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Danse et developpement : le « agbehoun » comme outil d'integration dans la ville de porto-novo


par Kossi KPONGBOSSOU
Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et du Sport (INJEPS) - Licence professionnelle en sciences et techniques des activités socio-éducatives 2018
  

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Université d'Abomey Calavi (UAC)

Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport

(INJEPS)

MEMOIRE POUR L'OBTENTION DE LA LICENCE PROFESSIONNELLE EN
SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES SOCIO-EDUCATIVES (STASE)

SPECIALITE : RECREALOGIE

DANSE ET DEVELOPPEMENT : LE « AGBEHOUN »
COMME OUTIL D'INTEGRATION DANS LA VILLE
DE PORTO-NOVO

Présenté et soutenu par :
Kossi KPONGBOSSOU

Sous la direction de :
Dr. Antoine HOUNGA
Maitre de Conférences des Universités du CAMES
Docteur en Géographie option Hôtellerie et Tourisme, Enseignant chercheur à l'INJEPS

Année académique 2017-2018

DEDICACE

A mes parents

Koffi E. F. KPONGBOSU, Barthélémy G. HONFOGA

et

Akou A. ABOTSI

I

REMERCIEMENTS

Avec toute ma considération et tous mes respects, je remercie mon directeur de mémoire, Professeur Antoine HOUNGA, pour avoir accepté encadrer ce travail. Je lui suis également reconnaissant pour sa disponibilité et sa confiance ;

J'adresse un remerciement particulier aux Professeur Kossivi ATTIKLEME et au Dr Folly MESSAN, respectivement Directeur et Directeur Adjoint de l'Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (INJEPS) pour leur patience et leur compréhension de mes difficultés ;

Ainsi en est-il du Professeur Albert TITO, pour ses conseils sans cesse renouvelés et le reste du corps professoral pour notre formation tout au long du cycle ;

Je tiens à remercier l'ensemble des membres du jury qui ont accepté évaluer ce travail ;

Je n'oublie pas non plus le soutien et l'aide de mon responsable de filière, Romuald FATCHESSI, pour ses précieux conseils, sans oublier sa disponibilité et son implication tout au long de cette recherche. Je n'oublie pas mes autres camarades de promotion.

Enfin, je remercie les diverses structures (la mairie, ACAL-Porto-Novo, SESAME...) qui m'ont accueilli au cours de ma recherche.

II

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

Figure 1 : Liens entre culture, loisirs, arts, danse, intégration et développement.

Figure 2 : Modèle d'évaluation adopté pour la présente étude

Tableau 1 : Taille de l'échantillon

Tableau 2 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H1

Tableau 3 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H2

Tableau 4 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H3

III

SOMMAIRE

Dédicace i

Remerciements ii

Liste des figures et tableaux iii

Introduction 1

Chapitre 1: Contextualisation de l'étude 3

Chapitre 2: Problématisation de la recherche 7

Chapitre 3: Démarche méthodologique 24

Chapitre 4: Présentation, analyse et discussion des résultats 28

Suggestions et Conclusion 34

Références bibliographiques i

Table des matières iii

Annexes v

Résumé / Abstract viii

IV

INTRODUCTION

Le Bénin est un pays situé en Afrique de l'Ouest et renferme en son sein une grande diversité de danses traditionnelles. La danse est une suite de pas et de mouvements cadencés exécutés sur de la musique. Son côté traditionnel répond aux transmissions de doctrines religieuses ou morales, de légendes, de coutumes par la parole ou par l'exemple (Larousse, 2008). Le Bénin est l'un des pays africains où les rythmes et danses traditionnelles jouent un rôle prépondérant dans la vie quotidienne. Cette diversité musicale et de rythmes sont nés du temps des différents règnes des rois du Dahomey (Ahounou, 2016). Elles sont issues en grande majorité des danses de cultes vodou et des problèmes de l'époque (Ahounou, 2016). Il s'agit des danses Zinli, d'Akinta et Akohoun, Tchinkoumè, Toba, Agbotchébou, Kpanouhoun, etc. Notre recherche ici présentée sera principalement axée autour d'Agbéhoun, une danse royale pratiquée dans le sud du Bénin précisément à Porto-Novo1. Cette danse sacrée est composée de plusieurs rythmes et pas et est pratiquée pour rendre hommage aux kuvito (revenants). Cette étude vise à en faire la promotion.

Le Bénin est un réservoir de danses traditionnelles inexploitées. Bien que ces artistes ne disposent pas de cadres d'expressions ou de carrefours qui les mènent ou les amènent à l'universel, ils réalisent des exploits surprenants qui font du Bénin un pays unique dans cette catégorie de danse au monde. « Ces danses traditionnelles du Bénin sont en voie de disparition dans certains départements du pays. Ainsi, à travers le Festival national des danses traditionnelles du Bénin dénommé "Ségan", visant fondamentalement à rechercher, à promouvoir et à valoriser les danses traditionnelles béninoises et humours, quasi abandonnées par la jeunesse, nous allons à la découverte, à l'apprentissage, à l'appréciation esthétique et à l'accessibilité des rythmes des danses traditionnelles du Bénin, en vue de faire leur promotion, avait expliqué Prosper Bohoun, promoteur du festival en 2013.

Les danses traditionnelles béninoises sont autant nombreuses et variées qu'il y a de régions et d'ethnies sur l'étendue du territoire béninois. Chacune d'elles a sa spécificité caractérisée par une gestuelle et une rythmique propre. Elles sont avant tout l'expression des émotions, de la liberté et de la joie de vivre. Elles sont exécutées afin de transmettre une tradition, d'effectuer

1 https://www.musicinafrica.net/node/15630

1

un rituel, d'honorer une divinité ou de célébrer un événement, avait-t-il ajouté (Bohoun, 2013) ». Au Bénin, nous assistons à une négligence relative du secteur loisir par les autorités politiques et administratives et une concentration des moyens de l'Etat sur les secteurs jugés prioritaires. Plus préoccupante encore est la situation des loisirs traditionnels à l'endroit desquels il y a un manque de volonté politique et d'effort de revalorisation.

Pour sauver ce patrimoine immatériel à cause de son impact dans le développement socio-économique, plusieurs institutions nationales et internationales apportent des contributions multiformes. Et c'est pour cette raison que beaucoup de chercheurs et de scientifiques travaillent pour sauver ces chants et danses en voie de disparation. C'est le cas du Conservatoire de Danses Cérémonielles et Royales d'Abomey (CDCRA) créé en 1996 par un groupe d'intellectuels béninois, qui ambitionne de sauvegarder et de redynamiser ce précieux patrimoine. Le Centre a bénéficié du soutien des institutions internationales comme l'UNESCO et le Programme Société Civile et Culture (PSCC).

2

CHAPITRE 1

CONTEXTUALISATION DE L'ETUDE

3

1.1. Cadre de l'étude

Porto-Novo est la capitale du Bénin, située dans le sud du pays, à 13 kilomètres de l'océan Atlantique, dont elle est séparée par une lagune. Elle se trouve à 30 kilomètres de Cotonou à l'ouest, la capitale économique, et 12 kilomètres de la frontière nigériane à l'est. Les communes limitrophes sont Akpro-Missérété, Avrankou et Adjarra au Nord, Sèmè-Kpodji au Sud, Adjarra à l'Est et Aguégués à l'Ouest. Elle est la ville par excellence des ethnies Goun et Yoruba et de la minorité ethnique Tori. En langue Goun-gbe, Porto-Novo est appelé généralement Xogbonou et Adjatchey par les Yoruba.

Un mythe rapporté par la tradition orale veut que la ville ait été fondée par trois chasseurs yoruba venus du Nigeria. Cette tradition est difficile à relier à des faits historiques établis. Les historiens s'accordent à dire que la ville de Porto-Novo a été fondée dans le courant du xviie siècle par des princes Aja d'Allada dans une zone peuplée de pêcheurs tofinnu sur les rives du lac Nokoué. Après la prise d'Allada par le royaume d'Abomey en 1724, un nouveau royaume se reconstitue autour de Porto-Novo sous le nom « d'Hogbonu » ou « Xogbonu » (x?gbonu en ayizo-gbe).

Le Bénin est un pays très riche en danses africaines : du nord au sud on retrouve différentes manières de danser. Quoique la danse africaine se pratique différemment du nord au sud du Bénin, quelle que soit la région du pays, nous pouvons classer les danses africaines du Bénin en trois catégories à savoir2 :

- Les danses de réjouissances sont exécutées lors de cérémonies ou de rituels très divers comme les mariages, les naissances ainsi que dans la plupart des évènements qui rythment la vie quotidienne au Bénin. Nous trouvons suivant les régions du pays : le Massé gohoun, l'Adjogbo, l'Agbadja, le Kaka, le Kunya, le Tipinti, le Fabenfé, l'Atchanoun, le Sinssinnou, etc.

- Les danses royales relatent des divinités et parlent d'elles. Nous avons Klulima, Idjombi, Houngan, Sato, Blékété, Chasseur, Adjogan, Linsouhoué, Agbéhoun, Kpodjiguêguê, Guêlêdê, Abikou, Têkê, Egoungoun, Tchinkoumè, Zinlin, Zangbéto, Bourian

2 http://www.benin-voyage.com/2014/04/

4

Les danses vodou, danses sacrées, très endiablées, multicolores, émouvantes qui évoquent les diverses divinités responsables du ciel, de la terre, de l'air, du bonheur etc. Ces danses africaines vodou s'intitulent : Sakpata, Hêviosso, Tchango, Dan, Kokou, Ganbada. Aujourd'hui le secret de ce culte vodou est encore intact et jalousement entretenu par les gardiens de la tradition (les maîtres des couvents et les initiés).

La présente étude se situe dans le cadre de notre mémoire de fin d'études de licence en Sciences et Techniques des Activités Socio-éducatives (STASE). Elle porte sur la danse «Agbéhoun», une danse populaire du Sud-Bénin. Cette danse est une importante ressource culturelle des populations de cette région du Bénin. Il nous paraît important de la documenter et de la décrire dans la perspective de son inscription au patrimoine culturel du Bénin et dans le programme du développement des arts et loisirs du pays.

La danse est communément perçue comme un élément du patrimoine culturel et artistique des peuples d'Afrique en général. Il s'agit des danses traditionnelles et des danses importées, dites modernes lorsqu'elles viennent de l'Occident (Europe, Amérique). Au Bénin en particulier, les danses traditionnelles sont associées à divers religions et cultes, notamment le culte « Vodou ». Certaines musiques béninoises actuelles s'inspirent explicitement des cultes Vodou. Elles traduisent les formes d'appropriation ou de réappropriation de la tradition par les jeunes générations, qui revendiquent cependant une créativité ouverte aux influences extérieures. Elles sont donc susceptibles de donner des indications sur la réalité sociale et culturelle béninoise et sur les représentations que les musiciens et leur public se font de leur place dans le monde qui les entoure. Les textes des chansons montrent comment, à partir d'évènements ordinaires tels que les rituels festifs 3 célébrés dans les familles ou des collectivités ou, à l'inverse, lors des rencontres nationales et internationales au Bénin et à l'étranger, les musiciens décrivent les bienfaits des cultes Vodou, décodent les interactions entre le Vodou et les groupes sociaux, évoquent les endroits où les cultes sont pratiqués.

Il s'agit de préciser l'intérêt de l'étude pour la culture, la science et le développement. Comme signalé ci-dessus, si l'on peut réunir suffisamment d'informations sur cette danse, il sera possible d'indiquer sa place dans le développement culturel et artistique du Bénin. « La

3 Poda M. B., 2009. "Appropriation territoriale dans les rituels festifs à Ouidah (Bénin)", Colloque international "Musique, territoire et développement local", 19 et 20 novembre, Grenoble, CNRS PACTE, UMR 5194, à paraître.

5

musique nourrit bien son homme », disait Gnonas Pedro, artiste béninois de la chanson moderne, malgré le piratage croissant des oeuvres d'art musical. Or musique et danse sont quasiment inséparables. En général, la musique incite à danser. On danse soit pour le simple plaisir de le faire pour se réjouir, soit pour la détente afin de vaincre le stress, soit pour un exercice physique afin d'améliorer sa santé, soit lors d'un office religieux. Ainsi, la danse aussi pourrait nourrir son homme. Mais alors quel genre de danse, par qui et comment ? Si les danses de spectacles pratiquées par les chorégraphes et les acrobates dans le cadre de divers ballets et divers autres arts scéniques peuvent nourrir son homme, qu'en est-il alors des danses traditionnelles ? C'est ce que la présente étude cherche à savoir, après un bref aperçu général des cultures associées aux danses diverses au Sud-Bénin. L'étude voudrait établir la place du Agbéhoun dans le tissu culturel et artistique de cette région. Elle se situe à la fois dans une perspective de revalorisation des cultures et danses du Bénin et celle de l'insertion des jeunes dans les emplois artistiques.

1.2. Objectifs de la recherche

1.3.1. Objectif général

L'étude vise à comprendre comment la danse « Agbéhoun » est un outil d'intégration et de développement au Bénin. Il s'agit d'identifier le champ culturel de cette danse, d'établir son importance dans l'ensemble des cultures des populations qui la pratiquent et les valeurs positives d'intégration et de développement qu'elle véhicule.

1.3.2. Objectifs spécifiques (OS)

OS1 : Faire une historique de la danse Agbéhoun afin d'identifier son champ culturel et son espace géographique (terroir culturel et limites géographiques)

OS2 : Etablir la relation entre le Agbéhoun et l'ensemble des cultures des populations du terroir culturel concerné au Sud-Bénin

OS3 : Identifier les valeurs d'intégration et de développement que véhicule la danse Agbéhoun

OS4 : Analyser l'usage de ces valeurs par les populations de son terroir culturel et d'ailleurs au Bénin, en Afrique et dans le monde.

6

CHAPITRE 2

PROBLÉMATISATION DE LA RECHERCHE

7

2.1. Revue de Littérature

La danse Agbéhoun (AGBE-HOUN4) est originaire d'Oyo (Nigéria) et est identitaire des peuples yorubas. Cette danse est apparue à Ouidah, avant d'apparaitre à Porto-Novo. Les précurseurs de cette danse sont les groupes Egbewolé et Egbeyemi entre autres. Elle est maintenant dans les villes comme Allada, Ouidah, Abomey, Savalou, Cotonou et bien évidemment Porto-Novo.

Elle renferme quatre grands rythmes à savoir le Agbé, le Kosso, le Oguèdè et le Adjaba. Le Agbé, est un rythme subdivisé en deux (le Agbé rapide et le Agbé lent « le Idjètcha »). Le Idjètcha est similaire au rythme « Tshango » (pour le culte du dieu Hêviosso). Les percussions qui accompagnent le Agbé rapide sont le Gbon, le Dougba, le Klékpa, le Kléklé et les Agogo ou Ahwanlingan tandis que le Agbé lent ou Idjètcha est accompagné par le Dougba, le Klékpa, le Kléklé, les Agogo et le Agbéka.

Le Ogbon est un instrument de musique appelé encore « Yalo ». Il est réalisé avec des branches d'iroko, du cerceau de fer, du Hounssikan5 et soit avec de la peau de chat, de la peau de serpent, de la peau de jeune biche ou de la peau du bélier. Il est utilisé dans les cultes Egoungoun, dans le culte du Hêviosso et dans le rythme Agbéhoun. Ogbon est une percussion provocatrice de transe chez les adeptes de vodou HEVIOSSO6. Ogbon fait danser l'âme des défunts. Il est le symbole de la joie, il occupe la première place dans le rythme Ogbon même (egunhoun7) (Eric Ahouansou, 2015)8. On le retrouve dans les aires culturelles d'Adja-tado, yoruba-nago.

Le côté mythique du Agbéhoun réside dans le fait que toute personne ne peut danser à son rythme, puisque les instruments ou percussions qui l'orchestrent en particulier le Ogbon (Yalo) est un instrument sacré que seuls les initiés qui maitrisent le Odjê (yoruba) ou AWO (goun) qui signifie « secret du couvent ». Ces percussions du Agbéhoun, avant une quelconque

4 Rythme OGBON (EGOUN-HOUN) auquel on ajoute le son résonnant de l'instrument AGBE. On distingue en ce moment trois AGBE : deux grands et un petit.

5 Fil souvent utilisé dans la fabrication des Tam-tams africains

6 dieu de la foudre et du tonnerre. Dieu Guerrier, assimilé au dieu THOR chez les Scandinaves.

7 Rythme traditionnel destiné aux masques EGOUN-GOUN

8 Eric Ahouansou, « rôle et symbole de chaque instrument sur les plans physique et métaphysique », 2015

8

sortie, doivent être rassemblées au sol, suivi d'une prière que dont les mots sont seulement connus des initiés. Pour honorer leur fidélité aux instruments et pour rendre hommage aux anciens, ils font des rituels en offrant des boissons sucrées, de l'eau, du sodabi (vin de palme), des beignets et des colas en sacrifice puis lancent du « adji » pour savoir ce que l'avenir leur réservera.

Agbéhoun a beaucoup évolué à travers les époques puisqu'elle est identitaire des peuples yoruba-nago (Nigéria) qui étaient les premiers occupants de « Adjatchê » (Porto-Novo), chassés lors d'une razzia par Tê-Agbalin qui devint fondateur de la ville de Hogbonou aujourd'hui Porto-Novo. Ces derniers déportés à Ouidah comme des esclaves, où ils siègeront avec leurs coutumes et traditions. Et pour se rappeler de leurs ancêtres, ils jouaient en hommage à « Orisha » (la vie) d'où la danse Agbéhoun.

La présente étude n'est pas la première à aborder les questions liées aux traditions béninoises, en particulier les danses traditionnelles. Après nos investigations, nous avons constaté que bien d'autres auteurs (PODA, M.B, Doussou Soumani, etc.) et même l'Etat béninois se sont penchés sur la question des danses traditionnelles à travers mémoires, conférences, et festivals.

Travaux réalisés au Bénin et dans le Golfe de Guinée (Afrique de l'Ouest) sur les danses traditionnelles

L'Afrique n'est ni un campement, ni un village, ni une ville, ni un pays, mais un continent. Par ailleurs, l'Afrique d'hier n'est pas l'Afrique d'aujourd'hui et ne sera pas l'Afrique de demain.

La danse et la création africaines doivent, dans une certaine mesure, être le miroir de ces réalités.9

Les artistes de la troupe béninoise « Les Supers-anges Hwendo-na-bu-a » du chorégraphe Alladé Coffi Adolphe font la promotion et valorisent les danses traditionnelles du Bénin à l'international et par ricochet, toute la culture béninoise.

Ceci à travers plusieurs représentations de spectacles de danses traditionnelles du Bénin entre autres le Zinli d'Abomey dans le département du Zou, le Tipenti de l'Atacora, la danse sacrée de Sakpata, le dieu de la terre au Bénin, la danse des calebasses pratiquée dans le département

9Alphonse Tierou, « Ce que je crois », 2000

9

de l'Alibori ainsi que le Guêlêdê reconnu patrimoine immatériel de l'Unesco. Dans le cadre de cette tournée des « Supers-anges Hwendo-na-bu-a », le président Alladé Coffi Adolphe a délégué ses pouvoirs à l'artiste Ayi Kuevi Aubin qui est le chef de la délégation. En effet, « Les Supers-anges Hwendo-na-bu-a » feront la fierté du Bénin en présentant des tableaux de danses du Sud et du Nord Bénin, dans les villes telles que Dijon et Bordeaux respectivement les 18 et 21 juin 2016 et dans bien d'autres villes de l'Europe. Cette belle opportunité d'exportation des danses traditionnelles du Bénin pourra également conquérir plusieurs touristes vers la destination Bénin car au-delà de cet art qui est promu et valorisé à l'international, c'est toute la culture du Bénin qui est à l'honneur. Les festivaliers venus des quatre coins du monde, découvriront l'expression de la culture béninoise à travers les prestations des artistes de la troupe « Les Supers-anges Hwendo-na-bu-a », leurs accoutrements, les chansons exécutées dans les langues du Bénin ainsi que les instruments de percussion. Il est à noter que cette tournée des Supers-Anges a reçu le soutien du ministère béninois de la culture à travers le Fonds d'aide à la Culture qui oeuvre pour une gestion plus transparente, plus crédible avec plus d'impact sur le développement culturel du Bénin. Créée en 1986, la troupe les « Supers-anges Hwendo-na-bu-a » qui signifie « le patrimoine culturel ne disparaîtra jamais » honore le Bénin chaque année sur les festivals internationaux.10

2.2. Clarification conceptuelle

2.2.1. La culture et les loisirs

La plupart des danses sont portées par une culture ou en sont l'expression, et constituent une forme de loisirs. Qu'est-ce donc la culture ?

Nous faisons nôtre la définition qu'en donne Marie-Claire Gousseau lorsqu'elle écrit : « La culture est faite de savoir, somme des connaissances humaines, transmise par l'enseignement, assimilée par l'Education ; elle anime les communautés naturelles, en particulier les métiers par le canal des techniques ; elle suscite l'harmonie sociale, nécessite un véritable humanisme, ne vit qu'ordonnée aux notions d'Etre, de Vrai, de Bien, de Beau ; elle s'incarne dans les peuples, les nations, les patries et y crée un art de vivre en société aux visages multiples qui

10 http://jaimelaculture.over-blog.com/2016/06/promotion-et-valorisation-des-danses-traditionnelles-du-benin-a-l-international-les-supers-anges-hwendo-na-bu-a-sur-plusieurs-festiv, Henri MORGAN

10

forme cependant par son unité profonde le patrimoine universel qui est la civilisation » (M. C. Gousseau - Qu'est-ce que la culture ?, Paris 1969). Nous retiendrons de cette définition que le caractère universel de la culture, diverse cependant en ses incarnations dans le temps et dans l'espace, en fait le patrimoine de tous les hommes donc des peuples d'Afrique.

C'est une notion complexe, dans la mesure où ce mot a des résonances extrêmement différentes. Nous sommes dans une période de crise de civilisation qui est le résultat d'une crise de cultures (Ibrahima Baba KAKE, 1985). La culture africaine fut longtemps niée dans la mesure où l'on parlait de peuple sauvage au lieu de cultures. Pourtant, bien que différente de la culture occidentale, la culture africaine est plus ancienne qu'elle. Les historiens nous enseignent que le Noir est au centre même d'un miracle qu'il faut avoir la loyauté de mettre à sa place, c'est le miracle égyptien. Nous dirons le « miracle nègre ». Le miracle grec, ce mot gonflé de suffisance que l'Europe doit à Renan (1883), recouvre un ensemble de réalités historiques qui ne sont pas seulement postérieures au fait égyptien mais en sont issues. Pendant toute la période égéenne, l'influence culturelle nègre a été prédominante à un moment où les Blancs étaient des plus frustes et il faudra attendre des millénaires pour que les Indo-Européens puissent valablement profiter des leçons de l'Egypte nègre. La technique y avait atteint un degré élevé de perfection. Les corps de métiers y étaient variés : céramistes, orfèvres, tapissiers, etc. On y fabriquait des tissus par des procédés qu'on retrouve aujourd'hui en Afrique Noire. C'est dans la Vallée du Nil que naquirent presque toutes les conceptions théogoniques purement africaines (Ibrahima Baba KAKE, 1985).

Une question qui revient constamment c'est de savoir si l'Afrique a une culture propre et à quoi peut servir celle-ci. Comme dans tout autre domaine aujourd'hui, en Occident la plus grande confusion règne à ce sujet. Il en est de même en Afrique où les nouvelles générations qui sont sous l'influence de l'occident (depuis leurs pensées jusqu'à leurs manières d'agir), en raison de l'instruction classique, formelle, reçues dans les écoles.

La culture négro-africaine, ce n'est point ce syncrétisme qu'affectionnent et encouragent les médias des pays occidentaux voire des nouveaux Etats africains. Le rôle primordial de la culture africaine, faut-il le rappeler a toujours été d'enseigner une certaine idée de l'homme et de la nature et de contribuer à l'harmonie de leurs relations. Si nous examinons le domaine religieux, force est de constater que l'Afrique est la terre de prédilection de l'animisme. Il

11

n'est pas indifférent de préciser la structure sociale actuelle de l'Afrique et de voir si elle renferme les éléments d'une résurgence culturelle valable.

Le problème des cultures d'avenir est lié à celui de l'identité culturelle, propédeutique du véritable développement d'un peuple (Ibrahima Baba KAKÉ, 1985).L'identité culturelle d'un peuple, c'est le droit qu'il a de rester lui-même envers et contre toutes les formes d'assimilation et de cultures du monde contemporain. Ces forces jouent le plus souvent en faveur des pays développés.

Qu'est-ce que les loisirs ?

Le loisir est l'activité que l'on effectue durant le temps libre dont on peut disposer11. Ce temps libre s'oppose au temps prescrit, c'est-à-dire contraint par les occupations habituelles (emploi, activités domestiques, éducation des enfants...) ou les servitudes qu'elles imposent (transports, par exemple).Le mot, dérivé du verbe latin licere (être permis), renvoie, au début du XIIe siècle, aux notions positives de liberté, et d'oisiveté. Puis, à partir du XVIIIe siècle, il évolue vers le sens de divertissement.

