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La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale

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par Abel Hubert MBACK WARA
Université de Yaoundé II-Soa - DEA/Master II en Science Politique  2006
  

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SECTION B  : LES RAISONS DE LA FAIBLESSE DU SYSTEME : ENTRE CAPACITES POTENTIELLES ET ABSENTEISME OPERATIONNEL

Après avoir convenu de la faiblesse du COPAX qui est déduite de l'insuffisance de son rendement, il est de bonne facture de rechercher les raisons fondamentales de cette faiblesse et d'entrevoir ses conséquences sur la sous-région. Ainsi que nous l'avons précisé dans notre chapitre liminaire, nous nous servirons de la grille de lecture systémique dans notre tentative de parvenir à une compréhension suffisante de notre problématique.

Paragraphe 1  : Les raisons fournies par l'approche systémique

Ayant déjà présenté, au chapitre premier, le contenu de l'approche systémique et l'opérationnalisation que nous comptions en faire dans le cadre de notre recherche, notons juste, à titre de précision, que l'analyse systémique se présente comme un modèle d'analyse dont l'objectif principal est de fournir les outils et les moyens permettant de répondre à la question de savoir « comment un système politique quelconque peut persister, dans un monde soit stable, soit en changement ? » (Easton, 1974 : 16). Elle envisage comme catégories principales d'analyse, un système perçu comme « l'ensemble des interactions par lesquelles les objets de valeurs sont répartis par voie d'autorité dans une société » (idem : 23) et un environnement avec lequel le système communique par le moyens de demandes et soutiens ou d'inputs, et d'actions et décisions du système ou outputs. Selon cette approche, le maintien du système est fonction de la nature et de la récurrence des flux qui relient le système à son environnement.

Ici, nous nous contenterons d'envisager les irrégularités et les dysfonctionnements, au sens systémique, du COPAX qui pourraient en expliquer la faiblesse. Et, partant de ces considérations de base, nous aurons pour variable explicative la nature des inputs entrants dans le COPAX, la nature des outputs et enfin la nature de la courbe de rétroaction. Dans cette perspective, nous-nous appuierons sans cesse sur le principe que « c'est le fait qu'il existe un tel flux continu d'effets et d'informations entre le système et son environnement qui explique la capacité d'un système politique à persister même dans un monde en proie à des changements et à des fluctuations violentes.» (Easton D. 1974 : 32)

a) La faiblesse déduite de l'analyse des inputs : Des soutiens en qualité et en quantité insuffisantes

Les inputs sont constitués de tous les apports, exigences, demandes ou soutiens qui partent de l'environnement vers le système. Les inputs constituent donc la matière première à partir de laquelle les outputs sont constitués.

En ce qui concerne les inputs, nous notons déjà un contraste énorme entre la multiplicité des demandes de l'environnement appelant à une intervention efficace du COPAX et la faiblesse des moyens en termes de soutiens fournis au système pour lui permettre de mener à bien ses missions. En effet, pour garantir l'efficacité du COPAX, il aurait été adéquat, selon le modèle systémique, de fournir en appui des demandes, les moyens suffisants permettant d'apporter des réponses appropriées aux demandes suscitées. Nous pensons donc déjà, à ce niveau, que la simple disproportion entre les demandes et les soutiens est déjà une explication suffisante de la faiblesse du COPAX.

Notre attention est ensuite attirée par la nature des quelques soutiens qui constituent l'apport de l'environnement au bon fonctionnement du système. En ce qui concerne le COPAX, on peut identifier comme soutien les ressources juridiques, humaines et matérielles mises à la disposition du COPAX par l'environnement dans la période 2000-2008.

Le premier soutien que reçoit le COPAX est le Droit c'est-à-dire l'ensemble des dispositions juridiques qui en marquent la naissance, qui autorisent et encadrent son fonctionnement. A ce niveau, le COPAX peut se vanter d'être doté d'une structure juridique assez complète qui encadre son processus d'intervention en partant de la collecte des données au déploiement proprement dit.

La nature des apports en personnel et en matériel consentis soit par la CEEAC elle-même, soit par les Etats-membres, est aussi explicative de la faiblesse relative du COPAX. Pour être efficace, le COPAX a besoin de compter sur des moyens humains et matériels de premier choix, des moyens qui soient à la dimension de la grandeur et de la complexité des problématiques auxquelles le système de prévention des conflits de l'Afrique centrale doit faire face. La pratique nous dévoile autre chose. On note en effet que certains postes clés du COPAX sont restés, jusqu'en 2008, sans dotation en agents de conception et d'exécution supposés animer la structure. Notre avis ici est que la capacité du COPAX est à l'image des dotations en ressources humaines dont elle a fait l'objet, c'est-à-dire pas du tout suffisante

Dans la même rubrique et, concernant le traitement du personnel, on aboutit à peu près à la même conclusion. En effet, la liquidation des salaires des fonctionnaires étant elle aussi fonction du taux de cotisation des Etats-membres, il est très fréquent que ces derniers ne soient pas payés à temps et que le personnel continue à réclamer des arriérés de paiement. Quand on connaît l'importance de la rétribution dans la motivation des employés, on peut aisément envisager la faiblesse du COPAX comme résultant d'un rendement minimum de l'institution qui, dans ce cas, se retrouve animée par un personnel démotivé et en proie à toutes sortes d'influences pouvant, dans l'exercice de leurs fonctions, les détourner de leurs objectifs premiers et avoir un impact négatif sur le rendement général du COPAX.

En ce qui concerne les ressources financières, retenons que le budget de fonctionnement du Secrétariat général est arrêté annuellement par la Conférence des Chefs d'Etat. Le budget 2004 par exemple s'élevait à 4,6 milliards de FCFA, dont 1,5 milliard pour le COPAX, Le budget est alimenté selon la clé de contribution suivante: 15% pour chacun des Etats membres les mieux nantis (Angola, Cameroun, Congo, Gabon et RDC) et 4,167% pour chacun des six autres. Le bilan financier de la CEEAC est cependant caractérisé par l'accumulation d'arriérés de contribution des Etats au budget.

Répartition des arriérés de paiement des cotisations statutaires des Etats-membres de la CEEAC au 30 Juin 2004

 

Etats Membres

Arriérés

1985-1997

Arriérés

1998-2002

Arriérés

2003

TOTAL CUMULE

1985-2003

Situation Exercice 2004

Contribution 2004

Non encore Payé

1

Rép. D'Angola

 
 
 
 

690 120 737

430 683 311

2

Rép. Du Burundi

 

248 445 526

84 992 239

333 437 765

191 700 205

191 700 205

3

Rép.du Cameroun

7 399 920

278 012 203

155 172 059

441 384 182

690 120 737

690 120 737

4

Rép. Centrafricaine

55 493 020

310 605 442

84 992 239

451 090 701

191 700 205

191 700 205

5

Rép. Du Congo

277 186 688

68 012 203

972 059

346 170 950

690 120 737

690 120 737

6

Rép. Démo. Congo

622 437 010

 

262 298 435

1 278 965 465

690 120 737

546 640 454

7

Rép. Gabonaise

 
 

147 281 748

147 281 748

690 120 737

690 120 737

8

Rép. De Guinée Eq

 

77 225 615

84 992 239

162 217 851

191 700 205

191 700 205

9

Rép. Du Rwanda

48 328 754

98 072 746

84 992 239

231 399 739

191 700 205

191 700 205

10

Rép. Sao Tomé & P.

94 256 710

254 046 442

84 992 239

433 295 391

191 700 205

165 099 113

11

Rép. Du Tchad

99 661 074

268 935 442

84 992 239

453 588 755

191 700 205

191 700 205

 

TOTAL

1 204 763 176

1 997 585 636

1 076 477 735

4 278 826 547

4 600 804 915

4 171 286 114

Ces arriérés s'élevaient au 30 juin 2004 à près de 4,2 milliards de FCFA35(*). Même s'ils reflètent une légère amélioration en termes de recouvrement de 0.7 milliard comparativement aux 4,9 milliards de FCFA d'arriérés accumulés au 31, décembre 2003. La tendance lourde reste donc celle de faiblesse de l'esprit communautaire, illustrée notamment par les retards souvent observés dans le paiement des contributions communautaires par les Etats, retard qui ont pour conséquence la faiblesse des capacités de l'institution communautaire.

Dans l'optique de sécuriser le financement de la CEEAC, La Décision n°05/CEEAC/CCEG/X/02 du 17 juin 2002 prévoyait l'instauration à partir de 2004 d'une contribution Communautaire d'intégration (CCI) au sein de la CEEAC dont l'assiette serait constituée par les produits originaires des pays tiers importés par les Etats-membres pour mise à consommation. Le taux de la CCI est de 0.4% et, la CEEAC ne disposant pas d'une estimation précise du montant des importations en provenance de pays tiers, a néanmoins estimé à environ 17 milliards de FCFA le montant des recettes que pouvait générer la CCI en 2004. Afin de s'assurer du paiement effectif des contributions, il a été décidé qu'en cas de retard de paiement des contributions constaté 30 jours francs après le terme de chaque trimestre, les Banques centrales ou nationales des Etats-membres sont autorisées à débiter d'office le compte du Trésor public du montant dû en faveur du Secrétariat Général de la CEEAC. Au 31 juillet 2004, les conventions de compte CCI/CEEAC ont été signées avec le Gabon, le Congo et Sao Tome & Principe. La signature de ces conventions est une condition du don. Cependant, en attendant que toutes les dispositions préalables à la mise en oeuvre de la CCI/CEEAC soient effectives, le budget continuera d'être souscrit sur la base de la clé de répartition en vigueur en 2003. Entre-temps, Le COPAX, pour fonctionner doit compter sur les cotisations du reste incertaines des Etats-membres ou sur les apports conditionnés des bailleurs de fonds nationaux et internationaux, tous apports dont la disponibilité en quantité et en qualité n'est pas toujours garantie.

Le système de prévention des conflits devrait, dans la même quête, pouvoir compter sur la disponibilité d'équipements pouvant lui permettre d'agir et de se déployer rentablement. Or, en termes d'équipements, en 2004, la CEEAC ne dispose que d'un bâtiment qu'elle a acquis sur ressources propres en 2003 qui lui sert de siège, et d'un autre bâtiment qui abrite le MARAC mis à sa disposition par l'Etat Gabonais dans le cadre du COPAX. La même année, le bâtiment qui abrite le MARAC ne dispose que de deux ordinateurs, d'une imprimante et d'un photocopieur36(*). Que peut-on attendre d'un équipement aussi léger ? Comment escompter, avec des infrastructures aussi modestes, un fonctionnement efficace du MARAC qui est pourtant censé collecter traiter et répertorier les informations sur l'état de sécurité et de stabilité de toute l'Afrique centrale ? L'importance et la délicatesse de la mission dévolue au MARAC ne commandait-elle pas de le doter, dès la création, d'infrastructures de pointe afin d'en garantir le bon fonctionnement? Il faudra, en guise de réponse à cette question, attendre l'année 2007 pour voir le MARAC doté d'équipements d'information et de communication adéquats. De toute évidence et, en nous basant sur le rapport établit par le Fonds Africain de Développement en 2004, il apparaît notoire de conclure, dans la période 2000-2008, au sous-équipement ou, du moins, au mauvais équipement du COPAX qui contraste sévèrement avec la grandeur et la délicatesse de la mission confiée à cette instance. Une fois de plus, on peut voir que le système de prévention des conflits est faible parce qu'il reçoit de faibles soutiens de l'environnement.

En résumé, la faiblesse du COPAX dans la période 2000-2008 peut s'expliquer par la modicité des apports en ressources matérielles, humaines et financières consentis par ses bailleurs. Narcisse Mouelle Kombi (1999: 214), pense dans ce sens que « les défaillances et les carences en matière de contributions au budget communautaire figurent parmi les principales causes de l'échec de l'intégration régionale en Afrique centrale ». En d'autres termes, le fonctionnement du COPAX est à l'image de la nature des soutiens presque insignifiants qu'il reçoit de l'environnement.

* 35 Source : Fonds Africain de Développement (2004), Rapport d'évaluation du Projet d'appui institutionnel au Secrétariat Général de la CEEAC, pp. 63

* 36 Source : Fonds Africain de Développement (2004), Rapport d'évaluation du Projet d'appui institutionnel au Secrétariat Général de la CEEAC, pp. 08

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry