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La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance

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par Ruth Mireille Manga Edimo
Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008
  

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B. Le SDF en terre étrangère

1. L'implantation du parti en France et en Grande-Bretagne

a. Le SDF en France

L'implantation s'est faite en deux étapes : d'abord la mise sur pied d'une première coordination, puis d'une seconde.

La première coordination

Elle naît en 1991, dans le but de répondre à la sympathie des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne, en accord avec cette fibre politique camerounaise. Ces dernières manifestèrent leur sympathie à travers l'envoi des messages de soutien, de dons, d'adhésions multiples. Conscient de l'enjeu que pouvait représenter cette population sur le plan stratégique, le leader du parti n'a pas hésité à prendre la décision de les associer. Et pour ce faire, le secrétaire national adjoint du parti à l'époque, Me Augustin Mbami en mission en France a initié en mai 1991, une rencontre avec les diasporas camerounaises ``amies du SDF''. Ceci a permis la mise sur pied de la coordination du SDF pour la France sous la direction de Léonard Njaboum. C'est cette coordination qui s'est chargée de l'implantation du parti en France.

Encadré 1

Rencontre de Cachan en avril 1993

C'est celle qui pose l'acte fondateur de la première cellule SDF de l'Ile de France. Elle débouche sur la création de la cellule Paris Sud, cellule pilote de l'implantation du parti en France. Par ces différents actes, le SDF pensait « réaffirmer la primauté du citoyen, le respect des droits de l'homme, droits civiques et politiques ». En effet, la communauté camerounaise en Europe devait se mobiliser « pour porter à la connaissance de l'opinion internationale la situation sociale, économique et politique » du Cameroun.

La seconde coordination

Après la création de la première coordination, la seconde coordination oeuvra surtout à la mise en place des structures du parti en France. Elle participa à la propagande, à la sensibilisation et devait inciter les Camerounais de France à adhérer au parti.

Pour la réalisation de cette tâche, l'implication du président national du Parti n'a pas été du reste. Invité dans la cellule Paris Sud lors de son séjour en France du 3 au 8 octobre 1993, le Chairman Ni John Fru Ndi, déclara que : « Vous êtes la première structure légale du parti en France et de ce fait, vous devez être le fer de lance du parti. Vous devez prendre votre bâton de pèlerin et sillonner la France afin d'y créer de nouvelles structures du parti... »126(*). C'est ainsi que le 8 octobre 1993, après un meeting à l'Orée du Bois (banlieue parisienne), le président national du SDF proposa à tous les militants qui l'ont rencontré, d'initier une réunion au cours de laquelle ils mettront en place une coordination chargée d'implanter le parti en France. Ainsi après plusieurs réunions, et celle du 3 décembre de la même année en particulier, les dirigeants et les sympathisants du SDF en terre française ont réussi à organiser les différentes commissions de la coordination, dont les réunions devraient désormais être convoquées par Paul Yamga-Tientcheu127(*). Il y eut un planning pour la sensibilisation -un groupe appelé « animation politique » chargé de la mobilisation (21 janvier à Lille ; le 29 janvier à Rouen ; le 12 février, retour à Lille ; et le 12 mars à Marseille) -un autre groupe « affaires juridiques », chargé de déposer auprès de la préfecture de Paris un dossier pour la légalisation du SDF en France128(*). Le 22 mars 1994, deux militants du SDF se sont donc présentés à la préfecture de police de Paris munis de leurs cartes de séjour, de l'acte constitutif du SDF en tant qu'association, et de deux exemplaires originaux des statuts du SDF129(*).

C'est le 13 avril 1994 que le parti fut légalisé en France, publié au journal officiel sous le n°1640 intitulé : « Front Social Démocratique (SDF) », avec son objet : « établissement au Cameroun d'une société juste, libre démocratique, fondée sur des principes démocratiques et le respect des droits de l'homme ; et le siège social : 118- 30, Avenue Jean-Jaurès, 75019. Cette légalisation du parti a créé une nouvelle dynamique au sein de la communauté camerounaise de France et d'Europe. Les instances dirigeantes du SDF /France se sentirent dès lors confrontées à un nouveau défi. 

b. Le SDF en Grande-Bretagne

L'installation du Social Democratic Front (SDF) en Grande-Bretagne suit plus ou moins la même trajectoire que celle de France. Des structures de base ou cellules, qui peuvent devenir sous réserve de l'accord du comité national exécutif, une province. Cependant, si en France seuls deux niveaux sont effectifs (la cellule et la province), en Grande-Bretagne, on peut distinguer l'existence de cellules, et sous-sections. De temps en temps, les membres du parti se réunissent sous forme de congrès ou conférence provinciale pour d'autres. C'est une assemblée qui réunit les membres des comités exécutifs des différentes cellules130(*).

2. Modes d'action du SDF

a. Les premières stratégies du parti en France

Dans l'accomplissement de ses activités à l'extérieur, le parti a adopté trois grandes orientations :- la communication - les explications politiques- la mobilisation. Selon les membres du SDF, « un parti qui ''aspire à prendre le pouvoir'' doit faire connaître son programme et ses grandes orientations non seulement au niveau de sa base, mais aussi à l'extérieur ». C'est dans cette optique que la communication s'est avérée importante. Elle suppose, pour le SDF deux politiques : nationale et internationale.

Les officiels du SDF dans les années 1990, ont eu pour principale priorité ''pallier à la carence d'information''. Il s'agissait de ''soigner l'image du parti''. Pour eux, les hommes politiques de la place de Paris de l'heure « avaient une si mauvaise image du SDF, qu'il s'imposait au parti d'aller vers ces derniers pour leur apporter d'autres sons de cloche que ceux entendus au travers des rapports officiels »131(*). C'est ainsi que communication et explications politiques devinrent un challenge, impliquant la mise en place d'un réseau de contacts au niveau des médias et des hommes politiques. Celles-ci permettraient à tout responsable du parti de passage en Europe de faire un point de presse, mais aussi de discuter de vive voix avec les leaders d'opinion.

La communication dans le SDF extérieur démarra dans les années 1990 avec les médias :- une interview le 26juillet 1994 sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI) ; à Africa n°1 les 15 et 16 octobre 1994 ; à la British Broadcasting Corporation (BBC) le 25 novembre 1994 -une interview accordée à « Jeune Afrique » n°1755 du 25 août-la parution de « SDF - France Echos » en Septembre 1994, bimensuel du parti entièrement conçu et réalisé par les militants du parti en France.

Pour ce qui est des explications politiques, les officiels du comité exécutif provincial en France ont commencé par initier des rencontres dans les différents ministères à savoir : au ministère des affaires étrangères, à la coopération ou encore au service Afrique de l'Elysée. Le choix politique fait de rencontres et d'échanges permettrait au SDF, d' « occuper quelques années plutard, une place considérable au Quai-d'Orsay, à la rue Monsieur ou à l'Elysée, ou encore dans les salles de rédaction des médias français »132(*). La mobilisation s'est également avérée prioritaire parce que, selon les membres SDF, « le parti ne pouvait tenir qu'en fonction du nombre et la qualité de ses militants ». Et, malgré l'enthousiasme manifesté ici et là par certains Camerounais de la diaspora pour le SDF, les adhésions spontanées étaient plutôt rares. Le comité exécutif du SDF en France multiplia ainsi les rencontres, les meetings, dans les principales villes de France afin d'inciter les sympathisants à adhérer au parti. Il faut dire cependant que les stratégies déployées par le parti dans les années 1990 ont plus ou moins évolué, les contextes ayant aussi changé. La priorité est donnée aujourd'hui à la mobilisation et à la sensibilisation. Ce ne sont plus les leaders de partis qui contrôlent et pilotent de l'intérieur. Les sympathisants du parti politique membres des diasporas camerounaises se mobilisent et prennent de plus en plus des initiatives. Les conditions pour leur émancipation ayant été créées, ils se prennent de plus en plus en charge eux-mêmes.

b. La nouvelle donne

La nouvelle donne a trait à l'exploitation des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) par les artisans du SDF, membres de la diaspora camerounaise, pour la diffusion de leurs différentes activités politiques. Cette diffusion est facilitée d'une part, avec la création d'un site web par le parti et d'autre part avec la publication par d'autres sites spécialistes de l'actualité politique camerounaise comme www.cameroun21.com.

i. Le site web du parti d'opposition SDF

Dénommé www.sdfparty.org, il existe depuis 2000. Sa page d'accueil est structurée ainsi qu'il suit : un espace pour :« le logo du parti - Forum de discussion- Email- Contact ». A gauche de la page, ce sont les différentes rubriques : - Siège et adresse téléphonique- Actualité du parti - textes de base- Adhésion - etc.-

A travers l'outil Internet, outil de communication et d'échange d'informations à l'échelle planétaire, les membres de la diaspora camerounaise sympathisants ou militants du SDF en France ou en Grande- Bretagne, une fois qu'ils disposent d'ordinateurs et sont connectés (on line) réussissent à débattre, échanger à distance des textes, des documents, des propos ou points de vue sur l'actualité et la vie du parti au pays. On ne saurait minimiser l'importance extraordinaire de cette innovation scientifique et technologique qui n'est pas sans impact sur la citoyenneté des Camerounais de Londres et de Paris qui veulent soutenir, critiquer ou accompagner le Social Democratic Front dans sa quête du pouvoir politique.

ii. L'intervention des militants externes dans la vie du parti

S'inscrivant dans la mouvance politique du pays, des militants du SDF résidant en Grande-Bretagne se sont mobilisés pour appeler leur président national au « réalisme ». La mobilisation avait trait à un point de vue de la diaspora camerounaise (membre et sympathisante du parti) sur la « coalition ». Leur souhait était que l'opposition aille unie aux élections présidentielles du 11 octobre 2004. Aussi, dépités par la situation créée au sein de la Coalition nationale pour la réconciliation et la reconstruction (Cnrr) du fait du retrait de leur chairman, une centaine de Camerounais, pour l'essentiel militants du SDF de Grande-Bretagne (SDF/UK) se sont rassemblés dans le centre de Londres vendredi 17 septembre 2004 pour exprimer leur mécontentement face à la sortie de leur leader John Fru Ndi de la Coalition. Réunis dans les jardins de Holland Park, non loin de l'ambassade du Cameroun à l'appel de Brice Nitcheu, coordonnateur de la Cameroon Diaspora Coalition et surtout, président du SDF à Londres (avant d'être exclu du parti tout récemment), des militants munis de pancartes, l'air très grave ont exprimé leur désaccord avec la direction de leur parti.

« Nous sommes très fâchés. L'opposition vient d'étaler ses limites, et notre Chairman porte une lourde responsabilité dans cette crise » a dit au journal Le Messager, le président du SDF de Londres133(*). Et d'ajouter « Nous voulons tout faire pour l'emmener à trouver un accord avec le candidat désigné par la Coalition. A notre avis, une candidature de John Fru Ndi à côté de celle de Ndam Njoya sera une faute politique très lourde qui ne servira ni les intérêts du SDF ni ceux de l'opposition, ni l'alternance souhaitée par les membres du parti. Seul le SDF ne gagnera jamais une élection au Cameroun...».

Au cours de cette mini-manifestation, les militants brandissaient des pancartes où l'on lisait « Fru Ndi et Ndam Njoya n'ont aucun autre choix que de s'unir » ou encore « Fru Ndi and Ndam Njoya must unite ». Accusant leur leader d'amateurisme, Emmanuel Kemta, secrétaire à l'organisation du SDF/UK a déclaré : « La sortie de la coalition de notre président national est une lâcheté. Il aurait dû rester dans la salle, essayer de faire changer les choses si tant qu'il y ait eu des manipulations, appeler le peuple dont il se revendique à témoin. Il est tard pour le SDF de reculer ». Et Brice Nitcheu a conclu « je ne battrai jamais campagne pour une candidature vouée à l'échec (...). Je fais appel au sens de l'honneur du Chairman. Un grand leader doit savoir être humble. »134(*). En effet, quand les Camerounais de la diaspora, militants et sympathisants du SDF ne font pas recours au site du parti, ils passent généralement par d'autres sites web proches de l'opposition tels que : le site du journal La Nouvelle Expression :''www.lanouvelleexpression.net'' ou des sites diffusant de manière générale l'actualité politique du pays comme ''www.cameroon-info.net''.

* 126 Paul Yamga-Tientcheu, Le SDF se meurt-il ? Le mal des oppositions africaines : cas du Cameroun, P. 36

* 127 Ancien président du SDF en France, Paul Yamga - Tientcheu est aujourd'hui, président d'un mouvement politique en France, dénommé Action citoyenne.

* 128 P. Yamga, op.cit., PP. 37-38

* 129 Ibid.

* 130 En France par exemple, la première conférence provinciale avait réuni 9 cellules : Grenoble - Lille -Marseille - Paris centre - Paris est - Paris sud - Paris nord - Rouen - Toulouse.

* 131 Les rapports officiels présentaient le SDF comme un groupuscule d'anglophones hostiles aux intérêts français et qui tentent d'organiser une partition du Cameroun aux fins de rattacher les provinces du Nord-ouest et Sud-ouest au Nigeria.

* 132 Paul Yamga-Tientcheu, op.cit., PP. 45-46

* 133 Le Messager du 21 septembre 2004.

* 134 AGA, correspondance particulière de Londres, du 21 septembre 2004.

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