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La gestion transfrontaliere des ressources naturelles: l'accord relatif a la mise en place du tri-national de la Sangha (TNS) et son protocole d'accord sur la lutte contre le braconnage

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par Florantine Mapeine ONOTIANG
Université de Limoges - France - Master droit international et comparé de l'environnement 2006
  

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10.3 PARAGRAPHE 2- SUR LE PLAN SOCIAL

Les populations riveraines et autochtones ainsi que les sociétés forestières ont un rôle non négligeable à jouer afin de soutenir la lutte contre le braconnage dans le TNS. L'écotourisme, générateur de revenus, sert également à cette lutte, mais l'on devra trouver une solution efficace au conflit Homme/Eléphant qui persiste dans la zone.

A- Les populations riveraines et autochtones et les sociétés forestières dans la lutte contre le braconnage dans le TNS

1- L'implication des populations riveraines et autochtones dans la lutte contre le braconnage dans le TNS

Les populations autochtones des forêts du TNS sont essentiellement constituées des communautés des chasseurs-cueilleurs pygmées représentées par un groupe Bantou, les Aka Mbenzelé à Nouabalé-Ndoki et Dzanga-Sangha, et un groupe oubanguien, les Bakas (à Lobeké) et Bayakas ou Baakas (à Dzanga-Sangha)77(*).

Connaissant parfaitement la forêt dans laquelle ils viennent depuis toujours ces populations sont généralement utilisées par les grands braconniers venus de l'extérieur qui sollicitent leur assistance et aide dans la pratique de leur activité illégale, moyennant peu (tabac, alcool etc...).

Les autochtones et riverains de ces forêts pour la plupart illettrés n'ont pas conscience des conséquences de leurs actes sur la qualité de la faune à long terme, c'est pourquoi la première méthode utilisée dans le TNS afin de les impliquer dans la lutte contre le braconnage est la sensibilisation. Cette sensibilisation se fait d'abord à travers la création d'écoles grâce auxquelles la jeune population acquiert des notions élémentaires lui permettant plus tard d'intégrer et accepter la législation sur la faune et les principes de gestion durable. En ce qui concerne la population adulte, la sensibilisation se fait à travers des séminaires organisés par les ONG locales à leur intention et au cours desquels leur est démontrée l'importance de la conservation et la gestion durable de la faune.

Outre la sensibilisation, l'implication de la population locale dans la lutte contre le braconnage dans le TNS se fait également par sa participation active dans cette lutte. C'est ainsi que dans le cadre de PROGEPP développé en République du Congo, le dispositif d'écogardes qui assure une surveillance permanente à travers des patrouilles fixes et mobiles des UFA de la concession CIB est recruté exclusivement au sein de la communauté locale. Dans le parc national de Dzanga-Ndoki et la Réserve Spéciale de Forêt Dense de Dzanga-Sangha en République Centrafricaine, les guides touristiques, les pisteurs pour la lutte contre le braconnage, les porteurs et les gardiens sont essentiellement des Bayakas (ou Baakas), populations autochtones de la région. Ces fonctions sont assurées dans le parc national de Lobéké et sa périphérie par les pygmées Bakas.

2- La contribution des sociétés forestières dans la lutte contre le braconnage dans le TNS

Au sein groupe SEFAC/SEBAC, société d'exploitation forestière établie dans le sud-est du Cameroun inclus dans le TNS, une sensibilisation effective a été faite au niveau des employés pour éviter le transport du gibier issu du braconnage et d'autres produits qui en découlent sur le matériel roulant de la société.

Une initiative de WCS et du Ministère congolais des Eaux et Forêts dans les concessions forestières situées au sud et à l'est du parc national de Nouabalé-Ndoki a résulté à un accord conclu avec la société forestière CIB (PROGEPP) pour établir un ensemble de règles strictes de protection de la faune sauvage entre autres la création des unités de lutte anti-braconnage qui ont une mission de contrôle et d'application de la loi dans les limites de ces concessions. Ce qui s'est révélé efficace pour la protection du parc contre des pénétrations illégales, mais également pour la protection de la faune à l'intérieur de ces concessions contre une chasse commerciale non réglementée.

Ces sociétés forestières contribuent également au développement des sources de protéines alternatives avec la création des économats afin de mettre à la disposition des employés de la viande de boeuf, du poisson et d'autres protéines animales.

Pareille initiative n'existe pas en République Centrafricaine, car les deux sociétés forestières qui oeuvraient dans la zone incluse dans le TNS, la SESAM ( Société d'Exploitation en Sangha-Mbaéré) et la SBB ( Société des Bois de Bayanga) ne sont plus en activité depuis plus de deux ans. Mais il est à préciser que même quand elles étaient opérationnelles, ces sociétés n'avaient pas signé de convention de collaboration en matière de lutte contre le braconnage avec l'Etat sur le plan national, et encore moins sur le plan transfrontalier.

B- La promotion de l'écotourisme transfrontalier pour soutenir la lutte contre le braconnage dans le TNS

Dans les zones d'intérêt cynégétique du TNS ont été établies des concessions de safaris, qui offrent aux amateurs de chasse sportive la possibilité de s'y exercer. Les activités dans ces concessions ont favorisé l'éclosion de l'écotourisme dans la zone, car la beauté de sa flore et la richesse de sa faune présentées à la vitrine du monde, ont suscité un engouement et un déferlement croissant de touristes autres que ceux intéressés uniquement par la chasse, d'où l'intérêt du tourisme de vision que la législation congolaise définie comme toute action tendant à observer à pieds ou en véhicule la faune sauvage ou guider des expéditions en vue de sa chasse78(*).

Les objectifs assignés à la promotion de l'écotourisme dans le TNS sont non seulement de générer des revenus à partir d'une gamme de produits touristiques attractifs de qualité qui respectera l'intégrité écologique du complexe, mais surtout de stimuler et renforcer l'adhésion des populations locales à la conservation et à la gestion durable des ressources naturelles des aires protégées79(*). Ce nouveau mode de gestion durable de la faune, qui offre la possibilité aux acteurs de la lutte contre le braconnage dans le TNS d'attirer l'attention des populations de la région sur l'autre importance que peut revêtir celle-ci, a justifié que soit mis en place, en 1998 au Cameroun80(*) et en 2001 en République Centrafricaine81(*), un cadre juridique de l'exercice des activités touristiques.

La République Centrafricaine, dans le cadre du TNS, est celle ayant le plus évolué dans la promotion de l'écotourisme, pour avoir aménagé dans la Réserve Spéciale de Forêt Dense de Dzanga-Sangha des concessions de safari vision gérées par des personnes morales. Dans la saline de Dzanga, située dans le parc national de Dzanga-Ndoki, a été construit un mirador permettant l'observation en toute sécurité par les touristes, de la multitude d'éléphants qui la fréquente tous les jours. Le programme d'habituation des primates développé dans la bai Hokou permet aux visiteurs d'approcher le plus près possible des gorilles.

La République du Congo effectue encore une avancée timide dans le domaine du tourisme de vision. Bien que cette activité ait été évoquée depuis 1983 par le texte de loi régissant la conservation et l'exploitation de la faune sauvage, ce n'est qu'en 2001 qu'une étude expérimentale à été initiée dans le parc national de Nouabalé-Ndoki en s'inspirant de l'expérience centrafricaine. Ainsi depuis ce temps deux miradors ont été construits dans les bais Wali et Mbeli pour l'observation des grands primates et 4 bungalows, avec une capacité d'hébergement de 8 lits, construits dans le bai de Mbeli. Dans le triangle de Goualougo, où a été découverte une forte colonie de chimpanzé, est également développé un programme d'habituation des primates.

Le Cameroun, pour ce qui est du parc national de Lobéké et sa zone périphérique qui font partie de l'ensemble TNS, est avancé dans la concession des zones de safari chasse, mais traîne le pas quant à la promotion et le développement du tourisme de vison ou écotourisme. Lors de la réunion du CTPE qui s'est déroulée du 19 au 21 mai 2006 à Yokadouma, la partie centrafricaine a soulevé son désir de voir le Cameroun emboîter son pas et celui de la République du Congo dans la promotion de cette forme de tourisme, dans sa partie incluse dans le TNS, car l'écotourisme dans le TNS pourrait constituer une source de financement non négligeable des activités tendant à la réalisation de ses objectifs. Cette sollicitation a été favorablement accueillie par la partie camerounaise qui a promis s'y atteler afin de développer cette activité sur son territoire, car déjà, des miradors ont été construits dans le parc national de Lobeké pour permettre l'observation des grands mammifères.

Le CTPE a recommandé qu'à partir de l'exemple centrafricain, la commission socio-économique examine les possibilités du développement de l'écotourisme transfrontalier82(*).

Néanmoins, les difficultés qui se posent actuellement en République Centrafricaine et en République du Congo par rapport au développement de cette forme d'activité touristique, notamment celles relatives à la mise en place des structures d'accueil (hébergement, personnel qualifié, etc...) et du financement, sont les mêmes qui se poseront lors de l'expansion de l'écotourisme à toute la zone TNS.

C- La problématique du Conflit Homme/Eléphant dans le TNS

La conservation de la faune soulève une polémique lorsque les populations subissent les dégâts causés par les animaux sauvages.

Par conflit Homme/Eléphant, il faut entendre tous contacts entre l'homme et l'éléphant qui ont pour conséquence des effets négatifs à la préservation des éléphants ou à l'environnement, quant à la vie sociale, économique ou culturelle des humains83(*). La protection intégrale assurée par les parcs nationaux du TNS favorise l'accroissement de la population d'éléphants qui se déploient ensuite dans les zones périphériques et entrent ainsi en contact avec l'homme dont ils dévastent les cultures.

En RCA, le manioc doux ou rouge, qui peut être consommé immédiatement cru ou simplement bouilli, se fait rare dans la zone périphérique du parc national de Dzanga-Ndoki, car c'est l'espèce prisée par les éléphants.

Depuis novembre 2003, les éléphants causent des dégâts dans les plantations de cultures vivrières installées dans la localité de Libongo, aux abords de la Rivière Sangha servant de limites naturelles entre le Cameroun, la République du Congo et la République Centrafricaine. Ces agressions ne s'arrêtent pas toujours au niveau des cultures, car deux prospecteurs forestiers travaillant dans une société d'inventaire d'exploitation d'essences ligneuses au compte du groupe SEFAC/SEBAC, ont été agressés et même tués par les éléphants dans cette localité de Libongo84(*).

En République du Congo, Bomassa, le village le plus proche du parc national de Nouabalè-Ndoki est la zone du TNS la plus touchée par les actes dévastateurs des éléphants. La première invasion du village a eu lieu en 1951 et face à l'intensification du braconnage les éléphants ont abandonné les zones proches des activités humaines pour se réfugier dans les zones plus inaccessibles à l'homme. Mais depuis la création du parc national, le taux de fréquentation des éléphants s'est encore accru aux alentours du village.

Aucune solution efficace et définitive n'a encore été trouvée à la résolution de ce conflit dans le TNS, bien qu'au niveau local des tentatives ont été faites pour éloigner les éléphants des zones habitables sans porter atteinte à leur intégrité. C'est ainsi que par exemple dans la zone du parc national de Lobéké, face à l'invasion des éléphants des balles sont tirées en l'air afin de les éloigner, mais sans trop de succès. C'est la même méthode qui est employée à Bayanga, en République Centrafricaine, afin d'éloigner les éléphants qui se rapprochent des habitations.

A Bomassa, en République du Congo, des champs expérimentaux ont été établis afin de trouver une méthode plus efficace pour empêcher les dommages aux cultures par les éléphants, la méthode fondamentale consistant à clôturer les champs de câbles métalliques surmontés d'un dispositif acoustique dissuasif formé de boîtes vides ficelées.

Section 2- Le renforcement des capacités des acteurs de la lutte contre le braconnage dans le TNS

Face à l'ampleur de la menace que constitue le braconnage dans le TNS, les mesures qui sont prises semblent encore insuffisantes. Il serait donc nécessaire d'en adopter de nouvelles, afin de renforcer celles existantes.

* 77 Daou Joiris, Savoirs Indigènes et Contraintes Anthropologiques dans le Cadre des Programmes de Conservation en Afrique Centrale, Yale &Es Bulletin, n°102.

* 78 Article 4.

* 79 Voir Exposé sur le développement de l'écotourisme à Dzanga-Sangha présenté par Zokoe Guillaume-Guian de la République Centrafricaine lors de la réunion du CTPE qui a eu lieu du 19 au 21 mai 2006 à Yokadouma (Cameroun)

* 80 Loi n°98-6 du 14 avril 1998 relative à l'activité touristique.

* 81 Décret n°01.242 du 14 septembre 2001 instituant un cadre général de l'exo des activités de tourisme en République Centrafricaine.

* 82 Compte-rendu de la réunion du CTPE tenue du 19 au 21 mai 2006 à Yokadouma (Cameroun).

* 83 Prince Ongognongo et al., Conflit Homme - Eléphant dans la périphérie du parc national de Nouabalé-Ndoki : Evaluation des méthodes de lutte contre la dévastation des champs de manioc par les éléphants dans le village de Bomassa, 2006, WCS.

* 84 Mboh Dandjouma, Note de synthèses sur la situation des éléphants dans le Sud-Est du Cameroun, 2004, MINEF.

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