WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Déterminants de l'automédication avant l'hospitalisation dans la prise en charge du paludisme grave dans la zone de santé de Kamina


par André SEYA
Université de Kamina (UNIKAM) - Licencié en santé publique  2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE V. DISCUSSION DES RESULTATS

Dans notre étude, la fréquence de l'automédication a été de 46,6%. En République Démocratique du Congo, la prévalence de l'automédication a été estimée à 49% en 2017 sur l'ensemble de la population (J. Eva, 2017) et à 57% à Goma en 2013 (E. NtabeNamegabe, 2013). Nos résultats sont légèrement supérieurs à ceux de 41% trouvés Cameroun par Ana Karina M et al (2020). De sa part, SANON Valérie Marcella dans son étude sur les facteurs associés à l'automédication lors d'un épisode du paludisme grave nous rapporte une fréquence d'automédication de 41,6% (SANON V.M., 2014). En Haïti, selon les résultats de Leive Alexandre, la fréquence de l'automédication était estimée à 26,1% (Leive A., 2008). Au Bénin, 59% des béninois déclarent utiliser des médicaments sans ordonnance de temps en temps (Aboubacar, 2010). En parcourant ces différents résultats, nous avons constaté que la fréquence de l'automédication dans la prise en charge du paludisme grave varie d'un continent à un autre, d'un pays à un autre, d'une province à une autre et dans la même province d'une zone de santé à une autre.

Notons également que sur un total de 104 sujets ayant fait l'automédication, 86,5% avaient utilisé les produits modernes et 13,5% avaient fait recours aux produits traditionnels. D'après l'OMS, 80% de la population mondiale fait recours aux plantes et aux autres produits modernes avant l'hospitalisation. La phytothérapie est très populaire, en Afrique. Elle gagne, de plus en plus, d'adeptes, comme partout dans le monde. Malheureusement naturel n'est jamais synonyme d'anodin puisque les plantes renferment dans leur composition chimique, des substances aussi puissantes que celles des médicaments conventionnels (OMS, 2019). Selon médecine sans frontière France, lorsque les doses habituelles d'emploi ne sont pas respectées, ou chez certains sujets fragilisés, des effets secondaire peuvent donner lieu à : une atteinte du système nerveux central avec convulsion, excitabilité, et même anxiété : sauge ; des troubles digestifs comme des diarrhées ; des modifications des fonctions rénales, avec albuminurie et hématurie ; des troubles hématologiques avec thrombo-cytopénie (quinquina) et des phénomènes d'allergie, voire de choc anaphylactique (MSF, 2020). Selon une étude menée par Alphonse Shabani à Bukavu (RDC), près de 65% de la population utilisent des plantes médicinales en cas de paludisme (Shabani Alphonse, 2015). Pour sa part, le docteur Jérôme Munyangi encourage l'usage des plantes médicinales pour le traitement du paludisme, c'est ainsi qu'il a proposé comme remède au paludisme, l'artemisiaannua issue de la pharmacopée chinoise traditionnelle après l'avoir expérimentée avec succès sur lui-même lors d'une crise de malaria. Pour lui, alors que 99% des médicaments antipaludéens consommés en Afrique centrale viennent d'Inde et de Chine, la production et l'utilisation d'artemisia rendrait à l'Afrique sa souveraineté médicale (Jérôme Munyangi, 2020).

Les résultats de cette étude ont montré une prédominance du paludisme chez les sujets dont l'âge est compris entre 15 et 24 ans (47,1%). Nos résultats diffèrent de ceux de Pierre Aubry en 2007 qui avaient aussi trouvé que, dans les régions les plus touchées par le paludisme, le pic d'incidence survient parmi les personnes les plus âgées (Aubry, 2007). Quant à l'étude menée par Gédéon Mbongopasi, sur l'impact épidémio-clinique du paludisme dansla ville de Boma ;la tranche d'âges la plus atteinte était située entre 35-70 ans, avec 61,2% (Mbongopasi, 2009). Selon une étude menée par l'organisation mondiale de la santé en 2009, dans les régions d'endémie au plasmodium, le taux d'infection est d'environ 25 fois plus important chez les patients séropositifs pour le VIH sida que chez les patients séronégatifs, ce dans la tranche d'âge de 35 ans et plus où il est d'environ soixante fois plus important que dans la population générale (OMS, 2009).

Par rapport au sexe, l'étude a indiqué une prédominance masculine (57,0% ) chez les sujets ayant souffert du paludisme dans notre milieu d'étude. La prédominance masculine du paludisme dans notre étude s'expliquerait par le fait que les hommes passent beaucoup de temps au salon en train de regarder la télévision pendant les heures tardives où ils sont piqués par les moustiques favorisant ainsi la transmission du plasmodium. Nos résultats corroborent ceux d'une autre étude réalisée en 2007 par l'organisation mondiale de la santé qui avait trouvé un sexe ratio supérieur à 1,3 indiquant que le nombre d'hommes est supérieur à celui des femmes. Contrairement aux enquêtes menées en 2009 dans le cercle de Bourem, et dans les Districts Sanitaires de Bamako, le sex-ratio était en faveur des femmes soit 0,9.

Nos résultats, comme ceux d'autres chercheurs (Lieberman et al., 2014 ;Low & Galbraith, 2017)ontindiqué que la fréquence du paludismeétait très élevée chez les cultivateurs/éleveurs (50,2%). Ce résultat n'est que normal car la province du Haut-Lomami est à vocation agropastorale ; d'où un nombre important de cultivateurs/éleveur dans notre étude. Selon l'organisation mondiale de la santé ; certaines catégories de populations telles que les cultivateurs sont considérés comme les personnes à risque du paludisme et de la fièvre typhoïde en raison de leur mode de vie (promuscuté, mauvaise condition de couchage, mauvaise condition d'hygiènes. Les habitations froides et humides, mal aérées, l'ingestion des boissons non traitées sont autant de causes pré-disposantes (OMS, 2014). Ceci peut être également témoins de la prédominance de cultivateurs parmi les patients ayant fait un épisode palustre.

Une relation a été établie entre l'automédication et le faible niveau d'instruction «Aucun/primaire » (ORa=21,632 [3,387-138,163] ; paj=0,001). Ce résultat s'expliquerait par le fait que les sujets non instruits sont enkystées dans un comportement sanitaire, nutritionnel, vaccinal et social difficile à faire éclater. Des nombreuses études mettent en exergue le fait que le niveau d'instruction atteint influence significativement l'usage des produits modernes ou traditionnels avant l'hospitalisation.

La mauvaise appréciation sur la qualité des soins administrés à la formation sanitaire (ORa=2,156 [1,173-3,963] ; paj=0,013). Ce résultat s'expliquerait par le fait que lorsque la population a une mauvaise perception sur la qualité des soins administrés dans les FOSA, celle-ci envisagerait de rester prendre des produits à domicile qu'aller dans une FOSA. Cette notion parait controverser par d'autres chercheurs Torres-Arreola, Constantino-Casas (2018), Flores-Hernández, Villa-Barragán (2011) & Rendón-Macías (2015)qui stipule que la mauvaise qualité des soins a une influence sur l'accès des populations aux services de santé dans la ville d'Agboville.

Ce travail a mis en évidence l'existence de la relation entre l'automédication et le statut socio-économique. Nos résultats s'expliqueraient par le fait que le faible niveau socioéconomique diminue la capacité à payer les soins. Une association significative entre le bas niveau socio-économique et l'automédication a été rapportée dans les études antérieures (Hirve & Ganatra, 2014), (Karim & Mascie Taylor, 2017). Ceci n'est pas étonnant car le bas niveau socio-économique est souvent la première barrière d'accès aux services de santé (Siala, Jellouli, Doghri, & Gaigi, 2019). En effet, l'obligation de payer pour accéder aux soins de santé a eu et continue d'avoir des conséquences négatives importantes sur l'accès aux services de santé (ARENDS-KUENNING, M. et S. DURYEA., 2006). De nombreuses études menées tout au long des dernières années ont mis en exergue la chute des taux de fréquentation des structures de santé et l'augmentation de la fréquence de l'automédication suite à l'instauration des « user fees » car les ménages à faible niveau socioéconomique ont du mal à accéder aux services de santé primaire (AGHAJANIAN, A.et V. THOMPSON, 2013). Au Burundi par exemple, l'accessibilité financière des populations aux soins de santé est un grand défi pour le système de santé (Traouré V et al., 2011). Selon l'enquête menée en 2004 par Médecins Sans Frontières, plus de 67% de la population pratique l'automédication, principalement pour des socioéconomiques (82% de ces malades ne consultent pas par manque d'argent) (MSF/France, 2004).

Par contre, l'automédication expose 12,390 fois à l'intoxication médicamenteuse. Ce résultat s'expliquerait par le fait que, en cas d'automédication, le sujet ne connait pas la posologie (étant profane) et cela peut conduire au surdosage qui conduit aussi à l'intoxication médicamenteuse aboutissant à une atteinte du système nerveux central avec convulsion, excitabilité, et même anxiété : sauge ; des troubles digestifs comme des diarrhées ; des modifications des fonctions rénales, avec albuminurie et hématurie ; des troubles hématologiques avec thrombo-cytopénie (quinquina) et des phénomènes d'allergie, voire de choc anaphylactique (Mainous & Hueston, 2014). Dans la même veine, Doumbouya (2008) affirme que l'automédication entraine 6,82[1,88-46,9] fois le risque d'intoxication médicamenteuse.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote