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Impact de la foresterie communautaire sur la vie des communautés locales. Regard sur la concession foresterie de communauté locale Kisimbosa Chamakasa à  Walikale, au nord-Kivu


par Emir IMANI MWARABU
ISEA Bengamisa - Licence 2021
  

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CHAPITRE PREMIER. GENERALITES

Ce chapitre traite les notions générales en rapport avec notre objet d'étude. Il est subdivisé en trois principaux points, dont le premier concerne le cadre conceptuel ou la définition des concepts clés, le deuxième concerne la présentation de la région d'étude et le troisième explique la théorie sur le sujet d'étude et le cadre opératoire du sujet.

I.1. DEFINITION DES CONCEPTS CLES DE BASE

Robert K.M. (1965)24 écrit : une recherche consciente de ses besoins ne peut passer de la nécessité sans clarifier ses concepts. Car une des exigences essentielles de la recherche est que les concepts soient définis avec une clarté suffisante pour lui permettre de progresser.

Dans tout travail il y a toujours des concepts clés qui reviennent et dont la définition constitue le point de départ pour sa compréhension. Dans le cas de notre étude, il est important de commencer par définir les concepts clés qui reviendront en leitmotiv tout au long de notre travail.

Nous dévons donc définir successivement le concept Foresterie Communautaire et la vie des PAP Babuluko ainsi que les concepts qui leurs sont liés.

A. FORESTERIE COMMUNAUTAIRE

On entend régulièrement parler de la Foresterie Communautaire, selon Carmel KIFUKIETO, chargé de programme du Centre d'appui à la gestion durable des forêts, CAGDF en sigle, définit la Foresterie Communautaire comme ensemble des pratiques, techniques et méthodes d'utilisation de la forêt et des ressources naturelles qui en dépendent et est réglementée par des textes légaux précis, prévoyant la participation des communautés locales25. Ceci est illustré par cette phrase : « Une communauté locale peut, à sa demande, obtenir perpétuellement à titre de la concession forestière, une partie ou la totalité des forêts protégées parmi les forêts régulièrement possédées en vertu de sa coutume ».

24 Robert KING MERTON, 1965, éléments des théories et méthodes sociologiques, paris, éduction plon. 25Well-grounded.org, Carmel KIFUKIETO, Centre d'Appui à la Gestion Durable des Forêts, qu'est-ce que la Foresterie Communautaire, Gouvernance Forestière et droit des communautés locales/peuples autochtones, publié le 14, septembre, 2018, Consulté le 15, mai, 2022.

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+ Forêt : C'est une étendue abritée par les espèces animales, végétales ligneuses, stratifiées, des lianes, ayant l'influence sur l'environnement26.

Selon le dictionnaire petit robert, une forêt est une étendue peuplée principalement d'arbres27.

+ Communautaire : état de ce qui est commun ou qui appartient à plusieurs personnes28.

+ Communauté Locale : est une population traditionnellement organisée sur la base de coutume et unis par les liens de solidarité clanique ou parentale qui fonde sa cohésion interne. Elle est caractérisée, en outre par son attachement à un terroir déterminé.29

Le dictionnaire petit robert considère l'expression communautaire comme ce qui a la forme d'une communauté ou ce qui est commun.

+ L'article 1 du code forestier et l'article 2 du décret 14/018 définissent la Communauté Locale comme « une population traditionnellement organisée sur base de la coutume et unis par des liens de la solidarité clanique ou parentale qui fonde sa cohésion interne. Elle est caractérisée, par son attachement à un territoire déterminé ».

D'après cette définition, les immigrants ne peuvent prétendre aux droits traditionnels sur la terre et les ressources même s'ils vivent dans le même village depuis plusieurs décennies. Cette règle discriminatoire peut facilement engendrer des situations conflictuelles.

+ Forêt Communautaire :Est une forêt attribuée à une communauté locale dans le but de la réduction de la pauvreté en milieu rural en favorisant les ressources disponibles.

Elle signifie encore une portion de terre protégée que la communauté locale possède habituellement en vertu de sa coutume.

+ Réserve forestière villageoise : Ensemble de la communauté villageoise qui détient le droit de propriété sur la forêt30.

26 Théodore I., Cours inédit de l'aménagement et conservation du sol, G3, ISEA-BENGAMISA, 2020, P7

27 Dictionnaire petit robert, 2008, P238

28 Dictionnaire la rousse, T1, Paris ? 1970, P254

29 Article 2 du décret N°14/018 du 02 août 2014 fixant les modalités d'attribution des concessions forestières aux communautés locales

30 Faustin MUSUBAO, Cours inédit de Gestion durable des Ressources Naturelles, G2, ISDR WALIKALE, 2019, P20.

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+ Réserve communautaire : Un sous ensemble de la communauté villageoise est propriétaire de la forêt et se charge de son aménagement31

+ Aire protégée : l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) définit une aire protégée comme une Portion de la Terre, de milieu aquatique ou de milieu marin, géographiquement délimitée, vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, aux ressources naturelles et culturelles associées pour ces fins, légalement désignée, réglementé et administrée par des moyens efficaces, juridiques ou autres.32

+ Aire forestier de gestion villageoise : La communauté gère une zone de forêt domaniale, sans en être propriétaire33.

+ Réserve naturelle intégrale : C'est une aire protégée, c'est un écosystème remarquable ayant une importance nationale ou internationale. Sa vocation essentielle est la recherche scientifique34.

+ Parc National : Terroir relativement étendu en forme d'un ou de plusieurs écosystèmes qui peut ou qui n'est pas transformé par les activités anthropiques, les communautés, les habitats et les sites morphologiques y présentent un intérêt scientifique, éducatif et/ou récréatif exceptionnel et y renferment des paysages des grandes valeurs esthétiques35.

+ Monument National : C'est comme le parc, mais sa superficie qui est réduite souvent à leur intérêt purement écologique, s'ajoute une valeur culturale en particulier historique36.

+ Le paysage terrestre ou marin protégé : C'est une grande diversité du paysage

semi-naturel et plus généralement anthropisés. Sa vacation principale est le tourisme37. + Réserve de biosphère : C'est une aire protégée pour la protection de la nature, sa

vacation principale est la recherche scientifique38.

+ Forêt classée : C'est celle qui a un acte de classement, à un régime juridique moins restrictif quant aux droits d'usage et d'exploitation39.

3131 Faustin MUSUBAO, Cours inédit de Gestion durable des Ressources Naturelles, G2, ISDR WALIKALE, 2019, P20. 32 UICN, Cité par Pr. Léon IYONGO 2021, Cours inédit de statut, aménagement et gestion durable des aires protégées, L2EDD, ISEA B'SA, P1.

3333 Faustin MUSUBAO, Cours inédit de Gestion durable des Ressources Naturelles, G2, ISDR WALIKALE, 2019, P21

34 Idem P21

35 Ibidem P36

36 Ibidem P36

37 Ibidem P36

38 Ibidem P36

39 Ibidem P37

16

+ Forêt protégé : C'est une forêt qui n'a pas fait l'objet d'un acte de classement et est soumise à un régime juridique moins restrictif aux droits d'usage et aux droits d'exploitation.

+ Forêt de production permanente : C'est une forêt soustraite des forêts protégées par une enquête publique en vue de le concéder et est soumise aux règles d'exploitations prévues par le code forestier et ses mesures d'application.

+ Forêt de Communauté Locale : c'est une portion de terre protégée qu'une communauté locale possède en vertu de sa coutume40

+ Concession Forestière de Communauté Locale : le décret N°014 définit la CFCL comme une forêt attribuée gratuitement et perpétuellement à une communauté locale par un Etat sur base des forêts qu'elle possède régulièrement en vertu de sa coutume en vue de son utilisation sous toutes ses formes, pour la satisfaction de ses besoins vitaux, avec l'obligation d'y appliquer des règles et pratiques de gestion durable41

+ La foresterie communautaire : est donc une responsabilité des communautés locales ou des peuples autochtones dans la gestion des espaces forestiers et de leurs ressources (PFNL, biodiversités animales, écotourisme, bois d'oeuvre, ...)

+ selon la FAO, la foresterie communautaire (1978)42est considérée comme toute situation impliquant les populations locales dans les activités forestières, de l'établissement des parcelles boisées dans la région en déficit en bois pour les besoins locaux aux activités d'arboriculture traditionnelle.

Dans le cadre de notre travail nous considérons la foresterie communautaire comme une restitution historique de droit de propriété aux communautés locales ou aux peuples autochtones.

Plusieurs autres concepts sont liés à la Foresterie Communautaire selon les différentes Théories prédominantes dans la matière comme nous les définissons ci-haut.

40 Article 2 du décret N°14/018 du 02 août 2014 fixant les modalités d'attribution des concessions forestières aux communautés locales

41 Idem

42Proceding of the international warkshop on community forestry in Africa participatorie forest management : a strategie for sustainable forest management in africa, 30, avril, 1999, Banjul, Gambie, 2000

17

B. LA VIE DE PEUPLE MBUTI BABULUKO

a) Peuple :

? Le mot peuple est une notion polysémique dont le sens varie selon le contexte relative des civilisations et sont liés par un certain nombre des coutumes et institutions communes. Il désigne à la fois :

? Un ensemble des individus constituant une nation, vivant sur un même territoire et soumis aux mêmes lois, aux mêmes institutions politiques43. Ici le peuple est déterminé par la nation qui constitue le territoire qu'il occupe et la soumission aux mêmes règles du droit.

? Ensemble des humains vivant une société sur un territoire déterminé et qui, ayant parfois une communauté d'origine, présente une homogénéité 44 ici le mot peuple est déterminé par un territoire ou une culture propre mais pas par la soumission aux lois.

? Un ensemble des personnes qui n'habitent pas à un même territoire, mais qui ont une même origine ethnique ou une même religion, ont le sentiment d'appartenir à une même communauté. Ici le peuple n'est définit que par une culture ou une tradition commune. C'est la vision la plus étendu de la notion du peuple.

Regaux François45 indique qu'un peuple c'est l'ensemble de personnes vivant dans une même région, ayant la même race, même culture, même langue et parfois la même religion. Il peut avoir d'implications différentes en sociologie, en droit, en politique ou en relation internationale et doit être rapprochée à des voisinages sémantiques, des complémentarités conceptuelles, d'identité matérielle ou qui sont même coextensives.

La différence entre peuple et population réside dans le sens que le premier est le résultat naturelle de l'union sociale ou une association mutuelle d'homme poussée par une similitude de condition extérieur de vie et la population est un ensemble d'habitats d'un même territoire46

En effet, le terme peuple peut coïncider soit avec l'Etat ou la notion d'étatique c'est-à-dire avec la population étatique soit avec une communauté ou une minorité ethnique

43 Définition du peuple sur le site cnrtl.fr, consulté le 15, mai, 2022 à 14h30'

44 Idem

45 Regaux François, Cité par AKILIMALI Dieudonné, 2012, Implication des Batwa-Babuluko comme moyen de lutte contre la discrimination et la pauvreté, mémoire online, ISDR BUKAVU

46 E. Cherverra Javier, cité par OLEKO WA OLEKO Joseph, le peuple comme communauté de manque , élément pour une définition in cassese, Antonio et Jouvaodmond pour une droit de peuple, Paris ad Belger, levaut, 1978, P95 et 104

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ou tribal existant dans un Etat dont elle est partie intégrante étant donné les diversités sociologiques Africaines.47

En analysant la particularité des Peuple Mbuti-Babuluko, la définition ci-haut reflète le contexte mais dans le contexte de l'Objectif de la Foresterie Communautaire, dans la présente étude, nous parlons du mot « peuple » dans le sens d'un ensemble des personnes vivant un même milieu, partageant les mêmes caractéristiques (langue, tribut, coutume...)

b) Mbuti-Babuluko: Le peuple Mbuti-Babuluko est l'appellation des peuples autochtones pygmées du territoire de Walikale, car les peuples pygmées sont reconnus au nom de Batwa au Nord-Kivu. Dans cette province, ils sont identifiés sous plusieurs dénominations suivant les régions géographiques données : à Masisi on les appelle Batwa, A Rutshuru : Tunguti, A Beni, Lubero : Bambote.

c) Pygmée : Du grec, un pygmée signifie haut d'une coudée, et d'une façon générale, un homme de petite taille.

Le terme pygmée englobe les différents groupes ethniques disséminés au long de l'équateur dans des nombreux Etats de l'Afrique actuelle, (allant de la partie occidentale : Cameroun, Gabon, Congo, RDC, jusqu'au Rwanda, au Burundi et à l'Ouganda à l'Est)48

d) Pygmoïde : Est un terme anthropologique qui désigne certaines ethnies d'Afrique ou d'Asie des humains de petites tailles. D'ailleurs ce terme signifie pygmées métissés49.

e) Peuple autochtone : A défaut des définitions légalement consacrées, nous constatons des essais et tentatives des définitions faites par différents auteurs qui se sont intéressés à ce concept.

Le dictionnaire Larousse définit l'autochtone comme celui qui est originaire du pays qu'il habite et que les ancêtres ont toujours habité ce pays50.

Littré ajoute que l'autochtone est celui qui est du pays même qu'il n'y ait pas venu par immigration.

La définition donnée par la convention de l'Organisation Internationale du Travail, OIT en sigle, renseigne que les peuples autochtones sont des peuples qui vivaient sur

47 http://fr.wikipedia.org/wiki/pygm%C3%A

48 Paul Emile Littré, dictionnaire de la langue française, T1 encyclopediabritanique France, versaille 1994, P371.

51 OIT, Cité par Dieudonné AKILIMALI, Intégration des BATWA6Babuluko comme moyen de lutte contre la discrimination et la pauvreté, mémoire online, ISDR BUKAVU,

19

leurs terres avant que les Colons venus d'ailleurs ne s'y installe ou d'autres groupes de population de culture et d'origines différentes n'y arrivent et deviennent par la suite prédominantes par la conquête d'occupation, de colonisation ou d'autres moyens. Cette définition est de plus en plus acceptée51.

Donc en parlant de la vie de peuple Mbuti-Babuluko on vise le moyen d'existence des peuples autochtones pygmées de la province du Nord-Kivu en général et du Territoire de Walikale en particulier.

Les explications claires concernant la vie de peuple Mbuti-Babuluko se feront dans le dernier point de ce chapitre.

1.2. PRESENTATION DE LA REGION D'ETUDES OU DE LA PROVINCE DU

NORD-KIVU

La province du Nord-Kivu, à l'instar du Sud-Kivu et du Maniema a maintenu ses limites. Son chef-lieu est placé à Goma. Elle a six territoires notamment : Beni, Lubero, Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et Walikale

Carte 1. Carte administrative de la Province du Nord-Kivu

Source : Carte administrative de la province du Nord-Kivu, en ligne

a. Historique de la Province du Nord-Kivu

Cette Province est issus du découpage de l'ancienne Province du Kivu intervenu en 1988 ;

20

En 2007, à la suite des combats, la région compte d'importants déplacements de la population52

En novembre 2008, des violents combats opposent entre les milices du Congrès National pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent NKUNDA à l'armée Congolaise dans la Province du Nord-Kivu. Différentes Organisations nationales qu'internationales ont dénoncés les violences des forces en présence contre les femmes et les enfants. Dès avril 2008, le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) avait déjà sonné l'alarme devant les déplacements massifs des populations qui fuient les violences.

Un accord de paix signé en 2003 avait formellement mis fin à des conflits des plusieurs années, si bien que l'on compte environs 1,5millions des déplacés à l'intérieur du pays tandis que quelques 350 000 Congolais ont fui leur pays53

En mai 2015, les rebelles ADF tuent près de 50 civiles dans le territoire de Beni (au Nord-Kivu) et d'Irumu (en Ituri)54

b. Situation géographique de la Province du Nord-Kivu

La province du Nord-Kivu est située à l'Est de la République Démocratique du Congo, d'une région Ougandaise et du Rwanda. Elle jouxte la Province de l'Ituri au Nord, la Province de la Tshopo et du Maniema à l'Ouest, et le Sud-Kivu au Sud, à l'Est, elle est limitée par l'Ouganda et le Rwanda.

c. Figure 2. Les Provinces et les pays limitrophes du Nord-Kivu

Source : la province du Nord-Kivu et ses limitrophes, image en ligne

Cette illustration nous explique que, la Province du Nord-Kivu et limitée à l'Est par l'Ouest de l'Ouganda, à l'Ouest par la Province du Maniema, à au Nord par la Province de l'Ituri, au Sud par la Province du Sud-Kivu, au Nord-Est par la Province de

52Fr.m.wikipedia.org, « HCR, le Nord-Kivu doit faire face au pire déplacement de personnes de ces trois dernières années » sur le site de nouvelle de l'ONU, publié le 21, septembre, 2007, consulté le 20, mai, 2022 0 17h19

53Fr.m.wikipedia.org, « Nord-Kivu, un million et demi des des personnes en fuite » sur l'agence de presse de vaticat. 54Fr.m.wikipedia.org, « RDC : près de 5O civiles tué au Nord-Kivu et en Ituri en une semaine » Radio Okapi, 9, mai, 2016.

21

l'Ituri, au sud-Est par le Rwanda, au Nord-Sud par la Province de la Tshopo et au Sud-Ouest par la Province de Maniema.

La province du Nord- Kivu est située à cheval sur l?Equateur. Elle est comprise entre 0° 58? de latitude Nord et 02° 03' de latitude Sud et entre 27° 14? de longitude Ouest et 29° 58? de longitude Est. Elle est limitée à l?Est par les Républiques de l?Ouganda et de Rwanda (Sud- Est), au Nord et à l?Ouest par la Province Orientale, au Sud-Ouest par la Province du Maniema et au Sud par la province du Sud- Kivu. Sa superficie est de 59.631 Km2, soit environ 2,5 % de l?étendue du territoire national55.

? Relief

Le relief du Nord- Kivu est très accidenté. L?altitude varie de moins de 800 m à plus de 2.500 m. certains sommets atteignent plus de 5.000 m. Ce relief est formé des plaines, des plateaux et des chaînes de montagne. Les laines alluviales s?étendent du Nord au Sud du Lac Edouard. Il s?agit, respectivement, des plaines alluviales de la Semliki et des Rwindi-Rutshuru. Les Rives occidentales du Lac Edouard se heurtent à un escarpement abrupt, dont le prolongement vers le Sud, en bordure de la plaine des Rwindi-Rutshuru est connu sous le nom d?escarpement de Kabasha.

La plaine alluviale de la Semliki est resserrée entre le prolongement septentrional de l?escarpement riverain du lac Edouard à, l?Ouest, et l?imposant massif de Ruwenzori (5.119 m) à l?Est. La plaine des Rwindi- Rutshuru se relève doucement, mais très régulièrement vers le Sud, où elle se heurte aux champs de lave qui la relaient vers le massif de Virunga, et particulièrement vers le groupe des volcans actifs dominés par le Nyamulagira (3.056 m) et le Nyiragongo (3.470 m).

? Climat

L?hétérogénéité du relief amène une grande variété de climats. D?une manière générale, on observe une corrélation étroite entre l?altitude et la température moyenne. En dessous de 1.000 m, cette température est voisine de 23° C à 1.500 m, on enregistre quelques 19° C et à 2.000 m, 15° C environ. La pluviométrie moyenne varie entre 1.000 mm et 2.000mm. Les précipitations mensuelles les plus faibles sont enregistrées entre janvier et février et entre juillet et août. Quatre saisons caractérisent le climat du Nord- Kivu : deux saisons humides et deux saisons sèches. La première saison humide se situe entre mi-août et

55 Division de l?Intérieur, Fiches techniques des Collectivités et Cités du Nord-Kivu, Juillet 1997.

22

mi-janvier et la deuxième va pratiquement de mi-février à mi-juillet. Quant aux deux saisons sèches, elles sont très courtes. La première est observée entre mi-janvier et mi-février et la seconde entre mi-juillet et mi-août.

+ Sols

Le climat d?altitude et le relief confèrent aux sols du Nord- Kivu une certaine complexité. On pourrait néanmoins diviser les sols du Nord- Kivu en trois grandes classes : Les sols volcaniques récents : provenant des coulées de lave de volcans. Les coulées récentes ne permettent pas encore à l?agriculture de s?y installer, tandis que dans les coulées plus anciennes, la lave est particulièrement décomposée et forme un sol parfois encore superficiel mais très fertile. Ces sols se retrouvent entre Goma et Rutshuru. Les sols des plaines alluviales : ces sols se retrouvent dans les plaines de la Semliki et proviennent des dépôts lacustres, de la rivière Semliki et de ses affluents. Les sols des roches anciennes : ces sols sont très profonds et riches en humus. Ils sont assez argileux et peu compacts et disposent, en surface, d?une importante réserve de matières organiques.

+ Végétation

Les principaux types de végétation de la Province du Nord- Kivu sont :

> Les savanes dominantes dans les plaines alluviales de la Semliki et de la Rutshuru.

> Les formations climatiques sclérophylles arbustives et forestières dans la plaine des laves au Nord du Lac Kivu.

> Les forêts ombrophiles de montagnes : sont observées essentiellement dans les massifs de Ruwenzori et Virunga. Ces forêts sont hétérogènes.

> Forêt équatoriale dans les Territoires de Lubero, Masisi, Walikale et Beni.

> sols des plaines alluviales : ces sols se retrouvent dans les plaines de la Semliki et proviennent des dépôts lacustres, de la rivière Semliki et de ses affluents. Les sols des roches anciennes : ces sols sont très profonds et riches en humus. Ils sont assez argileux et peu compacts et disposent, en surface, d?une importante réserve de matières organiques.

+ Végétation

Les principaux types de végétation de la Province du Nord- Kivu sont :

23

? Les savanes dominantes dans les plaines alluviales de la Semliki et de la Rutshuru.

? Les formations climatiques sclérophylles arbustives et forestières dans la plaine des

laves au Nord du Lac Kivu.

? Les forêts ombrophiles de montagnes : sont observées essentiellement dans les massifs

de Ruwenzori et Virunga. Ces forêts sont hétérogènes.

? Forêt équatoriale dans les Territoires de Lubero, Masisi, Walikale et Beni.

? Hydrographie

L?hydrographie du Nord- Kivu est dominée par l?existence de deux grands lacs à savoir lac Edouard et lac Kivu. Le lac Edouard : il a une superficie de 2.150 Km2 dont 1.630 Km2 pour la partie congolaise, avec une profondeur moyenne de 30 m. ce lac est très poissonneux et constitue une source importante de revenus pour les familles riveraines. Le lac Kivu : il est le plus haut de l?Afrique centrale parce qu?il se trouve pittoresquement situé à 1.460 m d?altitude dans la fosse limitée par les hautes volcans des Virunga. Sa superficie est de 2.700 Km2 pour la partie congolaise avec une profondeur moyenne de 285 m. Contrairement au lac Edouard, le lac Kivu est peu poissonneux.

Lukulu, Mbalukia et Mbila. Ensemble, ils couvrent une superficie de 86 Km2 et sont situés à côté du monastère du même nom, en chefferie de Bashali, Territoire de Masisi. Le réseau hydrographique comprend aussi les rivières suivantes : Rutshuru, Rwindi, Semliki, Osso et Lowa.

d. Subdivision administrative de la Province du Nord-Kivu

La Province du Nord-Kivu est subdivisée en trois Villes à savoir : Goma (Chef-lieu), Beni et Butembo.

En outre, elle compte six territoires.

Tableau N°01. Les territoires du Nord-Kivu

Désignation

Chef-lieu

Superficie/Km2

%

Territoire de Beni

Oicha

7 484

12,63

56 BASEME AMISI, 2008, Cours inédit de Géographie, 5ième année primaire, EP KABAMBA,

57Rapport annuel, Division provincial de l'intérieur, 2015

24

Territoire de Lubero

Lubero

18 096

30,54

Territoire de Masisi

Masisi

4 734

7,99

Territoire de Nyiragongo

Kibumba

163

0,27

Territoire de Rutshuru

Rutshuru

5 289

8,94

Territoire de Walikale

Walikale

23 475

39,62

TOTAL

59 241

99,99

Source : cours de géographie

La lecture de ce tableau nous montre que, sur 59 241km2 que compte la Province du Nord-Kivu, le territoire de Beni représente 7 484 km2 soit 12,63%, le territoire de Lubero représente 18 096 km2 soit 30,54%, Le territoire de Masisi 4734 km2 soit 7,99%, le territoire de Nyiragongo représente 163 km2 soit 0,27%, le territoire de Rutshuru représente 5289 km2 soit 8,94% et le territoire de Walikale représente 23 475 soit 39,62%.

Tableau N°02. Situation démographique de la Province du Nord-Kivu

TERITOIRE/VILLE

Nombre d'habitants en 2015

%

01

Ville de Beni

355 289

4,4

02

Ville de Butembo

744 868

8,22

03

Ville de Goma

876 707

10,86

04

Territoire de Beni

1 278 427

15,83

05

Territoire de Lubero

1 333 423

16,52

06

Territoire de Masisi

709 925

8,79

07

Territoire de Nyiragongo

147 260

1,82

08

Territoire de Rutshuru

1 620 441

20,07

09

Territoire de Walikale

1 004 541

12,44

TOTAL DE LA PROVINCE

8 070 878

98,06

Source : rapport annuel, Division provincial de l'intérieur, 2015

De ce tableau, nous trouvons que sur 8 07878 habitant qui étaient au Nord-Kivu en 2015, y avait 355 289 habitants soit 4,4% dans la ville de Beni, 744 868 habitants soit 8,22% dans la ville de Butembo, 876 707 habitants soit 10,86% dans la ville de Goma, 1 278 427 habitants soit 15,83% dans le territoire de Beni, 1 333 423 habitants soit 16,52% dans le territoire de Lubero, 709 925 habitants soit 8,79% dans le territoire de Masisi, 147 260 habitants soit 1,82% du territoire de Nyiragongo, 1 620 441 habitants soit 20 ,07% du territoire de Rutshuru et 1 004 541 habitants soit 1,44% du territoire de Walikale.

Organisation administrative

25

C?est par le décret du 1er août 1888 que l?Etat Indépendant du Congo fut subdivisé en onze districts. Le Nord-Kivu appartenait en ce moment-là au district de Stanley-falls. En 1889, Stanley-falls devient Province Orientale avec comme Chef-lieu Stanley Ville (Kisangani aujourd?hui).58

Les premiers territoires furent créés entre 1912 et 1914 et étaient dénommés soit par le nom du chef-lieu, de l?ethnie, d?un cours d?eau, soit d?un élément géographique du paysage. En 1939, le Kivu bénéficie du statut de district pour devenir Province en 1951.

C?est alors que le Nord-Kivu devient à son tour district en 1956, il est découpé en 6 territoires à savoir Beni, Lubero, Rutshuru, Goma, Masisi et Walikale. Le chef-lieu était Goma.59

De par la loi du 14 août 1962, tous les districts de la République du Congo sont restitués en Province, donc le Nord-Kivu fait partie. Après l?avènement de Mobutu au pouvoir le 24/11/1965, les anciens districts reprennent leurs statuts et le Nord-Kivu reste rattaché comme district au Kivu.

La Province est gérée par un Gouverneur de Province assisté de deux Vice-Gouverneurs dont l?un est chargé de l?Administration et de la Politique et l?autre, de l?Economie, Finances et Développement. Les Mairies existent dans les trois villes du Nord-Kivu, à savoir Goma, Beni et Butembo. La mairie est gérée par un Maire assisté de deux Vices- Maires dont l?un chargé de l?administration et l?autre de l?Economie et Finances. Les six territoires ont, chacun à sa tête, un Administrateur du Territoire (AT) et un Administrateur du Territoire Assistant Principal (ATAP)60.

Caractéristiques socio-culturelles

La dispersion des Bandes Armées incontrôlées dans toute la Province a provoqué un grand mouvement de la population de l?intérieur vers les grands centres. Les Territoires de Rutshuru, Masisi Et Walikale sont les plus touchées dans la province du Nord-Kivu.

La population en charge (inactive) entre 0 et 18 ans et celle âgée de plus de 55 ans, celle-ci représente 62,9% du total des effectifs. Ainsi, il n?y a 37,1% de personnes qui ont

58 BAKUTU MAKANI, Rapport technique de synthèse de la Région du Nord- Kivu, Kinshasa, septembre 1990.

59 BAKUTU MAKANI, Rapport technique de synthèse de la Région du Nord- Kivu, Kinshasa, septembre 1990.

60 Idem

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la charge de tout le monde au niveau de la satisfaction des besoins vitaux et socio-économiques de la collectivité. Il faut également souligner la population à l?âge préscolaire : 20,52%.

La plupart des immigrants dans le Nord-Kivu proviennent de l?Est de l?Afrique, notamment du Rwanda et du Burundi et ceci depuis 1927. En raison de difficultés foncières dans les dits pays, ces immigrants se dirigent dans les zones où se trouvent implantés leurs congénères, notamment Rutshuru, Masisi, Walikale Et Goma. Jusqu?en 1955 où l?on a stoppé l?immigration à partir du Rwanda au moins 170.000 personnes étaient déjà implantées, au lieu de 60.000 initialement prévues par le colonisateur.

Ce mouvement se poursuit et en 1989 le résultat du recensement administratif a relevé une population de 448.391 immigrés contre 2.135.434 autochtones soit 17%. En 1994 on est passé à 548.342 contre 2.627.437 nationaux, soit 17,26% de la population totale.

L?afflux des réfugiés Rwandais en Juillet 1994 aurait encore quadruplé ces effectifs, car les estimations des réfugiés à cette époque étaient au-delà d?un million des réfugiés. Au niveau des échanges migratoires inter-régionaux, les résultats du recensement scientifique 1984 ont montré que c?est surtout les populations du Kasaï Oriental qui déferlaient dans l?ancien Kivu. Et aujourd?hui pour le Nord- Kivu, ce sont toujours les mêmes Kasaïens avec les Bashi du Sud-Kivu, les Banyarwanda du Rwanda et les gens de Maniema61.

Structure de la société

La société est structurée d?une manière traditionnelle avec le pouvoir coutumier qui s?organise au niveau de la Collectivité Chefferie ainsi que d?une manière moderne avec les structures politico- administratives. La Collectivité Chefferie est dirigée par le MWAMI (qui est souvent le chef de la tribu) dont le pouvoir se transmet par filiation directe ou sanguine selon les traditions établies par la coutume. C?est le cas des Collectivités- Chefferies de BAKUMU dans le Territoire de Nyiragongo, Chefferie des TALINGA, PIRI dans le Territoire de Beni, SWAGHA, TANGI dans le Territoire de Lubero, BAHUNDE dans le Territoire de Masisi.

Le Mwami est secondé, entouré et conseillé par les notables qui constituent une cour des Sages. Il est le gardien et le dépositaire des traditions de la Collectivité.

61 Cabinet du Gouverneur, Rapport final de la conférence provinciale sur la reconstruction du Nord-Kivu, , janvier 1998.

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Il existe dans les populations autochtones de la Province du Nord- Kivu des Pygmoïdes, des Bantous et des Nilotiques. La race pygmoïde comprend les MBUTE qui occupent la partie forestière du Nord- Kivu où ils pratiquent la chasse et la cueillette dans le cadre d?une vie de nomadisme. On les retrouve dans les Territoires de Masisi, Beni, Rutshuru et Lubero et Walikale. Leur mode de vie est en recul à cause de la destruction de l?habitat naturel (forêt) et aussi de l?influence de tribus bantoues voisines. Les PIRI (Territoire de Beni) sont plus réceptifs à cette évolution car on rencontre de plus en plus d?agriculteurs parmi eux.62

Les Bantous constituent la majorité de la population autochtone du Nord- Kivu. Ils sont essentiellement des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et artisanats. Ils sont présents dans tous les Territoires et Communes de la Province. Les Nilotiques, essentiellement composés des Tutsi, sont éleveurs et artisans dont l?aire d?occupation s?étend dans la Ville de Goma, les Territoires de Rutshuru et Masisi.

? Minorités ethniques

Les Ethnies MBOBA, TALINGA, TEMBO et BATWA compte tenu de leur importance démographique, regroupent un pourcentage faible de la population autochtone. Et par conséquent peuvent être considérées comme des groupes ethniques minoritaires dans la Province63.

? Le régime foncier

Le régime foncier au Nord-Kivu reste encore du type féodal. La gestion des terres, pour une meilleure productivité agricole et animale, et la détermination des réserves forestières exigent une réforme agraire qui définirait les limites du pouvoir des chefs coutumiers et des notables sur les terres non domaniales, pour ainsi dire appliquer la loi foncière. Etant donné que c?est un problème d?ordre culturel, il faut des études approfondies en vue d?envisager à juste titre les meilleures stratégies de vulgariser la loi foncière auprès des Notables en faveur des populations et l?expansion de l?agriculture, de l?élevage et de la conservation de la forêt. L?impact des études est très certain pour la modernisation de

62 . Conseil Régional de Planification, Cadre de référence pour le développement socio-économique de la région du Nord-Kivu, Goma, février 1995.

63 Léon de Saint Moulin et Boute J., Perspectives démographiques régionales 1975-1985, Kinshasa 1975

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l?agriculture, de l?élevage et pour la promotion du tourisme pour certains sites et l?aménagement de nouvelles aires de peuplement.64

? Avant la colonisation

La terre était une propriété collective. Il n?y avait pas d?hommes et de femmes sans terre, ni de propriétés foncières, la terre appartenait à tous. Par la suite avec l?accroissement démographique, les agriculteurs ont émigré vers les terres encore libres sur lesquelles les premiers venus devenaient automatiquement propriétaires.

? Après l?indépendance.

Six ans après l?indépendance, le 7 juin 1966, BAKAJIKA introduit une loi portant son nom «Loi BAKAJIKA» pour essayer de ramener le régime des terres de la République au système agraire qui faisait des terres une propriété collective dont le gestionnaire est l?Etat. Aujourd?hui, nous assistons à une situation en l?envers, retour anarchique à la coutume. Ceci a entraîné la destruction méchante des anciennes réserves forestières, des forêts naturelles et des parcs. L?exode rurale engendre la promiscuité dans nos Cités et Villes : Beni, Lubero, Kayna, Kirumba et Kanyabayonga.

Vu ce qui précède, si une réforme agraire judiciaire et énergique n?est pas entreprise le plus rapidement possible, le risque d?un mouvement comme celui en cours au Zimbabwe est très grand dans un avenir très proche. Le pouvoir coutumier reste interpellé. Car, en effet, il n?existe pas de chef coutumier sans terres et sans hommes.

Situation économique : l'économie de la Province du Nord-Kivu accroit essentiellement à travers l'agriculture, l'élevage, la pêche, le tourisme,...

Les forêts du Nord-Kivu

La République Démocratique du Congo regorge d?une bonne partie des forêts du bassin du Congo, le 2ème poumon du monde. Aussi, faut-il noter que les forêts en RD Congo occupent près de 52 % de la superficie nationale et 46 % des forêts du bassin du Congo65.

64 Division de l?Intérieur, Rapports annuels 1990-1991-1992-1994 des entités administratives décentralisées du Nord-Kivu (Villes, Zones et Collectivités).

65 KATSUSI ET KAHAVI, Les zones agro bioclimatiques du Nord-Kivu, Goma, 1999.

La combinaison des différentes altitudes, avec l?emplacement du massif de Ruwenzori au point où se rencontrent les zones floristiques soudano- guinéennes et de

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Au Nord - Kivu, on distingue essentiellement deux types de forêts localisées sur le versant occidental des Monts Mitumba. D?abord, la forêt ombrophile de montagne située entre l?humidité atmosphérique élevée, la température moyenne relativement basse (15 - 18° C) et les brouillards fréquents. Ensuite, la forêt ombrophile ou semi - décidue équatoriale aux altitudes inférieures à 1.700 m, avec une bande de transition entre 1.700 et 1.200 m d?altitude vers la grande forêt de la cuvette centrale du Congo.

A l?Est de la Province du Nord - Kivu, sur le versant oriental des Monts Mitumba se trouvent deux autres types de forêts : la forêt sclérophylle du Graben aride et les formations subalpines des hautes montagnes (Ruwenzori).

? Parc National des Virunga

Il a été créé par le Décret Royal du 21 avril 1925 par le Roi Albert 1er dans le but de protéger la grande biodiversité faunique et la flore attrayante que l?on rencontre dans cette partie du Nord-Kivu, mais aussi pour mettre ces ressources naturelles au service de la science. C?est le plus ancien parc naturel d?Afrique.

Le Parc National des Virunga a le statut de réserve naturelle intégrale et est géré en vertu de l?Ordonnance-loi n° 69-041 du 22 Août 1969 relative à la conservation de la nature. Il est reconnu par l?UNESCO comme patrimoine de l?humanité.

Il y a une superficie de 780.000 hectares dont 95% se trouvent dans la Province du Nord-Kivu et le reste dans l?Ituri (Province Orientale). Avec quelques 500 gardes pour surveiller le parc des Virunga, qui a une longue frontière avec le Rwanda et l?Uganda, la tâche n?est pas facile à cause de l?insuffisance des moyens financiers , matériels et/ou humains dont dispose l?Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Ainsi, chaque garde est chargé en moyenne de la surveillance de plus de 1.500 hectares.

Il renferme des volcans en activité et des volcans éteints, des champs de lave de divers âges, le massif de Ruwenzori dont les sommets les plus hauts se trouvent à 5.000 m, et une diversité de formations végétales. La flore se diversifie de l?extrémité sud du parc, où règne la savane avec des incursions de forêt fluviale, à l?extrémité nord, où une forêt sèche fermée est dominée par l?Euphorbia dawei.

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l?Afrique orientale, donne une diversité végétale forte intéressante. La diversité faunique est composée des troupeaux d?éléphants, d?hippopotames et de buffles, des familles de gorilles de montagne, des déclins (lions, léopards) et des oiseaux (profil écologique du Zaïre, 1988).

Les installations touristiques sont assez bien développées et un excellent hôtel moderne à la Rwindi assure une base confortable à partir de laquelle on peut faire des excursions sur les routes et les pistes du parc. Des guides officiels obligatoires sont mis à la disposition des visiteurs afin de les guider et d?assurer leur sécurité. Il y a aussi une station de recherches à Lulimbi, sur les rives du lac Edouard, où sont menées des études sur la flore et la faune du Parc des Virunga, mais également sur les oiseaux migrateurs régionaux et eurasiens qui font l?objet de bagage et de suivi.

Cette diversité biologique est menacée par les actions anthropiques diverses : agriculture, élevage, braconnage, feu de brousse incontrôlé, exploitation forestière pour l?énergie-bois, etc. L?afflux massif des réfugiés rwandais a eu un effet multiplicateur sur les menaces susmentionnées.

? Parc National de Kauzi-Biega

Le Parc National de Kauzi-Biega a été créé par l?Ordonnance-loi n° 70-316 du 30 novembre 1970 et l?Ordonnance-loi n° 75-238 du 22 juillet 1975 en a modifié les limites. Il a une superficie de 600.000 hectares dont les trois quarts se trouvent dans la Province du Sud-Kivu et constituent la partie opérationnelle du parc. Il est reconnu par l?UNESCO comme patrimoine de l?humanité.

Il attire les touristes à cause de sa richesse en grands mammifères et aussi à cause d?une végétation attrayante, étagée selon les limites altitudinales. Son principal attrait est sans aucun doute la population des gorilles de montagne, dont quelques groupes se sont si bien habitués à la présence de l?homme qu?il est possible de s?en approché (profil écologique du Zaïre, 1988).

Compte tenu de la proximité de la Ville de Bukavu de ce parc (environ 50 Km), il n'y a pas d?aménagements hôteliers, mais il existe un camp de base pour les gardes forestiers dont le nombre s?élève à une soixantaine, soit environ 10.000 hectares à surveiller

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par garde. Les principales menaces observées au Parc de Kauzi-Biega ont trait au braconnage et à l?empiétement des populations locales pour les terres agricoles.

? Parc National de Maiko

L?Ordonnance-loi n° 70-317 du 30 novembre 1970 porte création du Parc National de Maiko qui s?étend sur trois provinces administratives (Province Orientale, Maniema et Nord-Kivu), avec une superficie de 1.083.000 hectares dont le cinquième se trouve au Nord-Kivu.

C?est un grand parc pratiquement non aménagé et considéré comme l?une des six forêts équatoriales primaires encore vierges. Entre la forêt ombrophile de la Cuvette Centrale et la forêt de montagne de hautes terres de la partie orientale du Nord-Kivu, cette forêt dense et humide se trouve entre 700 et 1.300 m d?altitude.

L?absence totale des routes, une très forte pluviosité (il n? y a pratiquement pas de saison sèche) rendant les pistes impraticables et l?éloignement des villes et agglomérations ont protégé le parc de Maiko. Parmi la faune de Maiko, on trouve trois sortes d?animaux les plus rares au Congo : le gorille de montagne, l?okapi et le paon congolais. D?autres animaux représentés sont les céphalophes, les sylvicapres, les éléphants, les buffles de forêt et le léopard (Profil écologique du Zaïre, 1988).

Il n? y a aucune installation touristique dans le parc et la partie se trouvant dans la Province du Nord-Kivu est tellement enclavée qu?elle n?est pas opérationnelle. Néanmoins, on observe des actions de braconnage et de coupe de bois à une échelle réduite à cause de l?éloignement des centres de consommation des produits de chasse et d?exploitation forestière.

? Tourisme : Le Nord - Kivu est une province touristique par excellence de par la variété de faune et flore, mais aussi de son relief accidenté parsemé des lacs et des rivières. Il faut signaler que les routes sont dans de dégradation totale et l?accès aux différents sites est hypothétique.

Il est important de signaler que le tourisme a cessé au Nord - Kivu depuis les années 90 à cause de l?insécurité et les différentes guerres qui se sont succédé dans la Province. Ainsi les infrastructures touristiques ont cessé de fonctionner Division de l?Intérieur, Fiches techniques des Collectivités et Cités du Nord-Kivu, Juillet 1997.

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1.3. THEORIES SUR LE SUJET D'ETUDE

Le cadre théorique que nous élaborons, décrit les différentes variables qui peuvent influencer la vie des PAP -Babuluko face à la dynamique de la Foresterie Communautaire. Ces variables sont groupées en deux catégories :

1. LA FORESTERIE COMMUNAUTAIRE

Lorsque nous parlons de la FORCOM, nous entendons par là de donner le contrôle sur les ressources forestières aux communautés qui en dépendent pour leur subsistance en fin qu'elles puissent la gérer de manière responsable et inclusive. Des millions des personnes issus des pays en voie de développement (PVD) dépendent de leurs forêts pour leurs survies mais beaucoup n'ont pas de contrôles ou d'accès sur les ressources forestières.

Dans les régions comme le bassin du fleuve Congo qui est au côté des fleuves Amazoniennes, l'un des poumons verts de la planète à la biodiversité époustouflante, les communautés ont protégé leurs forêts depuis les générations mais elles sont expulsées de leurs forêts ancestrales.

Le principe de la FORCOM est que, les populations locales sont les mieux placées pour gérer les ressources dont ils dépendent pour leurs subsistances. Et si cela est fait de manière durable, la pauvreté sera atténuée, la mobilité sociale sera renforcée et la protection écologique sera réalisée66

La Foresterie Communautaire est aussi l'ensemble de pratiques, techniques et méthodes d'utilisation de la forêt et des ressources naturelles qui en dépendent et est règlementée par des textes juridiques précis, prévoyant la participation des communautés locales. Ceci est illustré par la phrase : « une communauté locale peut, à sa demande obtenir à titre perpétuel une partie ou la totalité des forêts protégées parmi les forêts régulièrement possédées en vertu de sa coutume » la Foresterie Communautaire est donc une responsabilité des Communautés Locales ou des peuples autochtones dans la gestion des espaces forestières et de leurs ressources (PFNL, Biodiversité animale, écotourisme, bois d'oeuvre...)67.

Le but ultime de la FORCOM est la réduction de la pauvreté en milieu rural en valorisant les ressources disponibles, les communautés peuvent générer les revenues pour

66Athziri G., 2019, CIFOR et UNIKIS, état actuel de la foresterie Communautaire en République Démocratique du Congo. 67Idem

6868Athziri G., 2019, CIFOR et UNIKIS, état actuel de la foresterie Communautaire en République Démocratique du Congo.

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financer les projets du développement Communautaire tel que la construction des infrastructures sanitaires ou scolaires.

En plus, la FORCOM peut améliorer la cohésion sociale par l'utilisation de l'approche participative, utilisée lors de la cartographie des concessions des forêts et ainsi résoudre les conflits fonciers internes et externes entre les communautés locales et leurs voisins.

Elle permet aux communautés locales et/ou autochtones de sécuriser leurs espaces coutumiers en obtenant une Concession Forestière de Communauté Locale (CFCL) à titre perpétuel, ainsi, elle peuvent les gérer de façon communautaire en vue de garantir leurs droits et de protéger leurs moyens de subsistance (alimentation, pharmacopée, source de matériaux pour l'habitat,...) en plus, en exploitant et valorisant les ressources disponibles, les communautés peuvent augmenter leurs revenues pour un développement durable68.

2. MODE DE VIE DE BATWA-BABULUKO

Terminologie :

Le terme Batwa (Pygmées) est un terme abstrait qui désigne les peuples de chasseurs-cueilleurs et d'anciens chasseurs-cueilleurs de petite taille vivant dans les forêts équatoriales et dans les régions voisines en Afrique du Centre. Ce terme est largement utilisé par les non-Pygmées, mais très rarement par les Pygmées eux-mêmes. Les étrangers l'utilisent souvent par dénigrement. La plupart des Batwa de la région des Grands Lacs n'aiment pas ce terme parce qu'ils ne l'entendent que dans le contexte d'insultes de la part de leurs voisins, mais les militants batwa ont tendance à l'approuver et à en faire usage. Ils voient un avantage à être identifiés aux premiers habitants de leur région et désirent se montrer solidaires des autres groupes pygmées d'Afrique du Centre.

De nombreux peuples pygmées préfèrent des étiquettes ethniques qui correspondent à des zones spécifiques de la forêt Bambuti, dans la forêt Ituri (République

démocratique du Congo [RDC]), Baaka, dans la forêt Lobaye (République centrafricaine
[RCA]), Bambendjelle, dans la forêt Ndoki (Congo-Brazzaville et RCA), etc. « Les Batwa de la région des Grands Lacs » sont un peuple pygmée, autrefois spécialistes de la chasse et de la cueillette dans les forêts des montagnes et des basses terres autours du lac Kivu dans l'Est de l'Afrique du Centre. Aujourd'hui les Batwa parlent plusieurs langues différentes et dans

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certains endroits ils prononcent leur nom « Barhwa » plutôt que « Batwa ». Dans le Nord-Kivu (RDC) certains Batwa utilisent indifféremment les termes Batwa ou Bambuti pour parler d'eux-mêmes. Certains chercheurs affirment que les Batwa ougandais préfèrent s'appeler Abayanda.

Malgré des appellations différentes, tous reconnaissent leur identité batwa et la majorité se font appeler Batwa. Le terme « Batwa » est porteur de la même ambivalence que le terme `Pygmée'. Seuls les tons de la voix et le contexte permettent de savoir s'il est utilisé de manière insultante ou respectueuse. C'est pour cette raison que certains Batwa du Burundi, qui se considèrent comme « développés », se sentaient insultés quand on les appelle Batwa et préfèrent le nom d'Abaterambere (le peuple qui avance). Dans le présent rapport, les conventions bantoues indiquant le pluriel et le singulier sont utilisées.

Ainsi, « Batwa » indique le pluriel et « Mutwa » le singulier. Le terme « twa » est

utilisé dans les langues bantoues d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne pour faire référence aux populations qui sont principalement des chasseurs-cueilleurs et d'anciens chasseurs-cueilleurs reconnus comme étant les habitants originaux de la zone en question et comme ayant un très bas statut social. On l'emploie pour les Pygmées en Afrique du Centre, pour :

- les Bochimans en Afrique australe et pour d'autres chasseurs-cueilleurs dans d'autres parties du continent. Des précisions géographiques sont dès lors nécessaires pour faire la distinction entre les différents groupes

- Les Batwa de la région des Grands Lacs et plus particulièrement ceux de la province du Nord-Kivu en RDC, les Pygmées Batwa qui font l'objet du présent travail vivent dans des constitue une minorité ethnique dispersée dans la province. Ils ne constituent ni une force ni un groupe politique important. Les Batwa se considèrent comme un peuple colonisé : tout d'abord par les agriculteurs puis par les pasteurs, et enfin par les Européens.

- Dans certaines zones, les Batwa ont défendu avec acharnement leurs forêts ancestrales contre les empiètements de ces envahisseurs mais, aujourd'hui, ils ont presque tous vu leurs forêts disparaître et leurs droits d'y vivre déniés. Chaque groupe colonisateur a fait peser une pression de plus en plus forte sur la forêt d'origine, en transformant la majeure partie en terres cultivées, en pâturages, en plantations commerciales et, plus récemment, en zones protégées pour les réserves de chasse et les exercices militaires. Bien que les Européens soient partis, la décolonisation reste un problème pour les

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Batwa. Les royaumes précoloniaux hautement organisés des pays de l'Est de la région (sud-ouest de l'Ouganda, Rwanda et Burundi) étaient dominés par des économies agricoles et pastorales extensives. Les relations entre les groupes proches, principalement Bahutu et Batutsi, étaient caractérisées par des relations de clientèle hiérarchisées. Les monarques, souvent des Batutsi, obligeaient les chefs et leurs lignées à leur rendre hommage et cherchaient à étendre leurs royaumes par la conquête. Dans ces régions, de nombreux Batwa furent incapables, aux dix-neuvième et vingtième siècles, de subsister uniquement grâce à la chasse et à la cueillette à cause d'une déforestation à grande échelle. Peu intéressés par des stratégies de subsistance requérant des investissements à long terme, de nombreux Batwa choisirent des activités économiques au revenu immédiat.

Ils sont devenus travailleurs du bois, rétameurs, forgerons, potiers, travailleurs journaliers, griots et artistes itinérants, et certains groupes sont devenus clients de chefs, servant dans les cours royales.

La vitesse de la déforestation et son subsistance varient en fonction de l'histoire et de la géographie. Dans la région du Kivu en RDC son impact est bien moindre que dans les pays de l'Est. La RDC a une histoire plus diversifiée, et une plus grande variété de groupes linguistiques, de structures politiques et des mouvements migratoires de la population. Le pastoralisme n'était pas pratiqué si extensivement, et la forêt, en particulier celle des basses terres, est encore présente de nos jours en de nombreux endroits de la région. De ce fait, aujourd'hui, les Batwa présents en RDC ont un accès bien plus important à la forêt et par conséquent une plus grande indépendance économique et une résistance plus efficace à la domination exercée par leurs voisins. Cependant, dans toutes les zones, les agriculteurs venus de l'extérieur se sont établis en bien plus grand nombre que les Batwa, qui ont été inclus dans la société dominante locale au niveau le plus bas.

Ce statut inférieur, leurs petit nombre et la dispersion de leurs communautés ont contribué à leur faiblesse politique extrême et aux sérieuses difficultés qu'ils ont rencontrées pour affirmer leurs droits et résister à l'expropriation et à la violence. Les Batwa ont été dépossédés de presque toutes leurs terres et ne jouissent pas d'un bail assuré pour ce qui reste. Mais cela ne signifie pas que leurs droits en tant que propriétaires de leurs terres soient forclos. Là où ils ont été dépouillés de leurs terres sans aucune procédure légale, en particulier à une époque récente, lors de la création des réserves de chasse et des zones de

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conservation, leurs droits fonciers pourront être, à l'avenir, revendiqués et testés aussi bien dans l'arène politique que devant les tribunaux. Les projets de conservation ont obligé les derniers groupes d'habitants de la forêt à quitter leurs forêts au début des années 1990. Sans consultation ni réparation, le droit à pratiquer leur culture traditionnelle a été dénié aux Batwa. L'économie d'artisanat des Batwa est devenue de plus en plus obsolète à cause des marchandises produites en masse et bon marché, et ils sont devenus plus dépendants de stratégies de subsistance marginales comme le travail journalier occasionnel ou la mendicité. En 1993, la mendicité était l'activité principale de 70 % des Batwa rwandais.

Le manque de sécurité des stratégies de subsistance des Batwa a contribué à leur appauvrissement et à leur marginalisation. Partout ils sont victimes de discriminations. Leur voisins ne mangent ni ne boivent avec eux, ne les laissent pas entrer dans leurs maisons, ni ne les acceptent comme partenaires sexuels ou comme époux. Leurs communautés sont séparées des autres groupes, obligées de vivre à la périphérie des centres de population.

Dans le contexte urbain, ces pratiques sont moins répandues, mais de nombreux préjugés fondamentaux subsistent contre les Batwa. Bon nombre d'autres communautés véhiculent des stéréotypes négatifs sur les Batwa, les méprisant comme des êtres `non civilisés' et une `race sous humaine', qui mangent une nourriture répugnante et qui manquent d'intelligence et de valeurs morales. Récemment, les Batwa ont été caricaturés comme braconniers, principalement de gorilles, par les médias occidentaux, comme dans le film hollywoodien Gorilles dans la brume, et par des agences pour la conservation de la nature qui veulent justifier leur déni d'accès à la forêt qu'ils habitaient traditionnellement.

Dans le contexte des guerres de la région des Grands Lacs, tous les belligérants véhiculent des stéréotypes négatifs envers les Batwa. C'est ainsi que les Batwa - communautés et particuliers - sont vulnérables face aux attaques des deux parties en conflit, ou sont contraints de prendre les armes. La situation générale des droits de l'homme dans la région est très mauvaise et, comme leurs voisins, les Batwa souffrent énormément pendant les guerres.

Cependant, en comparaison de leurs voisins, ils ont moins de ressources vers lesquelles se tourne en période de crise, les zones marginales qu'ils occupent ont connues des groupes armés qui cherchent à s'y dissimuler, et leur manque de soutien politique, ainsi que leur extrême pauvreté, les rendent vulnérables à la manipulation. Malgré leur marginalisation, certains Batwa de la RDC et du Rwanda ont réussi à fonder leurs propres organisations en

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1991. L'Association pour la promotion des Batwa (APB) au Rwanda, et le Programme d'intégration et de développement du peuple Pygmée au Kivu (PIDP-Kivu), ont été les premières organisations représentatives du peuple Batwa dirigées par les Batwa eux-mêmes. Elles ont été créées afin de promouvoir les droits fondamentaux des Batwa, et d'aider ces derniers à améliorer leur niveau de vie. Le courage et la persistance de ces associations a encouragé la formation d'autres groupes batwa et le début d'un réseau régional d'organisations de chasseurs-cueilleurs de la forêt à travers toute l'Afrique du Centre. Ces organisations ont commencé récemment à tisser des liens avec les communautés batwa et leurs associations autochtones naissantes au Burundi et en Ouganda. Des organisations internationales qui s'efforcent de soutenir les communautés batwa ont constitué un « Groupe de soutien Twa » afin d'assurer une communication efficace et de partager des informations entre eux, et pour éviter que leurs activités ne se chevauchent.

Les Batwa se sont à présent engagés dans un processus qui va leur permettre de se représenter eux-mêmes efficacement aux niveaux local, national et international. Ils ont connaissance du mouvement international d'aide aux droits des minorités et des autochtones et y participent. Bien que parlant différentes langues, en général celle du groupe ethnique dominant de leur zone, tous les Batwa de la région reconnaissent comme ancêtres communs les premiers habitants chasseurs-cueilleurs des montagnes qu'ils occupent et se réfèrent explicitement à ce passé pour mettre en valeur leur sentiment d'appartenir au même groupe.

Un peuple premier : « A propos de la République Démocratique du Congo, nos grands-pères nous disaient que les Batwa étaient ici bien avant les autres groupes ethniques. Ceux qui se sont assis sur les bancs de l'école le savent aussi. Quand les Bantous et les semis bantous disent «Les Batwa sont des potiers et n'ont pas de maison» c'est parce que les Batwa ont toujours été nomades. Quand un Matwa mourait, nous changions de campement le jour-même. Quand les Bantous sont arrivés ils ont entrepris de développer la terre, de planter et de cultiver. Tandis que nous les Batwa nous continuons d'errer avec des pots sur nos têtes

La vie des pygmées dans la région des grand lacs

Les Batwa ont continué à être méprisés parce qu'ils n'exerçaient qu'un seul métier, la poterie, comme une chèvre qui ne mange que de l'herbe. Les Batwa se définissent clairement comme un peuple autochtone, et partagent bon nombre des caractéristiques de ces peuples, qui sont énumérées à l'article 1 de la Convention N° 169 de l'Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux peuples autochtones et tribaux dans les pays

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indépendants. Les Batwa qui sont engagés dans le mouvement international pour les droits des peuples autochtones insistent sur le fait que leur place dans l'histoire de la région est unique. La région montagneuse et les zones adjacentes de la forêt des basses terres, autour du lac Kivu, en direction du sud, vers la pointe nord du lac Tanganyika, est aujourd'hui habitée par de nombreux groupes ethniques différents. Les Babembe, Bafuliru, Bahavu, Bahunde, Bahutu, Bakiga, Banande, Banyanga, Bashi, Batutsi, Bavira, Bayindu et Warega, par exemple - tous affirmant être originaires de l'extérieur de la région. Leur histoire orale raconte des migrations, des guerres et même des conquêtes.

Par contraste, les Batwa soulignent le fait qu'ils ne sont originaires de nulle part ailleurs, qu'ils n'ont pas d'histoire de migration, qu'ils sont le vrai peuple autochtone de cette région. Les Batwa insistent sur le fait que malgré l'indépendance vis-à-vis des Européens, ils restent un peuple colonisé, leur processus de décolonisation demeurant incomplet. Les traditions orales communes à tous les grands groupes ethniques de la région, ainsi que les historiens occidentaux, s'accordent pour dire que les Batwa étaient les premiers habitants de la région. L'obligation pour les chefs locaux d'être `intronisés' par les Batwa, puis de maintenir une présence permanente de Batwa à leur cour démontre par la suite à quel degré le statut des Batwa en tant que premiers habitants est traditionnellement accepté dans la région. Rituellement, les Batwa `donnaient l'autorisation' aux derniers arrivants d'utiliser la terre et légitimaient leurs souverains traditionnels.

Bien que de nos jours l'histoire soit un problème litigieux dans la région, peu de gens rejetteraient l'idée que les Batwa étaient les premiers habitants. Même dans les manuels d'école primaire en Ouganda, et en RDC les élèves apprennent que les Batwa (et les Bambuti) étaient les premiers habitants. Le fait d'être les premiers habitants implique des droits aux niveaux local et international. Les Batwa sont aujourd'hui des participants actifs au mouvement international pour les droits des peuples autochtones. Les Batwa du Rwanda ont assisté à la réunion du Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones pour la première fois en juillet 1994 et y ont participé régulièrement depuis. Des représentants de la communauté batwa congolaise ont aussi rejoint le Groupe de travail en juillet 1998.

Dans ces forums, les Batwa ont contribué à une compréhension internationale des problèmes des autochtones ainsi qu'à l'élaboration d'une politique internationale sur ces questions. Ainsi, les organisations autochtones batwa participent activement à la recherche du respect de leurs droits à leurs territoires, institutions et pratiques traditionnels, et à la

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promotion d'un modèle autochtone de développement et de conservation sensible du point de vue social et environnemental qui leur permette de maintenir leur identité et d'avoir plus d'influence sur leur avenir. Le contraste entre « assimilation », intégration à la société avec perte d'identité et « intégration »participation comme membres à part entière de la société tout en gardant leur identité.

Jusqu'à présent, les gouvernements africains se sont montrés peu disposés à reconnaître les droits autochtones dans le cadre `droits de l'homme' des Nations Unies. Cependant, les exigences croissantes des peuples autochtones quant au contrôle de leurs terres et de leur avenir sont conformes aux principes et aux exigences d'un Etat démocratique. La revendication des droits des peuples autochtones fournit une alternative importante aux conflits ethniques, offrant la possibilité de négociations et d'accords constructifs entre les Etats et les peuples. Le but du mouvement pour les droits des peuples autochtones est de permettre aux gens de protéger leur avenir sans recourir à la violence. L'importance de ce phénomène est reconnue par la plupart des bailleurs de fonds multilatéraux, des agences internationales de développement et de conservation, qui ont maintenant des politiques visant à assurer, au moyen de la consultation et de la participation, que les communautés autochtones n'aient pas à pâtir de leurs activités.

Cela a eu pour effet d'obliger de nombreux gouvernements Africains à prendre les droits des peuples autochtones avec un sérieux accru. Le présent travail est écrit sous l'angle aujourd'hui généralement accepté des droits de l'homme qui veut qu'il n'y ait aucune excuse au fait de traiter les chasseurs-cueilleurs et les anciens chasseurs-cueilleurs comme des `vestiges' arriérés et sans intérêt. Leur mode de vie et eux-mêmes ont droit à autant d'égards et de respect que n'importe quel autre mode de vie. Il n'y avait et il n'y a toujours rien à condamner dans le nomadisme forestier. Là où la forêt est encore présente, c'est un mode de vie valable dans le monde moderne, aussi capable de modernisation et de développement que tout autre mode de vie. Les Batwa, ceux qui utilisent la forêt comme ceux qui n'y ont plus accès, ont droit au respect de leur importance singulière dans l'histoire de la région en tant que premiers habitants, et en tant que peuple qui, à la différence de ceux qui sont venus plus tard, utilisait l'environnement sans le détruire ou lui causer de sérieux dommages. C'est uniquement grâce au soin qu'ils ont pris du pays dans le long terme que les nouveaux venus ont pu avoir de bonnes terres. En tant que membres individuels d'une minorité ethnique distincte, les Batwa ont le droit de s'intégrer dans la culture ou les cultures majoritaires ou de rester distincts, selon leur choix.

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L'exclusion forcée et l'assimilation forcée dans la culture dominante sont aussi inacceptables l'une que l'autre. En tant que citoyens des pays dans lesquels ils vivent, et en tant que citoyens du monde selon les déclarations internationales des droits, leurs droits à posséder des terres et d'autres propriétés, à pouvoir obtenir justice, à avoir accès à l'éducation, aux services de santé, à l'emploi et à d'autres bénéfices ne doivent en aucun cas être subordonnés à l'adoption par les Batwa de vêtements, discours, régime alimentaire, logement, métier, en un mot d'un style de vie jugé « conforme ».

Tableau N°3. Cadre opératoire

VARIABLES

INDICATEURS

VARIABLE INDEPENDANTE : Foresterie Communautaire

- Assurer la gestion durable des ressources ;

- Amélioration de la condition de vie ;

- Renforcement de la cohésion sociale ;

 

- Résoudre les problèmes des conflits

fonciers.

 

- L'appropriation de la FORCOM par la

 

Communauté Locale ;

 

- Une gestion responsable des ressources par

la communauté locale ;

VARIABLE DEPENDANTE

- Chasse

 

- Cueillette

La vie des peuples Bambuti-Babuluko

- Ramassages

 

- Nomadisme

 

- Petite taille

 

- Peuples méprisés et non intégrés.

Nous prenons la Foresterie Communautaire comme variable explicative et la vie des peuples Bambuti-Babuluko comme variable expliquée. Nous avons confronté la Foresterie Communautaire à la vie des peuples Bambuti-Babuluko.

Ainsi, la FORCOM est considérée comme une option stratégique pour assurer la durabilité sociale des peuples Mbuti-Babuluko c'est-à-dire, la gestion durable des ressources, l'amélioration de la condition de vie et le renforcement de la cohésion sociale des peuples Mbuti-Babuluko qui est un peuple nomade, non intégré, de petite taille, qui n'accède pas à l'éducation, vivant de la chasse, la pêche, la cueillette et le ramassage.

Néanmoins, toute ces caractéristiques des pygmées ne sont pas actuellement à généraliser car, on les considérait comme les infra humains mais actuellement au Nord-Kivu par exemple ils sont intégrés et défende leur droit.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus