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L'esthétique artaudienne, de la conception à  la mise en scène: l'exemple de La puissance de Um de Wêrêwêrê-Liking

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par Yao Pierre-Marie KODIA
Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle - Diplôme d'études Supérieures Artistiques 2003
  

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IV- LES DISSONANCES ET LES CONTRASTES

Une dissonance est le caractère de ce qui choque l'oreille et qui semble peu harmonieux.

Le contraste, est une opposition très marquée entre deux choses.

Artaud emploie les dissonances et les contrastes pour mettre en exergue un décalage visuel ou sonore, la transposition, voire l'inversion des données du réel.

La pratique des dissonances et des contrastes pousse à l'extrême la sensibilité du public.

Par ailleurs, nous remarquons que l'esthétique d'Artaud revêt une fonction métaphorique.

Or toute métaphore est un procédé qui consiste à utiliser un mot concret pour exprimer une idée abstraite. La métaphore recèle donc un écart, un décalage, une distance entre ces deux termes.

Par conséquent, les dissonances et les contrastes sont une conséquence inéluctable au théâtre artaudien.

Dans la mise en scène de La Puissance de Um, l'effet de contraste et de dissonance sera remplacé par la métaphore.

Cette métaphore prendra une allure poétique pour l'expression de la beauté de ce spectacle.

V- UN SPECTACLE CHIFFRE

L'emploi du vocable « chiffré » est contradictoire dans la mesure où Artaud l'a employé, jadis, pour peindre la décadence du théâtre occidental. Il l'utilise maintenant pour qualifier le théâtre qu'il prétend instaurer.

Alors, comment le conçoit-il ?

Le mot « chiffré » est tantôt synonyme de figé, inerte, impuissant et tantôt synonyme de rigoureux, maîtrisé, efficace.

Depuis qu'il a renoncé au culte du hasard, et a découvert le théâtre balinais, Artaud cherche le salut du théâtre dans la rigueur et dans la science.

Chiffrer le spectacle dans une éventuelle mise en scène de La Puissance de Um, revient à travailler l'acteur, sa voix, et les objets de manière rigoureuse, subtile pour avoir un spectacle extraordinaire.

La musique, et la gestuelle du corps de l'acteur doivent s'accorder pour créer un langage mystérieux fourni par l'esprit créateur de metteur en scène.

VI- L'APPEL AUX MYTHES

Un mythe est « un récit fabuleux qui cherche à expliquer l'origine de l'homme et du monde. C'est en d'autres termes « une invention dénuée de toute réalité »40.

Le théâtre de la cruauté fait appel aux mythes car ceux-ci contiennent un principe métaphysique. Il s'ensuit que le rite est étroitement lié au mythe. C'est l'expression concrète du mythe comme l'affirmerait Claude Lévi-Strauss dans Anthropologie structurale.

C'est dire que le cérémonial rituel doit être fixé avec rigueur pour lui insuffler un pouvoir dynamique.

40 Larousse Dictionnaire Super Major.- Op Cit., p 706

La Puissance de Um est une pièce rituelle ; donc elle regorge de mythes. Ces mythes, dans une éventuelle mise en scène doivent prendre forme au niveau de la phase des transes-psychodrames (page 34 à 37) pour créer le mystère.

La mise en scène de l'oeuvre de Werewere-Liking ne peut être montée selon le principe d'Artaud dans tout son caractère. Car la disposition scénique et certaines méthodes d'Artaud ne seront pas prises en compte.

Cependant, seule l'expressivité du corps, des objets, des voix dans le sens du beau pourra satisfaire le public dans tous ses sens.

CHAPITRE III : ESQUISE DE MISE EN SCENE DE LA
PUISSANCE DE UM

Ngond Libii sort du milieu de la scène. Une calebasse à la main. Elle s'arrête au milieu de la scène, malaxe la calebasse et sous l'effet de la musique, tourne sur elle-même puis entonne un chant funèbre.

Pendant ce temps, des pleurs se font entendre dans les coulisses.

Lorsqu'elle arrive au milieu de la scène, les deux hommes, le vieillard et Ntep Ntep sortent et se disposent en ligne horizontale. Ils occupent toute l'espace scénique dans une gestuelle de corps pour l'expression de la douleur que ressent Ngond Libii. Ensuite se mettent à la gratter en guise de signes accusateurs.

Ngond Libii se retourne, s'avance vers le milieu, lève la calebasse et sous le rythme de la musique, pousse un cri chanté.

L'assemblée aussi sur l'effet de la musique et du chant, lève les mains en direction de la calebasse. Cela de manière synchronisée avec Ngond Libii. Toutes les répliques de Ngond Libii sont dites en jouant avec cet accessoire.

Le vieillard, à l'aide des cendres, et des poudres en sa possession dit sa première réplique dans une mystique du corps vers le côté jardin.

Au côté cour, Homme 1 dans un ton poétique transpose le public vers un monde étrange. Son élan poétique est dit sous un ton grave, haletant, gorgé d'amertumes et d'espoir.

Ngond Libii se déplace vers le vieillard puis dans un regard circulaire, essaie de clamer son innocence à chaque membre de l'assemblée, sur un ton alarmé.

Puis elle reprend de plus belle en accusant le vieillard. Tous les regards alors se fixent, sous l'effet de la musique, vers celui-ci.

Mais il ne se laisse pas intimidé. Il renvoie à son tour la balle à Ngond Libii en l'accusant.

Une confusion naît dans l'esprit de l'assemblée. Le suspense grandit avec la musique.

L'homme 1 et le vieillard, touchés dans leur amour propre face aux agissements de leur semblables sont indignés. Tous deux font appel, sous un ton poétique, à la vérité qui viendra tout trancher. Ntep Ntep le fils, par son attitude suspect sort de son carcan et dénonce sa mère qu'il taxe de véritable assassin. Il s'agenouille et ordonne à l'assemblée de porter en la mémoire du défunt père, une minute de silence. Attitude que désapprouvent les autres.

Au seuil de la succession, l'on se demande qui allait être heureux successeur. Pour cela, ils avisent l'ancien qui n'hésite pas à s'imposer de force.

Ntep Ntep, qui sort maintenant de sa léthargie, se dévoile en sortant une poudre empoisonnée qu'il insuffle au visage de l'ancien qui meurt sur le regard inoffensif du vieillard.

Tous dans l'étonnement forme une figure immobile pour finir en beauté. La musique alors monte, monte pour mourir avec la fermeture du rideau.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci