de la naissance des droits de l'homme au plan politique et juridique assure Patrice Rolland, professeur agrégé de droit public chargé du cours a l'université paris-XII. D ailleurs, la déclaration française des droits de l'homme de 1789 n'est que le prolongement de l'esprit de ces textes si elle a eu un plus grand retentissement dans l'histoire.

21 Le bill of right (déclaraton des Droits) est un texte imposé en 1689 aux souverains d'Angleterre (Guillaume III et Marie II) à la suite de la glorieuse révoluton. Il déinit les principes de la monarchie parlementaire en Angleterre.

22 Jacques II, de son vrai nom Jacques Stuart fut roi d'Angleterre et d'Irlande. Il accéda au trône à la mort de son frère Charles II. Wilkipedia.

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Au XIXe siècle, les excès de la révolution industrielle accouche les premiers textes relatifs aux droits des travailleurs. Ce siècle a été décisif quant a l'avènement des droits de créances (droits qui impliquent une action effective de l'état et dans la majeure partie des cas, un engagement important de fonds publics), a-t-il ajouté. Puis, la première moitié du XIXe siècle, ponctuée par les deux guerres mondiales et marquée par la shoah, sera à l' origine de l'internationalisation des droits humains. Les deux guerres ont prouvé aux grands de ce monde que la conception selon laquelle seuls les états décident du traitement de leurs citoyens ne pouvait perdurer.

L'adoption de la déclaration universelle des droits de l'homme au lendemain de la deuxième guerre mondiale par les nations unies est le point de départ d'un long et fastidieux processus d'internationalisation de la notion de droits humains. Pour Douglas Griffin, avocat américain, « cette internationalisation est l'un des principaux héritages légués par le XXe siècle. Elle consacre la reconnaissance de l'individu en tant que tel et instaure la nécessité d'une défense internationale par la coopération entre les états ».

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a été promulguée le 10 Décembre 1948. La Déclaration stipule un certain nombre de droits tels que le droit à la vie, à la liberté, à la dignité, à l'égalité devant la loi, à la réunion, au mouvement et la liberté de culte... il s'agit de droits individuels que la Déclaration demande aux pays de respecter et de ne pas violer car ce sont des droits naturels qui n'ont pas été octroyés par une autorité. Ainsi, toute violation de ces droits doit être dénoncée et il sera immédiatement demandé à l'Etat d'y remédier et d'indemniser les victimes du droit violé.

En 1948, l'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la DUDH en tant que référentiel international pour définir les droits reconnus qui doivent être respectés et consolidés pour tout individu sans discrimination. Il s'agit d'un minimum de droits humains à même de garantir le développement, la justice, l'égalité, la paix et la sécurité internationale. Ainsi, la Commission internationale des droits de l'Homme a été créée en 1946 par le Conseil économique et social des Nations unies, chargée d'élaborer des principes et des normes essentielles formant la base des instruments internationaux des droits de l'Homme. A la fin de sa mission, la commission a proposé un projet à l'Assemblée générale des Nations Unies en Septembre 194823. Il s'agit de la première

23 Cette proposition a été reçue par unanimité en Décembre de la même année sous le thème « la DUDH »

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partie des instruments internationaux et de la première référence internationale dans l'ère moderne destinée à consolider les droits de l'Homme au niveau de toute l'humanité24.

La DUDH a été acceptée par plusieurs membres de la société civile, ce qui a donné de l'ampleur aux principes de cette déclaration et plusieurs peuples ont demandé d'insérer des articles de la DHDH dans leurs constitutions et leurs lois. Les « droits de l'Homme internationaux » ont été repris par les pactes internationaux de droits de l'Homme formant ainsi des normes de droits de l'Homme reconnues à l'échelle internationale. L'ensemble des instruments internationaux des droits de l'Homme (la Déclaration Universelle et les deux pactes internationaux) ne représente qu'un point de départ de ces pactes25. Ces instruments internationaux sont le résultat de longs débats sereins au sein des Nations Unies sur la définition de ces normes. Tout le travail réalisé par le mouvement international des droits de l'homme trouve sa base dans la DUDH. Les autres instruments internationaux des droits de l'Homme ont été faits sur des années donnant ainsi lieu au Pacte international sur les droits civils et politiques, et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adoptés par les Nations Unies en 1966. Ce sont deux conventions internationales juridiquement contraignantes et les pays ayant ratifiés ces pactes s'engagent à respecter les droits reconnus par ces deux pactes et à les consolider26. Lors des premières étapes, les gouvernements jouaient un rôle essentiel dans les projets de formulation des concepts des droits de l'Homme, tandis que maintenant les ONG ont pris le relais et donc elles jouent un rôle efficace dans le développement des concepts et des mécanismes relatifs aux droits de l'Homme au niveau international, régional et local. La protection des droits de l'Homme ne se limite pas à l'organisation et à la classification des droits. La période de suivi de la mise en oeuvre de ses pactes est une autre étape très importante dans le domaine de la coopération internationale, sans laquelle il serait impossible d'atteindre les objectifs escomptés27.

24 Imad (Omar), Questions sur les droits de l'Homme, Impression Sanabil, Aman 2000 p 22

25 La constitution de l'Organisation Internationale du Travail créée en 1919, à la suite du congrès de réconciliation qui a eu lieu à Paris après la première guerre mondiale, est une première convention des droits de l'Homme de manière générale et des droits des ouvriers de manière particulière. La charte des Nations Unies de 1945 a introduit les droits de l'Homme dans la sphère du droit international, ce qui a permis plus tard à la société d'établir les instruments internationaux des droits de l'Homme

26 Imad (Omar), Questions sur les droits de l'Homme, Impression Sanabil, Aman 2000 p 23

27 Omar Chaafii « coopération internationale dans le domaine de respect et de renforcement des DH », Première rencontre des Institutions Nationales de protection et de promotion des DH dans le bassin méditerranéen, organisée par le CCDH à Marrakeh le 27-29 Avril 1999, p 49-56, imprimerie Anajah Al Jadidad, Rabat 1999.

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SECTION 2. DES DOCTRINES ET CONCEPTIONS MODERNES DES DROITS DE L'HOMME

Il n'y a pas une méthode universellement admise, Pour appréhender les Droits de l'Homme, vu qu'il est très difficile de les circonscrire dans une catégorie théorique déterminée. En effet, les définitions qu'on leur attribue font toujours l'objet de bon nombre de mésententes paradigmatiques. Et cela est aussi dû au fait qu'ils comportent une forte dimension de transversalité et de complexité. Ainsi, selon une définition qu'offre PNUD, les Droits de l'Homme : « sont des droits dont disposent toutes les personnes, en vertu de leur condition humaine, pour vivre libres et dans la dignité. Ces droits confèrent à chacun des créances morales sur le comportement des autres individus, ainsi que sur la structure des dispositifs sociaux. Ils sont universels, inaliénables et indivisibles28 ». Cette définition est loin de pouvoir calmer les esprits. Car il y a d'autres théories qui essayent, bien avant cela, de les définir. Ces théories résultent de la philosophie du droit. Celle-ci se porte, d'abord sur l'opposition de deux courants théoriques : les théories du droit naturel et celles du positivisme, qui se résument en ce qu'on appelle les doctrines des Droits de l'Homme. Et ensuite, elle concerne les conceptions fondamentales modernes des Droits de l'Homme.

A- Les doctrines des Droits de l'Homme

Les doctrines des Droits de l'Homme mettent en évidence ce que l'on appelle généralement la philosophie du droit. Et c'est cette dernière qui, à son tour, fait appel à deux grandes tendances ou deux théories : théories du droit naturel et théories du positivisme, qu'il faut, de toute évidence, mettre en exergue. Cela répond, d'ailleurs, à souci de compartimentation épistémologique.

1- Les théories du droit naturel

Les théories du droit naturel ne sont pas tombées du ciel comme de la manne. Elles correspondent à une longue étape de la pensée juridico-philosophique de l'antiquité. Plus concrètement, la question du droit naturel tire son titre de noblesse, à bien des égards, dans l'Antigone de Sophocle en avançant que, pour justifier sa désobéissance à l'égard de l'édit de Créon pour avoir donné à son frère une sépulture : « Je ne pensais pas qu'il eût assez de force, ton édit, pour donner à un être mortel le pouvoir de violer les divines lois non écrites que personne ne peut ébranler. Elles ne sont pas

28 Patrice Meyer-BISCH, Présentation systémiquue des droits de l'homme, s. e, s. I, s. d, p. 13.

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d'aujourd'hui, ni d'hier, mais elles sont éternelles, et personne ne sait quel est leur auteur passé profond29.» Cicéron ( res-publica ). Par ailleurs, la réflexion de Socrate, un grand personnage de la philosophie grecque, a irrigué cette philosophie du droit naturel en opposition au matérialisme positiviste des sophistes. D'ailleurs, cette réaction allait lui coûter la vie. D'autres disciples de Socrate (Platon, Aristote) ont pu emboîter le pas en interprétant sa pensée dans de sens différents. Entre ces deux piliers de la philosophie antique, il y a une cloison étanche. En effet, Aristote considère que la nature, oeuvre d'un Dieu créateur, obéit à un ordre rationnel. En ce sens, il doit exister une harmonie entre la loi et la nature. Ainsi la loi doit-elle découler, non d'un sentiment intérieur, mais d'une observation intelligente de l'ordre naturel, supposé rationnel. Cette approche sera reprise par saint Thomas d'Aquin dont la conception est que : « La loi naturelle est le reflet de la loi divine 30». De là se dégage l'idée de droit naturel positif.

Cependant, il y a d'autres philosophes dont Platon, qui semblent ne pas vouloir s'adhérer à cette approche. Pour lui, la loi vient de la nature de l'homme. Elle lui est édictée par la droite raison, c'est-à-dire parce qu'il y a de divin en chaque individu. Supérieure à l'homme, elle ne lui est pas étrangère. Se mêlant à d'autres dont le stoïcisme, la philosophie platonicienne aura non seulement une très grande diffusion dans le monde antique, mais aussi, influencera Cicéron lorsqu'il a précisé que « une loi vraie, c'est la droite raison, conforme à la nature, répandue dans tous les êtres. » D'où le droit naturel subjectif.

En effet, le droit naturel subjectif postule l'idée, dans un sens restreint, d'un ensemble de règles qui se trouvent inscrites dans la nature humaine, c'est-à-dire qu'elles font entièrement partie du patrimoine génétique de l'humanité tout entière et sont inscrites aussi sur la carte chromosomique de tout être humain ; et donc, de toute évidence, méritent d'être prises en considération ces règles. Autrement dit, il s'agit des droits qui existent indépendamment de toute intervention des acteurs juridiques, des droits qui découlent directement de l'ordre du cosmos ou de la nature humaine. Les droits naturels sont des droits qui dérivent de la nature de l'homme sans prendre en considération sa race, sa position sociale, sa nationalité et son ethnie. Cela semble, d'ailleurs, se résumer dans les trois préceptes d'Ulpien, jurisconsulte de la Rome impériale, à savoir : Hon este viviere (vivre dans la dignité) ;

29- Cité par Jean Carbonnier in Droit civil. Introduction, PUF, Paris, 1955, p.85.

30- Ibid.

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nemi nem laedere (ne faire de tort à personne, c'est le principe de la personnalité) ; suum cuique tribuere (à chacun le sien, respecter les droits individuels31).

A part cela, d'autres formulations du concept de droit naturel, sur le plan d'idées, viennent de l'école de Salamanque, et ont ensuite été reprises et reformulées par d'autres philosophes tels que : Thomas Hobbes, John Locke, Jean Jacques Rousseau, etc. D'où la position théorique qui prédomine dans le domaine des Droits de l'Homme. Toute la question des Droits de l'Homme gravite autour d'elle, à savoir une compréhension subjectiviste de la théorie du droit naturel.

Outre cela, le droit naturel étant supposé exister partout même s'il n'est pas effectivement appliqué et sanctionné, il n'est donc pas nécessairement un droit opposable; étant fondé sur la nature humaine et non sur la réalité sociale dans laquelle vit chaque individu, le droit naturel est réputé universellement valable même dans les lieux et aux époques où il n'existait aucun moyen concret de le faire respecter. Cette universalité s'inscrit dans une dynamique de reconnaissance de manière réelle et non discriminatoire de la dignité inhérente à tout être humain. D'ailleurs, cette universalité des Droits de l'Homme constitue la véritable boussole des Nations Unies.

Historiquement, cette conception théorique du droit est l'émanation de la pensée de la civilisation occidentale moderne. Il y a plusieurs auteurs qui sont à la base de la mise en évidence de cette conception du droit. Parmi lesquels se trouve le philosophe néerlandais Hugo Grotius (1583-1645). Il est souvent considéré comme l'un des fondateurs du droit naturel moderne. Il est aussi le premier philosophe à avoir étudié cette question en rapport avec le droit international et le droit du commerce, à une époque où le commerce maritime se développait considérablement. Il y a un philosophe, très influencé par Grotius, qui s'est penché sur cette question : Samuel Von Pufendorf.

Toutefois, malgré toute l'importance de la conception du droit naturel subjectif, elle a été fortement critiquée. Généralement, les critiques qui lui sont administrées sont au nombre de trois. D'abord, des doctrinaires comme Kelsen et Carré de Malberg pensent que cette conception correspond à une vision métaphasique du droit. Et cette vision serait incompatible, voire une entrave à une approche scientifique de ce dernier. Ensuite, on lui a adressé également une critique ontologique qui s'inscrit dans une logique de rejet de la question d'universalité des droits de l'homme. Ceux-ci ne sont pas universels, dans la mesure où il faut prendre en compte le contexte social, culturel et historique de

31- Ibid.

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l'homme du pays dans lequel ils sont appelés à être appliqués. De l'avis de Marx particulièrement, la notion de nature humaine est jugée très problématique. Enfin, la dernière critique, elle est de nature épistémologique. La question qui la résume est la suivante : à supposer même que les droits naturels existent, comment peut-on les connaître ? C'est une critique formulée par Pascal contre Hobbes: la raison ne peut servir à nous indiquer des lois naturelles universelles. Cette objection se rapproche du non-cognitivisme éthique, qui s'oppose à une sorte de réalisme moral. Elle est reprise par Jeremy Bentham, qui insiste sur l'équivocité, c'est-à-dire l'ambiguïté entourant la notion de droits naturels dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Il essaie alors de construire une vision utilitariste des Droits de l'Homme.

2- Les théories positivistes

Les doctrines positivistes est le contraire des théories du droit naturel. Elles postulent que : « Il n'y a de droit que posé32 ». Cela équivaut à dire que le contenu dans les sources matérielles du droit n'est donc pas du droit. Ce contenu deviendra du droit qu'après avoir été posé par une autorité compétente. En fait, les théories positivistes se divisent en positivisme juridique et en positivisme sociologique. Le positivisme juridique, bien que ce soit en France que l'on retrouve cette pensée dominante, n'est pas le fruit de la main capricieuse de la modernité. Il y eut de tout temps des positivismes dans la mesure où les dirigeants athéniens, par exemple, dans le but de pouvoir mieux organiser la cité, exigèrent l'obéissance au nom des ordres qu'ils promulguaient ; nul n'a besoin alors de justification théorique pour s'y soumettre. Mais, celle-ci apparut seulement lorsqu'il existait des tendances contradictoires. Et c'est à cela que l'on a pu assister dans la cité grecque. Les sophistes enseignaient la primauté de la loi humaine.

En outre, il existait à Rome certaines tendances positivistes, mais elles furent moins théorisées. L'apparition de l'Etat moderne, s'opposant, comme son nom l'indique nettement, non seulement aux formes politiques de l'Antiquité, mais aussi aux monarchies traditionnelles de l'Europe médiévale, au 17e siècle qui battaient leur plein, a permis de poser le problème de l'organisation du pouvoir en provoquant une importante mutation sociale, en témoigne même la naissance de l'Etat moderne, car il est fondé sur une démarche réaliste visant à consolider l'ordre et la souveraineté, et favoriser une transformation positive de la société. L'Etat moderne a été pensé par les philosophes politiques. Il exprime, en effet, l'aspiration à un pouvoir rationnel, organisé dans un cadre géographique limité par

32 - Georges Burdeau, Droit constitutionnel, E.J.A, Paris, 1997, p.49.

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l'existence d'autres Etats. Toutefois, il fallait attendre le XXe siècle, sous l'influence de Kelsen, dans sa théorie pure du droit, pour que l'on puisse assister au plein épanouissement de la doctrine du positivisme juridique, concept central dans la compréhension de la question de l'Etat moderne. Le positivisme de Kelsen est diamétralement opposé aux théories du droit naturel dans la mesure où il affirme qu'il n'existe que le droit positif, c'est-à-dire le droit posé par les acteurs juridiques.

En effet, le positivisme juridique met l'emphase sur la définition de la Science du droit, puisqu'il est saisi comme une conception éminemment scientifique du droit. Cette conception considère le droit comme un ordre clos, coupé non seulement de toute métaphysique, mais de toute référence aux valeurs morales. De fait, c'est l'Etat qui est la seule source du droit, cela signifie qu'il est le créateur du droit.

Il y a aussi le positivisme sociologique qui conçoit le droit comme un fait de société qui peut être observé. Il n'émane pas de la volonté plus ou moins arbitraire des gouvernants, mais est imposé par la conscience collective du groupe.

Le positivisme juridique et le positivisme sociologique partagent l'idée de la légitimité des normes juridiques régulièrement formées, quel que soit leur contenu. Par contre, contrairement au positivisme juridique, le positivisme sociologique admet qu'une norme soit légitime lorsque son contenu reflète les aspirations de la conscience collective. En un mot, le positivisme juridique et sociologique s'affirme contre le droit naturel, car celui-ci ne correspond pas à une conception scientifique du droit.

B- Les conceptions modernes des Droits de l'Homme

Aborder la question des Droits de l'Homme, aussi intéressante et fructueuse qu'elle puisse être, crée une certaine frayeur dans l'esprit. Mais ne pas l'aborder relève d'une certaine naïveté intellectuelle. En effet, elle relève d'une catégorie de droit s'ancrant dans une complexité. Cette complexité se situe au niveau de la sémantique des Droits de l'Homme et à celui des idéologies qui les traversent. Il y a toute une concurrence idéologique, c'est-à-dire plusieurs paradigmes s'affrontent en matière de ces droits. Les uns sont dotés d'une puissance explicative plus que d'autres. Ainsi, on rencontre les trois grandes conceptions des Droits de l'Homme qui vont être développées ci-dessous :

1- la conception libérale ;

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2- la conception marxiste ;

3- et la conception communautariste des Droits de l'Homme.

Lesquelles conceptions constituent une sorte de nappe phréatique destinée à nourrir épistémologiquement les sources théoriques de ces droits.

1- La conception libérale des Droits de l'Homme

L'expression « Droits de l'Homme» est une grande caractéristique de la modernité politique, puisqu'on est obligé de la considérer comme le but à atteindre, le centre de gravite de tout souci d'organisation rationnelle de la vie collective. Force est de reconnaitre que tout discours politique moderne doit être couronné par les couleurs chatoyantes des droits de l'homme. Cette expression remonte au XVIIIe siècle, période à partir de laquelle elle a su étendre ses tentacules dans toutes les fibres de la pensée des intellectuels comme Montesquieu, Voltaire, Rousseau, etc. De là vient l'idée de la conception libérale, l'une des conceptions les plus dominantes en matière des Droits de l'Homme. Pour s'en tenir à l'essentiel, cette conception trouve son point d'ancrage dans la philosophie des lumières et dans la pensée chrétienne. Elle est fondée sur l'abstention de l'Etat et la reconnaissance pour chaque individu d'une sphère d'indépendance dans laquelle l'Etat ne doit pas s'immiscer. Ce qui traduit l'idée de liberté de l'individu. La notion de liberté, l'une des caractéristiques essentielles de la philosophie des lumières, se retrouve ainsi définie sous la plume de Voltaire comme « la faculté de raisonner juste et de connaitre les Droits de l'Homme 33». Plus loin avec Rousseau, ce philosophe français, l'homme se définit par sa liberté. D'ailleurs, c'est la proclamation sur laquelle s'ouvre le premier chapitre de son contrat social : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers34 ». Il s'agit là d'une définition anthropologique de la liberté, qui doit figurer en entame de toute méditation relative aux Droits de l'Homme. C'est donc la reconnaissance de la liberté à tout individu que ces penseurs s'attaquent au système ancien pour instaurer un climat où la dignité de l'homme, le progrès de la société seront pris en considération.

Après une longue période de gestation, la conception libérale voit son épanouissement en 1789 dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en France. Par la suite, elle se transformera

33 - Jacques Mourgeon, Les droits de l'homme, PUF, Paris, 1978, p. 16.

34 -Jean Jacques Rousseau du contrat social ou principe du Droit politique, 1762.

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progressivement, et cette transformation se concrétisera en 1946, dans le préambule de la Constitution du 27 octobre.

2. La conception marxiste des Droits de l'Homme

La conception marxiste des Droits de l'Homme se retrouve aux antipodes de la conception libérale de Droits de l'Homme. Elle est une conception difficile à cerner. Sa difficulté nait, en effet, du fait qu'elle est d'une grande complexité susceptible d'impressionner toute approche simpliste.

La conception marxiste des Droits de l'Homme utilise presque le même terme que la conception libérale des Droits de l'Homme : la liberté. Mais la notion de liberté dans ces deux conceptions n'a pas la même acception. La conception marxiste part du principe que la liberté n'est pas à l'homme. Elle est une conquête dont la réalisation est fonction des transformations de la société, d'une révolution sociale. L'homme se doit de lutter pour assurer la garantie de sa liberté, puisque selon Marx, il est sous la domination d'un ensemble de réseaux de déterminismes façonnant ses idées et sa compréhension des choses. Car il est produit de sa condition sociale de l'existence. C'est en remettant en question celle-ci qu'il va accéder à la liberté réelle. De ce fait, la conception marxiste des Droits de l'Homme est lecture critique de la conception libérale des Droits de l'Homme dans la mesure où celle-ci ne favorise pas l'épanouissement des Droits de l'Homme, mais constitue une véritable limitation et une hypothèque pour la cristallisation réelle de ces des droits. Le libéralisme s'inscrit dans une perspective consistant à propulser l'individualisme égoïste, qui est une menace pour le développement du sens du bien commun, et peut provoquer une déchirure des liens sociaux. Donc, il est susceptible de détruire tout sentiment d'appartenance à une communauté humaine. Il fragmente la société. Aussi est-il perçu comme un danger éminent pour la vraie matérialisation des Droits de l'Homme. Car ils ne peuvent pas se réaliser dans une société fragmentée, déchirée et inégalitaire.

3. La conception communautariste des Droits de l'Homme

Le communautarisme est un concept sociologique qui a été créé aux Etats-Unis dans les années 1980. En effet, la création de ce concept rentre dans le cadre d'une nouvelle conception philosophique de l'homme par rapport à un ensemble de valeurs susceptibles d'harmoniser ses relations avec la communauté. Le communautarisme sert à designer une philosophie dite "communautarisme" affirmant que l'individu n'existe pas indépendamment de ses appartenances :

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culturelles, ethniques, religieuses ou sociales. Il s'agit d'une conception qui accorde la préséance au groupe, à la communauté. Transposée dans le domaine des Droits de l'Homme, cette conception met l'accent sur la nécessité de saisir ces derniers non pas de manière individuelle, mais de manière collective. De ce point de vue, Le Vicomte de Bonald avance pour dire que : « L'homme n'existe que pour la société, la société le forme pour elle-même35 ». C'est cette conception des Droits de l'Homme qui prévaut en Afrique, surtout avec la création de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. Cependant, cette conception est très critiquée. Dans la perspective du professeur Y. Madiot, elle présente deux caractéristiques fondamentales : « Une condamnation de l'individualisme, une glorification de l'Etat et l'affirmation des devoirs et des obligations de l'individu36 ». Ces caractéristiques même sont considérées comme une menace pour la liberté individuelle. Dans ce cas, l'individu se trouve obligé d'hypothéquer une partie de sa liberté au profit des intérêts de l'Etat. Et aussi, les droits d'un individu risquent de devenir différents en fonction de son appartenance à telle ou telle communauté, fondée sur une religion, une ethnie, etc.

C- Les facteurs d'encadrement des Droits de l'Homme

Yves Madiot estime que les droits de l'homme ne sauraient être pensés en dehors d'un ensemble de facteurs favorisant leur matérialisation. Il a écrit : « Les Droits de l'Homme n'existent pas de façon autonome comme un idéal fixé une fois pour toutes et qui indiqueraient la voie du progrès de la société37 ». D'après ce même auteur, les facteurs encadrant les droits de l'homme sont d'ordre : politico-juridique, culturel et socio-économique.

Sur le plan juridico-politique, on considère la démocratie et l'état de Droit comme les conditions d'existence réelles des Droits de l'homme.

Démocratie et Droits de l'homme

Selon D. lochak « les droits de l'homme ne peuvent exister que dans une démocratie38 ». Pour lui, il existe une relation de consubstantialité entre Droits de l'homme et démocratie. Elle (la démocratie)

35 - Cité par Claude-Albert Colliard, in Libertés publiquues, Dalloz, Paris, 1975, p. 29.

36 - Yves Madiot, Droits de l'homme et Libertés publiques, Masson, Paris, 1976, p. 33.

37 -Op.cit., p.31.

38 Daniel Lochak, Les droits de l'homme, La découverte, Paris, 2002, p. 3.

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est la véritable garantie de la question relative aux Droits de l'homme. Et à bien des égards, constitue une évidence. A telle enseigne, il est précisé dans le préambule de la convention européenne des Droits de l'homme : « le maintien des libertés fondamentales repose essentiellement sur un régime politique démocratique39 ». Et la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe(CSCE), les états réunis en 1990 a Copenhague reconnaissaient que « la démocratie pluraliste et l'état de droit sont essentiels pour garantir le respect de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales40 » lesquelles se trouvent renforcées par la définition attribué a la démocratie par Abraham Lincoln : « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Droits de l'Homme et Etat de Droit

L'Etat de Droit, concept de la modernité, est une réponse à ceux qui pensent qu'avoir le pouvoir, c'est faire ce qu'on veut sans la prise en compte de la loi et des droits fondamentaux des citoyens. Il propose une nouvelle vision de la gestion du pouvoir dans la mesure où il implique l'idée d'une limitation du pouvoir. Cela rejoint cette fameuse théorie de Montesquieu, celle de la séparation des pouvoirs. Selon lui, « il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir41 ». En fait, l'Etat de Droit s'inscrit dans un processus de constitutionnalisation en prônant le respect de la hiérarchie des normes, une notion chère à Kelsen à travers sa théorie pure du droit.

L'Etat de Droit est, en effet, une grande thématique des Droits de l'Homme. En d'autres termes, l'Etat de Droit ne renvoie pas seulement au respect de la hiérarchie, mais aussi au respect des droits fondamentaux. L'Etat de Droit et les Droits de l'Homme constituent une sorte de binôme inséparable, c'est-à-dire qu'ils se retrouvent dans une relation symbiotique ; les deux notions s'impliquent mutuellement au point d'apparaitre interdépendants. Cette interdépendance est aussi mise en évidence dans les discours internationaux. C'est ainsi par exemple, lors de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE), le trinôme Droits de l'Homme-Démocratie-Etat de Droit a été considéré comme la clé de voûte de la nouvelle Europe. Mesurant l'importance de ce trinôme et se sentant concerner naturellement par la nécessité de préserver cela, les Etats, ayant participé à cette Conférence, ont lancé un message dont l'écho demeure jusqu'à aujourd'hui pour

39 Op.cit., p.77.

40 -Ibid.

41 Cité par Laurence Hansen-Love in Philosophie Terminale, Hater, Paris, 2001, p. 215.

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renforcer les institutions qui maintiennent l'Etat de Droit, et ce pour créer les conditions permettant à chacun de jouir des droits universels et des libertés fondamentales.

Au niveau culturel, l'épanouissement des Droits de l'Homme est étroitement lié à la culture du pays où ils se retrouvent. Cela suppose que la population en question doit avoir un certain niveau d'éducation. Or, dans les pays sous-développés, ce facteur d'éducation n'est pas assuré. Le niveau d'éducation de la nation permet au peuple d'avoir une meilleure compréhension des droits de l'homme. C'est en ce sens que l'art 26 al.2 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme précise que : « L'éducation doit viser à l'épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux42 ». Par contre, il se pose un sérieux problème au niveau d'une compréhension réelle des Droits de l'Homme dans un pays comme Haïti, d'autant que le peuple fait face à un manque de prise de conscience de l'existence, voire un manque de connaissance de ces derniers.

Du point de vue économique, la conception marxiste est en grande partie dominée par les rapports de production dans les sociétés. Les Droits de l'Homme seraient le produit des rapports de production formant la base de ces droits.

Il convient de souligner, avec évidence, que les facteurs d'encadrement des Droits de l'Homme varient d'un pays à un autre, même si l'on peut admettre qu'il ait un certain niveau de standardisation. On ne peut pas les importer, et donc toute idée d'importation de ces facteurs est une bataille perdue à l'avance. A ce titre, pour ce qui a trait à la réalité haïtienne, il faut faire en sorte que les Droits de l'Homme puissent correspondre à la dimension de la réalité socioculturelle haïtienne. Car ces droits ne sauraient poser en dehors d'une prise en compte de la situation des conditions matérielles d'existence de tous les Haïtiens sans distinction.

Comme il est souligné dans l'introduction de ce chapitre, une bonne connaissance des droits de l'homme en tant que discipline juridique à part entière est nécessaire pour une meilleure appréciation de la situation des Droits sociaux en Haïti. Apres avoir découvert les origines de ce dits Droits, ses différentes théories et conceptions, ses facteurs d'encadrement et autres, nous pouvons aborder à

42 Henry Oberdorff et J. Robert, Libertés fondamentales et les droits de l'homme, Montchrestien, Paris, 1997, p. 222.

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présent, les questions relatives à la situation des Droits Sociaux dans le pays. Tel est l'objectif du chapitre qui suit : Généralités et caractéristiques des Droits Sociaux en Haïti.

CHAPITRE II : Généralités et caractéristiques des Droits Sociaux en Haïti.

Nous l'avons vu précédemment, D. lochak l'a affirmé, les droits de l'homme ne peuvent exister que dans une démocratie. Il déclare qu'il existe une relation de consubstantialité entre Droits de l'homme et démocratie. Elle est la véritable garantie de la question relative aux Droits de l'homme. Une bonne gouvernance démocratique doit inévitablement se concentrer sur la promotion et la protection des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Sans cette protection, il ne peut exister de véritable démocratie. En effet, Haïti avait décidé de rompre avec la dictature en 1986. En vue d'implanter la démocratie comme en témoigne la constitution de 1987 dans le quatrième paragraphe de son préambule : « Pour implanter la démocratie qui implique le pluralisme idéologiques et l'alternative politique et affirmer les droits inviolables du peuple haïtien » C'est la raison pour laquelle dans ce chapitre, nous abordons d'abord les exigences des sociétés démocratiques en matière de droits de l'homme, et ensuite les caractéristiques des droits sociaux en Haïti.

SECTION I : Exigence des sociétés démocratiques en matière de Droits de l'Homme particulièrement des Droits Sociaux

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A- Société démocratique et Démocratie : rapport et définition

Selon Alexis de Tocqueville une société démocratique est une Société qui repose sur le principe d'égalité c'est à dire de non hérédité sociale et politique : les positions sociales ne sont pas liées à l'appartenance sociale. Dans le domaine politique par exemple, on ne devient pas Président de la République parce que son père a été président, mais a partir des élections libres et honnêtes.

Ce principe se traduit par une égalité des droits politiques et civiques qui s'applique à tous les membres de la société. Ceux-ci au-delà de leurs particularités et différences, sont tous citoyens sur un pied d'égalité et c'est pourquoi le peuple est le fondement de la souveraineté politique.

Ce principe d'égalité se traduit aussi par une égalité des chances qui permet l'idée que l'on peut échapper au destin de son groupe social. Cette possibilité d'accéder aux positions élevées dans la société s'accompagne d'un vouloir de bien être matériel et repose sur la volonté d'uniformisation des modes de vie.

La société démocratique est donc une société valorisant l'égalité, une société ouverte et méritocratique.

Quid de la démocratie ?

Suivant l'avis de John Locke, dans « Traité du gouvernement civil » en 1690, c'est par la volonté du peuple que l'Etat existe, le rôle de l'Etat est de protéger les libertés, la démocratie est la forme de gouvernement qui protège le mieux les libertés.

De son cote, Jean-Jacques Rousseau, dans « Du contrat Social, ou Principes du droit politique» en 1762, pensait que le peuple devient souverain grâce à la démocratie, les individus concluent un contrat entre eux dans lequel ils se définissent comme un corps politique souverain qui exprime les aspirations de tous.

Charles Louis de Montesquieu, pour sa part, dans « De l'Esprit des lois » en 1748, affirme « Il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir »(...) « Lorsque le peuple a la puissance souveraine c'est la démocratie. » Voici donc mises en avant la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) et la légitimité du pouvoir qui doit être fondée sur le peuple.

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Et, Nicolas de Condorcet, dans « Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain »en 1795, ouvrage posthume, défend le respect de la souveraineté populaire. Le système politique présenté dans son projet de constitution reposait sur des Assemblées primaires qui détenaient cette souveraineté.

La définition « historique » de la démocratie

Cette définition a été donnée par Abraham Lincoln dans une formule célèbre prononcée à la fin d'un discours, à Gettysburg le 19 novembre 1863 : « A nous de décider que le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ne disparaitra jamais de la surface de la terre. » C'est Lincoln qui avait dit aussi « De même que je ne voudrais pas être un esclave je ne voudrais pas être un maitre. Telle est ma conception de la démocratie. » Cette conception rejoint celle fondatrice d'Athènes: démos le peuple, kratos le pouvoir, le pouvoir du peuple.

La démocratie est une forme de gouvernement qui garantit l'égalité et la liberté des citoyens. Quelles sont les valeurs de ce système politique qui s'est imposé peu à peu ?

Quelles sont ses origines ?

B- Les origines de la démocratie

1) L'invention de la démocratie dans la Grèce antique

La démocratie a été inventée dans la Grèce du Ve siècle avant Jésus-Christ. Pour l'historien Thucydide « la démocratie est un régime politique ou les choses dépendent non d'un petit nombre mais de la majorité ». Cependant, dans la démocratie Grecque ni les femmes ni les esclaves ne possédaient pas de droit civique.

2) Le développement de la démocratie

Forme de gouvernement propres aux citées Grecques, la démocratie réapparait dans la Rome antique, puis dans la Venise du moyen âge et dans l'Angleterre et le Pays-Bas de l'époque moderne. Il s'agit dans chacun de ces cas d'une démocratie oligarchique, c'est-à-dire d'un régime politique ou un petit nombre de citoyen privilégié détient l'essentiel des pouvoirs et des richesses. Ce n'est qu'a la fin du XVIIIe siècle qu'une véritable démocratie s'est développée, tant aux états unis que dans la France

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révolutionnaire. Depuis cette date, elle n'a cessée de gagner du terrain, au point de devenir aujourd'hui la forme dominante de gouvernement.

C- Les valeurs de la démocratie

La démocratie est un idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples qui composent la communauté mondiale, indépendamment des différences culturelles, politiques, sociales et économiques. Elle est donc un droit fondamental du citoyen, qui doit être exercé dans des conditions de liberté, d'égalité, de transparence et de responsabilité, dans le respect de la pluralité des opinions et dans l'intérêt commun.

Elle est à la fois un idéal à poursuivre et un mode de gouvernement à appliquer selon des modalités traduisant la diversité des expériences et des particularités culturelles, sans déroger aux principes, normes et règles internationalement reconnus. Elle est donc un état, ou une condition, sans cesse perfectionné et toujours perfectible dont l'évolution dépend de divers facteurs, politiques, sociaux, économiques et culturels.

En tant qu'idéal, la démocratie vise essentiellement à préserver et promouvoir la dignité et les droits fondamentaux de l'individu, à assurer la justice sociale, à favoriser le développement économique et social de la collectivité, à renforcer la cohésion de la société ainsi que la tranquillité nationale et à créer un climat propice à la paix internationale. En tant que forme de gouvernement, la démocratie est le meilleur moyen d'atteindre ces objectifs; elle est aussi le seul système politique apte à se corriger lui-même.

Les sociétés démocratiques sont caractérisées par des valeurs appelées panneaux ou piliers ou encore principes de la démocratie. Il s'agit notamment de :

a) La souveraineté des peuples

C'est le premier pilier de la démocratie. Elle se traduit par la participation de tous les citoyens à la gestion de la chose publique. Cette participation implique la connaissance et l'exercice des droits et devoirs des citoyens. Le peuple participe a l'exercice des pouvoirs, soit directement (démocratie participative), soit par l'intermédiaire de ses représentants élus (démocratie représentative). Cet exercice permet au peuple de déterminer lui-même son organisation politique, sociale et économique.

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b) La tolérance (politique)

La tolérance c'est reconnaître que l'autre a le droit de vivre et d'être ce qui il est. C'est respecter et apprécier ce qui est différent de ses valeurs. C'est faire l'effort de comprendre et de dialoguer pour arriver à la compréhension mutuelle.

La discrimination, la marginalisation et l'exclusion sont des formes courantes d'intolérance. L'intolérance apparaît souvent lorsque l'on ne comprend pas l'autre, et qu'on ne cherche pas à le ou la comprendre.

c) L'égalité

Les sociétés démocratiques mettent l'accent sur les principes selon lesquels tous les citoyens sont égaux. Ils sont tous soumis aux mêmes lois et ne se distinguent les uns des autres que par leur mérite. La pauvreté ne doit donc empêcher à personne de prendre part à la vie de la cité.

Le but n'est pas d'assurer les mêmes ressources à tous les citoyens mais de garantir l'égalité de tous devant la loi grâce a l'impartialité de la justice. C'est ce qu'on appelle l'état de Droit.

d) Le primat de la loi

La démocratie est fondée sur la primauté du droit et l'exercice des droits de l'homme. Dans un Etat démocratique, nul n'est au-dessus de la loi et tous les citoyens sont égaux devant elle, qu'il soit roi ou président élu. Cela revient à dire que chacun est tenu de respecter la loi et quiconque la viole doit y répondre devant les instances judiciaires compétentes. Les lois sont les mêmes et équitables pour tous.

e) Charte des droits

Une liste des droits et libertés des citoyens. Ce document limite les pouvoirs du gouvernement, explique les libertés qui sont garanties à tous et protège la population des abus de pouvoir du gouvernement. La Charte Haïtienne des droits et libertés est enchâssées dans la Constitution de 1987 et son application peut être ordonnée par les tribunaux

f) Règle de droit

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Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Personne ne peut se placer au-dessus de la loi - cela comprend les élus, la police ou les membres de l'armée. Les lois sont appliquées de façon égalitaire, juste et uniforme.

g) Contrôle de l'abus de pouvoir

Par corruption, on entend l'utilisation de fonds publics par des représentants du gouvernement à leur propre usage ou l'exercice du pouvoir d'une façon illégale. Afin d'offrir une protection contre ces abus de pouvoir, les gouvernements démocratiques sont souvent structurés de façon à limiter les pouvoirs des titulaires de charges gouvernementales.

h) Élections justes et équitables

Les élus sont choisis par le peuple de façon juste et équitable. Les élections se tiennent régulièrement, généralement tous les quatre à sept ans. La plupart des citoyens adultes ont le droit de voter et de se présenter - sans égard à la race, au sexe, à l'origine ethnique et au statut économique. Il ne doit y avoir aucun obstacle au vote, aucune intimidation, corruption ou menace aux citoyens avant ou pendant une élection.

i) Participation des citoyens

La participation des citoyens au sein d'une démocratie est plus qu'un droit, elle est un devoir. Cette participation peut prendre diverses formes : se présenter comme candidat, voter, s'informer, débattre de différents enjeux, participer aux assemblées dans la communauté, payer ses impôts, faire partie d'un jury et manifester. La participation des citoyens est essentielle à une saine démocratie.

j) Responsabilité et transparence

Les élus sont responsables de leurs actions et doivent rendre des comptes à la population. Les fonctionnaires doivent prendre des décisions et exécuter leurs tâches en fonction des souhaits et de la volonté de ceux qu'ils représentent, et non d'eux mêmes. Pour que le gouvernement soit tenu responsable, la population doit être informée de ses actions. Un gouvernement transparent tient des assemblées publiques et permet aux citoyens d'y participer. Les médias et les citoyens sont tenus informés des décisions qui sont prises.

k) Appareil judiciaire indépendant

Les tribunaux et l'appareil judiciaire doivent être impartiaux. Les juges et le système de justice sont libres d'agir sans l'influence ou l'ingérence des pouvoirs exécutifs ou législatifs du gouvernement. Ils ne doivent pas être corrompus ou influencés par des personnes, des

l) Le pluralisme politique

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La démocratie exige que la vie politique soit organisée de façon à permettre l'expression de toutes opinions ; c'est le pluralisme politique. Il s'exprime par la tenue d'élection libre et honnête au cours desquelles le peuple élu ses représentants au moyen du vote au suffrage universel, égal et secret. C'est le système de la démocratie représentative.

m) La séparation des pouvoirs

La démocratie implique aussi la liberté. C'est la liberté reconnue et assurée de tous les citoyens, même les plus modestes, qui garantit l'existence d'un espace démocratique dans la cité. Assurer les libertés fondamentales de l'individu est donc l'une des conditions de l'existence de la démocratie. C'est le but de la séparation des trois pouvoirs :

- Le pouvoir de faire les lois se trouve attribuer au législatif ;

Le pouvoir législatif joue un rôle prépondérant dans le processus de fonctionnement de la démocratie. Il est comme le souligne Eric Weil lui-même, l'institution qui caractérise principalement l'Etat constitutionnel, lequel exprime les désirs et la morale vivante de la société-communauté particulière. Exprimant de ce fait les désirs et la morale vivante de la société-communauté, sa tâche consiste à contrôler l'action rationnelle et raisonnable du gouvernement et donne à celui-ci la possibilité d'éduquer le peuple. Dans un Etat démocratique, le pouvoir législatif est la représentation du peuple. Sa fonction, tel que l'exprime Eric Weil, ne se comprend que par rapport au gouvernement, devant lequel il représente la nation : vérité évidente, mais souvent oubliée parce que le souvenir est trop vif de l'époque où l'institution a acquis son importance dans la lutte contre les gouvernements arbitraires.

- Le pouvoir de les appliquer à l'exécutif ;

Le pouvoir exécutif est l'organe de ceux qui gouvernent, de ceux qui prennent des décisions, de ceux qui exercent les fonctions d'autorité, c'est-à-dire qui décident pour tous et au nom de tous en tant que ces « tous » sont membres de la société et de l'Etat. Le pouvoir exécutif est l'instance de décision. Pour Eric Weil, c'est le gouvernement qui est l'organe représentatif de ce pouvoir, c'est lui seul qui parle au nom de l'Etat aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Et, ce faisant, son but ultime est de conserver l'Etat autonome d'une communauté-société existante, sa mission est de réaliser les buts les plus rationnels en vue des intérêts généraux et particuliers de l'Etat. Il est ce qui forme le seul ressort

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de l'action. Sa tâche naturelle est de favoriser ou d'oeuvrer pour la cohésion sociale. Pour que celle-ci soit possible, il revient à l'exécutif d'être attentif aux situations de mécontentement qui engendrent des révoltes ou des révolutions. C'est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer avec Eric Weil que l'exécutif a un intérêt vital à connaître les facteurs d'insatisfaction qui agissent dans la société et menacent la forme présente de l'Etat. Pour la délibération et l'exécution de ses décisions, il s'appuie sur l'administration. Cette dernière est l'organe de la rationalité technique de la société particulière. Elle est l'exécutrice des décisions gouvernementales. Elle est l'organe grâce auquel les décisions du pouvoir exécutif sont rendues.

Dans un État démocratique, la souveraineté du pouvoir exécutif est limitée par l'intervention d'un pouvoir législatif.

- Et le pouvoir de les faire respecter est attribué au pouvoir judiciaire.

L'indépendance de la magistrature est aujourd'hui unanimement considérée comme une condition capitale du régime démocratique. L'institution de la magistrature est désormais un pilier de l'État démocratique. Cette consécration devrait pourtant surprendre. Le magistrat n'est ni élu par les citoyens, ni choisi parmi ou par leurs délégués. Il est nommé par le gouvernement. Sa désignation n'est cependant pas abandonnée aux humeurs des gouvernants : elle s'appuie sur des critères rationnellement définis, elle exige une qualification, une formation, en un mot, une compétence. Le magistrat est un spécialiste du droit. La consécration de la magistrature comme support du régime démocratique révèle un élément incarné par cette institution, aussi indispensable au fonctionnement de l'État démocratique que l'autorité réclamée par le gouvernement et la discussion organisée par l'assemblée : la compétence.

Si deux de ces pouvoirs se confondent, comme c'était le cas sous la monarchie en France, la liberté des citoyens, et la démocratie peuvent se trouver menacées. Selon Montesquieu, « la séparation des pouvoirs, c'est la protection et la séparation de ce qu'il appelle la liberté politique. Dans la théorie dite de séparation des pouvoirs, la sauvegarde de la liberté apparaît donc comme la fin, l'objectif poursuivi ».43

43 MONTESQIEU, Théorie de la séparaton des pouvoirs

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La séparation des pouvoirs n'implique pas l'isolement de chacun de ces pouvoirs. Il s'agit plutôt de la séparation des fonctions étatiques entre les organes de Gouvernement bien distincts. La séparation des pouvoirs est un moyen d'éviter la concentration du pouvoir au sein d'un seul organe.

Les pouvoirs doivent collaborer voire même se compléter dans les prises de décisions. Dans la plupart des États, cette séparation vise particulièrement le pouvoir judiciaire. Cette particularité se justifie par le fait que le principe d'indépendance reconnu à la justice est souvent méconnu surtout par le pouvoir exécutif.

n) La garantie des Droits Humains

De manière générale, les Droits Humains sont des principes d'équités ou de justices ou de droits universels dont doit jouir un citoyen. Ce sont des prérogatives, des libertés fondamentales de l'homme dont le non-respect porte atteinte à la dignité humaine. Ils sont protégés par la constitution. Il est recommandé que les peuples puissent connaitre ses droits afin qu'ils soient en mesure de les défendre. Ils constituent un cadre commun de valeurs et de normes universellement reconnues et établissent l'obligation qui revient aux États d'agir d'une certaine manière ou de renoncer à certains actes. Il s'agit d'un instrument important pour amener les États, et de plus en plus les acteurs non étatiques, à répondre des violations des droits ainsi que pour mobiliser les efforts collectifs visant le développement de communautés et de structures mondiales favorables à la justice économique, au bien-être sociale, à la participation et à l'égalité. Les droits humains sont universels, inaliénables, interdépendants et indivis

En définitive, une société démocratique, c'est une société plus ou moins idéale, c'est-à-dire une société où les libertés et les Droits de l'Homme sont respectés en fait et non en théorie, où le minimum social commun est garanti. En d'autres mots, c'est un Etat politiquement bien organisé et responsable, responsable devant le peuple et de ses actions. Il s'agit bien entendu des actions qui sont conformes au droit ou conformes à ce qui est prescrit par la loi en vigueur dans le pays en question.

En Haïti, après vingt neuf (29) années de dictature nous avons choisi la démocratie en adoptant la constitution de 1987, par cette action nous nous sommes engagés à promouvoir et à garantir les Droits de l'Homme dans le pays, protéger les libertés fondamentales, assurer la séparation effective des trois pouvoir de l'Etat. Théoriquement, c'est la création d'un Etat de Droit ou chacun est libre de

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mettre en relief ses Droits subjectifs, mais les individus sont tous protégés par la constitution et les lois du pays. L'application de cette théorie est-elle faite dans la réalité haïtienne ? C'est ce que nous verrons dans la section suivante.

Section II : Etat des lieux sur la situation des droits sociaux en Haïti.

A- Vue d'ensemble sur les Droits sociaux

Les droits sociaux sont des standards internationaux de base sans lesquels on ne peut pas vivre dans la dignité. Ils «sont l'expression juridique de ce dont l'être humain a besoin pour mener une vie pleinement humaine» et leur réalisation permet l'amélioration des conditions de vie de chaque personne. En tendant vers une existence décente des individus, ces droits aboutissent au développement économique et social des communautés et ils sont incontournables à la réduction de la pauvreté et à la paix.

Les Droits sociaux sont des droits humains concernant les conditions sociales et économiques essentielles à une vie digne et libre, et qui sont liés au travail, à la sécurité sociale, à la santé, à l'éducation, à l'alimentation, à l'eau, au logement décent, à un environnement sain et à la culture. Les droits humains constituent un cadre commun de valeurs et de normes universellement reconnues et établissent l'obligation qui revient aux États d'agir d'une certaine manière ou de renoncer à certains actes. Il s'agit d'un instrument important pour amener les États, et de plus en plus les acteurs non étatiques, à répondre des violations des droits ainsi que pour mobiliser les efforts collectifs visant le développement de communautés et de structures mondiales favorables à la justice économique, au bien-être sociale, à la participation et à l'égalité. Les droits humains sont universels, inaliénables, interdépendants et indivisibles.

En 1948, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), où sont énoncés les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux de base dont tous les êtres humains devraient jouir. En 1966, les DESC étaient reconnus comme droits légitimes dans le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC) (qui constitue, avec la DUDH et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte internationale des droits) ainsi que par d'autres importants traités relatifs aux droits humains et mécanismes régionaux. À ce jour, plus de 160 États ont ratifié le PIDESC. De

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plus, plusieurs États ont formulé leur engagement en faveur des DESC dans les constitutions nationales et le droit interne. Les États doivent garantir les DESC sans discrimination fondée sur les motifs définis dans le PIDESC, dont la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l'opinion politique ou toute autre opinion, l'origine nationale ou sociale, la fortune et la naissance. Dans le cadre de ses travaux, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels44 (CDESC) a défini d'autres motifs illicites de discrimination, notamment le handicap, l'âge, la nationalité, la situation matrimoniale et familiale, l'orientation sexuelle et l'identité sexuelle, l'état de santé, le domicile et la situation économique et sociale. L'élimination de la discrimination, et certaines obligations fondamentales minimales définies par le CDESC dans certaines de ses observations générales, ne sont pas d'application progressive, mais bien d'application immédiate.

Le préambule de la DUDH confirme que « tous les individus et tous les organes de la société » doivent s'efforcer de promouvoir le respect des droits humains et en assurer « la reconnaissance et l'application universelles et effectives ». Cette obligation s'étend aux entreprises, aux organisations internationales et multilatérales et à d'autres acteurs non étatiques. L'énonciation des Droits sociaux dans le droit international est le fruit de revendications de ces droits élémentaires portées depuis longtemps par des gens du monde entier et traduit une préoccupation pour la vie de chaque personne, en particulier les plus vulnérables, qui se manifeste dans plusieurs traditions philosophiques, religieuses et autres.

Maintenant, Qu'en est-il du respect de ces droits réputés fondamentaux au sein de la société Haïtienne? Peut- on dire que les droits sociaux sont garantis en faveur de la population Haïtienne ?

B- La situation de la population haïtienne en matière de réalisation des Droits sociaux

Quel que soit l'angle considéré, la situation générale des droits humains en Haïti est chaotique. Elle est caractérisée par une faiblesse de l'autorité étatique, l'officialisation de l'impunité, la corruption au niveau des institutions publiques, la cherté de la vie, le non accès aux produits de première nécessité,

44La surveillance de l'applicaton du Pacte internatonal relatf aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 est assurée par le Comité de l'ONU pour les droits économiques et sociaux (Comité DESC). Créé par une résoluton du Conseil économique et social du 28 mai 1985 (soit 9 ans après l'entrée en vigueur du Pacte), le Comité a en efet pour foncton de mener à bien les tâches de surveillances coniées au Conseil dans la quatrième parte du Pacte. Le Comité DESC se compose de 18 experts indépendants.

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etc. Conséquemment, les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple haïtien sont quotidiennement foulés au pied.

Sur la réalisation des Droits sociaux et économiques, la situation du pays est alarmante. Elle est caractérisée par un niveau de pauvreté élevé et par la violation constante des droits à la santé, à l'éducation, à l'alimentation et au travail du peuple haïtien. Plusieurs mouvements de protestation spontanés ont été enregistrés partout dans le pays, pour dénoncer notamment la cherté de la vie et réclamer la réalisation des droits sociaux: accès à l'eau potable, accès à l'électricité, construction de route, construction d'hôpitaux et de centres de santé, etc. récemment des mouvements ont été enregistrés a travers le pays, 6 et 7 juillet , 17 octobre, 18 novembre 2018, du 7 au 10 février 2019 pour dénoncer la situation accablante des droits sociaux et pour demander des comptes sur la gestion des fonds vénézuéliens de l'accord petro caribe.

En effet, Haïti a ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) en 201245. La Constitution Haïtienne stipule que les traités ou accords internationaux qui ont été approuvés et ratifiés sont auto-exécutés et font automatiquement partie de la loi du pays46. En outre, la Constitution haïtienne reconnaît explicitement les obligations contenues dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), établissant que «l'Etat a l'obligation de garantir le droit à la vie, à la santé et au respect de la personne humaine pour tous les citoyens, sans distinction, conformément à la Déclaration universelle des droits de l'homme47 ». La Constitution haïtienne protège des droits à la santé, au logement décent, à l'éducation, à la nourriture, à la sécurité sociale et au travail48. Mais rien n'empêche que ces droits sont constamment négligés, violés dans le pays.

Voyons cas par cas, la situation de ces droits en Haïti.

1) Le droit a la santé

Ce droit concerne à la fois le droit qu'ont les personnes de bénéficier d'un certain niveau de santé et de soins de santé et l'obligation qui incombe à l'État d'assurer un certain niveau de santé publique à la communauté en général.

45 Le Nouvelliste, Haïti: ratification bienvenue du PIDESCv (2 février 2012),

htp://// lenouvelliste.com//lenouvelliste//artcle//102289//Hait-raticaton-bienvenue-du-PIDESC-par-lAssemblee-natonale.

46 La Consttuton Haïtenne de 1987, art. 276-2

47 Id., art. 19. 48Id., art. 22

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L'Organisation mondiale de la santé définit le droit à la santé comme étant « un état de complet de bien-être physique, mental et social, et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Les États doivent garantir tant les libertés que les droits. Parmi les libertés se trouvent le droit de contrôler sa santé et son corps, ce qui comprend la liberté sexuelle et génésique, et le droit à l'intégrité, par exemple, le droit de ne pas être soumis à la torture et de ne pas être soumis sans son consentement à un traitement ou une expérience médicale. Les droits comprennent le droit d'accès à des établissements et à des soins de santé adéquats, ainsi que l'adoption par l'État de mesures appropriées concernant les déterminants socio-économiques de la santé, tels que l'alimentation, l'eau et l'assainissement, la sécurité et l'hygiène au travail, le logement et la pauvreté.

L'accès à la santé, droit fondamental protégé par la Constitution et d'autres instruments internationaux signés et ratifiés par Haïti, demeure un pari à risque pour le Gouvernement haïtien49. Dans un contexte d'évolution dynamique où l'individu joue un rôle centrique dans la mutation sociale, l'affiche valétudinaire de la santé en Haïti voile « le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre »50. L'Etat haïtien reconnait que la santé est un état de bien-être physique et mental (adaptée à la définition de l'organisation Mondiale de la Santé (OMS)), et doit nécessairement être analysée dans ses aspects dynamiques51. Toutefois, les besoins et la dimension de la population doivent être pris en compte pour déterminer « un état d'équilibre entre diverses forces déterminées par l'environnement naturel et social et par l'intervention de la société et des pouvoirs publics à travers l'organisation du système de santé »52.

Cependant, en Haïti bien avant le séisme du 12 janvier 2010, le problème de la santé se posait de manière très grave et les mesures de redressement n'étaient pas toujours prises avec promptitude et dynamique pour obvier les éventuelles dérives. Ce qui intronise facilement les différentes épidémies en Haïti, surtout dans les milieux les plus défavorisés et réputés vulnérables. La majorité de la population se trouve à la campagne vivant dans des conditions lamentables (pas d'accès à un centre de santé, pas d'emploi, pas de l'eau potable, dans un environnement malsain)53. Car les sections

49 Le Nouvelliste, l'Accessibilité des soins, un défi majeur pour Haïti (16 mars 2016), Page 1.

50 PIDESC, supra note 6, art. 12.

51 Ministère de la sante publique et la populaton, République du Haït, Plan directeur de sante 2012-2022, htp://// www.mspp.gouv.ht//site//downloads//Plan%20Directeur%20de%20Sant %C3%A9%%81%202012%202022%20version%20web.pdf.

52 Ministère de la sante publique et la populaton, République du Haït, Politiquue Nationale de Sante (Juillet 2012), htp://// mspp.gouv.ht//site//downloads//PNS%2021juillet%20version%20inale.pdf.

53Le Nouvelliste, La population haïtienne toujours rurale à 52% (27 septembre 2013), htp://// lenouvelliste.com//lenouvelliste//artcle//121926//La-populaton-haitenne-toujours-rurale-a.

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communales sont totalement négligées à tous les points de vue. Nombre de sections communales sont dépourvues de centre de santé, pas un médecin, pas une infirmière, ni même une auxiliaire infirmière, ni un agent de santé n'y sont attachés pour apporter des soins médicaux même réduit à la population des sections communales qui représentent la force vive de la nation haïtienne. Ce qui nous permet de comprendre que la majorité des paysans haïtiens ignore les soins de santé et que nos gouvernants s'en moquent. Même dans nos villes de province la santé des habitants n'est pas prise en compte avec rigueur. Certains hôpitaux de nos provinces sont dépourvus de médecins et d'infirmière répondant aux besoins de la population. Les différentes populations de nos provinces ne trouvent pas les soins nécessaires à leur état. Nombre de personnes sont mortes sinon par absence du reste par manque de soins médicaux. Le risque s'installe en maitre. Les dirigeants du pays n'accordent pas la priorité à la santé du peuple mais à leur pouvoir auquel ils s'attachent considérablement. Si la santé est un droit sacré, nos dirigeants en ont fait peu de cas. À rappeler le droit à la santé n'est pas seulement accès au service, mais l'obligation de l'État de contrôler la qualité des soins, ce qui constitue un grave problème en Haïti. Au cours du mois de mars 2016, l'ingestion de boissons alcoolisées à base d'éthanol sur le marché, à travers les rues de Port-au-Prince, a causé la mort á beaucoup de citoyens54. Ce qui prouve la négligence de l'Etat de contrôler la provenance et la qualité des produits et médicaments sur le territoire national.

2) Le droit à l'alimentation

Le droit à l'alimentation est essentiel à une vie digne et fondamentale pour la réalisation de plusieurs autres droits, dont le droit à la santé et à l'éducation. L'alimentation est importante non seulement pour la survie, mais aussi pour le plein développement des capacités physiques et mentales de chacun.

Les États sont tenus d'adopter, individuellement et au moyen de la coopération internationale, différentes mesures de production, de conservation et de distribution des aliments de façon à ce que tout le monde ait accès à une nourriture suffisante pour être à l'abri de la faim et de la malnutrition. Pour la réalisation du droit à l'alimentation, il faut aussi prêter attention à des concepts comme la sécurité alimentaire (la durabilité de l'accès à l'alimentation pour les générations présentes et futures) et la souveraineté alimentaire (le droit des peuples à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles). Le droit à l'alimentation ne se limite pas simplement à avoir un certain

54 Le Nouvelliste, Le gouvernement fixe les responsabilités sur les décès survenus suite à l'ingestion de boissons alcoolisées (16 mars 2016), Page 9.

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nombre de calories et les nutriments nécessaires dans son alimentation ; il suppose que toute personne ait physiquement et économiquement accès, à tout moment, à une nourriture suffisante, a de l'eau potable ou aux moyens de se les procurer. Il n'est pas un secret pour personne : L'eau potable n'existe pas dans les milieux ruraux Haïtiens et l'Etat ne faire rien.

La DUDH article 11 et le PIDESC article 11 reconnaissent et prévoient expressément le droit à une alimentation suffisante. De plus, d'autres conventions internationales qu'Haïti a ratifié font référence implicitement au droit à une alimentation suffisante par exemple: la Convention relative aux droits de l'enfant (articles 24, 27) et la Convention relative à l'élimination de discrimination à l'égard des femmes (articles 12, 14). De plus, la Constitution reconnaît expressément le droit à l'alimentation (article 22).

Selon le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation : « le droit à l'alimentation est le droit d'avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d'achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d'angoisse, satisfaisante et digne.»55

Le Conseil des droits économiques, sociaux et culturels a dit que le contenu essentiel du droit à l'alimentation comprend les éléments suivants «la disponibilité de nourriture exempte de substances nocives et acceptable dans une culture déterminée, en quantité suffisante et d'une qualité propre à satisfaire les besoins alimentaires de l'individu ; l'accessibilité ou possibilité d'obtenir cette nourriture d'une manière durable et qui n'entrave pas la jouissance des autres droits de l'homme »56. En Haïti, plus de la moitié de la population souffrent de sous-alimentation chronique57. Quand une population ne trouve à manger que difficilement, on dit qu'elle se trouve dans une situation de famine. En ce sens, le prête jésuite Claude Souffrant, dans son ouvrage « Littérature et société » publié en 1991, parle du peuple haïtien comme étant une société de la faim. Plus loin, il parle même d'une culture de la faim. Ces difficultés de trouver à manger et cette culture de la faim existent toujours aujourd'hui, et le gouvernement n'a pas fait assez de les améliorer.

C'est évident qu'en pratique le droit à l'alimentation suffisante n'est pas garanti en Haïti. « Au total, 1,5 millions Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire sévère et 3,6 millions souffrent d'insécurité

55 Rapporteur spécial sur le droit a l'alimentaton, htp://// www.ohchr.org//FR//Issues//Food//Pages//FoodIndex.aspx.

56 Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Observation Générale no. 12 sur le droit a l'alimentation (1999), 8. [CDESC]

57Organisaton des Natons Unies pour l'alimentaton et l'agriculture, La faim recule dans le monde, mais 805 millions de personnes soufrent encore de sous-alimentation chroniquue (16 septembre 2014), htp://// www.fao.org//news//story//fr//item//243863//icode.

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alimentaire, indique une étude récente menée par le Programme alimentaire mondiale (PAM), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Coordination nationale pour la Sécurité alimentaire en Haïti (CNSA). Dans certaines régions, jusqu'à 70% de la population est confrontée à la faim. »58 De son coté, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) présente des chiffres assez significatifs d'après lesquels, « 100 000 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë tandis qu'un enfant sur 3 souffre de retard de croissance et 1/3 des enfants et des femmes Haïtiens sont anémiques».59

3) Droit à l'éducation

La notion d'éducation est celle qui fait l'objet de nombreuses appréciations définitionnelles. L'éducation est, dans une première appréhension, définie comme une mise en oeuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d'un être humain. Cette même notion, Emile Durkheim l'a définie comme : « L'action exercée par des générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mures pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuelles, et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné». A ce titre, l'éducation est comprise comme un instrument pouvant favoriser l'épanouissement et d'émergence de l'homme. Cet instrument indispensable permet à celui-ci de prendre en compte son humanité, c'est-à-dire un puissant instrument de libération humaine. L'éducation est consacrée comme un droit fondamental dont l'Etat doit obligatoirement assurer sa pleine garantie. Elle est aussi une des conditions essentielles du développement de la société. Ainsi, comme dit Alexandre Pétion : « L'éducation élève l'homme à la dignité de son être». En outre, Jean Delors semble abonder dans le même sens en avançant que : « face aux multiples défis de l'avenir, l'éducation apparait comme un atout indispensable pour permettre à l'humanité de progresser vers un idéal de paix, de liberté, et de justice sociale ». Fort de ces considérations, le droit à l'éducation est incontournable pour toute société organisée. D'ailleurs, toute société moderne fait de l'éducation une des principales priorités pour arriver à l'éradication de l'analphabétisme, perçu comme un cancer susceptible d'entraver tout processus de développement d'un pays.

58Programme Alimentaire Mondiale, Face à la sécheresse en Haïti : « Nous plions comme des roseaux mais nous ne cassons pas » (14 mars 2016), htp://// fr.wfp.org//histoires//face-a-la-secheresse-en-hait-nous-plions-comme-des-roseaux-mais-nous-ne-cassons-pas.

59 Programme Alimentaire Mondial, 10 choses à savoir sur la faim en Haïti (12 janvier 2015), htp://// fr.wfp.org//histoires//hait-10-choses-faim-securite-almentaire-malnutriton. [PAM 10 CHOSES]

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Le droit à l'éducation est reconnu et garanti par la Constitution60. L'article 32 reconnait clairement que l'Etat a l'obligation de garantir ce droit et l'article 32.1 exige que l'Etat mette en oeuvre les moyens nécessaires de garantir l'accès à l'école gratuit.

En plus, le libre accès à l'éducation primaire est un droit universel protégé par l'article 26 de la DUDH, ainsi que d'autres conventions et traités relatifs à ce sujet : la convention sur l'élimination de toutes formes de discriminations raciales (article 5) ; la convention sur les droits de l'enfant (articles 23, 24, 28, et 32) ; et la convention sur toutes les formes de discrimination contre les femmes (article 10).

Pour implémenter ce droit, la Constitution et le décret-loi de 1989 confère au Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) la responsabilité politique et légale de garantir l'accès aux salles de classes à tous les enfants et réguler le système éducatif haïtien.61

Malheureusement, l'absence d'un véritable appui budgétaire en fonction des besoins réels du pays en matière d'éducation laisse encore à désirer, en dépit des propagandes de l'administration Martelly relatives à ce sujet. L'éducation reste une plaie qui réclame des soins forts et permanents. L'Ecole doit être foncièrement prise en charge à tous les niveaux par l'Etat. Car « tant vaut l'école tant vaut la nation »

Le journal Le National a étudié l'évolution de la part budgétaire accordée à l'éducation depuis les 15 dernières années. L'étude a révélé que le budget du MENFP de l'exercice fiscal 2014-2015 est estimé à 18.4% du budget national, alors qu'en 2005-2006, toujours selon l'article, la part budgétaire du MENFP était à 21.2%.62 Pourtant, le Pacte Nationale pour une Education de qualité63 élaboré par le MENFP a évalué au minimum les ressources budgétaires nécessaires à 35% du budget national, soit 8% du PIB, pour pouvoir accroitre et améliorer la qualité de l'offre publique scolaire, tout en répondant aux revendications des enseignants.

Qui pis est, le peu de moyen financier mis à la disposition du MENFP est mal utilisé. D'après le rapport de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA)64 sur la situation

60 HAITI CONST., supra note 2, art. 32, 32.1, 32.2, 32.3.

61 Ministère de l'éducaton natonale et de la formaton professionnelle de la République d'Haït, Arrêté : Evans Paul, Première Ministre (2016), htp://// www.menfp.gouv.ht//20160129_Projet%20d'Arr%C3%AAt%C3%A9_CNAS.pdf. 62Le Natonale, Étude Budgétaire de MENFP (9 mars 2016).

63 Haït Libre, Haïti - Éducation : Vers un Pacte National pour une Éducation de Qualité (12 octobre 2015), htp://// www.haitlibre.com//artcle-15429-hait-educaton-vers-un-pacte-natonal-pour-une-educaton-de-qualite.html

64 Radio Télévision Caraïbes, Le Fonds national pour l'éducation dans le collimateur de la Cvour des comptes (2 avril 2015),

htp://// www.radiotelevisioncaraibes.com//nouvelles//hait//le_fonds_natonal_pour_l_ducaton_dans_le_collimateur_de_

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financière du pays et l'efficacité des finances publiques, la gestion des Fonds alloués à l'Education qui touche seulement les élèves du premier cycle dans quelques écoles privées, comporte certaines irrégularités65. Il faut préciser aussi que la politique exerce une influence trop considérable sur le fonctionnement de l'école en Haïti. Les recrutements du personnel enseignant sont entièrement politisés. L'intégration des enseignants ne s'effectue que sur base des relations politiques au détriment de la compétence effective, de la vocation réelle. On dirait que toutes les nominations des enseignants et des directeurs des écoles publiques et des lycées passent par le couloir des députés et sénateurs du pays la qualification et la compétence ne jouent pas grand rôle. Quelle aberration ! Elèves et étudiants ne sont pas véritablement formés. La société en paie fortement le prix et descend rapidement la pente. Du cote des apprenants, le désintéressement s'installe en maitre dans les esprits et invite les acteurs à ne pas prendre au sérieux, ce que leurs sont enseignés. Car a leur avis le chemin de la réussite ne découle pas de l'école mais de la politique qui ne s'épanouit que dans la corruption. Les livres, la lecture, les études sont négligées au profit de la politique qui fait miroiter aux yeux des jeunes le spectre de la réussite économique et du bonheur.

4) Le Droit au travail

Le travail est un élément fondamental dans la vie de tout être humain. « Le travail, c'est la liberté », dit-on. Le travail est aussi un moyen pour participer aux valeurs de l'existence, c'est un ensemble de conditions qui devraient permettre à chacun d'être créateur à sa façon. En un mot, il est un élément essentiel concourant à la prise de l'autonomie de l'homme dans la société. Il est de nature à favoriser son émancipation. C'est pourquoi d'ailleurs, il y a des textes internationaux qui ont un regard sur l'importance que représente le travail. Ainsi, le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), texte qu'Haïti a ratifié, énonce, dans son article 6, que : « Les Etats parties au présent pacte reconnaissant le droit au travail qui comprend le droit qu'a toute personne d'obtenir la possibilité de gagner sa vie par un travail librement choisi ou accepté et prendront des mesures appropriées pour sauvegarder ce droit ». Cependant, dans la société haïtienne, il y a une situation de chômage généralisée. Car la grande proportion de la population se retrouve dans le chômage. Cette situation est due à l'incapacité de l'Etat haïtien de créer l'emploi dans le pays pour réduire ce fléau. L'Etat est aussi incapable de créer un climat qui serait de nature à favoriser

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l'investissement. Car la peur occupe les esprits des investisseurs qui ne veulent pas risquer leurs capitaux. On est d'accord sur le fait que celui-ci est une source incontestable de génération d'emploi. Et cette situation de chômage occasionne également l'abandon de la terre par les paysans pour prendre refuge dans les villes qui sont, la plupart du temps, utilisées à des fins criminelles, d'où le phénomène de l'exode rural et le développement de la délinquance juvénile, sujet de beaucoup de mémoires de sortie des étudiants de nos universités. De ce fait, il n'en reste pas moins vrai que le chômage a une grande répercussion sur les Droits de l'Homme en général, en particulier sur les personnes les plus vulnérables.

5) Droit au logement décent

Haïti a reconnu le droit au logement et est redevable des autres prescrits, dont les Conventions interaméricaines relatives aux droits de l'homme, complété par le protocole de San Salvador traitant des Droits Economiques Sociaux et Culturels (DESC). L'Entreprise Publique de Promotion de Logements Sociaux (EPPLS), une des sources, demeure la chasse gardée des différents gouvernements qui se sont succédés, sans pour autant doter le pays d'une politique publique d'habitat ni de logements sociaux pour les petits fonctionnaires des services publics et les démunis qui croupissent dans les taudis et les bidonvilles. La situation de l'habitat est objet de non droit en Haïti. La majorité des logements sont caractérisés par l'exiguïté, le délabrement, et la précarité ; la détérioration du cadre bâti, l'absence de normes d'urbanisme, la sacralisation de la propriété privé par le secteur des affaires et une discrimination criante entre habitat urbain, suburbain et rural en fonction des catégories sociales des ménages. La croissance rapide de la population, la ruralisation des villes, l'éclatement des infrastructures économiques de base et la crise endémique du logement qui en découle, ne semblent pourtant pas constituer une préoccupation majeure des actuels titulaires de l'État.

En ce qui a trait à la manifestation des droits de l'homme, Il est clair que la situation est compliquée pour nos concitoyens, la majorité des droits qui leur sont reconnus ne sont pas garantis par les autorités du pays qui s'en moquent.

Si démocratie est considérée comme le régime qui protège le mieux les droits de l'homme, celle pratiquée en Haïti projette une autre face de ce mode d'organisation politique qui fait de l'individu le centre de toutes ses actions. Mais, pourquoi cette différenciation, quelle est la

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raison d'un tel écart entre la théorie et la pratique ? Les deux chapitres qui succèdent éclaireront d'avantage ces questions.

Il ressort de ce qui précède de faire comprendre que les différents droits sus considérés ne retiennent pas suffisamment l'attention des responsables politiques haïtiens. Ces attitudes doivent être dénoncés pour porter les concernés à se pencher sur le sort des plus défavorisés pour un juste équilibre de la société haïtienne conformément aux prescrits de la constitution haïtienne de 1987 et ceux des conventions internationales ratifiées par Haïti.

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DEUXIEME PARTIE : Les mécanismes nationaux et internationaux de protection des droits sociaux et des limitations des abus de pouvoirs dans divers domaines.

« Notre progrès ne saurait se mesurer à l'enrichissement de ceux qui vivent dans l'abondance, mais plutôt a notre capacité de pourvoir aux besoins de ceux qui ont trop peu. »

Franklin D. Roosevelt

CHAPITRE III : Consécrations normatives et institutionnelles en matière de protection des droits sociaux au niveau national et international.

Les Droits sociaux comme tous les autres Droits de l'Homme trouvent ses fondements juridiques dans un ensemble d'instruments internationaux et aussi bien des instruments nationaux, particulièrement la constitution Haïtienne de 1987. Et ils sont protégés par des institutions tant nationales qu'internationales.

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A travers ce chapitre, nous présentons dans une première section les différents instruments traitant des Droits sociaux (I). Dans la seconde, nous parlerons des institutions garantissant le respect des droits sociaux (II)

Section I : Cadre légal de protection des droits sociaux.

A- Au niveau international

Les textes à portée internationales qui reconnaissent la garantie des droits sociaux auxquels Haïti est partie sont : la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (DUDH), le Pacte relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), Convention Internationale relative au Droit de l'Enfant, Convention des Nations Unis relatives aux Droits des Personnes Handicapées, etc.

1- Les Droits Sociaux dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de

1948 (DUDH)

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a été adoptée le 10 décembre 1948 par l'Assemblée générale des Nations Unies. Cette déclaration, considérée comme le premier acte de reconnaissance universelle des droits et des libertés inhérents à la dignité de la personne humaine, constitue le véritable socle juridique international de l'édifice des Droits de l'Homme. Autrement dit, cette Déclaration forme un système juridiquement contraignant pour assurer la promotion, la protection et la garantie de ces droits a l'homme tout au long de son existence.

La valeur juridique de la Déclaration Universelle peut se reposer sur un fondement autre que conventionnel. Ce qu'il convient de noter, c'est que certaines règles de la déclaration universelle font partie du « jus cogens66 », c'est-à-dire des normes impératives en droit international public. Ainsi, M. Zotiades, dans la classification qu'il établit des règles du jus cogens figure les règles relatives aux Droits de l'Homme. Celles-ci sont intégrées dans l'ordre international au point que tout traité ou convention contraire aux règles de jus cogens peut être frappé de nullité. Elle s'inscrit dans le prolongement de la Déclaration française de 1789, puisque l'on y retrouve les grands principes mis en exergue dans cette dernière. Ainsi, l'article premier complète l'article 2 de la Déclaration Universelle en prohibant toute forme de discrimination.

66 Le jus cogens concerne des principes de droits réputés universels et supérieurs et devant constituer les bases des normes impératives en droit international général. Cette notion est définie par la convention de vienne du 23 mai 1969, dans son article 53 : « aux fins de la présente convention, une norme impérative de droit international général est une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des Etats dans son ensemble en tant que norme a laquelle aucune dérogation n'est permise et qui ne peut être modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère. »

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Concernant le Droit a éducation, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en 1948 énonce dans son article 26 : « Toute personne à droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite, l'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et de libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des nations unies pour le maintien de la paix ».

Pour ce qui est du droit à la santé et à l'alimentation, la DUDH reconnait dans son article 25 que : « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciale. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.

En matière de droit du travail, la DUDH prévoit dans son article 23 : « 1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage ; 2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal ; 3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale ; 4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts. »

Le droit à la sécurité sociale est aussi garanti par la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. L'article 22 de cette déclaration stipule : « toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays. »

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2- Les Droits Sociaux à travers le Pacte relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC)

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté le 16 décembre 1966, est entré en vigueur (après ratification par 35 Etats) le 3 janvier 1975. Le Pacte oblige les Etats qui le ratifient à favoriser le bien-être général de leurs habitants (article 4). Ratifié aujourd'hui par environ 159 pays, le Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et culturels (PIDESC) reprend en les étendant et les affinant les DESC affirmés dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Le PIDESC, reconnait le droit à l'éducation, son article 13 traduit cette reconnaissance, il stipule : « 1. Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne à l'éducation. Ils conviennent que l'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et de sens de sa dignité et renforcer le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Ils conviennent en outre que l'éducation doit mettre toute personne en mesure de jouer un rôle utile dans une société libre, favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux, ethniques ou religieux et encourager le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.

2. Les Etats parties au présent pacte reconnaissent qu'en vue d'assurer le plein exercice de ce droit :

a) L'enseignement primaire doit être obligatoire et accessible gratuitement à tous ;

b) L'enseignement secondaire, sous ses différentes formes, y compris l'enseignement secondaire, technique et professionnel, doit être généralisé et rendu accessible a tous par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuite ;

c) L'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriées et notamment par l'instauration progressive de la gratuite ;

d) L'éducation de base doit être encouragée ou intensifiée, dans la mesure possible, pour les personnes qui n'ont pas reçu d'instruction primaire ou qui ne l'ont pas reçue jusqu'à terme ;

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e) Il faut poursuivre activement le développement d'un réseau scolaire à tous les échelons, établir un système adéquat de bourses et améliorer de façon continue les conditions matérielles du personnel enseignant. »

Ce même pacte reconnait le droit à la santé, à travers son article 12, on peut lire ceci : « 1. Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur Etat de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre.

2. Les mesures que les Etats parties au présent pacte prendront en vue d'assurer le plein exercice de ce droit devront comprendre les mesures nécessaires pour assurer :

a) La diminution de la mortinatalité et de la mortalité infantile, ainsi que le développement sain de l'enfant ;

b) L'amélioration de tous les aspects de l'hygiène du milieu et de l'hygiène industrielle ;

c) La prophylaxie et le traitement des maladies épidémiques, endémiques, professionnelles et autres, ainsi que la lutte contre ces maladies. ;

d) La création de conditions propres à assurer à tous des services médicaux et une médicale en cas de maladie. »

Le droit de toute personne a un niveau de vie suffisant englobe clairement le droit à l'alimentation, le droit a l'eau potable (résolution de l'assemblée générale des nations unies du 28 juillet 2010) et le droit au logement. Partant de ce droit, le comité DESC à également développé dans ses observations générales le droit a l'accès a l'eau en indiquant les conditions de cet accès : accessibilité physique et économique à une eau potable. D'autres interprétations plus novatrices de cet article, telle que les droits au développement et a un environnement sain sont a apparues avec le temps pour élargir les garanties des droits protéger.

En effet, le PIDESC reconnait dans son article 11 le droit à l'alimentation, les contenus de ce article se présentent ainsi : « les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne a un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu'a une amélioration constante de ses conditions d'existence. Les Etats

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parties prendront des mesures appropriées pour assurer la réalisation de ce droit et ils reconnaissent à cet effet l'importance essentielle d'une coopération internationale librement consentie.

2. Les Etats parties au présent pacte, reconnaissant le droit fondamental qu'a toute personne d'être à l'abri de la faim, adopteront, individuellement et au moyen de la coopération internationale, les mesures nécessaires, y compris des programmes concrets :

a) Pour améliorer les méthodes de production, de conservation et de distribution des denrées alimentaires par la pleine utilisation des connaissances techniques et scientifiques, par la diffusion de principes d'éducation nutritionnelle et par le développement ou la reforme des régimes agraires, de manière à assurer au mieux la mise en valeur et l'utilisation des ressources naturelles ;

b) Pour assurer une répartition équitable des ressources alimentaires mondiales par rapport aux besoins, compte tenu des problèmes qui se posent tant aux pays importateurs qu'aux pays exportateurs de denrées alimentaires. »

Et enfin, le PIDESC reconnait le droit de toute personne au travail et à la formation (art. 6), à participer à une activité syndicale (art. 8), à la sécurité sociale (art. 9).

3- Les Droits Sociaux dans la Convention Internationale relative au Droit de l'Enfant.

Article 28 : « Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances :

a) Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ;

b) Ils encouragent l'organisation de différentes formes d'enseignement secondaire, tant générale que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées, telles que l'instauration de la gratuite de l'enseignement et l'offre d'une aide financière en cas de besoins ;

c) Ils assurent à tous l'accès à l'enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés ;

d) Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l'information et l'orientation scolaire et professionnelle ;

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e) Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la réduction des taux d'abandon scolaire.

2. Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire soit appliquée d'une manière compatible aves la dignité de l'enfant en tant qu'être humain et conformément à la présente convention.

3. Les Etats parties favorisent et encouragent la coopération internationale dans le domaine de l'éducation, en vue notamment de contribuer à éliminer l'ignorance et l'analphabétisme dans le monde et de faciliter l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux méthodes d'enseignement modernes. A cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement. »

Article 24 : « Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne soit privé du droit d'avoir accès à ces services.

2. Les Etats parties s'efforcent d'assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné et, en particulier, prennent les mesures appropriées pour :

a) Réduire la mortalité parmi les nourrissons et les enfants ;

b) Assurer tous les enfants l'assistance médicale et les soins de santé nécessaires, l'accent étant mis sur le développement des soins de santé primaires ;

c) Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre de soins de santé primaires, grâce notamment à l'utilisation de techniques aisément disponibles et à la fourniture d'aliments nutritifs et d'eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel ;

d) Assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés ;

e) Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l'enfant, les avantages de l'allaitement au sein, l'hygiène et la salubrité de l'environnement et la prévention des accidents, et bénéficient d'une aide leur permettant de mettre a profit cette information ;

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f) Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l'éducation et les services en matière de planification familiale.

3. Les Etats parties s'engagent à favoriser et à encourager la coopération internationale en vue d'assurer progressivement la pleine réalisation de droit reconnu dans le présent article. A cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement. »

-Les États Parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social.

2. C'est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l'enfant qu'incombe au premier chef la responsabilité d'assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l'enfant.

3. Les États Parties adoptent les mesures appropriées, compte tenu des conditions nationales et dans la mesure de leurs moyens, pour aider les parents et autres personnes ayant la charge de l'enfant à mettre en oeuvre ce droit et offrent, en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d'appui, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement et le logement.

4. Les États Parties prennent toutes les mesures appropriées en vue d'assurer le recouvrement de la pension alimentaire de l'enfant auprès de ses parents ou des autres personnes ayant une responsabilité financière à son égard, que ce soit sur leur territoire ou à l'étranger. En particulier, pour tenir compte des cas où la personne qui a une responsabilité financière à l'égard de l'enfant vit dans un État autre que celui de l'enfant, les États Parties favorisent l'adhésion à des accords internationaux ou la conclusion de tels accords ainsi que l'adoption de tous autres arrangements appropriés.

B- Au niveau national

La garantie des Droits Sociaux par la constitution Haïtienne de 1987

Apres vingt neuf ans de dictature, voulant mettre en évidence sa vision de l'organisation de la société et voulant respecter les droits fondamentaux de la personne humaine, Haïti a eu l'intelligence de non seulement proclamer la Constitution de 1987, premier acte de reconnaissance de ces droits, mais surtout d'y insérer des principes pour pouvoir garantir le plein respect de ces derniers, en particulier le droit à l'éducation, a la santé, etc. Ainsi, la Constitution de 1987, dans son art. 32, énonce que : « L'Etat garantit le droit à l'éducation. L'enseignement est libre à tous les degrés. Cette liberté s'exerce

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sous le contrôle de l'Etat ». Et l'éducation est une charge de l'Etat et des collectivités territoriales. Ils doivent mettre l'école gratuitement à la portée de tous, et veiller au niveau de formation des enseignants des secteurs publics et non publics (32-1). La première charge de l'Etat et des collectivités territoriales est la scolarisation massive, seule capable de permettre le développement du pays. L'Etat encourage et facilite l'initiative privée en ce domaine (32-2). L'enseignement fondamental est obligatoire. Les fournitures classiques et le matériel didactique seront mis gratuitement par l'Etat à la disposition des élèves au niveau de l'enseignement fondamental (32-3). L'enseignement agricole, professionnel, et technique est pris en charge par l'Etat et les collectivités territoriales (32-4). La formation préscolaire et maternelle sera prise en charge par l'Etat et les collectivités territoriales (32-5). L'accès aux études supérieures est ouvert en pleine égalité à tous (32.6). L'Etat doit veiller à ce que chaque Collectivité Territoriale, soit dotée d'établissements adaptés à son développement (32-7). L'Etat garantit aux personnes à besoins spéciaux la protection, l'éducation et tout autre moyen nécessaire à leur plein épanouissement et sa leur intégration ou réintégration dans la société (32-8). L'Etat et les collectivités territoriales ont pour devoir de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d'intensifier de la campagne d'alphabétisation des masses. Ils encouragent toutes initiatives privées tendant à cette fin (32-9). L'enseignant à droit a un salaire de base équitable (32-10).

S'agissant du droit à la santé, comme c'est exprimé dans l'article 1967 de la constitution, il revient à l'Etat d'assurer sa responsabilité, en ce sens qu'il doit créer des hôpitaux pour garantir la protection de la santé de tous les citoyens. Cette responsabilité est clairement exprimée dans l'article 23 de la Charte fondamentale : « L'Etat est astreint à l'obligation d'assurer à tous les citoyens dans les toutes collectives territoriales des moyens appropriés pour garantir la protection, le maintien et le rétablissement de leur sante par la création d'hôpitaux, centres de santé et de dispensaires ». Malheureusement, cette disposition constitutionnelle n'est pas respectée, car depuis l'adoption de la Constitution en vigueur, on voit que la condition de vie de la population sur le plan sanitaire reste très précaire.

Avec ce dispositif légal juridique, la population dispose de nouveaux moyens juridiques pour exiger des comptes aux gouvernants en cas de non-respect à l'applicabilité de la constitution pour le bien-être de celle-ci.

67 Consttuton haïtenne de 1987, art. 19 : l'Etat a l'impérieuse obligaton de garantr le droit a la vie, a la santé, au respect de la personne humaine, a toute les citoyens sans distncton, conformément a la déclaraton universelle des Droits de l'Homme.

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Dans cette section, nous avons vu tout un ensemble de textes de portée nationale et internationale relatifs aux droits sociaux et aux droits de l'homme en générale. Etant donné que ces textes à eux seuls ne peuvent pas protégés les droits sociaux contre les éventuelles violations dont ils pourraient être l'objet. Il semble nous normal qu'il y aurait des institutions destinées à faire ce travail qui est de s'assurer que ces droits soient garantis a tous sans discrimination aucune. C'est pourquoi, nous traiterons dans la nouvelle section des institutions de protections et de garantit des droits sociaux en Haïti.

Section II : Des institutions protectrices et garantes des droits sociaux en Haïti.

A- Le système onusien de protection des Droits de l'Homme

Le système onusien de protection des Droits de l'Homme est fondé sur la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme le 10 décembre 1948. Il est le seul système à avoir un caractère universel dans la mesure où ses décisions en matière des violations des Droits de l'Homme ont une valeur universelle, c'est-à-dire s'imposent à tous les pays, bien entendu, ceux qui font partie de l'ONU. En effet, assurer la promotion et la protection des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales est, comme il est prévu dans la Charte des Nations Unies, une de ses principales missions. Et ceci depuis l'adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les Nations Unies mettent en oeuvre de nombreuses normes en matière de protection des Droits de l'Homme, ainsi que des mécanismes pour la promotion et la protection de ces derniers. On sait que la question des Droits de l'Homme est très préoccupante pour l'ONU, à cotés, bien sûr, d'autres questions : la démocratie réelle, la paix durable, la sécurité internationale, le développement durable. Etant une des questions préoccupantes pour l'ONU, celle-ci y intervient suivant trois axes : la prévention, la protection et la promotion des Droits de l'Homme.

Il est mis en exergue, par l'ONU, un ensemble d'organes pour assurer l'efficacité de travail de garantie, de promotion et protection des Droits de l'Homme. Parmi lesquels on trouve le Conseil des Droits de l'Homme, le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme.

Le Conseil des droits de l'homme

Le 15 mars 2006, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution permettant la création d'un Conseil des droits de l'homme. Le Conseil des droits de l'homme remplace la

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Commission des droits de l'homme et siège à Genève. Selon le texte de la résolution, le Conseil est "chargé de promouvoir le respect universel et la défense de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales, pour tous, sans aucune sorte de distinction et en toute justice et équité". Le principe de la création du Conseil des droits de l'homme, "en tant qu'organe subsidiaire de l'Assemblée générale", avait été décidé par les dirigeants des Etats membres lors du Sommet mondial de septembre 2005, sur recommandation de Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies. Les principaux éléments qui distinguent le Conseil de la Commission des droits de l'homme sont les suivants : la résolution 60/251 de l'Assemblée générale instaurant le Conseil des droits de l'homme (CDH) indique explicitement que les droits de l'homme constituent l'un des trois piliers des Nations Unies aux côtés du développement et de la sécurité et de la paix ; le Conseil est un organe subsidiaire de l'Assemblée générale. Il a donc un statut institutionnel plus élevé que celui de la Commission qui était un organe fonctionnel du Conseil économique et social, car il est au même niveau que ce dernier qui dépend aussi de l'AG ; le CDH tient un minimum de trois sessions durant au moins dix semaines par an (la Commission des droits de l'homme siégeait pendant 6 semaines), ce qui devrait renforcer le dialogue et la coopération, et peut se réunir en sessions spéciales à l'approbation d'un tiers de ses membres, si nécessaire et réagir ainsi plus rapidement à des situations de crise ; il se compose de représentants de 47 Etat membres des Nations Unies (la Commission en comptait 53) élus par l'Assemblée générale à la majorité absolue pour une période de trois ans et non rééligibles après deux mandats consécutifs. Après six ans, un Etat doit patienter au moins pendant un an avant de pouvoir refaire acte de candidature. La nomination s'effectue sur une base régionale équitable. Les représentations de l'Asie et de l'Afrique y sont renforcées; Afin de garantir la crédibilité du nouvel organe, les candidats au Conseil sont invités à formuler des "engagements volontaires" de respect des droits de l'homme; en cas de violations graves et systématiques des droits de l'homme, un membre peut être suspendu par l'Assemblée générale à une majorité des 2/3.

Le Conseil des Droits de l'Homme dispose en outre d'un nouveau mécanisme d'évaluation : l'examen périodique universel (EPU) au sein duquel le respect des obligations en matière de droits humains de tous les Etats, en particulier ceux qui siègent au sein du Conseil, sera évalué par leurs pairs.

L'examen périodique universel (EPU)

La Résolution de l'Assemblée générale 60/251 du 15 mars 2006 instituant le Conseil des droits de l'homme dispose en effet que, de façon à garantir l'universalité de son action et l'égalité de traitement de tous les Etats, le Conseil aura pour vocation "de procéder à un examen périodique universel, sur la foi d'informations objectives et fiables de la manière dont chaque Etat s'acquitte de ses obligations et

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engagements en matière de droits de l'homme ; le CDH devant fonder ses activités sur un dialogue auquel le pays concerné soit pleinement associé et qui tienne compte des besoins du pays en matière de renforcement de ses capacités, l'EPU vient compléter l'ouvre des organes conventionnels sans faire double emploi [...]" 68. La base de l'examen, ses principes et objectifs, son processus et ses modalités ainsi que le document final qui devra rendre compte de l'EPU sont présentés dans la résolution 5/1 du Conseil des droits de l'homme adoptée le 18 juin 2007. La résolution 5/1 prévoit un engagement actif des ONG dans le mécanisme de l'EPU. L'EPU devrait garantir la participation de toutes les parties prenantes, y compris des organisations non gouvernementales et des institutions nationales des droits de l'homme, conformément à la résolution 60/251 de l'AG et à la résolution 1996/31 du Conseil économique et social, en date du 25 Juillet 1996, et conformément aussi à toute décision que le Conseil pourra prendre à ce propos.

Les objectifs de l'EPU : Les objectifs de l'examen périodique universel sont :

a) l'amélioration de la situation des droits de l'homme sur le terrain;

b) le respect par l'Etat de ses obligations et engagements en matière de droits de l'homme et l'évaluation des faits nouveaux positifs et des difficultés rencontrées;

c) le renforcement des capacités de l'État et de l'assistance technique en consultation avec l'Etat intéressé et avec l'accord de celui-ci;

d) la mise en commun des meilleures pratiques entre les Etats et les autres parties prenantes;

e) le soutien à la coopération pour la promotion et la protection des droits de l'homme;

f) l'encouragement à coopérer et à dialoguer sans réserve avec le Conseil, les autres organes des droits de l'homme, et le Haut Commissariat.

Les bases de l'EPU : Selon la résolution 5/1 du CDH, l'EPU devra se fonder sur 3 rapports: a. un rapport national qui donnera des renseignements rassemblés par l'Etat intéressé, y compris des renseignements sur les réalisations et les bonnes pratiques, les défis et les limites, ainsi que les priorités nationales pour traiter les éventuelles insuffisances constatées. Ce rapport devra suivre les directives générales adoptées par le Conseil à sa sixième session, et tous autres renseignements jugés utiles par l'Etat, qui pourront être présentés oralement ou par écrit, sous réserve que l'exposé écrit résumant les renseignements ne dépasse pas 20 pages;

b. un second rapport consistant en une compilation, établie par le Haut Commissariat aux droits de l'homme, des renseignements figurant dans les rapports des organes conventionnels, des procédures

68 Résolution de l'Assemblée générale 60/251 du 15 mars 2006 instituant le Conseil des droits de l'homme, article 5

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spéciales, y compris les observations et les commentaires de l'Etat intéressé, et d'autres documents officiels des Nations Unies qui n'aura pas plus de 10 pages;

c. un rapport mentionnant des informations crédibles et dignes de foi émanant d'autres parties prenantes à l'EPU. Le Haut Commissariat fera un résumé de ces informations dans un document de 10 pages au maximum. La notion "d'autres parties prenantes" à laquelle il est fait référence comprend les organisations non gouvernementales et les institutions nationales des droits de l'homme.

Le Haut-commissariat aux droits de l'homme (HCDH)

Le Haut-commissariat aux droits de l'homme (HCDH) fait partie du Secrétariat des Nations Unies et a son siège à Genève. Il a pour mandat de promouvoir et protéger la jouissance et l'application par toutes les personnes de tous les droits proclamés par la Charte des Nations

Unies et dans les lois et traités internationaux sur les droits de l'homme. Le travail du HCDH repose sur le mandat que l'Assemblée générale lui a confié dans sa résolution 48/141, la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme et les instruments ultérieurs sur les droits de l'homme. La Déclaration de Vienne et le Programme d'action de la Conférence des droits de l'homme de 1993. Le mandat consiste à prévenir les violations des droits de l'homme, garantir le respect de tous les droits de l'homme, promouvoir la coopération internationale en vue de protéger les droits de l'homme, coordonner les activités connexes de l'ensemble des Nations Unies, et renforcer et intégrer les droits de l'homme dans tout le système des Nations Unies. Non seulement le HCDH est chargé d'apporter son soutient au Conseil des droits de l'homme, mais il a encore pour tâche d'aider les secrétariats des organes de traités à harmoniser leurs méthodes de travail et leurs systèmes de rapports et de faciliter la tâche des rapporteurs, des représentants et des groupes de travail.

Outre ces responsabilités inhérentes à son mandat, le Bureau dirige les efforts visant à incorporer la perspective des droits de l'homme dans toutes les activités déployées par les organisations des Nations Unies.

B- Le système interaméricain de protection des Droits de l'Homme

Les pays des continents américains en 1948 ont éprouvé la grande nécessité de créer une institution régionale répondant au nom de l'Organisation des Etats Américains (OEA). Cette dernière contient des structures destinées à protéger et promouvoir la question des Droits de l'Homme. Elle est régie par la Convention Américaine relative aux Droits de l'Homme. Ce document a été adopté à San José, Costa Rica, le 22 novembre 1969, à la Conférence spécialisée interaméricaine sur les Droits de

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l'Homme. Cet instrument international régional se situe dans le prolongement des principes défendus par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Il est fait obligation de respecter ces droits. A telle enseigne que dans l'article premier de la dite convention il est énoncé ce qui suit :

« Les Etats parties s'engagent à respecter les droits et libertés reconnus dans la présente convention et à en garantir le libre et plein exercice à toute personne relevant de leur compétence, sans aucune distinction fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l'origine nationale ou sociale, la situation économique, la naissance ou toute autre condition sociale ».69

En effet, cette convention est un signe de respect de la dignité humaine, et aussi un instrument qui participe à l'épanouissement, pour ainsi dire, à l'émancipation des droits et des libertés fondamentaux. La charte de cette organisation régionale porte sur plusieurs domaines : démocratie, droits économiques, droit à l'éducation et à l'égalité, etc. La Charte établit également deux structures principales désignées particulièrement pour la protection et la promotion des Droits de l'Homme : la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), la structure la plus importante du système interaméricain de protection des Droits de l'Homme, et la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme. L'organisation protège les droits par la création de normes substantives et maintient ces normes par un processus de pétition.

C- Les institutions Haïtienne de protection des Droits sociaux

A coté des institutions internationales de protection, il y a toute une panoplie d'institution qui oeuvre dans la protection des Droits sociaux en Haïti. On peut citer : le ministère de la santé public et de la population, le ministère des affaires sociales et du travail, l'EPPLS, le parlement, le gouvernement et l'OPC.

1- Le gouvernement

Le gouvernement est un organe de l'exécutif qui est responsable de la gestion de l'administration publique. Il élabore le budget national, conduit les actions du pouvoir exécutif en vue du bien être de la population. C'est a lui de doter les autres institutions des moyens matériels et financiers pour

69 Conventon américaine relatve aux droits de l'homme, artcle premier.

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mener a bien leur travail en vue de promouvoir et protéger le droit des citoyens a jouir de leurs droits sociaux en Haïti.

2- Le parlement

Les parlements jouent un rôle crucial pour ce qui est de veiller à ce que les États respectent leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme, et ils contrôlent le fonctionnement du gouvernement et des institutions nationales chargées de promouvoir et de protéger les droits de l'homme.

D'un point de vue législatif, l'un des rôles clefs des parlements consiste à mettre en place les cadres juridiques et les principes directeurs et à veiller à ce qu'ils soient conformes aux normes internationales et régionales relatives aux droits de l'homme. Les parlements peuvent également être chargés de la ratification des instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'homme qui ont été signés par le pouvoir exécutif, de les incorporer une fois signés et de retirer toutes réserves au sujet de ces instruments.

Toutefois, ce n'est pas seulement de par cette fonction législative que les parlements contribuent au respect des droits de l'homme. Ils exercent également un contrôle sur le pouvoir exécutif, notamment pour s'assurer qu'il remplit son rôle de respect, de protection et de promotion des droits de l'homme, et tiennent ainsi le gouvernement responsable devant le peuple. Pour qu'ils puissent effectivement remplir cette mission, les parlementaires doivent pouvoir s'exprimer librement, sans crainte de représailles.

La relation des parlements aux institutions nationales des droits de l'homme est également cruciale. En effet, les parlements jouent un rôle fondamental dans la mise en place et le bon fonctionnement de ces institutions, conformément aux Principes de Paris et aux bonnes pratiques, ainsi que dans la désignation de leurs membres, processus qui est un attribut essentiel de l'indépendance.

Les Principes de Paris précisent clairement le lien entre les institutions nationales des droits de l'homme et les parlements. Il est indiqué dans ces Principes qu'une institution nationale des droits de l'homme devrait être notamment chargée de soumettre au parlement des opinions, des recommandations, des propositions et des rapports pour tout ce qui concerne la promotion et la protection des droits de l'homme ; de promouvoir et d'assurer l'harmonisation des lois, des règlements et des pratiques en vigueur sur le plan national avec les instruments internationaux

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relatifs aux droits de l'homme auxquels l'État est partie, et leur mise en oeuvre effective ; et d'encourager la ratification de ces instruments ou l'adhésion à ces textes, et s'assurer de leur mise en oeuvre.

3- L'Office de la protection du citoyen (OPC)

L'Office de la protection du citoyen, désigné par son sigle OPC, est une institution indépendante créée par la Constitution de 1987 dont le but est de protéger tout individu contre toutes les formes d'abus de l'administration publique70 (réf. : article 207 de la Constitution). Et l'article 3 de la loi portant organisation et fonctionnement de l'Office de la protection du citoyen, publiée dans le journal officiel Le Moniteur du 20 juillet 2012 dispose: « L'OPC est une institution nationale de promotion et de protection des droits humains tel qu'entendu par les principes de Paris. ». Les principes de Paris sont un ensemble de principes adoptés à Paris, auxquels Haïti a adhéré, qui concernent le statut et le fonctionnement des Institutions nationales pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (INDH). L'article 207.1 de la Constitution de 1987 amendée dispose que l'Office est dirigé par un citoyen ou une citoyenne qui porte le titre de Protecteur du citoyen. Le Protecteur du citoyen est choisi par consensus entre le président de la République, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés. Il est investi d'un mandat de sept ans non renouvelable, ce suivant l'article 207-1 de la Constitution. Toutefois, l'article 1071 de la loi portant organisation et fonctionnement de l'Office de la protection du citoyen précise que le choix du Protecteur du citoyen se fera à partir d'une liste de noms soumise par les deux branches du Parlement au moins quatre-vingt-dix jours avant l'expiration du mandat du Protecteur. Le protecteur, une fois choisi, sera nommé par arrêté présidentiel. L'article 207 de la Constitution dans les dispositions de l'alinéa 2 de l'article 3 de la loi portant organisation et fonctionnement de l'Office de la protection du citoyen

70 Constitution haïtienne de 1987, Article 207 : Il est créé un office dénommé «Office de la Protection du Citoyen» dont le but est de protéger tout individu contre toutes les formes d'abus de l'administration publique.

71Processus de nomination du Protecteur du Citoyen :

1. Sous réserve des conditions prévues aux articles 11 et 12 ci-après, le Protecteur du Citoyen est choisi par consensus entre le Président de la République, le Président du Sénat et le Président de la Chambre des Députés à partir d'une liste de noms soumise par les deux (2) Chambres du Parlement ; 2. Au moins quatre-vingt-dix jours (90) avant l'expiration du mandat du Protecteur du Citoyen, un appel public à candidatures est lancé par les deux (2) Chambres du Parlement ; 3. Les deux (2) Chambres du Parlement considèrent l'ensemble des candidatures et votent sur chacune d'entre-elles; 4. La liste de noms sera composée des candidatures ayant réuni l'adhésion de la majorité des deux (2) Chambres du Parlement. Elle contiendra au maximum trois (3) noms.

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dispose : « L'OPC a pour mission de veiller au respect par l'Etat de ses engagements en matière de droits humains, notamment ceux contractés au niveau régional et international. »

Les attributions de l'OPC sont énumérées à l'article 6 de la loi portant organisation et fonctionnement de l'Office de la protection du citoyen, nous en citons quelques-unes :

- assurer la protection des individus lésés par les actions de l'Administration publique ;

- enquêter sur tout abus, notamment les violations des droits humains, commis ou susceptible d'être commis par l'Administration publique ou cautionné par celle-ci ;

- faire respecter les droits des individus en garde à vue dans les commissariats de police, ainsi que ceux des détenus dans les prisons, et veiller à l'exécution par l'Administration publique des décisions définitives de justice à l'endroit des détenus ;

- formuler des recommandations à la suite de l'examen des plaintes déposées auprès de l'OPC par des individus ou groupes d'individus s'estimant victimes d'un abus de l'Administration publique ;

- contribuer avec les institutions publiques compétentes au respect et à la protection des droits des groupes vulnérables...

La procédure de la saisine de l'OPC est prévue à l'article 5 de la loi portant organisation et fonctionnement de l'OPC. Toute personne ou tout groupe de personnes qui s'estime victime d'un abus peut saisir l'OPC par une plainte. La personne lésée peut se présenter directement à l'un des bureaux de l'OPC pour porter plainte. La plainte peut être aussi adressée par requête signée de l'intéressé, par courriel électronique, par téléphone ou sur le site de l'institution. Il est important de souligner que l'OPC peut lui-même s'autosaisir, c'est-à-dire qu'elle peut intervenir d'office lorsqu'il a des motifs valables faisant croire que les droits d'un individu auraient été lésés par un acte, une omission ou une négligence de l'Administration publique ou cautionné par celle-ci. L'Office de la protection du citoyen n'est pas un tribunal. Il est un organe gracieux qui aide les antagonistes à trouver une solution négociée à leur conflit. Ils n'ont de une force contraignante, mais en cas de refus d'exécuter une recommandation de l'OPC à la suite d'une plainte justifiée, le Protecteur ou la Protectrice du citoyen publie le rapport d'enquête, saisit le Parlement et informe le public de l'affaire. L'OPC peut tout aussi bien saisir les instances judiciaires dans le cas d'une violation constatée des droits humains, ce en application de l'article 42 de la loi organique de l'institution.

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4- Le ministère de la santé public et de la population (MSPP)

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population est l'organe de l'Exécutif chargé de formuler et d'exécuter la politique de Santé Publique Nationale. Sa mission est de Garantir à tous les citoyens sans distinction le droit à la vie, à la santé et leur procurer, dans toutes les collectivités territoriales, les moyens appropriés pour la protection, le maintien et le rétablissement de leur santé.

Objectif général du MSPP

Assurer la réduction de la morbidité et de la mortalité, liées aux principaux problèmes de santé identifiés, à partir d'un système de santé adéquat, efficient, accessible et universel.

Objectifs spécifiques du MSPP

1. Établir un système de santé capable d'assurer la couverture sanitaire totale du pays et de satisfaire les besoins essentiels de la population en matière de santé tout en promouvant l'articulation des médecines moderne et traditionnelle.

2. Assurer le leadership du MSPP pour, d'une part la surveillance et la garantie de la qualité de l'état de santé de la population, d'autre part l'application de la régulation sanitaire et l'accréditation des institutions de santé et de formation.

3. Assurer un financement adéquat du système de santé à partir de l'augmentation progressive du pourcentage du budget du trésor public alloué à la santé.

4. Rationaliser l'utilisation des ressources disponibles en réalisant l'alignement des bailleurs de fonds sur les priorités nationales dans le cadre d'un partenariat basé sur la performance et la reddition de compte.

5. Mettre en place un système d'urgences à tous les niveaux capable de donner des réponses structurées aux dommages dus aux évènements naturels ou autres.

6. Garantir l'atteinte des buts et objectifs découlant d'engagements nationaux et internationaux.

Attributions du Ministère MSPP

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population a pour attributions de:

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Formuler et mettre en oeuvre la politique sectorielle dans les domaines de la santé publique et de la population, dans le cadre de la politique générale définie par le chef du Gouvernement ; Assurer la régulation et le contrôle de toute action publique ou privée relevant de ses domaines de compétence ;

Veiller à la mise en oeuvre des politiques publiques en collaboration avec les autres ministères et le cas échéant, avec les collectivités territoriales ;

Appliquer et faire respecter la politique du Gouvernement dans les domaines de la santé et de la population ;

Participer avec les institutions concernées à la révision de la législation réglementant les domaines de la santé et de la population ;

Réglementer et superviser les activités des institutions publiques et privées oeuvrant dans le domaine de la santé publique ;

Etablir les normes de construction, de restauration ou d'agrandissement des édifices destinés à fournir des services de santé ;

Etablir les normes techniques sanitaires destinées à protéger la santé des citoyens contre les risques associés à des développements agricoles, industriels et urbains ;

Etablir et veiller à l'application des normes techniques sanitaires relatives aux aliments, à l'eau potable et aux produits pharmaceutiques et cosmétiques destinés à l'usage humain et à l'hygiène publique ;

Promouvoir la santé individuelle et collective en vue du plein épanouissement de la personne humaine ;

Mettre en place un système de soins médio sanitaires, intégrant les institutions publiques et privées, de façon à garantir la prestation des soins à tous les citoyens;

Enregistrer et contrôler les titres de professions médicales et paramédicales et s'assurer de l'adéquation de l'exercice de toute profession ou activité en relation avec la santé ;

S'assurer de la disponibilité et la qualité des ressources humaines requises pour l'application des politiques et plans de santé ;

Contrôler les maladies d'intérêt collectif ;

Participer, en coordination avec les autres organismes concernés, aux activités de pré désastre et de secours ;

Veiller à l'application des accords et conventions internationaux relatifs à la santé publique et à la population ;

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Entretenir des relations avec les organismes nationaux et internationaux oeuvrant dans les domaines de la santé et de la population ;

Participer aux décisions et activités liées aux traités, conventions, protocoles, déclarations, actes, pactes, accords et autres instruments internationaux intéressant la santé publique ; Coordonner les interventions des nationaux et étrangers dans le domaine de la santé sur toute l'étendue du territoire nationale.

Malgré l'existence de tous ces mécanismes, l'écart entre ceux qui sont prescrits et ceux qui se pratiquent en Haïti est très grand. Si la constitution supportée par les conventions internationales, fait obligation à l'Etat de garantir à la population les droits à la santé, à l'éducation, à l'alimentation, au logement décent, au travail, etc. Dans la pratique, cette obligation n'a pas encore été réalisée, car l'état haïtien, depuis l'adoption de cette constitution, ne s'attache pas à l'appliquer, il est tellement vrai, même la gratuite de l'école prônée par la constitution n'est pas réalisée correctement au profit des enfants du pays puisque beaucoup d'enfants ne fréquentent pas l'école par manque ou faute de moyens. Les établissements scolaires publics sont peu nombreux et les intégrées n'est pas une chose facile. Par ailleurs, la gratuite de l'école dont on parle en Haïti est comme une fiction. Car dans nombre d'écoles publiques les parents sont appelés a beaucoup dépenser sur la demande des directeurs. Certains parents s'en plaignent d'autant qu'ils sont généralement en chômage. Il faut rappeler que la situation économique du pays est catastrophique. Par conséquent, la gratuite dont on parle devrait être totale. Puisqu'ils sont nombreux les a être en situation extrêmement difficile au point de ne pas pouvoir répondre aux moindres frais réclamés par les directions de certaines écoles publiques.

Les soins de santé ne sont pas gratuits dans les hôpitaux publics. Souvent on entend les parents des malades se plaindre des abus subis dans ce domaine. La situation, en ce sens, se révèle parfois révoltante lorsqu'on assiste a la mort de certains patients faute de soins médicaux dans les hôpitaux publics. Et il n y a pas de contrôle strict sur les médicaments et aliments importés pour la consommation locale.

Jusqu'à date, se loger, trouver un emploi en Haïti est un luxe pour beaucoup de jeunes professionnels qui sont obligés de partir dans l'idée de trouver mieux ailleurs. Alors que ces droits sont inscrits dans la constitution.

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Mais pourquoi tout cet écart, qu'est ce qui est a la base de tout cela, quelles sont ses impacts sur la population haïtienne, comment le réduire ? Dans le quatrième et dernier chapitre on apporte des réponses à ces interrogations.

CHAPITRE IV : Entraves socio-juridiques à l'exercice légal des droits sociaux en Haïti.

Section I : Causes et conséquences de la violation des droits sociaux dans le pays

A) Les causes

Les droits sociaux sont considérés comme la deuxième catégorie des droits de la personne humaine. Ils sont fondés sur la nécessité d'assurer le bien-être et la dignité des individus et nécessitent l'intervention de l'État pour être mis en oeuvre. Ces droits ne sont pas directement invocables devant le juge.

Ils ne constituent pas des normes d'efficacité immédiate. Ils doivent être l'objet d'un développement législatif intensif. Sans la survenance des lois d'application, c'est-à-dire des lois susceptibles de matérialiser le PIDESC et les obligations constitutionnelles en la matière, ces droits ne pourront pas être invocables devant la juridiction ordinaire. La mise en oeuvre de ces droits requiert la mobilisation des ressources financières, humaines et techniques et leur prise en compte dans les priorités budgétaires définies par l'État.

Si la Constitution de 1987 établit toute une multitude de droits économiques, sociaux et culturels, leur mise en oeuvre demeure problématique malgré la ratification en 2012 par le parlement Haïtien du Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. Les objectifs ou les priorités définis de manière générale dans ces instruments normatifs ne sont pas étayés par des lois d'application. Ce déficit législatif permet de dénoter que la mise en oeuvre des droits économiques et sociaux semble ne pas être une priorité nationale. Les enveloppes budgétaires allouées aux domaines relatifs à la deuxième génération des droits de la personne humaine ne

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permettent pas de garantir leur pleine effectivité et témoignent de la faible protection des droits de la personne humaine en Haïti.

Le problème de la mise en oeuvre des droits économiques, sociaux et culturels s'explique par le fait que les prérogatives dont les individus sont titulaires ne sont pas respectées. En effet, le droit à la santé semble devenir un privilège, voire un luxe réservé aux plus huppés de la société. Sa mise en oeuvre se fait de manière très précaire. Les hôpitaux de l'État sont pour la plupart des structures sclérosées fonctionnant dans un cadre défectueux. L'accès aux soins de santé reste jusqu'à présent un immense défi pour les personnes vivant dans les endroits reculés du pays alors que l'article 23 de la Constitution de 1987 dispose que l'État est astreint à l'obligation d'assurer à tous les citoyens dans toutes les Collectivités Territoriales des moyens appropriés pour garantir la protection, le maintien et le rétablissement de leur santé par la création d'hôpitaux, des centres de santé et de dispensaires72. La population est très vulnérable aux épidémies. Sous un autre angle, il faut dire que le droit au logement décent n'est assuré que de manière difficile. Les constructions des immeubles se font généralement en dehors des principes édictés. Elles ne respectent pas les conditions qui garantissent la dignité des individus et ne sont pas de nature à les protéger contre les effets dévastateurs et meurtriers des catastrophes naturelles.

En outre, alors que la Constitution proclame de manière solennelle la liberté du travail, on constate que le taux de chômage est fort inquiétant73. C'est comme si le droit au travail n'était pas protégé par le devoir de créer des emplois. L'accès au travail demeure un défi majeur même pour les professionnels détenteurs de diplômes. Cette situation a des conséquences graves sur les conditions de vie des individus. Tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge.

Selon la Banque Mondiale, plus de 59% de la population haïtienne vivent sous le seuil de la pauvreté et 24% sous le seuil de la pauvreté extrême74. Ces données ne peuvent qu'aggraver l'accès de la population haïtienne à la santé, au logement décent, à la bonne alimentation, à l'éducation de qualité, au confort et au loisir.

En Haïti, la violation des droits sociaux économiques est constante et historique. Les droits à la santé, à l'éducation, au travail, à la liberté syndicale, à l'alimentation sont systématiquement foulés

72 En 2014, trois millions de personnes, soit 40% de la population haïtienne, n'ont toujours pas accès aux soins de santé. Métropole-Haïti.com.

73 Plus de 60% de la population en âge de travailler sont en chômage en Haïti. Eddy LABOSSIERE, le bilan de l'économie haïtienne : Année 20122013, Le Nouvelliste, 7 janvier 2014.

74 http://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview.

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au pied par les dirigeants étatiques. Les choix économiques des différents gouvernements qui se sont succédé ne tiennent pas compte des besoins socio-économiques réels de la population. Ce qui leur importe c'est la garde de leur pouvoir.

L'accès aux soins de santé constitue pour la population, une source constante de préoccupations. Des centaines de milliers de dollars sont investis dans le secteur de la santé mais les résultats ne sont pas visibles. Les autorités étatiques n'abordent jamais les problèmes structurels du secteur, de manière responsable, en vue de trouver une solution durable. Les décisions prises sont toujours de nature à trouver des palliatifs.

La violation du droit à l'Alimentation de la population haïtienne représente un mal endémique. Des personnes meurent de faim, de malnutrition. Aucune politique n'est clairement définie en matière de production nationale. Les agriculteurs sont livrés à eux-mêmes et les principaux produits de consommation viennent de l'étranger au détriment des produits nationaux. D'une matière générale, les produits importés sont plus abordables, en raison de leur prix.

En matière de santé, la situation n'est pas au meilleur. « Il ressort de l'analyse des statistiques de l'année 2016 que le pays continue de faire face à des défis majeurs de santé caractérisés, entre autres, par la prédominance à la fois des maladies infectieuses et parasitaires et des maladies chroniques dans le profil de la morbidité générale, l'accès limité de la population à des services sanitaires de base et la faible utilisation des services disponibles. Vu le faible budget accordé au secteur, le MSPP a une marge de manoeuvre très limitée pour faire fonctionner ses établissements de santé et assurer en même temps la gestion de ses programmes prioritaires »75

Contrairement aux prescrits de la DUDH et de la Constitution du pays, l'éducation primaire n'est pas accessible à tous. Les quelques écoles primaires publiques existantes fonctionnent dans des conditions lamentables. Les bâtiments sont délabrés et ne répondent pas aux règles minimales de sécurité, les classes sont surchargées, les fournitures de bureaux font défaut rendant les conditions générales d'apprentissage et d'évaluation extrêmement difficiles.

Si des efforts sont consentis sur l'accès au droit à l'éducation en Haïti, il y a lieu de questionner la mise en oeuvre de ce droit dans la mesure où la priorité ne semble pas être accordée à la qualité et la pertinence de l'instruction. En outre, la gratuité de l'école, proclamée par la DUDH et la Constitution de 1987, reste un simple voeu. Jusqu'à présent, le droit à l'éducation de certains enfants est violé. L'État et les collectivités territoriales n'arrivent pas à exercer de manière souveraine leur contrôle sur

75 Publié le 2017-12-19 | Le Nouvelliste /rapport statistique 2016/santé

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l'exercice de la liberté d'enseignement en Haïti. Ce qui fragilise la mise en oeuvre du droit à l'éducation dans le pays. Cela dit, les droits sociaux, économiques et culturels ne sont pas garantis dans le pays. Ils témoignent de la faible protection sinon du non respect des droits fondamentaux de la personne humaine dans le pays.

Ce non respect des DESC dans le pays résulte de plusieurs causes :

1-La faiblesse de l'Etat ;

2-instabilité politique ;

3-déséquilibre dans la séparation des trois pouvoirs de l'Etat ;

4- Influence de la politique et non respect des principes établi

5-Primauté des droits civils et politiques par rapport aux droits sociaux

6- Faiblesse des institutions de protection et de garantie des droits sociaux

I- La faiblesse de l'Etat

L'Etat qui est le premier responsables en matière de protection des droits de l'homme ne dispose pas de moyens nécessaires pour mener a bien sa mission, d'ailleurs le budget national est financé en partie par la communauté internationale, donc un Etat qui peut pas financer la totalité de son budget se trouve en situation de faiblesse car il ne peut ni garantir les droits sociaux comme l'exige la constitution ni respecter les différents engagements pris a travers les conventions internationales auxquelles il est partie. L'Etat Haïtien n'a jamais été assez riche pour s'organiser et offrir a ses citoyennes et citoyens l'ensemble des services conçus a partir d'une philosophie socialisante qui a traversé l'ensemble de nos constitutions, des la première charte qui offre aux haïtiennes et haïtiens un ensemble de services gratuits. L'éducation, les soins de santé, les services sociaux de base, sont autant de garanties que l'Etat donne a ses administrés sans que les moyens pour y arriver n'aient toujours été là.

En général, l'administration publique, est ce instrument a la disposition des pouvoirs publics pour articuler les interventions de l'Etat dans la finalité de fournir a la population l'ensemble des services devant concourir a son bonheur. Les penseurs de l'Etat, les sociologues, parmi eux, Max Weber, définissent l'administration comme machine efficiente. On comprend bien que dans ce cas, il y a tout un rouage bien articulé qui produit cette efficace pour que les services fournis soient a la hauteur des attentes des administrés. Aussi, de la qualité de l'administration publique d'un pays dépend le degré de la qualité des services reçus par la population.

En Haïti, quand on regarde les difficultés auxquelles la population est confrontés pour bénéficier de jouissance effective de ses droits sociaux conformément a la constitution et aux conventions

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internationales, on peut dire et fort, et sans crainte d'être démenti, que l'Etat haïtien n'a aucunement la préoccupation du bonheur du peuple haïtien.

II- Instabilité politique

Les différents coups d'Etat militaires perpétrés juste après l'adoption de la constitution contre des gouvernements légitimes et les deux périodes de transition que connaissent le pays récemment, soit en 2004 et en 2016, ne restent pas sans conséquences sur la garantir et le respect des droits sociaux en Haïti. Et l'embargo infligé au pays par les états unis suite au coup d'état contre le président jean Bertrand Aristide en 1991, les violentes manifestations enregistrées entre 2003 et 2004 ont tous des répercutions négatives sur l'économie haïtienne ce qui occasionne de grave violation des droits sociaux en Haïti.

III- Déséquilibre dans la séparation des trois pouvoirs de l'Etat :

En Haïti, on pourrait dire que la question de la séparation des pouvoirs c'est juste une théorie puisque dans la réalité ils ne jouent leurs rôles respectifs, ce qui se fait dans le pays ne s'accord pas a la théorie telle que présentée par Montesquieu. Les pouvoirs ne se bornent pas à la limite de leurs compétences.

a) Empiétement du pouvoir législatif sur les deux autres pouvoirs

Le législatif ne devrait pas substituer son action à celle de l'exécutif. Toutefois, il le surveille de manière à ce qu'il ne s'écarte pas de la volonté politique exprimée par le parlement. Il se réserve ainsi d'un droit de regard sur la manière dont l'exécutif met en oeuvre la volonté nationale. Il dispose du privilège de donner à l'exécutif les moyens indispensables à l'accomplissement de sa mission a travers le vote de la loi et du budget. Il surveille également le travail de l'exécutif grâce aux questions posées aux ministres, a l'interpellation ainsi qu'aux commissions qu'il peut mettre en place pour tirer au clair certains agissements de l'exécutif. Mais en Haïti tout est différent. Les parlementaires s'impliquent dans presque tous les taches réservés à l'exécutif, ils recommandent des ministres, des directeurs généraux qui leurs donnent en retour une contre partie pour financer leurs prochaines campagnes électorales ce qui constituent un manque à gagner pour le trésor public et qui leurs empêchent d'exercer leur pouvoirs de contrôle en vue d'exiger la garantie des droits sociaux dans le pays.

b) Faiblesse de l'exécutif

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Au sein de l'Exécutif, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement qui conduit la politique de la Nation, pourtant le Gouvernement est en principe une émanation du Parlement. Or, le Président de la République n'a aucun moyen d'action décisif sur l'action du Parlement qui le contrôle dans ses moindres pouvoirs. Il arrive souvent que l'exécutif entre dans de consensus pas très nette avec les parlementaires pour avoir un premier ministre ou pour le renvoyer.

Les actions du pouvoir exécutif dépendent directement de l'enveloppe budgétaire nationale alors que ce budget doit nécessairement bénéficier d'un vote au parlement. Des fois, le parlement refuse de voter le budget pour obstruer le gouvernement dans la mis en oeuvre politique générale au profit de la population purement et simplement. Et le gouvernement ne peut que reconduire le budget existant. Donc, l'exécutif ne pourrait pas réussir dans démarches en vue de garantir et protéger les droits si le législatif ne lui accorde pas les moyens convenables.

c) Enrichissement illicite de certains de nos dirigeants au détriment de l'administration publique

Dans tout pays plus ou moins respectueux des principes démocratiques, l'administration publique est un organe a lequel on met ses compétences aux services des autres et de sa patrie pourtant dans le cas d'Haïti tout porte à prouver le contraire, a savoir l'administration publique est un lieux ou l'on rentre pour devenir riche. C'est ainsi que, les dirigeants qui se succèdent a la tête du pays entre 2008 et 2016 ont dilapidé plus de trois milliards de dollars des fonds du programme de petro caribe, sous les regards souffrants de la population haïtienne, surtout les plus vulnérables. Quel affront !

IV- Influence de la politique et non respect des principes établi

La politique absorbe presque tout dans le pays, les principes préalablement établi ne valle pratiquement rien. Quelque soit la raison / l'importance d'une action à mener, il vous faut nécessairement l'appui / l'avale d'un homme politique. Les dirigeants politiques nomment et révoquent les agents de l'administration publique sans tenu compte du principe méritocratique et de la compétence, il suffit d'être un proche militant pour avoir son poste, c'est le gagne pain et le vote aux élections qui comptent, le travail à fournir vient après, ils vendent des postes publics comme on vend du pain au marché.

V- Primauté des droits civils et politiques par rapport aux droits sociaux

Bien que les droits sociaux sont les droits de l'homme qui offrent actuellement le potentiel de développement le plus important. On accorde souvent à ces droits une valeur moins contraignante parce que, contrairement aux droits civils et politiques, on prétend qu'ils ne sont pas suffisamment concrets pour être justiciables, c'est-à-dire qu'il est difficile de les invoquer en justice. Les Etats sont

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néanmoins tenus de garantir ces droits à tous et de conduire une politique active en faveur de leur mise en oeuvre (dimension programmatrice).

VI- Faiblesse des institutions de protection et de garantie des droits sociaux

Les institutions de protection et de garantie des droits sociaux sont en situation de faiblesse pour deux raison : premièrement, elles sont dépendante financièrement de l'exécutif, c'est le gouvernement qui leurs donnent les moyens financiers pour réaliser leurs taches, le plus souvent les sommes reçus se trouvent en dessous du montant nécessaire pour mener a bien leur missions. Deuxièmement, la justiciabilité des droits sociaux ne sont pas garantis, elles ne peuvent que dénoncer leurs non-respects, jusqu'à présent on ne peut les invoquer devant un tribunal.

B) les conséquences

1 -insécurité généralisée

La situation des droits sociaux en Haïti est en deçà des principes fondamentaux établis par la constitution et la déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (DUDH) dont Haïti est signataire. Les Droits Sociaux fondamentaux ne sont pas respectés par l'Etat Haïti, a conclu l'Action Internationale pour les Droits Humains (AIDH) dans un rapport sur Haïti. Selon l'AIDH cela entraine une situation d'insécurité et de pauvreté a laquelle le pays fait face et qui peut être caractérisé comme source de violation grave des Droits Humains. En effet, Haïti, l'Etat est quasi inexistant, chaque individu pense pouvoir s'instituer en autorité et fait ce qu'il veut. Au moment ou l'on parle il y a des endroits dans le pays ou des chefs de gangs perçoivent des taxes sur des citoyens paisibles en lieu et place de l'Etat, il y a aussi de marché ou ils effectuent des recettes des mains des marchands régulièrement chaque samedi, et ces gens sont obligés de faire le paiement pour protéger leurs vies et leurs commerces car les forces de l'ordre se trouvent impuissance face a ces bandits, dans ces situations ils sont livrés a eux-mêmes. Par ailleurs, dans ce même pays il y a des personnes qui n'ont pas accès a même un plat chauds chaque jour c'est inconcevable, les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Il faut préciser que tout cela, résulte du non respect des droits des droits sociaux dans le pays, puisque ces délinquants, ces bandits, ces chefs de gangs là, ce sont de personnes ayant un passé misérable, des oubliés, des rejets de la société qui n'ont jamais bénéficié de la protection de l'Etat, qui ont décidé de se convertir en chefs hors la loi pour assurer leurs survis, ils des victimes de l'inconséquence de nos dirigeants.

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En ce il est du devoir du gouvernement de prendre des mesures d'urgence et nécessaires conformes aux principes et aux normes internationales en matière de droits de l'homme afin de permettre a la population haïtienne, particulièrement les plus démunis, de jouir des ses droits sociaux tel que prescrit la constitution de 1987 au chapitre 2 du titre III pour sauver les générations a venir.

2- Fuite des valeurs intellectuelles du pays

Selon les écrits du journal le national, 85 000 haïtiens auraient quitté Haïti entre 2014 et 2016, période où le flux migratoire a été le plus accéléré. Le Brésil, en première position, a reçu 67 000 migrants haïtiens. Le Chili, quant à lui, a accueilli 18 000 migrants tandis que l'Argentine arrive au plus bas de l'échelle avec un nombre de 1 200. Ces chiffres sont tirés d'un rapport de l'OIM. Ces migrants sont majoritairement des jeunes qui ont bouclé leurs études classiques et/ou universitaires qui ne voient pas leur avenir dans le pays et qui partent pour trouver une vie meilleure. Ils ont été pour la plupart des professionnels en situation de chômage déguisé, c'est-à-dire ce qu'ils perçoivent comme salaire ne leur permettent pas de survenir a leurs besoins. Ils laissent le pays avec l'espoir de trouver un mieux être ailleurs.

De nos jours, un seul refrain sur les lèvres des jeunes haïtiens « quand est ce que viendra le moment où je dois quitter ce maudit pays, rien n'a changé, rien ne change et rien ne changera ». Cette catégorie n'a aucune assurance concernant leur devenir, puisque les autorités étatiques s'en moquent, elles ne manifestent aucun intérêt de manière a ce que ces jeunes puissent se sentir protégés afin de pouvoir rester au service du pays car ils ont pour la plupart été formés aux frais de l'état haïtien. Le départ de tous ces jeunes hommes et femmes du pays constitue un coup dur pour le développement du pays, parce que ce pays a besoin de la contribution de tous ses fils pour sortir de sa situation misérable.

Section II : Conditions nécessaires pour la réalisation et le respect effectif des droits sociaux dans le pays.

1- L'état doit assumer ses responsabilités

L'éducation est un droit fondamental de chaque individu. Ce droit est indispensable à l'exercice et au respect de tous les autres droits civils, politiques, sociaux et économiques. C'est aussi une condition essentielle du développement durable ainsi que de la paix et de la stabilité dans le monde. A la

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lumière de ce qui précède, il est clair qu'en dépit de l'incorporation des principes posés par la Déclaration universelle des droits de l'homme dans la Constitution haïtienne et la ratification du pacte international relatif aux droits sociaux économiques et culturels ou l'adoption d'autres instruments relatifs au droit à l'éducation par l'État haïtien, ce droit reste un objectif lointain à atteindre en Haïti, même si des progrès significatifs ont été accomplis durant ces dernières décennies. Le respect du droit à l'éducation, comme tous les autres droits fondamentaux, passe d'abord par une volonté politique des gouvernants. Pas la peine de rappeler que l'éducation constitue la condition nécessaire et obligée de l'émancipation et du civisme, ni de dire qu'elle est le socle du bien-être et du progrès ou, en d'autres termes, l'outil principal permettant à l'individu économiquement et socialement marginalisé de se forger un lendemain meilleur. Il incombe donc à l'État haïtien de prendre les mesures nécessaires afin de garantir ce droit à tous, comme le disposent la Déclaration de 1948 et la Constitution de 1987 amendée. Il faut finir avec le temps du décalage toujours plus grandissant entre les principes et la réalité. Dans un contexte de crise politique et de société où les valeurs s'effritent de plus en plus, la promotion et la diffusion de l'éducation devraient constituer le sésame contre les maux qui rongent la société haïtienne, aussi bien qu'un rempart contre l'ignorance et l'arrogance des « petits et grands seigneurs » qui s'enflamment de vouloir nous gouverner.

Pour améliorer l'accès à l'éducation, l'Etat doit :

V' Augmenter l'allocation budgétaire de finance publique de l'éducation à au moins 35% du budget national

V' Augmenter l'allocation budgétaire de l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) à au moins 10% du budget national en vue d'augmenter la capacité d'accueil de l'UEH

V' Rendre accessible l'offre scolaire et universitaire dans les collectivités territoriales

Pour améliorer la qualité d'éducation en Haïti, il faut :

V' Elaborer un plan national d'intégration scolaire et universitaire suivant l'évolution démographique des demandes scolaires et universitaires

V' Doter l'Ecole Normal Supérieure de l'UEH des ressources matérielles et humaines nécessaires lui permettant de pouvoir former un personnel enseignant de l'enseignement publique de qualité, capable de faire des innovations dans le système éducatif haïtien, de manière à le rendre moderne et adapté à la réalité sociale, économique, culturelle et politique haïtienne

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1' Doter le Ministère de l'éducation des moyens matériels et politiques de contrôler et d'exiger l'applicabilité de toutes les règlementations jugées indispensables pour garantir une instruction de qualité aux élèves

1' Adopter une grille salariale pour les professeurs et enseignants avec un salaire minimum

répondant aux exigences du moment par rapport à la dégradation de la monnaie locale.

Ce que l'État doit faire pour améliorer l'accès a l'alimentation :

- Réguler les stocks de céréales qui représentent la base de l'alimentation en achetant au moment des récoltes pour que les prix ne chutent pas et remet sur le marché quelque mois après à un prix proche de celui d'achat76

- Construire des routes et d'autres voies de communication permettant aux communautés rurales d'avoir accès physique aux marchés

- Proposer une politique salariale ou de l'aide si nécessaire permettant aux citoyens de réaliser leur droit à une alimentation adéquate77

L'Etat haïtien a pour l'obligation de se procéder à un système de santé répondant à la réalité actuelle du pays.

Pour ce faire il doit prendre en compte des facteurs environnementaux et biologiques dans la protection du droit à la santé en vue de :

- Mettre en place du système sanitaire capable de protéger l'environnement

-Faire des études et recueillir l'information sur la pollution et le changement climatique pour mettre en place des politiques et mesures pour répondre à ces problèmes surtout par rapport à la santé.

-Réguler les boissons, alimentation et médicaments pour assurer sa qualité

Afin d'améliorer l'accès aux centres et services de santé, l'état doit :

-Création des centres de santé à travers les différentes sections communales et communes

-Création des centres hospitaliers dans les communes et les départements -Définir un meilleur quota budgétaire pour l'amélioration du droit à la santé

- Haïti, pays montagneux, la création des routes secondaires parait indispensable. Par ailleurs, l'état doit :

Renforcer le ministère des affaires sociales et du travail ;

Renforcement de l'Office de la Protection du Citoyen et de la Citoyenne (OPC).

76 Organisaton pour l'alimentaton et le Développement Locale (OADEL), Le Droit a l'alimentation, quu'est-ce quue c'est ? (7 mai 2014), htp://// www.oadel.org//?p=389

77 Id

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2- Le Parlement doit créer une loi donnant un caractère contraignant aux textes relatifs droits sociaux dans le pays

A cote des mesures que doivent prendre l'état pour garantir le respect des droits sociaux dans le pays, il est nécessaire voire indispensable qu'on adopte une loi permettant que les droits sociaux soient justiciables devant les tribunaux, c'est-à-dire, on peut les invoquer devant les juges en cas de violations. En principe, il revient au parlement de pencher sur la question puisque seul lui a le pouvoir de législation. Cette action donnera beaucoup plus d'intérêt pour la protection des droits sociaux dans le pays car ses droits se trouvent négligés parce qu'ils ne sont pas justiciables, il est tellement vrai, les organisations de défenses des droits humains oeuvrant en Haïti, a l'instar de la RNDDH, du POHDH, etc. s'intéressent plus aux questions relatives aux droits civils et politiques qu'aux droits sociaux.

Comme on l'a souligné précédemment, les droits sociaux doivent être l'objet de législatif intensif, il faut qu'il y ait une loi qui sanctionnent leurs violations par quiconque, qu'ils s'agissent de l'état ou d'un particuliers.

Cette loi doit non seulement rendre contraignant la garantie des droits sociaux devant les tribunaux au même titre que les droits civils et politiques, mais aussi, elle doit définir les responsabilités de chacun des trois pouvoirs de l'Etat de manière précis et concis dans le cadre de la lutte a mener pour la promotion, la garantie et la protection des droits sociaux dans le pays.

En vertu de tout ce qui précède, on comprend bien que le système retenu par le régime Constitutionnel de 1987 et les conventions internationales ont tout prévu pour qu'on puisse vivre dans la dignité. Mais ceux qui sont appelés à les appliquer ont tout bonnement décidés de faire autrement. Donc la population est victime de ceux en qui elle a placée sa confiance a travers les élections avec espoir ils allaient travailler pour changer ses conditions misérables. Contrairement à leur attente, ses hommes obsédés à l'idée de maintenir le pouvoir par tous les moyens ne font qu'aggraver la situation en profitant de leur misère pour rester au pouvoir.

CONCLUSION

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Nous venons de démontrer que la violation (ou du moins le non-respect) des droits sociaux en Haïti s'explique par la non- application de la constitution et des conventions internationales ratifiées par Haïti ; Et le problème de leurs mises en oeuvre s'explique par le fait que les prérogatives dont les individus sont titulaires ne sont pas respectées. Ils se manifestent par des atteintes aux principes démocratiques et par l'insouciance des responsables de l'Etat durant ces dernières années, vis-à-vis des droits reconnait aux citoyens pour sa socialisation, son épanouissement et son bien-être.

Alors que la constitution Haïtienne de 1987 et ces conventions internationales ont défini la façon dont l'Etat devrait procéder pour permettre à toutes les personnes de vivre dans la dignité, la sécurité et la paix. Les autorités étatiques, abandonnant, leurs vocations réelles, qui est de garantir a la population le respect et la protection de tous leurs droits fondamentaux ; le droits a la santé, a l'éducation, a alimentation, au travail, au logement décent, a la sécurité sociale, etc., ils ont fait de la conservation du pouvoir leur principal but et, servir le peuple est relégué au second plan. On peut dire qu'en Haïti, l'Etat Haïtien est tout, sauf responsable.

Nous avons également, démontrer que, pour parvenir à une application effective des droits sociaux en Haïti, tel qu'il est traitée dans le cadre de notre travail, deux garanties doivent être prévues : d'une part, l'adoption d'une loi donnant un caractère contraignant aux actions à mener en vue du respect effectif des droits sociaux dans le pays et, d'autre part, le renforcement de l'Etat, a travers ses institutions, dans ses responsabilités comme premier garant du respect des droits sociaux en Haïti.

> L'adoption d'une loi pour contraindre les concernés (les autorités de l'Etat) à prendre leurs responsabilités en matière de protection des droits sociaux est l'oeuvre du pouvoir législatif.

Par conséquent, le parlement dans un souci de protection doit doter le pays d'une telle loi pour mettre l'exécutif face à ses responsabilités et pour permettre aux personnes victimes des violations des droits sociaux à pourvoir ester en justice contre l'Etat en vue d'obtenir le respect de leurs droits. Les règles existant en cette matière n'ont pas la force contraignante, les autorités ont profitées pour les laisser à l'oubliette et la population n'a pas encore la possibilité d'entamer de poursuite judiciaire contre toute autorité qui pour une raison ou une autre, ont choisi de piétiner les droits sociaux dans le pays, donc prendre une loi qui offre cette opportunité serait déjà une Pierre importante dans la construction d'une société de paix, ou chacun peut vivre en sécurité et dans la dignité, une société l'individualisme est remplacé par le communautarisme.

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> D'autre part, le renforcement des institutions étatiques est incontournable pour une application effective des prescrits de la constitution et des conventions internationales concernant la garantie des droits sociaux en Haïti.

En effet, nous avons compris que le manque de volonté de nos dirigeants n'est pas le seul problème, puisque les institutions étatiques ne disposent pas de grands ressources humaines, matériels et financiers pour offrir a la population des services dignes de leurs êtres. Pour avoir un service de santé au top, il faut donner au ministère de la santé publique et de la population les moyens nécessaires pour renforcer les dispensaires, centre de santé et hôpitaux a travers tout le pays et les doter de personnels qualifiés et disponibles au service de tous membres de la population quelque soient leurs origines sociales ou croyance religieux, quelque soient leurs idéologies politiques. Si on veut faire respecter le droit a l'éducation, l'essentiel est de mettre de moyens a la disposition du ministère de l'éducation nationale et s'assurer que ces moyens soient utilisés a bon escient, et fait en sorte que cette institution ne reste pas sous les griffes manipulateurs des politiques. En ce qui a trait à la question relative au droit a l'alimentation, nous pensons que l'Etat doit investir dans l'agriculture au lieu de concentrer tous ses efforts sur l'importation des produits de première nécessité, car la production favorise le développement. Et ceci est valable pour toutes les autres institutions étatiques.

Pour arriver à une amélioration des travaux des entreprises étatiques plus ou moins acceptable, il faut limiter les corruptions dans les institutions publiques, pour qu'on puisse utiliser les fonds disponibles dans l'intérêt de toute la population Haïtienne. Et donner aux personnes qualifiées et compétentes les possibilités d'intégrer l'administration publique pour servir la communauté. L'opinion politique ne doit constituer obstacle les jeunes professionnels. En outre, les privilèges accordés aux autorités de l'Etat doit être réduit à la plus simple expression, l'Etat doit être une institution de service et non une institution qui abrite des personnes privilégiées, ou un instrument au service de la classe économique et des puissances extérieure. Certes, nous ne sommes pas un pays très riche mais si le peut qu'on a, puisse être utilisé de manière transparente, la population en tirera profit. Car, la situation lamentable des plus vulnérables ne restera pas sans conséquence sur le développement de ce pays. On ne peut pas se permettre de continuer dans cette situation, il faut prendre des mesures convenables pour apporter une mieux être a la population haïtienne et nous pourront rattraper la voie du progrès.

Pour terminer, nous disons que, la constitution Haïtienne de 1987 est une oeuvre qui est théoriquement très sensible au respect des Droits Sociaux dans le pays, mais dans la pratique, elle se

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trouve souvent l'objet de violations par les dirigeants du pays. Les différents droits protégés par cette constitution ne sont pas prises comptes par les autorités étatiques. En ce sens on pourrait dire que l'Etat est presque failli à sa mission, n'importe qui peut occuper n'importe quel poste dans l'administration publique en dehors des principes, qualifications et compétences pourvus qu'il soit un militant politique, ce qui rend difficile la réalisation des Droits Sociaux en Haïti. Donc, la restauration de l'autorité de l'Etat et une orientation équitable de ses politiques sociales sont incontournables pour arriver à une juste amélioration de la situation de droits sociaux dans le pays.

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

A-Documents officiels

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1- La constitution haïtienne de 1987, version amendée ;

2- Le texte de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ;

3- Le texte de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 ;

4- Le texte du pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966;

5- Le texte du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966;

6- Le texte de la convention américaine relative aux droits de l'homme 1969;

7- Le texte de la convention internationale des droits de l'enfant 1989;

B-Ouvrages spécialisés

1- Le métier d'étudiant Guide méthodologique du travail intellectuel, Hérold Toussaint, Port-au-Prince, 2017, imprimerie media texte, 292 pages.

2- Code des droits de l'homme, Patrick Pélissier, éditions des Antilles S.A, 476 pages.

3- Manuel pour la pratique de l'éducation aux droits de l'homme avec les jeunes - Conseil de

l'Europe.

4- PHILIPPE, G., L'esprit des droits de l'homme, Ed., DALLOZ, Paris, 2007

5- ROCHE (Jean) et POUILLE (André), Libertés publiques et droits de l'Homme, 13ème édition, 1999.

6- RIVERO (Jean), Libertés publiques, Manuel, éditions PUF, 1973.

7- Imad (Omar), Questions sur les droits de l'Homme, Impression Sanabil, Aman 2000.

8- Omar Chaafii « coopération internationale dans le domaine de respect et de renforcement des DH », Première rencontre des Institutions Nationales de protection et de promotion des DH dans le bassin méditerranéen, organisée par le CCDH à Marrakeh le 27-29 Avril 1999, p 4956, imprimerie Anajah Al Jadidad, Rabat 1999.

9- Patrice Meyer-BISCH, Présentation systémique des droits de l'homme, s. e, s. l, s. d.

10- Georges Burdeau, Droit constitutionnel, E.J.A, Paris, 1997.

11- Jacques Mourgeon, Les droits de l'homme, PUF, Paris, 1978.

12- Jean Jacques Rousseau du contrat social ou principe du Droit politique, 1762.

13- Yves Madiot, Droits de l'homme et Libertés publiques, Masson, Paris, 1976.

14- Daniel Lochak, Les droits de l'homme, La découverte, Paris, 2002 C-Mémoires consultés

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2- Louino VOLCY, « L'inefficacité de l'Etat de Droit en Haïti », mémoire de licence en Droit, Faculté de Droit et des sciences économiques, Université d'Etat d'Haïti, Port-au-Prince, Aout 2016.

3- Destin JEAN, « la puissance quasi-illimitée du parlement et la fragilité de la suprématie de la constitution de 1987 », mémoire de licence en Droit, Faculté de Droit et des sciences économiques, Université d'Etat d'Haïti, Port-au-Prince, 2008.

4- Arnaud REMEDEM, « la protection des Droits Fondamentaux par la cour de justice de l'union européenne », Université d'Auvergne Clermont 1- école de Droit, 2013.

D-Périodiques spécialisées (Rapports, études, articles de presse et autres)

1- « Soixante ans de la déclaration universelle des droits de l'homme : Ou en est Haïti au regard des droits sociaux et économiques », réseau national de défense des droits humains (RNDDH), 2008, 21 pages.

2- Le Nouvelliste, Haïti: ratification bienvenue du PIDESC (2 février 2012), http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/102289/Haiti-ratification-bienvenue-du-PIDESC-par-lAssemblee-nationale.

3- Le Nouvelliste, l'Accessibilité des soins, un défi majeur pour Haïti (16 mars 2016).

4- Organisation pour l'alimentation et le Développement Locale (OADEL), Le Droit a l'alimentation, qu'est-ce que c'est ? (7 mai 2014), http://www.oadel.org/?p=389

5- Le Nouvelliste /rapport statistique 2016/santé. Publié le 2017-12-19

6- En 2014, trois millions de personnes, soit 40% de la population haïtienne, n'ont toujours pas accès aux soins de santé. Métropole-Haïti.com.

7- Plus de 60% de la population en âge de travailler sont en chômage en Haïti. Eddy LABOSSIERE, le bilan de l'économie haïtienne : Année 2012-2013, Le Nouvelliste, 7 janvier 2014.

8- Radio Télévision Caraïbes, Le Fonds national pour l'éducation dans le collimateur de la Cour des comptes (2 avril 2015),

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http://www.menfp.gouv.ht/20160129 Projet%20d'Arr%C3%AAt%C3%A9 CNAS.pdf.

9- Le Nationale, Étude Budgétaire de MENFP (9 mars 2016).

10- Haïti Libre, Haïti - Éducation : Vers un Pacte National pour une Éducation de Qualité (12 octobre 2015), http://www.haitilibre.com/article-15429-haiti-education-vers-un-pacte-national-pour-une-education-de-qualite.html.

11- Programme Alimentaire Mondiale, Face à la sécheresse en Haïti : « Nous plions comme des roseaux mais nous ne cassons pas » (14 mars 2016), http://fr.wfp.org/histoires/face-a-la-secheresse-en-haiti-nous-plions-comme-des-roseaux-mais-nous-ne-cassons-pas.

12- Programme Alimentaire Mondial, 10 choses à savoir sur la faim en Haïti (12 janvier 2015), http://fr.wfp.org/histoires/haiti-10-choses-faim-securite-almentaire-malnutrition.

13- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, La faim recule dans le monde, mais 805 millions de personnes souffrent encore de sous-alimentation chronique (16 septembre 2014), http://www.fao.org/news/story/fr/item/243863/icode.

14- Ministère de la sante publique et la population, République du Haïti, Plan directeur de sante 2012-2022,

http://www.mspp.gouv.ht/site/downloads/Plan%20Directeur%20de%20Sant %C3%A9%%81%202012%202022%20version%20web.pdf.

15- Ministère de la sante publique et la population, République du Haïti, Politique Nationale de Sante (Juillet 2012), http://mspp.gouv.ht/site/downloads/PNS%2021juillet%20version%20finale.pdf.

16- Le Nouvelliste, La population haïtienne toujours rurale à 52% (27 septembre 2013), http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/121926/La-population-haitienne-toujours-rurale-a.

17- Le Nouvelliste, Le gouvernement fixe les responsabilités sur les décès survenus suite à l'ingestion de boissons alcoolisées (16 mars 2016).

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18- Le Nouvelliste, Haïti: ratification bienvenue du PIDESC (2 février 2012), http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/102289/Haiti-ratification-bienvenue-du-PIDESC-par-lAssemblee-nationale.

E-Sources internet

1- www.lextenso.fr

2- fr.wilkipedia.org.

3- www.juridictionnaire.com

4- http://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview .

TABLE DES MATIERES

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Titres pages

Dédicace i

Remerciements ii

Sommaire iii

Abréviations & sigles iv

Glossaire v

Introduction 1

PREMIER PARTIE : Regard sur la situation des droits sociaux en Haïti

12

CHAPITRE I : Les droits de l'homme : un instrument de modernisation des sociétés fondé sur la

liberté et la dignité humaine 13

Section I : Evolution historique des droits de l'homme dans le monde 13

B- Définition, missions, caractéristiques et classification des Droits de l'Homme 13

C- les différentes étapes de l'évolution historique des droits de l'Homme 17

Section II : Des différentes doctrines et conceptions modernes des droits de l'homme 22

A- Les doctrines des Droits de l'Homme 22

B- Les conceptions modernes des Droits de l'Homme 27

C- Les facteurs d'encadrement des Droits de l'Homme 30

CHAPITRE II : Généralités et caractéristiques des droits sociaux en Haïti 33

Section I : Exigences des sociétés démocratiques en matière de Droits de l'Homme particulièrement

des Droits sociaux 33

D- Société démocratique et Démocratie : rapport et définition 33

E- Les origines de la démocratie 34

F- Les valeurs de la démocratie 35

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2019

Approche des droits sociaux en Haïti au regard de la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et leurs applications effectives de 1988 à nos jours.

Section II : Etats des lieux sur la situation des droits sociaux en Haïti 42

C- Vue d'ensemble sur les Droits sociaux 42

D- La situation de la population haïtienne en matière de réalisation des Droits sociaux 43

DEUXIEME PARTIE : Les mécanismes nationaux et internationaux de protection des Droits

Sociaux et des limitations des abus de pouvoirs dans divers domaines 53
CHAPITRE III : Consécrations normatives et institutionnelles en matière de protection des droits

sociaux au niveau national et international 54

Section I : Cadre légal de protection des droits sociaux 54

B- Au niveau international 54

C- Au niveau national 61

Section II : Des institutions protectrices et garantes des droits sociaux en Haïti

62

D- Le système onusien de protection des Droits de l'Homme 62

E- Le système interaméricain de protection des Droits de l'Homme 66

F- Les institutions Haïtienne de protection des Droits sociaux 67

CHAPITRE IV : Entraves socio-juridiques à l'exercice légal des droits sociaux en Haïti...

74

Section I : Causes et conséquences des violations continues des droits sociaux en Haïti 74

A- Les causes 74

B- les conséquences 80
Section II : Conditions nécessaires pour la réalisation et le respect effectif des droits sociaux dans le

pays 81

1- L'état doit assumer ses responsabilités 81

2- Le Parlement doit créer une loi donnant un caractère contraignant aux textes relatifs droits

sociaux dans le pays 83

CONCLUSION 85

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE 88

TABLE DES MATIERE 92

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote