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Les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la rdc


par Fidele Elumba Ngama
Université Officielle de Mbujimayi (U.O.M) - Licence en sciences économiques et de gestion, option : économie industrielle 2020
  

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Section 2 : Etat de l'art théorique et empirique de la tertiarisation sur la croissance économique

I.2.1 Etat de l'art théorique de la croissance tertiaire

Il faut noter qu'il existe chez les économistes un débat controversé quant au rôle des services dans la dynamique économique mais aussi aux enjeux de la croissance tertiaire.Plusieurs thèses ont vu le jour et mettent en exergue deux conceptions opposées de l'économie et de la société de service ; une conception post industrialiste et une conception de nature néo-industrialiste. Dans la présente section, nous proposons une mise en perspective historique des principales théories explicatives de la croissance tertiaire.

1. Les conceptions de la société post industrielle

La paternité du terme économie de service est due à Daniel Bell qui est sans doute l'un des auteurs les plus connus bien qu'il soit sociologue [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Dans un célèbre ouvrage paru en 1976, l'auteur annonce l'avènement d'une « société postindustrielle » qui s'inscrit très nettement dans le prolongement de la société industrielle [C. Mara et Harvey, (2000)].

Selon [J. Gradey, (1992)] Cette société postindustrielle est présentée à la fois comme une société des services, une société d'abondance, une société urbaine, une société du savoir, et enfin une société plus juste.

1.1 Une société de services

La société postindustrielle est inexorablement une société de services. Bell [J. Gradey et J .Delaunay (1987)] met ainsi en évidence le caractère inéluctable de la progression des services dans l'emploi sous l'effet combiné de la Loi d'Engel (élasticité revenu élevée de la demande de services) et de la faible productivité (relative) du travail dans les activités de service.

Pour [J. Geours, (1982)], l'enrichissement croissant de la société conduit à un accroissement de la part des services dans la structure de consommation des ménages. Polèse mentionne par ailleurs que les services accueillent une part grandissante de la population active du fait de la forte demande qui leur est adressée et de la faible productivité qui caractérise leur production. [M. Polèse, (1988)].

1.2 Une société d'abondance

[B. Coriat, (1989)] constate que l'industrialisation et la productivité industrielle élevée ont contribué à une grande profusion des biens matériels. En effet, du fait de coûts (et donc de prix) relativement faibles, les ménages peuvent accroître rapidement leur niveau d'équipement en appareillages domestiques [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Cette abondance de biens matériels sera d'ailleurs également au coeur de la principale thèse concurrente de celle de Bell, à savoir la théorie du self-service défendue par Gershuny[C. Mara et Harvey, (2000)].

[J. Gradey, (1992)] précise que cette dernière est en effet élaborée sur le constat d'une tendance au « suréquipement » des ménages en technologies domestiques visant à autoproduire des services au sein de la sphère familiale.

1.3 Une société urbaine

La société postindustrielle est une société urbaine. C'est en effet, en ville, que l'on peut jouir pleinement de cette société d'abondance [M. Polèse, (1988)]. L'emploi étant concentré dans les (grands) centres urbains, on assiste à un dépeuplement graduel des campagnes [H. Coing, (1998)]. Selon Lorrain, cette perspective renvoie à de nombreux travaux contemporains de géographie et d'aménagement quant à la concentration urbaine des services, et en particulier des services aux entreprises [D. Lorrain, (1993)].

1.4 Une société du savoir

La société postindustrielle est centrée sur le savoir scientifique, la maîtrise de l'innovation et les technologies à fondement scientifique [J. Bouchez, (2012)]. Ce point est central dans la thèse de Bell[C. Mara et Harvey, (2000)].

S'appuyant sur quatre faits stylisés à savoir ; la prééminence de la classe des professionnels et techniciens, la primauté du savoir technique, la planification de la technologie et l'émergence d'une nouvelle technologie de l'intellect. Bouchez estime que la société postindustrielle conduit en effet à une transformation de la structure sociale et professionnelle [J. Bouchez, (2012)]

Peut-on lire [OCED, (1999)] que les métiers techniques et professionnels (articulés autour des quatre grands corps : scientifique, technologique, administratif, et culturel), constituent le centre vital de la société postindustrielle. C'est la nature même du travail qui change. Celui-ci se fonde de plus en plus sur des contacts directs entre personnes, qui échangent de l'information et du savoir [M. Debonneuil, (2017)].

C'est dans cette foulé que [M. Lengelle, (1966)] atteste que c'est la primauté du savoir scientifique et technique et la prééminence des métiers de techniciens et professionnels qui confèrent un rôle particulier à la formation universitaire,Bell (1976) ajoute que « l'importance toujours plus grande des connaissances techniques et du savoir-faire professionnel fait de la formation scolaire et universitaire une condition d'admission à la société postindustrielle elle-même » [C. Mara et Harvey, (2000)].

En effet ; la société postindustrielle s'appuie fortement sur la planification et la maîtrise du développement technologique [OCED, (1999)]. Dans cette société, l'innovation, dont l'auteur révèle l'accélération et l'ampleur, résulte directement, et de plus en plus, de l'effort de recherche et développement [M. Debonneuil, (2017)]. Par ailleurs, [P. Petit, (1988)] précise que le rôle clef réservé à la connaissance théorique modifie profondément dans la société nouvelle le rapport entre science et technologie. D'autre part, note encore Bell (1976): « Dans cette société, le centre de gravité se déplace de plus en plus nettement vers le « secteur du savoir », qui absorbe une part croissante de la main-d'oeuvre et forme une part croissante du PNB » [C. Mara et Harvey, (2000)].

Enfin, la société postindustrielle met l'accent sur le traitement de problèmes de « complexité organisée » et la recherche de lignes de conduite rationnelles que [J. Bouchez, (2012)]qualifie de nouvelles technologies de l'intellect.

1.5 Une société plus juste

La société postindustrielle est enfin une société plus juste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)], d'abord parce qu'elle est régie par un mode de jugement ou d'évaluation sociologiste plutôt qu'économiste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)]. Elle implique ainsi un changement de système de valeur qui est porté en partie par la nouvelle classe dominante [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Les nouveaux modes de gestion sont en effet plus socialisés, plus planifiés et concertés. Ils supposent des valeurs moins individualistes que celles qui caractérisent la société industrielle [A. Touraine, (1996)].

Plus généralement, le mode sociologiste est fondé sur l'intérêt général et la justice sociale[J. Gradey, (1992)]. Il se pose alors le problème de la soumission de la fonction économique aux objectifs sociaux [A. Touraine, (1996)], ensuite parce que dans la société postindustrielle, on assiste à une intervention croissante de l'État, tant dans la formation des revenus que dans le contrôle du fonctionnement des marchés car les services ont ici un caractère plus collectif [J. Gradey et J .Delaunay (1987)].

Bell considère que les locomotives du tertiaire sont les services de santé, d'éducation, de recherche, d'environnement, les services publics et administratifs[C. Mara et Harvey, (2000)]. À terme, ces services à caractère collectif, qui sont pour l'essentiel associés à l'État-providence, devraient prendre le pas sur les autres catégories de services [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. C'est à partir du milieu des années 1970 note qu'économiste [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)] que seront contestées les théories postindustrielles de la croissance et de la croissance tertiaire par phases ou étapes.

B. Les conceptions et théories néo-industrielles

[J. Gradey, (1992)] note queles approches dites néo-industrielles sont à la fois nombreuses et variées. Elles ont néanmoins en commun de ne pas envisager les services en dehors d'une économie à base prioritairement industrielle. Il revient à [J. Gradey et J .Delaunay (1987)] d'avoir « catégorisé » les principales approches concernées. Ainsi, en dehors de la théorie du self-service qui, par sa structure et sa cohérence, constitue la thèse la plus achevée parmi le courant néo-industrialiste, les auteurs envisagent trois grandes approches qui mettent ou remettent l'industrie au coeur du débat.

1. L'industrie comme activité motrice

On peut classer selon les approches néo-industrialistes selon trois grandes trajectoires de recherche [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. La première s'inscrit dans la lignée de la tradition classique initiée par Adam Smith (1976) qui, rappelons-le, considère que les services sont improductifs. Le tertiaire est par conséquent, dans cette conception, un secteur parasitaire dont la progression explique en grande partie les ralentissements économiques et les crises contemporaines [C. Gallouj et F. Djellal, (2004)].

La deuxième trajectoire, tout en souscrivant à l'hypothèse de l'improductivité des services,revêt néanmoins une dimension moins négative [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Les services pèsent sur le fonctionnement de l'économie, mais ils sont cependant indispensables, en particulier en raison de leur capacité à créer ou à retenir l'emploi [J. Gradey et J .Delaunay (1987)].On parle alors de tertiaire « refuge » ou « éponge » à emplois [J. Gradey, (1992)].

Enfin, la troisième trajectoire, qui analyse plus en détail les interrelations entre les services et l'industrie, considère que les activités industrielles sont bien à la base de la dynamique économique (elles sont les seules activités motrices), mais qu'elles permettent une certaine expansion du tertiaire[C. Linchtenstein, (1993)]. L'argument central de ce courant à en croire [P. Petit, (1988)] est que les services ne sont pas en voie de supplanter l'industrie mais qu'ils se développent parallèlement à elle.

Cette conception, qui met en évidence une transformation des modes de fonctionnement de l'industrie, est principalement soutenue par Cohen et Zysman (1987). Ces auteurs réfutent ainsi l'idée d'un développement économique appuyé sur une succession d'étapes qui amènerait les services à se substituer à l'industrie[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Ils écrivent à ce propos: « Nous soutenons que le principal changement affectant nos sociétés contemporaines se situe bien dans la transformation, à la fois de l'industrie et des services, et non pas dans le remplacement de l'industrie par les services » [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)].

Les services se situent par rapport à l'industrie dans une logique de complémentarité et non pas de substitution[C. Linchtenstein, (1993)]. Néanmoins, dans la conception de Cohen et Zysman (1987), les services restent subordonnés à l'industrie[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Cette dernière continue clairement de jouer un rôle central au sein du système économique[C. Linchtenstein, (1993)]. Ce sont à la fois sa compétitivité et son renouvellement qui créent les conditions de l'expansion des services [C. Sauviat, (1989)].

Les trois trajectoires néo-industrielles que nous venons de présenter, semblent continuer d'alimenter aujourd'hui les discours politiques les plus autorisés. Dès lors, on assisterait au développement d'une véritable société de self-service [J. Gradey et J .Delaunay (1987)]. Pour Gershuny, la tendance au self-service devrait se poursuivre à l'avenir au moins pour deux raisons essentielles:l'innovation technologique permet de réduire régulièrement le prix des « machines à usage domestique » mais aussi le coût du travail relativement élevé dans les sociétés développées rend le prix des services externes prohibitif par rapport à l'achat de biens matériels destinés à l'autoproduction de services[J. Gradey et J .Delaunay (1987)].

En conclusion, le coeur de nos sociétés resterait donc la production de biens matériels assurée par le seul secteur moteur qu'est le secteur industriel [J. Geours, (1982)]. La société industrielle étant, dans ces conditions, toujours dominante quoiqu'en transformation.

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