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Politique, pauvreté et stabilité. le Sénégal peut-il basculer dans des violences sociales

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par Vivien MANEL
Institut français de géopolitique - Université Paris 8 - Master I géopolitique 2008
  

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B - Luttes de pouvoir entre opposition et coalition présidentielle, que peuvent engendrer ces conflits politiques ?

Les partis d'opposition ont fait le constat selon lequel : « Tout le monde sait que le Sénégal traverse une période difficile de son histoire. Aux contentieux politiques d'ordre institutionnel ou électoral viennent s'ajouter les difficultés croissantes de la vie quotidienne, dominées par une misère et un chômage endémiques, une inflation galopante et des pénuries de toutes sortes. (...) Face à cette crise multidimensionnelle (éthique, politique, économique, sociale et culturelle) aux conséquences imprévisibles, l'inquiétude et le désarroi se répandent, tandis que chacun s'interroge avec perplexité sur l'avenir. (...)». Ce constat fait, ils se donnent pour mission : « Tous, ensemble, nous devons nous poser la question de savoir : où va le Sénégal ? Notre opinion est que le pays se trouve dans une impasse et notre choix est de lui éviter des convulsions douloureuses ; de tenter de l'en sortir par le dialogue, de trouver une solution consensuelle globale, efficace et durable à la grave crise qui sévit dans le pays »35.

Pour atteindre leurs objectifs, ils ont organisé des assises nationales le 1er juin 2008 à Dakar. Au-delà des acteurs politiques membres de l'opposition, ces assises ont vu la participation de guides religieux, d'anciens généraux à la retraite, de nombreux intellectuels et de personnalités comme Amadou Makhtar Mbow ancien directeur général de l'Unesco. En outre, pour les organisateurs, les assises nationales sont ouvertes à tous les citoyens du Sénégal, elles en regroupent toutes les catégories et vont se dérouler

35 - tiré des Termes de référence des assises nationales disponibles sur leur site www.assises-senegal.info

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dans chaque département et de manière participative, afin de recueillir l'avis de tous. C'est ainsi qu'après la première mobilisation, des comités ont essaimé à travers toutes les régions du Sénégal, dans certains pays d'Afrique, d'Europe et méme aux Etats-Unis d'Amérique.

La nécessité du lancement des Assises nationales est liée au fait qu'au niveau politique, les relations entre pouvoir et opposition sont dans une impasse. Depuis les élections présidentielles de février 2007, le dialogue politique est interrompu. Une situation qui nourrit de vives tensions quant au contrôle des pouvoirs et à la gestion des territoires. Car alors que les autorités publiques ne voient dans cette initiative qu'une machination ourdie par l'opposition pour déstabiliser le pays et faire un « coup d'Etat constitutionnel », l'opposition, de concert avec la société civile, entend faire un diagnostic en profondeur de la situation socioéconomique du pays et surtout lui éviter d'éventuels troubles. De plus, forte de sa nouvelle légitimité et de sa popularité acquises lors des élections locales et régionales de mars 2009 (les communes gagnées par l'opposition rassemblent près de 70% de la population nationale), l'opposition qui, du fait de son boycott des législatives de 2007 est absente des institutions parlementaires, semblent vouloir monnayer, du moins fructifier, sa représentativité. Toutefois, pour l'heure, le débat politique se résume en quelques échanges épistolaires dans lesquels les deux camps dressent des listes de griefs et de manquements imputables aux uns ou aux autres. Du coup, les contentieux politiques se multiplient et les tensions persistent. Aussi, ce que l'on peut craindre, c'est qu'au-delà du landerneau politique où les querelles de pouvoir opposent les coalitions de l'opposition à la majorité présidentielle, qu'on assiste à une territorialisation de ces tensions et contentieux. Les dernières élections locales ont divisé le pays en deux grands blocs, l'ouest et le nord-ouest où on retrouve des régions comme Dakar, Thiès saint Louis ~ avec plus de 70 % de la population entre les mains de l'opposition face au Sud et au Sud-est gagnés par la coalition présidentielle avec seulement 30 % de la population dans les régions comme Tambacounda, Ziguinchor.... Les problèmes que pourrait engendrer une confrontation entre les partisans des deux camps pourrait

être lourde de conséquence pour la stabilité et la paix sociale au Sénégal. En effet, l'absence du dialogue politique pourrait être interprété comme un refus de la part des autorités publiques de prendre en charge les difficultés des populations qui lors des dernières élections ont accordé leur suffrage à l'opposition faisant du méme coup de ces acteurs politiques leur porteparole.

Pourtant, l'histoire récente du Sénégal est riche d'expériences qui ont montré que le dialogue politique et social est indispensable à la bonne marche de la société, à la paix civile, à la stabilité du pays et au bon fonctionnement de la démocratie. Des épisodes qui avaient permis à l'Etat et aux acteurs politiques et sociaux de trouver des solutions, aux problèmes difficiles qui se posaient à des moments donnés, ou aux contentieux qui les opposaient. C'était le cas en 1988 et en 1993 lorsqu'après de violentes manifestations postélectorales, le pouvoir nouvellement élu et les opposants (dont l'actuel président de la république) qui s'étaient sentis volés avaient réussi à trouver des solutions consensuelles qui avaient permis, par le biais d'un gouvernement dit d'union nationale, d'éviter l'escalade de la violence.

Dans tous les cas, la situation est tellement tendue que des membres de la société civile comme Lamine Diack, président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) ont récemment déclaré : « Quand on se parle au Sénégal, on est capable de trouver des solutions à tous les problèmes. Mais quand on ne se parle plus, c'est grave (...) Nous de la société civile nous devons nous mobiliser et mettre l'épée dans les reins des politiques pour les faires avancer. Il faut qu'ils avancent. Sinon on les bousculera »36. De plus, certaines voix se lèvent pour inviter les différents acteurs politiques à faire appel à des médiateurs dans la sous région (Blaise Compaoré par exemple, président du Burkina, qui a réussi à ce que les parties en conflit en Côte d'Ivoire créent un dialogue positif) pour aider dans un premier temps à dépassionner les positions et ensuite à les amener à discuter et à trouver de concert des solutions pour une meilleure

36 - Birahim NDIAYE xibar.net : Mardi 11 Août 2009

gouvernance politique et pour la prise en charge des problèmes socioéconomiques du pays.

En somme, malgré l'attitude des autorités publiques qui semblent pour le moins disposées à répondre positivement à l'invitation à la concertation de l'opposition, celle-ci continue de croire que par le biais du dialogue, bien des menaces pourraient être écartées. Mais pour combien de temps encore ? D'autant que dans beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne notamment (Guinéee,Guinée Bissau Côte Ivoire...), les antagonismes socio politiques se soldent souvent par des bains de sang.

Outre les vives tensions et les luttes de pouvoir entre opposition et coalition présidentielle, les nouveaux types de rapport entre pouvoirs publics et certaines confréries religieuses peuvent-elles être lourdes de conséquences pour la stabilité du pays ?

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault