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Déterminants de la dénutrition chez les détenus de la prison centrale de Kamina


par Robi MBUYA DYANDA
Ecole de santé publique de Kamina - Licence 2022
  

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INTRODUCTION

1.1. Etat de la question

La dénutrition est l'état du corps observé lorsqu'il y a un déséquilibre nutritionnel. Le corps reçoit, par l' alimentation, insuffisamment d'énergie, de protéines et de nutriments pour bien fonctionner et couvrir ses besoins (OMS, 2016).

Une appréciation de l'état nutritionnel ne se justifie que lorsqu'elle représente le point de départ d'une intervention. En d'autres termes, le diagnostic nutritionnel est une étape nécessaire du processus de planification (BEGHIN et al, 2008).

Les détenus sont une population particulièrement vulnérable à la dénutrition, avant même l'incarcération. Ils sont souvent dans des situations sociales très précaires, marginalisés, sans revenus et dans un état de santé fragilisé par la dénutrition chronique. En plus de tous ces facteurs de stress, leur état de détention n'est souvent pas conforme aux droits humains (Ashdown J et al, 2018). 

Toute la littérature montre que la dénutrition est causée par une combinaison de facteurs, faible revenu, analphabétisme, environnement malsain, services de santé insuffisants, habitudes alimentaires inadéquates, faible productivité agricole etc...., et que tous ces facteurs s'influencent réciproquement, mais de manière différente selon chaque situation particulière. La dénutrition a de multiples causes, et sa solution exige que l'on intervienne dans plusieurs secteurs (Hetzel, 2009).

Selon l'association médicale mondiale (2015), les détenus constituent un groupe à haut risque de dénutrition. La surpopulation, le confinement prolongé dans un espace restreint, peu éclairé, mal chauffé et par conséquent mal ventilé et souvent humide des conditions souvent associées à l'emprisonnement et contribuent à propager maladies et mauvaise santé. Lorsque ces facteurs sont conjugués à une alimentation inadaptée, les prisons constituent un problème majeur de santé publique.

Selon les récentes études réalisées par l'organisation mondiale de la santé, les causes de la dénutrition des prisonniers sont multiples. Les résultats de l'étude ont indiqué que, les populations carcérales sont généralement constituées par les couches les plus pauvres (83,2%) et les plus marginalisées de la société (81,6%), dont l'état nutritionnel est souvent précaire ou dégradé dès avant l'incarcération. Néanmoins, les conditions de détention et les problèmes découlant de la surpopulation carcérale, ainsi que les comportements à risque de certains détenus, contribuent à accroître les taux des morbi-mortalités nutritionnelles (OMS, 2017).

En Europe, les résultats des quêtes menées par le programme européen FOOD, stipule que depuis la crise économique de 2008, le nombre de détenus confrontés à la dénutrition augmente dans certains pays Europe. En 2013, 40 millions de détenus dans certains pays européen n'avaient pas accès à un apport énergétique quotidien suffisant (équivalent à 2 000 calories) (Food, 2015).

Au Brésil, une étude a été menée pour évaluer l'état nutritionnel des détenus dans les prisons de l'État de Rio de Janeiro. D'après l'étude,les détenus sous alimentés étaient jeunes (âge moyen : 30 ans), pauvres, majoritairement noirs et bruns (70,5%), avaient peu d'éducation (seulement 1,5% d'entre eux ont un diplôme d'études supérieures), et étaient en prison depuis plus de quatre ans. Parmi les problèmes qui affectent indirectement leur santé nutritionnelle, les auteurs ont soulignés la surpopulation (68,4%), la violence et les relations de conflit (52,1%), les problèmes respiratoires, tels que sinusite (55,6%), rhinite allergique (47%), bronchite chronique (15,6%), tuberculose (4,7%) et autres (11,9%) ; et les maladies de la peau. Malgré les exigences légales qui incluent les soins de santé en prison parmi les obligations du système de santé universel (SUS), les services sont rares et inefficaces et une cause majeure d'insatisfaction des détenus (Maria C et  Adalgisa P, 2019).

Dans les pays en voie de développement, la dénutrition est courante dans les prisons et augmente l'incidence de mortalité dans les milieux carcéraux. En Egypte, selon le rapport de l'organisation mondiale de la santé, plus de la moitié des détenus soit 62,8% sont gravement sous-alimentés (OMS, 2020). 

Selon une étude menée à Madagascar par Lantonirina R  et al (2019), la proportion de détenus sous-alimentés était de 38,4 %. L'âge moyen des détenus dénutris était de 38#177;1,6. Cependant, 59,2% des détenus dénutris n'avaient pas leurs familles sur place. Les facteurs liés à la dénutrition des détenus étaient la prise de deux repas par jour au lieu de trois, apport énergétique insuffisant, durée d'incarcération de plus de 10 mois, absence de famille visites et manque d'aide financière de la famille.

En Afrique du Sud, 34% des détenus hommes et femmes dans huit prisons étaient touchés par la malnutrition protéino-énergétique (Abouba, 2010). Selon l'Enquête Démographique et de Santé (EDS) réalisée entre 2013 et 2014, 56,7% des détenus souffraient de dénutrition (Indice de Masse Corporelle, IMC inférieur à 18,5 kg/m 2) (EDS, 2013-2014).

En Guinée, une enquête conduite en 2004 dans la prison dénommée Maison centrale a montré que 10 à 15 % des détenus souffraient de malnutrition ; chaque mois, sept détenus y mourraient, soit de malnutrition, soit des suites de maladies (Human Rights Watch, 2006). Souvent, les prisonniers comptent sur leur famille et leurs amis pour compléter le régime alimentaire carcéral (Atabay, 2006).

En République Démocratique du Congo (RDC), les ONG des droits de l'homme dénoncent la malnutrition dans les prisons. Les prisons de la RDC sont devenues des mouroirs, d'après les ONG de défense des droits de l'homme. Les conditions de détention laissent à désirer. Les prisonniers meurent souvent de faim à cause de la rupture de stock des aliments. Par ailleurs, la prison leur offre une nourriture de mauvaise qualité qui met leur santé et leurs vies en dangers. Cependant, des initiatives sont envisagées pour lutter contre la faim dans nos prisons (John Bompengo, 2020).

D'après une récente étude menée dans la prison centrale de Bunia, environ 10% des détenus présentaient des symptômes de dénutrition accompagnés de problèmes de digestion et de diarrhées. En décembre 2006, trois détenus étaient décédés par suite d'une malnutrition aigüe. Selon les auteurs, une alimentation pauvre et insuffisante accroît les risques de contracter une maladie et accélère sa progression. Elle entraîne également un état de dénutrition (IRIN, 2007).

A Mbuji-Mayi, l'étude menée par Kalonji MP et al (2018) stipule que la situation nutritionnelle dans les prisons des pays en développement nécessite une attention particulière et une évaluation de l'état de santé de la population carcérale. Selon les résultats des auteurs, l'âge des détenus dénutris variait entre 18 et 70 ans et la majorité (88.7%) était de sexe masculin. Au total, 24.0% de détenus présentaient une malnutrition sévère. Les détenus qui étaient en état de dénutrition modérée représentaient 62%. Au cours de l'étude, 75% avaient une durée de détention au-delà de six mois. les facteurs associés à la malnutrition sévère chez les détenus étaient essentiellement : la durée d'incarcération, l'origine du repas et la présence de TB, VIH et/ou infections intestinales.

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