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La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance

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par Ruth Mireille Manga Edimo
Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008
  

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F. APPROCHE THEORIQUE

Le cadre théorique qui sous-tend notre étude est celui du transnationalisme, de l'individualisme méthodologique et du constructivisme. Le modèle de représentation transnationaliste s'est d'abord imposé à nous par le sujet choisi. En étudiant les stratégies déployées par des citoyens d'un Etat en dehors de leur territoire national, ou encore dans les relations transfrontières, nous tombions directement dans le champ de la théorie transnationale. Celle-ci voit en l'Etat, un acteur parmi tant d'autres des relations internationales. Il y a dans le transnational la transcendance, le dépassement et le contournement de l'Etat ; mais aussi une centralité ou une prééminence de l'étatique qui en est le facteur régulateur et le cadre de déploiement a priori.

1. La théorie transnationaliste

La théorie transnationaliste est née dans le but de dépasser « l'égoïsme des intérêts nationaux par l'intégration de ces intérêts dans une société internationale inédite »49(*). En effet le transnationalisme regroupa quatre écoles distinctes mais unies par le même souci de se différencier du réalisme. Il s'agit du fonctionnalisme, l'école de l'interdépendance complexe, l'école de l'impérialisme, et surtout l'école du mondialisme, puisque c'est cette dernière qui est davantage explorée dans cette étude.

L'école du mondialisme constitua la plus fondamentale remise en cause du réalisme. Inis L. Claude ouvrit la voie en 1962 en publiant Power and International relations, une dénonciation véhémente de la politique de puissance50(*). C'est à sa suite que John Burton formalisa sa théorie de la « société-monde » destinée à briser le monopole étatique. L'auteur posa comme principe que l'Etat ne pouvait plus être considéré comme l'acteur unique, ou seulement essentiel de la vie internationale. Une pluralité d'acteurs aux statuts très divers, allant des organisations aux firmes multinationales, des organisations non gouvernementales aux mouvements de libération nationale entretient des liens multiples qui ne peuvent pas être envisagés à travers l'unique critère défini en terme de puissance. L'idée centrale de J. Burton réside dans la représentation de multiples liens transnationaux sous forme d' « une toile d'araignée », où chaque acteur est uni à tous les autres par un enchevêtrement d'interactions très diverses. Celle-ci permettrait de mieux saisir la multitude des transactions échappant aux rigidités des frontières physiques. De même, son recours aux instruments de la systémique donne la possibilité de diviser la « société-monde » prise dans son ensemble, en petites unités analysables. Les transactions héritées des ''issued systems'' permettent également de s'intéresser aux interactions multiples qui constituent la « toile d'araignée ». La société-monde de John Burton nous a paru intéressante dans la mesure où, l'échange devient le paramètre central de l'analyse et vise à satisfaire les ''besoins fondamentaux'' qui ne sont plus représentés par l'Etat, mais par les individus.

La publication française en 1987 de la « société des individus » de Norbert Elias a réhabilité dans une grande mesure cette « société-monde » trop marquée par le climat intellectuel des années 1960 et 1970. Repensant les rapports entre les individus et la société, la démarche de N. Elias repose sur le postulat selon lequel, « plus large est l'environnement social, plus nombreuses sont les possibilités d'individualisation offertes à l'homme. Le monde que l'auteur décrit n'est pas sans ressemblance avec la « toile d'araignée » de Burton. En prenant l'exemple du filet pour illustrer son propos, N. Elias affirme : « un filet est fait de multiples fils reliés entre eux. Toutefois ni l'ensemble de ce réseau, ni la forme qu'y prend chacun des différents fils ne s'expliquent à partir d'un seul de ces fils, ni de tous les différents fils en eux-mêmes ; ils s'expliquent uniquement par leur association ; leur relation entre eux. Cette relation crée un champ de forces dont l'ordre se communique à chacun des fils, et se communique de façon plus ou moins différente selon la position et la fonction de chaque fil dans l'ensemble du filet. La forme de chaque fil se modifie lorsque se modifient la tension et la structure de l'ensemble du réseau. Et pourtant ce filet n'est rien d'autre que la réunion de différents fils ; et en même temps chaque fil forme à l'intérieur de ce tout une unité en soi, il y occupe une place particulière et prend une forme spécifique »51(*).

Les relations de dépendance réciproque entre les individus et la société se retrouvent à l'échelle planétaire dans l'interdépendance des Etats qui, rapportée à l'échelle des individus, suscite le sentiment d'appartenance à une humanité globale. Téléphones, radios, charters, et tous les réseaux d'interdépendance entre les Etats ont abouti à ce que « les mailles du filet se sont resserrées à vue d'oeil au cours du XXème siècle »52(*).

2. L'individualisme méthodologique

L'individualisme méthodologique, en grande partie issu de la pensée wéberienne a occupé une place fondamentale dans notre étude. Privilégiant l'examen de l'action sociale menée à partir de valeurs multiples et refusant catégoriquement de déduire l'action, par exemple, de la fonction ou de tout autre déterminisme, l'individualisme méthodologique place au centre de sa compréhension du monde social les intentions des acteurs, en rejetant du même coup toute forme de pensée holistique selon laquelle le tout diffère de la somme des parties53(*). Ce paradigme s'est avéré important dans notre étude en ce sens que la transnationalisation de la vie politique camerounaise est une conséquence logique du comportement des individus de la diaspora camerounaise. De même, les structures étudiées dans ce travail ne pouvaient alors avoir une vraie signification qu'à travers une référence aux intentions et projets des acteurs.

3. Le constructivisme

Le constructivisme, approche épistémologique, de parenté phénoménologique, qui insiste sur le primat des représentations socialement constituées du réel, par opposition à une connaissance immédiate de ce réel, nous a permis de déconstruire certains textes et discours politiques et de mieux appréhender les attitudes de nos acteurs politiques des diasporas camerounaises. Le constructivisme est devenu une perspective analytique importante des relations internationales à la suite de la publication des écrits de Nicholas Onuf et Alexander Wendt au tournant des années 199054(*). Selon James March et Johan Olsen, le constructivisme désigne les théories qui s'intéressent à la structure sociale des relations internationales. Ces théories prétendent que les individus, plutôt que de chercher à maximiser les intérêts particuliers objectifs, adoptent le comportement qui leur paraît le plus correct ou le plus approprié dans une situation donnée, compte tenu de leurs liens identitaires avec telle communauté, à tel ou tel moment de leur vie. Les comportements des individus sont donc largement irrationnels, très différenciés et changeants55(*). La réalité des relations internationales est construite ou « coconstituée » selon l'expression de Katzenstein, Keohane et Krasner56(*) par l'interaction des comportements individuels et des institutions. Les structures ou institutions déterminent les identités, les intérêts et le comportement des individus ; mais ces derniers à leur tour créent, reproduisent et changent les structures institutionnelles de la société internationale57(*). Par ailleurs, le constructivisme ayant donné lieu à plusieurs interprétations, il nous semble important de préciser que notre étude est soutenue par le constructivisme social ou institutionnalisme réflexif de Marthe Finnemore58(*). Qualifié de « constructivisme conservateur » par Pettnam59(*), le constructivisme social accepte que les valeurs irrationnelles ou subjectives des individus influencent leurs comportements et les institutions de la société internationale. Il s'intéresse principalement aux aspects concrets ou tangibles de ces comportements qui peuvent être analysés à l'aide des théories rationnelles empiristes60(*).

* 49 Jean-Jacques Roche, Théories des relations internationales, Paris, Montchrestien, P. 53

* 50 Inis L. Claude (1962), Power and International relations, New-York, Random House.

* 51 Norbert Elias (1991), La société des individus, Paris, Fayard, PP. 70-71

* 52 Ibid., P. 216

* 53 Guy Hermet et al., op.cit., P. 138

* 54 Nicholas Onuf (1989), World of our Making : Rules and Rule in Social Theory and International Relations, Columbia, University of South Carolina press; Alexander Wendt (1992), «Anarchy is What States Make of It: The Social Construction of Power Politics», International Organisation (46,2), PP. 391-425

* 55 Diane Ethier (2004), Introduction aux relations internationales, Montréal, Presses universitaires de Montréal, P. 59

* 56 Peter Katzenstein, Robert Keohane et Stephen Krasner, « International Organisation and the Study of World Politics », in Internationational Organisation n°52, PP. 943-969

* 57 Diane Ethier, op.cit.

* 58 Martha Finnemore (1996), National Interests in international Society, Ithaca, University press.

* 59 Ralph Pettnam (2000), Commonsense Constructivism, New-York/Londres, M.E. Sharpe.

* 60 Voir Katzenstein et al., op.cit.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius