Introduction
La Bourse des Valeurs de Casablanca, marché officiel de
négociation de différentes actions, représente le «
thermomètre » de l'économie nationale du pays,
contrôlée par Banque Al-Maghreb (BAM), qui est en plus de ses
missions traditionnelles, telles que l'émission des billets, le
contrôle de la politique monétaire du pays, il contribue aussi
bien au Maroc que dans le monde, à l'évolution et
l'épanouissement de l'économie nationale, surtout lorsqu'il
s'agit de l'esprit concurrentiel et compétitif des
sociétés, ainsi que leur ouverture au niveau international. C'est
pour cette raison que les sociétés ayant le même domaine
activité, ont regroupés dans des secteurs d'activité, en
créant des indices sectoriel, pour être soudées et bien
développées, pour pouvoir résister devant les crises
financières et les risques. Suite à l'avènement de
plusieurs crises financières dans le monde, la BVC est aujourd'hui de
plus en plus des entités clés du système financier dans
son ensemble. Nous allons dans ce chapitre présenter les faits
stylisés des principaux secteurs d'activité qui regroupent les
entreprises et sociétés cotées en bourse.
L'étude et la modélisation des séries
financières présentent un débat très
intéressant dans le domaine de la finance. De nombreux travaux de
recherche ont tenté de comprendre le comportement stochastique des
séquences financières. À cet égard, on peut citer
Cont (2000) et Swell (2011). Ces deux articles mettent en lumière les
principales propriétés empiriques observées sur la plupart
des marchés financiers. Les pics fins et
l'hétéroscédasticité sont l'un des points forts de
la série financière.
Au terme de ces études, les auteurs mettent en
évidence des propriétés atypiques par rapport à la
distribution normale des rendements financiers en série. En fait, les
queues de la distribution des récompenses semblent être plus
épaisses que celles de la régularité normale. Ceci est
donné par le coefficient d'aplatissement qui affiche une valeur
supérieure à 3 (la valeur lorsque le coefficient d'aplatissement
est normal). La leptokurticité est l'un des aspects complexes des
marchés financiers. Il est souvent utilisé pour
caractériser la distribution non normale des rendements boursiers.
Concernant l'hétéroscédasticité,
ce phénomène a été introduit pour la
première fois par Engle (1982) et transformé par l'existence de
l'effet autorégressif à volatilité conditionnelle (effet
ARCH) généralisé par Bollerslev (1986) avec le processus
GARCH.
L'objectif principal de ce chapitre est de présenter
ces faits stylisés, propriétés statistiques
communément observées sur le marché officiel des actions
au Maroc (BVC). À cet effet, nous allons mener une étude
empirique sur l'évolution de l'indice principal de la Bourse marocaine
« MASI » et clôturer les valeurs indiciaires des secteurs
d'activité des sociétés cotées en bourse entre le
1er janvier 2016 et le 31 mai 2022, soit 1596
valeurs.
Nous commençons par la mise en évidence des
faits stylisés des séries financières des rendements
géométriques des cours des indices sectoriels et de l'indice
principal « MASI », nous faisons une analyse graphique, descriptive
et économétrique de toutes ces séries, nous effectuons
aussi les tests de non stationnarité, de normalité,
d'autocorrélation et
d'hétéroscédasticité.
Mohammed EL MASSAADI FSJES-Agdal MSDG/Finance 2021-2022
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2.1. Complexité de la modélisation des
séries financières
Il est complexe de modéliser les séries
financières (prix d'action, taux d'intérêt, taux de change
etc...) par des modèles stochastiques linéaires comme les
modèles ARMA. Les séries financières se
présentant sous différentes formes selon la fréquence
d'observation (seconde, minute, heure, jour, etc.) se caractérisent par
l'existence de régularités statistiques connues sous le nom de
faits stylisés. Mandelbrot (1963) a mis en évidence un ensemble
de faits stylisés apparaissant plus ou moins nettement dans les
séries financières en fonction de la fréquence
d'observation ou périodicité de la série et de sa nature.
Les séries de prix d'actif et de rendements présentent
généralement un certain nombre de propriétés
similaires suivant leur périodicité.
Il existe beaucoup de mesures de rendement d'un indice
boursier, celle fréquemment utilisée est le rendement
géométrique ou le log-rendement, qui consiste à calculer
le logarithme du différentiel des valeurs en t et t
- 1 :
On définit donc le rendement de ce titre à
l'instant t par :
rt = log
|
(PP_t
t1 I avec t = 1, 2, ... n (1)
|
Avec :
rt : Le rendement géométrique
d'un titre au temps t.
Pt : Le prix d'un titre au temps t.
Nous raisonnons souvent sur les rendements logarithmiques
lorsqu'il s'agit de l'analyse des
séries financières, pour permettre la
comparaison avec d'autres séries financières. En outre, comme
nous allons voir dans la suite de notre étude, la série des
valeurs des actifs financiers n'est pas stationnaire, pour cette raison nous
passons à la différenciation logarithmique du premier ordre pour
rendre la série stationnaire, ce qui permet l'estimation des
paramètres du modèle retenu.
Dans ce qui suit nous présentons un certain nombre de
propriétés observées dans les actifs financiers.
Propriété 1 :
Stationnarité
v La série des prix (Pt) est non
stationnaire d'ordre deux.
v La série des rendements géométriques
(rt) est stationnaire d'ordre deux.
Propriété 2 :
Autocorrélations des carrés des
variations de prix
v La série ( rt2) des
carrés des rendements géométriques présente
généralement de fortes autocorrélations
v La série des rendements géométriques
(rt) est caractérisé par des
autocorrélations très faibles.
Propriété 3 : Queues de
distribution épaisses
Les tests classiques de normalité rejettent nettement
l'hypothèse d'une distribution normale. Les queues des distributions
empiriques des rendements sont généralement plus épaisses
que celles d'une loi gaussienne, on dit que la distribution leptokurtique.
Rappelons que la Kurtosis d'une variable aléatoire X
est le moment centré d'ordre 4 :
Kurtosis de X= 1.1.4 = E[(X -
E(X))4] (2)
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La Kurtosis est une mesure de l'épaisseur des queues de
distributions. Si la Kurtosis excède 3 (queues épaisses) la
distribution est dite leptokurtique, si la Kurtosis est inférieure
à 3, la distribution est dite platikurtique. Pour une loi normale, la
Kurtosis est égale à 3, la distribution est dite
mésokurtique
Une autre mesure équivalente est également
utilisée, le degré d'excès de Kurtosis définie par
:
Degré d'excès de
Kurtosis=
|
E[(X-E(X))4]
|
(3)
3
|
|
|
Cette dernière mesure se compare par rapport à
la loi normale qui se caractérise par une distribution à queue
plate avec un degré d'excès de Kurtosis égal à
0.
Propriété 4
: Clusters de Volatilité
On observe empiriquement que de fortes variations des
rendements sont généralement suivies de fortes variations. On
constate un regroupement des extrêmes en cluster ou paquets de
volatilités.
Ce fait stylisé remet en cause l'hypothèse
d'homoscédasticité généralement adopté dans
les modèles linéaires.
Propriété 6 :
Asymétrie
La distribution des cours est généralement
asymétrique, c'est à dire qu'il y a plus de mouvements forts
à la baisse qu'à la hausse
Un test simple de l'hypothèse de symétrie
consiste à tester la nullité du moment centré d'ordre
trois de la distribution, appelé la Skewness défini par :
La Skewness ???? ??= L?? = ??[(?? -
??(??))??] (4) Une autre mesure d'asymétrie est aussi
utilisée, le coefficient de Skewness défini par :
??[(??-?? (??))?? ] (5)
Coefficient de Skewness =
(??????(??))??
? Un coefficient positif indique une distribution
décalée à gauche de la médiane, et donc une queue
de distribution étalée vers la droite.
? Un coefficient négatif indique une distribution
décalée à droite de la médiane, et donc une queue
de distribution étalée vers la gauche.
|