On qualifie également le loisir de « temps libre », soit un temps usuellement consacré à des activités essentiellement non productives d'un point de vue macroéconomique, activités souvent ludiques ou culturelles : bricolage, jardinage, sports, divertissements... Cela a entraîné par la suite un glissement sémantique du terme « loisir » (temps libre) vers celui de « loisirs » (divertissements et sports).Le mot a commencé à accuser ce glissement de sens dans les années 1960-70, sans doute à la suite de son usage répété dans l'expression « civilisation des loisirs » (expression que l'on doit à Joffre Dumazedier dans un de ses ouvrages, publié en 1962, Vers une civilisation du loisir ?) . Beaucoup usent du terme comme synonyme de « divertissement », ce qui constitue une déviation importante de signification.

2.2.2. L'émancipation culturelle

Certains types de danse peuvent être perçus comme une expression d'émancipation culturelle. On a l'habitude de réduire l'émancipation aux dimensions massives, spectaculaires et historiques des peuples en marche mettant à bas les rois ou les tyrans. On oublie ainsi que les

11 Laurent Turcot, Sports et Loisirs. Une histoire des origines à nos jours, Paris, Gallimard, 2016, p. 1314.

12

grandes émancipations, dont l'évènement révolutionnaire reste le modèle de référence, sont souvent la convergence et l'agrégation de petites émancipations individuelles ou groupales.

Nous faisons le choix d'une définition modeste de l'émancipation. S'émanciper, c'est sortir, aussi limité que cela puisse paraitre (une première prise de parole pour celui qui n'a encore jamais osé, une première signature de pétition...), de la place qui nous a été assignée par les rapports sociaux, le genre, l'âge, le handicap, la maladie, les accidents de la vie, quelques fois

notre culture d'origine (Christian Maurel, 2010) ...

S'émanciper ne relève pas uniquement d'un choix libre et délibéré qui nous permettrait de sortir définitivement d'une situation de dépendance, d'assujettissement, d'aliénation ou d'asservissement. Autant de choses qui nous conduisent à penser qu'on ne s'émancipe jamais seul. Ce processus émancipatoire, comme tous ceux que nous venons de citer et qui y sont associés, est de nature culturelle. Sans pour autant nier l'importance de la culture au sens des manières de vivre, ce que Jean-Claude Passeron appelle « les styles de vie » extrêmement divers dans nos sociétés complexes, ni la culture au sens des « oeuvres valorisées », notamment l'art et le savoir scientifique, il apparait que c'est la culture en tant que paroles porteuses de sens et toutes le sont à leur manière qui est principalement au travail dans les processus concourant à l'émancipation.

Deux questions se posent. La première est de savoir comment on passe de l'émancipation individuelle à l'émancipation collective dans laquelle les femmes et les hommes construisent de nouveaux droits et deviennent « auteurs-acteurs » de l'Histoire. Nous pensons y avoir, en partie, répondu en montrant que, dès le partage de la parole, la confrontation des points de vue et la co-construction des savoirs, chacun fait un pas vers le collectif et vers une communauté d'action. A cela, il faut ajouter que l'évènement (le renvoi de Necker en 1789, la prise des canons de Montmartre, le 18 mars 1871...) qui fait sens, joue un rôle de déclencheur d'un plus large mouvement d'ensemble. Mais, précisément, l'évènement ne peut faire sens que grâce à un processus culturel préalable d'émancipation comme les Cahiers de doléances de 1788-89 qui sont un grand moment d'expression et d'éducation populaire, ou encore par cette « dimension culturelle du mouvement ouvrier » (Luc Carton) qui tout au long du 19ème siècle a ouvert de nouvelles perspectives sociales et politiques. Ainsi la culture y trouve toute sa

13

fonction historique d'attribution de sens, c'est-à-dire d'analyse critique des situations et de direction dans un processus de transformation.

La deuxième question concerne les acteurs sociaux, culturels et politiques de l'émancipation. Nous pensons aux militants chevronnés, aux « professionnels de la révolution », aux éducateurs populaires, à certains intellectuels et artistes engagés... On ne peut ni ne doit attendre d'eux qu'ils apportent, en quelque sorte « clé en main », l'émancipation sous la forme d'une lumière extérieure venant d'en haut qui conduirait les « masses » vers un avenir radieux. Ils doivent accompagner, faciliter et non guider, se tenir derrière ou sur les côtés mais jamais devant ceux qui s'engagent dans un processus d'émancipation. A la différence du maitre affranchissant son esclave, la véritable émancipation ne saurait être octroyée mais conquise. Souvenons-nous des premiers mots des statuts de l'Association Internationale de Travailleurs (1864) : « L'émancipation de la classe ouvrière doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

»12.

L'histoire s'est chargée de réduire la portée de cette ambition, institutionnalisée à travers l'action et les politiques culturelles, et d'en montrer les ambiguïtés. Comme l'écrit Robert Jaulin (1970 ?) : les « hommes » n'existent qu'en terme de culture, et la planète terre héberge diverses cultures humaines irréductibles entre elles ; ces cultures s'assument, s'inventent, ne sont jamais figées, elles ne peuvent dialoguer que si elles existent, que si l'humanité demeure plurielle.

L'annexion politique prépare l'annexion culturelle. La décolonisation, disait Senghor au Congrès sur la Civilisation mandingue de Londres (1972), ne se fait pas toujours dans le dialogue des civilisations. Ou elle se fait mal. Les businessmen se réunissent plus souvent que les hommes de culture ; entre gouvernements on parle plus volontiers économie et finances, enseignement et formation dans les meilleurs cas, qu'art et littérature ou simplement éducation, la pollution des esprits est pire que celle des plages, voire celle des villes ; la

12 Christian Maurel, Les processus culturels de l'émancipation, L'Harmattan, 2010.

14

solution du problème culturel est la condition sine qua non du développement, et même de toute croissance.13

2.2.3. La danse : élément d'une culture, d'un loisir ou d'un art

L'époque est au retour. On ne compte plus les grands artistes africains, qui après avoir obtenu un succès occidental, cherchent à s'investir à nouveau sur leur terre natale. Ce mouvement est particulièrement sensible chez les chorégraphes. La Sénégalaise Germaine Acogny, les Burkinabés Salia Sanou et Seydou Boro, en ouvrant des centres chorégraphiques dans leurs pays respectifs, en sont trois exemples éclatants. Koffi Koko, danseur-chorégraphe béninois de renommée internationale14, pionnier d'une danse africaine renouvelée dans le sillage d'Elsa Wolliaston, a lui aussi amorcé ce retour avec la première édition du festival « Atout Africain » qui s'était déroulé du 3 au 21 janvier 2002 dans l'historique cité négrière de Ouidah, sur le littoral béninois.

Entre vodou et modernité ; une dizaine de compagnies de danses traditionnelle et contemporaine africaines était programmée, pour la plupart béninoises, les autres venant de cinq pays de la sous-région : Mali, Tchad, Burkina Faso, Sénégal et Côte d'Ivoire. Le mot d'ordre du festival était « revendiquer non une rupture mais une continuité dans la création chorégraphique africaine contemporaine ». « Rendre hommage à la tradition avant de s'ancrer résolument dans le présent et la création contemporaine » résume cette position qui anime bon nombre de pionniers de la nouvelle danse africaine tels Germaine Acogny, Souleymane Koly ou Alphonse Tierou. Pour Koffi Koko comme pour eux, la création contemporaine doit se fonder « sur la richesse immense de la tradition séculaire ». Pas question de renier, de délaisser ce vocabulaire premier sous prétexte de modernité. Cette génération aînée prône en général un enracinement de la danse dans sa culture d'origine et met souvent en garde les jeunes qui s'orientent davantage vers une rupture.

« La danse n'est rien d'autre qu'un moyen par lequel je peux envoyer des messages. Il est important à travers elle d'installer un réseau de signes à la fois universels, mais aussi

13 http://espacerda.over-blog.com/article-culture-africaine-identite-culturelle-developpement-dialogue-des-cultures-80323218.html, Ibrahima Baba KAKÉ

14 On a pu le voir récemment dans la magnifique adaptation chorégraphique des Bonnes de Jean Genêt par le Japonais Yoshi Oida

15

spécifiques à ma culture d'origine », souligne Koffi Koko. Son art est « l'expression d'une liberté intégrale, mais qui part de ses souches. Sa danse, comme celle contemporaine en général, se rapproche du sacré et du secret », ajoute Florent Eustache Hessou.

Le débat autour du sempiternel dilemme de la création africaine prise entre tradition et modernité a été au coeur du colloque organisé en marge du festival. Y ont pris part de nombreux intellectuels et personnalités culturelles béninoises notamment le sociologue Emile Désiré Ologoudou, le linguiste Toussaint Tchitchi, l'historien Emmanuel Karl ou encore le jeune dramaturge et directeur adjoint du Ballet national Eustache Florent Hessou. L'objectif principal de ce colloque était de jeter les bases « d'une réflexion scientifique sur la création » qui puisse éclairer la conduite et la philosophie d'un futur centre chorégraphique. Son caractère transdisciplinaire n'a pas manqué d'intérêt.

D'autres manifestations ont eu lieu en marge des spectacles et du colloque : concerts, stages de formation, exposition-vente d'arts plastiques. Le programme de cette première édition d'Atout Africain a peut-être voulu voir trop grand. Quelques problèmes d'organisation ont été soulevés. Mais la grande réussite du festival était indéniable. Lorsqu'on sait la difficulté qu'ont les jeunes compagnies de danse contemporaine africaines à se produire devant un public populaire, se heurtant souvent à une forte incompréhension lorsque ce n'est pas une franche hostilité, on ne peut qu'encourager toute entreprise de sensibilisation. N'est-ce pas la condition sine qua none pour que la danse continue de se développer sur le Continent ? Les chorégraphes peuvent-ils perpétuellement se couper de leur public local ? (AYOKO MENSAH, 2002)

2.2.4. L'intégration

La culture est un domaine qui englobe aussi bien les croyances, les valeurs, la religion que les loisirs et les habitudes alimentaires. Chaque société produit ses normes en fonction de son historicité15. Dans les sociétés traditionnelles la culture est sacralisée. Elle résulte d'épreuves passées et de la manière dont elles ont été surmontées. Les rites et les croyances persistent alors même que les causes qui sont à leur origine ont disparu. Cette dimension est mal perçue par l'Occidental qui, vu sa rationalité, réduit la dimension des choses au fonctionnel. En Occident se trouvent des sous-groupes culturels qui reflètent tant le passé que le présent. Les

15 a et b Manuel Boucher, Les théories de l'intégration, L'Harmattan, 2000, p. 262

16

cultures d'un chef d'entreprise catholique intégriste, d'un ouvrier communiste athée ou d'un petit paysan d'un village qui se meurt sont profondément dissemblables16.

Intégration est un terme qui a deux sens. En politique publique il est employé comme résultat recherché ou réclamé. Pour les sociologues, l'intégration est un processus social susceptible, comme tout processus, d'avancées, de retournements et d'invention de modalités nouvelles17.

L'intégration culturelle est une partie de l'intégration structurelle. Cette dernière comprend en outre l'intégration dans les structures sociales de la société (travail, habitat, etc.) et une participation efficace à la vie collective (associations, élections, etc.). Dans l'intégration culturelle l'immigré doit renoncer à une partie de sa culture d'origine. L'acquiescement à ce renoncement est très variable d'un individu à l'autre. La société d'accueil y joue un rôle. Le processus est interactif.

L'intégration culturelle s'oppose à l'assimilation culturelle où la personne ne se reconnaît plus dans son ancien système. Dans l'intégration culturelle elle ne conserve de ses anciennes références, si elle le désire, que celles qui sont compatibles avec les exigences de la vie commune et les valeurs collectives de la société d'accueil. Cet abandon s'effectue à des degrés divers selon les individus.

2.2.5. Le développement

Le terme de développement, utilisé dans les sciences humaines, désigne l'amélioration des conditions et de la qualité de vie d'une population, et renvoie à l'organisation sociale servant de cadre à la production du bien-être. Définir le développement implique de le distinguer de la croissance. Cette dernière mesure la richesse produite sur un territoire en une année et son évolution d'une année à l'autre, telle qu'elle est prise en compte par le Produit Intérieur Brut (PIB). Elle ne dit rien, en revanche, sur ses effets sociaux. Elle n'informe donc que peu sur le niveau de vie et encore moins sur la qualité de vie. La croissance peut contribuer au développement, mais tel n'est pas toujours le cas et on parle de croissance sans développement

16 Carmel Camilleri-Margalit Cohen-Emerique (Sous la direction de), Chocs de cultures : Concepts et enjeux pratiques de l'interculturel, L'Harmattan, 1989, p. 51 et 53

17 Dominique Schnapper, Qu'est-ce que l'intégration ? Gallimard, 2007, p. 24 et 21

17

quand la production de richesse ne s'accompagne pas de l'amélioration des conditions de vie. Inversement, même en l'absence de croissance, la priorité donnée aux productions les plus utiles et une plus grande équité dans la distribution des biens produits améliore les conditions de vie des populations et crée du développement.

Amélioration du bien-être, le développement relève donc davantage du qualitatif que du quantitatif. Néanmoins, l'économiste indien Amartya Sen a mis au point un Indicateur de Développement Humain (IDH)18

Parce que la qualité de la vie ne se réduit pas au bien-être matériel et comprend aussi des valeurs telles que la justice sociale, l'estime de soi et la qualité du lien social, le développement a à voir avec ce que les anglophones disent par le mot de « empowerment », terme construit sur power et qui désigne la capacité d'un individu ou d'un groupe à décider pour lui de ce qui le concerne et à participer au débat citoyen. En effet, le développement ne peut pas se réaliser sans la participation des personnes, c'est-à-dire finalement sans la démocratie. Ainsi, Amartya Sen insiste-t-il sur la possibilité effective que les personnes ont ou n'ont pas de définir leur projet de vie et de conduire ce dernier en fonction des conditions réelles qui leur sont faites. Ces conditions dépendent, certes, des ressources matérielles, mais aussi de données propres à chaque individu, par exemple la santé, et de données relatives à l'organisation sociale et politique, par exemple la place dévolue à chacun et la reconnaissance de son rôle. Le développement a donc des aspects économiques, sociaux et politiques. Désignant par capabilités les possibilités qui s'offrent aux personnes et la liberté qu'ont ces dernières de choisir, Amartya Sen (2000) affirme que la liberté apparaît comme la fin ultime du développement, mais aussi comme son principal moyen pour considérer en conséquence que le développement peut être appréhendé ... comme un processus d'expansion des libertés réelles dont jouissent les individus.

Le sous-développement résulte selon de nombreux économistes (André Gunder Frank, Celso Furtado), de la dépendance à l'égard de l'extérieur, des auteurs ont préféré parler de pays dominés ou de pays exploités, plutôt que de pays sous-développés. Cette interprétation a

18Amartya Sen, Un nouveau modèle économique, Développement, Justice, Liberté. Paris, O. Jacob, 2000, 356 p.

18

conduit à voir les pays développés comme un centre exerçant une domination sur une « périphérie » constituée par les pays sous-développés (Samir Amin).

Cette réflexion a montré l'insuffisance de la terminologie. En effet, les inégalités ne résultent ni d'un retard pris par certains territoires, ni de dysfonctionnements dans le processus du développement. Elles sont internes au développement lui-même, lequel bouscule les hiérarchies existantes, en crée d'autres, produit des dépendances et des inégalités de nature sociale et spatiale.

N'est-ce pas parce que le développement lui-même est une utopie : le développement est un processus de progrès de la qualité de la vie à qui il serait arbitraire de fixer un terme, mais auquel il est nécessaire de fixer un cap.19Placer la culture au coeur du développement est un investissement capital dans l'avenir du monde, la condition du succès d'une mondialisation bien comprise qui prenne en compte les principes de la diversité culturelle : l'UNESCO a la mission de rappeler cet enjeu capital aux nations.

Le défi à relever est de convaincre décideurs politiques et acteurs sociaux locaux, nationaux et internationaux, d'intégrer les principes de la diversité culturelle et les valeurs du pluralisme culturel dans l'ensemble des politiques, mécanismes et pratiques publiques, via notamment des partenariats public/privé. Il s'agit d'ancrer la culture dans toutes les politiques de développement, qu'elles concernent l'éducation, les sciences, la communication, la santé, l'environnement, le tourisme et de soutenir le développement du secteur culturel par le biais des industries créatives : ainsi, en contribuant à l'atténuation de la pauvreté, la culture est-elle un atout pour la cohésion sociale.

2.3. Cadre théorique / modèle d'analyse

Il s'agit ici d'indiquer les relations qui existent théoriquement entre les concepts qui découlent de la revue de littérature, et de décrire le modèle qui va servir de base à l'analyse du sujet de l'étude. Ce modèle est une série de relations de cause à effet entre quelques variables empiriques qui sont des indicateurs observables de ces concepts.

Ainsi, le cadre théorique de l'étude est traduit dans la figure N°1 : Il s'agit des liens entre culture, loisirs, arts, danse, intégration et développement.

19 http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511, Bernard Bret

19

INTEGRATION

DEVELOPPEMENT

ARTS

CULTURE

LOISIRS

.

DANSE

Figure 1 : liens entre culture, loisirs, arts, danse, intégration et développement.

Le modèle empirique d'analyse est dérivé du précédent, comme découlant du cadre théorique et des données qu'il nous est possible de collecter par observation directe ou à travers la documentation factuelle dans les musées officiels/matériels et les musées informels matériels ou immatériels (couvents). Il est illustré dans la figure N°2:

20

 

EXPERIENCE

Proposition d'un projet évènementiel
basé sur la danse Agbéhoun

 
 
 

CONSTATS

- Objectifs poursuivis - Résultats effectifs

ACTIONS CORRECTIVES

- Information

- Sensibilisation

- Contrôle et régulation

 

REFERENTIELS

- Objectifs prescrits - Résultats attendus

- Stratégies et moyens prévus

 

COMPARATEUR

- Identifier le champ culturel et les valeurs positives d'intégration et de développement

- Établir son importance dans
l'ensemble des cultures

 

REGULATEUR

- Objectifs

- Informations

- Pertinence des actions

Figure 2 : Modèle d'évaluation adopté pour la présente étude

21

2.4. Problématique

Le colonisateur avait caractérisé l'Afrique comme le continent d'une « mosaïque de peuples, de races, de langues et de cultures20 » (Cheikh Anta Diop, 1979), ce qui selon lui n'était pas favorable au développement. Cette perception l'avait amené à imposer sa langue aux peuples colonisés et à installer son centre « culturel » dans les principales capitales du continent. Mais l'on sait bien que cela participait d'une stratégie d'inféodation forcée de ces peuples à la culture étrangère, afin de recruter des commis dans l'administration coloniale dont l'activité principale était le commerce des ressources des territoires occupés vers la métropole.

Pourtant, malgré l'éducation formelle dans la langue étrangère, les peuples africains ont gardé leurs cultures et leurs us et coutumes mais sans véritablement les développer pour conquérir le monde. Pour inciter les pays africains à revaloriser les cultures de leurs peuples, les déclarations suivantes ont été faites par d'éminents penseurs africains : « un peuple sans histoire est un peuple sans âme21 » (Joseph Ki-Zerbo, 1978) ; « un peuple sans culture est un peuple perdu22 » (Anthony Biakolo, 1980). La danse fait partie du patrimoine culturel des peuples d'Afrique, en particulier ceux du Golfe de Guinée dont le Bénin.

Aujourd'hui, au regard du faible niveau de développement des pays d'Afrique au Sud du Sahara dont le Bénin, l'on se demande si la culture en général ou la danse en particulier est véritablement un outil d'intégration des peuples (races, ethnies) africains et du développement du continent. En particulier, on veut bien savoir si les danses traditionnelles peuvent être un tel outil. A cet effet, quelques questions qui taraudent notre esprit dans le cadre de la présente recherche sont : La danse Agbéhoun, une danse traditionnelle du Sud Bénin, est-elle un facteur de promotion d'une culture spécifique, laquelle ? Est-elle un facteur de mélange des cultures, lesquelles ? Peut-elle être un facteur d'émancipation culturelle et d'intégration des peuples du Sud Bénin ? Quelle est ou quelle peut être sa contribution à l'emploi des jeunes ?

En d'autres termes, au regard de la tendance des jeunes africains à renier leurs cultures et du taux de chômage élevé parmi eux, comment cette danse pourrait-elle permettre d'inverser ces

20 Cheikh Anta Diop, 1979, Nations nègres et culture, Paris, Ed. Présence Africaine, p. 15

21 Joseph Ki zerbo : « Histoire de l'afrique Noire d'hier à demain », Hatier. Paris 1978

22 Anthony Biakolo : « L'étonnante enfance d'Inotan », L'Harmattan éditeur, Paris, 1980, 182 pages. p.

49

22

tendances ? Pourrait-elle faire l'objet de programmes ou projets de développement artistique ou touristique pour l'insertion des jeunes dans le monde de l'emploi ?

Principale question de recherche

La question principale de la présente recherche est donc : La danse Agbéhoun est-elle un outil d'intégration et de développement du Bénin ? Sinon, quel est son potentiel à l'être ?

2.5. Hypothèses

Hypothèse 1 : « la danse Agbéhoun appartient à une seule culture et son champ culturel est limité au Sud Bénin »

Hypothèse 2 : « la danse Agbéhoun est porteuse de valeurs positives pour l'intégration et le développement »

Hypothèse 3 : « l'importance des valeurs d'Agbéhoun est méconnue »

23

CHAPITRE 3

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

24

La démarche méthodologique a consisté en ce qui suit :

- Recherche documentaire dans les ouvrages, productions et publications scientifiques faites sur la danse traditionnelle au Bénin et en Afrique en général. Cette recherche nous a mené naturellement à visiter les bibliothèques mais également les structures en charge des questions relatives à notre thème de réflexion.

- Enquête exploratoire et visite préalable des sites et acteurs de la danse Agbéhoun dans les communes de Porto-Novo et d'Adjarra

- Elaboration d'un guide d'entretien couvrant les questions de la recherche et enquête approfondie par interviews avec des personnes ressources et autres acteurs de la danse Agbéhoun dans quelques quartiers de ces communes

- Analyse des données conformément aux objectifs ci-dessus mentionnés.

3.1. Méthodes et techniques d'analyse des données

Sur la base d'un guide d'entretien portant sur les danses traditionnelles, leurs valeurs, les problèmes et solutions préconisées pour relancer ces activités, nous avons recueilli les informations par le biais d'un guide d'entretien, un dictaphone et une caméra. C'est ce qui nous a permis de transcrire les idées et d'enregistrer des paroles de notre sujet. Nous avons jugé utile de faire un entretien direct en effectuant des observations qui seront utiles dans le report de l'information. Outre cela, nous avons aussi essayé de capturer quelques images utiles.

3.2. Échantillonnage

Pour mener à bien cette recherche et compte tenu de sa spécificité, le choix des enquêtés est aléatoire. Chaque type de cible a été interviewé en face à face : entretien d'environ vingt minutes.

3.2.1. Taille de l'échantillon

L'enquête est effectuée dans les différentes groupes et ballets de danse traditionnelle, auprès de trente-cinq (35) acteurs (acrobates, chorégraphes de groupe, percussionnistes et chanteurs), quinze (15) promoteurs culturels et organisateurs de festivals et (5) observateurs. Le total s'élève à 55 personnes.

Le tableau suivant résume la taille de l'échantillon.

25

Tableau 1 : Taille de l'échantillon

Population de l'étude

Effectif

Promoteurs culturels et organisateurs de festivals

15

Percussionnistes et chanteurs

20

Chorégraphes de groupes

10

Acrobates (danseurs sur bois de bambou)

5

Observateurs

5

Total

55

3.2.2. Collecte des données et Méthode de dépouillement

Par le biais de personnes ressources au sein du ballet national du Bénin, nous avons pu collecter quelques données auprès de groupes de danse traditionnelle dans la ville de Porto-Novo et ses environs. Ceci a été possible lors de rendez-vous pris à l'avance pour s'assurer de la disponibilité des personnes ciblées.

D'une façon générale, les réponses ouvertes et qualitatives ont fait l'objet d'un tri croisé. Par contre, les données quantitatives sont saisies, traitées et analysées à l'aide du logiciel MS-Excel pour en déduire des tableaux. Les informations recueillies sont traduites ensuite en pourcentage en vue d'une interprétation. Cette étape de la recherche consiste à mettre sous forme exploitable les données recueillies sur l'échantillon afin d'effectuer une synthèse générale et de tirer les conclusions qui ressortent de la vérification des hypothèses.

3.2.3. Difficultés rencontrées

Au cours de la réalisation de notre étude, des difficultés ont été observées et par conséquent, un léger retard dans la finalisation de ladite étude. Il s'agit entre autres de :

- Des mystères entretenus par les divers acteurs - L'indisponibilité de certains acteurs

- La réticence des cibles face à certaines questions - Contraintes liées au temps

3.3. Méthode de vérification des hypothèses

A une fréquence élevée de la modalité « bon » ou « positif » d'une variable explicative, correspond une fréquence élevée de la modalité « bonne » de la variable expliquée. Une fréquence est jugée élevée lorsqu'elle est de 30% ou plus pour une variable à 3 modalités et de

26

50% ou plus pour une variable à deux modalités. Concrètement, une hypothèse est validée lorsqu'une perception positive de chaque variable explicative correspond aussi à une même perception de la variable expliquée. L'hypothèse est aussi validée lorsqu'une fréquence faible des variables explicatives correspond à une fréquence faible de la variable expliquée. Dans tous les autres cas, l'hypothèse est rejetée.

27

CHAPITRE 4

PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS

28

4.1. Présentation des résultats et vérification des hypothèses

Les tableaux ci-après présentent les résultats de notre enquête, suivis de leur interprétation. Dans ces tableaux, les effectifs représentent le nombre de personnes ayant répondu aux différentes questions, de telle sorte que l'effectif total par question peut être inférieur à 55 qui est la taille de l'échantillon des personnes enquêtées

Tableau 2 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H1

Modalités

Réponses

Effectifs

Fréquences (%)

La danse Agbéhoun appartient une seule culture

Oui

30

75

Non

10

25

Total

40

100

La danse Agbéhoun est limitée au sud Bénin

Oui

25

62.5

Non

15

37.5

Total

40

100

Source : travaux de terrains, décembre 2018

Dans le tableau 2, il apparaît que 30 enquêtés sur 40, soit 75%, jugent que la danse Agbéhoun appartient à une seule culture tandis que 25 soit 62.5% évoquent le manque de communication et d'actions récréatives pour faire la promotion de cette danse. Cela est dû à l'inexistence de lignes budgétaires pour financer les initiatives et les activités afin de mettre en place un plan de communication efficace répondant aux attentes des cibles.

Vérification de l'hypothèse H1

Enoncé de l'hypothèse : « la danse Agbéhoun appartient à une seule culture et son champ culturel est limité au Sud Bénin »

La fréquence de la modalité « oui » de la variable « La danse Agbéhoun appartient une seule culture » est de (75%), pendant que 62,5% pensent qu'elle est limitée au sud Bénin. Cette observation rencontre bien l'hypothèse avancée, car selon une déduction par analogie, si les acteurs se voient dotés de moyens et/ou outils nécessaires à la promotion de la danse Agbéhoun et de son identité, sa communication serait adéquate et adaptée aux attentes des cibles visées. On peut conclure que l'hypothèse H1 est vérifiée.

29

Tableau 3 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H2

Modalités

Réponses

Effectifs

Fréquences (%)

La danse Agbéhoun est porteuse de valeurs positives

Positif

35

77,78

Négatif

10

22,22

Total

45

100

La danse Agbéhoun est porteuse de valeurs d'intégration et de développement

Oui

20

57,14

Non

15

42,86

Total

35

100

Source : travaux de terrains, décembre 2018

Le tableau 3 montre que 35 personnes interrogées sur 45, soit 78%, jugent positives les valeurs que transmet la danse Agbéhoun du point de vue de l'impact des activités, alors que 20 autres sur 35, soit 57,14 pense que l'implication de la danse Agbéhoun dans la promotion des valeurs d'intégration et de développement est forte.

Vérification de l'hypothèse H2

Enoncé de l'hypothèse : « la danse Agbéhoun est porteuse de valeurs positives pour l'intégration et le développement »

La même approche de vérification sera adoptée, tel que déjà indiquée dans le chapitre méthodologique. Les résultats ont montré que 77,78% des enquêté ont jugé positives les valeurs que véhicule la danse Agbéhoun, pendant que 62,5% disent qu'elle est un important vecteur d'intégration et de développement. Dans la même logique de vérification que pour l'hypothèse 1, on note ici que la concordance est aussi établie selon la déduction par analogie. L'hypothèse H2 est donc vérifiée.

30

Tableau 4 : Représentation des données relatives à l'hypothèse H3

Modalités

Réponses

Effectifs

Fréquences (%)

Cohérence des actions de communication

Oui

15

37,5

Non

25

62,5

Total

40

100

Efficacité du plan de communication

Bonne

10

22,22

Moyenne

10

22,22

Médiocre

25

55,56

Total

45

100

Efficacité des moyens mis en oeuvre

Efficace

10

25

Pas efficace

30

75

Total

40

100

Source : Notre étude.

Dans le tableau 4, on note que seulement 10 enquêtés sur 45, soit 22,22%, considèrent efficace le plan de communication à l'endroit des cibles tandis que 25 autres (55,56%) la jugent

médiocre, donc inadaptée aux attentes des cibles. 25 enquêtés sur 40, (62,5%), affirment que c'est dû à l'incohérence des actions de communication avec les objectifs prédéfinis.

Vérification de l'hypothèse H3

Enoncé de l'hypothèse : « l'importance des valeurs positives d'Agbéhoun n'est pas vraiment reconnue »

Les résultats ont montré que seulement 22,22% des enquêtés considèrent efficace les actions de communication à l'endroit des cibles tandis que 55,56% la juge médiocre donc inadaptée aux attentes des cibles. 25 enquêtés (62,5%) affirment que cela est dû à l'incohérence des actions de communication avec les objectifs prédéfinis. L'hypothèse H3 est donc elle aussi vérifiée.

4.2. Analyse et discussion des résultats

La danse Agbéhoun véhicule tant bien que mal des valeurs d'intégration et de développement. Au nombre de ces valeurs, nous pouvons citer entre autres :

Les valeurs personnelles ou individuelles

- Connaissance de soi et de son origine

- Amour du prochain, altruisme, Sagesse (maturité de jugement, clairvoyance) - Dignité, tolérance et ouverture

- Hospitalité, respectabilité, courage, dignité

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- Fidélité aux engagements et à la parole donnée

- Tempérance, persévérance et goût de l'effort

- Endurance, générosité, Reconnaissance, honnêteté

- Maîtrise de soi, Franchise, Circonspection et altruisme

Valeurs collectives

- Amour du prochain, respect de l'ancien - Relation parentale et respect de la tradition - Solidarité et patriotisme, respect du bien commun - Respect du savoir et du savoir-faire ancien

Il s'agira en l'occurrence d'examiner les moyens pédagogiques susceptibles de permettre une intégration dans nos systèmes d'éducation des valeurs considérées comme positives, en se gardant de perdre de vue les résolutions des Etats généraux de l'Education. Dans cette optique, un nouvel esprit pédagogique doit animer l'éducateur. En effet, dans les activités scolaires et éducatives, les commissions de promotion de la danse traditionnelle plus précisément de la danse Agbéhoun doivent insister sur la nécessité de s'inspirer le plus largement possible de la culture négro-africaine en général, de la culture béninoise en particulier en vue de la reconquête de notre identité culturelle.

Perspectives de promotion de la danse Agbéhoun dans le cadre du développement des arts et loisirs au Bénin

L'Afrique, et singulièrement l'Afrique noire, est le continent par excellence des danses ancestrales. Lorsqu'on observe, en particulier, le paysage culturel béninois aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a une effervescence et un déploiement extraordinaires des festivals de danse patrimoniale en son sein. Ainsi, chaque chefferie ou tout autre groupement traditionnel coutumièrement bien structuré, organise son festival de danse ou pense à se lancer aussi dans cette voie. Intellectuels, hommes politiques, opérateurs économiques, et même de modestes personnes, s'y attellent avec engouement, et contribuent promptement à leur organisation.

Le bureau départemental de la Confédération béninoise de danse (Cobed) de l'Ouémé a été installé le vendredi 03 juillet 2018 à Porto-Novo par le président du bureau national, Aladé Coffi Adolphe et son secrétaire, Marcel Zounon, directeur du ballet national. Hermas Gbaguidi, conseiller et superviseur à la Cobed et quelques membres du bureau national ont pris part à cette cérémonie d'installation. Désormais, il a pour mission d'intervenir dans les arènes de tout ce qui a rapport avec la danse dans son champ d'actions. La Confédération

32

béninoise de danse (Cobed) a pour objectif principal de : valoriser et de promouvoir les danses patrimoniales du Benin; de promouvoir la culture du Bénin; faciliter la mise en place des creusets d'échanges et de brassage entre les artistes d'ici et d'ailleurs; organiser des ateliers de renforcement de capacités des acteurs culturels en général et de ceux des danseurs en particulier; professionnaliser le secteur de la danse et du ballet bref favoriser l'émergence de la danse dans l'Ouémé. « Porto-Novo a une difficulté, pour nos créations par rapport à la danse, nous avons souvent de retenu, parce qu'il y a certaines danses que nous exécutons et qui nous créent de problèmes après »23. A titre d'exemple, le nouveau président a évoqué l'organisation d'un festival de danse dénommé «ASSAN OGAN», au cours duquel les organisateurs ont connu assez de difficultés.24

23Georges Boladji Djidonou, président du Cobed de l'Ouémé, 2018

24 https://linvestigateurdujour.info/2018/08/06/culture-departement-de-loueme-le-nouveau-president-de-la-cobed-sinstalle-le-bureau-departemental-de-la-confederation-beninoise-de-danse-cobed-de-loueme-a-ete-installe/

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SUGGESTIONS ET CONCLUSION

Il nous semble très important de conscientiser cette nouvelle génération béninoise qui se laisse trop emporter les influences des cultures étrangères (musique moderne, mode vestimentaire, religion...). Si notre culture nous différencie des autres, donc il serait préférable de filtrer dans les autres cultures pour s'enrichir davantage. L'enjeu est la redéfinition de l'identité africaine dont « la tradition ne doit pas être ni un élément d'oppression, une espèce de refuge de refoulement, une espèce de corset dont les dominants seraient heureux de se servir, ni un alibi à l'usage de certaines bonnes volontés néanmoins paternalistes ; comme dans le cas de l'apartheid25 » (MBUMUA W.E., 1970), mais comme atout de réalisation de la nature humaine mis au service de l'humanité.

La danse est devenue une discipline enseignée à l'école par exemple. Les danses à caractère naturel, les danses traditionnelles ethniques peuvent aussi être transformées en objet d'enseignement.

Pour ne pas être victime d'un total déracinement, nous suggérons aussi l'insertion des chants et danses traditionnelles dans les institutions scolaires primaires et même secondaires. Nous constatons qu'à l'école, les enfants et même ceux les plus âgés, se sentent à l'aise en chantant leurs chansons traditionnelles et dansant sur leurs rythmes. Il suffira juste de les aider et de leur faire comprendre les valeurs culturelles. Cela permettrait de conserver nos valeurs culturelles tout en prenant exemple sur les autres traditions pour une mondialisation de la culture.

La relance des activités traditionnelles peut bien se faire par le biais des médias à travers une politique de promotion des valeurs traditionnelles et socioculturelles. La culture africaine ne peut échapper à cet enlisement que par la révolution. Malgré la multitude de ses valeurs capables d'assurer son avenir, elle a encore besoin de l'apport extérieur pour s'enrichir davantage. Ce progrès ne peut se réaliser que par le changement de mentalité et de l'éducation. L'autocritique et le dynamisme constituent les critères de développement de la culture africaine. La crise des valeurs suite à la dégradation de la culture africaine constitue le fond de

25 MBUMUA W.E., Un certain humanisme, Yaoundé, Clé, 1970, p. 23

34

notre travail de recherche. Face à ce problème, William E. MBUMUA propose un retour aux sources pour recenser les valeurs nécessaires à la réalisation de l'homme aboutissant à l'avènement d'un homme synthétique dont l'Afrique a besoin aujourd'hui. C'est pour nous, Africains, un impératif catégorique d'intégrer dans notre propre culture sans nous renier la rationalisation de nos modes de vie et de nos styles avec un esprit critique et aussi de notre dynamisme culturel aux contacts avec les autres. Pour cela, il y a lieu de revenir sur notre passé afin de mieux nous projeter dans l'avenir. Ce retour est une prise de base d'envol et non une exhibition de nos pseudo-valeurs culturelles toutes faites. C'est un retour en vue d'un saut de qualité qui soit capable de redorer l'image de celui que l'histoire a terni.

Seule une révolution culturelle en profondeur nous permettra de réaliser l'homme total dont a besoin l'Afrique et en particulier la ville de Porto-Novo. Et cette révolution culturelle sera l'incarnation d'une Afrique digne d'elle-même, la réinvention d'hommes nouveaux libres, fiers d'appartenir à leur peuple, prêts à oeuvrer pour la réalisation du genre humain. Ainsi, on assistera à l'avènement d'une nouvelle élite qui jouira de son identité et non plus à celle d'aujourd'hui falsifiée, dépersonnalisée, déracinée et aliénée par une mentalité abrutie et colonisée. Tâche difficile car si rien n'est fait, « l'âme africaine achèvera de se dissoudre si les élites du continent persistent à refuser leur propre passé, à craindre l'immersion dans la masse et à prêcher l'exode culturel.26». Il s'avère alors nécessaire d'apprendre nos langues à l'école et d'orienter autrement notre politique culturelle.

Et pour un accès à un très grand nombre à cette culture africaine, il faut procéder à sa promotion, à sa diffusion et à la volonté d'offrir aux autres univers sociaux ce que nous avons de plus précieux et de particulier. Et nous l'avions remarqué que l'Internet s'est proposé aujourd'hui pour la diffusion de cette culture. Mais dont l'usage doit dépendre de notre bon sens. Il est important à tout Africain de promouvoir sa culture, d'entamer une révolution culturelle pour se libérer des contraintes des pseudo-valeurs et ne pas se laisser occire par la nostalgie du passé ou par la mondialisation. Il est donc nécessaire de procéder à une décolonisation de nos mentalités arrêtées sur notre propre culture et d'être ce que nous sommes.

26 KI-ZERBO J., cité par MUDIMBE V., L'Odeur du Père, Essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique Noire, Présence africaine, Paris, 1982, p. 102.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

o a et b Manuel Boucher, Les théories de l'intégration, L'Harmattan, 2000, p. 262

o Alphonse Tierou, « Ce que je crois », 2000

o Amartya Sen, Un nouveau modèle économique, Développement, Justice, Liberté. Paris, O. Jacob, 2000, 356 p.

o Anthony Biakolo : « L'étonnante enfance d'Inotan », L'Harmattan éditeur, Paris, 1980, 182 pages. p. 49

o Carmel Camilleri-Margalit Cohen-Emerique (Sous la direction de), Chocs de cultures : Concepts et enjeux pratiques de l'interculturel, L'Harmattan, 1989, p. 51 et 53

o Cheikh Anta Diop, 1979, Nations nègres et culture, Paris, Ed. Présence Africaine, p. 15

o Christian Maurel, Les processus culturels de l'émancipation, L'Harmattan, 2010

o Dominique Schnapper, Qu'est-ce que l'intégration ? Gallimard, 2007, p. 24 et 21

o Doussou Soumani, « la danse africaine en quelques mots », https://doussou-soumani.jimdo.com/association/les-danses-africaines/

o Eric Ahouansou, « rôle et symbole de chaque instrument sur les plans physique et métaphysique », 2015

o Georges Boladji Djidonou, président du Cobed de l'Ouémé, 2018

o Joseph Ki zerbo : « Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain », Hatier. Paris 1978

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o MBUMUA W.E., Un certain humanisme, Yaoundé, Clé, 1970, p. 23

o Mélaine Bertrand Poda, « Musiques actuelles et religion Vodoun au Bénin », consulté le 14 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/gc/1073

o Poda M. B., 2009. "Appropriation territoriale dans les rituels festifs à Ouidah (Bénin)", Colloque international "Musique, territoire et développement local", 19 et 20 novembre, Grenoble, CNRS PACTE, UMR 5194, à paraître.

o http://espacerda.over-blog.com/article-culture-africaine-identite-culturelle-developpement-dialogue-des-cultures-80323218.html, Ibrahima Baba KAKÉ

o http://jaimelaculture.over-blog.com/2016/06/promotion-et-valorisation-des-danses-traditionnelles-du-benin-a-l-international-les-supers-anges-hwendo-na-bu-a-sur-plusieurs-festiv, Henri MORGAN

o http://www.benin-voyage.com/2014/04/

o http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511, Bernard Bret

o https://linvestigateurdujour.info/2018/08/06/culture-departement-de-loueme-le-nouveau-president-de-la-cobed-sinstalle-le-bureau-departemental-de-la-confederation-beninoise-de-danse-cobed-de-loueme-a-ete-installe/

o https://www.musicinafrica.net/node/15630

II

TABLE DES MATIÈRES

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX III

SOMMAIRE IV

INTRODUCTION 1

1.1. Cadre de l'étude 4

1.2. Objectifs de la recherche 6

1.3.1. Objectif général 6

1.3.2. Objectifs spécifiques (OS) 6

2.1. Revue de Littérature 8

· Travaux réalisés au Bénin et dans le Golfe de Guinée (Afrique de l'Ouest) sur les danses 9

2.2. Clarification conceptuelle 10

2.2.1. La culture et les loisirs 10

2.2.2. L'émancipation culturelle 12

2.2.3. La danse : élément d'une culture, d'un loisir ou d'un art 15

2.2.4. L'intégration 16

2.2.5. Le développement 17

2.3. Cadre théorique / modèle d'analyse 19

2.4. Problématique 22

2.5. Hypothèses 23

3.1. Méthodes et techniques d'analyse des données 25

3.2. Échantillonnage 25

3.2.1. Taille de l'échantillon 25

3.2.2. Collecte des données et Méthode de dépouillement 26

3.2.3. Difficultés rencontrées 26

3.3. Méthode de vérification des hypothèses 26

4.1. Présentation des résultats et vérification des hypothèses 29

4.2. Analyse et discussion des résultats 31

III

Perspectives de promotion de la danse Agbéhoun dans le cadre du développement des arts et

loisirs au Bénin 32

SUGGESTIONS ET CONCLUSION 34

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES i

TABLE DES MATIÈRES iii

ANNEXES v

RESUME / ABSTRACT viii

iv

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote